Des chiffres et des mots

Ce lundi, deux articles au lieu d’un seul, celui-ci, ‘sérieux’, et un autre ‘léger’.

« Sérieux », c'est vite dit ; je dirais plutôt que cet article est un peu lourd, car rabâchant des choses somme toute évidentes. Je le compose parce que : qui ne dit rien consent (qui tacet consentire videtur). Je le fais pour moi-même. Comme l’écrit Montaigne dans la préface de ses Essais : « Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre [ici de cet article] : ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain ; adieu donc. »

Certains philosophes, comme les Pythagoriciens, accordent une grande importance aux nombres, et davantage encore au langage. Cela participe du rythme : Toutes les vies sont engagées dans le mouvement. Il suffit de voir des armées se déplacer pour constater comment, à travers les rythmes on peut manipuler des foules. La vie moderne nous noie dans les siens, portés par une technologie soumise à quelques mastodontes qui distillent leur propagande pernicieuse qui asphyxie le monde. La France est devenue le fer de lance de cette imbécillité nuisible, et s’affiche guillerettement comme devenue un des pays les plus stupides au monde ! Nous sommes gouvernés par des sortes de Frankenstein, avec à la tête un chef de Gouvernement moitié maire de village (il en a la stature mais certainement pas celle d’un dirigeant national) et moitié Mussolini, et un chef d’État moitié liquidateur, moitié Pol Pot. Ceux qui les suivent sont aussi abjects.

La crise autour du covid est orchestrée.

Cette maladie n’était, au départ, pas plus dangereuse qu’une grippe :

– On a volontairement gonflé les chiffres des morts de cette maladie en donnant une prime aux médecins la diagnostiquant, et en classant comme morts du covid des personnes ayant une autre maladie étant la véritable cause du décès.

– On a empêché la maladie de s’éteindre d’elle-même en confinant, en prônant l’aseptisation personnelle et de notre entourage et autres pratiques nauséabondes.

– On a interdit aux médecins de prescrire selon leur propre jugement ; on a interdit certains médicaments efficaces ; on n’a jamais prôné, voire occulté, les soins préventifs, etc.

– Les ‘vaccins’, (je mets entre guillemets car ceux promulgués en France n’en sont pas) ont été à l’origine des variants (voir cette vidéo du professeur Montagnier) et sont la cause de nombreux décès, eux non diagnostiqués comme tels.

En ce moment, on tente d’obliger les gens à se faire vacciner alors que le chiffre des morts est un des plus bas depuis mars 2020 (voir ci-dessous). Toutes les grandes mesures liberticides prises par le gouvernement français l’ont été à des moments de calme, et ont été suivies d’une remontée des décès.

Les gouvernants, en France particulièrement, manipulent et mentent constamment, déversant chaque jour de nouvelles horreurs. Nous sommes dans un moment de censures, mensonges et manipulations intenses que l’on ne rencontre que dans des régimes autoritaires… dictatoriaux. Tout cela devrait nous réveiller, non ?

N’oublions pas que nous ne sommes pas dans une crise sanitaire, mais dans une crise politique. Porter un masque (voir cet article), se faire vacciner avec des ‘vaccins’ d’entreprises mafieuses, souscrire au passe-sanitaire… sont des actes politiques. En acceptant cela, on passe dans le domaine de l’obscurité totale.

Évidemment, la plupart des gens s’accordent très bien d’une dictature. Cela fait des dizaines d’années que de nombreuses entreprises françaises délocalisent dans des pays comme la République populaire de Chine et que les Français vont en vacances dans d’autres comme le Qatar. Comme en architecture (voir mon livre gratuit sur le façadisme), nous sommes dans une démocratie de façade. 'Nos dirigeants' nous préparent le chaos et la guerre, comme nous l'a montré Jacques Attali dans sa décadente exposition de 2015 au Louvre : Une brève histoire de l'avenir, dont l'affiche montrait un monde en feu (voir cet article que j'ai écrit à l'époque).

Pour finir, et aller un peu plus loin dans l’obscurité, il me semble qu’Anne Hidalgo est la nouvelle candidate des mondialistes, qui remplacera Macron. Cela fait des dizaines d’années que l’on nous joue l’alternance, afin de faire croire que la politique change et que l’un vient contrecarrer l’autre. Mais c’est la même chose, le même mouvement : l'horreur en marche !

Que faire ? Se réveiller ! Une fois que l’on est réveillé, les yeux bien ouverts, on sait ce que l’on fait et où l’on va… Si certains sont susceptibles de nous faire du mal, c’est avant tout nos réactions qui peuvent nous en faire davantage. Chacun doit trouver son chemin, et chaque chemin est différent. Cela fait des siècles, voire des millénaires, que l’on sait l’importance de se connaître soi-même (en grec ancien : Γνῶθι σεαυτόν, Gnỗthi seautόn, et en latin : Nosce te ipsum). Ne laissons pas d’autres dire qui nous sommes et nous guider. Bien sûr, nous avons besoin de miroirs extérieurs, mais nos choix sont personnels et doivent rester libres !

Selon moi, d’abord il ne faut rien faire : Ne pas porter le masque médical, ne pas se faire vacciner dans le doute, refuser le passe-sanitaire et même ne pas utiliser de téléphone portable, ne pas écouter les actualités, arrêter de se déplacer frénétiquement mais regarder autour de soi là où nous sommes… même si ce n'est pas obligatoirement beau à voir… En fait il faut se simplifier la vie, s’aider soi-même et aider ceux qui le souhaitent, conserver ce que nous pouvons de notre patrimoine… Nous n’avons pas besoin de moutons, mais de gens libres, conscients. L’éducation devrait nous mener à faire de nous des personnes libres, et même toutes les paroles. C’est comme cela que l’on s’élève, en découvrant chez les autres des choses que l’on ne soupçonnait pas, pour partager aussi. Si tout le monde se ressemble, et cela mondialement, quelle tristesse… quelle folie. Nous n’avons pas besoin d’être gouvernés. Je répète souvent cette merveilleuse phrase de Pierre-Joseph Proudhon (1809 – 1865) : « l’anarchisme c’est l’ordre sans le pouvoir ». On peut changer « l’anarchisme » par « la République ». Nous avons besoin de justice, pas de dominations ; nous avons besoin de ce qui est écrit notamment sur le fronton des écoles : de liberté, égalité et fraternité.

Imposer une même vision pour tout le monde, sur la planète entière, est une folie, du fascisme, cela nous ruine, fait fondre la richesse du monde. Il est 'amusant' de constater que ce sont les mêmes qui, en pure novlangue, prônent soi-disant la diversité et imposent une vision unique et dictatoriale !

Avant de finir cet article, je souhaite à nouveau évoquer la censure sur Internet. C’est un sujet grave dont tous les péquins qui s’expriment sur le Net sont les victimes, car la lisibilité de leur travail est limitée par les algorithmes (voire sans doute aussi des personnes physiques payées pour cela) qui ne servent que les sites appartenant aux GAFAM, ceux qui sont autour et ceux qui paient grassement. S'ajoute une censure pure qui enlève des contenus ou supprime des comptes d’utilisateurs. Il y a aussi le « bannissement dans l’ombre » dont parle Sophie Tissier dans cette vidéo, à partir de 10:00. J’évoque mon expérience personnelle dans cet article, et depuis que je critique la politique autour du covid, le nombre des visiteurs de mon blog a été divisé par quatre, et même en ce mois de juillet certains jours par plus de sept, Google ne le présentant quasiment plus à des personnes ne connaissant pas mon travail, mais pourtant engageant des recherches dans ce sens. La vie est belle (La vita è bella), référence au film sorti en 1997, écrit et réalisé par Roberto Benigni.

Pour conclure cet article, voici une nouvelle citation de Montaigne : « Ce n’est pas à l’aventure sans raison que nous attribuons à simplesse [plus que de la simplicité] et ignorance la facilité de croire et de se laisser persuader : car il me semble avoir appris autrefois que la créance [le fait de croire] était comme une impression qui se faisait en notre âme ; et à mesure qu’elle se trouvait plus molle et de moindre résistance, il était plus aisé à y empreindre [imprimer] quelque chose. » Le caractère obtus de certains, qui plus est submergés par la propagande, le mensonge, la manipulation et la perversité, font que ces gens sont incapables de saisir ce qui se passe, arrêtant de raisonner et affichant une conviction, un avis court et définitif. Ce mélange de bêtise, de mensonge, de vilenie, de crédulité… fait que, derrière leur masque chirurgical, ils sont de véritables chaudières prêtent à exploser. Il faut s’en méfier comme de la peste ! Non seulement cela ne sert à rien de débattre avec eux, mais cela est dangereux. Il est bien plus raisonnable et sain de chercher constamment à s’ouvrir complètement à la vérité et fréquenter des gens raisonnables afin de contribuer au bonheur futur. Ceci dit, j’ai peu de foi en la raison humaine, mais beaucoup en la Raison pure, en elle-même. Comme le philosophe aime la philosophie, j'aime la Raison, la cherche, tout en sachant que bien sûr moi aussi je n'ai qu'une vision parcellaire des choses. Comme le dit Montaigne : « C’est folie de rapporter le vrai et le faux au jugement de notre suffisance. » Le doute nous permet d'avancer. Mais les faits doivent parfois prendre le dessus, comme lorsque l'on constate que l'on nous ment, nous manipule, nous empêche de respirer et supprime toujours plus de nos libertés fondamentales.

C'est moche, mais c'est ça !

