Philosophie de l’élégance VI

Merveilleuses et merveilleux

Dans ce blog, j’écris sur l’élégance, comme un homme voulant réaliser une œuvre d’art : Il peut être laid, cela ne l’empêche pas d’essayer de sculpter une belle jeune femme ! En plus, cela me permet de m’extirper d’un quotidien particulièrement glauque ; et il suffit de sortir dans les rues de Paris en ce mois d’avril pour comprendre ce que je dis, avec tous ces gens masqués, suivant des rites sadomasochistes dictés par leur propre misère et leur lâcheté et par ceux qui les dirigent. Notamment, cela m’épouvante de voir que des parents bâillonnent ou laissent bâillonner leurs propres enfants. On a perdu la beauté du caractère romain, sa fermeté mâle, virile, et la libre pensée antique revue par les Lumières et le libertarisme. Peut-être que les ondes électromagnétiques rendent les gens plus stupides. Et la 5G ne fait qu’amplifier cette situation (voir par exemple cette vidéo).

Ce bâillonnement général est très large, et se retrouve sur Internet, et pas seulement par de la censure pure, mais d’une manière beaucoup plus insidieuse qu’il n’y paraît et peu connue, que je vais expliquer avant de commencer sur le sujet de cet article. Je l’ai vécue, et peux donc en parler. J’ai créé ce blog en 2007. J’aurais pu le faire bien avant, l’idée mettant venue avant l’an 2000 (et oui, au siècle dernier !), mais j’attendais un motif pour entreprendre la démarche. À certains moments, j’ai décidé de beaucoup moins travailler dessus. La raison en est que, malgré tous mes efforts, celui-ci ne décolle pas… au contraire… Avec le temps, j’ai compris la cause : les algorithmes (et ceux qui les ont créés bien sûr) ! Comme souvent sur Internet, on n’est pas dans un monde juste… et voilà une des raisons… J’ai écrit plus de 1 500 articles dans mon blog. C’est beaucoup, surtout que la plupart sont des articles de fond sur l’art et les objets d’art anciens, en particulier ceux liés à la mode. On m’avait dit que plus on en composait, plus on se retrouvait référencé sur Google, le moteur de recherche qui monopolise Internet, et donc avec de plus en plus de visiteurs uniques ! Pendant plusieurs mois, j’en ai même écrits un par jour ! Mais rien n’y a fait… encore une fois : au contraire ! Au tout début, dès mes premiers articles, le nombre journalier de visiteurs uniques était conséquent. Les mois passant, et quelques années, ce chiffre restait à peu près le même. Il m’a fallu du temps pour comprendre ce qui se passait, car je suis d’un caractère naïf, mais opiniâtre quant à ma soif de vérité et de savoir. Un jour, un lecteur de mon blog me dit qu’il avait fait de la publicité pour celui-ci sur son compte Twitter auquel plusieurs milliers de personnes étaient abonnées. Je suis allé voir mes statistiques et, en effet, le jour même le nombre des visiteurs de mon blog monta vraiment en flèche. Mais le lendemain, je me suis retrouvé avec un tiers de moins de visiteurs qu’avant, et ce chiffre continua ainsi les mois suivants. J’en ai déduit que les algorithmes de Google classaient les sites dans des catégories que ceux-ci ne devaient pas quitter ; et que si des visiteurs venaient en quantité d’une autre source, les algorithmes réajustaient présentant moins d’articles dans les recherches Google. Par la suite, j’ai eu plusieurs fois des signes de ces réajustements… et notamment à chaque fois que je faisais de la publicité pour mon travail en envoyant des centaines de courriels, ou en faisant d’autres démarches sur Internet, comme écrire dans un autre blog d’une personne ayant une certaine notoriété. Systématiquement, alors que les visiteurs directs (hors Google) de mon blog augmentaient, ceux du moteur de recherche diminuaient drastiquement. Les statistiques de mon blog sont claires, et je peux même savoir les articles que Google présente aux internautes lorsqu’ils font des recherches. Donc, plus je faisais des efforts pour faire connaître mon blog, moins j’avais de visiteurs ! Un autre élément qui montre à quel point les sites sont enfermés dans une catégorie, et un nombre de visiteurs que les algorithmes de Google cherchent à fixer, c’est que pendant plusieurs mois j’ai suspendu mon blog, arrêtant d’écrire des articles. Pourtant, à cette période, le nombre de lecteurs est resté le même ; et quand j’ai repris l’écriture, il n’a pas augmenté, et même un peu baissé ! Ceux qui travaillent sur Internet sont complètement dépendants de quelques mastodontes comme Google et de ses algorithmes. La démocratie y est inexistante, et les lois et les protections viennent de ces compagnies, celles de l’extérieur étant totalement inefficaces. L’utilisateur n’est donc pas protégé et ne peut pas compter sur un système juste. On comprend mieux une des manières de fonctionner de la censure contemporaine. Un dernier exemple : Dès le début de la crise covid orchestrée par nos ‘dirigeants’, à partir de mars 2020, j’ai mis dans la colonne de droite de mon blog des liens temporaires critiquant cela. Depuis, le nombre des visiteurs venant de Google n’a cessé de chuter, et je me retrouve parfois avec davantage de gens venant directement sur mon blog en faisant www.lamesure.org qu’en passant par le moteur de recherche. Du coup, j’ai trois à quatre fois moins de visiteurs aujourd’hui que j’en avais lors de l’écriture de mes premiers articles ! Mais je poursuis, car je n’ai pas l’esprit bourgeois obnubilé par la quantité, et puis, comme dit au début de cet article, parce que cela me distrait d’un quotidien crasseux.

Après cette digression, j’en reviens à mon sujet !

Dans les articles sur la philosophie de l’élégance présentés dans ce blog, la principale référence est Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres (deux tomes, 1965, éd. GF-Flammarion) de Diogène Laërce (IIIe siècle). Je m’inspire aussi un peu de l’oeuvre de Platon (Ve – IVe av. J.-C.) et de Commentaire sur Les Vers d’Or des Pythagoriciens (traduction, notes… de Mario Meunier, 1979, éd. De la Maisnie), de  Hiéroclès (Ve siècle). Une autre source importante est Esquisses pyrrhoniennes (1997, éd. Du Seuil ) de Sextus Empiricus (IIe – IIIe siècles). Ce dernier ouvrage se termine par un chapitre expliquant pourquoi les Sceptiques émettent des arguments à dessein parfois ayant un faible pouvoir persuasif. Il est dit qu’ils adaptent la force de leurs arguments persuasifs, en fonction de l’auditoire. Si celui-ci comprend vite, il n’est pas alors besoin d’arguments forts, ce qui est différent par exemple avec les dogmatiques. Selon moi, ce qui est dit là est plus profond qu’il n’y paraît. Non seulement il n’est pas besoin de proposer des arguments ‘forts’ à une personne réceptive, mais lorsque cette dernière a ‘compris’, il faut qu’elle se libère de l’enseignement même et de celui qui l’a émis. ‘L’attachement’ est sans doute le dernier obstacle vers la libération. Rappelons l’importance de la liberté. Tout enseignement devrait tendre vers ce but. Il peut bien sûr rester de l’amitié, et les Pythagoriciens insistent beaucoup sur ce point. Comme déjà dit, beaucoup de philosophes de l’Antiquité sont aussi des médecins… pas seulement de l’âme mais du corps. Du reste, le chapitre dont je parle ici commence ainsi : « Le Sceptique, du fait qu’il aime l’humanité, veut guérir… ».

DROITURE et SOUPLESSE. Lorsque l’on regarde le corps d’un être humain, on voit un mammifère qui fait des efforts pour se dresser. Cette recherche d’élévation fait tout l’être humain, il me semble. Dans l’Occident de l’Ancien Régime de l’époque Moderne (à partir de la Renaissance), être droit est un signe d’élégance. Je ne sais plus dans lequel de ses livres, Gyp (comtesse de Martel : 1849 – 1932) écrit que, dans l’Ancien Régime, un homme élégant peut faire plus d’un millier de kilomètres dans un carrosse en restant constamment droit. Plusieurs éléments vestimentaires aident à garder une telle posture : corsets, paniers, amidon, etc. J’en ai déjà parlé. De même, comme dit aussi ailleurs, cette rigidité doit s’unir à de la souplesse, à une dose équivalente. Je trouve que la mode vestimentaire au temps de Louis XIV exprime avec délicatesse un tel mélange harmonieux.

LA POSTURE. En élégance, la posture a du sens. Il ne s’agit pas obligatoirement de prendre une pose, mais de jouer plaisamment avec les éléments du moment. Le visage notamment est un reflet de l’âme. Les jeunes femmes et jeunes hommes sont particulièrement doués pour faire des mines, et on donne à de nombreux petits-maîtres un nom venant de « mine » (« minois » = « visage »), comme « mignard », « mignaude », « mignon(ne) », « mignot(e) », « minaudier(e) », « minet(te) (voir Les Petits-maîtres de la mode). D’autres noms viennent des postures qu’ils prennent, comme pour le galbeux et la galbeuse (au XIXe siècle, « avoir du galbe » c’est avoir du chic), le faucheur, le gaillard et la gaillarde, le plastronneur, le fringant, la fringante et le fringuereau, le poseur et la poseuse, etc.

Évidemment, je ne fais ici qu’effleurer de ma plume très légère ces sujets.

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Philosophie de l’élégance V

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : « Les Amours du Bon Ton ». « Vous devez me trouver bien inconséquente… ! »

LA DOUCEUR. Selon Diogène Laërce, des auteurs prétendent que la fin (le but) de l’homme, pour certains sceptiques, […] serait la douceur (Source). Le mot « douceur » (πραότητα) conclut même la vie de Pyrrhon racontée par Diogène Laërce. Je trouve cela très beau… un magnifique programme. La douceur est une chose très belle et précieuse. Il ne s’agit pas bien sûr de mollesse, mais d’action juste. Elle est inhérente à l’élégance, bien que cachée suivant l’adage Ars [est] celare arte (voir article II), ou suivant d’autres formules comme Ne quid nimis (rien de trop).

