Meubles du XVIIIe siècle en laque de Chine

bureaurocailleensemble400L'origine de la laque est ancienne : plus de 3000 ans. Elle viendrait de Chine. Les compagnies des Indes en importent de ce pays et du Japon ; mais aussi sans doute d'autres contrées d'Asie du sud Est. Elle est très prisée en Occident. Comme pour la porcelaine dont le secret de fabrication n'est découvert qu'au début du XVIIIe siècle, on cherche à créer du laque (on utilise le masculin en français pour désigner le vernis de laque) dès le XVIIe siècle. [Au sujet de la porcelaine chinoise et de ses imitations occidentales on peut lire les articles du blog suivants : La Porcelaine française du XVIIIe siècle, La Compagnie des Indes, Porcelaine de Chantilly, Les grands collectionneurs de porcelaine asiatique aux XVIIème et XVIIIème siècles, quelques exemples allemands et français, Chinoiserie et Chinoiseries sur faïences françaises du XVIIIe siècle]. Le fameux vernis Martin est mis au point à Paris par les frères Martin en 1730. Mais celui-ci a le défaut d'être fragile à l'eau ; ce qui n'empêche pas une importante production. Mais les panneaux en laque venus d'Asie restent très prisés. Parfois le vernis Martin est employé sur certains meubles où se trouvent des panneaux de vernis chinois ou japonais afin de les prolonger, en particulier dans les parties très galbées du mobilier rocaille et servir ainsi de raccord donnant à l'ensemble une harmonieuse homogénéité.
Photographie : « Bureau plat en bois noirci de forme mouvementée. » Celui-ci est présenté dans la vente de la maison Europ Auction du 21 septembre à Drouot (lire à ce sujet l'article intitulé Le bonheur du jour). « Il ouvre par trois tiroirs en ceinture, à décor de panneaux en laque de Chine polychromes sur fond noir du XVIII° siècle représentant des fleurs, des oiseaux et des papillons dans un encadrement de vernis européen. Il repose sur des pieds galbés laqués rouge à l'intérieur, terminés par des sabots de bronze doré. Riche ornementation de bronzes ciselés et dorés rocailles tels qu'entrées de serrure, poignées de préhension, cartouches et chutes d'angles ajourées se prolongeant jusqu'aux sabots. Dessus de cuir vert cerné d'une lingotière et écoinçons en bronze doré. Estampillé deux fois I. DUBOIS, Jacques Dubois (1694-1763) reçu maître le 5 septembre 1742. Époque Louis XV. H 160, L 78, P 81 cm Jacques Dubois figure parmi les ébénistes parisiens les plus renommés sous le règne de Louis XV. Il a laissé quantité de chefs d'oeuvre conservés aujourd'hui par les plus grands musées notamment le Musée des Arts décoratifs, le Musée du Louvre à Paris, la Wallace Collection, Waddesdon Manor à Londres, le Rijksmuseum d'Amsterdam ou encore le Cleveland Museum of Art. Né le 7 avril 1694, Jacques Dubois est le demi-frère de Noël Gérard, qui semble avoir orienté la carrière du jeune homme. Avant d'être reçu maître ébéniste en septembre 1742, Jacques Dubois oeuvrait en tant qu'ouvrier libre dans l'enclos privilégie du faubourg Saint-Antoine d'où l'existence de meubles non signés qui peuvent lui être attribués par comparaison avec ceux qui portent son estampille. Nous pouvons penser qu'à cette date, Jacques Dubois bénéficiait sans doute des commandes et des relations de Noël Gérard. L'inventaire après décès de Jacques Dubois reste très discret sur sa clientèle. Dubois fournissait une clientèle aristocratique de haut rang comme Mme de Graffigny, auteur des "Lettres d'une Péruvienne" ou encore le duc d'Orléans. Jacques Dubois réalisa un nombre important de meubles, toujours de grande qualité, faisant preuve de rigueur dans la sélection de ses bois de placage et dans le choix des bronziers avec lesquels il collaborait. Jacques Dubois se plaisait à revêtir ses créations d'un décor de laques ou de vernis. Pour ses pièces les plus riches, il utilisait directement des panneaux de laques de Chine ou du Japon. Ces panneaux de laques extrême-orientaux augmentaient considérablement le coût des meubles, aussi ne les rencontrent-on le plus souvent que sur ceux destinés à la clientèle des marchands-merciers. Ces derniers se chargeaient d'ailleurs souvent de fournir à l'ébéniste, avec qui ils sous-traitaient, les précieux panneaux déposés de quelque cabinet ou paravent. La répétition de certains modèles assez fréquente dans l'oeuvre de l'ébéniste pourrait confirmer la collaboration avec les marchands-merciers. Ainsi, le bureau que nous présentons peut être rapproché d'une petite série de bureaux plats en laque de Chine: - Un bureau plat estampillé Dubois conservé au Cleveland Museum of Art. - Un bureau plat passé en vente chez Christie's à New York, le 30 avril 1999, lot 45, lors de la dispersion de la collection Alexander, adjugé - Un bureau plat et son cartonnier, vendu à Drouot par l'étude Couturier-Nicolay, le 28 mars 1990, lot 122, pour 13 100 000 francs - Un bureau plat avec son cartonnier, passé en vente au Palais Galliera par Ader, Picard, Tajan le 15 mars 1973, lot 119, provenant de la collection Octave Homberg. »
Au sujet de cette vente d'Europ Auction voir aussi l'article Le bonheur du jour.

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Psyché

TenturePsyche12TenturePsyche34Photographies : TenturePsyche5Cinq des six tapisseries de la tenture Histoire de Psyché tissée au faubourg Saint-Germain à Paris et livrée au Garde meuble de la couronne en 1667. Ces cinq pièces sont conservées aujourd'hui au Musée national du château de Pau, alors que la sixième l'est au Mobilier national à Paris. Elles comprennent : TenturePsyche2detailPsyché menée sur la montagne ; La toilette de Psyché ; Le repas de Psyché ; La vieille racontant l'histoire de Psyché à la jeune captive ; Psyché au temple de Cérès. Laine, soie, or et argent. © Pau, Musée national du château. Dans la photographie de droite présentant un détail d'une tapisserie, on remarque que le sol est jonché de fleurs. Voir sur ce sujet l'article : Les vases à parfums du XVIII ème siècle.
Depuis l'Antiquité le 'souvenir' de Psyché se transmet … Il s'agit d'une magnifique histoire d'amour, un conte de fées pour les adolescents et les adultes. Mais le terme 'psyché' raisonne surtout dans notre subconscient nourrit de la psychologie du XXe siècle, parce qu'il signifie « âme » en grec et représente ce qui constitue la personnalité d'un individu. C'est aussi le nom que l'on donne à un miroir qui dévoile entièrement : le premier meuble/miroir courant représentant l'être humain en pied.
Le résumé de la légende de Psyché est lisible sur Wikipédia. Le Musée national du château de Pau, qui possède une magnifique collection de tapisseries (voir ici), propose, du 16 septembre au 13 novembre 2011, une exposition sur ce sujet intitulée D'encre, d'émail et d'or : L'Histoire de Psyché avec des objets d'exception relatant ce conte, et en particulier une tenture en six pièces, tissée au XVIIe siècle par des ateliers du faubourg Saint-Germain à Paris, et présentée en entier dans cette exposition. Cette tenture est composée entre autres de fils d'or et est accompagnée pour cette exhibition d'un ensemble d'ouvrages illustrés et d'émaux du XVIe siècle : époque de la Renaissance française qui apprécie tout particulièrement cette source Antique ayant pour thème l'Amour.
email500Photographie : L'Amour fuit Psyché. Plaque de coffret en émail peint sur cuivre après 1565 par Pierre Courteys. H. 10 ; L.23 cm. Niort, musée Bernard Agesci, Inv. 914.1.107. © Pau, Musée national du château.
LivrePsycheTitreLivrePsychegravure300Photographies : Page de titre et estampe de l'ouvrage « Lamour de Cupido et de Psiché mère de Volupté, prise des Cinq & sixiesme livres de la Metamorphose de Lucius Apuleius philosophe nouvellement historiée & exposée en vers Francois, gravures de Léonard Gaultier, s. l. n. d. [Paris 1586]. Pau, musée national du château, Inv. BP 5379. » © Pau, Musée national du château. La page de titre est particulièrement jolie avec ses lettres gravées et les deux représentations de Psyché : la première où Amour la dénude, et l'autre où toute habillée elle est pleine de pudeur.