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Le noctambule

Merveilleuses et merveilleux

À notre époque où faire la fête de manière libre peut devenir un délit, où des confinements et des couvre-feux sont imposés ainsi qu’un bâillonnage généralisé, il est important d’invoquer les aventuriers des plaisirs de la vie nocturne, ces flâneurs sous la lune, ces museurs dans la nuit, du crépuscule et de l’aurore, éclairés de breuvages pétillants et de rêves sans conséquences, libérés des contraintes de l’affairement diurne, se décontractant sous la lune, pendant que dorment les innocents baignés dans la lumière de Sémélé. La nuit on entend davantage battre les coeurs, on saisit mieux les rythmes profonds des hommes et du monde. Les frontières entre le jour et la nuit, le bien et le mal, s’évanouissent avec la réalité manichéiste pour entrer dans l’au-delà du dedans : le voyage sans bouger.

Ci-dessus : Partition Les Noctambules « Duo créé par Mr & Mme. Gidon-Lynnès aux Ambassadeurs ». « Paroles de A. Trebitsch et P. Briollet Musique de Félix Chaudoir ». Le texte est laissé tel-quel.

« 1er COUPLET. Pendant que les bourgeois sommeillent Dans les quartiers sans bruit Les gens d’la haut’ noc’ se réveillent Pour festoyer la nuit. Avec des femm’s, ces joyeux types De brass’ri’s en sous-sols Vont chanter et fumer des pipes En buvant des alcools. Les Noctambules Qui déambulent S’en vont bras d’ssus bras d’ssous En riant comm’ des fous. Ils font tapage Dans l’voisinage. Au bruit d’ce potin là Chacun s’écri’ voilà Les Noctambules. 2 LUI Qu’ils soient financiers ou poètes Élégants ou rapés Les Noctambules dans les fêtes Fraternis’nt aux soupers. ELLE Grand’s dam’s, cocott’s ou femm’s légères Se gris’nt des mêm’s plaisirs Des mêm’s amants, des mêmes verres Et des mêmes désirs (au Refrain) 3 LUI Pour goûter la poési’ chouette Ils s’en vont chez Bruant. “Ah ! La la ! Quell’ gueul’ quell’ binette” Qu’on leur crie en entrant. ELLE Mais des mots crus, des chansons grasses Les p’tit’s femm’s n’ont pas l’taf Ell’s entonn’t tout’s : À Montparnasse ! Ou l’refrain des Bat d’Al’. (au Refrain) 4 Quand on a fait un tour aux Halles Comme y a plus rien à voir On revient avec le nez sale En arpentant l’trottoir. ELLE Jupons froissés, robes piteuses Et chapeaux éreintés Toutes les bouches sont pâteuses Et les yeux culottés. (au Refrain) »

Ci-dessous : Partition Les Noctambules. « Chanson-Marche Créée par Amond à l’Horloge, Féréol des Ambassadeurs, Mauraisin à l’Alcazar d’Été ». Les paroles et la musique sont des mêmes auteurs que précédemment. La première de couverture de cette partition est signée « Faria » (1849 – 1911).

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : J’trouv’ça épatant « Créée par Fernanoyl Dorvel Paroles de François Tier Musique d’Édouard Jouve » Il s’agit d’une « chanson-marche ». La première de couverture de cette partition est signée « Paul B. ».

« 1er COUPLET. Tempo di Marcia. Qu’il fasse beau, qu’il pleuve ou vente, Tous les jours pour moi sont pareils, Je suis d’un’ nature étonnante, Je n’aime pas du tout l’soleil ; Je sors d’ chez moi quand s’lèv’ la lune, Puis j’ commence à vadrouillocher, Et ne rentr’, chos’ non moins commune, Qu’ quand la même lun’ va s’coucher. Je suis comme les chauv’souris, Je ne suis heureux que la nuit. REFRAIN Je suis un noctambule, Très dégourdi, très polisson, J’suis toujours derrièr’ les jupons ; Dans les carr’fours je piste Ouvrière, ou modiste, Qui rentre en r’tard chez ses parents, Qu’voulez-vous ? j’trouv’ça épatant. 2 Sur les grands boul’vards de la butte, L’autr’nuit, vers trois heur’s du matin, Je ne tenais plus sur mes flûtes, J’étais gavé des meilleurs vins ; Ma compagne, un’superbe blonde, Me passait la main dans les ch’veux, Son protecteur, un homm’ du monde, Dans mes poch’s s’occupait d’son mieux ; Malgré tout j’étais très content , Et je chantais en titubant. REFRAIN Je suis un noctambule, Toujours je déambule, J’suis dégourdi, j’suis un polisson, Je me grise avec les tendrons ; J’fais des conquêt’s très chouettes, Qui m’ratiss’nt ma galette, Mais moi qui suis né bon enfant Qu’voulez-vous ? j’trouv’ça épatant. 3 Toujours en quêt’ d’un’ bonne aubaine, Comme avant tout je suis garçon, Avec un’ grand’ demi-mondaine J’soupais l’autr’soir dans un salon ; J’fus heureux avec cett’ vestale, Impossibl’ de l’dir’ plus franch’ment, Mais le lend’main j’avais la gale, Et ça m’avait coûté cent francs ; Mais malgré tout j’étais content, Et je chantais en me grattant. REFRAIN Je suis un noctambule, Toujours je déambule, Très dégourdi, très polisson, J’fréquent’ tout’s les cocott’s en r’nom, D’mon métier, j’fais la noce, Mais d’autrefois c’est rosse, Je d’viens frotteur pour passer l’temps Qu’voulez-vous ? j’trouv’ça épatant. 4 Quand je vais aux Foli’s-Bergère, À la Cigale, à l’Olympia, De tout l’programm’ ce que j’préfère, C’qui m’rend toqué mesdam’s le v’là ; C’est d’voir sur scèn’ les p’tit’s danseuses, Qui font sauter leurs blancs nénés, Moi, d’lorgner leurs jamb’s plantureuses, Je m’sens des fourmis aux mollets ; À la sorti’, sur le boul’vard Je me tortill’ comme un lézard. REFRAIN Je suis un noctambule, Toujours je déambule, J’suis allumé, je n’vous dis qu’ça, Par tout’s ces frimoussettes là, J’gigott’, je gesticule, Je me démantibule, J’ai l’air d’un fou, naturell’ment, Qu’voulez-vous ? j’trouv’ ça épatant. »

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Philosophie de l’élégance XII : La pop’philosophie

Merveilleuses et merveilleux

LA POP’PHILOSOPHIE. J’essaie le moins possible d’employer des mots anglo-saxons, qui symbolisent beaucoup trop de nos jours l'uniformisation mondialisée, sauf quand ces termes n’ont pas d’équivalents en français. Le mot « pop » vient de l’anglais et est une abréviation de popular. Il qualifie un art populaire né dans les années 1960, avec les nouvelles technologies. Celui-ci est très coloré, moderne, et sa popularité est portée par les nouveaux médias : disques microsillons, radio, télévision, revues illustrées, etc. Ce terme est aussi le début du mot français « populaire ». Dans les années 1970, Gilles Deleuze (1925 - 1995) invente l’expression « pop’philosophie », pour qualifier une philosophie liée aux productions de masse du monde contemporain, du moins je le suppose, car je ne suis pas allé voir dans les textes d’origine, comme je le fais généralement.

Avec l'avènement du numérique (ordinateur, internet, téléphone portable...), la pop se change en autorité numérique. La technologie ne sert plus l'être humain, elle l'asservit... ou plus exactement, elle n'est plus utilisée pour lui donner l'illusion de l'aider tout en l'asservissant en masse, mais pour l'asservir individuellement. Dans cette ère de manipulation continuelle, tellement importante qu'une partie de ses structures ne peut même plus se cacher, il est difficile de penser de manière 'douce', et donc nécessaire d'en revenir constamment à une certaine légèreté, lumineuse et forte, à sortir de cette chape de plomb qui nous pollue continuellement.

La philosophie dont il est question à travers les petits-maîtres est en relation avec les apparences, dans leurs aspects les plus jouissifs du mouvement et de la modernité, tout en prenant du recul sur cette dernière, car il s'agit généralement de sujets du passé. Si nécessaire, je n’hésite pas à aller voir ‘ailleurs’ (d’autres cultures ou le passé) si le monde présent n’offre rien de bon. La ‘pop-philosophie’ que j’évoque dans ces articles sur la philosophie de l’élégance et quelques autres de ce blog, est une philosophie à la fois populaire, pétillante et colorée, comme l’est la pop anglaise et comme l'est depuis des siècles, voire des millénaires, la petite-maîtrise, ainsi que teintée de l’élégance naturelle de ce qui s’approche de la vérité. Quand on est dans le noir, le simple fait d’allumer la lumière donne une élégance lumineuse à ce qui apparaît… que l’on ne connaît pas pour autant mieux que lorsque l’on ne voyait rien, mais que l’on distingue dorénavant, ce qui est tout de même un grand mieux, non ? Il ne s’agit pas de donner des cours de philosophie, moi-même n’y connaissant pas grand-chose dans le domaine des divers penseurs, dogmes et autres filiations de pensées, et ayant un esprit assez obtus, mais simplement d’éclairer un peu, de sortir d’un confinement entre quatre murs afin de voir la grandeur du monde. Je le répète, ce n’est pas compliqué d’allumer une bougie ou d’appuyer sur le bouton d’un interrupteur pour éclairer ! Pourtant, cela fait une grande différence, même si ce n'est pas nécessaire d’avoir fait de hautes études pour cela !

Merveilleuses et merveilleux
Ce n’est pas du rock’n’roll, mais les petits-maîtres connaissent la musique !

LÉGÈRETÉ ! Dans cet entretien, la femme de Louis-Ferdinand Céline (1894 – 1961), une danseuse, dit cette merveilleuse phrase sur son mari : « Il aimait les gens, mais il a tout de suite senti en effet que quand on allait au bout des choses, on était fatalement la victime. Il faut être léger, sans fiche un peu. » Personnellement, je ne vois pas la vie comme un combat… ni comme un renoncement…

PS : En parlant de Céline, je viens d’apprendre, dans la courte vidéo ci-dessous tout à fait dans le sujet, qu'il était collectionneur de dentelles anciennes ! Il y évoque la lourdeur de beaucoup des hommes.

