Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (30) : Attente (c'est de l'ironie) du texte final.

Le Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine est bientôt fini. On attend la date de réunion de la Commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de ce projet de loi.

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L'entreprise Neyret : Une fabrication de rubans depuis près de deux-cents ans.

Lors du voyage de presse organisé pour l'exposition Le ruban c'est la mode qui a lieu jusqu'au 2 janvier 2017 au Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne, j'ai eu la chance de pouvoir visiter la Chapellerie Atelier-Musée du Chapeau à Chazelles-sur-Lyon à trente kilomètres de cette ville, et l'usine de l'entreprise Neyret de Grammond.

Si dans la famille Neyret on fabrique des rubans depuis au moins sept générations à Saint-Étienne et dans sa région, l'usine de Grammond a d'abord été fondée en 1924 par H. Descours dans un ancien couvent de religieuses, puis rachetée par les Frères Neyret. On y confectionne aujourd'hui des rubans de haut de gamme : rubans et étiquettes tissés pour l'industrie du luxe (première dans la production de griffes renommées), ainsi que des décorations (pour médailles, écharpes tricolores...). Située dans un petit village de campagne de moins de mille habitants perché sur une colline des Monts du Lyonnais, elle perpétue la réalisation de rubans de qualité.

Aujourd'hui les rubaniers à Saint-Étienne et sa région sont beaucoup moins nombreux qu'autrefois mais produisent autant. L'usine Neyret fonctionne aux trois-huit, les machines marchant le jour comme la nuit.

Cette entreprise concilie savoir-faire traditionnel, créativité (studio de développement) et innovation. Elle poursuit sa croissance, en particulier à l'exportation (35 % du chiffre d'affaires se fait à l'étranger). Elle emploie cent-trente-cinq personnes. Tout est produit en France, à Grammond  et à Saint-Etienne. Il n'y a aucune délocalisation. Elle possède une cinquantaine de métiers, en particulier des métiers Jacquard mis au point par le Lyonnais Joseph Marie Jacquard en 1801, qui sont depuis régulièrement améliorés et automatisés, produisant aujourd'hui la plupart des tissus à motifs pour l'habillement, le linge, l'ameublement, etc. L'usine ne fournit pas que des rubans à motifs. Elle en propose aussi d'unis.

Tous les rubans qui sortent de ses métiers sont d'une confection supérieure : qualité et densité (nombre) des fils, finition, etc., sur de grandes largeurs de rubans comme sur de très fins. C'est la seule entreprise en Europe alliant qualité et volume de production. Elle innove constamment (marqueurs technologiques permettant de lutter contre la contrefaçon...).

La devise de la maison est : « Rien n'est acquis à l'homme, ni sa force, ni sa faiblesse. »

Cette entreprise entretient de très bonnes relations avec le Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne à qui elle a légué une partie de son patrimoine ancien (métiers, échantillons, etc.). Une de ses principales règles est la discrétion, celle-ci alimentant des enseignes françaises réputées. Je n'ai pas eu le droit de prendre des photographies de l'intérieur. Les illustrations des métiers et des rubans ont donc été fournies par l'entreprise ou glanées sur un de ses sites internet.

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Le ruban, c'est la mode !

Le Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne rend hommage au ruban d'hier et d'aujourd'hui dans une exposition intitulée Le ruban, c'est la mode qui se déroule jusqu'au 2 janvier 2017.

La rubanerie est une activité qui connut beaucoup de succès à Saint-Étienne et dans sa région (des monts du Velay à ceux du Lyonnais et du Forez).

Ce long et fin tissu tenait une place très importante dans la mode, et la conserve en partie aujourd'hui. Il permettait d'embellir les vêtements et la tenue. Les professionnels de la mode l'utilisaient (et l'utilisent encore) dans leurs compositions. Et tout un chacun avait la possibilité, grâce à cet ornement, de se faire artiste, de donner du cachet à un habillement trop sobre, de la sensibilité. C'était un signe. La manière de le nouer, l'endroit où on le mettait, sa qualité, sa délicatesse, sa couleur, son nombre... tout signifiait, parlait. Le ruban était choisi avec beaucoup de minutie, chez les plus riches comme chez les plus pauvres. Il permettait à ces derniers ou dernières de montrer la richesse de leur âme, et qu'ils auraient pu rivaliser avec le grand goût et être dans le bon ton s'ils avaient eu de l'argent. Le ruban c'était un sourire... une touche de fantaisie. C'était la mode, dans la mesure ou il pouvait se changer facilement, contrairement aux habits qui n'étaient pas jetables comme aujourd'hui, mais qui se gardaient longtemps et même se transmettaient. Avec quelques rubans on prenait la couleur en vogue, le nouveau tissu, etc. « C'est la mode » encore aujourd'hui, car sans lui il ne pourrait y en avoir. Il permet de soutenir les gorges (les seins), de tenir les sous-vêtements, se noue en lavallière, etc.

Autrefois on en portait depuis le haut de la tête jusqu'aux chaussures et cela chez les femmes comme chez les hommes. Pour se rappeler son importance dans la mode du XVIIIe siècle il suffit de regarder les images des articles que j'ai écrits sur l'exposition sur la peintre Madame Vigée Le Brun qui a eu lieu récemment à Paris : voir ici.

Au XVIIe siècle on le nomme de même 'galant' ou 'galan'. Dans la première édition (1694) du Dictionnaire de L'Académie française il est écrit au sujet du 'galant' : « Il signifie aussi, Un ruban qu'on met sur les habits, sur le chapeau ou en quelque autre endroit par ornement. » On parait d'un ou plusieurs rubans l'épée, la canne, le chapeau, les cheveux, le cou, les habits, les manchettes, les genoux (jarretelles), les souliers, etc. On en faisait tomber certains sur les cuisses (au XVIIIe siècle en particulier, les hommes avaient ainsi des rubans qui tenaient des breloques comme une montre, un sceau, etc.). Une femme ou un homme pouvait en avoir des dizaines sur lui. Pour de grandes occasions les chevaux en étaient parfois garnis. On en mettait même aux animaux domestiques. Pour se donner une idée de l'utilisation très importante des rubans il suffit de lire la Description de la magnifique et superbe entrée du Roi et de la Reine en la ville de Paris datant de 1660. Voici quelques passages : « …et tant les officiers que les soldats, ils étaient tous si galamment et si richement vêtus […] On eut dit qu'à eux seuls ils avaient épuisé les plumes et les rubans, tant ils en étaient chargés […] le Roy […] vêtu d'un habit tout de broderie d'argent [...], mêlé de perles, et garni d'une quantité merveilleuse de rubans incarnat et argent […] le Marquis de Mont-Gaillard […] monté sur un beau cheval gris, orné de force rubans… »

L'histoire de ce tissu remonte au moins à l'Antiquité qui utilisait énormément ce qu'on appelle des bandelettes. Certaines servaient à serrer la taille, d'autres se plaçaient dans les cheveux, etc. L'exemple du Diadumène, statue attribuée au sculpteur grec du Ve siècle av. J.-C. Polyclète, qui représente un athlète ceignant sa tête du bandeau de la victoire, en est un exemple célèbre. D'autres étaient cousues sur les drapés. Les Grecs n'étaient pas les seuls à les utiliser ; les romains faisaient de même, et sans doute beaucoup d'autres civilisations. C'est peut-être au Moyen Âge qu'il prit une connotation amoureuse et protectrice, la dame nouant un bout de tissu à la tenue de son chevalier. Le XVIIIe siècle, particulièrement galant, en mettait partout. C'était sans doute le symbole le plus utilisé dans les décorations de cette époque. Une sorte de ruban très célèbre est celui que porte le berger Céladon dans le roman pastoral du début du XVIIe siècle, L'Astrée d'Honoré d'Urfé, qui se déroule dans la région du Forez, près de Saint-Étienne. Il s'agit de rubans verts. Son nom sert encore aujourd'hui à désigner une couleur particulière.