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Le bonheur du jour

bonheurdujouretgravure300bonheurdujour300Photographie 1 : Montage des deux photographies suivantes.
Photographie 2 : « Bonheur du jour en acajou. Il ouvre dans la partie supérieure par une porte vitrée, un tiroir encadré de deux petites tablettes sur fond de glace et marbre. La partie basse est agrémentée d'une tablette écritoire surmontant cinq tiroirs. Il repose sur des pieds fuselés. Belle ornementation de bronzes à filets de perles. Dessus marbre blanc cerclé d'une galerie. Attribué à Fidèlis Schey (mort en 1788) reçu maître le 5 février 1777. Époque Louis XVI. H 121, L 80, P 45 cm. » ©  Europe Auction. Ce meuble est proposé à la vente, le 21 septembre, par Europ Auction, à Richelieu Drouot, parmi 300 lots dont du mobilier français du XVIIIe siècle qui est la spécialité maîtresse de cette jeune étude créée à la fin de l'année 2008. Voir le catalogue ici.
costumeparisien322recadreclaire300lmLe bonheur du jour est un meuble très en vogue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Destiné en particulier aux femmes, il fait office de table d'écriture ; mais aussi de lieu de rangement de menus objets utiles pendant la journée : liés à l'écriture (lettres, papiers, plume, encre, étuis à messages …), à la lecture (petits livres, almanachs ...), à la beauté (parfums, bijoux, boîtes, nécessaires de poche, de couture …) etc. Il se déplace assez facilement. Selon l'endroit où on le met, il sert de différentes manières : petit secrétaire, meuble de toilette ... Il se compose d'une petite table à hauts pieds sur le plateau duquel repose, dans sa partie en retrait, une structure verticale (le gradin). On le nomme aussi 'table à gradin'. Des tiroirs ou/et des volets se ferment le plus souvent à clé afin d'y conserver ces accessoires précieux, utiles ou secrets, ayant leur fonction dans le bon déroulement d'une journée.
Le bonheur du jour a de nombreux ancêtres, comme ce bureau en marqueterie du XVIIe siècle.
Exemples de bonheurs du jour : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10.
Photographies 3 et 4 (détail) : Gravure datée de l'an 9 (1800) provenant du Journal des Dames et des Mode (planche 322). La jeune femme porte un « Chapeau de Crêpe » et une « Robe de Mousseline ». Elle semble extraire de son 'bonheur du jour' une lettre. Il est de style directoire comme celui-ci. ©  Photographies LM.

costumeparisien322recadreclairedetail300lm© Article LM

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Des jouets et des hommes

Chardin Enfant Toton300Photographie : 'L'enfant au toton'. Huile sur toile (H. 67 cm, l. 76 cm) de Jean-Baptiste Siméon Chardin présentée au salon de 1738 et conservée au Musée du Louvre à Paris. © Service presse Rmn-Grand Palais / Stéphane Maréchalle.
L'exposition Des jouets et des hommes, qui se déroule du 14 septembre 2011 au 23 janvier 2012 aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, intéresse aussi bien les enfants que les adultes. Les premiers y trouvent une véritable exposition faite pour eux, avec des centaines de jouets, des films de toutes les époques sur petits écrans (et sur un grand), des petits théâtres optiques mettant en scène des jouets, des endroits où ils peuvent se reposer et regarder tranquillement, et (il faut prévenir les accompagnateurs) le parcours se conclut par une boutique avec jouets, livres, bonbons et aire de jeux. Les adultes trouveront des jouets de leur époque, ainsi que de leurs parents ou grands-parents et de leurs enfants ; un parcours avec des thématiques et une narration assez 'intellectualisée' (surtout à la fin) et des objets d'art populaire ou d'art tout court de qualité, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui.
La citation de Charles Baudelaire qui introduit le communiqué de presse est le véritable intérêt et sans doute but de cette exposition : « Le joujou est la première initiation à l'art ». Non seulement elle comporte des peintures de maîtres, mais le fait de présenter ensemble des jouets de différentes époques sur un même thème, apporte notamment une première conscience de la notion d'histoire de l'art, de l'évolution des beaux-arts, de l'esthétisme etc. Des jouets comme les maisons de poupée où les meubles, ustensiles, habits, intérieurs etc sont des miniatures d'objets d'époque et fabriqués avec les matériaux du temps ; les différentes poupées depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui (certaines, ayant appartenu à des enfants royaux, possèdent des vêtements griffés) ; les dinettes depuis le Moyen âge jusqu'à aujourd'hui en passant par celles en faïence du XIXe siècle ; les chevaux à bascule de tous les temps … tous les thèmes apportent cet appréhension du temps, du goût, et de l'autre, qui hier comme aujourd'hui a quelque chose de semblable. A noter quelques clins d'oeil comme une peinture (huile sur toile) de 1912 représentant le fameux anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009), enfant, sur son cheval mécanique.
Le samedi 1er octobre la « Nuit blanche » propose l'entrée gratuite dans l'exposition de 19h30 à 0h15, des jeux à volonté (dernier accès à 22h30) et des projections de films à l'auditorium pour les plus grands.
À l'automne 2011, tout le Grand Palais se transforme en un lieu de fête et de divertissement avec du 10 novembre 2011 au 9 janvier 2012 dans la Galerie Sud-Est entièrement rénovée une exposition intitulée Game Story. Une histoire du jeu vidéo ; et l'évènement ludique et familial Jours de fêtes, se déroulant du 16 décembre au 2 janvier avec : « grande roue, manèges, barbes à papa, pommes d'amour et bien d'autres surprises ».
Photographie : 'Présentation au temple'. Volet d'un triptyque, peinture sur bois, de 1450-1475 appartenant au Musée nationale du Moyen-Âge-Thermes de Cluny à Paris. H. 107 cm, L. 98,4 cm, l. 2,5 cm. ©  Service presse Rmn / Jean-Gilles Berizzi.

PresentationauTempleensemble© Article LM

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Quatrième parcours de la céramique et des arts du feu

17-300.gifDu 13 au 17 septembre, a lieu le quatrième parcours de la céramique et des arts du feu à Paris au Louvre des antiquaires et au Carré rive gauche. Une occasion de contempler des céramiques d'exception depuis des exemples antiques jusqu'à des oeuvres contemporaines en passant par des majoliques, porcelaines de Meissen, Vincennes et Sèvres, faïences des XVIIe et XVIIIe siècles, verres, émaux ... Cette année des visites sont dirigées par des conservateurs chez les exposants, les 14, 15 et 16 septembre 2011 à 15h, après inscription au 01 45 48 46 53.
Photographie : « Assiette "Le Renard et le Buste" du service à fond pourpre de Jean Jacques Régis Cambacérès. Porcelaine dure de Sèvres, Circa 1807. » Cette céramique provient de la galerie Vandermeersch au 21 quai Voltaire.