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Je suis jolie, jolie, jolie, jolie, jolie, jolie, jolie, jolie…

Ma maîtresse est toute angelette,
Toute belle fleur nouvelette,
Toute mon gracieux accueil,
Toute ma petite brunette,
Toute ma douce mignonnette,
Toute mon coeur, toute mon oeil.

Toute ma grâce et ma Charite,
Toute belle perle d’élite,
Toute doux parfum indien,
Toute douce odeur d’Assyrie,
Toute ma douce tromperie,
Toute mon mal, toute mon bien.

Toute miel, toute reguelyce,
Toute ma petite malice,
Toute ma joie, et ma langueur,
Toute ma petite Angevine,
Ma toute simple, et toute fine,
Toute mon âme, et tout mon coeur.

Encore un envieux me nie
Que je ne dois aimer m’amie :
Mais quoi ? Si ce bel envieux
Disait que mes yeux je n’aimasse
Penseriez-vous que je laissasse,
Pour son dire, à n’aimer mes yeux ?

Chanson de Pierre de Ronsard (1524 – 1585)

Autres articles de ce blog sur la beauté :

– Un je ne sais quoi qui atalente

– Le joly homme

– Le beau

– La Beauté et la Sagesse

– L’idée du beau & réflexions sur l'élégance et la politesse du style

– Philosophie de l’élégance VII

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Un petit bout de tissu

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Tout est discours. Dès qu’il y a du mouvement c’est comme cela. On suit un mode. La façon de s’habiller est une narration, qu’on le veuille ou non, et notamment le choix et la manière dont on porte des tissus.

Par ces derniers, on peut apprendre sur les goûts d’une personne, son métier, sa religion, etc. Les motifs, couleurs, qualités, coupes… le tout parle. Je distingue ceux qui révèlent une appartenance, de ceux qui sont l’expression d’une soumission. Pour le premier cas les exemples sont multiples. Pour le second, ils sont moins nombreux. Ceux exprimant la soumission, sont souvent des petits bouts de tissus que l’on force à porter, comme la cocarde tricolore pendant la Révolution ou l’étoile juive durant la guerre de 39-45.

Au moment où j’écris cet article, le masque obligatoire en est un autre exemple. En dehors du contexte médical, celui-ci n’a pas de sens thérapeutique (du reste aucunes des mesures prises par le Gouvernement soi-disant contre le covid n’avaient une justification médicale… au contraire – au fait le mot « covid » est masculin car venant de « coronavirus » –), mais signifie lourdement : la soumission ou la collaboration à un régime destructeur et liberticide. Cela je ne l’ai jamais entendu, pourtant le masque médical porté dans la vie courante signifie énormément. Si on force à le porter ce n’est pas pour des raisons médicales mais pour des raisons uniquement idéologiques. Et ceux qui le portent avec docilité collaborent, en particulier les politiques qui s'affichent avec et qui sont de véritables collabos, car cette idéologie non seulement tue hors frontières (par ses guerres) et en France même par sa folle politique sanitaire, mais massacre la France.

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Ci-dessous : Article provenant de la revue révolutionnaire d'époque Véritable Duchene, volontairement ordurière, qui ici critique les Royalistes 'osant' porter une cocarde blanche, et les gens qui arborent une cocarde tricolore trop petite ou mal placée. Il est intéressant de noter que ceux qui ne suivent pas sont ici considérés comme des fauteurs de troubles de guerre civile, alors que ce sont certains 'Révolutionnaires' qui sont à l'origine de cette guerre civile.

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Philosophie de l'élégance XI : L'urbanité

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L’URBANITÉ. L’urbanité est un concept que je trouve à la fois joli et étrange. Il marque, en quelque sorte, la supériorité de la ville sur la campagne, le mot venant de là. Pourtant, il ne me semble pas que l’on soit moins poli, et surtout moins urbain, à la campagne. J’ai été élevé dans un village situé près du Forez, et n’ai jamais trouvé que les gens y étaient peu urbains. Au contraire, ils se faisaient des visites, offraient les excédants de leurs productions (du jardin, culinaires…) ce qui donnait lieu parfois à de véritables échanges, se rendaient des services, s’invitaient les uns les autres, buvaient « des canons » ensemble (le terme de « canon » est très ancien et désigne ici une mesure), prenaient toujours en compte l’autre, offraient des cadeaux en particulier durant les fêtes, se réunissaient dans des moments communautaires, etc. De nos jours, c’est beaucoup plus chacun chez soi, en particulier en ville. Cependant, la personne de la campagne se retrouvant en ville était parfois mal à l’aise, parlant fort, ressentant de la gêne, se sentant inadaptée à toute une socialisation proprement urbaine, d’où sans doute l’origine du mot.

La plupart des philosophes de l'Antiquité se sont intéressés à la politique de leur cité, certains même réfléchissant sur les meilleures formes de gouvernements. Beaucoup ont donné des lois à leur ville. Solon (VIIe – VI siècles av. J.-C.) est peut-être le plus célèbre pour cela. La plupart ont combattu les tyrans (certains en ont même assassiné un). Par contre un d’entre eux, considéré comme un des sept sages (Platon pensait que c'était une erreur), aurait été lui-même un tyran. Il s’agit du plus étrange des ‘sages’ décrits par Diogène Laërce : Périandre (VIIe siècle av. J.-C.). Il succéda à son père dans ce rôle. Il aurait eu cette merveilleuse phrase : « Ne faites rien pour de l’argent, car il ne faut payer que ce qui s’achète. »

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De nos jours, les philosophes continuent de s’impliquer dans la vie de la cité, beaucoup s’inquiétant de la dictature moderne que le coronavirus n’a fait que révéler de façon flagrante. Citons Michel Maffesoli, Michel Weber, Dany-Robert Dufour, Alain Deneault, etc.

 

 

Il est à noter que les philosophes ne sont pas les seuls à s’inquiéter de la folie ambiante contemporaine. De très éminents scientifiques (en France les plus hauts spécialistes des virus comme Montagnier, Perronne, Raoult...), sociologues, psychologues, psychiatres, médecins, professeurs, universitaires, économistes, juristes... continuent d’alerter, malgré la censure, de même que quelques politiques (très peu) et artistes. Concernant l'art, j'ai été étonné de voir le mutisme de ceux qui se revendiquent comme des artistes. Par exemple, dans mon quartier et en particulier dans mon impasse, des oeuvres sont constamment collées ou peintes sur les murs et même sur le sol, pourtant, rien ces derniers mois critiquant le muselage de notre société. Ce mutisme apathique est hallucinant. C'est comme si les artistes avaient été tous anesthésiés. Il faut dire que l'art contemporain est beaucoup à l'image de cette société... particulièrement dans la folie ou l'horreur.

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Philosophie de l’élégance X

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LA SANTÉ, L’HYGIÈNE ET LA TOILETTE. La santé consiste bien sûr à avoir un esprit sain dans un corps sain : Mens sana in corpore sano.

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L’hygiène a beaucoup d’importance autrefois, et même durant la période où les bains sont décriés par le clergé, ce qui est le cas surtout au XVIIe siècle (voir sur l’hygiène au temps de Louis XIV cet article de plume-dhistoire.fr), ceux-ci restent un outil thérapeutique prescrit par les médecins. Le XIXe siècle fait de l’hygiène une véritable mode, et Louis Pasteur (1822 – 1895) apporte de grandes avancées à la médecine dans ce domaine, tellement que l’on s’est mis à tout désinfecter frénétiquement, faisant une véritable guerre contre le vivant, en répandant sur la terre des pesticides de toutes sortes, ainsi que du béton et du bitume lisses et froids, en javellisant largement et en n’acceptant plus rien de vivant autour de soi si ce n’est soi-même et nos semblables. Bien sûr il ne s’agit pas là de pratiques hygiéniques, mais tout au contraire extrêmement sales. La malpropreté c’est aussi toute cette pollution, dont une grande partie reste invisible et que l’on répand sur les quatre éléments (la terre, l’eau, l’air et le ciel) qui nous entourent et en nous-mêmes. Nous avons créé un monde qui est le contraire d’un monde sain. Organiser, gérer… cela est devenue une véritable maladie… surtout lorsque cela l'est par des imbéciles. Le savoir est une chose importante dans le domaine de l’hygiène, c’est-à-dire la connaissance de soi-même et de ce qui nous entoure non pas afin de l’exploiter mais de vivre en harmonie avec, dans des rapports harmonieux d’échanges.

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LA PROPRETÉ. Je me répète : Beaucoup croient que la propreté consiste à tuer une grande partie du vivant : tout javelliser, désinfecter, désherber, couvrir la terre de pesticides, de béton, de bitume, etc. Pourtant faire cela est sale, et même très sale. La propreté est avant tout un état d’esprit, et c’est comme cela qu’elle était considérée en France jusqu’à récemment, un état d’esprit qui consiste à garder son âme, son corps, son accoutrement, son domicile...  propres, soignés, sains et lumineux, remplis de joie et de plaisirs.

LE NATUREL. Dans l’Ancien régime, et cela déjà au Moyen Âge, la propreté consiste avant tout à conserver de la mesure, c’est à dire être en accord avec ce que l’on est, et approprié avec l'environnement. Notre nature est notre naturel. Être naturel ne consiste pas à être négligé mais en harmonie avec ce qui nous est propre (ce n'est pas pour rien que j’emploie ce mot) et approprié (idem) avec la situation. Encore une fois, il s’agit de distinguer et ici particulièrement de proportionner.