Les rubans et le vert sont deux symboles de Saint-Étienne, ville qui de la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale était le grand centre mondial de fabrication de rubans de soie, avec sa région et ses innombrables métiers à tisser que l'on retrouvait jusque dans les campagnes les plus reculées (voir mon article intitulé Industrie de la mode : l'exemple de la région stéphanoise). De nos jours cette activité existe toujours. J'en parlerai dans un prochain article consacré à l'entreprise Neyret fabricant en particulier de rubans et étiquettes tissées pour l'industrie du luxe, ainsi que des rubans pour médailles et écharpes tricolores. D'autres usines produisent par exemple des bandages, des sangles industrielles et des ceintures de sécurité comme l'entreprise Samuel Roche, etc.

Photographie du haut : « Corset, vers 1900. Sans griffe. Collection Le Paon de Soie. »

Photographie de gauche : « Portrait de la Dame du Major Ranchon, huile sur toile, Georges Rouget, 1830, collection Musée d'Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole, n°inv. 43.4.401, crédits photographiques Yves Bresson. »

Photographie de droite : « Yves Saint Laurent. Robe du soir, collection Haute Couture printemps-été 1996. © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent : photo Guy Marineau. »

Photographie de gauche : « Cartes de rubans pour bretelle et ruban lingerie pour épaulettes, marque Divette, Charleston, vers 1930, Saint-Étienne, collection Musée d'Art et d'Industrie © Laurent Guéneau. »

Ci-dessous quelques photographies que j'ai prises au Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne.

L'EXPOSITION PERMANENTE du musée présente plusieurs métiers à tisser anciens.

Certains de ces métiers à tisser du XIXe siècle avec leurs cartes perforées rappellent l'ancêtre de l'ordinateur.

Ci-dessous : Mise en carte d'une œuvre reproduite en petits carrés, ce qui permettra ensuite de la tisser.

La soie était une des matières les plus utilisées à Saint-Étienne pour la fabrication de rubans.

Échantillons de rubans anciens.

On ne fabrique pas des rubans que pour la mode. Quel alpiniste chevronné n'a pas un jour remercié le fabricant des sangles auxquelles il était attaché ?

UNE EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES montre l'emprunte du tissage de rubans à Saint-Étienne et dans sa région, avec une architecture spécifique : un plafond haut, de grandes fenêtre et de l'espace pour faire passer la lumière (le plus souvent un jardin).

Ateliers en ville.

Ferme aménagée pour accueillir des métiers à tisser.

L'EXPOSITION LE RUBAN C'EST LA MODE.

Autoportrait présumé de Benjamin Delapierre (Lyon, 1780) en robe et coiffe d'intérieur.

Portrait de Madame Casimir Périer par Louis Hersant, de vers 1820.

Capote de paille de vers 1840 - 1845 et canotier de vers 1930.

Robe 1920.

L'exposition présente aussi des exemples régionaux traditionnels.

Portrait d'Étienne Faure dit Auguste (1789-1859), fabricant de rubans, avec son ruban de chevalier de la Légion d'honneur, par Gabriel Tyr.

Registre d'échantillons de rubans recueillis par le Maréchal de Richelieu, vers 1732 - 1737.

Registre d'échantillons de rubans recueillis par le Maréchal de Richelieu, vers 1735 - 1737.

Rubans élastiques.

Autres usages des rubans.

Utilisations du ruban dans la Haute-couture.

Je rappelle enfin le partenariat de cette exposition avec La Chapellerie Atelier-Musée du Chapeau.

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La Chapellerie Atelier-Musée du Chapeau

Quand on se rend dans la petite commune de Chazelles-sur-Lyon (du département de la Loire), qui compte un peu plus de cinq mille habitants, au milieu des magnifiques monts du Lyonnais particulièrement ravissants au printemps, on se demande comment a pu surgir un musée comme celui du chapeau, La Chapellerie Atelier-Musée du Chapeau, aussi bien fourni sur son sujet, alliant tradition et modernité ; tout cela dans un décor d'usine du début du XXe siècle dans lequel a été en quelque sorte fourré, comme dans une pâtisserie, une mise-en-scène contemporaine particulièrement respectueuse du sujet, mais aussi tournée vers une recherche de finesse et de modernité caractérisant la mode française, une sorte d'esprit pratique mélangé à un esprit plus fantaisiste, créatif, voire quelque peu exubérant, thèmes que l'on retrouve dans l'histoire du chapeau.

Photographie de gauche : Haut-de-forme en paille de vers 1820-1830. Cette époque marque les derniers chapeaux très élevés pour les hommes. Voir l'article intitulé Chapeaux très hauts de forme.

Photographie de droite : Boiseries d'une ancienne boutique de chapeaux de la région remontées dans le musée.

Alors comment un tel musée a-t-il été possible ? Je crois que c'est par amour de cet esprit-là, qui depuis des siècles à Chazelles-sur-Lyon a fait vivre toute une communauté. Cet esprit de communauté on le ressent particulièrement profondément dans l'histoire de l'industrie de la mode, dans cette région formée par les départements de la Loire et du Rhône, avec pour ville phare sans aucun doute Lyon, mais aussi une autre plus modeste, Saint-Étienne, et une myriade de petites villes, villages et ateliers-maisons, chacun porteur pendant des siècles d'une flamme constituant le grand feu de joie de la mode, comme une myriade d'étoiles formant une merveilleuse constellation.

Entretenir ce feu de la mode a nécessité une remise en cause continuelle, une adaptation incessante face aux changements, voire aux bouleversements, a exigé d'avoir de l'initiative afin de devancer le mouvement permanent qui caractérise la vie humaine, comme la mode, et même de susciter ce mouvement par l'invention, la création. Mais tout cela ne s'est pas fait d'un coup de baguette magique. Il y eu énormément de travail. Cela se ressent vraiment... Même pour réaliser un tel musée il en a sans aucun doute fallu, et aussi de la motivation. Cette motivation est maintenue aujourd'hui bien sûr par cette mémoire manufacturière du pays mais aussi par d'autres, comme les visiteurs bien sûr, et tous les jeunes modistes qui viennent du monde entier pour participer au concours annuel des Rencontres internationales des arts du chapeau.

Pour cette onzième édition 2016 de ces 'rencontres' le sujet était 'le ruban', un choix s'inscrivant dans un partenariat avec l’exposition sur le ruban qui a lieu en ce moment au Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne dont je parlerai dans un prochain article. Saint-Étienne se trouve à trente kilomètres de Chazelles-sur-Lyon. Il est donc possible de visiter les deux lieux en une seule journée en voiture.

Le musée expose donc un peu plus d'une centaine de couvre-chefs créés pour cette 'compétition' mais aussi fête du chapeau. Les amateurs et professionnels qui regarderont dans les détails y trouveront beaucoup de références, fantaisie et création. Voici quelques photographies que j'ai prises lors de ma visite.

La Chapellerie Atelier-Musée du Chapeau de Chazelles-sur-Lyon c'est aussi une remarquable collection d'éléments rappelant toute la chaîne de production du chapeau de haute qualité, en particulier en feutre, et une autre de chapeaux d'époque jusqu'aux dernières créations contemporaines. À cela s'ajoutent quelques autres de célébrités parfois donnés ou bien obtenus de haute-lutte. Au milieu de tout cela s'intègrent harmonieusement quelques créations contemporaines s'amusant de ce thème... un humour un peu décalé que l'on retrouve dans quelques détails de-ci, de-là.