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Intérieurs 2011 : Un art de vivre avec l'art

afficheArtcurial1209350L'exposition Intérieurs 2011 : L'art de vivre avec l'art réunit du 12 au 22 septembre (de 11h à 19h), à Artcurial sur les Champs-Élysées, douze décorateurs représentant la scène française reconnue dans ce domaine.  Il s'agit de : India Mahdavi, Olivia Putman, Roxane Rodriguez, Alain Demachy, François-Joseph Graf, Chahan Minassian, Pierre Yovanovitch, Jean-Louis Deniot, Laurent Buttazzoni & Associés, Joseph Dirand, Tristan Auer, Thierry Lemaire. Tous sont venus décorer une pièce de cet hôtel particulier construit en 1844 dans un style néo classique et réaménagé par la suite. Pour moi, l'intérêt de ce genre d'exposition est d'être inscrite dans l'actualité, qu'elle informe sur le ton d'aujourd'hui pour l'art, avec des créateurs abordables donc puisque contemporains et en pleine évolution.
Pour trouver des idées de décoration on peut aussi se rendre à Drouot Richelieu dont la rentrée commence le 21 septembre avec notamment une vente d'Europ Auction avec des meubles du XVIIIe siècle. Là ce sont les vendeurs, professionnels de l'art, collectionneurs et amateurs qui donnent de la vie aux objets. Je reparlerai de cette vente. En attendant, le catalogue est visible ici.
Et puis il y a les musées.

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Art forain

cornettedestcyrartsforains300L'art forain invite à la féérie, à la joie et aux plaisirs. Pour cela il mérite une place de choix dans ce qu'on appelle « l'art populaire », dont la principale ambition affichée réside le plus souvent dans son utilité (ici de séduire en faisant rêver) mais qui peut receler beaucoup d'autres  richesses.
Le mercredi 28 et le jeudi 29 septembre 2011, la maison Cornette de Saint-Cyr propose une vente aux enchères en trois vacations de « Chefs-d'Oeuvre de l'Art Forain » à Drouot Montaigne au 15 avenue Montaigne à Paris. Une partie de cette collection de Fabienne et François Marchal est présentée du mercredi 7 au dimanche 18 septembre de 12h à 19h à l'Hôtel des Ventes Drouot Montaigne et l'ensemble du vendredi 23 au lundi 26 septembre de 10h à 19h à Paris Expo Porte de Versailles (1 place de la porte de Versailles - 75015). Cliquez sur les liens suivant pour avoir accès à chacune des trois vacations : première, seconde, troisième.

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Fra Angelico et les Maîtres de la lumière

3.-FA_madonna-di-cedri_pise300a.jpgPhotographies 1 (détail) et 2 : 3. FA madonna-di-cedri pise300Madone aux cèdres de Fra Angelico, vers 1419-1423, tempera sur bois, 102 x 58 cm, Musée national de San Matteo, Pise. © 2011. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali. Au Moyen-âge en particulier mais aussi par la suite, les images de la Vierge avec Jésus, son enfant, sont toujours une métaphore de l'oeuvre divine. Cette femme est l'archétype de la création dans sa majesté et sa splendeur … une cosmogonie que les artistes qui la représentent trouvent autour d'eux dans les figures féminines les plus belles qu'ils peuvent imaginer ou contempler. Celle de cette peinture est d'une beauté assez surprenante. Son teint est bleu comme l'est celui des deux autres personnages. Elle est maquillée avec finesse : ses yeux sont dessinés, sa bouche est d'un délicat saumon et ses joues sont rehaussées de rose. Ses cheveux dorés et ondulés semblent être coiffés 'à la romaine' et tiennent un très léger voile. Elle porte une auréole aux volutes végétales. Sa tunique de la même couleur que ses joues est brodée de fils d'or avec notamment des motifs ressemblant à des flocons de neige. Au dessus, un drapé bleu-nuit est lui aussi brodé d'or et doublé à l'intérieur d'une matière tout aussi lumineuse. Jésus est totalement nu, tenant dans sa main gauche quatre petites roses très gracieuses formant une croix. La vierge est assise sur un coussin d'un vert profond, brodé d'or comme le tapis de sol au fond rouge. Presque tout le reste du tableau est doré. Ces couleurs rappellent celles de l'aurore, avec le bleu nuit du drapé qui s'efface à la lumière or du soleil qui découvre un ciel bleu et les couleurs rosées du matin.
BeatoAngeliconcoronazionedetail1vierge300.jpgAborder l'oeuvre de Fra Angelico (1387-1455) 6. Beato Angelico, Incoronazione galleria degli Uf-copie-2est une véritable expérience mystique. A première vue ses tableaux sont naïfs, d'un primitif italien qui ne semble pas très extraordinaire. En s'approchant on note les détails, les histoires racontées. On y découvre tout ce que l'on souhaite : réalité, chimères, pauvreté, richesse, religion, vie civile, dessin, couleurs … C'est lorsque l'on revient à l'ensemble de la peinture que l'on est happé, comme on peut l'être face à certaines icônes. On comprend que ces petites histoires, ces détails, sont des prismes d'une lumière unique d'une infinie richesse. Le titre Fra Angelico et les Maîtres de la lumière de l'exposition qui se déroule à partir du 23 septembre 2011 jusqu'au 16 janvier 2012 à Paris, au Musée Jacquemart-André, est donc pertinent. Ce musée est le premier en France à rendre hommage à ce peintre, figure majeure du Quattrocento. L’exposition présente près de 25 œuvres importantes de celui-ci et autant de panneaux réalisés par les peintres prestigieux qui l’ont côtoyé : Lorenzo Monaco, Masolino, Paolo Uccello, Filippo Lippi ou Zanobi Strozzi.
Photographies 3, 4 et 5 : Le Couronnement de la Vierge de Fra Angelico, 1434-1435. Inv. 1890, n. 1612, tempera sur bois, 114 × 113 cm, Galerie des Offices, Florence. © 2010. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali.
Beato-AngelicoIncoronazionedetailgroupedemlusiciens350.jpg

Cette exposition est aussi une occasion pour visiter le musée Jacquemart-André. 

Une visite virtuelle Musée Jacquemart-André est visible ici.

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Preciosa et verrerie au musée du Cinquantenaire de Bruxelles

1nesessairedetoilette400Photographies1nesessairedetoilette300 1 et 2 : « « Nécessaire. Paris, 1755-1756. Agate, rubis et or. Inv. V.2804. » ©  musée du Cinquantenaire de Bruxelles. Ce nécessaire de poche (ou étui-nécessaire) semble contenir entre autres deux flacons avec un bouchon en forme d'oiseaux, une tablette, un crayon, un passe-lacet, une cuillère, un cure-oreille, un étui à messages etc. Voir l'article Les Objets de parfums que l'on porte sur soi au XVIII e siècle.
Depuis le mois de juin de cette année, deux nouvelles salles sont à découvrir au musée du Cinquantenaire à Bruxelles. L'une est consacrée à la verrerie ancienne  et l'autre aux preciosa  selon le terme employé par le musée. En France on utilise l'expression 'objets de vitrine' pour désigner ces carnets de bal, boîtes à priser, drageoirs, boîtes à mouches, flacons à sels, vinaigrettes, nécessaires divers, éventails, portraits miniatures, bijoux précieux ou sentimentaux, petites horloges et montres, lunettes et autres instruments d’optique ... de cette nouvelle collection. Celle consacrée à la « verrerie » constitue d'après le musée : « un des ensembles les plus importants dans le monde. Elle est non seulement vaste, mais elle est également une collection de référence, beaucoup de pièces ayant intégré le musée avant l’émergence des styles néo. Cela est notamment vrai pour les verres à la façon de Venise, réalisés aux XVIe et XVIIe siècles à Anvers, Liège et Bruxelles en utilisant des techniques et des modèles vénitiens.  » « Outre les verres vénitiens ou à la façon de Venise, d’autres techniques sont largement présentées : verre de forêt, verres gravés à la pointe de diamant, à la roue ou au pointillé, verre taillé, etc. Le tout raconte une histoire européenne, avec des centres de production et de décoration situés à Venise, dans les Pays-Bas méridionaux, dans les régions allemandes, en Bohème, en Angleterre, aux Pays-Bas et en France. »
verre1-2Photographie ci-dessus avec détail : « Orphée et Eurydice dans le Jardin des Muses. Cristal de Bohême gravé à la roue. Silésie, 1er quart du XVIIIe siècle. Inv. V 494. » ©  musée du Cinquantenaire de Bruxelles.
verre1-3Photographie ci-dessus avec détail : « Les trois Grâces dansant. Cristal anglais: Newcastle, gravé au pointillé en Hollande: David WOLFF (Bois-le-Duc 1732-La Haye 1798), dernier quart du XVIIIe siècle. Inv. VE 144. » ©  musée du Cinquantenaire de Bruxelles.
Photographie ci-dessous : « Calice à serpents. Verre à la façon de Venise. Liège ou Bruxelles, XVIIe siècle. Inv. 255. » ©  musée du Cinquantenaire de Bruxelles.