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L’HABILLEMENT. L’habillement est une partie de l’élégance. De nos jours, non seulement on s’habille mal, mais avec des vêtements souvent polluants qui s’entassent dans nos placards. Les philosophes ne sont pas connus pour leur élégance vestimentaire. C’est même souvent le contraire. Par Diogène Laërce, qui est comme vous le savez ma référence principale dans ces articles sur la philosophie de l’élégance, on apprend pourtant que certains soignent leur habillement. Sur Aristote il est dit : « Timothée dit, dans les Vies, qu’Aristote, le plus illustre des disciples de Platon, […] était toujours vêtu avec recherche, portait des anneaux et se rasait la barbe. » (Source) D’autres sont présentés de la même manière, mais la plupart sont assez indifférents au sujet. Par exemple, sur Aristippe il est écrit : « On rapporte que Straton (Platon selon d’autres) lui disait, à propos de cette mobilité de caractère : “Il n’y a que toi pour porter également bien la pourpre et les haillons.” ».

Le philosophe ne se peine pas de sa condition. Amoureux de vérité, il ne cherche pas à faire semblant. Il se voit et voit autour de lui les choses telles qu'elles sont, distinctement, sans les juger. Ami avec lui-même, il le reste quelque soit la condition où il se trouve. Comme le dit un passage de l'Ancien Testament, cité de mémoire : Rien d’extérieur à l’homme ne peut le profaner ; seul ce qui sort de lui peut le faire.

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LA BEAUTÉ. Je reviens un peu sur la beauté, car Aristote « disait que la beauté est la meilleure de toutes les recommandations. D’autres prétendent que cette définition est de Diogène… » On lui demandait pourquoi on aime à être longtemps dans la compagnie de la beauté : « C’est là, dit- il, une question d’aveugle. »

Merveilleuses et merveilleux
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« Aux armes, citoyens ! »

Rappelons que les paroles de la Marseillaise sont un appel aux citoyens, et non pas à l’armée ou aux policiers, à prendre les armes face à la tyrannie et aux usurpateurs.

Personnellement, je suis un pacifiste convaincu, et ai toujours trouvé ces paroles trop violentes, beaucoup trop sanglantes. Adolescent, l’un de mes héros était Gandhi, et j'ai toujours beaucoup d'admiration pour lui. Cependant, je suis content quand des policiers se comportent honnêtement en empêchant les voleurs de voler et autres brigands de brigander. Alors quand certaines personnes s’élèvent honnêtement et avec honneur face à la tyrannie, je ne vais pas faire le lâche et dire qu’il ne faut pas être trop véhément.

Beaucoup de ceux qui chantent la Marseillaise aujourd’hui sont ceux contre qui elle a été écrite. Reprenons nos libertés, sans faire couler le sang, mais avec honneur et justice ! Essayons de nous faire le moins polluer possible, car nous sommes précieux ! Cela participe du bel air !

Musicien cornemuse

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Le gandin

Merveilleuses et merveilleux
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Le gandin est un des petits-maîtres les plus mystérieux. Pour certains, il est récent (seconde moitié du XIXe siècle). Pour d’autres, il fait référence au boulevard de Gand de la Restauration (1815 – 1830). Pour ma part, je pense que son nom est d’une origine beaucoup plus  ancienne, venant du verbe « gaudir » (se réjouir), encore en usage de nos jours mais beaucoup plus employé autrefois, notamment au Moyen Âge et durant l’Antiquité (en latin gaudere). Voir mes livres. On peut donc l’utiliser de manière générique pour tous les petits-maîtres !
Photographies ci-dessus : Représentations de gandins sur des documents d'époque : trois céramiques, deux partitions, une chromolithographie et une lithographie.

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Philosophie de l’élégance IX

Merveilleuses et merveilleux

L’OUVERTURE SUR LE MONDE. Si nous avons des limites, s’y complaire est souvent une marque de laideur. Même les Pyrrhoniens, qui ont conscience de l’obvie (évidence) de l’acatalepsie (impossibilité de connaître vraiment), n’abandonnent jamais la recherche. Un pré-Sceptique, Métrodore de Chio, « disait qu’il ne savait pas même qu’il ne savait rien » (Source). Cette conscience du non-savoir et de l’isosthénie (force égale des arguments contraires), et la conséquence qui en est l’épochê (suspension de l’assentiment), ouvrent la vue sur le monde, les perspectives… On l’aura compris, il s’agit d’une démarche avant tout intérieure de l’esprit qui se libère des voiles qu’il a créés. Pourtant, certains pensent qu’enfermer les autres dans leurs limites est la solution. Cela ne fait que les rendre mesquins et plus petits, même s’ils ont de ‘hautes’ fonctions.

L’HARMONIE ET L’ÉQUILIBRE. L’homme est un être bipède qui vit en équilibre sur ses deux jambes. Trouver et conserver cet équilibre n’est pas facile pour l’enfant qui apprend à marcher. Même dans le reste de sa vie, l’être humain continue constamment de chercher l’équilibre, car tout étant mouvement, il est obligé de se réajuster tout le temps, d’où les phénomènes de modes (au masculin et au féminin). D’une certaine manière, il cherche la stabilité dans l’instabilité.

Ce mouvement est comme une danse, une musique. Il apporte la substance du réel qui, par là-même, par son impermanence, n’est pas vraiment substantiel, enfin pas dans un sens grossier, mais fin… Comme je l’ai dit, certains philosophes, comme ceux de l’éléatisme, affirment que le mouvement n’existe pas n’étant qu'une apparence, comme le dit Mélissos (voir l'article II de cette série). Cela rejoint certaines philosophies orientales sur le non-je, nos sens (pensée incluse) étant entièrement mouvement, enfin sur la question de ce qu’est (ou n’est pas) l'être : l’ontologie.

Cette conscience de baigner entièrement dans 'une illusion réelle' ne rend pas l’être humain extérieur à cette dernière. Il se doit donc de faire attention, de rester alerte. Quand on ne trouve pas l’équilibre, on tombe dans la folie. Du reste, en français, un fou est parfois appelé « un déséquilibré ». Cette folie peut se cacher derrière une convention collective. D’une certaine manière, la plupart des gens vivent avec la folie, car celle-ci est l’opposé de la sagesse ; et qui peut se dire être sage ?

Dans la vie sociale, l’équilibre est donc souvent une convention. Mais cette convention doit suivre trois préceptes qui me semblent (pour le moment) primordiaux si elle ne veut pas sombrer : 1 – La recherche de vérité ; 2 – Être forte ; 3– Être plaisante. Ces données s’appliquent aussi aux individus.

LA RAISON : CHERCHER LA VÉRITÉ. Si l’on ne peut être sage, du fait de la condition humaine (voir l’article sur le pyrrhonisme), on peut chercher à l’être, ce qui est au fondement même de la philosophie. Quérir la sagesse et ses dégradés (la vérité, le savoir, la connaissance…) doit être continuel. Cela est à la base de la liberté. D’après Héraclite, il n’y a qu’une seule manière d’être sage, c’est de connaître la raison, quelle est l’essence des choses. La raison est distinction ; être raisonnable consiste à distinguer.

RESTER FORT. Les limitations humaines font que la force est nécessaire pour rester en équilibre. Il faut l’être sans se laisser entraîner par la violence, la colère ou toute autre manifestation négative de cette force, comme la haine. Elle doit donc se coupler à la sagesse, sinon là aussi, elle ne devient que folie. Surtout on la trouve dans l’infini qui se déploie grâce à la sagesse et la profonde détente alerte et lumineuse qui en résulte.

LA DÉTENTE ET LE PLAISIR. La force doit donc s’unir à la détente. Dans la mythologie antique, Arès (Mars), le dieu de la guerre, est l’amant d’Aphrodite (Vénus), la déesse de l’amour. Il ne peut non plus y avoir d’équilibre sain sans plaisir. Les mots même de « bien » ou de « bon » ont ce sens. Il ne s’agit pas d’un désir. Chercher le plaisir c’est le désirer, ce qui n’est pas le plaisir, mais le contraire : ce qui apporte la frustration, la colère, la haine, la méchanceté, etc. L'amour n'est pas du désir, et la force n'est pas de la haine. Ce plaisir est davantage ce que les philosophes grecs appellent « l’ataraxie » (Epicure, Pyrrhon…) ou bien « l’euthymie » (Démocrite).

Nous ‘devons’ constamment chercher l’équilibre entre la connaissance, la force et le plaisir, en les remettant tout le temps en question, ce que de toutes les façons la vie et la mort font. Pour la plupart, il ne s’agit pas d’un équilibre apporté par le savoir, mais par sa recherche, qui s’inscrit dans une nécessité, comme le sont la force et le plaisir ; mais aucun ne doit prendre le dessus sur l’autre.

Tout ce que j’écris là n’est qu’une MUSIQUE. L’important bien sûr est ce qui vient de soi-même, et de la capacité, peut-être, que nous avons à sortir de notre état grossier sans pour autant rabaisser qui que ce soit, en pure conscience. D’une manière générale, nous évoluons dans une musique à laquelle nous ‘appartenons’… dans une manière, une façon, un mode, une mode… Les grands orchestres de musique classique nous montrent comment peut s’opérer cette harmonie. Chacun y a sa place et son rôle, car chacun, il me semble, est en mouvement et produit du rythme et donc du son, de la musique et de la danse.

L’Être humain étant infiniment insignifiant dans l’immensité, évidemment il se trouve confronté à beaucoup d’autres forces et obstacles au savoir et au plaisir. Mais il doit continuer de chercher à connaître… et chercher l’équilibre, pas un faux équilibre, mais le meilleur possible.

Personnellement, je trouve qu’une des meilleures choses qu’ont transmis les philosophes, c’est ce sentiment du bonheur, de plénitude… une sorte de réminiscence d’un Âge d’Or, dans lequel non seulement une société toute entière peut se baigner, mais avant tout qui se loge en soi, et qu’il faut laisser surgir naturellement, car cet état est la véritable nature de l’être humain.

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Drôles de pistolets XX : Le cocodès, le petit crevé et le flambard

Merveilleuses et merveilleux

Cet article fait suite à celui-ci et présente trois autres partitions : la première avec un cocodès, la seconde avec un petit crevé et la troisième avec un flambard.