Enfin il est nécessaire d'ajouter que la vocation de transmission de cet endroit se complète par un petit atelier de production, intégré au musée, dont les chapeaux sont vendus dans le coin-boutique ou faits sur mesure ; ainsi qu'un choix de nombreuses formations (voir ici).

Le charme est aux fondements de la mode... et je crois que ce musée a réussi à me charmer. Il faut ajouter que je suis né dans la région, à Saint-Étienne ; et ai passé mon enfance dans le département de la Loire où se trouve ce musée, dans un village qui subsistait en particulier de la fabrication textile avec de petites manufactures ayant plusieurs métiers, mais aussi de nombreux 'ateliers-maisons' familiaux en possédant un ou deux, parfois plus, et qui fonctionnaient encore. Bon je ne suis plus tout jeune non plus, mais il y existe toujours là-bas deux sociétés de fabrication d'articles de textile mais qui n'ont plus grand-chose à voir avec la mode.

La fabrication de chapeaux par contre est entièrement un métier lié à la mode. À Chazelles-sur-Lyon c'était l'activité principale, presque exclusive de la ville. Dans le dossier de presse on apprend que le premier témoignage écrit d'une présence de chapeliers dans cette ville date du XVIe siècle tout de même ! Une légende raconte même que des chevaliers de Malte, lors de leur passage en 1148, auraient donné l'idée aux habitants de la création du feutre, en constatant que le poil de chameau déposé dans leurs bottes afin d'éviter les meurtrissures, sous l'action du frottement et de la chaleur, donnait une matière non tissée.

Au milieu du XIXe siècle apparaissent les premières usines et une mécanisation de certaines phases de fabrication, avec quelques grandes maisons comme Provost, Ferrier et Fléchet. Dans les années 1930 cette industrie fait vivre toute la ville avec 2 500 ouvriers et 29 fabriques. La Chapellerie Atelier-Musée du Chapeau se trouve dans l'ancienne usine Fléchet bâtie en 1902 et agrandie en 1927 (voir photographies ci-dessous).

Quant aux collections, la plus grande partie des fonds provient de dons de particuliers, collectionneurs, usines de la région, maisons de haute-couture, etc. Le musée suit aussi une politique d'acquisition. Ces collections sont réparties en trois domaines : techniques, mode et textiles.

Les collections techniques sont impressionnantes car balayant l'ensemble de l'activité de production du chapeau de feutre artisanal et industriel, de paille et de mode. De nombreux objets et machines d'époque jalonnent ce parcours qui est un des plus complets au monde. « Seuls les musées de Stockport en Grande-Bretagne et San Jao de Madera au Portugal comprennent des collections comparables. » J'y ai appris par exemple que pour confectionner un chapeau en feutre, le moule est trois fois plus grand que la pièce finale, rétrécissant sous l'action de la chaleur afin d'offrir une matière compacte et imperméable. Voir photographies ci-dessous.

Concernant la présentation de chapeaux anciens, celle-ci commence véritablement vers 1900, avec quelques exemples précédant cette période mais ne donnant qu'une pâle idée de la réalité. C'est le point faible de cette présentation, car assurément il y a aussi auparavant de grandes périodes pour le chapeau féminin ou masculin : entre 1770 et 1830 (Chapeaux de paille, poufs, bicornes immenses, invisibles, hauts-de-forme très hauts, grands chapeaux de femme aux multiples et longs rubans...), au XVIIe siècle (larges couvre-chefs masculins avec une ou plusieurs plumes) et au XVe siècle (hennins, coiffes à cornes, chapeaux turbans...) par exemple. Et s'il nous reste sans doute que peu de chapeaux de ces périodes, les documents iconographiques d'époque restent très nombreux.

Si ce lieu peut donc encore s'améliorer, il est déjà sans conteste un endroit incontournable pour les amoureux du chapeau, et aussi un musée à découvrir pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait.

Ci-après des liens vers d'anciens articles de mon blog sur les chapeaux : Coiffures du 18eme siècle ; Des gravures de mode du XVIIIe siècle ; Chapeau féminin de 1787 ; Bonnets d'intérieur, robes de chambre et pantoufles ; Bonnet à la glorieuse ; La petite maîtresse invisible : Chapeaux féminins de la première moitié du XIXe siècle (casques et capotes) ; Le chapeau de paille, le koksnoff et le snoboye ; Le canotier et la canotière ; Chapeaux masculins volumineux ; etc.

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Industrie de la mode : l'exemple de la région stéphanoise

La semaine dernière je me suis rendu dans une région très imprégnée d'une industrie de la mode plusieurs fois centenaires : autour de Saint-Etienne, dans la Loire. Les paysages rappellent cette histoire leurs usines, leurs immeubles ou maisons ateliers aux grandes fenêtres donnant sur un jardin ou un grand espace laissant passer totalement la lumière, les traboules (couloirs permettant de traverser rapidement la marchandise sous les immeubles en évitant les intempéries) dans certaines villes comme Saint-Etienne (ou Lyon), etc.

C'est du reste surprenant de passer de paysages industriels à d'autres très bucoliques, rappelant encore le roman L'Astrée d'Honoré d'Urfé (XVIIe siècle) se situant dans cette région, avec son fameux berger Céladon qui portait un ruban vert qui a donné son nom à une couleur. Lorsque l'on vient en train, ou passe en voiture dans les villes, on ne ressent bien sûr pas du tout cette atmosphère bucolique, mais davantage celle d'une industrie très présente autrefois ; ni même lorsqu'on emprunte les autoroutes qui charcutent véritablement les paysages. Mais si l'on prend le temps de rentrer dans les campagnes, de monter dans les collines, de suivre la Loire, de repérer les ruisseaux, on entre dans une autre atmosphère. Du reste les personnes travaillant dans cette industrie en particulier liée à la mode, étaient pour la plupart des ouvriers-paysans. Ceci permit de garder un certain équilibre entre la ville et la campagne.

Cette industrie créa des métropoles comme Saint-Étienne, et permit à des villages de se développer par l'intermédiaire de petites manufactures, puis usines, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais surtout au XIXe, et grâce à d'innombrables maisons-ateliers installées jusque dans les plus petits villages et même parfois dans des fermes réaménagées, produisant pour d'importantes manufactures et usines de la région situées dans une grande ville alentour, Lyon (soie), Saint-Étienne (rubans) et Tarare (mousseline) étant sans doute les principales.
La main-d'oeuvre autrefois en particulier paysanne, le resta pendant longtemps (jusqu'à même la Seconde Guerre mondiale), travaillant en période froide en manufacture, usine ou même sur un ou deux métiers personnels (à la maison), et pendant la saison chaude dans les champs. Ce système existait bien sûr aussi pour d'autres fabrications liées à la mode (comme la dentelle...) ou non, et même avant l'arrivée des premières manufactures, l'hiver ayant toujours été consacré à des travaux d'intérieur alors que l'été à ceux d'extérieur.

Dans trois prochains articles de mon blog je vais écrire sur trois visites que j'ai faites en moins de deux jours dans le département de la Loire : le Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne et son exposition Le ruban c'est la mode ; l'usine de l'entreprise Neyret de Grammond, fabriquant des rubans de haut-de-gamme (étiquettes de vêtements de luxe, rubans prestigieux...) et existant depuis près de deux-cents ans et dans la même famille depuis plus de sept générations ; et la Chapellerie Atelier-musée du chapeau à Chazelles-sur-Lyon.

