Montagnes russes parisiennes.

3montagnes650laramassedetailaavisageclair262lesmontafnesrussescoupledetail300Trois premières photographies : Avec de gauche à droite des gravures de la première moitié du XIXe siècle : - « Le Bon Genre, N° 97. Les Montagnes Russes de la Barrière du Roule. » Elle se situe à l'actuelle Place des Ternes. - « Le Bon Genre, N° 99. La Ramasse. » - « Le Bon Genre, N°105. Montagne artificielle de Belleville. » L'emplacement de la barrière de Belleville est sur le boulevard du même nom au niveau de la rue du Faubourg-du-Temple à Paris. Elle est réputée aussi pour ses guinguettes particulièrement durant la période du Carnaval. Il est émouvant de voir les collines champêtres de ce lieu aujourd'hui recouvert d'immeubles, de goudron  et de béton. Ceci dit, depuis un certain temps Belleville renoue avec la fête et s'engage dans l'Art avec de plus en plus de galeries.
Photographies suivantes : Détails des gravures.

Théâtres, concerts, bals, guinguettes, parcs d'attractions, fêtes, spectacles variés, cafés, jardins … les lieux de délassement ne manquent pas à Paris au début du XIXe siècle.
Durant cette période, de nouvelles distractions font leur apparition comme  les montagnes russes ; ainsi appelées car le concept est emprunté aux constructions enneigées laramassebbclair300construites en Russie pour y faire de la luge. Celles-ci étant très populaires, on en érige ailleurs mais en utilisant des voitures roulant sur des rails. À Paris, 'La montagne de Belleville' semble être la première en France. Elle ouvre vers 1812-1816 et est vite suivie de nombreuses autres comme les « montagnes françaises » aussi appelées « promenades aériennes » du parc d'attractions de la Folie Beaujon (voir article Wikipedia). Les barrières de Paris, qui sont des bâtiments ouvrant sur la campagne autour de la capitale, proposent de l'espace pour de telles constructions. Elles sont situées aux portes de la ville et ont pour fonction de récupérer le droit de douane (octroi) de certaines marchandises rentrant dans la cité. Il en existe dans la capitale au moins depuis le XIIe siècle ; et sous Louis XVI on en compterait 57. On donne par extension le nom de 'barrière' à la campagne entourant celles-ci. Ces terres environnantes sont  souvent dédiées à la fête avec de nombreuses guinguettes ou d'autres attractions comme ces 'montagnes' qui sont les nouveaux lieux à la mode pour les jeunes élégants du temps des calicots comme le montre le titre du vaudeville en un acte de Scribe et Dupin intitulé : Le Combat des Montagnes ou la folie Beaujon datant de 1817 (voir article intitulé : Le calicot
Photographies en liens : Voici d
es images glanées sur Internet représentant les Montagnes françaises du Jardin Beaujon : 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6.
Enfin en cliquant
ici, vous trouverez un article intéressant sur les montagne parisiennes : russes, françaises, suisses, égyptiennes …
montagnesdetails300

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Tapisseries du XVIIe siècle

 

TapisserieXVIIeCouples400Photographies :« Tapisserie laine et soie. H. : 150 cm [...] Bruxelles. Vers 1650. » Il s'agit d'une bordure verticale « d’une tapisserie d’un des fameux ateliers bruxellois, datant de l’âge d’or de ces tisserands. » Elle représente « des angelots portant des paniers de fleurs et des personnages sans doute les commanditaires, entourés de fruits et de fleurs. » Cette représentation rappelle celle médiévale des couples courtois. 

Le vendredi 16 avril, la Maison Claude Aguttes organise une vente aux enchères Haute époque à Paris. Le catalogue est visible ici et en pdf ici. J'ai choisi de vous présenter deux tapisseries du XVIIe siècle (les photographies et descriptions entre guillemets proviennent du catalogue). Faciles à transporter et très décoratives, les tapisseries sont particulièrement prisées depuis le Moyen-âge.

Photographies :« Importante tapisserie des Flandres Audenarde [du] début XVII° siècle [avec] Psyché contemplant l'amour endormi. [...] 285 x 330 cm. » PsycheAmour

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Les débuts d'une rockstar.

horacefrontispice300.jpgPhotographies : Frontispice d'un livre de 1669, représentant Horace sur le Mont Hélicon avec quatre muses et le cheval ailé Pégase. À ses pieds sont les armes de l'Amour avec : l'arc, le carquois et les flèches. Il est couronné des lauriers des poètes. L'ouvrage porte son nom : Quintus Horatius Flaccus. Il a été édité à Paris (chez viduam Claudii Thiboust, et Petrum Esclassan è regione Colllegii Regii »), est daté de 1669, et contient des scholies (notes philologiques servant à éclairer un texte), annotations et commentaires de Joanne Bond : John Bond (1550-1612) un philologue et homme politique britannique, auteur d'une édition des œuvres d'Horace accompagnée de notes, parue à Londres en 1614 et réimprimée par la suite. Depuis l'Antiquité certains textes ont eu le privilège d'avoir des scholies d'auteurs permettant une transmission actualisée de ces ouvrages.

horacefrontispice300Cette gravure est dans le style des iconographies des grands poètes antiques telles que véhiculées depuis le Moyen-âge jusqu'au XIXe siècle avec Orphée ou le roi David. Orphée en particulier est celui qui sait charmer par ses mélodies qui attendrissent même les coeurs les plus durs.
Horace (65-8 av. J.-C.) est un poète romain dont la lecture est pour moi toujours un plaisir ; comme c'est le cas quand je lis nombre d'autres auteurs antiques. Il faut rendre hommage aux traducteurs qui nous transmettent ces textes venus de temps ou de régions reculés. Paris en réunit de nombreux dans les différents centres de recherche et plusieurs bibliothèques spécialisées existent où on peut s'abreuver de grec ancien, de latin, de sanscrit, de chinois ancien et d'une quantité d'autres langues … Pour ce qui est des traductions des 'classiques' antiques, il est nécessaire de mentionner la 'Collection des universités de France' (dite «Collection Budé» ) de la '
Société d'édition Les belles lettres' dont le travail est remarquable et cela depuis des dizaines d'années. L'objectif qui lui est assigné est de présenter « tous les textes grecs et latins jusqu’à la moitié du VIe siècle, mis à jour et accompagnés de traductions françaises nouvelles, d’introductions, de notices, de notes et d’un apparat critique. Les introductions réunissent l'ensemble des renseignements nécessaires à la compréhension générale de l'auteur et de l'œuvre. Les notices étudient les questions de date, de composition, de sources, des différentes parties de l'œuvre. Les notes, au bas des pages de traduction ou en fin d'ouvrage, fournissent certaines explications historiques. Plusieurs volumes récents comportent même un commentaire plus ou moins développé, selon la nature de l'œuvre. [Ces volumes sont] imprimés sur papier teinté de longue conservation fabriqué spécialement pour la collection. » Et si ces ouvrages sont assez chers, ils sont cependant consultables dans plusieurs bibliothèques.

