La fauvette

fauvetteetpinson300lmLa fauvette est une jeune femme d’apparence délicate, à l’allure gracieuse et à la voix harmonieuse.

Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer (1866) donne à plusieurs types de personnes assez délicates des noms d’oiseaux. Voici comment il décrit la fauvette : « la petite fille persiste dans la jeune fille, et c'est une fauvette. On pense en la voyant : qu'elle est aimable de ne pas s'envoler ! Le doux être familier prend ses aises dans la maison, de branche en branche, c'est-à-dire de chambre en chambre, entre, sort, s'approche, s'éloigne, lisse ses plumes ou peigne ses cheveux, fait toutes sortes de petits bruits délicats, murmure on ne sait quoi d'ineffable à vos oreilles. Il questionne, on lui répond ; on l'interroge, il gazouille. On jase avec lui. Jaser, cela délasse de parler. Cet être a du ciel en lui. »
Dans Hommes et bêtes : Physiologies anthropozoologiques mais amusantes (Paris, Amyot, 1862), Galoppe d'Onquaire (Jean Hyacynthe Adonis Galoppe d'Onquaire) nous apprend qu'il est aussi donné ce nom par le public parisien pour « rendre hommage à une chanteuse gracieuse, mais d'un ordre secondaire ».
Photographie : Chromolithographie de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe représentant : « Fauvette et Pinson ».

© Article et photographie LM

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Souliers en faïence du XVIIIe siècle

12marseilleveuveperrinPhotographie 1 : Paire de chaussures en faïence de la manufacture de la Veuve Perrin de Marseille, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 14 cm « ornées d'une boucle rehaussée d'un filet rose, leur talon à fond jaune. Décor d'un branchage vert sur le dessus, et filet jaune sur les bords. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.

La maison Villanfray & Associés propose, lors de la vente aux enchères généraliste à Drouot-Richelieu du lundi 15 octobre prochain, une collection de souliers en faïence du XVIIIe siècle. Le catalogue est visible ici. Ceux qui s'intéressent à la mode trouverons là des exemples de formes anciennes. On remarque que les chaussures féminines ont généralement un talon haut et fin ; que l'avant insiste sur la petitesse du pied et se termine généralement en une petite pointe relevée. Les motifs de tissu rappellent qu'à cette époque c'est un matériau utilisé pour la fabrication de souliers. Pour les hommes le talon n'est pas pointu, le pied plus long, et le bout de la chaussure rond ou carré.

J'ai déjà écrit un article sur Le pied mignon et sur les Chaussures cirées.
10-11Photographies 2 et 3 : A gauche, chaussure en faïence de Moustiers, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 12 cm, « à talon jaune ornée d'un noeud en relief. Décor polychrome de larges branchages fleuris et fleurettes. Filets bleu et vert sur les bords. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
A droite, chaussure  en faïence de la manufacture de Fauchier de Moustiers, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 13 cm, « à talon à fond jaune, surmontée d'une boucle en relief. Décor camaïeu vert et manganèse de fleurettes rehaussé d'une bande à croisillons imitant le tissu. Filet manganèse sur les bords. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
6-9Photographies 4 et 5 : A gauche, chaussure en faïence de Moustiers de la manufacture d'Olérys , du XVIIIe siècle, d'une longueur de 15 cm « à talon rehaussée d'une boucle. Décor polychrome sur le dessus d'un large bouquet de fleurs stylisées et fleurettes. Pointillés et filet jaune sur les bords. » La boucle est le système d'attache des souliers de l'époque. © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
A droite, chaussure en faïence de la manufacture de Fauchier de Marseille, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 12,5 cm,« à décor en camaïeu manganèse de bouquets de roses et fleurettes sur fond blanc. Elle est ornée d'une boucle en relief soulignée d'un filet jaune. Filet de pointillés imitant la couture. Talon à fond manganèse. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
7DelftPhotographie 6 : Paire de mules en faïence de Delft du XVIIIe siècle, d'une longueur de 12 cm « à décor polychrome d'imbrications imitant le tissu, flanquée sur le devant d'une marguerite jaune, filet jaune sur les bords. » On le voit le pied féminin doit être petit : pied mignon accentué par la forme de la chaussure. Le système d'attache est intéressant. © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
8DelftsnoeudsPhotographie 7 : Deux chaussures en faïence de Delft du XVIIIe siècle, d'une longueur de 13 cm « à décor de bandes polychromes à l'imitation du tissu ornées sur le dessus d'un large noeud en relief souligné de chaque côté d'une marguerite formant boutonnière. Talons à fond bleu. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
1-2Photographies 8 et 9 : A gauche, chaussure en faïence du Nord, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 17 cm, « à talon et bout carré, décor camaïeu bleu de filets et motifs stylisés rehaussées d'un noeud vert en relief. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
A droite, chaussure en faïence de Lille, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 16,5 cm, « à talon à rabat ornée d'une boucle en relief. Décor camaïeu bleu de lambrequins fleuris et cornes d'abondance. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
3-5Photographies 10 et 11 : A gauche, chaussure en faïence de Delft, du XVIIIe siècle, d'une longueur de 15 cm, « pointue à talon ornée d'une boucle. Décor camaïeu bleu de fleurs, feuillages et enroulements. Frise de pointillés imitant les coutures. Boucle en léger relief, cernée d'un filet jaune. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.
A droite, chaussure en faïence de Moustiers du XVIIIe siècle, d'une longueur de 14 cm « à talon jaune et décor de rayures bleues et filets jaunes imitant le tissus. » © Catalogue de la vente du 15/10/2012 de Villanfray & Associés.