4300© Article LM

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Au lit au Moyen Âge

dame recevant ds sa chambredetail442Photographies dame recevant ds sa chambredetail3001 et 2 : 'Dame recevant depuis sa chambre'. Illustration de Histoire de Renaut de Montauban, Flandre, XVe s. Paris, © Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit n° 5072 Res., folio 202 verso.
Jusqu'au XVIIIe siècle le lit est un lieu de 'sociabilité' important. Durant l'Antiquité on y dort, se repose, banquette, mange, boit, discute … D'importants dialogues de Platon se font sur des lits. On continue de recevoir couché jusqu'au XVIIe siècle. J'en parle dans mon article sur Les Précieuses et les femmes de lettres. La ruelle, c'est à dire la petit rue qui longe le lit, est un lieu d'apprentissage du dialogue antique que la philosophie courtoise poursuit. C'est là que les fondements du 'savoir vivre' sont initiés. De la ruelle on passe au XVIIIe siècle à la table de toilette et de celle-ci au monde … au 'grand monde' comme on le dit entre autres au XIXe. Entre l'Antiquité et le siècle des Lumières il y a le Moyen âge où le lit occupe une place tout aussi importante. La première photographie semble accréditer le fait que les dames reçoivent dans leur chambre : dans la ruelle, bien avant le XVIIe siècle. Du reste le lit (en particulier le lit de jour) se prête tout à fait à cela. Il s'agit d'une pratique issue de l'Antiquité qui n'est pas propre à l'Occident mais aussi à l'Extrême Orient (voir les représentations du Bouddha Shakyamuni couché). Dans la photographie suivante c'est le roi qui réceptionne dans sa ruelle dans un lit qui est sans doute un meuble d'apparat et l'ancêtre du 'lit de jour'.
lit charlesVI300Photographie 3 : Illustration de Dialogues de Pierre Salmon et Charles VI. France, début du XVe s. Paris, © BnF, manuscrit français n° 23279, folio 19. Ici le roi Charles VI reçoit couché. A noter les poulaines (chaussures à bouts pointus) de celui-ci (les protagonistes de la première photographie en portent aussi mais un peu moins longues et pas décorées comme ici), son habit noir brodé aux fils d'or de textes et figures, ainsi que les chapeaux 'en turban' qui sont à la mode à cette époque.
L'exposition Au lit au Moyen Âge, qui se déroule jusqu'au13 novembre 2011 à Paris dans la Tour médiévale de Jean sans Peur, nous offre à l'aide d'un parcours photographique quelques informations sur sa fonction. On peut ainsi y lire : « Au XVe siècle, les grands procès sont jugés par le roi dans un lit de justice, espace surélevé à l’intérieur d’une clôture. Son trône est surmonté d’un dais et entouré de tentures, à l’image d’un lit, d’où le terme de lit de justice. C’est également allongés sur un lit que les grands donnent audience à leurs proches et alliés, astreints à demeurer debout. Paradoxalement, être couché est le signe d’un statut supérieur. Dans la chambre de parement, pièce destinée aux fonctions officielles, un lit d’apparat est dressé. Ce meuble de prestige est exposé aux yeux des visiteurs, sans qu’il en soit fait usage. Dans les cours royales et princières, il est de dimensions extravagantes, comme en témoigne la description d’une couverture de fourrure appartenant au roi Charles V (1364-1380) et dépassant les 38 m2 ! » Souvent on naît et on meurt dans le même lit. « Les défunts sont inhumés cousus dans leur linceul, à savoir le drap de leur lit, puis couchés dans la terre jusqu’à la consommation des temps. Le christianisme médiéval veut que les chrétiens soient enterrés ApparitionDameNature300acouchés sur le dos, face tournée vers le ciel. L’assimilation entre le sommeil et la mort est profonde : la tête du défunt est posée sur un oreiller.  » Le lit est donc un lieu de passage à la vie, à la mort, au rêve, au réveil, à l'autre. C'est un endroit particulièrement propice à la féérie, au plaisir, à la convalescence et au repos, ainsi qu'un endroit protecteur dans lequel on est au chaud ...  C'est donc tout un monde.
Photographie 4 : 'Un beau rêve : Dame Nature et ses oiseaux'. Livre des échecs amoureux, France, fin du XVe siècle, Paris, © BnF, manuscrit français n° 9197, folio 13. Voici ce que dit la Bibliothèque nationale de France au sujet de cet ouvrage : « Composé en prose par Évrart de Conty vers 1400, le Livre des échecs amoureux se présente comme le commentaire d'un poème allégorique inspiré du Roman de la Rose. Utilisant la symbolique des dieux antiques et du jeu d'échecs, Évrart de Conty relate le parcours initiatique d'un jeune prince, "l'Acteur", et traite ainsi "des mœurs et du gouvernement de la vie humaine". Au terme de sa quête, l'Acteur rencontre une jeune demoiselle avec laquelle il prend place autour de l'échiquier symbolique. À chacun des partenaires sont attribuées des pièces représentant autant de qualités ou de comportements relatifs à l'amour courtois. Chef-d'œuvre de l'enluminure flamande du XVe siècle, ce manuscrit comprend vingt-quatre peintures, œuvre du Maître d'Antoine Rollin. » Douze sont visibles ici et les autres ici.
Quelques lits : grecs 1, 2 et 3 ;  d'amour charnel durant l'antiquité ; au XVe siècle 1, 2, 3 (à noter la coiffure) et 4 ; de naissance ; d'une chambre de Louis XIV ; d'une chambre ou d'un boudoir du XVIIIe siècle ; de plaisir au XVIIIe siècle ; à l'antique en 1800 ; du XIXe siècle. Pour les différents modèles de lits voir proantic.com.
Photographie 5 : 'Un lit de parade géant'. Vie et miracles de monseigneur Saint Louis, France,  1480, Paris, BnF, ms. français 2829, folio 3 représentant l’auteur remettant son ouvrage au cardinal de Bourbon.

lit apparat300© Article LM

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Inspirations gothiques, baroques et rococos.