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Les immortels.

divinitedesnuagesa300Photographie 1 : Bixia yuanjun : « la souveraine des nuages de l’aurore ». Dynastie Ming, XVe siècle. The Art Institue of Chicago, don Mrs Samuel G. Rautboard. Bronze avec traces de polychromie. H. 96, 5 cm.
Depuis le 31 mars et jusqu'au 5 juillet 2010, une exposition au Grand-Palais de Paris, s'intitulant
La voie du Tao, présente quelques oeuvres sur le thème du Taoïsme, notamment sur les légendes des immortels qui me sont particulièrement
vase300chères. Elles existent en Extrême-Orient comme en Occident ; mais elles sont (comme celles sur les dragons) plus vivaces en Asie. Voici ce que l'on peut lire à leur sujet dans le dossier de presse de l'exposition : « La croyance en l’existence d’immortels est attestée dès le IVe siècle avant notre ère, bien avant celle d’un élixir de longue vie, voire d’immortalité. Ce fut d’abord, au IIIe siècle avant notre ère, le fait d’un groupe de fangshi [Littéralement, « hommes à techniques »] très actif dans la province du Shandong, qui imagina qu’au large des côtes trois îles abritaient de tels êtres et qu’ils possédaient l’élixir de longue vie ... »
Photographie 2 : Détail d'un « Vase avec les Huit immortels offrant des pêches de longévité à Xi Wang Mu. Dynastie Qing, période Kangxi, 18e siècle. Musée Guimet, Paris. Porcelaine Famille verte émaillée. H. 45 cm ; D. 18.9 cm »

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Présentation d'objets d'une prochaine vente aux enchères

chaussuresdefemmeXVIIIeSont exposés ici quelques objets de la vente du 7 avril à Paris organisée giletabasquesXVIIIepar Millon & Associés et visible sur www.interencheres.com. Photographies et descriptions proviennent du catalogue.
Photographie 1 : « Paire de chaussures de femme, pour l'été, époque Louis XV. Sans différenciation gauche-droite. Talon recouvert de cuir blanc, empeigne de toile rose clair doublée de peau blanche, gansée de taffetas bleu. Portées, la ganse de soie détériorée. Provenance : Ancienne propriété de la famille Lur-Saluces. »
Photographie 2 : « Gilet d'homme à basques, époque Louis XVI. Satin ivoire, abondement brodé dans une vive polychromie, sans patte de col, complet de ses 9 boutons de nacre, doublure et dos en toile de lin. Bel état malgré légère usure. »
coffreXVIIepetitbonheurdujourXVIIIePhotographie 3 : « Important coffre, la façade à décor peint et évidé de trois registres de scènes galantes, séparées par des personnages et surmonté d'une frise d'angelots musiciens, les flancs représentent l'un l'astronomie, l'autre la géométrie. Le plateau est orné à l'intérieur de scènes galantes dans des réserves surmontées d'animaux fantastiques, il est muni de deux poignées latérales en fer forgé. Frioul, (Vénetie) XVIIe siècle. H : 62 cm, L : 177 cm, P : 64 cm »
fauteuilLouisXIV300Photographie 4 : « Petit bonheur du jour de forme rectangulaire en placage de bois de rose marqueté de filets, la partie supérieure ouvre deux vantaux coulissants, un casier et deux petits tiroirs. Il présente un plateau formant écritoire démasquant trois casiers, et ouvre à deux tiroirs en façade et repose sur des pieds cambrés. Estampillé G. CORDIÉ. Époque Louis XV (Restaurations) H : 97, 5 cm, L : 64, 5 cm. »
Photographie 5 : « Fauteuil en bois sculpté et doré. Il repose sur des pieds console réunis par une entretoise en H moulurée et sculptée. France, Époque Louis XIV. H : 124 cm, L : 67 cm, P : 53 cm (Dorure postérieure) Très belle garniture de tapisserie à décor de volatiles (Perroquet et colombes). »
Photographie 6 : « Tapisserie d'Aubusson du XVIIIe siècle à décor de deux volatiles sur un fond de lac et de châteaux entouré de verdure. Signé dans le bas GMR Aubusson (galon rapporté). Dans le haut figure un blason avec la couronne d'un comte et l'ordre de Saint-Esprit avec des initiales BPV. Bordure à guirlandes de fleurs. Très bon état. 260 cm x 380 cm. »tapisseriedaubusson400

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Chinoiseries sur faïences françaises du XVIIIe siècle.

faience-de-moulinsPhotographie 1 : « Assiette en faience de Moulins décor polychrome dit "à la campanule". Diam.: 23,5cm. XVIII°siècle. » La perspective employée ici est très fantaisiste : ce qui fait le charme de ce genre de décor.
Dans un précédent article, j'ai présenté des exemples de décors « des Indes » sur de la faïence de Delft des XVIIe et XVIIIe siècles (voir article ici). Ce thème se répand dans tout le reste de l'Europe. De nombreuses manufactures de faïence françaises suivent ce goût pour la porcelaine dure asiatique et  les décors « indiens » ; imitent les motifs, et s'inspirent de son merveilleux. Il en résulte des exemples d'une grande fantaisie et d'un imaginaire qui parfois étonne. Christophe Perlès, qui a un goût très sûr et raffiné pour la céramique en particulier française des XVIIe et XVIIIe siècles, propose sur son site plusieurs exemples de cette époque.
Les photographies et descriptions entre guillemets proviennent du site : www.cperles.com.
chinoiseriemarseillemoulins
Photographie 2 : « Assiette en faience de Marseille décor polychrome dit aux chinois et asteroïdes. Atelier de Leroy. Diam. 24,5cm. XVIII°siècle. »
Photographie 3 : « 
Assiette en faience de Moulins, décor polychrome de deux chinois attablés dans un paysage oriental. Diam. 23cm. XVIII° siècle. »
pagodesrouenPhotographie 4 : « 
Plat en faience de Rouen, décor polychrome dit "à la pagode". Attribué à l'atelier de Guillebaud. Restauré. Diam. 34.2cm. XVIIIe siècle. »
Photographie 5 : « 
Assiette en faience de Rouen, décor polychrome dit "à la pagode". Atelier de Guillebaud. Marquée. Diam. 24cm. XVIII° siècle. »
faience-de-strasbourg chinoiseriePhotographie 6 : « 
Plat en faience de Strasbourg, décor polychrome au chinois. Marqué JH 108/74. Atelier de J.Hannong. Long. 37cm. XVIII°siècle. »
faience-de-rouenPhotographie 7 : « 
Assiette en faience de Rouen, décor polychrome dit "à la guivre". (accidentée) Diam. 25cm. XVIII°siècle. » En France, Nevers et Rouen sont les premières manufactures de céramique à imiter les scènes chinoises à la fin du XVIIe. Le décor « à la guivre » est assez caractéristique. La guivre est un serpent fantastique dont le nom caractérise le dragon des décors occidentaux sur céramiques des XVIIe et XVIIIe siècles.