Les Pyrrhoniens suspendent leur jugement (assentiment), car à tout argument s’oppose un argument égal. Il ne s’agit pas là de mettre face à face du vrai et du faux, mais deux vérités opposées concernant un même sujet. Par exemple, on peut dire qu’un corps est beau, parce qu’il est harmonieux, bouge avec grâce, est une horloge très subtile et fantastique, etc. ; mais on peut tout aussi bien affirmer que ce même corps est laid, composé d’éléments répugnants comme les urines, les selles, le sang, la morve…, sujet à l’impermanence (la vieillesse, la mort, la maladie…), etc. Ces deux affirmations contraires sont vraies. Le Pyrrhonien ne tranche pas ; il ne peut honnêtement le faire, et donc il suspend son jugement. Cette connaissance, ou plutôt reconnaissance, le rend humble et doux, car notamment ouvre son champ de vision tout en relativisant sa capacité à connaître, et le protège de toutes les duretés, notamment la dogmatique.

Jusqu’à Charles Trenet, et sa chanson Douce France, et depuis des temps immémoriaux, la France est la dolce France. Il faut vivre au moins une fois cette douceur pour la comprendre… Et encore… Il existe tellement de niveaux… plus ou moins profonds, délicats, délicieux, riches, pétillants, lumineux… de douceur…

La douceur est aux fondements de l’élégance. Par exemple, la politesse n’est que cela. Pourtant, comme déjà dit, certains y voient un moyen de dissimulation ou une guerre ou bien un système rigide, dur, etc. Pourtant, selon moi, la vraie politesse n’est que douceur. Quand je parle de douceur, il n’est pas question de mièvrerie bien sûr.

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LA TRANQUILLITÉ DE L’ÂME Je trouve, mais peut-être ai-je tord, que la chose la plus importante pour l’être humain est la tranquillité de l’âme. Elle est difficile à obtenir quand on n’a pas une tranquillité de vie, c’est-à-dire sans ce qui trouble. Il faut connaître cela pour voir la richesse qui en découle. Cela peut être, par exemple, comme lorsque l’on boit un très bon champagne. C’est pétillant, doux, goûteux, et nous ouvre l’esprit, ce qui le rend joyeux.

Un des je-ne-sais-quoi qui font l’élégance est cette tranquillité de l’âme, cette douceur précieuse qui distingue et est distinguée, qui se pose exactement au bon endroit, qui est amour et donc aimable.

Merveilleuses et merveilleux

L’AMABILITÉ ET L’AMOUR. Selon Platon, il y a trois sortes de civilité : la politesse, la bienfaisance et la sociabilité (Source). « Rendre de bons offices à ceux qui en ont besoin » est une marque de civilité. Il s’agit aussi de l’expression de l’amour. Cette dernière notion est fondamentale dans l’élégance telle que la France la développe, en particulier depuis la courtoisie médiévale, qui se mue en galanterie aux XVIe – XVIIIe siècles. Courtoisie et galanterie tournent autour de l’amour de la Dame, voire son culte. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. L’amour consiste à aimer, et l’amabilité à être aimable, c'est à dire digne d’amour. On donne trop souvent à ce dernier terme des limitations qu’il ne mérite pas.  Il évoque le plus souvent ou le sexe, ou quelque chose de très grand, comme l’amour mystique. On le place donc souvent dans des extrêmes, et oublie ses nuances, comme l’amitié, etc.

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Philosophie de l’élégance IV

Merveilleuses et merveilleux

Un des bonheurs de la philosophie, est de permettre de vivre avec soi-même en société, en gardant notre liberté, même quand cette société nous prive de certaines fondamentales, comme c’est le cas de nos jours. C’est un peu comme lorsque l’on souhaite franchir un champ d’épines ; il y a plusieurs solutions pour cela : Par exemple, on peut se frayer un chemin en enlevant épine après épine ; ou bien on le passe rapidement, sans encombre, en se munissant de chaussures avec une semelle très épaisse. La philosophie apporte ces chaussures et nous fait traverser les vicissitudes plus sereinement, voire tout à fait sereinement.

Dans cet article, j’envisage quelques notions plus mystérieuses qui font l’élégance, comme le charme ou le je-ne-sais-quoi…

LE CHARME. Le mot « charme » viendrait du latin carmen (formule magique, incantation, poème, chant, prédiction…). Les Camènes sont des nymphes aux chants prophétiques et poétiques. Dans le terme de « charme », il y a l’idée d’une certaine forme de pouvoir sur l’autre apporté par un comportement naturel ou fabriqué. Dans le premier, cela se fait grâce à des dons naturels bien mis en valeur. Par contre, dans ce second cas, il s’agit de forcer l’appréciation. On emploie une tekhnê (τέχνη), un art de vivre, d’où les nombreux traités sur le “savoir vivre” qui fleurissent aux XIXe et XXe siècles.

LE JE-NE-SAIS-QUOI. Dans le charme, il y a une idée de magie, alors que dans le je-ne-sais-quoi, toutes les ordonnances qui font la beauté ne semblent pas intelligibles à l’être humain, même si celui-ci peut les utiliser.

LA GRÂCE. Dans la notion de grâce, se tient plus qu’une simple idée de magie ou de je-ne-sais-quoi, mais celle de divin. Ce mot viendrait du latin gratia, dont la définition est à peu près la même. Le mythe des trois Grâces est particulièrement beau. Il en est question plusieurs fois dans ce blog, par exemple dans cet article intitulé De la grâce et de la tenue.

LE MERVEILLEUX. Le merveilleux, quant à lui, fait davantage référence au surnaturel ou à la surprise. Les religions font beaucoup appel à lui, ce qui montre combien il peut être un réconfort. Il ouvre le champ des possibles, rend l’horizon plus vaste et illumine.

LA FANTAISIE. Selon moi, il y a deux éléments de l’élégance sur lesquels beaucoup de personnes se méprennent de nos jours. Le premier est de croire que la politesse est quelque-chose de figée, servant à cacher des défauts et qu’elle est acquise (elle serait un dû). Le second est que la fantaisie n’est pas élégante mais une folie. Je reviendrai plus tard sur le sujet de la politesse. Concernant la fantaisie, elle est indispensable à l’élégance, au moins dans l’esprit. C’est pour cette raison que j’apprécie beaucoup de parler de ces ‘marginaux’ que sont les petits-maîtres, car chez eux, il y en a énormément, beaucoup de création. Ils ont le don d’apporter un certain merveilleux dans la vie… un supplément d’âme. La fantaisie est ce petit plus qui illumine la clarté ou éteint la morosité. Elle est une des multiples expressions de la joie. Elle exprime aussi la confiance dans le présent et l’avenir, car pouvoir se la permettre est un gage de liberté.

UN SUPPLÉMENT D’ÂME. En conclusion de cet article, je pense qu’il est important de chercher à toujours faire un peu mieux, d’apporter un supplément d’âme…

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Philosophie de l’élégance III

Merveilleuses et merveilleux

LE SEL ATTIQUE. Le sel attique est une plaisanterie fine. Elle est aussi difficile à décrire que de le faire d’une beauté. De la même façon que dans un plat, une juste mesure de sel exhausse le goût et y extrait de nouvelles et subtiles saveurs, le sel attique apporte à une conversation une pointe d’humour subtile et goûteuse. Personnellement, je retrouve cela dans certaines réparties de Socrate (Ve siècle av. J.-C.), chez qui se mêlent notamment l’intelligence, l’humour et l’amour (de la sagesse, de son sujet, de la conversation, de l’humanité…).

AVOIR DE L’ESPRIT. En France, dans l’Ancien Régime, le sel attique se transforme en « esprit ». Avoir de l’esprit est important, et j’en parle dans mes livres sur les petits-maîtres. Il s’agit même d’un des premiers éléments d’une personnalité que l’on observe alors. Dans les descriptions de ses contemporains, Saint-Simon (1675 – 1755) dit presque tout le temps s’il est présent et à quelle dose. On apprend que certains personnages l’ont plus développé que d’autres, et que des lignées de familles le perpétuent, comme les Mortemart : « […] avec ce tour unique qui n’est propre qu’aux Mortemart » Dans son Siècle de Louis XIV, Voltaire (1694 – 1778) le décrit ainsi : « […] un tour singulier de conversation mêlée de plaisanterie, de naïveté et de finesse, qu’on appelait l’esprit des Mortemar. » D’une manière générale, les belles réparties, les bons mots, les plaisanteries délicates, les réflexions appropriées rehaussant la conversation, les pointes, par exemple d’humour… sont quelques-unes des expressions caractéristiques d’un bel esprit.

LA PLAISANTERIE ET L’HUMOUR. Dans ses Mémoires, Saint-Simon donne aussi des exemples de plaisanteries croustillantes faites entre courtisans, même en présence du roi Louis XIV. Si elle n’est pas trop cruelle, même la plaisanterie faite aux dépens d’une personne est agréable. Elle apporte de la bonne humeur. Même si au premier abord la surprise qui en découle est déroutante, elle ne fait qu’apporter un peu de friandise au quotidien, sucreries que la personne qui en est l’objet aurait mauvaise grâce à ne pas laisser distribuer autour d’elle et même à goûter en prenant sa part et en riant avec le public. Mais tout cela demande de la mesure ; et certaines personnes étant facilement ‘piquées’, peu enclines à l’autodérision et rancunières, elle est difficilement praticable, ou bien trop cruelle voire carrément méchante. Là aussi, la plaisanterie et l’humour sont des arts.

Avoir du sel attique, de l'esprit ou de l'humour est une vraie bénédiction, et marque une personnalité.