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L'inconcevable

inconcevablea300lmPhotographie de gauche : L'histoire de cette gravure est intéressante à conter et montre combien d’incroyables découvertes peuvent se faire. En lisant un texte sur les modes d’autrefois je vois indiqué le nom d’inconcevable parmi d’autres. Je découvre ensuite cette gravure que je me procure pensant que l’inconcevable de la légende (« C’EST INCONCEVABLE Tu n'es [écrit "n'est"] point reconnaissable ») est le jeune homme représenté, et qu’il s’agit d’une autre façon d’appeler les muscadins ou les incroyables. Mais en faisant une recherche pour cet article, je me suis rendu compte que le sujet de cette estampe est la jeune fille, et qu’on nomme ainsi une personne habillée à l’antique à la fin du XVIIIe siècle. Cette mode est en totale rupture avec celle qui la précède. Les robes à paniers, les corsets, les hautes coiffures sont abandonnées. Le changement est radical et vraiment inconcevable ! Les jeunes filles se donnent des allures de statues antiques. Après le premier Empire (1804-1815), dans les années 1820, les corsets redeviennent de rigueur ainsi que les robes de plus en plus larges. Il faut attendre le début du XXe siècle et l'époque de couturiers comme Paul Poiret ou Coco Chanel pour qu’une nouvelle révolution se fasse dans la mode féminine ... une révolution qu'on attend toujours dans la mode masculine ... Cette gravure semble être de J. P. Levilly actif à partir de 1792. Elle montre que cette jeunesse là n’est pas coupée du populaire. Elle n’est pas obligatoirement 'dorée' comme on le dit souvent, mais qu’elle possède sans conteste une richesse qui lui est propre : celle que seul son âge peut offrir.
Durant la Convention (1792 - 1795) et le Directoire (1795 - 1799), on désigne comme 'inconcevable' une jeune femme s’habillant à l’antique. « On eut les « merveilleuses », et au delà des merveilleuses, les « inconcevables » ; on jura par sa paole victimée et par sa paole vete … » Victor Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874.
La mode à l’antique que représente l’inconcevable commence surtout au milieu du XVIIIe siècle avec la propagation des gravures reproduisant les peintures murales et autres objets d’art découverts à Pompéi, Herculanum … Il en résulte, dans les vêtements, une tendance à plus de sobriété mais aussi un autre genre d’audace vestimentaire. Tous les beaux-arts reprennent les motifs et sujets de l’Antiquité. Les Lumières eux-mêmes s’inspirent des philosophes et savants de cette époque, et la Révolution y trouve ses valeurs. L’Antiquité est synonyme de modernité. Les merveilleuses adoptent ces modes excentriques, et un peu avant et surtout après la Révolution s’habillent de transparentes robes à l’antique, à la ceinture haute, avec de grands chapeaux à brides. Les vêtements ne sont plus amples pour les femmes : ce qui leur donne des allures élancées. L’accoutrement est moins riche, beaucoup plus simple. Le terme d''antiquomanie' est déjà utilisé au XVIIIe siècle mais s'écrit 'anticomanie'.

coiffureantiquean9-300lmComme son titre l’indique, la comédie intitulée La Mode ancienne et la mode nouvelle de P. - Charles Gaugiran - Nanteuil, datant de 1803, fait se confronter la tendance moderne antiquisante à l’ancienne : avec une petite-maîtresse qui est « une franche coquette », « Qui des modes du jour incessamment raffole », « qui de donner le ton dans le pays se pique » ; et sa belle soeur qui au contraire « Ne trouve rien de beau que le siècle passé », et tient « depuis mille ans, à sa mode gothique ». Il est intéressant de remarquer que quelques années plus tard, à partir des romantiques, la mode gothique et médiévale remplace l’anticomanie. Les cafés eux-mêmes changent leurs décors d’inspiration pompéienne pour un style médiéval ou mélangeant les deux, tout en apportant une distinction à l’anglaise. Cette petite maîtresse aime le style anglais, les jardins à l’anglaise, les hommes de style anglais (voir la définition de l’anglomane) ; et elle-même s’habille à l’antique : « On ne reprendra plus, vous l’espérez en vain, / Et le double panier et le vertugadin ; / Sous le costume antique, une femme jolie / Aime mieux rappeler Cléopâtre, Aspasie. » Elle fréquente les artistes en cheveux (coiffeurs) et ceux en bijoux (bijoutiers) ; habite une chambre à l’antique ; possède des meubles à l’antique ; a à sa disposition une jolie servante ; suit la mode ; fréquente des garçons aux cheveux coupés à la Titus ; s’habille en Diane ou en Vénus ; a une compagnie nombreuse ; donne des bals ; joue la comédie ; adore la vie parisienne. Voir la définition de la merveilleuse.
Leur aspect, à la pointe de la mode, les place en avant-garde et donc tout de même très en phase avec la Révolution baignée d’antiquomanie. Les inconcevables peuvent être considérées comme plus provocantes que les merveilleuses comme leur nom l’indique. Puis toute 'la jeunesse dorée' suit cette mode. Tous les arrivistes s’habillent en incroyables ou merveilleuses, adoptent les modes anglaises et l’anticomanie. L’aspect courageux et d’avant-garde, ce que certains appellent ‘folie’, laisse la place à la mode. Les choses se mélangent, et vouloir donner une définition de ces élégants est certes assez présomptueux. Mais l’intérêt que je trouve dans tout cela est en particulier dans le rythme et les plaisirs qui en découlent, telle une symphonie bien orchestrée, une danse bien mesurée …
Photographie de droite : Dans cette gravure du Journal des Dames et des Modes, datée de l’An 9 (1800), le texte indique : « Coiffure Antique ornée de Perles. Robe à taille longue ». Il s’agit de l’estampe 320. La tunique est cintrée haut, comme c’est la mode à l’époque. Elle a des motifs en feuilles de chêne, alors que le châle (ou plutôt schall) a des fleurs et des feuilles d’acanthe.

© Article et photographies LM

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Le parfumé

Le nom de 'parfumé' est une appellation peu utilisée mais que l’on trouve cependant pour parler d’un type d'élégant de la fin du XIXe siècle, un peu après le gommeux (voir articles 1 & 2) et pendant le poisseux.