VivienneWestwoodRobedetaild300Comme VivienneWestwoodRobedetailcje l'ai écrit dans les articles Les modes gothiques et le style troubadour du XIXe siècle et Le baroque et le rococo : les styles et les personnes, on utilise depuis plusieurs siècles les termes de 'gothique', 'baroque' et 'rococo' pour désigner des modes ou des personnes suivant des tendances passées voire totalement désuètes. Pourtant selon Rose Bertin (1747-1813) la fameuse modiste de Marie-Antoinette : « Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié ». Le titre de cet article est donc un clin-d'oeil amusé qui rend hommage à certains aspects de la mode et ses bons de chamois virevoltant de-ci-de-là, en avant ou en arrière (mais tout de même toujours en avant), que l'exposition Le XVIIIe au goût du jour nous donne à goûter.
Photographies 1 et 2 : Robe longue imprimée de chérubins de Vivienne Westwood. Prêt-à-porter printemps-été 1991. Collections Galliera. © EPV / J-M Manaï, C Milet.
Photographie 3 : © Photographie LM prise pendant la conférence de presse.
Il est rare que je fasse plusieurs articles sur une exposition. Pourtant celui-ci est le troisième sur
celle intitulée Le XVIIIe au goût du jour qui se déroule jusqu'au 9 octobre 2011 au Grand Trianon du château de Versailles. Le premier article est visible ici : Le XVIIIe au goût du jour  ; et le second ici : Le bon goût à nouveau de mode ?
C'est grâce à Brigitte Campagne d'Ancienne Mode que l'information de la préparation de cette exposition est arrivée jusqu'à moi. Son intérêt principal est qu'elle éduque le goût à un savoir-faire présent dans la mode du XVIIIe siècle toujours guerlin detailconservé aujourd'hui dans quelques mains et ateliers comme l'explique dans une des deux vidéos ci-dessous Olivier Saillard le directeur du musée de la Mode et du Textile de Paris  qui y  présente l'exposition. Dans la troisième vidéo (la première), Vivienne Westwood, à l'origine avec Malcolm McLaren et tous les autres des mouvements punk et pirate, explique comment elle a puisé une partie de son inspiration dans l'époque des merveilleuses et des incroyables. Sa robe présentée dans l'exposition (photographies 1 et 2) est du reste dans un goût XVIIIe intégré : faite dans un tissu délicat et un imprimé mettant en scène la nature et l'amour (avec des nuages qui vus de près sont constitués d'amoncellements d'angelots), dans un camaïeu cramoisi, tout cela rappelant certains motifs de tissus du XVIIIe siècle, avec un air de déshabillé et de robe de chambre très à la mode alors. Rappelons en aparté que des mouvements comme le punk, la new-wave, le gothique, la techno-industrielle ou le grunge sont, avant d'être provocateurs, le reflet d'une société parfaitement cynique où l'on appuie que les solutions d'avenir sont le nucléaire, les ondes électromagnétiques (téléphone portable, wifi ...), le rsa, les petits arrangements avec des dictatures comme la  République populaire de Chine etc etc etc. Il reste dans ce XXI e siècle à voir au-delà, en s'inspirant entre autres de ce qu'il y a de meilleur dans le passé pour créer quelque chose de mieux pour le futur ! 

Vivienne Westwood parle du XVIIIème

Visite guidée de l'exposition "Le XVIIIème au goût du jour" par Olivier Saillard

Mannequinage des robes de l'exposition "Le XVIIIe au goût du jour"

Photographie : Pour conclure voici une gravure que j'ai déjà présentée à plusieurs reprises dans ce blog mais qui illustre très bien l'intervention de Vivienne Westwood. Il s'agit d'une estampe d'époque 1798, « dessinée d’après nature sur le Boulevard des Capucines » provenant du Journal des Dames et des Modes : une revue parisienne de mode célèbre à partir de 1797. La jeune fille a une coiffure dite textuellement « en porc-épic » qui rappelle la mode punk.

chevelureenporcepic1798300lm© Article LM

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Le château royal de Fontainebleau parle à l’âme et au coeur de notre histoire et de notre patrimoine.

LouiseMariedeFrance300Photographie : Représentation de Louise-Marie de France (1737-1787) plus jeune fille de la reine Marie Leszczyńska et du roi Louis XV.
Les premières traces d'un château à Fontainebleau remonteraient au moins au XIIe siècle. Depuis de nombreux aménagements ont été pratiqués. Cet édifice comprend des éléments de styles médiévaux, mais surtout Renaissance et classiques, avec les derniers travaux effectués au XIXe siècle. Comme l'explique Wikipedia : « Il témoigne de la rencontre entre l'art italien et la tradition française exprimée tant dans son architecture que dans ses décors intérieurs. Cette spécificité s'explique par la volonté de François 1er de créer à Fontainebleau une « nouvelle Rome », dans laquelle les artistes italiens viennent exprimer leur talent et influencer l'art français. C'est ainsi que naquit l'École de Fontainebleau, qui représenta la période la plus riche de l'art renaissant en France, et inspira la peinture française jusqu'au milieu du XVIIe siècle, voire au-delà. Napoléon Ier surnomma ainsi le château la « maison des siècles », évoquant par là les souvenirs historiques dont les lieux sont le témoignage. » Une exposition intitulée Parler à l'âme et au coeur y a donc toute sa place. Celle-ci se déroule en ce moment et jusqu'au 19 septembre 2011. Elle atteste du goût pour la peinture de  Marie Catherine Sophie Félicité Leszczyńska (1703-1768), épouse de Louis XV et reine de France de 1725 à 1768. De nombreux éléments du décor des grands et des petits appartements du château sont là pour le confirmer. Avec cela sont présentées des œuvres peintes par Oudry, Nattier, les Coypel, Vien ou Pierre, et d'autres exécutées par la reine elle-même. C’est toute une atmosphère qui est ainsi restituée le temps de cette exposition. À cette occasion est présenté pour la première fois au public le « cabinet des Chinois », livré pour Versailles, dont les sept peintures à sujet exotique sont le résultat d'un véritable travail de collaboration entre Marie Leszczyńska et les peintres du cabinet du roi.

Et si cette exposition nous transporte dans le XVIIIe siècle, se promener dans le château de Fontainebleau c'est aussi se baigner dans le XVIe de la Renaissance française, du Maniérisme et de l'École de Fontainebleau avec ses douces et pénétrantes couleurs qui rappellent celles des oeuvres d'art antiques et de magnifiques représentations de femmes aux silhouettes 'longues' et gracieuses telles les sculptures autour de la peinture intitulée 'Alexandre domptant Bucéphale' par Le Primatice (1504-1570). Et comme la toilette est un thème récurent de ce blog, voici quelques iconographies de l'École de Fontainebleau sur ce tème : Vénus à sa toilette ; Femmes au bain ; Gabrielle d'Estrées au bain ; Gabrielle d'Estrées et une de ses soeurs ; Dame à sa toilette ; Allégorie, dite Allégorie de l'Eau ou Allégorie de l'Amour ; Dames au bain ; Hyante et Climène à leur toilette.

© Article LM

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Enluminures et coiffes du XVe siècle et de la Renaissance