Ci-dessus : La première chanson date de 1877 et est une « Excentricité Havanaise », « créée par Mr. Pissarello à l’Eldorado » et intitulée Pérès le Cocodès, « Paroles de Hurbain & L. Raimon », « Musique de Charles Pourny ». Ce cocodès est dessiné par Butscha (voir article ci-avant cité) avec tout l’accoutrement du gommeux (sauf le chapeau, voir cet article). Dans la chanson, il est présenté comme un grand séducteur de femmes.

Ci-dessous : La seconde chanson, de 1868, est intitulée Le Petit Crevé : « Chanson Type Interprétée par Mlle. Lafourcade à l’Eldorado », « Paroles de F. Baumaine et Ch. Blondelet », « Musique de Hervé ». L’illustration n’est pas signée, mais à la page 3 il est indiqué : « Mme. C. Danto grav. ».

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Les paroles sont intéressantes. Les voici telles quelles : « 1er COUPLET Vous connaissez ce petit bonhomme Frisé, pincé, cosmétique, Que partout le beau sexe nomme : Le beau, le joli P’TIT CREVÉ son Physique est connu d’avance, Quant à ses jamb’s figurez vous Des pincett’s en convalescence Qui s’cass’nt, quand REFRAIN ell’s tomb’nt à genoux ! Et enl’vez ! L’petit crevé, Au dos voûté, Au crâne déplumé, Au physiqu’ blême, Boum ! pas d’crême ! Enl’vez l’petit crevé tout défoncé !!! 2 Le p’tit crevé qu’a d’l’opulence Ne fum’ que d’excellents LONDRÈS, Gros cigar’s dont la corpulence Enfonc’ joliment ses mollets. Dans sa p’tit’ jaquett’ mal à l’aise, Avec son p’tit CHAPEAU-LAMPION On croirait voir un bâton d’chaise Qui fait sa premièr’ communion ! (au Refrain) 3 Il traîn’ partout son pâl’ sourire, Au club, au bal, à l’opéra, Tout son bonheur est d’pouvoir dire : “J’ai grisé la bell’ Paméla !” Mais voilà l’champagn’ qui l’dérange… C’est l’hommard qui fait bacchanal Ah ! Mon Dieu !.. Garçon… un peu d’fleur d’orange ! Pour le p’TIT JUNE-HOMM’ qui s’trouv’ mal ! (au Refrain) 4 Vous l’avez vu cent fois pour une, Cherchant de l’oeil à tout hasard Un’ de ces dam’s à la peau brune, Qui font rêver le p’tit jobard ! Mais j’demande à ce qu’on m’explique Comment il fait pour… les aimer… ? Et comment c’t’ allumett’ chimique Peut faire, hélas ! Pour…. s’enflammer ?… (au Refrain) 5 Bref, quand il est las de la blonde, Pour finir en joyeux viveur, Monsieur fait sa rentré’ dans l’monde Pour placer les rest’s de son coeur. Mais comme il a de sa famille Un patrimoine assez corsé… On trouv’ toujours un’ pauvr’ jeun’ fille Qui veut bien…. s’en embarrasser !.. (au Refrain) »

Ci-dessous : La partition Pst ! Pst ! Pst ! est de « Flambard » : « Paroles de FLAM » « Musique de BARD », « Scie Populaire Créée par Libert à l’Alcazar d’Hiver ». L’illustration est de G. Fuchs (1856 – 19..). La chanson est datée de 1880. Le flambard est un type de petit-maître de la seconde moitié du XIXe siècle (voir mes livres). Le « Pst ! » fait peut-être référence aux pschutteux.

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Ci-dessous : des flambards pendant le carnaval  « VIVENT LES FLAMBARDS ! ». « Dessin de Daumier » : « La Mi-Carême au bal de l'Opéra ».
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Jetez vos téléphones portables avant que l’on vous demande de vous les greffer !

Ce lundi je propose deux articles au lieu d’un seul. Celui-ci est un peu politique, même si finalement parler d'élégance et des petits-maîtres est aussi de la politique, car concernant la vie de la cité et de citoyens.

Il est temps d’apprendre à vivre sans le téléphone portable, même si ce n'est que progressivement, notamment parce que celui-ci est devenu une véritable extension du corps humain. Les gens l’emportent partout et le tiennent à la main comme s’il s’agissait d’un nouvel organe de leur métabolisme. On les habitue à ce qu'il leur soit indispensable. Pourtant, je n’en ai pas, et cela depuis déjà plus d’une dizaine d’années. J’ai appris à simplifier ma vie et ne faire rien dépendre de cela. C’est tout à fait possible, même en plein coeur de la ville et de cet enfer dans lequel on fait évoluer les gens comme des zombis.

Bientôt, certains ajouteront des puces dans leur corps même. On les a déjà habitués à de telles altérations corporelles, avec la mode des tatouages qui sont des atteintes durables consenties à l’intégrité physique, et on continue de le faire par exemple avec le port du masque obligatoire pendant la crise orchestrée autour du coronavirus, qui est aussi une atteinte à l’intégrité physique et bien sûr à la liberté.

Chacun voit les choses à sa manière, et certains souhaitent ce transhumanisme. Pourquoi pas ! Le problème se situe dans l’obligation de suivre, surtout quand cela agit si profondément sur notre corps, notre âme, notre vie en société et nos libertés en général. De plus, nous voyons très bien aujourd’hui la voie qui est suivie par ce transhumanisme, qui est du fascisme orwellien.

Ajoutons que les ondes électromagnétiques sont un très grave problème sanitaire, une pollution des temps modernes parmi d’autres. On s’en rend compte tous les jours, avec nos vies sociales ravagées, nos dépendances, nos nouvelles pathologies (acouphènes, fatigues chroniques, hypersensibilités, troubles de la concentration, cancers, etc.). Le professeur de cancérologie Dominique Belpomme en parle dans son Livre noir des ondes : Voir cette cette vidéo. Non seulement elles sont de plus en plus nombreuses, mais les villes et constructions modernes sont de véritables caisses de résonance avec leur acier, leur béton et leur bitume. Nous savons que les plus ‘importants’ marchands, médias, politiques et certains scientifiques nous mentent et sont corrompus. La raison a complètement déserté notre société. Il ne s’agit pas d’un fait nouveau, mais les nouvelles technologies démultiplient de façon folle ces capacités de nuisance.

Même si la vérité peut être dure à contempler, il est bien plus confortable d’avoir les yeux ouverts que de les garder fermés.

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Drôles de pistolets XIX par Émile Butscha et Edward Ancourt

Merveilleuses et merveilleux
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Parmi les caricaturistes ayant portraituré de drôles de pistolets, on compte ceux spécialisés dans les illustrations de partitions musicales. Ces dernières prennent beaucoup d’ampleur au XIXe siècle, car elles permettent de diffuser les nouveaux airs à la mode joués en particulier dans les cafés-concerts, et répandus dans les bals, et par les chanteurs de rue qui sillonnent non seulement les rues mais aussi les cours d’immeubles pour les jouer et en profiter pour vendre ces partitions.

De vers 1880 jusqu’au début du XXe siècle, les gommeux et gommeuses sont un sujet de ces nouvelles chansons, et même un type de chanteurs et chanteuses à la mode. Les principaux artistes les représentant sur ces partitions sont Émile Butscha (1847 – 1887) et Edward Ancourt (1841 – après 1898).

Ci-dessus des exemples de partitions illustrées par Émile Butscha.

Ci-dessous des exemples de partitions illustrées par Edward Ancourt.

Merveilleuses et merveilleux
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D’autres artistes ont représenté des gommeux sur des partitions musicales, comme Faria (1849 – 1911). Un exemple se trouve au début de cet article : Vive la gomme !

Ci-dessous la partition est illustrée par G. Fuchs (1856 – 19..).

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Philosophie de l’élégance VIII

« Paroles, paroles, paroles et encore des paroles, toujours des paroles » chantait Dalida. Selon Thalès (VIIe – VIe siècle av. J.-C.), le premier des sept sages de la haute Antiquité : « Être loquace n’est pas une marque d’esprit. » Il poursuit : « Avec sagesse, attachez-vous à une seule chose, / Choisissez une seule chose belle, / Et vous assécherez l’intarissable caquetage des bavards. » « Myson [VIe siècle av. J.-C., un autre des sept sages] disait que ce n’est pas dans les mots qu’il faut chercher l’intelligence des choses, mais dans les choses celle des mots, parce que les mots sont subordonnés aux choses et non les choses aux mots. » (Source). La parole doit être l’ombre de l’action et non pas l’action l’ombre de la parole, et encore moins la parole être sans action. Cela est vrai pour les thèmes ‘sérieux’. C’est pour cela que j’écris peu sur de tels sujets, car je suis incapable d’agir.

LA LANGUE. Cependant, la langue a son importance dans le domaine de l’élégance. S’exprimer dans un français gracieux est une beauté, et je regrette souvent mon manque de style, et de pratiquer très médiocrement cette langue. Je fais des efforts, notamment pour ne pas employer de mots anglais.

La langue est la première manifestation du style. Si celle de France est belle, c’est en particulier grâce aux XVIe et XVIIe siècles et un travail approfondi sur celle-ci dans les réunions, ruelles, salons, académies… Le langage porte une idée de la vie en communauté et forme l’individu. Au commencement est le verbe… Pour qu’il évolue, il est nécessaire de ne pas choisir la facilité et de toujours chercher le mot, l’expression et la tournure de phrase les plus appropriés.

LA GRAMMAIRE. Cette langue a sa grammaire, qui est l’art de mettre en relation des lettres, et donc des mots, des phrases… d’une manière écrite ou parlée, ce qui forme un style, une manière, un mode. Comme pour tous les modes, dont la mode, cet art implique l’imitation et l’invention.