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Petites dames

petitesdames500leleverdunepetitedame300Photographies : Gravure du XIXe siècle, de 34,6 x 25,7 cm, de la série Ces Petites Dames, feuillet 11, de « CH Vernier » avec pour texte : « Hé bien ! Après, qu'est-ce qu'il y a d'étonnant que j'aie des Cors-de-chasse aux oreilles, vous portez bien au milieu du visage un nez en trompette ! ... »
Au XIXe siècle, on donne le nom de 'petites dames' à plusieurs genres de jeunes femmes. Celles qui nous intéressent ici sont les continuatrices des petites-maîtresses. Leur période est sous le second Empire (règne de Napoléon III de 1852 à 1870). L'estampe de la première photographie les présente jeunes, coquettes, originales et espiègles, aux tenues extravagantes. La dernière photographie dépeint un genre plus bourgeois d'actrice (elle lit un journal intitulé 'Faust') à succès, entretenue, courtisée, empruntant certains plaisirs et codes aux 'grandes dames' qui, comme nous avons vu précédemment, accordent beaucoup d'importance à la toilette (voir l'article intitulé La Toilette d'apparat des XVIIe et XVIIIe siècles) et à ce qui tourne autour de leur lit (Les Précieuses et les femmes de lettres).
Photographie de droite : Première page du journal L'Eclipse n°59 du 18 mars 1869. L'illustration a pour titre : « Le lever d'une petite dame, par F. Régamey ».

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Les modes gothiques et le style troubadour du XIXe siècle.

modegothique300Photographie : Illustration de La mode, datant de 1837, représentant un homme dans un intérieur inspiré du Moyen-âge.
« Un excellent homme a dit que la mémoire était comme une Imprimerie : Un Imprimeur qui n'a que des caractères Gothiques n'imprime rien qu'en caractères Gothiques, quelque bel ouvrage qu'il mette sous la Presse : on peut dire de même, que ceux qui n'ont la mémoire pleine que de mauvais mots, n'ayant dans l'esprit que des moules Gothiques, leurs pensées en se revêtant d'expressions, prennent toujours un air Gothique. » Ce passage de l'ouvrage intitulé De l'Art de Parler datant de 1676 utilise ici la métaphore de la calligraphie gothique d'une façon qui n'est pas anodine. Jusqu'au début du XIXe siècle, le terme 'gothique' a une connotation péjorative. Il est inventé à la Renaissance pour désigner un style, né au XIIe siècle en Île-de-France, considéré comme barbare (des Goths) par les 'redécouvreurs' du classicisme antique vers les XVe-XVIe siècles. C'est à cette époque que l'on appelle 'Moyen-âge' la période de mille ans qui succède à l'Empire romain et qui se termine à la Renaissance qui annonce les 'temps modernes'. Avant eux, on désigne par francigenum opus ('Art français') ce mouvement artistique qui se déploie dans toute l'Europe jusqu'au XVe siècle et dont l'architecture est encore très présente dans nos villes (ce n'est qu'avec la tour Eiffel en 1889 que Paris détient un monument plus haut que la cathédrale Notre Dame du XIIIe siècle). Il est question de ce mouvement artistique (et scientifique) dans l'article du 19 mai 2008, intitulé : Le bas Moyen-âge : Fin amor et Art français ou francigenum opus.
En France, jusqu'à peu près la période romantique, une personne qui n'est pas moderne et se complet dans la mode de la génération précédente est appelée 'gothique'. C'est en particulier vrai au temps des Merveilleuses à la fin du XVIIIe siècle et au tout début du XIXe. Dans la comédie de P.-Charles Gaugiran-Nanteuil intitulée La Mode ancienne et la mode nouvelle (1803) dont il est question dans l'article du 28 octobre intitulé
Anglomanie, partie 1 : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et dans les premières années du XIXe, la petite maîtresse  emploie le mot de 'gothique' dans cette acceptation du terme en parlant d'une autre personne : « Un dragon de vertu, dont l'esprit mal placé / Ne trouve rien de beau que dans le siècle passé [on est en 1803]. [...] Tenant, depuis mille ans, à sa mode gothique. » L'édition de 1762 du Dictionnaire de L'Académie française, explique cet usage : « GOTHIQUE se dit aussi par une sorte de mépris, De ce qui paraît trop ancien & hors de mode. Cela est gothique. Un habillement gothique. Il a les manières gothiques. » Le Dictionnaire critique de la Langue française de l'Abbé Jean-François Féraud de 1787 confirme cette définition : « Au figuré, il se dit par mépris de ce qui est hors de mode. « Cela est gothique. » Habillement gothique, manières gothiques. » Dans Oeuvres en vers et en prose (Paul Desforges-Maillard, 1759) on peut lire : « Certain Richard, superbe & magnifique, / Apercevant un Campagnard paré / D'un justaucorps à la mode gothique, / Trop court pour lui, d'or crasseux chamarré ;  / Ton trisaïeul t'a, dit-il, par degré / Transmis l'honneur de cet habit antique. / Oui, répond l'autre, & toi maître insolent, / Si tu portais celui de ton feu père, / Nous te verrions encore à la légère, / Enharnaché comme un moulin à vent.»
À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, la mode est à l'anglomanie, à l'anticomanie, aux mirliflors ... et le gothique n'est pas de mise ... du tout ! Les grands cafés qui s'ouvrent alors s'inspirent de ces tendances en déployant un luxe et un chic nouveaux très anglais mélangés à une inspiration pompéienne (café Frascati ...). Cependant, rapidement le Style troubadour remet au goût du jour l'époque médiévale. Désormais tout un pan des arts décoratifs du XIXe siècle, la mode même ainsi que les nouveaux cafés, s'inspirent de ce nouveau courant. Le « gothique » devient à la mode. Les intérieurs prennent un style médiéval ...
Malgré son caractère considéré comme 'ringard' du XV siècle au XIXe, le gothique, ou plutôt le
francigenum opus, n'en demeure pas moins un mouvement artistique phénoménal qui se caractérise notamment par des prouesses architecturales associant espace et lumière, gigantisme et finesse de composition, dont on ne trouve pas d'équivalent dans tous les monuments faits de pierres aux autres époques. Ce savoir est transmis et propagé par des compagnons dans toute l'Europe. Il témoigne d'une prospérité et d'une Renaissance tout à fait originale qui au XIIe siècle se caractérise par une activité scolastique éblouissante et un épanouissement des occupations marchandes et scientifiques à l'origine d'une ouverture extraordinaire au monde. Paris s'inscrit alors définitivement comme la capitale de la France mais aussi commence à être celle de l'Europe.