© Article LM

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La benoitonne

LUniversIllustreNov1865detail-300lmPhotographies LUniversIllustreNov1865detail1-300lmdu dessus et de gauche : Illustration de la première page de L'Univers illustré, N° 487, du mercredi 22 novembre 1865, ayant pour sujet la nouvelle pièce jouée en première représentation le 4 novembre 1865 au « Théâtre du Vaudeville. - La Famille Benoiton, par M. Victorien Sardou ; acte 1er, scène XII ; dessin de M. Lix ... ».
Photographie de droite : Page de titre de La Famille Benoiton de Victorien Sardou, onzième édition, Paris, Michel Lévy frères, 1866.
C'est en observant l'image centrale de l'assiette du XIXe siècle visible dans l'article Le gandin que j'ai vu pour la première fois le nom de benoitonne associé à ceux de petits-maîtres de ce siècle.
La benoitonne désigne une coquette, jeune, originale, moderne, libre dans ses expressions, toujours à la mode et très élégante. Son nom est emprunté à la pièce de Victorien Sardou (1831 - 1908) La Famille Benoiton représentée pour la première fois, comme indiqué ci-dessus, au mois de novembre 1865. C'est alors la mode de la crinoline elliptique, aplatie sur l'avant et s'allongeant à l'arrière dans ce qu'on peut désigner comme les débuts de la tournure. Ces robes laissent parfois voir les chevilles ou au contraire balaient le sol en une traîne plus ou moins longue. Ces deux genres sont représentés sur l'affiche de la pièce (cliquer ici : Théatre du Vaudeville [...], La Famille Benoiton, 1865). 

LaFamilleBenoitonTitre300lmaOn est sous le second Empire, à l'époque de Napoléon III qui règne de 1852 à 1870 : le dernier souverain français avant la Troisième République, une démocratie qui perdure jusqu'à aujourd'hui. C'est le temps d'un certain faste : de l'Opéra Garnier etc.

La famille Benoîton est moderne, avec une mère qui n'est jamais chez elle et qu'on ne voit pas de toute la pièce, son époux un bourgeois important et leurs enfants : un garçon qui joue à la bourse aux timbres, un autre qui est un gandin, et trois filles mariées pour l'une et en âge de l'être pour les deux autres, toutes particulièrement coquettes mais nullement légères.
La benoitonne (on dit aussi « une Benoiton ») est une jeune bourgeoise aux habitudes princières, pleine de joie de vivre et versée dans les plaisirs de la mode qu'elle suit dans ses « toilettes, manières, langage ! ... ». Son nom n'est pas employé de manière péjorative pour des mœurs 'dissolues' comme parfois pour la cocotte, la cocodette ou la petite dame. C'est une sportswoman, aimant les chevaux et les courses, les promenades dont celles en canot. Elle apprécie l'art. Son extravagance vestimentaire est surtout due à son goût pour la nouveauté et la mode. Elle porte des chapeaux assez originaux, des robes magnifiques … des toilettes pour chaque circonstance. Une benoitonne est une fille « dans le mouvement » comme on dit alors, totalement dédiée à la mode et à une forme de luxe, qui dépense beaucoup pour cela et vivant dans une certaine insouciance, sans pour autant délaisser sa famille comme c'est le cas par contre pour la mère dans la pièce.
On dit « une toilette benoitonne » pour désigner une toilette recherchée.  « Benoitonner » et « benoitonnerie » sont des termes qui désignent cette façon d'être. Il semblerait que cette pièce lance véritablement une mode vestimentaire et un style, à moins qu'elle n'en soit que la conséquence.
LeJournalIllustre300lmPhotographies : Illustration de la première page de Le Journal illustré, n° 97 « du 17 au 24 décembre 1865 », ayant pour légende :  « Les toilettes de la famille Benoiton. Dessin de H. de Hem. - Voir page 402.) » A la page 402 on lit :
« Ah ! Je vous y prends, chère lectrice. Cette fois, pour sûr, le Journal illustré aura réuni plusieurs jolies têtes groupées au-dessus de sa première page !
Les toilettes de la famille Benoîton !
Que de cancans on en a fait ! Que de désirs, en province, de contempler ces toilettes ébouriffantes dont parlaient tous les journaux !…
Eh bien, elles sont d'une extrême simplicité, ces toilettes ; d'une extrême simplicité ; jugez-en :
Mademoiselle Jeanne Essler, cette sympathique artiste, aux yeux profonds, à la gracieuse et caractéristique figure, porte une robe de soie blanche garnie de plumes de paon et d'un oiseau rare nommé kouroucou, qui a laissé l'une de ses ailes à la souple ceinture de la charmante actrice.
Une coiffure ornées de chaînes noires s'enroulant au cou est due à Félix ; c'est à dire qu'elle est d'un goût exquis et fait fureur. On peut l'appeler coiffure à l'esclavage.
Madame Fargueil, notre éminente et tragique comédienne, porte une robe lilas à grande queue. La robe se découpe en dents ornées de lisérés blancs sur un immense volant rayé blanc et lilas. C'est une toilette du meilleur goût due au ciseau de madame Hardy.
Mademoiselle Manvoy ne se contente pas d'être une perle de grâce et de beauté ; elle s'est armée de pied en cap en mousquetaire, pour enlever las salle.
Un justaucorps de satin bleu d'acier foncé, tout orné de guirlandes d'acier, laisse échapper de ses crans, bordés de fers à cheval, une jupe de satin rayé aux couleurs de Gladiateur. Les manches sont pareilles ; le tricorne est orné de plumes rouges et bleues ; les bas sont rouges, la bottine est noire. Rien de plus éblouissant que les perles d'acier semées sur tout cela … rien … sinon les beaux yeux qui brochent sur le tout. Madame Chanal-Laferrière a signé la toilette.
On connaît la beauté gracieuse de mademoiselle Léonide Leblanc … qu'en dire de neuf ? Prenons-la par la robe, puisqu'elle nous prend par les yeux … Une robe collante en soie blanche, à bouquets détachés, se relève sur une sous-jupe verte, au moyen de deux immenses têtes de chevaux brodées en couleurs naturelles et garnies de brides ornées de perles.
Une toque anglaise, en velours vert, accompagne ce gracieux costume qu'a réalisé madame Goldbert.
Illustre Sardou, vous vous êtes fait bien du tort en choisissant deux si jolies demoiselles Benoîton … On a oublié leur rôle … les femmes, pour se rappeler leurs toilettes, les hommes, pour se souvenir de leur beauté.
H. de HEM. »

LeJournalIllustreIllustration500lm© Article et photographies LM

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Habits du XVIIIe siècle

Si le XVIIIe siècle m'était conté : Grâce à cette vidéo du musée des Tissus de Lyon, revenons sur cette exposition, et savourons une partie de la magnifique collection de ce musée. Rappelons aussi l'article du blog consacré à cela : Le goût du XVIIIe siècle : une très grande finesse.