Mais avant cela je souhaite ici parler de l'industrie de la mode et de son origine en France. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas l'industrie qui est à l'origine de la mode dans ce pays mais les Français et en particulier les élégant(e)s ; notamment toutes les personnes dont je parle dans mon livre sur Les Petits-maîtres de la mode. Je m'explique : La mode en France a une origine antique. Elle a continué d'occuper une très grande place au Moyen-Âge et par la suite. Depuis l'époque médiévale, plusieurs rois, constatant que les Français dépensaient des sommes faramineuses dans l'achat d'articles étrangers (venant en particulier d'Italie mais aussi de bien plus loin) pour se vêtir, être élégant et dans le bon ton, publièrent des édits imposant plus de sobriété dans les tenues. En 2007 j'ai écrit un rapide article sur ce sujet visible ici. Mais le goût français pour l'élégance et la beauté, fit que ces édits ne furent pas suivis, et qu'une partie des devises du royaume continuèrent de s'évanouir à l'étranger. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des finances et ministre de Louis XIV, décida donc d'importer les savoir-faire étrangers, en particulier italiens, en France, créant ainsi les premières grandes manufactures du luxe françaises qui devinrent très rapidement les premières en Europe, les Français étant toujours à l'époque à la recherche de l'excellence (on est alors dans ce qu'on appelle le Grand-Siècle). Dans le même temps il créa de nombreux comptoirs dans le monde et des compagnies commerciales internationales : la Compagnie des Indes orientales (Océan indien), la Compagnie des Indes occidentales (Amériques), et la Compagnie du Levant (Méditerranée et Empire ottoman). Tout cela concernait en partie la mode, pour la soie et les tissus imprimés venus d'Inde par exemple. De même les nouvelles manufactures n'étaient pas toutes liées à la mode, bien au contraire ; mais la plupart se caractérisaient par la supériorité de leur fabrication.

Depuis l'après-guerre et la génération du prêt-à-porter, on a assisté à un mouvement inverse, l'industrie de la mode française faisant fabriquer à l'étranger (souvent dans des dictatures comme la Chine, la Birmanie, etc.) et cherchant avant-tout à sensibiliser une clientèle hors 'royaume' ;-) mondialisée, ne conservant jalousement intra-muros que quelques rares savoir-faire, et surtout tout le rêve que des siècles de modes et d'élégances françaises ont imprimé dans les esprits, une songerie encore très présente dans le territoire, notamment dans les anciennes régions productrices qui ne demandent qu'à continuer à fabriquer et exceller dans ce domaine... tout simplement.

Dans la région du département de la Loire plusieurs musées rappellent cette histoire avec :

- Saint-Etienne et son Musée d'Art et d'Industrie ;

- Chazelles-sur-Lyon et son Musée du Chapeau ;

- Panissières, son Musée de la Cravate ;

- Bussières, son Musée du Tissage et de la Soierie ;

- Charlieu, son Musée de la Soierie ;

- Cervières, son Conservatoire de la broderie à fil d'or (à noter que la vidéo d'introduction de ce site est très intéressante, surtout lorsque l'on connaît l'importance de la broderie dans la mode française d'Ancien Régime).

Il y a de plus quelques villes emblématiques autour de la Loire, comme Lyon avec son Musée des Tissus, ses traboules et très vieilles maisons liées au tissage. À Tarare on fabriquait la fameuse et très en vogue mousseline ! Du reste tous les cinq ans y est organisée une Fête des Mousselines. Citons enfin Le Puy en Velay pour sa dentelle et son Centre d'Enseignement de la Dentelle au Fuseau.

Photographie du haut : Métier à tisser moderne. Photographie provenant du site du Musée du Tissage et de la Soierie de Bussières.

Photographie de gauche : Grenadière au travail (brodeuse à fil d'or). Photographie du film du site du Conservatoire de la broderie à fil d'or de Cervières.

Photographie de droite : Même origine que ci-dessus.

Photographie de gauche : « Vue des ateliers de passementiers, rue Denis Epitalon, Saint-Etienne, 2015. © Jean-Claude Martinez. »

Photographie de droite : « Redingote en twill de soie jaune, agrémentée de passementeries et de pompons de soie coordonnée. Ceinture à nouer en ruban de soie façonnée et coordonnée. Vers 1815. Collection Le Paon de Soie, n°inv. 2011.1.292. » Exposition Le ruban c'est la mode du Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne.

Photographie ci-dessous : Vue depuis le Conservatoire de la broderie à fil d'or. Photographie provenant du site du Conservatoire de la broderie à fil d'or de Cervières.

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Vente du patrimoine français public prestigieux, suite...

Le Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine se termine. Une Commission mixte paritaire va maintenant être chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion, avant d'être définitivement voté dans chacune des deux assemblées. Il est difficile de s'y retrouver car le dossier législatif ne présente, jusqu'à la loi définitivement votée, que les morceaux du texte encore en discussion, pas la rédaction en entier. La dernière version ne publie que les articles qui ont été dernièrement changés ou ajoutés. Au cours des discussions au Parlement de nombreux articles ont été additionnés et d'autres modifiés, faisant d'un texte décrit par certains parlementaires comme un fourre-tout, un véritable n'importe quoi.

Pendant ce temps l’État continue de vendre le patrimoine prestigieux public. Alors que j'en ai parlé la semaine dernière dans cet article, voilà que je lis dernièrement dans la revue Le Point du 26 mai 2016, dans un article que l'on peut consulter en cliquant sur la photographie ci-dessus, que non seulement est vendu le château de Grignon, « château Louis XIII inscrit aux Monuments historiques », mais aussi que, comme je m'en doutais, cela fait partie d'une volonté de l’État, depuis plusieurs années, de se débarrasser d'une partie du patrimoine national par l'intermédiaire de France Domaine, qui comme l'explique Wikipédia, est un service créé en 2007, dont l'un des objectifs est de « revendre les biens immobiliers les plus valorisés » appartenant à l'État. C'est ainsi que j'ai appris, en cherchant cinq minutes, que le Ministère de la Défense vend aussi une ancienne caserne du XVIIIe siècle à Fontenay le Comte (19, rue Kléber - 85200) comprenant notamment un hôtel particulier (voir ici). Ceci dit, peut-être sera-t-elle achetée par la région ou la mairie... ?

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Le Festival d'histoire de l'art à Fontainebleau

Le Festival d'histoire de l'art de Fontainebleau c'est cette fin de semaine du vendredi 3 juin 2016 au dimanche 5 juin 2016. J'ai trouvé ce festival vraiment très bien l'année dernière ! De qualité, gratuit et dans un lieu très prestigieux.

Photographie ci-dessus : « L’ange au sourire de la cathédrale de Reims, XIIIe siècle. © Creative Commons – Eric Santos. »

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Vente du patrimoine français public en France et à l'étranger, cela continue...

Où en sommes nous du Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine dont le texte vient de passer en seconde lecture au Sénat ? Je n'ai pas suivi ce qui s'est passé. La première lecture à la Haute assemblée n'ayant pas apporté grand-chose, je suppose que la seconde fut de même. J'attends la fin de ce texte, qui ne serait tarder, pour en tirer des conclusions.

Il y a un domaine sur lequel l’État et les collectivités publiques ne communiquent pas, c'est la vente du patrimoine public. C'est par hasard que j'entends parler régulièrement d'une liquidation accomplie ou à accomplir de tel ou tel lieu.

J'en ai appris un peu plus, dans un article du Monde visible ici, sur la revente de la Maison Descartes datant de 1671 et abritant l'Institut Français des Pays-Bas. Dans La Gazette d'Esprit XVIIIe je viens aussi de lire que le Pavillon du Butard, près de Paris, « un rendez-vous de chasse élevé par l’architecte Gabriel pour Louis XV entre 1750 et 1754 », est prévu d'être cédé par l’État en 2017.