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Philosophie de l’élégance II

Merveilleuses et merveilleux

Peu importe de quoi on parle, l’important c’est comment. Il faut voir comment les idées ‘progressistes’ sont utilisées de nos jours pour s’en persuader ! Et quel avenir notre civilisation prépare ? Une horreur. Ne décelant pas grand-chose de convaincant autour de moi et dans la culture occidentale des XXe – XXIe siècles, c’est donc dans le passé, et en particulier l’Antiquité et ses philosophes que je puise une bonne partie de mon inspiration pour écrire ces articles sur la philosophie de l’élégance. J’y trouve un véritable plaisir que je ne rencontre pas ailleurs… alors…

L’homme contemporain évolue en pleine folie et stupidité. Les raisons ? L’une consiste dans les limitations propres à l’être humain qui, rappelons-le, est juste au-dessus de la bête, et s’en différencie souvent peu. À cela s’ajoutent sans doute la pollution et les ondes électromagnétiques qui agissent sur son cerveau. C’est possible. Rappelons que la pollution fait des millions de morts dans le monde chaque année. Quant au problème sanitaire soulevé par les ondes électromagnétiques, notamment celles de la 5G, il est sans doute très important. Nous avons dans ce domaine une importante désinformation, comme ce fut le cas autour de l’amiante ou aujourd’hui comme cela l'est (dans un sens contraire où cette fois on crée une panique) autour du coronavirus.

La crise orchestrée autour de ce virus, au départ assez bénin, est à l’opposé de toutes les valeurs que je prône, notamment dans ce blog. On nous enlève toujours davantage notre LIBERTÉ ; on nous cache LA VÉRITÉ ; on nous empêche de vivre dans LA JOIE et nous supprime la fête ; on nie LA FANTAISIE et LE MERVEILLEUX en nous faisant faire à tous la même chose, et même nous faire porter ce qui ressemble à une culotte sur la figure ; LA BEAUTÉ, qu’elle soit physique, intellectuelle ou morale est systématiquement bafouée ; non seulement on bâillonne LA CRÉATION, mais on cherche aussi à la supprimer ; ne parlons pas de LA RÉFLEXION et de LA RAISON et d’autres valeurs, qui me semblent pourtant essentielles, comme LA FRATERNITÉ (faire en sorte que les gens se fuient n’est pas un acte de fraternité, ni d’empêcher les médecins et scientifiques honnêtes de travailler et d’une manière générale aux gens d’agir en utilisant leur raison), LA RICHESSE induite par LA DIVERSITÉ, LA JUSTICE et L’ÉGALITÉ qui en est corollaire, le courage, pas au sens grossier ou défaitiste du terme, mais au sens de couplé à la sagesse, L’INTELLIGENCE, LA BONTÉ, L’AMOUR... valeurs qui sont tout le temps ridiculisées dans notre société moderne, tellement que cela en devient monstrueux et franchement humiliant pour l’être humain sensé. D’une manière générale, LA FINESSE a déserté. Et même pire que cela : On nage dans la folie. Nous sommes très éloignés de L’ÉLÉGANCE, et je pense qu’il est important de rappeler certaines bases, ce que j’ai commencé à faire dans un précédent article, et que je vais continuer à proposer dans des prochains publiés les lundis à 9 h, pendant quelques semaines.

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LE NATUREL & L’ART. La persuasion n’est pas un art de l’élégance, au contraire, même si, nous le verrons, la rhétorique y occupe une importance toute particulière. Ce n’est que naturellement que la beauté d’une tenue et d’un esprit s’expriment. Si elle ne le fait pas, c’est qu’elle n’avait pas à le faire, d’où les mots de l’orateur Cicéron : Ars [est] celare arte. L’art consiste à cacher l’art, car il s’agit d’un art tout entier dans le juste, tellement qu’il paraît naturel, voire pour certains fortuit, alors que tout est précisément placé, mais sans aucune peine et dans le plaisir constant de la complétude, de la belle harmonie, du plaisir apporté par la justesse. Cette sagesse est naturellement amour, ce dernier en étant l’expression, car elle est plaisir (non désir, voir article précédent) et partage. Cette justesse s’inscrit aussi dans le mouvement et dans l’infini… En cela l’élégant sait ce qu’il représente : pas grand-chose, voire presque rien dans l’univers… d’où le sentiment de paix apporté par l’évanouissement dans la grandeur du monde, et un certain sourire qu’apporte ce savoir, un « sel attique » dont je reparlerai.

Comme dans la philosophie on croise des sophistes, préférant convaincre plutôt que de chercher la vérité, il existe des sophistes de l’élégance, qui veulent avant tout que l'on croit qu’ils sont élégants, certains se le faisant acroire à eux-mêmes. Le refus du naturel… pourquoi pas ? Le problème n’est pas là, mais dans le mensonge, le fait de cacher, notamment sa propre laideur, au lieu de l’accepter, de l’éviter ou de la sublimer.

L’IMITATION ET L’INVENTION. Comme le dit Aristote dans sa Poétique : « Le fait d’imiter est inhérent à la nature humaine dès l’enfance ; et ce qui fait différer l’homme d’avec les autres animaux, c’est qu’il en est le plus enclin à l’imitation : les premières connaissances qu’il acquiert, il les doit à l’imitation, et tout le monde goûte les imitations. » (Source). Imiter est une chose importante dans l’élégance, comme dans la mode. Il s’agit de comprendre la culture dans laquelle l’élégant baigne, de la connaître et de s’en imprégner profondément, de même que de son environnement le plus proche, ceci afin de vivre en harmonie avec cet environnement. L’imitation permet d’évoluer dans la paix et le contentement, seulement si elle est couplée à dose équivalente par l’invention. Créer est l’autre élément indispensable à l’élégance, comme à la mode. Aucun de ces deux aspects ne doit prendre le dessus sur l’autre. Ils doivent se balancer, s’équilibrer. Ils sont les deux faces d’une même pièce. Et il ne peut y avoir de création réelle sans liberté.

Dans Philosophie de la mode (Philosophie der Mode, 1905), l'Allemand Georg Simmel (1858 – 1918) ne parle pas d’imitation et d’invention mais d'obligation et de liberté. Selon lui, l'être humain aspire à un rapport de proportion durable entre ces deux notions, une harmonie s’exprimant en particulier à travers la mode. Ailleurs dans son texte, il est question des relations qui coexistent entre les aspirations à une uniformisation égalisatrice et le détachement individuel.

LE MOUVEMENT ET LA POÉSIE. Comme le dit aussi Aristote dans sa Poétique, « le fait d’imiter, ainsi que l’harmonie et le rythme, sont dans notre nature » (Source).  Le mouvement est partout. Tout ce qui vit bouge, émet du rythme. Étudier les rythmes et ceux les plus agréables et ‘élevés’ est la prérogative de la poésie, dans laquelle on inclut la musique, la danse… et dans laquelle on pourrait ajouter les mathématiques, etc. Cependant, pour un philosophe comme Mélissos (Ve siècle av. J.-C.) : « Le mouvement n’est pas réel, mais seulement apparent. » (Source). Selon Sextus Empiricus (IIe – IIIe siècles), Parménide (VIe – Ve siècles av. J.-C.), Diodore Cronos (IIIe siècle av. J.-C.) et quelques autres philosophes nient eux aussi le mouvement (Source). Pourtant, réfuter l’idée de mouvement consiste à mouvoir la pensée. Il est vrai que celui-ci est insaisissable, si ce n’est par le mouvement qui étant lui-même mouvant ne peut se rencontrer. Mais la plupart des philosophes démontrent qu’il existe. Héraclite (VIe – Ve siècles av. J.-C.) écrit que c’est le mouvement qui créé toute l'harmonie du monde (Source). Je reviendrai sur cet harmonie. Quant aux Sceptiques, ils « prétendent qu’il n’est pas plus vrai de dire qu’il y en a, que de dire qu’il n’y en a pas » (Source), ce qui rappelle une de leurs expressions favorites : « peut-être, peut-être pas » (τάχα ού τάχα), qui ressemble beaucoup au « peut-être ben qu’oui, peut-être ben qu’non » normand !

LE RYTHME. Quoi qu’il en soit, que le mouvement soit réel ou non, il s’exprime à travers le rythme. Tout ce que nos sens, notre âme incluse, appréhendent est rythmes, et modes, c’est-à-dire manières de mettre en rythmes. Il paraît que Pythagore observait la façon dont marchait un postulant à son enseignement, sa manière de se mouvoir. Le drapé, base de l’habillement antique, demandait davantage à la gestuelle que l’accoutrement moderne, plus ‘pratique’. Il y avait un jeu avec le vêtement à travers lequel transparaissait l’esprit de celui qui le portait. Dans l’Ancien Régime, la musique et la danse avaient une grande importance dans la vie sociale, et leur connaissance faisait partie du b.a.-ba de toute bonne éducation.

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Philosophie de l’élégance I

Merveilleuses et merveilleux

Dans les prochains articles du lundi de ce blog, je vais traiter de préceptes d’élégance à travers notamment quelques notions philosophiques surtout antiques… classiques dirons-nous…

Les théories qui viennent de l’esprit humain, par définition borné, ne collent pas toujours à la pratique, et jamais de façon permanente. Cependant, celles qui fonctionnaient autrefois et continuent de le faire aujourd’hui, méritent davantage notre attention que des préceptes modernes qui nous semblent bancals. Si je puise beaucoup dans le passé, c’est que j’y découvre ce que je ne trouve pas chez nos contemporains, non seulement une certaine pérennité et de la profondeur, mais aussi une élégance.

En élégance, le plus important est d’abord le soin que l’on porte à l’esprit : un esprit sain dans un corps sain (mens sana in corpore sano). Il est bien supérieur d’avoir un bel esprit avec une vilaine apparence, qu’un vilain esprit dans une belle apparence. Il est important de savoir créer une ‘ambiance’ paisible et lumineuse, belle et chaleureuse, gaie et splendide… d’une splendeur simple comme le ciel, chaleureuse comme le chaud soleil d’été modéré par une douce brise, remplie de magie, comme l’âme baignée par le clair de lune, lumineuse comme les rayons de cet astre diurne en hiver, non entravés… libres… Pour cela, l’âme doit être belle et bonne, et l’esprit non entravé, notamment par les déchets produits par une âme malade.