3enluminures300Photographie 1 : Trois peintures en pleine page de l'exposition Enluminures du Moyen Age et de la Renaissance qui se déroule jusqu'au 10 octobre au musée du Louvre à Paris, avec de gauche à droite :
- « Arbre de consanguinité » par Guillaume Vrelant. Page provenant d'un manuscrit du XVe siècle des Pays-Bas – Bruges et conservée au département des Arts graphiques du musée du Louvre, RF 1698. © 2006 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola.
8 Fouquet Ste Marguerite MI1093 300- Peinture du Maître du livre d’Heures de Dresde des mêmes : siècle, provenance et lieu de conservation sous l'inventaire INV 20694 bis. © idem.
- « Bethsabée au bain » par  Jean Pichore. Iconographie issue d'un manuscrit français du XVIe siècle conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre, RF 4243. © 2004 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola. La photographie ci-dessous à droite est un détail de cette peinture.
Photographie de gauche : Peinture pleine page  (de la même exposition) de Jean Fouquet (vers 1415 – vers 1480), représentant Saint Martin, conservée au département des Arts graphiques du musée du Louvre sous la référence MI 1093. © RMN / Thierry Le Mage. Ce saint chrétien est particulièrement populaire en France notamment parce qu'il est à l'origine des premiers monastères en Gaule. Un épisode largement représenté dans l'iconographie médiévale est celui où, encore soldat romain, il offre la moitié de son manteau à un pauvre. D'après Wikipedia : « La cape de saint Martin de Tours, qui fut envoyée comme relique à la chapelle palatine de Charlemagne d'Aix-la-chapelle, est aussi à l'origine du mot chapelle, c'est-à-dire l'endroit où l'on gardait la cape du saint qui était emportée lors des batailles et portée en bannière. » La peinture de Jean Fouquet semble situer son action lorsque saint Martin est encore soldat, avant ou après le partage de sa pelisse (cape). Il est amusant de constater qu'il s'apprête à passer au milieu de moutons et de fileuses : tout cela nous rapprochant beaucoup de la mode … ou du moins de l'importance protectrice de l'habit.
17 Pichore RF 4243dameselavant 300Ayant fréquenté lors de mes études la section des manuscrits de la bibliothèque nationale de France, rue de Richelieu à Paris, je sais les trésors de miniatures que recèlent certains livres médiévaux, avec un patrimoine en latin et en ancien français d'une incroyable finesse : mille ans d'une évolution mise entre parenthèses par le classicisme et pourtant d'une richesse incommensurable … une véritable corne d'abondance qui attend dans des bibliothèques et réserves d'être divulguée, notamment sur internet. Bien sûr le Moyen-âge est une période difficile d'approche pour diverses raisons : la longueur de la période (Ve - XVe siècles) ; la nécessaire connaissance du latin, de l'ancien français, des écritures employées comme la calligraphie gothique, des histoires générales et particulières d'une France qui se construit avec une multitude de particularités régionales ; une esthétique très éloignée de la figuration classique, de la perspective réaliste du XXe siècle et de l'abstrait ;  le peu d'intérêt qu'il suscite à l'époque moderne depuis le XVIe siècle etc.
Non seulement ces manuscrits peuvent receler des textes très rares mais aussi des peintures avec de véritables chefs-d'œuvre. Certains livres contiennent de nombreuses merveilles iconographiques  toutes uniques. Si celles-ci ont beaucoup plus de valeur dans l'ouvrage même pour lequel elles sont conçues, certaines nous sont parvenues en dehors de celui-ci. Si une telle pratique est fâcheuse, il n'en reste pas moins que ces pages nous sont aujourd'hui ainsi transmises et restent des trésors. Le Louvre possède un fonds de telles enluminures. Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre, nous explique que ce fonds réunit « un bel ensemble de peintures de livres, qui, suivant une pratique aussi ancienne que regrettable, ont été découpées dans des manuscrits souvent luxueux ou prestigieux quand la fonction liturgique, littéraire ou scientifique des ouvrages où elles se trouvaient apparaissait secondaire en regard de la valeur artistique de leur illustration. La conscience esthétique, de plus en plus forte à partir du XVIIIe siècle, a ici joué contre l’intégrité des livres. Le vandalisme ordinaire et les appétits du marché ont fait le reste. Dans un mouvement inverse, cette conscience a animé la volonté des coiffuresdames300amateurs et des collectionneurs de préserver les feuillets épars des manuscrits dépecés ou découpés et nous devons à ceux-ci de posséder encore aujourd’hui des pièces incomparables de l’enluminure européenne : les miniatures peintes par le Maître du Parement pour les Très Belles Heures de Jean de Berry, les grandes pages peintes par Fouquet pour une Histoire ancienne, un feuillet des Heures noires de Charles le Téméraire et les deux pleines pages de Giulio Clovio comptent parmi ces œuvres inestimables.  »
La publication du catalogue raisonné de cet ensemble offre l’occasion d’en découvrir  pour la première fois les raffinements dans l'exposition Enluminures du Moyen Age et de la Renaissance qui se déroule jusqu'au 10 octobre au musée du Louvre avec près de « soixante-dix enluminures italiennes, françaises, flamandes et germaniques, provenant de manuscrits historiques, littéraires ou liturgiques où dominent les chefs-d’œuvre de Jean Fouquet, Lorenzo Monaco, Guillaume Vrelant, Simon Bening et Giulio Clovio. Une vision précieuse sans égale, née de la rencontre du livre et de la peinture du XIe au XVIe siècle. »
Je profite de cette exposition, à travers des exemples présentés dans celle-ci, pour reprendre un thème qui m'est cher : celui de la mode, en particulier au Moyen-âge, période dont la finesse des parures, langages et moeurs est sans commune mesure avec aujourd'hui.
Photographies de gauche et ci-dessous : Détails des trois peintures de la photographie précédente avec d'abord des coiffes de femmes puis d'hommes, aux XVe et XVIe siècles.
Les coiffes de femmes représentées sont du XVIe siècle pour les deux premières et du XVe pour toutes les autres avec les chapeaux à la mode durant ce siècle : hennin, coiffes à cornes et en turbans.

Voici d'autres modèles de : hennins (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et détail), coiffes à cornes (1 et 2), coiffure à nattes (1), coiffures en cheveux (1 et 2), diadème (1), autres coiffures (1 et 2).

L'exposition Fashion in the Middle Ages ('Des modes du Moyen-âge') du The J. Paul Getty Museum  de Los Angeles aux Etats-Unis présente jusqu'au 14 août plusieurs iconographies du XVe siècle avec des exemples de ces coiffes comme ici ou ici.
Les détails ci-dessous sont tous de la même peinture du XVe siècle et révèlent un aspect de la richesse des formes de chapeaux pour hommes alors.

coiffureshommes500© Article LM

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Chefs-d'oeuvre représentant Marie au Puy-en-Velay

TitienMarie500Photographies 1 et 2 : La Vierge au lapin de Titien (1490-1576) du musée du Louvre, inv. 743. © 2007 Musée du Louvre / Angèle Dequier.
Photographie 3 : Vierge de l'Annonciation, de la fin du Ve siècle, provenant d'Egypte (art Copte) et conservée à Paris au musée du Louvre. © 2009 Musée du Louvre / Georges Poncet.
Jusqu'au 3 octobre l'Hôtel-Dieu du Puy-en-Velay accueille l'exposition : Regards sur Marie, où sont présentés des chefs-d'oeuvre  représentant la mère du Christ. 26 œuvres d'art du Louvre y dialoguent avec d'autres prêts d'institutions françaises ou d'églises de la Haute-Loire parfois méconnus ou peu visibles. Des chefs-d'oeuvre de Rembrandt, Titien, de La Tour, Ingres etc. sont ainsi rassemblés dans cette ville qui abrite une des plus fameuses Vierge noire de France.   ViergeAnnonciation300

© Article LM

 

 
 

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Iconographies bucoliques dans la toile de Jouy

habits 522D'après Wikipédia l’impression PartiesdeCampagne-prolongation.jpgsur du textile « daterait du IIe millénaire av. J.-C. et serait originaire des Indes. » A l'époque de la Compagnie des Indes (à partir de la fin du XVe siècle), les tissus sont un des articles importés. Ce commerce est interdit en France en 1686 afin de favoriser les productions locales, en particulier les soieries lyonnaises. On appelle aussi « indiennes » les tissus confectionnés en Europe entre le XVIIe siècle et le XIXe qui sont des 'imitations' des étoffes importées en particulier d'Inde. La manufacture de Jouy-en-Josas en fabrique de réputées. Elle est fondée en 1760 par Christophe-Philippe Oberkampf et donne le nom de « toile de Jouy » à un certain type de tissu imprimé fabriqué à cette époque (jusqu'à aujourd'hui) dans plusieurs endroits.
Le musée de la Toile de Jouy (www.museedelatoiledejouy.fr), situé dans le Château de l’Eglantine à Jouy-en-Josas en région parisienne (Yvelines), possède bien évidemment une collection d'indiennes et d'objets liés à la mode d'autrefois. Il y a quelques années de cela, une belle exposition y présentait un don d'une collection liée à la mode et à la toilette féminine au XVIIIe siècle. Jusqu'au 3 janvier 2012 le musée propose une exhibition consacrée à la représentation de la campagne et des jardins dans les toiles anciennes imprimées à Jouy-en-Josas et dans d’autres grandes manufactures françaises. Elle s'intitule Parties de Campagne : Jardins et champs dans la toile imprimée des XVIIIe et XIXe siècles.
Photographies : Affiche de l'exposition et vêtements anciens en toile de Jouy.