LA POÉSIE. La poésie fait en particulier usage de cette seconde catégorie : de l’invention. L’univers contemporain, technologique et numérisé, véhicule une langue très peu poétique. La poésie n’est plus à la mode, alors qu’avant notre temps technologique elle l’est énormément. Le poète est un créateur et même considéré comme un être inspiré : un trouveur (troubadour ou trouvère au Moyen Âge).

LA RHÉTORIQUE. Dans l’Ancien Régime, l’écriture est très liée à la parole. On lit à haute voix. Quant à la poésie, elle l’est beaucoup à la musique. La grammaire, elle, se rapproche de la rhétorique, qui est l’art de mettre en action la langue, par la parole, le geste, l’intonation, etc.

Dans l’élégance, toutes ces ‘sciences’ sont importantes : La grammaire comme référence (imitatio), la poésie comme art de composer (inventio) et la rhétorique pour ce qui est du domaine de la représentation (repraesentatio), c’est-à-dire de l’action (actio : uox, gestus…).

Pour beaucoup de philosophes, la façon de s’exprimer est primordiale et la technique utilisée (la tekhnê, τέχνη), la manière d’organiser son discours afin de révéler le vrai et le juste. Avoir de la méthode est particulièrement important à des époques où une grande partie des transmissions se font de manière orale. Elle permet de faire retenir et de retenir, d’apprécier et de produire un beau discours… Bien sûr, comme toutes les bonnes choses elle a son miroir : celui de la persuasion, du mensonge… la société contemporaine se construisant en grande partie sur cette base qui fait miroiter et reflète des réalités mensongères.

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LE SILENCE. Dans la langue française, les moments de silence sont aussi très importants, ne serait-ce que par les virgules, qui sont des souffles qui ne sont pas régis par des règles strictes, mais justement par la respiration, qui n’est pas tout à fait la même suivant les personnes. De nos jours on déverse les paroles sans s’arrêter. Autrefois, en pleine conversation, parfois tous les protagonistes s’arrêtaient de parler, dans un commun et tacite accord, afin d’apprécier ce moment au-delà de la parole, où l’on est simplement bien ensemble, que l'on parle ou pas. Pas besoin de se forcer… Je me rappelle, lorsque j’ai commencé à fréquenter des personnes anglo-saxonnes, quand je m’arrêtais de parler, celles-ci se mettaient tout de suite à prononcer une phrase, comme pour éviter un malaise, comme pour combler un vide… Pourtant ce silence-là n’est pas du vide… tout au contraire.

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Philosophie de l’élégance VII

Merveilleuses et merveilleux

Ceux qui m’ont côtoyé ou me côtoient vous le diraient, je n’ai rien d’un être élégant. Mon écriture même a peu de style. Cependant, qui de nos jours étudie l’élégance ? Si vous avez des noms, n’hésitez pas à me les communiquer, je vous en saurais gré. Dans cet article, j’évoque la beauté, le style et l’esthétique.

Les canons de l’élégance ne sont pas uniques. On en distingue deux principaux en Occident et en Orient, les deux univers que je connais le mieux.

LE CANON ANTIQUE. Le canon antique représente la recherche d’un idéal dans la proportion. En Grèce, on le sollicite notamment dans l’architecture et la sculpture, mais aussi dans toutes les autres formes d’art. Le sculpteur grec Polyclète (Ve siècle av. J.-C.) compose un traité perdu sur l’art de la sculpture, datant du Ve siècle et intitulé Canon (Κανών, Règle). Avant lui, les sculptures de kouroï (κοῦροι : jeunes hommes) et de kórai (κόραι : jeunes filles) se caractérisent déjà par leurs proportions et leur harmonie, assez hiératique, rappelant des sculptures égyptiennes qui influencent sans doute les artistes grecs.

LE CANON MÉDIÉVAL. Le canon évolue avec le temps en divers styles. En France, le Moyen Âge marque une véritable rupture avec l’esthétique classique. La représentation du corps humain en est un exemple particulièrement probant, et le changement s’opère en même temps que le vêtement se modifie radicalement, passant du majoritairement drapé (tunique, manteau…) à l’habit majoritairement cousu et à la différenciation très forte des coupes selon les sexes. Les corps sont de plus en plus représentés avec une forme en S, et les postures et habits accentuent cette mode qui devient un véritable nouveau canon esthétique. Ainsi les femmes de la noblesse semblent toutes être enceintes, même lorsqu’elles sont montrées nues. De même, les portraits forcent les caractéristiques de chaque individu, au lieu d’incorporer le représenté dans un canon de représentation. La distinction (ce qui distingue) devient un élément de la beauté.

LES CANONS ASIATIQUES. En Asie, j’ai rencontré deux canons principaux dans les représentations humaines. L’un suit des règles très strictes de composition, où presque tout est réglementé. L’autre au contraire, est tout entier dans la courbe et une sorte de nonchalance de la posture et du geste.
Évidemment, ce que je dis là n’est pas strict, et dans la plupart des œuvres on peut déceler diverses influences. Il n’en demeure pas moins que les canons de la beauté divergent beaucoup selon les cultures.

LA BEAUTÉ. Les philosophes de l’Antiquité dissertent sur la beauté, même Socrate, et peut-être surtout lui, bien qu’on dise qu’il ne possède qu’un seul manteau et marche souvent pieds nus. Cela ne l’empêche pas d’être propre, de fréquenter les bains, de faire des exercices, d’avoir une vie saine qui le fait traverser plusieurs épidémies de peste à Athènes, etc. Dans Le Banquet, de Platon, on le voit se « faisant beau » afin de se rendre à un banquet. Comme je le prouve dans mon livre sur Les Petits-maîtres du style, Socrate est très à la mode dans la jeunesse athénienne, un peu comme Sartre avec les jeunes existentialistes (voir Les Petits-maîtres de la mode). Si le dialogue qui est consacré à ce sujet par Platon, Hippias majeur, et qui le met en scène, nous laisse vraiment sur notre faim et ne nous apprend pas grand-chose, on sait que Socrate réfléchit beaucoup sur ce sujet. Par exemple, Simon, disciple de Socrate, retranscrit plusieurs dialogues de Socrate sur le Beau, quatre selon Diogène Laërce. Ces dialogues sont aujourd’hui perdus. Socrate réfléchit aussi sur ce qu’est un véritable homme beau et bien (le kaloskagathos), ce dont je parle aussi dans mon livre sur Les Petits-maîtres du style. Voici ce que dit Socrate sur les jeunes : « Il engageait les jeunes gens à se regarder souvent dans le miroir, afin que, s’ils étaient beaux, ils se rendissent dignes de leur beauté, et que, dans le cas contraire, ils fissent oublier leur laideur par la science et la vertu. » (Source).

L’ESTHÉTIQUE. En philosophie, la partie qui étudie le beau est appelée « Esthétique ». Ce mot est emprunté du grec αἰσθητικός, aisthêtikós (« qui perçoit par les sens, perceptible »). Dans un article du Journal littéraire dédié au Roi par une Société d’Académiciens, de novembre – décembre 1773, intitulé « Suite de la Théorie générale des Beaux-arts… », on lit : « La théorie des perceptions sensibles est sans contredit la partie de la Philosophie la plus difficile. Un Philosophe allemand a le premier entrepris de la traiter comme une nouvelle partie des sciences philosophiques sous le nom d’Esthétique. » Ce mot semble donc apparaître au XVIIIe siècle, et je ne connais pas le nom de ce philosophe allemand qui l’a mis en usage.

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Photographies : Gravure provenant de Les Contemporaines de Restif de La Bretonne (1734 – 1806), 1785, volume XVII, nouvelle LXXVII intitulée « La Jolie-Paradeuse », avec pour légende : « Isabelle en-scène à la parade de la Foire-Saint-Laurent, entre Cassandre & le beau Léandre : Elle repousse le Dernier, & présente la main au Premier, qui ôtant à-demi sa chevelure postiche, montre un beau jeune homme : “Ma chère Isabelle !… l’Amour… m’a rajeuni” ». Isabelle, Cassandre et Léandre sont des personnages de la commedia dell'arte. Isabelle est la jeune première, ravissante, coquette et toujours à la mode. Cassandre est celui du vieillard ridicule. Léandre est un type d’amoureux des comédiens italiens en France, puis des français. Il s’agit d’un mignot dameret, et au XVIIIe siècle on le décrit comme « le beau Léandre ». Sur cette gravure, on constate que la mode des hauts chapeaux masculins est déjà en usage avant le début du XIXe siècle. Du reste, et comme déjà dit, beaucoup de modes attribuées à l’époque révolutionnaire et après, sont présentes avant. Ici, Isabelle et Léandre sont à la mode des merveilleux de vers 1780 – 1785.

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Vive la gomme !

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Certaines intuitions sont bonnes. Après avoir réalisé une figurine dans le pur style du gommeux fin de siècle seconde génération, Laurent Manet s’est exclamé « Vive la Gomme ! ».