Je ne fais aucune recherche sur ce sujet. Ce sont des informations qui me viennent par hasard, comme pour :

- Le Pavillon de chasse de la Muette abandonné puis vendu en piteux état ;

- Le Palais Clam-Gallas de Vienne vendu ;

- La Chancellerie et le Consulat général français à Londres en projet de vente ;

- Des Hôtels particuliers parisiens du XVIIIe siècle vendus...

Il est à noter que le ministère, qui vend du patrimoine français prestigieux à l'étranger, se nomme depuis 2014 : « Ministère des Affaires étrangères et du Développement international »… pour dire combien les mots dans la langue du politique contemporain disent souvent exactement le contraire de la réalité.

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L’or du pouvoir, de Jules César à Marianne.

L'exposition L’or du pouvoir de Jules César à Marianne se déroule dans la crypte archéologique de l’Île de la Cité depuis le 26 mai 2016.

Cette exposition retrace l’histoire de Paris à travers des pièces de monnaies depuis les Parisii, peuple gaulois installé dans cette région depuis le IIIe siècle avant J.-C. jusqu'au XXe siècle.

Les Parisii éditèrent de magnifiques monnaies très stylisées représentant sur une face un profil d'homme ou de divinité et sur l'autre un cheval comme formé d'étoiles ou de points lumineux.

D'autres pièces en or, cette fois romaines, avec des empereurs barbus suivant la mode virile représentant une certaine rigueur morale de l'ancienne Rome contrairement aux modes hellénistiques et orientales.

On peut aussi y contempler les premiers francs et louis d'or, ainsi que d'autres exemples et quelques objets d'époque.

La crypte archéologique est beaucoup plus agréable à visiter que la dernière fois que je m'y suis rendu, avec davantage de dispositifs interactifs et visuels sur l'évolution de Paris en particulier sous l'Antiquité et au Moyen-Age, rendant moins austère les vestiges au milieu desquels on se trouve.

De plus, l'Île de la Cité, où se trouve la crypte, regorge de lieux à visiter comme la Sainte-Chapelle, la Conciergerie et la grande salle avec sa cuisine, de l'ancien Palais de la Cité résidence et siège des rois de France du Xe siècle au XIVe. Il y a aussi bien sûr Notre Dame, le Pont Neuf (le plus vieux pont de Paris), le jardin aux fleurs, etc.

En marchant un peu on arrive même jusqu'à la Monnaie de Paris, qui est la plus ancienne institution française (créée en 864 sous le règne de Charles II) et la plus vieille entreprise du monde toujours en activité. Aujourd'hui il est quelque peu difficile de comprendre quelle est son activité dans son site historique, au centre de Paris, où se côtoient depuis peu d'horribles expositions contemporaines (voir ici et ici), des commerces (voir ici), un restaurant... enfin un capharnaüm qui n'est pas encore tout à fait fini d'être mis en place, et qui montre le manque de vision et de respect vis-à-vis de notre passé sur notre avenir de nos dirigeants. Certes c'est de l’usine de Pessac en Gironde que depuis 1973 sortent les nouvelles pièces dont maintenant les euros français et même des pièces étrangères. Cependant le déménagement progressif de toutes les activités séculières du centre de Paris est alarmant car marquant aussi la déliquescence du pouvoir en France : Déménagement du tribunal de grande instance de L’île de la Cité, de la police judiciaire du quai des Orfèvres, départ programmé des services de l'Hôtel-Dieu de Paris (à côté de Notre-Dame), déménagement d'une partie du Louvre et de toutes ses réserves à Lens...

Photographies ci-dessous : « Statère des Parisii. Or, entre -100-et -1 avant JC. © Carole Rabourdin / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »
« Denier parisis en argent de Louis VII, 1137-1180. © Julien Vidal / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »

Photographies ci-dessous : « Monnaie en or (avers). Julien. Or. Epoque gallo-romaine. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »
« Franc à pied de Charles V. Or, 1365. © Carole Rabourdin / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »

Photographies ci-dessous : « Quadruple louis d'or de Louis XIII, 1640. Or, 1640. © Carole Rabourdin / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »
« Augustin Dupré (1748-1833). Louis d'or constitutionnel, 1793. Or, 1793. © Carole Rabourdin / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »

Photographies ci-dessous : « Augustin Dupré (1748-1833). Louis d'or constitutionnel, 1793. Or, 1793. © Carole Rabourdin / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »
« Jules-Clément Chaplain (1839-1909). Pièce de 20 francs en or de la IIIe République, 1904. Or. 1904. © Julien Vidal / Musée Carnavalet / Roger-Viollet. »

Photographies ci-dessous : Marché aux fleurs de l'Île de la Cité à Paris.

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Le château de Vaux-le-Vicomte

Photographies ci-dessus de Béatrice Lécuyer Bibal, Giles Gardner, Guillaume Crochez, Lourdel Chicurel et Yann Piriou.

Photographies ci-dessous prises lors de ma visite du château.

L'histoire de l'Art a connu de nombreuses Renaissances en France ; ce que l'on peut aussi appeler des modernités, car rassemblant et inspirant ce que l'époque a de plus moderne. Le château de Vaux-le-Vicomte, construit entre 1658-1661 près de Paris pour Nicolas Fouquet (1615-1680), marque une d'entre elles : les débuts du classicisme. Pour cela le surintendant des finances de Louis XIV fait appel notamment à l'architecte Louis Le Vau, le peintre Charles Le Brun, le paysagiste André Le Nôtre et le maître-maçon Michel Villedo. Même Nicolas Poussin aurait été appelé pour la décoration du jardin. Tous travaillent de concert pour élaborer ce chef-d’œuvre. Vendu par la suite plusieurs fois, ce domaine appartient maintenant à une même famille depuis plus d'un siècle (1875). Aujourd'hui il s'agit de la plus importante propriété privée de France.

Lorsqu'on arrive au domaine, la première chose que l'on remarque c'est la grille et ses huit piliers en forme d'hermès (termes) à double face représentant diverses divinités, dont la sculpture pour plusieurs n'est pas achevée.

Le jardin est le premier élément mis en place à partir de 1653-1654, alors que la construction du château débute en 1656. Il est en harmonie avec le bâtiment et joue avec les perspectives.

On entre dans le château en passant par une cour dans laquelle on est enveloppé, la perspective étant toute entière portée vers la façade du château sur laquelle on trouve plusieurs écussons avec la marque de Nicolas Fouquet : l'écureuil.

Après avoir monté les marches, on ne rentre pas vraiment dans le château mais dans le jardin. En effet originellement il n'y a pas de portes mais seulement des grilles, côté cour (entrée) comme côté jardin (salon ovale) ; et la perspective est « traversante » jusqu'au fond du jardin à 1 800 mètres. Ce lien avec le jardin ou la nature se retrouve dans de nombreux châteaux, clos par la suite par des portes et fenêtres, mais préalablement ouverts aux quatre vents, simplement fermés par des grilles. À Vaux-le-Vicomte on est donc encore à l'extérieur (dans un extérieur abrité) dans le salon ovale ; et de là on entre notamment directement dans la chambre du Roi (qui a une grande cheminée évidemment). Ce salon dit « en rotonde » ou « en lanterne » est particulièrement original pour l'époque. Il est presque aussi haut que large (19 m. et 18 m.), et donne donc sur les appartements du Roi d'un côté et de l'autre ceux de Nicolas Fouquet.

Ci-dessous quelques salles.

La salle à manger est une pièce moderne, car n'existant pas avant le XVIIe siècle.

Aujourd'hui le toit se visite (avec supplément).

L'agenda du château pour l'année 2016 est visible ici.

À noter Le déjeuner et défilé au Grand Siècle au château le dimanche 26 juin, de 10h à 17h30. Il s'agit d'un déjeuner sur l’herbe à la mode du Grand Siècle, c'est-à-dire en costumes d'époque.