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Aperçus de la mode française

modes200lmPhotographies 1 et 2  : Histoire des Modes Françaises, ou Révolutions du costume en France, Depuis l’établissement de la Monarchie jusqu’à nos jours. Contenant tout ce qui concerne la tête des Français, avec des recherches sur l’usage des Chevelures artificielles chez les Anciens de Guillaume-François-Roger Molé (Amsterdam et Paris, chez Costard, Libraire, rue Saint-Jean-de-Beauvais, 1773). Première édition. Ce livre contient une histoire 'Des Cheveux des Français', une autre 'De la Barbe des Français', des 'Recherches sur les Chevelures artificielles des Anciens' et une 'Histoire des Perruques'. Il est consultable ici.
Photographie 3 : Page d'almanach du XVIIIe siècle.
La mode occupe une place fondamentale dans la société française et cela depuis très longtemps. Le mot 'mode' vient du latin 'modus'. Les définitions de ces deux termes se ressemblent et englobent aussi bien des notions de mesure, de manière (dont celle de s'habiller), de genre … et restent dans le temps semblable à la contemporaine. Il ne s'agit donc pas d'un concept récent. La mesure est une notion importante de la mode française dans toutes les acceptations du terme, notamment dans son aspect musical. Il s'agit de rythme, d'être dans un rythme (voir article intitulé Le bon ton & le bon genre), en harmonie avec la vie et ses changements.

La mode est très présente durant l'Antiquité, évoluant aussi bien dans le domaine des vêtements, que des parures, coiffures, chaussures, couleurs, manières etc. La grecque influence particulièrement la romaine. Durant le Moyen-âge, elle continue son évolution. Il semble qu'en ancien français le terme 'meuf' désigne la même chose. Au XIVe siècle le mot 'mode' est dans le vocabulaire et sa définition comprend toujours la manière de se comporter, de s'habiller et de se parer en suivant le goût du moment. Dans la pièce de vers 1450 intitulée Sottie du gaudisseur et du sot on lit : «  Quelque chose que l'on en dye, / Tousjours seray mignon et gay, / Aussi gent comme ung papegay, / Fringant a la mode qui court »
Le caractère collectif et civil de la mode est un aspect primordial de compréhension de son importance. Un proverbe souvent cité dans les textes du XVIIIe siècle dit que « Les fous inventent les modes, et les sages les suivent. » Ne pas être à la mode n’est donc pas considéré comme avisé en France, même chez ceux qui pensent que ce sont les insensés qui créent les nouvelles tendances. Antoine de Courtin (1622-1685) écrit dans son Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnêtes gens  (1671) modesdoublepage300lmque « c’est sous cette maîtresse absolue qu’il faut faire ployer la raison, en suivant pour nos habits, ce qu’il lui plaît d’ordonner, sans raisonner davantage ; si nous ne voulons sortir de la vie civile. » Dans L’Ecole des maris (1661), Molière (1622-1673) fait tenir un discours semblable à Ariste : « Toujours au plus grand nombre on doit s’accommoder, / Et jamais il ne faut se faire regarder. / L’un et l’autre excès choque, et tout homme bien sage / Doit faire des habits, ainsi que du langage, / N’y rien trop affecter, et, sans empressement, / Suivre ce que l’usage y fait de changement. / Mon sentiment n’est pas qu’on prenne la méthode / De ceux qu’on voit toujours renchérir sur la mode ; / Et qui, dans cet excès dont ils sont amoureux, / Seraient fâchés qu’un autre eût été plus loin qu’eux ; / Mais je tiens qu’il est mal, sur quoi que l’on se fonde, / De fuir obstinément ce que suit tout le monde, / Et qu’il vaut mieux souffrir d’être au nombre des fous, / Que du sage parti se voir seul contre tous. » A cette époque, ce sont les fâcheux qui ne suivent pas la mode. Le Discours nouveau sur la mode est un poème datant de 1613 qui met en scène la déesse Mode. Celle-ci explique comment elle fait changer les manières de se coiffer de porter (ou de ne pas porter) la barbe, les moustaches, le chapeau, de s’habiller … L’importance accordée à la mode est à l’origine de la foison de petits maîtres. Dans la Réponse au réformateur de la mode qui court, datant de 1613, l’auteur critique la mode d’une manière qui pourrait l’être aujourd’hui : « L’un dira […] celui-ci est trop mignon : celui-là tient trop compte de lui : l’autre, ce n’est pas à lui de porter cela. » Dans le dictionnaire de 1606 de Nicot intitulé Trésor de la langue française, il y est question de « mode ancienne », de « nouvelle mode », de « vivre à sa mode » … Voici le début de la définition que propose la première édition (1694) du Dictionnaire de l’Académie française (l’orthographe est adapté comme c’est le cas la plupart du temps dans les citations des XVIIe et XVIIIe siècles que je fais ici) : « MODE. s. f. La manière qui est, ou qui a été autrefois en vogue, sur de certaines choses qui dépendent de l'institution & du caprice des hommes. Nouvelle mode. Vieille mode. Mauvaise mode. Mode ridicule, extravagante. Cela était autrefois à la mode. La mode en est passée. La mode n'en est plus. Inventer des modes. Suivre la mode. Se mettre à la mode. Être à la mode du pays où l'on est. Un habit à la mode. Une étoffe à la mode &c. On revient aux vieilles modes. C'est un mot qui est fort à la mode. Être esclave de la mode. Les caprices, les bizarreries de la mode. On dit, qu'Un homme, qu'une femme est fort à la mode, pour dire, qu'un homme, qu'une femme est fort au gré de la plupart du monde. On dit prov. que Les fous inventent les modes, & que les sages les suivent ... » Dans ces définitions du XVIIe siècle, on distingue très nettement les modes anciennes et nouvelles. Plusieurs ouvrages répertorient celles passées. C’est le cas au XVIIIe siècle dans des livres et des revues d’époque comme par exemple dans celui du début de cet article, de Guillaume-François-Roger Molé : Histoire des Modes Françaises, ou Révolutions du costume en France, Depuis l’établissement de la Monarchie jusqu’à nos jours. Contenant tout ce qui concerne la tête des Français, avec des recherches sur l’usage des Chevelures artificielles chez les Anciens (1773). Les revues ne présentent pas toujours que des vêtements ou des coiffures mais aussi des intérieurs ou des voitures. Lors des parades de Longchamp, ce ne sont pas que des toilettes qui sont déployées mais tout un équipage. Tous les arts décoratifs inventent et suivent les nouvelles modes.
modesv1780hommes300lmLa mode se diffuse à partir de Paris par divers moyens. L'un des premiers est la promenade et autres fauchages de persil (voir l'article intitulé Le Cours : L'empire des oeillades, l'un des lieux de l'élégance française où l'on fauche le persil, le Cours-la-Reine, les Champs Élysées ...) qui sont les ancêtres des défilés de mode. Les lieux de promenade huppés comme le Cours, les boulevards, le Palais Royal, le bois de Boulogne (Longchamp), certains jardins comme celui des Tuileries, ainsi que la vie de cour, les théâtres et autres fêtes ... fournissent des défilés vivants. La capitale étant un centre couru dans le monde, et les français aimant beaucoup voyager, la mode française se répand. Les desseins sont un autre moyen, parmi les plus anciens, pour divulguer rapidement une mode. Viennent ensuite les gravures particulièrement nombreuses dès le XVIIe siècle (voir l'article Des gravures de mode du XVIIIe siècle) ; puis les livres et les revues. Une autre manière est d’envoyer des poupées habillées. Certains articles du Mercure galant, datant du XVIIe siècle peuvent être considérés comme les premiers articles de mode, de même pour les illustrations. On y parle de celle de la prochaine saison ; on en profite pour faire de la publicité pour des fabricants et marchands ; on décrit les images. Mais c'est le XVIIIe siècle qui invente véritablement la publication de mode. Voir à ce sujet les articles intitulés Les périodiques de mode : du 'Mercure galant' au 'Magasin des modes nouvelles françaises et anglaises' et Le Journal des Dames et des Modes. Par la suite les revues de mode ne font que croître. Un autre genre de revue de mode est l’almanach  (voir l'article Les almanachs de mode du XVIIIe siècle). C’est sous Louis XV que ceux-ci prennent la forme de petits (voir très petits) livres. Ce sont des calendriers auxquels sont ajoutées de multiples informations dont certaines sur la mode. Le genre d’almanach dédié à la mode disparaît peu à peu à la Révolution. Les revues de mode continuent à évoluer et se diversifier au XXe siècle au rythme des nouvelles modes. Avant les photographies (puis la télévision et Internet), l’estampe est le meilleur support de leur divulgation. Ces images offrent des exemples de coiffures ou d’habits à la mode du jour ou des années précédentes. Elles sont envoyées en province et dans le monde entier pour servir de références aux marchandes de mode, coiffeurs ... et aux particuliers.