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Reporters de mode au XVIIIe siècle.

cafedesincroyablesdessinateurDepuis que ce blog a été créé, j'ai montré des aspects plutôt oubliés de la mode française. Celle-ci existe depuis très longtemps. Le terme même de 'mode' se rencontre déjà au Moyen-âge ; et s'emploie à peu près dans la même acceptation qu'aujourd'hui : «manière collective de vivre, de penser propre à un pays, à une époque». Le mot latin beaucoup plus ancien est lui aussi très proche du français. Mon blog s'appelant 'La Mesure de l'Excellence', il est intéressant de noter que modus (modus, i, m) signifie aussi : mesure, proportion, rythme, cadence (musicale, oratoire), mélodie, chant, mode musical, musique, règle, loi, juste mesure, manière, façon, procédé, méthode, genre …
La mode naît dans cette « manière collective de vivre », cette harmonie sans cesse en mouvement, ce rythme toujours changeant constituant une véritable danse sociale, cette mesure de ces notes telles qu'elles sont et s'inventent et qui constituent le bon ton. En France, mieux que nulle part ailleurs, on en connaît les gammes. Tous les supports utilisables pour transmettre la mode sont employés ; en particulier au XVIIIe siècle, où écrivains et artistes s'ingénient à dévoiler ce que nous appellerions aujourd'hui les nouvelles tendances. Les almanachs et autres revues dédiés à la mode contiennent des articles illustrés ou pas, et des images le plus souvent commentées sur la mode de la semaine, de la quinzaine ou du mois …
cafedesincroyables1-300 enfin ce qui se fait … avec parfois des publicités pour telle maison ou telle autre. Plusieurs exemples sont présentés sur la page dédiée aux périodiques de modes de mon site www.lebonton.com, mais aussi dans plusieurs passages de ce blog. Au XVIIIe siècle certains écrivains se font  journalistes de mode publiant des articles et des chroniques ; et des artistes deviennent reporters : croquant sur le vif les dernières tendances. Il en résulte un volume d'oeuvres très intéressantes et très nombreuses, témoignages de vie à travers la mode française qui rayonne alors dans tout l'Occident.
Dans l'article intitulé
Café des Incroyables. Ma parole d'honneur ils le plaisante. 1797., je présente une gravure d'époque (deux premières photographies), de 1797, où le dessinateur, qui s'est représenté lui-même sur la droite, nous dévoile un instantané presque photographique de l'ambiance d'un café où se réunissent des jeunes à la mode de la fin du XVIIIe siècle. L'artiste qui nous transmet cette scène, le fait tel un reporter photographe de mode ; ce qui ajoute beaucoup à la préciosité de cette image et à son caractère émouvant.
desboulevardsjournauxdemodeDans la dernière photographie je présente une double page de
La Matinée, la Soirée, et la Nuit des Boulevards de 1776 qui met en scène un de ces journalistes de mode : « DESBROUTILLES. Quel est votre ouvrage ? FILASSE. Un Journal Encyclopédique de toutes les modes nouvelles. Il paraîtra quatre fois le mois. DESBROUTILLES. Pourquoi pas quatre la semaine ? La mode du jour n'est pas celle du lendemain. FILASSE. Il est vrai ; la matière ne manquera pas. 1°. Les étoffes & leurs garnitures : les  plaintes indiscrètes, la grande réputation, le désir marqué, l'agitation, le doux sourire, la composition honnête, la … DESBROUTILLES. Et cetera, & cetera. FILASSE. 2°. Rubans & couleurs : puce, demi-puce, soupirs de Vénus, soupirs étouffés, vive bergère, cuisse de nymphe émue. DESBROUTILLES. Eh ! oui, oui. FILASSE. 3°. Ajustements : collet monté, le chat, le venez-y-voir. DESBROUTILLES. C'en est assez. FILASSE. Et les coiffures : toupet de physionomie, boucles d'attention, tempéraments, & plus bas sentiments. DESBROUTILLES. A merveille ! Suivez votre projet ... »
Au XVIIIe siècle les revues de mode sont très nombreuses … mais j'en reparlerai.

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Mouvements de mode

domino300Entre autres choses, je me suis amusé dans ce blog à vous faire découvrir au fur et à mesure de mes trouvailles les petits maîtres de la mode hexagonale. Je vais essayer de continuer à établir cette filiation de la petite maîtrise de l'élégance française sur cette page : http://www.lamesure.fr/rubriques/chronologie.html. Celle-ci est encore très incomplète car toutes les images proviennent de documents originaux m'appartenant. Bien sûr il existe des témoignages iconographiques beaucoup plus intéressants et très nombreux ; mais n'ayant pas les droits de reproduction je ne me permets pas de les divulguer. N'hésitez pas à apporter vos connaissances et vos témoignages.

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Commodes de rangement pour le linge au XVIIIe siècle.

semainiers300Photographies 1 et 2 (de gauche à droite) : « Semainier en merisier marqueté de filets d’amarante. Montants arrondis, pieds galbés. Époque Louis XV. H: 161; L: 54; P: 33 cm ». « Semainier en placage de bois de rose marqueté [...] ouvre à sept tiroirs en façade. [...] Plateau de marbre gris. Estampille de Hericourt. Époque Louis XVI. H: 155; L: 56,5; P: 40 cm. Nicolas HERICOURT (1729-1790). » Photographies et descriptions Aguttes.