Citons aussi tous les samedis soirs du 7 mai au 1er octobre, Les soirées aux chandelles.

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Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (27) : Liberté de création artistique, ou l'arbre qui cache la forêt.

La commission de la Culture du Sénat vient d'amender à nouveau le Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine dont le texte passera en seconde et dernière lecture à l'hémicycle de la Haute-assemblée les 24, 25 et 26 mai 2016 (dossier legislatif ici).

Cela dure depuis septembre et rien de bon n'y s'est révélé. Au sujet de l'article premier « La création artistique est libre », tous les députés et sénateurs ont fait semblant qu'il était nécessaire. Aucun n'y a vu un effet d'annonce, un cache-misère, l'arbre qui cache la forêt de l'indigence culturelle et artistique françaises contemporaines.

Nous sommes dans une ère de communication. Quand le Gouvernement lutte contre le tabagisme, c'est pour nous faire oublier qu'il ne fait rien contre d'autres pollutions comme le diesel, les ondes électromagnétiques, les pesticides, le nucléaire, etc. Quand il dénonce le racisme, c'est pour occulter qu'il s'acoquine avec les pires dictatures, et que ces trente dernières années la France est face aux plus grandes immigration et émigration de son histoire (l'immigration n'est pas un mal, sans doute même une chance, mais pourquoi ne pas dire la vérité ?). Quand il dit vouloir faire barrage à l'extrême-droite, c'est pour maintenir la misère politique et intellectuelle dans lesquelles ce pays est plongé, l'extrême droite étant son faire-valoir. Quand il s'offusque de l'islamophobie (comme si être contre une religion était de l'ordre d'une phobie, c'est-à-dire un dérèglement psychologique), c'est pour mieux voiler la montée de cette religion dans l'hexagone et les millions de morts de l'OTAN au Moyen-Orient. Quand il prône le mariage homosexuel, c'est encore pour masquer la misère intellectuelle mais aussi sentimentale (prostitution, pornographie...). Quand il souhaite la parité entre les deux sexes (parité qui n'est toujours que dans un sens), c'est pour dissimuler des inégalités dans le partage des richesses qui se creusent toujours davantage. Quand il condamne l'antisémitisme, c'est pour mieux faire oublier son sionisme (raciste et extrémiste) dévastateur. Quand il s'attaque à l'Empire russe, c'est pour faire oublier qu'il sert vilement l'Empire des multinationales américaines. Quand il défend la liberté de création artistique, cela lui permet de faire oublier toute la technocratie dans laquelle il la plonge, un système de copinage et l'horreur artistique qu'il prône.

Qui tacet consentire videtur

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Le pavillon de chasse de la Muette en forêt de Saint-Germain-en-Laye près de Paris

Je botanise régulièrement entre Achères Grand Cormier et Maisons Laffitte. À Achères Grand Cormier le RER me dépose en pleine forêt, ce qui est rare ! Trois constructions peuvent baliser ma promenade dans cette partie de la forêt de Saint-Germain-en-Laye : une croix du XVIIe siècle, une faisanderie construite par Louis XIII et le pavillon de La Muette. Ce dernier a été une première fois érigé en 1515 pour François 1er (voir ici), démoli en 1665 et reconstruit sous Louis XV en 1775 par Ange-Jacques Gabriel. Il s'agit d'un rendez-vous de chasse royal où vinrent Louis XV, Louis XVI, Napoléon 1er, Charles X, Napoléon III…

Le pavillon de La Muette a été acheté récemment par Frédéric Journès et Hristo Mavrev. Ceux-ci sont passionnés par leur acquisition, comme on le constate en parcourant leur site et en venant visiter le lieu le samedi ou le dimanche (voir horaires et dates ici).

Bien que ce bâtiment fût classé monument historique dès 1921, et qu'il fût encore utilisé dans les années 1970, l'établissement public Office national des forêts, à qui a été racheté ce pavillon de chasse, l'avait complètement abandonné ; tellement que le premier étage ne possède plus que quelques poutres, que l'eau traverse la toiture et que la cheminée de la salle principale a été volée ainsi que certainement d'autres éléments.

Aujourd'hui le site semble en de meilleures mains. Ses nouveaux propriétaires le connaissent bien, notamment grâce au mémoire de Marie Marguerite Roy de L’École du Louvre qui lui est consacré, mais qui n'a pas encore été publié. Comme l'explique M. Journès : « Madame Roy a exhumé par le menu les détails de la construction et les correspondances de Marigny et Angivilliers, les architectes en chef des bâtiments du roi, avec l'exécuteur du projet de Gabriel, Nicolas Galant. Il y a des détails très vivants sur les cheminées, réemplois du garde meuble, l'exécution des décors de menuiseries, les moindres détails de l'aménagement. Cela vaut aussi la peine de faire la visite pour comprendre la stéréotomie des tailles de pierre des sous-sols, qui m'a été montrée par un compagnon et qui a stupéfait les architectes MH avec lesquels nous travaillons. Et il y a pour finir un tour de force dans la conception de la façade nord qui ne se comprend qu'en se déplaçant. »

La tâche de restauration et d'entretien de ce lieu est importante. Je vais essayer de suivre ce parcours de restauration me rendant régulièrement dans cette forêt.

Photographies du haut : Vues d'ensemble. Le chemin de forêt, en face du bâtiment, va en droite ligne sur plusieurs kilomètres jusqu'au château de Saint-Germain.

Photographie de gauche : De gauche à droite, la maison du garde chasse, le pavillon et le puits.

Photographie de droite : Le Pavillon vu de dos, avec son belvédère.

Photographies ci-dessous : Le Pavillon vu de côté et dépendance.

Photographies ci-dessous : Vestibule central. Les boiseries sur les murs sont d'époque Louis XV de même que le pavement.

Photographies ci-dessous : Salle des officiers des chasses. La cheminée en marbre rose est d'époque Louis XIV, ramenée de Versailles par Louis XV. Elle possède un élément en ferronnerie d'art du XVIIIe siècle représentant Hercule-Héraklès filant aux pieds d’Omphale. Ici le carrelage n'est pas d'époque mais la boiserie sans doute que si.

Photographies ci-dessous : Salle octogonale, surmontée d'une terrasse belvédère destinée à suivre les chasses. La grande cheminée de cette salle a été volée.

Photographies ci-dessous : Escalier avec de belles formes.

Photographies ci-dessous : Sous-sol comprenant une première salle avec à gauche des réchauffoirs (pour faire réchauffer les plats) et un four à pain, et une seconde salle plus petite avec un four avec un mécanisme automatique pour rôtir du XVIIIe siècle provenant du château de Saint-Cloud.

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Masséot Abaquesne, le premier faïencier français.

Photographies ci-dessus : Pavement de la chapelle de la Bâtie d'Urfé provenant de l'atelier de Masséot Abaquesne, datant de 1557 et conservé au musée national de la Renaissance d'Écouen.

Dans l'histoire de la céramique française certains noms raisonnent particulièrement aujourd'hui : Palissy, Poterat, Clérissy, Hannong, Abaquesne... L'exposition Masséot Abaquesne, l'éclat de la faïence à la Renaissance, qui a lieu du 11 mai au 3 octobre 2016 au Musée national de la Renaissance du Château d'Écouen près de Paris, est la première rétrospective sur cet artisan/artiste, considéré comme le premier faïencier français, ayant produit de très nombreux carreaux et pots d'apothicaire.

Cette exposition, organisée par le Musée national de la Renaissance en partenariat avec le Musée des Beaux-arts et de la Céramique de Rouen, rassemble des œuvres conservées dans de nombreux endroits en France mais aussi quelques-uns venant d'autres pays d'Europe. Elle se déroule dans trois grandes pièces du château, présentant la production de l'atelier de cet homme, né à Cherbourg et actif à Rouen dès 1526, dans le contexte de la faïence de son temps.