L’EUTHYMIE. Démocrite, philosophe grec du Ve – IVe siècles av. J.-C., appelle « euthymie » (εὐθυμία) le bonheur d’une âme en paix emprunte de l’amour de la sagesse. Ce mot vient du grec eu (ευ), bien, heureusement, et thimós (θῡμός), âme, cœur. En parlant de Démocrite, Diogène Laërce décrit cet état : « la fin de nos actions est la tranquillité d’esprit, non celle qu’on peut confondre avec la volupté, comme quelques-uns l’ont mal compris ; mais celle qui met l’âme dans un état de parfait repos ; de manière que, constamment satisfaite, elle n’est troublée, ni par la crainte, ni par la superstition, ou par quelque autre passion que ce soit. Cet état, il le nomme la vraie situation de l’âme, et le distingue sous d’autres différents noms. » (Source). Dans une autre traduction, il est dit « bonne humeur » En français, le terme « humeur » vient du latin umor, liquide. En médecine, une humeur est une substance liquide produite par un organisme vivant. Les humeurs cardinales que sont le sang, le flegme, la bile et la mélancolie (ou atrabile) influencent aussi nos comportements, nos humeurs psychiques : tempéraments sanguins, flegmatiques, bilieux ou mélancoliques. L’équilibre des humeurs est à la base de la bonne santé, et il sera question de l’équilibre et de l’harmonie dans un prochain article.

L’ATARAXIE. D’autres philosophes, comme Épicure et Pyrrhon, nomment « ataraxie » le bonheur d’une âme en paix induit par la tranquillité. Le philosophe pyrrhonien Timon écrit : « Apprends-moi, Pyrrhon, donne-moi à connaître quelle est cette vie aisée, cette vie tranquille dont tu jouis avec joie, cette vie enfin qui te fait seul goûter sur la terre une félicité semblable à celle d’un dieu entre les hommes. » (Source). Chez les Pyrrhonistes, cette absence de troubles, ataraxie, vient naturellement de la suspension du jugement (ἐποχή, epokhê). Pour les Épicuriens, elle résulte des plaisirs nécessaires et naturels venant d’une vie bonne et juste, libérée de l’idée de manque : « Le juste est celui de tous les hommes qui vit sans trouble et sans désordre » (Source).

LA DISTINCTION. Une âme élégante ne cherche pas à persuader. Elle sait distinguer sans se distinguer. Croire que l’on est sage n’est de toutes les façons ni une preuve ni un signe de sagesse. C’est pour cela que l’élégance peut paraître pour certains futile, car elle ne cherche aucunement à remplacer le miroir et encore moins à figer le mouvement de ses reflets. Elle se contente de voir, de distinguer sans juger afin d’agir au mieux et en ‘pleine’ conscience. Une personne distinguée est un individu qui sait distinguer pour le mieux, qui a l’intelligence du moment, de la situation, sans chercher à en profiter, mais en la goûtant pleinement. C’est sans doute cela que l’on appelle, la Neglegentia diligens, c’est-à-dire une conscience aiguë, une vue aiguisée… pointue… couplée à une relaxation complète… un calme olympien…

Photographie : Image provenant du même almanach, de 1779, que celui présenté dans l'article précédent.

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Drôles de pistolets XVII : Modes caricaturales

Merveilleuses et merveilleux

Les modes de l’Ancien régime paraissent parfois caricaturales pour des personnes ayant un regard extérieur et ne baignant pas dans la mode du jour, et même pour des contemporains. Certaines images de l’époque semblent être des caricatures, alors qu’elles n’en sont pas, mais se contentent de montrer la mode telle qu’elle est. On parle de caricatures de mode, lorsque les artistes pointent avec humour cet aspect caricatural. Il s’agit généralement là aussi de documents sur la mode du jour, parfois plus intéressants que les images de mode proprement dites, car mettant en situation.

Dans les photographies de cet article, provenant d’une estampe d’un almanach allemand de 1779, avec du texte en allemand et en français, il ne s’agit pas d’une caricature, bien que la mise-en-scène le laisse à penser. C’est ainsi que l’on se coiffe, s’habille et danse à cette époque !

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Mardi gras

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Ce mardi, c’est Mardi gras ! Autrefois, et il n’y a pas si longtemps que cela, avant la dernière guerre, c’était un moment très festif dans toute la France, et en particulier à Paris… et cela depuis des temps très reculés. Du reste, dans l’Ancien Régime, les jours de fêtes étaient pléthore (voir ici), et en plus tout était prétexte à en créer de nouveaux ! De nos jours, c’est tout à fait le contraire. Dernièrement, lors d’une de mes lectures, j’ai noté (sans prendre la référence que je n'ai pas retrouvée) cette phrase : « Sans un sentiment de joie et de magie, on finit par se heurter de front contre les hauts murs de la démence. » Cela me semble juste.

Les fêtes avaient un rôle 'protecteur', et plusieurs ont été instituées suite à une catastrophe. Par exemple, le théâtre romain est né afin de conjurer une épidémie de peste (voir ici).

De nos jours, on ne pense qu'à réprimer. On marche sur la tête, et la crise orchestrée autour du coronavirus en est un exemple. Face à ce qui s'apparentait dans sa gravité à un genre de grippe, on a voulu que cela soit grave et fait en sorte que cela le devienne au niveau humain, social.... et même sanitaire en interdisant certaines médications, en créant des mutations par le remdesivir, etc. Cela a été, et continue de l'être au moment où j'écris ces lignes, franchement monstrueux de voir les gens avec leur masque, les slogans partout incitant à se fuir les uns les autres, les mensonges, les lâchetés de toutes sortes, le mesures liberticides, etc. On est dans le domaine du monstrueux... de la folie... non pas une folie cathartique, permettant de se défouler, comme dans le carnaval, mais dans la folie pure... vraiment.

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Le Pyrrhonisme, ou l’autre théorie de la relativité

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Cet article est juste un hommage à la grandeur et la splendeur du monde, son infinie variété. Les sagesses sont aussi très nombreuses. J’ai découvert récemment une d’entre elles, celle que l’on nomme « le pyrrhonisme » ou « le scepticisme », qui raisonne profondément en moi, car je n’ai jamais rien pris réellement au sérieux tout en prenant toujours tout au sérieux… Je n’ai jamais incité personne à suivre ce que je dis, mais au contraire à trouver par lui-même sa voie de sagesse… si on peut dire… Non seulement le monde est grand, mais notre coeur et notre âme le sont aussi, toutes proportions gardées bien sûr…

Je ne suis donc pas du tout un spécialiste du pyrrhonisme, et pas non plus un philosophe… La seule compétence que je revendique est celle sur les petits-maîtres, thème que je suis le seul à étudier… Il est bon d’aller loin sur un sujet, quel qu’il soit, ce qui donne certaines compétences. Mais cela ne signifie pas que je ne peux pas parler d’autres choses…

Lorsque je lis des écrits sur la sagesse, j’ai l’impression d’être comme une personne qui écoute ce que l’on dit d’un délicieux gâteau, sans jamais l’avoir goûté. Quand je compose sur le sujet, c’est encore pire, car alors il me semble que je suis un faussaire, une personne qui écrit au sujet de ce qu’elle a lu du gâteau… C’est un peu une imposture… Cependant, au sujet du pyrrhonisme, il y a quelque chose de fondamentalement simple qui raisonne profondément en moi.

« De rien de ce qui sera dit nous n’assurons qu’il est complètement comme nous le disons, mais pour chaque chose, nous faisons en ‘enquêteur’ un rapport conformément à ce qui nous apparaît sur le moment. » Passage du premier chapitre de : Esquisses pyrrhoniennes de Sextus Empiricus (voir plus loin). J’ai ici pris la traduction de Pierre Pellegrin (Éditions deu Seuil, 1997), mais ai changé « historien » en « ‘enquêteur’ », terme qui me semble plus adapté à l’emploi dans le texte original de ἱστορικός (historikós).

UNE VÉRITÉ TOUTE PERSONNELLE. Comme le dit l’adage : « Chacun voit midi à sa porte ! » Chaque personne est le mètre-étalon de sa vie, ondulant entre ce qu’elle crée et ce qu’elle imite, ce qui dépend de soi et ce qui n’en dépend pas, etc. Personnellement, j’ai du mal à voir ce qui est de l’ordre de ma projection, d’une projection extérieure à moi et de l’ordre de la vérité. Où est donc la vérité, quand nous sommes tous différents ? Ce que nous pouvons appréhender n’est-il pas très limité, et dépendant de nos sens et de notre esprit ? Du reste, qu’est-ce que nous pouvons concevoir en dehors de ce dernier ? Il est juge ! Même suspendre le jugement est un acte de l’esprit.

PYRRHON. Suspendre le jugement (épochè) est ce que l’on dit que font les pyrrhonistes, aussi appelés « sceptiques ». Je trouve leur philosophie remarquable. J’ai découvert récemment, il y a quelques mois de cela, le philosophe Pyrrhon (IV – III e siècle av. J.-C.) dans Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres (tome II, éd. GF-Flammarion) de Diogène Laërce (IIIe siècle). J’apprécie beaucoup ce qu’a fait Diogène Laërce dans cet ouvrage, car il y a passé en revue la vie et les doctrines des philosophes qui l’ont précédé. Je trouve que c’est passionnant… La vie de Pyrrhon est celle qui m’a le plus intéressé. Comme Socrate, il n’a rien écrit… mais sa vie elle-même est un récit philosophique. Il a voyagé, notamment en Inde, accompagnant Anaxarque dont il était l’élève et qui suivait Alexandre le Grand. Il a côtoyé les gymnosophistes indiens. Sa philosophie est au-delà même de la philosophie. On pourrait penser qu’elle ressemble à un renoncement, mais bien au contraire… Elle apporte une grande paix. C’est comme si elle libérait l’esprit de lui-même, de ses limites ! Elle me rappelle certaines philosophies orientales, comme le dzogchen, qui elles aussi suspendent le jugement (épochè) et conduisent à l’ataraxie (exemption de trouble) pour reprendre des termes grecs que l’on emploie pour le pyrrhonisme. En Asie, on parlerait davantage de nirvana ou de grande complétude. Je trouve que tous ces mots ont tout de même quelque chose de dur, disant une vérité atteignable seulement par de grands esprits, alors qu’il me semble que chacun y a foncièrement accès.