Un des thèmes récurrents de ce blog est celui des objets liés à la toilette, des plus petits aux plus grands. Certains meubles font partie de ceux-ci. La Maison Aguttes en présente plusieurs cat pdf 15032010dans son catalogue de la vente du 15 mars 2010 à Lyon Brotteaux. Parmi eux, certains sont destinés au rangement. Si les plus anciens sont peut-être les coffres qui sont encore très utilisés au XVIIIe siècle, il y en a d'autres comme les commodes : avec les semainiers, chiffonniers, chiffonnières, pantalonnières, commodes chiffonnières ...

chiffonnierlouisXVI200Photographie 3 : «  Chiffonnier en acajou blond mouluré ouvrant à quatre tiroirs soulignés de laiton, pieds cannelés. Plateau de marbre blanc. Époque Louis XVI. H: 48; L: 49; P: 32 cm. Porte une marque au fer " BESCH DIT LE SUISSE. Ébeniste Rue de la Pecherie Maison Jardiny N°96 à LYON. Fait et raccommode toutes sortes de meubles en acajou et autres bois à juste prix ". » Photographie et description Aguttes.

Le chiffonnier est une commode comprenant plusieurs tiroirs, parfois de hauteurs inégales, pour ranger le linge. La chiffonnière est une commode légère avec souvent un plateau coulissant formant écritoire et un tiroir latéral appelé chétron. Certains modèles de ce petit meuble féminin seraient munis d’un écran coulissant que l’on peut dresser verticalement pour se protéger de la trop vive chaleur d’un foyer. La commode chiffonnière est une toute petite commode étroite à trois tiroirs. Le semainier compte six ou sept tiroirs superposés, un pour chaque jour de la semaine. La plupart de ces meubles sont des inventions du XVIIIe siècle.

pantalonnierelouisXVI300Photographie 4 : « Pantalonnière en noyer, ouvrant à onze tiroirs. Montants à pans. Pieds avant en gaine. Époque Louis XVI. H: 118; L: 131; P: 56 cm. » Photographie et description Aguttes.

Photographies 5, 6, 7, 8 et 9 de gauche à droite : « Commode légèrement galbée en placage de bois de satiné en réserve dans des encadrements de filets. Ouvre à trois tiroirs en façade, pieds galbés. Plateau de marbre gris Sainte-Anne. Époque Louis XV (restaurations au plateau). H: 90; L: 132; P: 65 cm ». « Commode galbée en placage de bois de rose en réserve dans des encadrements de placage d’amarante. Ouvre par deux tiroirs sans traverse. Elle repose sur des pieds cambrés terminés par des sabots de bronze. Ornementation de bronzes dorés tels que chutes, poignées de tirage et entrées de serrure. Dessus de marbre gris veiné blanc. Estampillée L.Boudin et P.A. Jacot et marque JME. Époque Louis XV. H: 85, L: 105, P: 53 cm. Léonard Boudin, (1735-1807), reçu maître en 1761. Pierre-Antoine Jacot, reçu maître en 1766 ». « Commode galbée en bois de rose marqueté en feuille dans des encadrements de placage d’acajou. Ouvre à cinq tiroirs sur trois rangs, repose sur de petits pieds galbés. Riche garniture de bronze: chutes poignées de tirage, entrées de serrure. Époque Louis XV. Plateau de marbre gris (accident au placage). H: 98; L: 133; P: 65 cm » « Commode sauteuse. En placage de bois de rose et amarante marqueté dans des encadrements. Ouvre par deux tiroirs séparés par une traverse. Montants à pans. Pieds galbés. Garniture de bronzes dorés et ciselés tels que des culs de lampe en forme de mascaron. Plateau de marbre blanc veiné gris. Époque Transition. H: 88; L: 100; P: 44 cm ». « Petite commode en bois de rose marqueté en feuille dans des encadrements de bois de violette soulignés de filets de bois teinté. Ouvre à trois tiroirs, montants à canaux et asperges en bronze, repose sur des pieds toupies. Plateau de marbre brêche. Époque Louis XVI. H: 87; L: 83; P: 48 cm ». Photographies et descriptions Aguttes.commodes650

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Le gandin

lebddegandaparis400Photographies : Gravure intitulée 'Le Boulevard de Gand à Paris' ('Le Suprême Bon-Ton N°27.').

gandins300Le gandin est un petit-maître de l'époque des fashionables et des dandys. Il se distingue de ceux-ci notamment par son nom qui n'a pas de connotation anglo-saxonne. Alfred Delvau le date du milieu du XIXe siècle ; ce qui ne semble pas exact si l'on considère l'estampe de la photographie qui représente une scène de l'époque de la Seconde Restauration (1815-1830). Dans son Dictionnaire de la langue verte de 1867, Alfred Delvau écrit : "Le mot n’a qu’une dizaine d’années. Je ne sais plus qui l’a créé. Peut-être est-il né tout seul, par allusion aux gants luxueux que ces messieurs donnent à ces demoiselles, ou au boulevard de Gand (des Italiens) sur lequel ils promènent leur oisiveté." Le terme de 'gant' s'écrit parfois 'gand' ; et il est vrai qu'un des côtés (ou une partie) du boulevard des Italiens est appelé boulevard de Gand sous la Seconde Restauration en souvenir de l'exil à Gand du roi Louis XVIII pendant les Cent-Jours (en 1815) ... Et comme ce quartier de Paris est très fashionnable, on y rencontre des flopées d'élégants. Une gandinerie est une action à la manière de gandin : gandiner. "Le gamin a une chaîne de montre, des habits très chers, un chapeau de soie de 22 francs. Et tout le petit homme est dans cette toilette. Rien de l'enfant, ni l'abandon ni la gaîté ni les pensées de jeu ; mais déjà des idées de relations, le flair des convenances sociales, l'arrangement de la vie dans tel monde réputé pour bon, l'appétit de tel cercle, d'une voiture ainsi attelée. Le gandin en herbe : voilà l'enfant moderne. Une génération s'élève à l'heure qu'il est, qui ne sera que cela : une génération de gandins." Goncourt, Journal (1861). Il y aurait donc de la prétention dans le gandin ; enfin dans celui que l'on désigne ainsi dans la seconde partie du XIXe siècle. Peut-être est-il ainsi vu parcequ'il naît avec le retour de la royauté (Louis XVIII) et se donne des airs militaires. Comme on le constate sur l'estampe, il lui arrive de porter un corset comme beaucoup d'élégants à cette époque.