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Les beaux, les belles et le beau monde.

beaux1845-2-300lmPhotographies 1 et 2 : « Modes d'été. Ce qu'on est convenu de nommer des Beaux en 1845. » « Chez Aubert Pl. De la Bourse 89. » ParisEtSesModes1803FrontispiceDetail1-300lm« Imp. D'Aubert & Cie. » Planche « 116 » de la série « Actualités » de Le Charivari de 1845. La feuille fait 34 x 24 cm.
Les noms 'beau' et 'belle' sont employés surtout au XVIIIe siècle et au début du XIXe pour qualifier certains élégants particulièrement … hum comment dire … je crois que le terme le plus approprié est : 'beaux' ! Les beaux symbolisent le 'bon ton', ce qui est chic et dans le goût de la mode. Le 'beau monde' est celui qui fait référence, le plus moderne, et qui participe au renouvellement de la société. Cette expression est encore utilisée aujourd'hui.
Dès le XVIIIe siècle on appelle aussi en Angleterre 'beaux' et 'belles' ceux qui deviennent par la suite les dandys. Le fameux dandy londonnien George Bryan Brummell (1778-1840) est surnommé 'Beau Brummell'. Les beaux anglais sont aussi quelque peu dans la lignée des macaronis (voir les articles intitulés Les macaronis 1 et 2). Dans l'article anglais de Wikipedia sur le Ton on y lit qu'on se sert de l'expression 'Beau Monde' chez les Anglo-saxons, comme celle de 'le bon ton', pour qualifier une « polite society » ; de même que le mot 'ton' se réfère communément à la haute société anglaise durant l'époque Georgienne (1714-1837), et particulièrement durant « the Regency » (1811-1820) et le règne de George IV (1820-1830) que les images qui ne sont pas des caricatures (voir ici) nous représentent comme un véritable beau et dandy.
ParisEtSesModes1803Frontispice300lmPhotographies 3 et 4 : Frontispice intitulé « La plus Belle » de Paris et ses Modes, ou les Soirées Parisiennes Par L*** (Paris, Marc, 1803). Sur la page de titre est indiqué « La mode fuit, saisissons-la. »
Voici quelques images de beaux anglais :
A beau, 1700 ; The Beau Monde in St James's Park, vers 1749-1750 ; A Park Shower, or the beau mond in distress, 1755 ; The Unfortunate Beau, 1772 ; A True Portrait of that ridiculous Beau Squire Would be, or the Old Clerkenwell Ghost, vers 1770 ; The old beau in an extasy, 1773 ; The London beau in the country, or the dairy-house gallant, 1773 ; The Beau Monde, or true Picture of the present Times, 1773 (?) ; The Rival Milleners, "Tis I will have that Beau …", vers 1778-1779 ; A rain beau, 1790 ; Jimmy Lincum Feadle, 1791 ; Revue anglaise Le Beau Monde, or Literary and Fashionable Magazine, 1806 ; Revue anglaise Le Beau Monde, or Literary and Fashionable Magazine, 1807 ; Beaus and Belles or a promenade scene at Brighton, 1810 ; Belle's and Beaus or a scene in Hyde Parke, 1817 ; La belle Assemblée or Belle Court & Fashionable Magazine, Londres, 1817 ; A Beau-clerk - for a Banking-concern, 1825 ; Mis-proportion, The Beau Monde, 1830.