Quand on lit Diogène Laërce, on s’aperçoit que chez Pyrrhon, cette ataraxie le conduisait à une sorte d’insensibilité (apatheia) plus importante que chez les êtres ordinaires, comme s’il ne voyait dans la réalité qu’une sorte de mirage, sans consistance. Cette impression de ‘rêve’ est, il me semble, importante pour ‘saisir’ l’insaisissable, pour trouver la paix et jouir de la vie sans craindre la souffrance et la mort plus que nécessaire.

SEXTUS EMPIRICUS. Pour en savoir davantage sur le scepticisme, on peut lire Esquisses pyrrhoniennes de Sextus Empiricus (IIe siècle). Ce dernier est un des rares philosophes sceptiques à avoir écrit sur cette philosophie. Il était aussi médecin. Le scepticisme semble avoir été très présent chez certains médecins méthodistes, dont la pratique est basée sur l’observation apparente. Lorsqu’on lit cet ouvrage, bien sûr, certaines affirmations scientifiques de l’époque et démonstrations nous paraissent absurdes aujourd’hui ou inadéquates à notre vie contemporaine… mais le fond est là.

Dans ce qui suit, mon discours va sembler quelque peu négatif, car j’emploie beaucoup de termes négatifs. Mais cela est comme pour montrer l’aspect positif et revenir à cet équilibre des contraires, ce yin-yang pyrrhoniste, cette reconnaissance d’une force égale, d’une isosthénie (isostheneia) qui libère du jugement et apporte la paix.

N’EST PAS CONFUS. Le scepticisme n’a rien à voir avec le fait d’être sceptique, c’est-à-dire être confus et entretenir la confusion. Au contraire, selon moi, le pyrrhoniste ne prend comme base que la réalité telle qu’elle lui apparaît. Il ne juge pas, mais il ne dira pas que le rouge est bleu si le rouge lui apparaît rouge. Pour vivre il doit boire, manger, etc. Ces faits, il ne les établit pas en dogmes… simplement comme des réalités relatives aux conditions : celles d’un être humain, mais pas comme des principes fondamentaux. J’aime beaucoup cette expression : « L’exception confirme la règle ». Une règle, sans exception, est en quelque sorte morte… un peu comme notre société basée sur le numérique, qui nous fait croire en l’infaillibilité des modèles mathématiques. La science se confronte à ses propres limites et ne peut plus avancer sereinement lorsqu’elle s’enferme dans des concepts, des dogmes. Elle perd alors la notion très simple de la réalité. Cette dernière devient un concept. Elle la recrée et refuse toute autre vue. Elle se met des œillères et suit une ornière qui l’enferme dans une sorte de fascisme intellectuel, niant toutes les autres vues. En médecine cela est catastrophique car, si suivre le plus loin possible un raisonnement scientifique, médical en occurrence, apporte beaucoup de bien, lancer un anathème sur tous les autres raisonnements est le résultat de beaucoup plus de mal. Les sciences environnementales contemporaines ont ceci de plus qu’elles ne font pas avancer une science en dehors de tout son environnement, de l’harmonie générale et de l’infinité qui la constitue. Remettre toujours en question l’acquis devient un outil. L’objectif n’est pas d’arriver à un but, pour employer un haïku de ma sauce, mais d’être dans le chemin. C’est là que se fait la libération : dans le moment présent. Sinon, il s’agit, encore une fois, d’une sorte de fascisme intellectuel, même si, je le répète, aller loin dans un domaine permet de faire de grandes avancées.

N’AFFIRME RIEN. On peut tout autant affirmer une chose et son contraire. Alors pourquoi affirmer ? Mais pourquoi aussi vouloir aller au-delà de soi ? L’expérience seule compte, si elle ne s’affirme pas en dogme, en vérité ultime. Il ne s’agit que d’une expérience individuelle… ou collective… qu’importe… Ce n’est qu’une expérience. Une personne qui se croit malade est véritablement malade… mais pas de la maladie qu’elle croit. Un pyrrhoniste ne croit pas ; il est en dehors de toutes croyances. Ces dernières peuvent être des aides pour certains, apporter du réconfort, mais ne restent que des croyances.

SANS DOUTE. Il ne s’agit pas non plus d’être dans le doute. Le doute n’est qu’un affect. On ne congèle, ne concrétionne, ne cristallise rien. Le pyrrhoniste ne détermine pas de manière intrinsèque ce qui est bon et ce qui est mauvais ; il ne fuit ni ne recherche rien fébrilement, baignant ainsi naturellement dans la tranquillité. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il ne va pas éviter de se blesser, et qu’il ne va pas avoir mal s’il se blesse. Cependant, cela ne voudra pas dire pour lui que cette blessure est intrinsèquement mauvaise, qu’elle est l’expression de ce qui est mauvais en soi.

SANS JUGEMENT DÉFINITIF. Suspendre le jugement ne consiste bien sûr pas à juger, mais pas non plus à ne pas juger…

SANS DOGME. Le scepticisme n’est ni négatif, ni positif. Il ne remet pas en question, il ne critique pas. Il ne s’arroge pas non plus le fait de ne pas remettre en question ou critiquer. Il le fait quand c’est nécessaire… ou du moins quand il le fait. Il n’a pas de règles… pas de dogmes à suivre.

SANS CROYANCE. Le Pyrrhonisme élargit la vision, mais ne la rend pas ultime… loin s’en faut. En étendant le point de vue, il permet d’être naturellement plus intelligent. Ainsi, une personne vivant dans une grotte, sans jamais avoir vu l’extérieur, aura une vision beaucoup plus restreinte de la réalité, même si les deux personnes sont absolument identiques. Mais cette affirmation elle aussi est fausse, car l’expérience de la grotte apporte quelque chose que l’expérience du grand air n’a pas. Là aussi on ne peut juger. Être pyrrhoniste, c’est un peu comme laisser sur le chemin de lourds bagages inutiles, qui sont toutes nos ‘croyances’.

LA PHILOSOPHIE Lorsque Pythagore (VIe – Ve siècles av. J.-C.) crée les mots de « philosophie » et « philosophe », il est dans une démarche que l’on peut qualifier de sceptique. Il considère lui-même et ses disciples comme des amoureux de la sagesse, ce que signifie le terme de « philosophes », et non pas comme des sages.

Une manière de ne pas s’enfermer dans des dogmes tout en pratiquant l’exercice de la sagesse, c’est d’avancer dans ce savoir en même temps que dans la compassion, par exemple en lisant des textes sur la sagesse et en parallèle d’autres sur la vertu, afin de ne s’enfermer ni dans une fausse sagesse, ni dans une fausse vertu, mais l’une et l’autre servant continuellement de balancier. Pour la vertu, on peut lire par exemple le Commentaire sur Les Vers d’Or des Pythagoriciens, par Hiéroclès (Ve siècle). Celui-ci était pythagoricien et néoplatonicien. Personnellement, je trouve ces commentaires d’une grande beauté.

HISTOIRES TIBÉTAINES. Les Tibétains possèdent de très nombreuses histoires relatant cette expérience de la sagesse. En voici une : Un maître, religieux très instruit et imbu de sa personne, n’avait que quelques disciples, alors que tout près de son monastère, une personne, n’étant pas religieuse et ne sachant pas même lire, rassemblait une assemblée très nombreuse. Un jour, pris de colère, le premier décida d’aller confondre le second en public. Il lui demanda sur quoi il méditait. L’autre lui répondit qu’il ne méditait pas. Alors le premier de répliquer en ricanant que c’était une honte, qu’il ne méditait même pas ! « Mais quand donc suis-je distrait ? » s’enquit le second. Si la plupart de ces narrations tibétaines sont des témoignages, certaines appartiennent à la mythologie, comme celle-ci : Un maître avait deux disciples principaux. Un jour, il donna son dernier enseignement, qui pourrait se résumer, très maladroitement de ma part, car je ne me rappelle plus les termes exacts, ayant entendu cette histoire il y a de nombreuses années : « Faites ce que vous voulez ! » Le premier compris ce qu’avait dit son maître, alors que le second cru le faire et se mit à éliminer tout ce qui lui déplaisait. Il tua et devint monstrueux, faisant tellement peur que de plus en plus de monde se ralliait à lui. Sa grandeur devint tellement monstrueuse que des dieux commencèrent à s’en émouvoir, et rappelèrent le maître et son premier disciple du ‘nirvana’ où ils se trouvaient pour résoudre le trouble qu’ils avaient causé. Ils se firent alors tout petit, rentrèrent dans le monstre et devinrent plus grand que lui en le faisant exploser. Il paraît que c’est de là que viendrait la tradition tibétaine de la représentation de ‘divinités’ courroucées monstrueuses. Évidemment, l’important ici ce sont les derniers mots du ‘maître’.

Merveilleuses et merveilleux

Images ci-dessus : « Le Goût nouveau » « Lith[ographie] de Lemercier », signée « Deveria » pour Achille Devéria (1800 – 1857) et datant des années 1830, époque de la mode des manches « gigot », et de la coiffure « à la girafe ».

 

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Très belle & bonne année 2021 !

Pour commencer cette nouvelle année, voici quelques maximes que j'ai composées. Cela m'a fait du bien de les écrire... pourquoi cela n'en ferait-il pas à d'autres de les lire !