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Plus tard, j’ai trouvé cette expression comme titre d’une chanson d’époque (1894)… comme quoi… Il s’agit de Vive la Gomme « Chanson fin de Siècle Paroles de Chardin Musique de Emile Duhem ». La page de titre est signée « Faria ». Une gommeuse chante : « COUPLET. À la fêt’ de la Mi-carême / J’avais été rein’ du lavoir, / Mon portrait eut l’honneur suprême / D’orner l’cabaret du Chat noir ; / Aussitôt la bande joyeuse / Demande à voir l’original / Et v’là comment j’devins gommeuse / Avec un’ réclam’ dans l’journal. / REFRAIN. Ohé ! Les gommeuses ohé ! Les pschutteuses à moi l’pompon / Dans l’siècle où nous somm’s c’qui séduit / Les homm’s les beaux hommes / C’est la gomme / Vive la gomme n’y a qu’ça. / 2. Tout le gratin l’plus chic en homme / Était là prenant ses ébats ; / C’était la fleur de la haut’gomme / Très friande de mes appats. / Ah ! Ça mordait, ça mordait ferme ! / Si bien qu’à l’heur’ qu’il est, ma foi ! / Je n’m’inquièt’ plus d’payer mon terme. / L’hôtel que j’habite est à moi. (au ref:) / 3. Je me balade en équipage / Mes chiens couchés sur les coussins ; / J’ai quatre Al’zans pour attelage, / Deux Jockeys et deux grands larbins. / On me donn’ des rôl’s dans des r’vues, / Où j’exhibe tous mes diamants / Et j’dis qu’les autr’s femm’s sont des grues / Tout’s pas fichu’s d’en faire autant. (au ref:) / 4. Le baron est en log’ de face, / Le p’tit chose et le grand machin / Dans les avant-scèn’s ont pris place / Et Toto sur un strapontin. / Ils sont là braquant leurs lorgnettes / Implorant un r’gard de mes yeux, / D’autant plus fiers de mes toilettes / Qu’ell’s ont été payées par eux. (au ref:) / 5. Un étranger d’un certain âge, / Un émul’ du fameux Bidard, / Voudrait m’la faire au mariage, / Moi je n’tomb’ pas dans son traqu’nard. / J’ai dit zut ! À ce rastaquouère, / Quand j’s’rai d’la vieill’ gard’ nous verrons ; / Mais en attendant, je préfère / Plumer encor quelques pigeons. (au ref:) ».

Des gommeuses, il y en a aussi à Besançon !

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Ci-dessous : Carte postale se moquant d’un gommeux : « Tu es gommeux / Plein de chic / Pschutteux // Tu fais de la critique / Comme un oison / A u Salon. // Mais ça te pose gaga ! / Ou du moins tu le crois. / Ce qu’on se fiche de toi !!! / Oh, là, là !!! »

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Ci-dessous : Quelques-unes des pages sur le gommeux de la dernière impression de mon livre sur Les Petits-maîtres de la mode.
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Drôles de pistolets XVIII : Lions de Jules Platier, Gustave Doré, Honoré Daumier et Alfred Géniole

Merveilleuses et merveilleux

Certains trouvent que les drôles de pistolets sont des drôles de pistolets… des originaux… des cas… Cela peut se comprendre. Pour moi, les cas, sont souvent la multitude qui suit, et les gens raisonnables, sont justement ceux qui raisonnent, inventent, créent… et non pas ceux qui suivent tout et tout le monde… même les pires !

Les drôles de pistolets, que l’on appelle sous l’Ancien Régime « petits-maîtres » et d’autres noms à chaque génération (voir mes livres), sont de ceux qui raisonnent et inventent, et sont les premiers à créer et à suivre les nouveaux mouvements de modes qui deviennent par la suite la norme. Ils sont les créateurs de la société du futur, ou la reflètent. Non seulement, les gens du commun rechignent au changement, mais cet avenir qu’ils réfléchissent, dans les deux sens du terme, n’est pas toujours radieux, et peut faire peur. Par exemple, quand les punks et les new-waves des années 1976 – 1980 expliquent que la société va vers le mur (No future) avec son caractère sado-masochiste et sa technologie robotique, ils ne font que dire ce que l’on constate par la suite. C’est comme cela. Ils réfléchissent (‘pensent’) donc, mais s’amusent aussi, car ils sont pleins de vie, et quoiqu’il soient, croient en l’avenir, car l’avenir c’est eux, car ils sont jeunes. S’ils reflètent le monde, ils le réinventent aussi, et paraissent donc extravagants pour le commun. Ils sont libres. Les caricaturistes du XIXe siècle apprécient de les dessiner, car ce sont des sujets inépuisables de bonne humeur et même de gentille (voire amicale) moquerie. Ici, je présente d’autres artistes qui les dessinent : Jules Platier, Gustave Doré, Honoré Daumier et Alfred-André Géniole.

Jules Platier est un artiste, actif dans les années 1830 – 1840 et qui réalise notamment une série de caricatures sur les divers types d’élégants appelés « lions », publiée dans Le Charivari, en 1842 pour certaines. Cette série se nomme Les lions, avec : « Le faux lion », « Le lion de bas étage », « Le vieux lion », « Le lion artistique », « le lion du dimanche », « Le lion littéraire », etc. Il  collabore  aussi au journal La Mode entre autres.

Ci-dessous : Deux lithographies de la série Les lions de Jules Platier.

« LE LION EXCENTRIQUE. Il a 40 ans 1500 livres de rente, un faux râtelier et perche dans une mansarde de la rue de la Paix ; il fréquente les maisons de jeux et fait une grande consommation de modistes, son excentricité s’étend aussi sur son langage ; il dit c’est chamant, admiable, étoudissant, il porte corset. »

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« LE LION LITTÉRAIRE. Le Lion littéraire est le cauchemar des directeurs de théâtres et des rédacteurs de journaux, il a la manie du drame et des nocturnes à 2 voix, il se nourrit de lait et de fromage et passe ses soirées dans les coulisses de théâtres extra-muros, il meurt poitrinaire laissant une foule d’ouvrages inédits. »

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Gustave Doré (1832 – 1883) a aussi croqué certains de ces ‘animaux’ dans La Ménagerie parisienne, publiée en 1854 à Paris, au bureau du Journal pour rire, avec 24 planches présentant vautours, paons, rats (d’opéra), loups, lions, panthères, etc.

Ci-dessous : Deux estampes de Gustave Doré et intitulées « Panthères » et « Lions ». La première a aussi pour légende : « Animaux féroces qui dévorent les châteaux, les fermes, les terres et les rentes ».

Merveilleuses et merveilleux
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Ci-dessous : Voici un autre lion, cette fois dessiné par Honoré Daumier (1808 – 1879) : « Un lion de mer ». Cette lithographie provient peut-être de Le Charivari. Elle est de la série Croquis d’été et datée à la main de 1856.

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Alfred-André Géniole (1813 – 1861) est l’auteur d’une série de lithographies intitulée Les femmes de Paris, avec ci-dessous : « LA LIONNE DU FAUBOURG ST GERMAIN. Dire qu’aujourd’hui une petite couturière peut avoir des armes sur la portière de sa calèche ! Ça croit faire la grande dame, en se donnant des airs de la portière ! »

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Dans un prochain article, il sera question de la représentation, au Second Empire, de drôles de pistolets en crinoline, par Cham, Daumier, Grévin, Marcelin, Nadar, etc.

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Philosophie de l’élégance VI

Merveilleuses et merveilleux

Dans ce blog, j’écris sur l’élégance, comme un homme voulant réaliser une œuvre d’art : Il peut être laid, cela ne l’empêche pas d’essayer de sculpter une belle jeune femme ! En plus, cela me permet de m’extirper d’un quotidien particulièrement glauque ; et il suffit de sortir dans les rues de Paris en ce mois d’avril pour comprendre ce que je dis, avec tous ces gens masqués, suivant des rites sadomasochistes dictés par leur propre misère et leur lâcheté et par ceux qui les dirigent. Notamment, cela m’épouvante de voir que des parents bâillonnent ou laissent bâillonner leurs propres enfants. On a perdu la beauté du caractère romain, sa fermeté mâle, virile, et la libre pensée antique revue par les Lumières et le libertarisme. Peut-être que les ondes électromagnétiques rendent les gens plus stupides. Et la 5G ne fait qu’amplifier cette situation (voir par exemple cette vidéo).

Ce bâillonnement général est très large, et se retrouve sur Internet, et pas seulement par de la censure pure, mais d’une manière beaucoup plus insidieuse qu’il n’y paraît et peu connue, que je vais expliquer avant de commencer sur le sujet de cet article. Je l’ai vécue, et peux donc en parler. J’ai créé ce blog en 2007. J’aurais pu le faire bien avant, l’idée mettant venue avant l’an 2000 (et oui, au siècle dernier !), mais j’attendais un motif pour entreprendre la démarche. À certains moments, j’ai décidé de beaucoup moins travailler dessus. La raison en est que, malgré tous mes efforts, celui-ci ne décolle pas… au contraire… Avec le temps, j’ai compris la cause : les algorithmes (et ceux qui les ont créés bien sûr) ! Comme souvent sur Internet, on n’est pas dans un monde juste… et voilà une des raisons… J’ai écrit plus de 1 500 articles dans mon blog. C’est beaucoup, surtout que la plupart sont des articles de fond sur l’art et les objets d’art anciens, en particulier ceux liés à la mode. On m’avait dit que plus on en composait, plus on se retrouvait référencé sur Google, le moteur de recherche qui monopolise Internet, et donc avec de plus en plus de visiteurs uniques ! Pendant plusieurs mois, j’en ai même écrits un par jour ! Mais rien n’y a fait… encore une fois : au contraire ! Au tout début, dès mes premiers articles, le nombre journalier de visiteurs uniques était conséquent. Les mois passant, et quelques années, ce chiffre restait à peu près le même. Il m’a fallu du temps pour comprendre ce qui se passait, car je suis d’un caractère naïf, mais opiniâtre quant à ma soif de vérité et de savoir. Un jour, un lecteur de mon blog me dit qu’il avait fait de la publicité pour celui-ci sur son compte Twitter auquel plusieurs milliers de personnes étaient abonnées. Je suis allé voir mes statistiques et, en effet, le jour même le nombre des visiteurs de mon blog monta vraiment en flèche. Mais le lendemain, je me suis retrouvé avec un tiers de moins de visiteurs qu’avant, et ce chiffre continua ainsi les mois suivants. J’en ai déduit que les algorithmes de Google classaient les sites dans des catégories que ceux-ci ne devaient pas quitter ; et que si des visiteurs venaient en quantité d’une autre source, les algorithmes réajustaient présentant moins d’articles dans les recherches Google. Par la suite, j’ai eu plusieurs fois des signes de ces réajustements… et notamment à chaque fois que je faisais de la publicité pour mon travail en envoyant des centaines de courriels, ou en faisant d’autres démarches sur Internet, comme écrire dans un autre blog d’une personne ayant une certaine notoriété. Systématiquement, alors que les visiteurs directs (hors Google) de mon blog augmentaient, ceux du moteur de recherche diminuaient drastiquement. Les statistiques de mon blog sont claires, et je peux même savoir les articles que Google présente aux internautes lorsqu’ils font des recherches. Donc, plus je faisais des efforts pour faire connaître mon blog, moins j’avais de visiteurs ! Un autre élément qui montre à quel point les sites sont enfermés dans une catégorie, et un nombre de visiteurs que les algorithmes de Google cherchent à fixer, c’est que pendant plusieurs mois j’ai suspendu mon blog, arrêtant d’écrire des articles. Pourtant, à cette période, le nombre de lecteurs est resté le même ; et quand j’ai repris l’écriture, il n’a pas augmenté, et même un peu baissé ! Ceux qui travaillent sur Internet sont complètement dépendants de quelques mastodontes comme Google et de ses algorithmes. La démocratie y est inexistante, et les lois et les protections viennent de ces compagnies, celles de l’extérieur étant totalement inefficaces. L’utilisateur n’est donc pas protégé et ne peut pas compter sur un système juste. On comprend mieux une des manières de fonctionner de la censure contemporaine. Un dernier exemple : Dès le début de la crise covid orchestrée par nos ‘dirigeants’, à partir de mars 2020, j’ai mis dans la colonne de droite de mon blog des liens temporaires critiquant cela. Depuis, le nombre des visiteurs venant de Google n’a cessé de chuter, et je me retrouve parfois avec davantage de gens venant directement sur mon blog en faisant www.lamesure.org qu’en passant par le moteur de recherche. Du coup, j’ai trois à quatre fois moins de visiteurs aujourd’hui que j’en avais lors de l’écriture de mes premiers articles ! Mais je poursuis, car je n’ai pas l’esprit bourgeois obnubilé par la quantité, et puis, comme dit au début de cet article, parce que cela me distrait d’un quotidien crasseux.