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Le poète

romantiquelecturedecoupe300lmromantiquelecturedetail300lmPhotographies : Estampe du XIXe siècle, d'époque Romantique, de la série « Bêtises, N°. 17. », signée Bourdet, avec pour légende : « Ô haïdée ! Fit le vieillard, en pressant convulsivement la jeune fille sur sa poitrine osseuse et velue.  Ô ma fille ! Et le vieillard se tut ....... La société paraît prendre le plus vif intérêt à la lecture du jeune poète. » Celui-ci est dans le pur style romantique avec ses cheveux longs ébouriffés, sa cravate au gros nœud, son gilet, sa posture inspirée et peu académique, son air rêveur et passionné … Mis à part le spectateur qui est debout et pleure dans son mouchoir ou se mouche, les autres semblent écouter profondément le poète ou bien dormir.
Cet article fait suite à celui intitulé Les débuts d'une rockstar. Le poète occupe une place importante dans la vie élégante française de même que la poésie et cela depuis au moins l'Antiquité. Un homme de qualité sait réaliser des vers raffinés. On compose avec cet art comme avec l'élégance, en alliant règles, imagination, bon goût, création, rythmes, sensibilité, sens de l'observation, finesse, agencement d'éléments variés pour composer un ensemble harmonieux, etc. Évidemment il y a toutes sortes de poètes ; mais certains pratiquent la grâce, et en côtoyant la muse, badinent avec la beauté. Ne devons-nous pas mettre Baudelaire ou Rimbaud parmi nos élégants ?

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Le gandin

expositionuniverselleFrancepatriedubontondetail2--650lmPhotographies : Assiette de Sarreguemines du dernier tiers du XIXe siècle de la série « Exposition universelle » représentant un stand appelé « Produits français » avec six élégants chacun identifié par une  pancarte : « Benoitonne », « Cocodès », « Gandin », « Biche », « Daim », « Cocotte ». En dessous une légende indique « La France est par dessus tout la Patrie des mœurs et du bon goût. »
expositionuniverselleFrancepatriedubonton-2-300lmC'est le deuxième article sur le gandin (voir le précédent ici). J'ai montré dans le premier que sa naissance date de la Seconde Restauration (1815-1830). Cependant beaucoup d'écrivains de la deuxième partie du XIXe siècle le font remonter à une comédie de Théodore Barrière ayant pour titre Les Parisiens de la décadence, puis Les Parisiens, jouée pour la première fois en décembre 1854. Dans cette pièce qui se situe en 1839 à Paris, se trouve un personnage prénommé Paul Gandin, un « homme de lettres » de 28 ans : « Cette chose en noir se nomme Paul Gandin. C'est une sorte de claqueur parasite, que l'on invite à dîner, pour faire les entrées à chaque service et crier : Bravo ! au Champagne ! ... Monsieur Paul Gandin est la plus heureuse nature que l'on puisse voir ... Sa petite existence est un éternel jeu d'optique, une illusion perpétuelle ! Bref, il est venu à bout de se prendre au sérieux et de croire qu'il existe, et sous prétexte qu'il cause avec des actrices, soupe avec des millionnaires, trotte avec des marquis et salue des officiers de la Légion d'honneur, monsieur Paul Gandin a fini par se croire positivement homme de lettres, riche, noble et décoré ! » Cet homme est en effet amusant par son dandysme naïf, prétentieux et insouciant ; et la pièce révèle quelques facettes de la vie parisienne à la mode. Cette comédie donne ainsi une seconde vie à la définition du gandin qui avant celle-ci semble plus respectable et élégante.

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La ravissante

'Ravissantes' est un joli mot comme adjectif. Comme nom il désigne un genre de coquettes « qui tirent plus à la bourse qu'au coeur » comme l'écrit François Hédelin abbé d’Aubignac (1604-1676) dans son Histoire du temps ou relation du royaume de coquetterie extraite du dernier voyage des Hollandais aux Indes du levant (1654).

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L'agréable

agreable300lmagreabledetail400lmPhotographies 1 et 2 agreable400: Estampe du XIXe siècle « Par Gavarni » de « Le Charivari », « Souvenirs du Bal Chicard n° 11. » représentant un « Agréable » (« Chez Aubert gal. Véro-Dodat », « Imp. D'Aubert & Cie », « Se Vend chez Bauger & Cie Edits. Des dessins du Figaro de la Caricature et du Charivari R. du Croissant 16. »). Paul Gavarni (1804 - 1866), de son vrai nom Sulpice Guillaume Chevalier, est un dessinateur qui apporte beaucoup aux images de mode du XIXe. Il travaille pour la fameuse revue Journal des dames et des modes puis pour d'autres. Le carnaval de Paris est un de ses thèmes. Ici il s'agit d'un agréable, qui n'est pas seulement un personnage de carnaval mais aussi un type d'élégant. Il est dans un style qui est celui du début du XIXe siècle (voir l'article Les originales élégances de 1803) : chapeau, lunettes, cravate, redingote, mouchoir pendant, culotte, bottes à revers. Ses cheveux longs sont par contre romantiques car à l'époque ils sont courts.
'Agréable' est le nom que l’on donne déjà au XVIIIe siècle et au XIXe à un certain type de petit-maître dont l’adjectif désigne le caractère et la finesse. On dit : " faire l'agréable ".  Le terme a parfois une connotation de moquerie.
Photographie 3 : Détail d'une gravure de 1806.