Cliquer sur l'image ci-dessous pour accéder à ces aphorismes.

365 aphorismes

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Axiomes

Contrairement à ce que beaucoup semblent croire, peut-être du fait du nivellement mondial de notre société, à chaque problème il n’y a pas une seule solution, mais plusieurs. Je m’en suis rendu compte en m’intéressant aux plantes sauvages : Pour une maladie, il existe de nombreuses médications naturelles très efficaces. Quand tout le monde fait pareil, c’est que l’on est dans une dictature.

Le mimétisme n’est pas une vilaine chose, car il est une manière de vivre en communauté, mais il doit se partager à parts égales avec l’invention (la créativité). C’est le principe de la mode : ces deux éléments font la mode. Cette base double est présente partout, car elle est l’équilibre : la force doit être accompagnée de la justice, la droiture de la bienveillance (mansuétude, tolérance…), etc. Sinon patatras !

Si les autres peuvent être de bons conseils, le choix doit rester personnel… libre… Imposer ses propres vues aux autres est une ineptie.

Ce qui fait évoluer ou dégrade une société, ce ne sont pas tant les règles que les gens qui les font et les acceptent. Une personne de qualité est un individu qui, selon l’adage grec, cherche avant tout à se connaître soi-même, à mesurer ses limites, à les dépasser là aussi avec mesure, et qui par ce savoir trouve sa liberté.

Il n’y a que dans les dictatures que tout le monde fait pareil et affiche son accord ! Nous sommes tous différents et toujours changeants… La découverte des nouveaux mondes nous avait montré cette richesse, et a donné l’humanisme… mais cela s’est transformé en ‘inhumanisme’ et uniformisation…

Merveilleuses et merveilleux

L’époque que l’on vit est vraiment une horreur, avec des vilains qui s’affichent comme des diables dans un tableau d’enfer. Les exemples sont innombrables, comme la journaliste de cet article du Figaro d’hier, où le professeur Perronne est présenté comme : 
– « dans le viseur des autorités sanitaires », image plutôt violente (viseur de carabine ?), sans doute venant de l'AFP car reprise par d'autres journaux  ;
– un « médecin controversé », comme si les médecins écoutés par le Gouvernement ne l’étaient pas aussi ;

– « l’autorité morale des complotistes », accusation des très bas de cerveau, digne d’une cour de maternelle, à laquelle on n'a rien à rétorquer si ce n'est « Areu areu »  ;
– n’ayant « plus l’honneur de ses pairs », ce qui est faux, de très nombreux médecins le soutenant ainsi que des syndicats médicaux (comme le Syndicat National des Médecins Hospitaliers : SNMH-FO et le syndicat SNPHARE, voir ici et ici) ;
– un médecin « de toutes les polémiques », alors qu’il essaie simplement de dire la vérité et d’aider.
L’article poursuit en parlant d’un communiqué « pour le moins clair » où pourtant on n’indique aucune accusation si ce n’est d’avoir « tenu des propos considérés comme indignes », ce qui est très flou.
– Etc.

Dans Libération il est écrit qu'il a émis des « propos injurieux », l'accusant sans jugement ; Europe 1 parle aussi de personnage « controversé » et « complotiste », de même que La Voix du Nord  ; dans L'Express il est présenté comme un complotiste et un menteur, toujours dans ce fameux « viseur » de ceux qui se croient détenteurs de la vérité ultime et toute-puissante, et que l'on retrouve chez LCI avec « controversé » et « complotiste »  ; etc.

Contrairement à ceux qui en veulent au professeur Perronne, celui-ci n'a jamais rien imposé à personne. Il est resté scientifique, probe et honnête, et un médecin ayant pour seul but d'aider les malades et ses compatriotes humains. A aucun moment il ne s'est écarté du serment d'Hippocrate.

Il serait temps que les gens se réveillent. Si les choses ne deviennent pas évidentes pour eux, c'est qu'ils sont presque incurables, et leurs masques ne les protégeront pas de cette maladie-là qui fait bien plus de mal que le covid, et depuis bien plus longtemps !

Certaines personnes sont compliquées. Elles n’ont aucune notion des choses simples, et donc de la vérité. Elles ont leur esprit encombré… une véritable poubelle, et ne connaissent pas l’intelligence qu’elles croient être le résultat d’imbroglios, manipulations et autres, alors que c’est tout le contraire. L’intelligence c’est d’abord d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire libérer l’esprit de ses nœuds afin de voir clairement la vérité et donc l’immensité, son infinie richesse. Un homme honnête est un esprit libre, ne suivant aucun dogme, s’appuyant seulement sur là où il est, sur la vérité sur laquelle il se tient. Il ne peut faire autrement. Il en retire une immense joie. Les gens compliqués, eux, s’enferment dans leurs névroses. Les personnes libres et ‘vraies’ deviennent des ennemis pour eux. Ils cherchent à confiner dans leurs perversions tous les autres, même par la manière forte, afin de se soulager eux-mêmes… d’une certaine manière se persuader de leur intelligence en utilisant la force, la corruption, la confusion… Évidemment, leur réalité est une réalité… et d’une certaine manière tout évolue sous le soleil, du plus petit insecte à la plus haute montagne ! Mais de même; tout ne se mélange pas et ne s’assemble pas… même par la force. Nous sommes donc tous égaux sous le soleil, mais aussi différents et avons cette liberté de l’être ; alors ne cherchons pas à enfermer les autres en nous, mais cultivons la fraternité en aidant ceux qui souhaitent être aidés. « Liberté, égalité et fraternité » est la devise de la République française. Aucun de ces trois éléments ne doit être retranché.

Pour finir cet article, je souhaite revenir sur ce que j’ai dit dans le précédent sur les solutions permettant de sortir de l’impasse de notre civilisation : arrêt du nucléaire, réduire les investissements de 40 %, réduire la population de 50 %, réduire la pollution de 50 %, réduire l'exploitation des matières premières de 75 % et réduire la production alimentaire de 20 %. Certains rétorquent que cela est impossible. Pourtant, on arrive à faire faire aux populations n’importe quoi, comme ces derniers mois avec les limitations des déplacements, les confinements, les couvre-feu, les masques obligatoires en ville, à l’école, au travail… sans parler des autres restrictions de libertés qui s’amoncellent tous les jours. Et puis cet argument est juste sale : C’est comme si une personne vivait dans la saleté en affirmant que c’est impossible de nettoyer ! Nous devons nettoyer notre monde qui est devenu une véritable poubelle et nos esprits aussi ! La propreté n’est pas une obligation, elle est une nécessité !

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République fantôme : Quand la folie gouverne !

Qui tacet consentire videtur (qui se tait acquiesce)

En ce moment, lorsque je sors dans la rue et que je vois tous les gens avec un masque, cela m’attriste énormément… presque à avoir envie de pleurer. Selon moi, les obliger à porter un masque dehors est de la maltraitance. Personnellement, je n’en porte pas à l’extérieur, mais en garde un en poche au cas où je croise des policiers. Quand je vais dans les boutiques, je suis obligé d’en avoir un si je veux rentrer… et comme je ne cherche pas le conflit, ni à mettre le personnel en difficulté, j’en porte un dans les magasins mais sur lequel j’ai écrit en gros « TYRANNIE ». Il y a des moyens pacifiques et ‘légers’ de ne pas suivre ou critiquer des directives que l’on trouve liberticides et folles. Il suffit de réfléchir un peu… Je suis étonné de voir que je suis souvent le seul dans la rue et dans les boutiques à revendiquer cette simple liberté.

Nous sommes dans un système complètement déshumanisé, régit par des pratiques apparentées au sado-masochisme, utilisant ses rites de soumission, de domination, de ligotage, d’humiliation, de discipline, etc. C’est vraiment l’horreur.

Les obligations et les interdictions gouvernementales, auxquelles s'ajoutent les informations tronquées ou mensongères des médias soit-disant sérieux, que l’on subit depuis le mois de mars 2020, sont véritablement de la maltraitance. Les trois quarts des annonces, que le Gouvernement et l’État font, sont des mesures répressives, et pour le reste consistent à dire que l’on donnera l’argent des autres et de parler du vaccin. Aucune vision, si ce n’est celle de désastres annoncés et créés non pas par le virus mais par eux ! La répression est devenue l'unique voie politique de nos gouvernants.

Au sujet des vaccins, s’il vous plaît, n’incitez pas les jeunes à se faire vacciner. Là aussi, il s’agit de maltraitance, comme de leur faire porter un masque, car ils ne risquent absolument rien du coronavirus, mais sans doute davantage d’un vaccin, car des soins non appropriés ou non nécessaires sont toujours nocifs et peuvent même être dangereux ! Ce virus n’est pas beaucoup plus dangereux qu’une grosse grippe. Il ne l’a jamais été depuis le début, bien que sans doute pas d’origine naturelle (voir cette vidéo) et pas unique (mutant). S’il a fait autant de morts (pour 90 % au-dessus de 65 ans), c’est à cause justement des mesures répressives, comme les interdictions de prescrire certains médicaments, les empêchements d’exercer librement la médecine, la vision mono-centrée et marchande de la médecine mondialisée, les interdictions multiples (comme celles de s'aérer, pouvoir se promener dans la nature...), la situation catastrophique de notre système de santé et de notre démocratie en général, un comptage très douteux, la bêtise voire la folie ambiantes, etc.

Et puis il y a des choses bien plus graves, qui s'accumulent tous les jours, comme le nucléaire, les millions de morts dans le monde à cause de la pollution, la surpopulation, la disparition des environnements naturels et d'espèces, les pollutions multiples (comme celle des plastiques), etc. Nous connaissons la situation depuis longtemps (voir cette vidéo de l'océanographe Jacques Piccard en 1972), et les solutions : arrêt du nucléaire, réduire les investissements de 40 %, réduire la population de 50%, réduire la pollution de 50%, réduire l'exploitation des matières premières de 75% et réduire la production alimentaire de 20%. Pourtant nous allons toujours vers l'opposé.