La première partie est sur ses débuts (1526-1545), décrivant la production de faïences à cette époque, en particulier italiennes et anversoises, en la comparant aux premières œuvres de Masséot Abaquesne, comme son pavement pour le château d'Écouen, pour le connétable Anne de Montmorency, ainsi que les panneaux historiés illustrant Mucius Scaevola et Marcus Curtius, conservés au musée Condé mais pas présents dans l'exposition.

Photographies ci-dessous : Détails du pavement de la chapelle du château de Fère-en-Tardenois (Aisne) de l'atelier de Guido Andries à Anvers et datant d'avant 1538, anciennement attribué à Abaquesne. »

Photographie ci-dessous : Détail du « Premier pavement. Masséot Abaquesne. 16 ème siècle. Céramique. 11,3 x 4,07 m. © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) / Mathieu Rabeau / René-Gabriel Ojéda. »

Photographies ci-dessous : « Marche d'autel composée d'un assemblage de carreaux. Masséot Abaquesne. Vers 1530. Faïence. 3,26 x 1,84 m. Chapelle du château de la Bastié d'Urfée. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola. »

La seconde partie couvre les années 1540-1550, où la production de Masséot Abaquesne est à son apogée, avec quelques-unes de ses grandes réalisations : pour le connétable (pavement de 1551 pour le château d'Écouen, triptyque de l’Histoire du Déluge) et pour la Bâtie d’Urfé en 1557. Des pots d’apothicairerie, signés par Masséot Abaquesne mais aussi son fils Laurent, sont aussi présentés. Ils ont été produits en 1544, et font partie d'un ensemble de plus de quatre mille pièces d'une commande d’un certain Pierre Dubosc. Seulement environ soixante-dix de ces pots, principalement des chevrettes et albarelli seraient aujourd'hui conservés. « C’est l’occasion pour le faïencier de développer tout un répertoire de portraits de fantaisie et de motifs végétaux inspirés des modèles anversois. »

Photographies ci-dessous : « Pavement du Déluge. Masséot Abaquesne. Vers 1550. Faïence. 1,38 x 0,95 m. © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) / René-Gabriel Ojéda. »

Photographies ci-dessous : « Albarello. Masséot Abaquesne. 1544. Faïence. 20,4 x 11 cm . © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) /Adrien Didierjean. »

Photographies ci-dessous : « Gourde armoriée de l'abbé de Lisieux. Masséot Abaquesne. Vers 1545. Faïence. 35 cm. © RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Jean-Claude Routhier. » Photographie de droite personnelle.

Photographies ci-dessous : Pots d’apothicaire d'Abaquesne.

La troisième partie remet à jour certaines anciennes attributions lui étant attribuées. Elle commence par une rapide mais très intéressante évocation de la production de carreaux à glaçure plombifère, avant d'aborder la question des autres pavements de faïence contemporains de l’atelier d’Abaquesne et de leurs attributions.

Photographie ci-dessous : Ces carreaux en faïence ne proviennent ni d'un intérieur des années 1960, ni d'une production coréenne ou chinoise ancienne, mais d'un pavement du château du Bellay à Hénouville en Seine-Maritime produit par un atelier de Lisieux dans la première moitié du XVIIe siècle.

Photographies ci-dessous : Carreaux de pavement en grès émaillé, de vers 1520, de l'atelier de Brémontiers-Massy et conservés au musée d'Écouen.

Photographies ci-dessous : Détails d'un pavement datant de 1545 du château de Polisy produit par un atelier champenois.

Le Château d'Écouen, est un lieu particulièrement bien choisi pour une exposition rétrospective sur Masséot Abaquesne qui a produit pour ce bâtiment des milliers de carreaux. Le musée contient aussi de très nombreux autres objets d'art du XVIe siècle, que l'on peut ensuite découvrir avec délice, pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait. Lors de ma visite pour le vernissage presse je suis arrivé en avance. En attendant j'ai pu constater que des perruches jaunes étaient autour du château, car je les voyais virevolter et chanter. Comme cela me semblait étrange, j'ai fait une recherche sur internet, et ai trouvé cet article du Parisien décrivant ce phénomène.

Photographies ci-dessous : Domaine du château.

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Vente en catimini par le Ministère des Affaires étrangères du Palais Clam-Gallas de Vienne.

La semaine dernière j'ai écrit un article (voir ici) sur les ventes du patrimoine immobilier prestigieux du Ministère des Affaires étrangères, dont le palais Clam-Gallas à Vienne. J'en ai appris un peu plus dans la lettre d'information de la Tribune de l'Art faisant référence à un article du Point (voir ici), où il est écrit que Laurent Fabius a vendu « en catimi un joyau français au Qatar » : « À Vienne, le palais Clam-Gallas, le plus bel institut culturel français à l'étranger, a été cédé au Qatar sans le moindre appel d'offres. »

Il s'agit d'un palais viennois de style néoclassique, construit en 1834-1835. Ce siège de l'Institut français de Vienne en Autriche a été vendu malgré les oppositions, notamment du président de la République d'Autriche, du chancelier fédéral et du bourgmestre de la ville. En novembre 2015, au milieu du passage du Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, la transaction a été finalisée et l'Institut français d'Autriche déménagé.

Pourquoi vendre le patrimoine français prestigieux ? L'endettement de la France dans ce cas n'est pas une raison, car l'apport de ce genre de vente est bénin par rapport à des milliards dépensés de manière absurde ; comme pour la filière nucléaire française où l’État gaspille des milliards pour renflouer EDF et Areva qui malgré tout continuent de s'endetter pour des projets voués à l'échec et dangereux. À cela s'ajoutent de nombreux autres exemples de dépenses faramineuses inutiles comme : des guerres entreprises par la France pour le compte des États-Unis ; un assujettissement à une Union Européenne qui fait de ce pays non seulement une région des États-Unis mais le guide dans une politique ruineuse... Et ce ne sont que quelques exemples de gabegies monstrueuses.

L'examen du projet de loi en dernière lecture au Sénat aura lieu en commission de la Culture ce mercredi 11 mai, et en séance publique les 24, 25 et 26 mai 2016.

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Fondation du patrimoine suite

Ceux qui ont lu ou liront les articles que j'ai écrits intitulés Fondation du patrimoine : Le patrimoine de villes entières ‘offert’ à une fondation privée et Les jeudis du mécénat, ou comment le service public culturel organise son retrait trouveront sans doute intéressant d'apprendre, comme je l'ai fait ici, que « le Ministère de la culture et de la communication a confirmé son engagement de soutien à la Fondation du patrimoine. Il annonce que le fruit des successions en déshérence, anciennement allouées à la Fondation du patrimoine à hauteur de 50 %, a été augmenté en concertation avec Bercy à 75 %. Cette annonce garantira ainsi une enveloppe de 6,5 millions d’euros pour l'année 2016, contre 4,5 millions d’euros initialement annoncés. »

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Sixième Salon du Disque des Puces de Paris Saint-Ouen

Les samedi 14 et dimanche 15 mai 2016 de 10 h à 18 h, le Marché Dauphine aux Puces de Paris Saint-Ouen propose son sixième Salon du disque, un exercice qui se prête bien à ce lieu (le marché aux puces de St-Ouen) depuis toujours tourné vers les modes de rue.