Après cette digression, j’en reviens à mon sujet !

Dans les articles sur la philosophie de l’élégance présentés dans ce blog, la principale référence est Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres (deux tomes, 1965, éd. GF-Flammarion) de Diogène Laërce (IIIe siècle). Je m’inspire aussi un peu de l’oeuvre de Platon (Ve – IVe av. J.-C.) et de Commentaire sur Les Vers d’Or des Pythagoriciens (traduction, notes… de Mario Meunier, 1979, éd. De la Maisnie), de  Hiéroclès (Ve siècle). Une autre source importante est Esquisses pyrrhoniennes (1997, éd. Du Seuil ) de Sextus Empiricus (IIe – IIIe siècles). Ce dernier ouvrage se termine par un chapitre expliquant pourquoi les Sceptiques émettent des arguments à dessein parfois ayant un faible pouvoir persuasif. Il est dit qu’ils adaptent la force de leurs arguments persuasifs, en fonction de l’auditoire. Si celui-ci comprend vite, il n’est pas alors besoin d’arguments forts, ce qui est différent par exemple avec les dogmatiques. Selon moi, ce qui est dit là est plus profond qu’il n’y paraît. Non seulement il n’est pas besoin de proposer des arguments ‘forts’ à une personne réceptive, mais lorsque cette dernière a ‘compris’, il faut qu’elle se libère de l’enseignement même et de celui qui l’a émis. ‘L’attachement’ est sans doute le dernier obstacle vers la libération. Rappelons l’importance de la liberté. Tout enseignement devrait tendre vers ce but. Il peut bien sûr rester de l’amitié, et les Pythagoriciens insistent beaucoup sur ce point. Comme déjà dit, beaucoup de philosophes de l’Antiquité sont aussi des médecins… pas seulement de l’âme mais du corps. Du reste, le chapitre dont je parle ici commence ainsi : « Le Sceptique, du fait qu’il aime l’humanité, veut guérir… ».

DROITURE et SOUPLESSE. Lorsque l’on regarde le corps d’un être humain, on voit un mammifère qui fait des efforts pour se dresser. Cette recherche d’élévation fait tout l’être humain, il me semble. Dans l’Occident de l’Ancien Régime de l’époque Moderne (à partir de la Renaissance), être droit est un signe d’élégance. Je ne sais plus dans lequel de ses livres, Gyp (comtesse de Martel : 1849 – 1932) écrit que, dans l’Ancien Régime, un homme élégant peut faire plus d’un millier de kilomètres dans un carrosse en restant constamment droit. Plusieurs éléments vestimentaires aident à garder une telle posture : corsets, paniers, amidon, etc. J’en ai déjà parlé. De même, comme dit aussi ailleurs, cette rigidité doit s’unir à de la souplesse, à une dose équivalente. Je trouve que la mode vestimentaire au temps de Louis XIV exprime avec délicatesse un tel mélange harmonieux.

LA POSTURE. En élégance, la posture a du sens. Il ne s’agit pas obligatoirement de prendre une pose, mais de jouer plaisamment avec les éléments du moment. Le visage notamment est un reflet de l’âme. Les jeunes femmes et jeunes hommes sont particulièrement doués pour faire des mines, et on donne à de nombreux petits-maîtres un nom venant de « mine » (« minois » = « visage »), comme « mignard », « mignaude », « mignon(ne) », « mignot(e) », « minaudier(e) », « minet(te) (voir Les Petits-maîtres de la mode). D’autres noms viennent des postures qu’ils prennent, comme pour le galbeux et la galbeuse (au XIXe siècle, « avoir du galbe » c’est avoir du chic), le faucheur, le gaillard et la gaillarde, le plastronneur, le fringant, la fringante et le fringuereau, le poseur et la poseuse, etc.

Évidemment, je ne fais ici qu’effleurer de ma plume très légère ces sujets.

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Philosophie de l’élégance V

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : « Les Amours du Bon Ton ». « Vous devez me trouver bien inconséquente… ! »

LA DOUCEUR. Selon Diogène Laërce, des auteurs prétendent que la fin (le but) de l’homme, pour certains sceptiques, […] serait la douceur (Source). Le mot « douceur » (πραότητα) conclut même la vie de Pyrrhon racontée par Diogène Laërce. Je trouve cela très beau… un magnifique programme. La douceur est une chose très belle et précieuse. Il ne s’agit pas bien sûr de mollesse, mais d’action juste. Elle est inhérente à l’élégance, bien que cachée suivant l’adage Ars [est] celare arte (voir article II), ou suivant d’autres formules comme Ne quid nimis (rien de trop).

Les Pyrrhoniens suspendent leur jugement (assentiment), car à tout argument s’oppose un argument égal. Il ne s’agit pas là de mettre face à face du vrai et du faux, mais deux vérités opposées concernant un même sujet. Par exemple, on peut dire qu’un corps est beau, parce qu’il est harmonieux, bouge avec grâce, est une horloge très subtile et fantastique, etc. ; mais on peut tout aussi bien affirmer que ce même corps est laid, composé d’éléments répugnants comme les urines, les selles, le sang, la morve…, sujet à l’impermanence (la vieillesse, la mort, la maladie…), etc. Ces deux affirmations contraires sont vraies. Le Pyrrhonien ne tranche pas ; il ne peut honnêtement le faire, et donc il suspend son jugement. Cette connaissance, ou plutôt reconnaissance, le rend humble et doux, car notamment ouvre son champ de vision tout en relativisant sa capacité à connaître, et le protège de toutes les duretés, notamment la dogmatique.

Jusqu’à Charles Trenet, et sa chanson Douce France, et depuis des temps immémoriaux, la France est la dolce France. Il faut vivre au moins une fois cette douceur pour la comprendre… Et encore… Il existe tellement de niveaux… plus ou moins profonds, délicats, délicieux, riches, pétillants, lumineux… de douceur…

La douceur est aux fondements de l’élégance. Par exemple, la politesse n’est que cela. Pourtant, comme déjà dit, certains y voient un moyen de dissimulation ou une guerre ou bien un système rigide, dur, etc. Pourtant, selon moi, la vraie politesse n’est que douceur. Quand je parle de douceur, il n’est pas question de mièvrerie bien sûr.

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LA TRANQUILLITÉ DE L’ÂME Je trouve, mais peut-être ai-je tord, que la chose la plus importante pour l’être humain est la tranquillité de l’âme. Elle est difficile à obtenir quand on n’a pas une tranquillité de vie, c’est-à-dire sans ce qui trouble. Il faut connaître cela pour voir la richesse qui en découle. Cela peut être, par exemple, comme lorsque l’on boit un très bon champagne. C’est pétillant, doux, goûteux, et nous ouvre l’esprit, ce qui le rend joyeux.

Un des je-ne-sais-quoi qui font l’élégance est cette tranquillité de l’âme, cette douceur précieuse qui distingue et est distinguée, qui se pose exactement au bon endroit, qui est amour et donc aimable.

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L’AMABILITÉ ET L’AMOUR. Selon Platon, il y a trois sortes de civilité : la politesse, la bienfaisance et la sociabilité (Source). « Rendre de bons offices à ceux qui en ont besoin » est une marque de civilité. Il s’agit aussi de l’expression de l’amour. Cette dernière notion est fondamentale dans l’élégance telle que la France la développe, en particulier depuis la courtoisie médiévale, qui se mue en galanterie aux XVIe – XVIIIe siècles. Courtoisie et galanterie tournent autour de l’amour de la Dame, voire son culte. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. L’amour consiste à aimer, et l’amabilité à être aimable, c'est à dire digne d’amour. On donne trop souvent à ce dernier terme des limitations qu’il ne mérite pas.  Il évoque le plus souvent ou le sexe, ou quelque chose de très grand, comme l’amour mystique. On le place donc souvent dans des extrêmes, et oublie ses nuances, comme l’amitié, etc.

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