© Article LM

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Du corset à la crinoline : Les lignes caricaturales d'un corps social du XIXe siècle qui se dessine.

Photographie 1 : cat88-300« Honoré Daumier, Plus que ça d’ballon... excusez !..., planche 199 de l'album Actualités, publiée dans Le Charivari le 13 juin 1855, lithographie, 24,9 x 20,5 cm […] t.22 […]. © Bibliothèque Nationale de France. »
Le XIXe siècle est marqué par la Révolution qui le précède et les nouvelles idées qu'elle a engendrées. Le retour à l'ancien régime (royauté et empire) redonne aux femmes le corset et les volumes avec la crinoline, mais rigidifie une silhouette manufacturée par une industrialisation galopante. Ce corps social qui goûte à de nouvelles promesses tout en s'enfermant dans d'anciens et nouveaux carcans est une proie facile pour la caricature et les artistes. Ce siècle est celui d'un Paris tout à la fois bourgeois, aristocratique, bohème, révolutionnaire et ouvert sur le monde, qui se termine dans l'établissement d'une République qui perdure jusqu'à aujourd'hui. Cette époque transitoire est du pain béni pour les caricaturistes qui aiment à croquer les petites et les grandes histoires. L'oeuvre de trois d'entre eux est l'objet de l’exposition Pour Rire ! Daumier, Gavarni, Rops. L’invention de la silhouette qui se cat12-300déroule actuellement et jusqu'au 18 septembre 2011 au musée d’art et d’histoire Louis-Senlecq (Val d’Oise) en collaboration avec le musée provincial Félicien Rops de Namur (Belgique) et l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Cette exposition compare plus d’une centaine de dessins, de lithographies et de peintures de ces caricaturistes de talent. Les trois savent retranscrire la voix individuelle dans le choeur social avec souvent un humour d'observation particulièrement savoureux. 
Sulpice-Guillaume Chevalier, dit Paul Gavarni (1804-1866) est une source importante pour qui s'intéresse à la mode. Il dessine pour de très nombreuses revues illustrées parisiennes de son époque et notamment pour certaines consacrées au bon ton. Il collabore avec Balzac, un autre témoin dandy de son temps. Il donne le nom de 'lorettes' aux jeunes femmes qu'il dessine et qui sont  issues de l'exode rural occupant un nouveau quartier de la capitale construit autour de l'église Notre Dame de Lorette. C'est le sujet de séries de caricatures parmi d'autres comme 'La Vie de jeune homme', le carnaval ('Les Débardeurs'), 'Les Partageuses', 'Les Anglais chez eux, 'Les Parisiens', 'Les Fashionable',  etc. Il cat89-300dessine pour les volumes de Les Français peints par eux-mêmes qui comme plusieurs autres livres illustrés qui sortent par la suite, tels La Comédie de notre temps de Bertall ou Physiologies parisiennes d'Albert Millaud, sont remplis de ces personnages qui suivent et créent le goût du jour depuis les artistes jusqu'au grand-monde en passant par  les demi-mondaines, les lions,  les gommeux et les crevettes de toutes sortes. Les caricaturistes qui peignent ainsi le monde qui les entoure sont nombreux : Cham, Gustave Doré, Daumier, Rops … Certains sont connus, d'autres à découvrir. L'explosion du nombre de revues, journaux, livres ... et les nouvelles facilités d'impression qui permettent d'inclure plus aisément des illustration et de publier en grandes quantités donnent du travail aux dessinateurs et écrivains reconnus ou de la bohème artistique du XIXe siècle.
Photographie 2 : « Honoré Daumier, C’est unique! j’ai pris quatre tailles,  juste comme celles là dans ma vie, planche 27 de l'album Emotions Parisiennes, publiée dans Le Charivari le 07 février 1840, lithographie, 18,7 x 24,4 cm, […]  t. IV. © Bibliothèque Nationale de France. »

Photographie 3 : « Félicien Rops, Crinolines, planche parue dans Uylens spiegel n°38 le 19 octobre 1856, lithographie, 24,3 x 18,3 cm. G33.1. © Musée Félicien Rops, Province de Namur. »

© Article LMsilhouettes300

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Au corps de l'oeuvre d'Ingres

IngresPortrait300Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) a légué à Montauban, sa ville natale, un corpus de centaines de ses dessins que le musée de cette ville complète d'autres acquisitions, conserve et étudie … recherches qui permettent non seulement d'avoir connaissance des techniques employées par l'artiste mais aussi d'appréhender la conservation d'un papier qui se transforme beaucoup dans la première moitié du XIXe siècle, se fragilisant du fait des nouveaux procédés de fabrication utilisés pour une diffusion à plus grande échelle et à moindre coût. L'exposition Ingres / Secrets de dessins, qui se déroule jusqu'au 6 novembre au musée Ingres de Montauban (voir la vidéo ici), témoigne du type de recherches que l'on peut faire afin de mieux connaître l'oeuvre d'un artiste ; et offre des clés utiles d'expertise pour les collectionneurs et les professionnels tout en éduquant les néophytes. Et puis cette exposition nous rappelle qu'Ingres est un témoin important de la vie de son époque comme le montre cette série de portraits d'hommes : un inconnu (vers 1797) - Jean-François Gilibert (vers 1804/05) - François-Marius Granet (en 1807) - Edme Bochet - Jean-Pierre Cortot (sculpteur) ; et de portraits de femmes : les deux soeurs Harvey (vers 1804) - Mademoiselle Caroline Rivière - Marie-Louise Bénard (en 1819) -  Louise de Broglie (contesse d'Haussonvilleen, en 1845) - princesse de Broglie (vers 1851-1853). 
Photographie 1 : Portrait de Madeleine Chapelle : la première femme de l'artiste. Celle-ci est habillée à la mode de vers 1813 : la capote a une haute calotte alors que la visière se rétrécit par rapport à précédemment (voir à ce sujet l'article intitulé La petite maîtresse invisible) ; la robe garde la forme de la tunique 'à l'antique' avec une taille très haute (en dessous des seins), mais la poitrine est entièrement couverte, et une fraise autour du cou rigidifie un peu plus la silhouette plus libre avant (poitrine et cou découverts) ; mais le corset n'est toujours pas de rigueur. Le papier utilisé pour ce dessin paraît assez moderne pour l'époque. Il ne semble pas être vergé et sa qualité assez médiocre comme le prouvent les nombreuses taches dont les origines peuvent être multiples : comme le contact avec un verre ou un carton de mauvaise qualité, mais qui sont souvent dues en particulier à la qualité du papier employé. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle le papier est fabriqué à partir de chiffons. IngresfiligraneIl est dit 'vergé' car laissant apercevoir en transparence les lignes formées au contact des vergeures (horizontales) et des chaînettes (verticales) qui composent le tamis avec lequel est fabriqué le papier. Puis de nouvelles techniques apparaissent qui vont beaucoup évoluer au XIXe siècle. Non seulement la matière du papier change avec l'utilisation de fibres végétales comme le bois et de nouvelles colles mais aussi sa fabrication à partir de machines de plus en plus sophistiquées. © Photographie Musée Ingres de Montauban.
Photographie 2 : Image en transparence d'un papier chiffon utilisé par l'artiste, avec les caractéristiques du papier vergé que j'ai évoquées dans la description de la première photographie, et le filigrane. Les filigranes sont rendus obligatoires en France dès la fin du XIVe siècle et au début du XVe. Le papetier forme avec du fil de laiton sur le tamis le dessin de sa 'maison'. La feuille produite (dont la grandeur fait généralement un double in-folio) est ensuite découpée selon les usages. Le papier d'une gravure ne contient donc pas obligatoirement de filigrane. Chaque papeterie ayant sa 'marque' qui évolue avec le temps : le filigrane devient un élément important de datation d'un papier et par là d'un dessin ou d'une gravure. Mis en juxtaposition avec toutes les autres données il peut permettre une expertise précise. © Photographie Musée Ingres de Montauban.