Ce qui se passe en ce moment est très grave. L’aspect positif, c’est que l’on voit clairement comment tout cela fonctionne, quels sont les rouages derrière : depuis les plus grands égoïsmes (au niveau mondial) jusqu’aux petits égoïsmes individuels. Un autre point positif est que cela permet de distinguer dans ce marasme quelques personnes ayant de l’intelligence et du cœur, ainsi que de l’honneur.

Ces privations de liberté et obligations délétères vont bien au-delà des mesures prises pour l’épidémie. Un exemple : Ne possédant pas de téléphone portable, je ne peux plus accéder à certaines fonctionnalités de mon compte en banque sur internet, cela depuis la mise en place d’une directive européenne d’« authentification forte ». C’est une manière déguisée d’imposer l’usage du téléphone portable, alors que l’on sait que celui-ci dégrade énormément nos relations sociales, pollue le ciel avec ses milliers de satellites, nous rend stupides et conditionnés… sans compter le problème sanitaire des ondes électromagnétiques.

De nouveaux exemples de privations de liberté et obligations nuisibles s’accumulent de jour en jour.

Je n’en dis pas plus, car m’énerver me fait mal à la tête. Cela fait depuis au moins mes 12 ans que je contemple cette misère… et à force cela me crispe ;-) Heureusement que j’ai les petits-maîtres, la nature et la philosophie (l’amour de la sagesse) pour : m’alléger avec les premiers, nourrir mon corps, mon coeur et mon âme avec la seconde et mon esprit avec la troisième !

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Entre parenthèses

Ce blog va être mis entre parenthèses pendant un certain temps, afin que je me consacre davantage à ma collection et à mes livres, et un peu moins à Internet. Vous pourrez suivre mes nouvelles éditions papiers sur https//www.lamesure.fr.

Je me rends compte qu’un monde géré par Internet, c’est plutôt l’horreur. De plus, Internet, comme les autres médias et même la société en générale, sont entièrement verrouillés. Pour ce qui est d'Internet, je m'en suis vraiment rendu compte avec mon blog. Il faut que je trouve d’autres moyens de communication… moins technologiques… Un joli défi en perspective !

J'en profite pour rafraîchir mes contacts : Ceux qui souhaitent rester informés de mes nouvelles créations, doivent me l'indiquer à richardlemenn@hotmail.fr.

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Notre part divine : un modèle de civilité

Merveilleuses et merveilleux

Avons-nous une part divine en nous ? Plusieurs philosophies et religions l’affirment. Ce genre de spéculation peut sembler étrange, surtout à notre époque matérialiste, mais elle permet de mettre en avant la recherche de ce que l’on a de mieux en nous et d’aller dans ce sens… ce qui est, selon moi, un b.a.-ba de l’élégance.

Nous avons la possibilité de nous diriger vers le meilleur. La civilité et l’élégance peuvent nous y aider, si on n’en use pas pour un objectif autre, car ce ne sont que des outils, le résultat dépendant entièrement de celui qui s’en sert.

Selon certaines traditions, la personnalité peut se diviser en trois éléments : le corps, l’esprit et l'âme, ou bien le corps et l'âme, cette dernière étant composée de l'esprit et de ce que d’aucuns appellent « le corps subtil » ou « le char de l’âme ». Alors que le corps est la partie corruptible de l’être, l’âme et l’esprit participeraient du divin. Les mouvements du corps et ceux de l’esprit créeraient des empreintes dans l’âme, lui donneraient une forme… évanescente certes, mais réelle.

Concrètement, il est certain que nous avons un corps. Celui-ci évolue non seulement dans le mouvement, mais il est éphémère. L’esprit est aussi dans le mouvement, mais ne semble pas sujet à la même temporalité. En tout cas, il ne peut être appréhendé directement par les sens, bien que ceux-ci fassent le relai. Pourtant, il possède une sorte de forme, non seulement provenant de nos pensées qui s’élaborent en fonction de nos sens et donc de notre corps et de notre environnement, mais aussi un corps plus subtil, d’essence supérieure mais façonné par les multiples expériences.

Dans ce que je viens d’écrire, la direction prise est celle du corps vers l’esprit, et de ce dernier vers l’âme et son caractère divin. Faisons maintenant le chemin dans l’autre sens : de la divinité à l’âme, puis à l’esprit pour en arriver au corps. Voilà la voie qui devrait être celle de la civilité et de l’élégance. Ces dernières ne devraient pas être les résultats de théories et préceptes, mais les manifestations de ce que nous avons de meilleur en nous, selon notre mesure bien sûr. Il n’y a alors pas de problème d’adaptation, chaque chose se mettant naturellement à sa place, et se distinguant parfaitement, permettant la distinction, qui est discernement.

Vue de cette manière, il n’y a pas de règles, seulement de s’abandonner à notre richesse intérieure : la reconnaître. Joli mot que celui de « reconnaissance », signifiant le fait de reconnaître et aussi la gratitude ! L’élégance et la civilité ne sont donc pas des fins en soi ; elles sont simplement des genres d’attente, une suspension dans le temps… un sourire aimable… amoureux même… le terme « amour » impliquant une joie, un bien-être.

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Minets des années 1950 – 1980

Pour commencer voici quelques minets connus :
 
La belle minette : Brigitte Bardot, ici accompagnée du beau Jean Marais
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La minet type : Alain Delon
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Sylvie Vartan : la minette garçonne
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Le minet sarcastique : Jacques Dutronc
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Claude François : le minet blondin
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On compte d'autres sortes de minets, comme le minet intellectuel, le minet yéyé, le minet homosexuel (à la mode chez des jeunes de la fin des années 1980), le minet playboy, le minet dolce vita, le minet jerk, etc.
 
Le minet intellectuel, ici en couverture d'une revue de mai 1968.
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Dans Les Mouvements de mode expliqués aux parents (Éditions Robert Laffont, 1984), les auteurs (Hector Obalk, Alexandre Pasche et Alain Soral) occupent tout un chapitre au minet. Ils en distinguent diverses sortes, dont la plupart sont présentées ci-dessous. Il s’agit de photographies de la réédition de 1985, dans la collection Le Livre de poche, 1985.

 

La « Minette pop » (photographie de gauche)

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Un « Couple minet-pop anglophile »

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« Le Minet-minet »

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Le « Minet-funky »

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« La Minette-chic »

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« Le Minet des campagnes »

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Le minet-disco est mis dans la catégorie minet-pop

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Au début du long métrage Saturday Night Fever, le minet John Travolta fauche le persil dans les rues de Brooklyn, ainsi que la jeune femme en robe saumon.

 

 

Ici le personnage de John Travolta est celui d’un ouvrier. Une personne me disait que dans les années 1971 – 1974, dans son école, il y avait des minets « de milieu très populaire et dans des classes dites “techniques” ou “de transition” qui formaient des travailleurs manuels… » Il s’agit là de minets que l’on peut dire plus « prolétaires », très éloignés de ceux des Champs-Élysées à Paris présentés sur ce site. Je sais, je me répète, mais on croit souvent que le petit-maître est toujours né avec une cuillère en argent ou en or dans la bouche, ce qui est tout à fait faux. Dans la petite-maîtrise, on trouve de toutes les origines. En affirmant un style, le petit maître se démarque de l’emprise parentale en rentrant progressivement dans plus d’indépendance. Non seulement cela lui donne de l’autonomie, mais lui permet aussi de sortir de son milieu… de se grandir. Pour revenir à ces jeunes minets de « classes dites “techniques” ou “de transition”… », ils avaient des « chaussures à semelle épaisse, cheveux ondoyants et pantalons de tergal si moulants qu’ils n’avaient pas de poches, obligeant à ranger dans les chaussettes le peigne et le paquet de cigarettes… » « Filles et garçons portaient des pantalons marrons ou noirs, en tergal, à pattes d’éléphant, des pulls moulants à côtes en polyamide dits « italiens » (qui venaient bien d’Italie) et des blousons en skaï avec des côtes les resserrant à la taille, voire en peluche longue de couleur vive pour les filles. Les chaussures à semelle épaisse étaient généralement en griffine, un simili-cuir très bon marché, vendues chez Eram. Pour la coiffure, il faut penser à Daniel Guichard pour les garçons, et à Sylvie Vartan pour les filles. Pour la musique, c’était C. Jérôme, Claude François, Sylvie Vartan, Stone et Charden. »

Depuis le Moyen Âge au moins, on retrouve de ces minauderies, de ces jolies mines, de ces mignons et mignonnes aux allures minaudières, minaudant avec leur joli minois et des manières qui minent, mine de rien, les grises mines ! On leur donne des noms liés à leur agréable minois : mignons, mignonnes, mignards, mignaudes, mignots, mignotes, minaudiers, minaudières, midinettes, minets, minettes… et autres belles et beaux, merveilleuses et merveilleux de toutes sortes.