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Chinoiserie

chinoiserie1740Photographs copied with permission from Aronson Antiquairs, © 2009 Aronson.com

Photographie du haut : Large assiette en faïence de Delft, polychrome, datant de circa 1740 et faisant 33.4 cm de diamètre. Si l'aile est très décorée, l'intérêt réside dans le bassin entièrement occupé par la représentation d'une scène comprenant de nombreux éléments de chinoiseries avec des décors : aux chinois, à la haie, aux pagodes ... avec des rochers, des architectures, des personnages, des fleurs, des oiseaux ressemblant aux oiseaux de paradis etc.

chinoiserieplaque1740Photographie de gauche : Plaque polychrome de 35,1 x 31 cm. Il s'agit d'une faïence de Delft, de circa 1740-60, avec une scène dans un extérieur chinois.

Même si mes connaissances dans les arts et philosophies de l'Asie restent restreintes, la vision occidentale de ce continent, en particulier celle du XVIIIe siècle, m'amuse beaucoup, car idéalisée et superficielle.

Le terme de 'chinoiserie' semble apparaître au XIXe siècle, et a une connotation péjorative ; alors qu'aux XVIIe et XVIIIe on utilise les appellations d’« indien » ou « des Indes ».

Les 'chinoiseries' occidentales occupent une place importante dans les beaux-arts européens. L'Extrême-Orient est considéré en Europe comme le lieu de l'Imaginaire. Le thème apparaît dans le prolongement des voyages et des rapports commerciaux entretenus par l'intermédiaire des différentes compagnies des Indes ; et se répand dans toute l'Europe. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales va contribuer du XVIIe siècle au XVIIIe à diffuser ce rêve de l'Orient lointain et si différent, par les produits importés : épices, tissus .... et des porcelaines (voir article : La Compagnie des Indes) que les  faïenciers de Delft connaissent bien, et en imitent les décors.

Photographie du bas : Plat en faïence de Delft, polychromie et or, datant de circa 1680-85 et faisant 39 cm de diamètre. Marque au dos de Jacob Wemmersz.

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Allégorie de la terre, orfèvrerie française (légumiers ...).

BrueghelAllegoriedelaTerreInterencheres présente sur son site une jolie vente aux enchères organisée par Oriot & Dupont à Morlaix en Bretagne qui aura lieu le dimanche 21 février 2010 (catalogue ici).
Pour commencer voici un tableau (
photographie 1) attribué «à Jean II BRUEGHEL (1601-1678) et son atelier. "Allégorie de la Terre". Huile sur panneau transposée sur toile. 46 x 63 cm. [...] Reprise avec variantes de la composition de Jean BRUEGHEL l'Ancien, conservé à la Galerie Doria à Rome. » (photographie et description
Interencheres).
legumierXVIIIeCette vente propose parmi d'autres choses, quelques exemples d'orfèvrerie française, très réputée pendant de nombreux siècles. Ceux présentés ici sont du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe. Ils se caractérisent par la simplicité et la sobriété de leurs formes qui en font des objets modernes tout en étant véritablement élégants. Parmi eux plusieurs légumiers. Le mot 'légumier' date du XIXe siècle ; avant on emploie celui de 'pot à oille'. Cette forme apparaîtrait dans l’orfèvrerie sous le régime de Louis XIV. C’est un récipient rond, avec deux anses, doublure et couvercle, contenant l’oille ou olla qui est un ragoût de viande épicé d’origine espagnole mis à la mode par la reine Marie Thérèse.
Photographie 2 : « Légumier couvert en argent uni. Le corps circulaire pose sur un piédouche mouluré, il porte deux anses entrecroisées de moulures terminées par des attaches feuillagées. Le couvercle à doucine est sommé d'un fruit éclaté reposant sur une terrasse feuillagée. Paris 1786-1787, Maître orfèvre : Claude Isaac Bourgoin. Largeur aux anses : 23,5 cm Poids: 942 g ». « Jatte ronde en argent uni, à contours soulignés d'une moulure de godrons. Gravée au centre d'armoiries surmontées d'un heaume. Paris 1739-1740. Diam : 24 cm, Poids : 460 g ». Photographie et descriptions
Interencheres.
2platsrondsetlegumierXVIIIePhotographie 3 : « Légumier en argent uni, couvercle à doucine, prise en forme de fruit sur tertre feuillagé. Le corps souligné d'une moulure de filets. Anse à attaches feuillagées. Couvercle : Paris 1788-1789, Maître orfèvre : Louis Clery. Diam : 20 cm. Poids : 1215 g ». « Paire de plats ronds en argent, les bords à contours et moulures de filets. Ils sont gravés sur le marli d'armoiries d'alliance à supports de lions et sous couronne de comte. Paris 1740-1742, Maître orfèvre : Nicolas Clément Vallières Diam : 29 cm (réargentés) Poids : 1388 g . Les armoiries sont celles d'un membre de la grande famille bretonne Ferron (de la Ferronays, de Langevinais). Pour un grand plat (Rennes, 1783-1785) aux mêmes armes, voir N°497. » Photographie et descriptions
Interencheres.
legumierXIXePhotographie 4 : « Légumier couvert en argent uni. Les anses à sections ajourées, à section carrée se rattachent au corps par de longues palmettes. Le couvercle à doucine est sommé d'une pomme de pin reposant sur une terrasse à décor de palmettes et lancéoles. Paris 1819-1838 Maître orfèvre : Jacques Victor Masson. L. aux anses : 25 cm Poids : 916 g ». « Plat ovale en argent uni les bords soulignés de moulures de filets. Monogramme. Paris 1798-1809 Maître orfèvre: Pierre Vallière. Dim: 28 x 43 cm Poids : 1160 g ». « Plat rond et creux en argent à contours et moulures de filets . Paris 1798-1809 Maître orfèvre : Augustin Desnoyers-Hubert Diam : 27,5 cm Poids : 694 g ».  Photographie et descriptions Interencheres.
aiguiereetsonbassinPhotographie 5 : Voici une aiguière « et son bassin en argent uni. » Ces objets servent à se laver les mains avant d'aller à table. Ils sont aussi utilisés lors de la toilette. « L'aiguière de forme balustre pose sur un piédouche mouluré de filets. L'anse à volutes est ornée d'acanthes et d'une chute de joncs. Le couvercle, à bord mouluré, est surmonté d'une graine formée d'un fruit éclaté sur une terrasse feuillagée gravée et ciselée. Le bassin, de forme ovale à bord chantourné est trilobé aux extrémités, il est souligné de moulures de filets. L'aiguière et le bassin sont gravés d'un monogramme contemporain à support de sirènes, dont la couronne a été effacée. Paris 1786, Maître orfèvre : Charlotte Petit, veuve de Guillaume Pigeron. Haut. : 27 cm, Longueur du bassin : 33 cm. Poids : 1808 g ». Photographie et descriptions Interencheres.