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La crinoline

tahitiXIXedecoupe300lmPhotographie du dessus : Gravure du XIXe siècle reprenant une autre du XVIIIe (visible ici, à noter aussi la robe de cette Danseuse de Tahiti) représentant la « Fille Taitienne portant des présents au Roi. » Celle-ci est intitulée « Jeune fille de Tahiti apportant un présent. » C'est la planche 4 du tome 5 de la Nouvelle bibliothèque des voyages (il s'agit soit de celle publiée entre 1829 et 1833, soit de celle de 1842). La robe de cette dame est dans un style faisant penser aux vertugadins, robes à paniers ou crinolines.
Cet article ajoute des illustrations à trois autres sur la crinoline :
Du corset à la crinoline : Les lignes caricaturales d'un corps social du XIXe siècle qui se dessine ; Crinolines ; Vertugadins, paniers, crinolines et tournures.
petitjournalpourrireN33et37-300lmPhotographies du dessus :  A gauche : Première page du Petit journal pour rire « Numéro 37 » Unsiecledelegancefrancaisedetailmagasin300lm(sans doute vers 1856-1857), de huit pages et faisant 30 x 21 cm. L'illustration a pour titre : « La crinolinomanie, - par Nadar. » et pour légende : « Ce qui prouve que, malgré les caricaturistes, à quelque chose la crinolineCrinolinePhotoHanovre300lm peut être bonne. » Un homme se cache sous la robe de sa maîtresse pour ne pas être vu de son mari. A droite : illustration, de la page 4 du « Numéro 33 » du même journal, représentant une femme de dos assise avec sa crinoline, dessinée par Marcelin.
Photographie de gauche : Illustration tirée de l'ouvrage de Nicole Vedrès Un Siècle d'élégance française (Paris, Les éditons du Chêne, 1943), avec une devanture de magasin vendant des dessous pour femmes dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Photographie de droite : photographie du XIXe siècle d'une femme allemande portant une crinoline.
Photographies du dessous : Assiette de Choisy le Roi, du XIXe siècle, de la série « La crinoline », avec une dame essayant de rentrer dans une cabine d'essayage d'une plage avec une autre lui disant : « 10. Si fait ! Madame peut y entrer seulement il faut avant qu'elle ôte sa tournure ». On constate que les termes de 'crinoline' et 'tournure' sont employés indifféremment comme le montrent d'autres exemples que j'ai déjà publiés. D'autres assiettes avec des représentations de crinolines sont visibles sur ma page consacrée aux assiettes du XIXe siècle ayant pour thème la mode, visible ici.

assiettecrinolinebain2-300© Article et photographies LM

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Le sybarite et l'épicurien

Le sybarite est un nom déjà employé au XVIe siècle pour désigner une personne aimant le luxe, les raffinements dans les plaisirs,  le confort dans sa vie comme dans sa pensée. Le sybarite est délicat, jouisseur, voluptueux, sensuel, raffiné ... Originellement c'est un habitant de Sybaris une ville importante de la Grande Grèce antique située dans le sud de l'Italie (dans l'actuelle Calabre), reconnue pour son luxe, ses raffinements, ses plaisirs, et ses habitants pleins de 'mollesse'. Ils auraient inventé les bains de vapeur.
Le nom de sybarite est à rapprocher de l’épicurien, un adepte des plaisirs de la vie. Si le mot épicurien est resté dans la langue française actuelle, l'autre n'est plus employé.

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La bayadère

costumedebal3danseuses300lm.gifDe nombreux articles de mon blog montrent l'importance de la danse en France et même dans l'éducation. La bayadère est une danseuse sacrée hindoue. On utilise ce terme au XIXe siècle pour désigner une jolie danseuse.
Photographies : Trois gravures provenant du Journal des Dames et des Modes représentant un « Costume de Bal » porté par une danseuse. Planches 463 de l'an 11 (1802-1803) et 592, 609 de l'an 13 (1804-1805).

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Le bourgeois et le bobo

bourgeoisdeparis300lmPhotographies 1 et 2 : « Bourgeois et bourgeoise de Paris » Gravure du dernier tiers du XVIIIe siècle.
Le terme de bourgeois prend une connotation différente à travers les siècles. Au Moyen-âge, c'est avant tout l'habitant d'un bourg, d'une ville. Il est lié à la cité ; contrairement à l'aristocrate qui l'est à la terre dont il tire ses revenus. Ceux du bourgeois viennent du commerce. Il fait partie d'un des trois ordres organisant la société de l'Ancien régime : le tiers état qui représente ceux qui travaillent, les deux autres étant le clergé et la noblesse. L'argent gagné par certains bourgeois rend possible un luxe dans l'habillement et le train de vie. bourgeoisdeparisblanc400lmMais leur travail ne leur permet pas de se consacrer pleinement aux belles manières ; à l'inverse des aristocrates qui bénéficient de surcroît d'une éducation plus raffinée et d'une lignée beaucoup plus prestigieuse basée sur l’héroïsme guerrier.
La Révolution de 1789 annonce la fin des trois ordres qui se liquéfient au XIXe siècle pour être remplacés presque exclusivement par la bourgeoisie et sa valeur de 'travail'.
Aujourd'hui la société est presque entièrement hiérarchisée entre ceux qui cherchent du travail et ceux qui en ont ; ces derniers étant classés selon leur niveau de salaire. La première valeur mondiale est celle de l'argent comme le montre l'actualité de ce début de XXIe siècle. Toutes les autres semblent lui dépendre. La mode a été remplacée par le prêt-à-porter et les marques, d'où le fait que certains la refusent l'assimilant à une uniformisation mercantile. Du reste on parle de moins en moins de mode mais de plus en plus de 'fashion', de 'tendances' … ce qui a une incidence inverse puisqu'en annonçant la fin de la mode on permet justement cette 'uniformisation mercantile'.

En 2000 apparaît le nom de « bobo » : « bourgeois bohème », qui pas assez riche pour acheter dans le centre de Paris l'est assez pour investir des quartiers comme Ménilmontant, Belleville, Oberkampf, Montreuil. Il s'agit d''une petite bourgeoisie plutôt de gauche, ayant des idées écologiques et l'argent pour les suivre ce que leur reprochent leurs détracteurs.
Avant la Révolution, dans la bouche de l’aristocratie, l'emploi du terme « bourgeois » a une connotation de vulgarité. Je parle longuement de cela dans l'article intitulé : Les faux élégants et aussi dans celui sur La dame de qualité dans lequel est publiée une estampe du XVIIIe siècle où une « Jeune Bourgeoise » y est représentée « contrefaisant la Dame de qualité ».  Cependant la bourgeoisie occupe une place de plus en plus importante dans la société. Les libertins et les Lumières remettant en cause les pouvoirs établis par la religion ou les liens de sang (voir l'article intitulé Le cacouac et le libertin) pour une société matérialiste basée sur la raison et le mérite, la bourgeoisie devient de plus en plus forte. Cette importance s'accentue après la Révolution où la religion et l'aristocratie sont largement affaiblies, et grâce à une industrialisation grandissante et une internationalisation du commerce qui ne fait que s'accentuer.