Évidemment, les minets du XXe siècle restent éloignés de ceux qui parcourent les rues du Moyen-Âge au XVIIIe siècle. On peut même dire que le feu de la petite-maîtrise n’est plus qu’à l’état de minuscules étincelles à partir de la Révolution de 1789. Aujourd’hui, il me semble inexistant, et je ne le vois plus que dans mes écrits…

Pour conclure cet article, ceux qui me suivent savent que je développe une philosophie à travers la petite-maîtrise. Ne voulant pas m’encombrer des déplaisants, j’ai placé les petits-maîtres fauchant le persil devant la caverne de Platon. Du coup, je me retrouve très seul ;-) Cette philosophie est très simple : Comme le dit Aristote dans son Art poétique, la première chose que fait l’être humain, avant même de naître, est de bouger. Le mouvement est à la base de toutes vies. Étudier et chercher les meilleurs rythmes, comme le font les poètes de l’Antiquité, est important. Le mouvement étant partagé par tous, je ne pense pas que l’on doive dramatiquement écarter la ‘haute’ ‘musique’ classique de la ‘basse’ populaire. D’après moi, le lieu où s’exprime le plus démocratiquement le mouvement est la rue. Chacun fait avec ses moyens. L’important est l’énergie qu’on utilise, l’objectif que l’on se donne, la volonté… Nous sommes tous égaux mais tous différents. Il n’y a pas de règles précises, si ce ne sont celles qui nous permettent de vivre en liberté, sans entraver celle d’autrui. Au moment où j’écris ces lignes, dans les rues de Paris les gens portent un masque de façon obligatoire. C’est vraiment une grande tristesse pour moi de voir toutes ces personnes uniformément bâillonnées par une dictature mondiale, et la souffrance qui découle de tout cela. Ce que je fais est un peu ce que Gilles Deleuze appelle de la « pop’philosophie », c’est-à-dire une philosophie qui, à la manière des Sceptiques de l’Antiquité, ne s’encombre pas de théories, de dogmes, de savoirs péremptoires ; car la vérité ne se cache nulle part ; elle ne se cache jamais. Elle est partout présente, et donc en chacun. Il y a assurément quelque chose d'autre au-delà du mouvement et de son corollaire : l'inanimé (le sans-mouvement). Mais cela, l'être humain ne peut l'appréhender, car l'appréhension est mouvement, ici mouvement de l'esprit. Par contre, la création est sans fin, et finalement, tout est possible ! Cette philosophie de la petite-maîtrise et de l'élégance n'est pas une invention de ma part. Elle a toujours été présente en tous ceux cherchant les meilleurs rythmes... à leur mesure... qui est alors excellente !

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Le bœuf à la mode merveilleuse (suite).

Boeuf à la mode merveilleuse et incroyable

Cet article fait suite à celui intitulé Drôles de pistolets XIV : Le bœuf à la mode merveilleuse et incroyable, afin de présenter une autre gravure de caricature de merveilleux en « bœuf à la mode ». Ici, l’animal est affublé à la fois  d’attributs de merveilleuses et d’incroyables : le casque jockey, le chapeau ‘invisible’, les grandes boucles d’oreille, la haute cravate, le châle, les bandes nouées à l’antique, les chaussures sans talon et pointues et le peigne dans les cheveux (qui retient ici la queue de l’animal).

Boeuf à la mode merveilleuse et incroyable

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Réflexions du et sur le costume et la coutume

Dernièrement, je lisais la Vie de Pyrrhon par Diogène Laërce (IIIe siècle), dans la traduction de Robert Genaille (Paris : GF – Flammarion, 1965). Pyrrhon (vers 365 – vers 275 av. J.-C.) est un philosophe de la secte dite « Sceptique ». Il aurait écrit un livre intitulé Images, dans lequel il dit que « L’apparence est reine partout où elle se présente. » Avant on lit que ce philosophe « n’est jamais sorti de l’habitude », et après qu’il « suit ce qui apparaît » et « que nous choisissons souvent selon la coutume ou repoussons pour la même raison. Notre observation, dès lors, est aussi simple affaire de coutume. »

La coutume est un mode, une façon… une mode aussi. Rejeter complètement cette dernière est impossible, si ce n’est en devenant un gymnosophiste, vivant nu, ou quelque autre anachorète ou ermite… Et encore… s’ils peuvent éviter la mode, il ne me semble pas qu’il soit possible d'éviter de suivre des modes (au masculin), le corps lui-même imposant ses habitudes, son mode, sa coutume. D'une certaine manière, le corps est un costume : le costume de l'âme.

Comme déjà dit dans d’autres articles, le terme même de « costume » vient de « coutume ». Le costume est donc une affaire de coutume, de manière, de mode. Même celui qui se démarque de la mode, par exemple en la créant, le fait à partir d’une base culturelle, qu’il réfléchit finalement même en voulant s’y opposer.

« RÉFLÉCHIR », voilà un autre des très jolis mots appartenant à la langue française. Il signifie simultanément le reflet et la pensée. Cette dernière n’est-elle pas la réflexion de ce que les miroirs de notre âme et de notre entourage nous renvoient, des habitudes, le miroitement de la réalité, sa représentation ? Notre environnement crée des images dans notre esprit qui lui-même agit sur ce qu’il appréhende et se reflète en lui. Il en résulte un habitus (une hexis en grec) : une intégration et connaissance profonde participante de l’entourage. Il s’agit d’un jeu de miroirs qui scintillent en chacun. Ils brillent dans le déploiement du présent, qui se goûte par tous les sens, qui sont la manifestation concrète de cette danse brillante. Celle-ci s’exprime de différentes manières, comme à travers l’hexis corporelle, le jeu avec les codes nouveaux, la création, etc.

POLIR : Le tout, la base, peut être comparé à un diamant brut continuellement taillé en de multiples facettes, qui reflètent tels de petits miroirs, se subdivisant à l’infini dans l’appréhension polie du monde dans tous les sens du terme : polissage de la gemme et du miroir, apportant lustre et éclat, et politesse. Ce polissage s’opère en particulier par la culture que l’on intègre, son savoir, par la coutume et bien sûr par la mode. Il clarifie, montre et offre une ouverture dans le champ des possibles. Le diamant ne reflète pas grand-chose avant d’être taillé et poli. Durant l’Antiquité et jusqu’au Moyen Âge inclus, le miroir non plus ne renvoie rien s’il n’est pas régulièrement poncé ; et les exemples modernes (depuis le XVIe siècle) de ces objets sont aussi de surface unie et luisante.

La mode a donc cette utilité de polir, de permettre à travers la taille de cette réalité brute de révéler une facette de sa préciosité. Le tailleur d’habits fait la même chose pour le corps, en manifestant la beauté de celui-ci à travers la coupe. L’élégant fait pareil par l’agencement des parties qui constituent sa parure dans son ensemble, ses manières, etc. De cette façon on comprend mieux pourquoi, dans la mode française, le bon goût et la politesse sont si importants. Ce sont des outils d’appréhension de la beauté et du plaisir de cette base.

DISTINGUER : Il ne s’agit pas de pensée mais d’une intuition. Ce savoir, qui n’est pas qu’une histoire de classes ou de connaissances mais aussi de sensibilité et de finesse, est un des socles du bon goût. Par lui, on voit les choses avec distinction, ne les confond pas, ne mélange pas ce qui n’est pas fait pour l’être. C’est particulier à chacun. Nous avons tous des points de confort différents, la mode étant là pour harmoniser cette richesse incommensurable. Un des aspects de l’élégance française est la juste mesure entre la simplicité de ton et la sophistication, la connaissance de ces extrêmes qui n’en sont pas, le discernement : agir à bon escient… une pratique de gourmet de la vie. Les Romains appellent cela neglegentia diligens : une sorte de point de raccord entre l’abandon et la concentration (voir mon ouvrage sur Les Petits-maîtres du style, de l’Antiquité au XIe siècle).

Au royaume des apparences, la réflexion est à la base de la mode. Pourtant cette dernière apparaît au commun légère et futile, sans réflexion. Au contraire, dans le sens dont j’en parle, elle ne se base pas sur des termes qui sont, comme leur nom l’indique, finis. Son langage est celui de l’impermanence, du renouvellement constant, de la réverbération d’un soleil infini en formes et couleurs multiples, un arc-en-ciel tangible constitué des réalités présentes. La mode est impalpable, évanescente parce qu’elle ne place pas de frontière entre la réflexion de la pensée et celle de la représentation. Elle est entière, toute entière dans la réalité des sens, la sensibilité… ce que l’on appelle autrefois le sentiment.

Dans l’histoire de la mode et de l’élégance françaises, les intellectuels et les artistes sont toujours courtisés, tous deux s’intéressant à la réflexion. Réfléchir ne consiste pas ici à être dans ses pensées, mais au contraire pleinement dans l’instant présent et le réfléchir le plus entièrement que cela est possible, à comprendre l’agencement harmonieux et d’en déceler ses secrets, qui ne le sont que parce que les yeux sont fermés, entrouverts ou que le regard n’est pas assez vaste. Il s’agit de s’ouvrir. Ce regard est intérieur : C’est la réflexion dans le cœur qui voit, distingue.

PROPRETÉ : Plus le miroir est propre et grand, plus il perçoit et donne à percevoir. D’où l’importance de la propreté dans la mode et de l'ouverture d'esprit. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une propreté maniaque. Je suis la définition ancienne du terme, qui comprend tous les soins : de l'âme, du corps, des habits, de la nourriture, du logement... aussi bien d'hygiène, que de netteté, d'harmonie, de sagesse, etc.

Le miroir permet de guider plus justement dans la MESURE, dans la mesure où chacun peut s’y reconnaître et s’apprécier dans cette communauté, ou bien s’y voir trop distinctement et en avoir peur, d’où parfois de l’ostracisme envers certains gandins. Il peut susciter de la peur chez soi et chez l’autre. On n’apprécie pas de voir refléter ses propres défauts, surtout quand c’est l’autre qui semble (ce n’est qu’une illusion) le faire. Cette ouverture peut créer quelques problèmes. Par sa réflexion, les autres peuvent voir en l’élégant leurs imperfections et les rejeter sur lui en le blâmant et l’accusant de maux dont il est éloigné. Chez les esprits sains, celle-ci a une incidence toute autre. Elle apporte l’ouverture, la grandeur, la joie, la lumière, le plaisir, l’intelligence, la communion, la découverte, la sagesse… C’est une méditation, une attention, non pas une introspection, mais un ‘laisser jaillir’ la nature du miroir et du monde qui s’y reflète. Le miroir permet de distinguer : de la distinction. Il n’y a pas d’effort, mais un déploiement qui révèle selon la mesure de l'être.

Illustration du début de l'article : Gravure, frontispice de Dithyrambe sur l’immortalité de l’âme par Jacques Delille, Paris, Giguet et Michaud, 1809.

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