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Politique immobilière du Ministère des Affaires étrangères

Dans plusieurs articles de ce blog (comme ici) j'ai évoqué la vente de biens patrimoniaux appartenant à l’État ou à des organismes publics ces dernières années. Voici une intervention faite par Mme le sénateur Claudine Lepage évoquant cette fois les ventes de biens français à l'étranger lors de la défense d'un amendement qu'elle avait déposé sur l'article 23 du Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine :

« [...] Depuis 2010, effectivement, la politique immobilière du ministère des affaires étrangères n’est plus financée que par les cessions de biens, principalement à l’étranger, car aucun crédit d’investissement n’est plus inscrit au budget général. Outre des bureaux ou appartements, sans valeur historique ou culturelle particulière, des biens prestigieux et particulièrement emblématiques du rayonnement de la France à l’étranger ont également été cédés.

L’un des derniers en date est le Palais Clam-Gallas, à Vienne, vendu au Qatar pour 22 millions d’euros. D’autres immeubles, comme la Maison de France à Berlin, véritable symbole de l’entente franco-allemande, ont échappé à la cession, grâce à la mobilisation des élus et des citoyens, français comme allemands.

Cette braderie continue, puisque la France envisage de vendre en 2017 les bâtiments de sa chancellerie et de son consulat général à Londres ! Ces ventes sont devenues parfois inévitables lorsqu’on a trop attendu pour engager les travaux nécessaires : je pense notamment à l’Institut wallon à Amsterdam.

Ces ventes suscitent toujours une vive opposition de la part des francophiles des pays concernés et elles sont un très mauvais signal pour l’image de la France à l’étranger.

Des solutions alternatives existent bien souvent. J’ai ainsi en tête l’exemple du Palazzo Lenzi, à Florence. Ce magnifique palais, attesté déjà en 1470 et qui abrite l’Institut français depuis 1908, était promis à une vente à la découpe en 2010. L’émoi suscité par ce projet a permis une reconsidération de la situation. En définitive, le Palais abrite toujours aujourd’hui l’Institut français et le consulat honoraire. Cependant, deux espaces loués du rez-de-chaussée accueillent des boutiques, dont une librairie française. Le troisième étage doit être également prochainement valorisé, par une vente ou une location. En outre, une médiathèque a été créée au rez-de-chaussée, bénéficiant ainsi d’un accès direct sur la rue, augmentant la visibilité de l’Institut.

En définitive, un réaménagement du Palais Lenzi a permis tout à la fois de tirer profit, sur le long terme, du bâtiment par une location partielle, tout en conservant un bien prestigieux et en valorisant la présence française à Florence.

Il me semble donc que la consultation préalable de la Commission nationale des cités et monuments historiques doit pouvoir pallier des ventes inconsidérées. »

Lors du passage de ce projet de loi à l'Assemblée nationale, Mme le ministre a proposé un amendement (n°239 visible ici) visant à supprimer l’obligation prévue par le Sénat de consulter la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture avant toute vente d’un immeuble d’intérêt patrimonial de l’État situé à l’étranger. Pour une fois la majorité n'a pas suivi son ministre qui a dû retirer son amendement.

Pour la seconde lecture au Sénat du Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine l'examen en commission de la Culture du rapport de Mme Françoise Férat et M. Jean-Pierre Leleux aura lieu le mercredi 11 mai, et la discussion en séance publique les 24, 25 et 26 mai 2016.

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Article dans Histoire - La Provence

Un article vient d'être publié dans le hors-série Histoire du journal La Provence de mai-juin 2016 sur le sujet des Petits-maîtres de la mode.

Voir ici

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Le patrimoine parisien vu par LVMH : La Samaritaine…

Qui tacet consentire videtur (Qui se tait est présumé consentant).

Dans l’article intitulé La place Vendôme à Paris j’explique comment deux hôtels particuliers de la place Vendôme datant du début du XVIIIe siècle sont en train d’être saccagés de l’intérieur. Dernièrement je me suis aperçu que ces immeubles appartiennent à LVMH, un groupe soi-disant français mais international, premier dans le secteur du luxe. Sur une bâche de ce chantier de la place Vendôme (photographie ci-dessous) est inscrit en gros : « Ici, LVMH réalise les travaux de rénovation d’un immeuble classé au titre des Monuments Historiques ». C’est vraiment prendre les gens pour des imbéciles. C’est vrai que ces bâtiments sont classés, mais il ne s’agit pas du tout d’une rénovation. Comme je le dis dans l’article, notamment 2565 m2 de plancher vont être supprimés et 2086 m2 créés, tout cela sur une superficie de terrain de 736 m2.

Pour la Samaritaine, rachetée aussi par LVMH, l’autorisation de la mairie (voir ici :  pages 1, 2 et 3) et le permis de construire (voir article intitulé Destruction de la Samaritaine) ne parlent pas de rénovation mais de « restructuration ». La préfecture de police appelle cela de la « reconstruction », de la « réhabilitation » et même de la « restauration ».

D’abord il est nécessaire de savoir que l’ensemble des bâtiments de la Samaritaine était constitué de plusieurs magasins. Le plan ci-dessous (source Wikipédia) les délimite clairement.

Le magasin 1 était celui des débuts de la Samaritaine en 1870. Lorsque LVMH rachète en 2001 l’ensemble il détruit entièrement cette partie ne gardant que les façades. Le lieu constitué de plusieurs immeubles anciens, a été évidé complètement. Les bâtiments ont été démolis exceptés les murs donnant sur rue. De l’extérieur cela ne se voit pas comme on le constate sur les photographies ci-dessous, mais à l’intérieur la pierre a été remplacée par du béton. La destruction de cette partie est sans doute la pire. En 2002 le lieu constituant autrefois le magasin 1 fut loué à des enseignes internationales et à des activités de bureau.

La photographie ci-dessous montre le magasin 1 vue des quais de Seine à gauche et de la rue de Rivoli à droite.

Je n’ai pas fait de recherche sur le magasin 3.

Au niveau du magasin 4 les immeubles du XVIIe siècle du 2 au 6 rue Baillet furent supprimés en décembre 2013 malgré un recours juridique déposé contre le permis de construire accordé au groupe LVMH en 2012. Ce recours a été déclaré recevable le 24 février 2014 par le Conseil d’État. Cependant tout cet ensemble a été rasé, dont la partie datant de 1852, quelques jours après cette décision. Même les bâtiments attenants à ce magasin 4 ont été en partie détruits.
Le permis de construire sur les magasins 4 et 2 fut annulé le 13 mai 2014 par le tribunal administratif de Paris, décision confirmée le 5 janvier 2015 par la cour administrative d’appel de Paris. Le 19 juin 2015, le Conseil d’État passant outre tout cela, en véritable despote, a validé le projet de LVMH. Le chantier reprit en août 2015. Les plans dévoilent que les façades et certaines parties du magasin 2 vont être conservées. J’ai consulté à la direction de l’urbanisme de la mairie de Paris les plans de ce chantier.

Rappelons que LVMH est le groupe de l’industrie du luxe ayant le plus important chiffre d’affaires au niveau mondial. Que son dirigeant Bernard Arnault était en 2015 la seconde plus grosse fortune de France. Rappelons aussi que la Samaritaine se situe en face du plus vieux pont de Paris, au cœur de la capitale. C’est donc un endroit précieux qui aurait mérité plus de respect de la part d’une entreprise et de son dirigeant dont l’activité est basée sur un patrimoine français dédié à l’excellence.

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Jeunes pousses du mois d'avril

Avril est un mois merveilleux, où la nature se réveille et se régénère. De nombreuses fleurs poussent, et les arbres se parent de bourgeons d'un vert tendre et précieux.

Photographie ci-dessus prise la semaine dernière à Paris, à la fontaine des Haudriettes, située dans le troisième arrondissement, construite en 1764 par l'architecte Pierre-Louis Moreau-Desproux.

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Merveilleuses & merveilleux