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Cheveux courts

talmacinnarecadre300clairPhotographie : Gravure d'époque 1802, représentant le comédien Talma dans Cinna, pièce de Pierre Corneille (ici marquée de Racine).

J'ai à plusieurs reprises dans ce blog fait des allusions aux cheveux courts de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe qui marquent une rupture abrupte avec la coutume précédente des perruques, cheveux longs et hautes compositions formant de véritables monuments au-dessus des têtes féminines. 'Chevelures en porc-épic', 'coiffures à la victime', 'coiffures à la Titus' … sont alors adoptées par la jeunesse des deux sexes. C'est, paraît-il, l’acteur François-Joseph Talma (1763 - 1826) qui met à la mode cette coupe pour les hommes ; dans un élan qui demeure jusqu'à aujourd'hui, avec des exceptions aux époques romantique, hippie et par la suite. Les femmes l'adoptent aussi, mais seulement pour quelques années ; avec des retours dans les années folles et ensuite. Les cheveux courts ne sont pas la seule mode du début du XIXe siècle qui influence toute la mode masculine jusqu'à nos jours. La silhouette reste aussi semblable et bien différente de celles des XVIIe et XVIIIe siècles et même avant.

tuniquejuiveestampeetdetail300Photographie : Planche 487 de 1802 provenant du Journal des Dames et des Modes avec comme inscriptions au-dessus : 'Costume Parisien' et en dessous : 'Tunique Juive en Guinée.' Dans le chapitre consacré au Consulat et à l'Empire de son Histoire de la mode en France de 1858 (ce livre est consultable sur : books.google.com), Émile de La Bédollière écrit au sujet de ce genre de tunique : « Au commencement du Consulat subsistait encore l'usage des robes transparentes, qu'un écrivain compare à l'onde qui voile les baigneuses. En l'an XI (1802), on mettait par-dessus les robes des tuniques juives d'organdi ou de soie, bleu de ciel, gros bleu, rayé ou couleur de chair. » Plus loin, dans ce même chapitre, l'auteur fait référence à la coiffure 'à la Titus' : « La titus avait fait de tels ravages, qu'on ne voyait point dix femmes sur mille qui eussent conservé leurs cheveux ; elles avaient recours aux tours ou cache-folies, aux postiches en tortillons, et aux perruques à raies de chair, inventées à propos par Tellier, coiffeur, rue ci-devant Richelieu, en face le théâtre de la République. »

chebeuxcourts500Photographie : 'Chevelure en porc-épic' et 'cheveux à la Titus' (voir : Récapitulatif de l’exposition Modes anciennes - suite -) à la mode à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe.

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Le calicot

russomanie300Au début du XIXe siècle, après le premier Empire, il est de bon ton pour les hommes d'avoir l'air militaire. Tenues de cheval, bottes et éperons, ne sont plus de mauvais goût même en société. On se donne des airs anglais, de soldat russe etc. Cette mode est caricaturée dans un vaudeville intitulé : Le Combat des montagnes ou La Folie Beaujon, représenté pour la première fois en juillet 1817 au théâtre des Variétés. Le texte est visible ici : books.google.com. Voilà ce qu’écrit le Mercure de France d’août 1817 au sujet de cette pièce : « On demandait à un étranger qui revenait de Paris, ce qu’il y avait remarqué pendant son séjour : " J’y ai vu, répondit-il, tous les militaires en bourgeois, et tous les bourgeois en militaires ". Nous avons une foule de gens qui se sont passionnés pour le métier des armes depuis que la paix est faite. Chacun veut avoir l’air d’avoir fait campagne ; et tel qui n’a jamais été à la barrière lorsqu’il aurait pu y rencontrer l’ennemi, porte aujourd’hui des moustaches et des éperons comme un officier de hussards ; c’est un travers du jour, et il était difficile qu’il échappât aux auteurs du Combat des montagnes, dans la revue piquante qu’ils ont faite de toutes les folies à la mode. Pour rendre ce ridicule plus saillant, ils nous l’ont montré dans calicotdejeuner300la personne d’un certain M. Calicot, marchand de la rue Vivienne ; son belliqueux accoutrement n’en contraste que mieux avec sa paisible profession … » P. Avenel écrit en 1866 dans Les Calicots : " Le costume que les Calicots affectaient de porter en 1817, et que Brunet avait reproduit sur la scène, était ainsi composé : bottes ornées d’éperons, pantalon blanc tombant sur la botte, gilet piqué jaune, habit chicorée la crème (expression du tailleur d’alors), c’est vert mélangé de blanc. "

Photographie : Détail de la gravure de 'Le Goût du Jour, N° 30' intitulée : 'La Russomania'. Cette tenue est celle que prend le calicot, et tel qu'il est représenté sur de nombreuses autres gravures comme dans une estampe conservée à la Bibliothèque de France (voir ici) datée de 1817 où trois hommes sont nommés d'après un tissu (casimir, calicot, pékin) avec pour texte principal : « Prenez y garde !! Il existe une vraie différence entre le Casimir Français, le Calicot de Paris et le vrai Pekin anglais ! ».

Il semblerait que par la suite on appelle ‘calicot’ un jeune ouvrier travaillant dans le luxe et la mode dont il prend certaines manières.

Photographie : " Le déjeuner d’un calicot ". Carte postale du début du XXe siècle.

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Les faubourgs Saint-Germain et Saint-Honoré

laclefdugranddictionnairedesprecieusespages8et9350Les faubourgs Saint-Germain et Saint-Honoré sont autrefois les hauts lieux du chic de la capitale française. Les nobles et les parisiens les plus riches y ont leurs hôtels particuliers jusqu'à la Révolution, car ces quartiers sont situés près du palais du Roi. Quand on contemple une carte, on s'aperçoit qu'ils embrassent le palais du Louvre et le jardin des Tuileries. Ils occupent en partie les actuels 7e et 8e arrondissements, et sont seulement séparés par la Seine et le grand axe constitué : des Champs-Élysées, de l'actuelle place de la Concorde et des Tuileries. Après la Révolution, ils continuent à être les lieux du pouvoir. Dans l'un se trouve le palais de l'Élysée, dans l'autre l'Assemblée nationale et l'Hôtel Matignon. Ils logent de très nombreux ministères, ambassades ... Dans le faubourg Saint-Honoré : les boulevards commencent à la place de la Madeleine, et beaucoup d'enseignes de luxe s'y trouvent. Cet axe est high-life. Autrefois des chevaux magnifiques, des carrosses en grand équipage y glissent ; et les petits-maîtres les plus élégants s'y faufilent.

