Pour faire suite à un article récent sur Le souffle : l’esprit ou le bel air de l’élégance, avoir de l’esprit est nécessaire au gandin, car l’esprit est le premier élément le constituant qu’il tourne vers la beauté. Un bel esprit est plus important qu’un beau corps. Une agréable apparence sans bel esprit est telle une coquille vide, et une âme mauvaise dans une plaisante tournure est comme un poison dans un joli vase. Mais un corps sain facilite le bel esprit, voire le crée. Le gandin entretient sa bonne santé corporelle autant que son mental.
Il y a une échelle des valeurs du beau. Selon moi, la première science esthétique est celle du rythme, car le mouvement est constitutif de toutes vies connues par l’être humain… L’esprit même de ce dernier n’est que cela, et se place en haut de cette science du beau. Le mouvement de l’esprit ordonne le reste dans la mesure de ce qui dépend de soi-même, car il y a des beautés et des laideurs que l’individu ne peut changer, seulement agir dessus… et encore pas tout le temps.
De nos jours, on observe deux phénomènes étranges dans l’appréhension de la beauté corporelle :
– Le dénigrement de la beauté ‘classique’ au profit de corps ‘malades’ (mannequins anorexiques, obésité…) ;
– Les interventions profondes sur le corps lui-même (implants, tatouages, transhumanisme…).
D’une manière générale, la vulgarité est reine, et les plus ‘renommées’ des ‘maisons’ de mode l’utilisent aujourd’hui pour faire vendre. Je trouve cela très étrange. Comment le vulgaire peut-il faire vendre ?? Ou pourquoi ?
Les critères du beau sont bien sûr différents selon les époques et les civilisations. La culture française suit, dans ce domaine, principalement une double inspiration : le canon grec et la finesse médiévale, les deux se complétant, comme les principes masculins et féminins. Ils sont pourtant très différents, la première étant basée sur l’harmonie des proportions (le canon) et la seconde davantage sur la singularité et la finesse.
Pour le gandin, le beau est un refuge. Il est si important que, jusqu’au XIXe siècle, on nomme certains de ces petits-maîtres des « beaux » ou des « belles », et qu’on le fait dans toute l’Europe. Ainsi appelle-t-on le personnage emblématique du dandysme, l’Anglais George Bryan Brummell (1778 – 1840) : « Beau Brummell ».
De toutes les façons, qu’importe ce qu’est le beau, l’important n’est-il pas de le chercher ? Le but est atteint dans sa recherche même.
Bien sûr, il n’est question ici que de la beauté de soi-même. La chercher chez les autres n’est que du désir, et le désir n’apporte rien de bon. La beauté se cultive ; elle est une culture.
Les illustrations de cet article sont des pages du livre Les Petits-maîtres du style, de l’Antiquité au XIe siècle.