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La dame, la femme, la fille et l'homme de qualité

damesdequalite2-300Photographie 1 (de gauche) : Gravure de N. Arnoult (« N. Arnoult fecit ») intitulée : « Femme de qualité en habit d'Eté » (« Ce vend à Paris Chez N. Arnoult rue de la Fromagerie aux halles, à l'image Saint Claude Avec Privil[ège] du Roi. »).
Photographie 2 (de droite) : « Femme de Qualité en Déshabillé, se promenant le matin à la Campagne cet habit est blanc, garni de bandes de toile peinte, et consiste en une jupe et un corsage avec queue troussée par derrière. » (« A Paris chez Esnats et Rapilly, rue St-Jacques à la Ville de Coutances A.P.D.R. [pour 'Avec Privilège du Roi'] »). La gravure originale provient de la revue du dernier tiers du XVIIIe siècle intitulée : Gallerie des Modes et Costumes Français. 7e. Cahier des Costumes Français. 1ere Suite d’Habillements de Femmes à la mode. Cette estampe est sans doute une réimpression postérieure.
aventuresdunhommedequalitepagede titre300lmPhotographie 3 : Page de titre du tome premier de Mémoires et Aventures d'un Homme de Qualité, Qui s'est retiré du Monde (La Haye, M. G. Merville & J. Vander Kloot, 1729).

La femme de qualité est l’équivalent de la dame de qualité (voir définition). A partir du XIXe siècle on n’emploie presque plus que l'expression 'femme de qualité', celle de 'dame de qualité' étant associée à l’ancien régime. Les femmes de qualité sont généralement de grandes protectrices des arts mais aussi des indigents. Comme l’écrit Restif de la Bretonne (1734-1806) dans Les Nuits de Paris (1788-1794) : « Une femme de qualité avait des vapeurs ; elle ne savait que faire d’elle-même et de sa fortune ; elle est devenue bienfaisante, et elle n’a plus de vapeurs. ». De nombreuses estampes représentant des femmes et dames de qualité sont éditées à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe (voir des exemples plus loin). On utilise même des superlatifs pour les désigner : Dame de la plus haute qualité (1693) ; Dame de grande qualité en habit d'hiver ; Femme Turque de grande qualité. On dit aussi 'fille de qualité' : estampe représentant une Fille de qualité apprenant à danser.
Quant à l'homme de qualité il en est un peu question dans l'article sur L'honnête homme.
aventuresdunhommedequalitesuitetome4-300lm.gifPhotographie 4 : Tome quatrième de Suite des Mémoires et Aventures d'un Homme de Qualité, Qui s'est retiré du Monde (La Haye, M. G. Merville & J. Vander Kloot, 1729).

Voici quelques images :

Femmes de qualité : Femme de qualité déshabillée pour le bain (1685) ; Femme de qualité en robe de chambre se disposant à jouer (1685) ; Femme de qualité en déshabillé d'été (1687) ; Femme de Qualité en Déshabillé d’Été (1687) ; Femme de qualité au rafraîchissement des Liqueurs (1688) ; Femme de qualité habillée en Corps de Robe (1688) ; Femme de qualité habillée en Sultane (1688) ;  Femme de qualité habillée en Sultane (1688) ; Femme de Qualité en déshabillé (1689) ; Femme de Qualité (1692) ; Femme de qualité Dansant (1694) ; Femme de qualité dansante ; Femme de qualité en écharpe ; Femme de qualité sur un Canapé ; Femme de Qualité en déshabillé d'hiver ; Femme de Qualité en déshabillé ;  Femme de qualité allant incognito par la Ville ; Femme de qualité en habit de bal (1725?) ; Femme de qualité de Juida (1796).

Dames de qualité : Dame de Qualité en déshabillé reposant sur un Lit (XVIIe) ; Le Soir Dame de qualité jouant aux Cartes (XVIIe) ; Dame de Qualité Jouant de la Guitare (XVIIe) ; Le Matin Dame de Qualité à sa Toilette (XVIIe) ; Le Midi Dame de Qualité faisant la Méridienne [sieste].
Autre femme de qualité : Négresse de qualité de l’Île St Louis dans le Sénégal (1796).
Hommes de qualité : Homme de qualité en habit d'hiver (1678) ; Homme de Qualité en Habit d’Été (1682?) ; Homme de Qualité allant incognito par la Ville (1689) ; Homme de Qualité jouant du Tympanum (1697).

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Le fendant

D’après Alfred Delvau (1866), le fendant est un « Homme qui marche d’un air conquérant, le chapeau sur le coin de l’oreille, les moustaches relevées en crocs, la main gauche sur la hanche, et de la droite manœuvrant une canne - qui n’effraye personne. Il y a longtemps que le peuple emploie cette expression … » Le fendant est à rapprocher du faucheur (voir l'article Le faucheur).
Photographie : Première page de couverture de Physiologies parisiennes (La Librairie illustrée, 1886), ouvrage d'Albert Millaud (1844-1892).

physiologiesparisiennes300lm.jpg© Article et photographie LM

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Le col cassé

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D’après le Dictionnaire de la langue verte (1867) d’Alfred Delvau le col cassé est un « Gandin, - homme à la mode de 1865. » Voir l'article sur le Gandin. L'expression vient d'un genre de col particulièrement élégant, aujourd'hui aussi appelé 'col de cérémonie', très à la mode au XIXe siècle, à une époque ou la cravate s'enroule plusieurs fois autour du cou.
Photographies : Détail d'une image datant d'un peu avant 1865 mais avec une cravate nouée autour d'un col cassé.

lecharivarimodesdujourdetail300lm© Article et photographies LM

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Le modeux

Le terme de 'modeux' désigne un homme à la mode déjà au tout début du XXe siècle, et sans doute un peu avant. Il est encore employé aujourd'hui d'autant plus facilement qu'il vient de 'mode' et qu'on lui ajoute un suffixe qui sonne actuellement de manière péjorative.

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Merveilleuses & merveilleux