Le faubourg Saint-Germain est appelé dans La Clef du Grand Dictionnaire des Précieuses (XVIIe siècle) : « La petite Athènes » alors que Paris tout entier est nommé « La Ville d'Athènes » et la France « la Grèce ». Cela montre l'importance qu'a déjà au temps des précieuses ce faubourg. Le quartier Saint-Honoré est « La Normandie ».

Photographie : Pages 8 et 9 de La Clef du Grand Dictionnaire des Précieuses d'Antoine Baudeau sieur de Somaize (1630?-16.. ), sans doute d'une édition du XVIIe siècle et peut-être de l'originale de 1661.

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Embarquement pour Cythère

Embarquement pour CythèreAphrodite en grec, Vénus en latin, serait née de l'écume des flots caressant Cythère avant d'être emportée par le zéphir vers Chypre. Ces deux îles ont donc une importance toute particulière dans la mythologie courtoise s'inspirant de l'Antiquité. Les artistes ont largement utilisé ce thème. L'antiquaire – expert Christian Béalu, présente dans son site une porcelaine du XVIIIe siècle de Chine, de la Compagnie des Indes, « avec un décor européen en grisaille rehaussé de couleur chair représentant : "Les Pèlerins de l'Île de Cythère" ». Dès les débuts du commerce de la porcelaine venue d'Extrême-Orient, les occidentaux apportent des poncifs, des gravures et des modèles en desseins, peintures ou sur faïences ou porcelaines tendres, afin que les artisans asiatiques les copient sur de la porcelaine dure encore inimitée en Occident jusqu'au XVIIIe siècle. Cela donne parfois des exemples amusants de décors européens avec des visages orientaux et une finesse toute asiatique. La Compagnie des Indes importe aussi des porcelaines entièrement chinoises ou japonaises mais toujours dans un but de commercialisation avec l'Europe d'où des décors particuliers. Cette assiette de 23 cm de diamètre est de l'Époque Qianlong (1736-1795). Son bord est souligné par un filet doré qui se prolonge par une fine bordure de dentelles dessinée sur le pourtour extérieur de l'aile et une autre sur sa chute. Le bassin comprend un large médaillon à décor historié représentant l'embarquement pour Cythère, métaphore de l'acte amoureux aussi symbolisé par le nectar que verse l'homme de sa bouteille dans la coupe de sa compagne. Éros leur indique le bateau les conduisant vers ce lieu de plaisir.

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Portrait 'à transformation'

a transformation 500« Miniature sur cuivre, portrait de jeune fille, dite « à transformation » par la juxtaposition de 16 micas (acc.) qui permettent de la coiffer ou de la déguiser. Dans son étui en cuir gaufré. Pays-Bas XVIIe siècle 7 x 5,7 cm ». Objet ayant été vendu par l'experte Martine Houze (www.folkcollection.com).

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Statuettes en céramique du XVIIIe siècle

couple de bergersPhotographie : « Groupe en faïence de Lunéville à décor polychrome représentant un berger assis et une bergère tenant des fleurs. XVIIIe siècle. Hauteur : 21,5 cm » de 'Christian Béalu - Antiquaire – Expert'.

Depuis la plus haute antiquité, l'homme fabrique des statuettes en terre cuite. Dans le cadre d'un doctorat sur les iconographies antiques de la Comédie nouvelle, j'ai notamment étudié celles représentant des personnages des pièces de Ménandre (IVème siècle avant Jésus-Christ), de Térence (190-159? av. J.-C.) et d'autres auteurs de ce genre. J'ai été étonné de la parfaite transmission des codes iconographiques à travers les siècles pendant toute l'Antiquité jusqu'au Moyen-âge. Mes recherches m'ont conduit à découvrir une production de statuettes figuratives aux thèmes aussi bien empruntés à la religion qu'à la vie quotidienne. Les plus réputées et sans doute les plus belles sont celles que l'on appelle depuis le XIXe siècle les 'tanagras'. Celles-ci sont d'une finesse particulière, avec des teintes (pour celles qui les ont conservées) d'un pastel d'une grande délicatesse.

jeunevendangeuseAu XVIIIe siècle la céramique et en particulier la porcelaine sont des marques de raffinement. Ce prestige vient en partie du fait qu'après les fontes d'argenterie imposées par le roi Louis XIV pour financer ses guerres, de nombreuses personnes se tournent vers ce matériau, commandant des ensembles de table remplaçant ceux en argent mais constitués des mêmes éléments, avec notamment les surtouts servant pour décorer une table. De grandes compositions de céramique sont demandées, représentant divers sujets. Les statuettes en céramique deviennent utilisées de plus en plus fréquemment pour décorer divers endroits de la maison, en particulier du fait de l'essor de la porcelaine au XVIIIe siècle, avec la découverte en Allemagne de la technique de fabrication de la porcelaine dure, et des grandes manufactures françaises.

Une nouvelle technique fait aussi son apparition : celle du 'biscuit' qui est une porcelaine blanche, tendre ou dure, cuite au four à très haute température, non émaillée, qui imite le grain du marbre. Le biscuit sort achevé du four après une seule cuisson et sans ajout de décor. Jean-Jacques Bachelier (1724-1804), artiste travaillant notamment pour les manufactures de porcelaine de Vincennes puis de Sèvres, s'attribue l'invention du biscuit. 1752 serait la date des premières fabrications à Vincennes. Il est à noter qu'on appelle aussi 'biscuit' tout objet en céramique tel que sortant du four à sa première cuisson (c'est le biscuitage).

Photographie de droite : « Biscuit en pâte tendre de Sèvres représentant une jeune vendangeuse. XVIIIe siècle. Marque incisée sous la base F pour l’atelier de Falconet. Hauteur : 15 cm. » 'Christian Béalu - Antiquaire – Expert'

Dernière photographie : Image prise lors d'une exposition au Musée national de céramique - Sèvres présentant un service de table en porcelaine.tableexpositionaumuseedesevres

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Merveilleuses & merveilleux