© Article LM

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Madame Grès : un idéal féminin sculpté au corps par le drapé et la délicatesse des plis.

robeGres300Photographie d'une robe de Madame Grès. © Musée Galliera.
Le musée de la Mode (musée Galliera) possède un fonds riche de 90 000 pièces qu'il conserve et expose. La charmante équipe qui le constitue propose en ce moment deux évènements particulièrement intéressants dans leur mise en scène. L'un se déroule au Grand-Trianon de Versailles. Deux articles de mon blog lui sont consacrés : Le XVIIIe au goût du jour  et Le bon goût à nouveau de mode ? La seconde exposition a lieu jusqu'au 28 août 2011 au musée Bourdelle à Paris et s'intitule : Madame Grès, la couture à l'oeuvre au musée Bourdelle. Des vêtements, des dessins et des photographies présentent l'oeuvre de la créatrice parisienne de haute couture Madame Grès (1903 - 1993) au milieu de sculptures d'Antoine Bourdelle (1861 – 1929). Les robes de cette artiste incarnent un idéal féminin et rappellent le classicisme des tuniques des femmes grecques et romaines, où la beauté s'exhibe avec pudeur et féminité dans la délicatesse des tissus et la justesse des plis qui soulignent le corps et son mouvement dans une séduction à chaque instant renouvelée.

© Article LM

 


Madame Grès - La couture à l'œuvre par paris_musees

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Le salon de Madame Geoffrin

AfficheExpoMmeGeoffrin300Jusqu'au 24 juillet 2011, la maison de Chateaubriand de  Châtenay-Malabry  accueille une exposition intitulée  Madame Geoffrin, une femme d'affaires et d'esprit.
Mme Marie-Thérèse Rodet Geoffrin (1699 – 1777)  est connue pour le salon qu'elle tient dans son hôtel particulier de la rue Saint-Honoré, où elle accueille dans le second tiers du XVIIIe siècle de nombreuses personnalités en particulier des Lumières. Cette exposition présente plus de 400 oeuvres baignant le visiteur dans cette atmosphère à la pointe de la modernité d'une époque avec en particulier : « un portrait inédit de madame Geoffrin peint par Allais (1747), un portrait inédit de madame de Rambouillet (1646) attribué à Philippe de Champaigne, une pendule ayant appartenu à Diderot, un somptueux service en porcelaine de Vienne offert par l’impératrice Marie-Thérèse à madame Geoffrin, des lettres échangées avec le roi de Pologne, Catherine II, Marie-Thérèse..., des tableaux provenant de ses collections, des œuvres dont madame Geoffrin aimait s’entourer, des tableaux de François Boucher, Claude-Nicolas Cochin, Joseph Vernet, Carle Van Loo, aujourd’hui conservés essentiellement en collections privées ... » … que du beau monde !!
A cette époque madame Geoffrin occupe le devant de la scène des salons qui contribuent à répandre  la philosophie des Lumières. Elle s'inscrit parmi les grands protecteurs des arts et des sciences  dont les sociétés se donnent en dehors de la Cour et dont je parle dans mon article intitulé Les précieuses et les femmes de lettres.  « Aidée dans son entreprise par une fortune confortable que lui procurent ses actions à la Manufacture royale des Glaces, elle crée un cercle qui séduit tous les beaux esprits du temps et connaît un succès au-delà de ses espérances. Au fil des presque quarante années de son existence, ce salon est devenu une véritable institution du XVIIIe siècle européen.
AfficheExpoMmeGeoffrindetail300Madame Geoffrin y recevait le roi de Pologne Stanislas-Auguste Poniatowski, Diderot, Helvétius, Marivaux, Fontenelle, Voltaire, l’abbé Guillaume Thomas François Raynal (auteur d’une Histoire philosophique des Indes), Jean-Charles Philibert Trudaine de Montigny, le baron d’Holbach, Montesquieu, Sébastien Roch Nicolas Chamfort, Jean-François de La Harpe, Jeanne-Antoinette Poisson, comtesse d’Étioles puis marquise de Pompadour et maîtresse de Louis XV, Bernard-Joseph Saurin et Claude-Henri Watelet, Jean le Rond d’Alembert, Anne Léon de Montmorency-Fosseux, David Hume, Edward Gibbon et Horace Walpole... Correspondant avec Catherine II, l’impératrice Marie-Thérèse et plus encore avec Stanislas-Auguste Poniatowski, élu roi de Pologne en 1764, elle fait en 1766 un voyage à Varsovie qui lui octroie une renommée européenne. Elle est reçue à l’étranger comme une tête couronnée. À Vienne, elle accepte d’être l’ambassadrice de l’impératrice afin de promouvoir en France la renommée de celle que l’on destine au Dauphin, Marie-Antoinette. En remerciement, elle reçoit un somptueux service en porcelaine de Vienne, qui sera présenté pour la première fois au public ainsi que le grand surtout de glace commandé par madame Geoffrin afin de pouvoir présenter cette précieuse vaisselle dignement sur sa table. À lui seul, la présence dans l’exposition de ce service d’origine impériale constitue un véritable événement. »
Photographies : Affiche de l'exposition.

© Article LM

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Le bon goût à nouveau de mode ?

grandtrianon650Photographie ci-dessus : Cour d'honneur du Grand Trianon de Versailles construit par l'architecte Jules Hardouin-Mansart. Photographie LM.
robealafrancaise-copie-1Photographies suivantes d'après © EPV / J-M Manaï, C Milet, de vêtements de l'exposition appartenant aux collections Galliera avec :
1- Dos d'une robe à la française de vers 1750-1760. « Cannetillé de soie broché polychrome, lames or et argent. »
2 - Habit de vers 1750-1760. : « Taffetas changeant, broderies au point de chaînette, fils de soie dégradé de bleus, décor brodé à disposition. »
3 - Dos de caraco et jupe de vers 1785.  « Gros de Tours en soie rayé bordé d’un ruban. »
4 - Caraco et jupe de vers 1780 – 1785.  « Taffetas de soie matelassé. »
Le château de Versailles présente dès aujourd'hui et jusqu'au 9 octobre 2011 une exposition intitulée Le XVIIIe au goût du jour. Celle-ci occupe presque entièrement le Grand Trianon. Dans ses appartements sont présentés des vêtements et quelques objets de mode du siècle des Lumières et des créations s'inspirant de ce style depuis le XIXe jusqu'à aujourd'hui, tout cela dans un bijou architectural du XVIIe décoré de vraiment splendides peintures du temps de Louis XIV et de meubles d'époque Empire.
habit-copie-1Le goût est un élément important de la mode française … et en particulier le « bon goût » qui s'accorde très bien avec la nouveauté et la création dans ce mouvement des apparences et du changement.
Vers 1715 la robe volante ou 'battante' fait scandale lit-on sur le site des Arts décoratifs de Paris : « en raison de son inspiration issue des tenues d’intérieurs portées dans l’intimité comme la robe de chambre ». La 'robe à la française' lui succède. A cette époque et pendant tout ce siècle le vêtement masculin est principalement celui de 'l’habit à la française' composé de l’habit, du gilet et de la culotte. Evidemment il change en fonction des modes.
Dans le dernier tiers du XVIIIe « les formes se diversifient très rapidement et l’on voit apparaître la robe à la polonaise, à la circassienne, à la turque, à la levantine… toutes influencées par un exotisme plus ou moins lointain. Mais l’une des modes les plus scandaleuses est initiée par la reine elle-même. A la recherche de confort et de simplicité, Marie-Antoinette adopte à partir de 1778 une robe chemise de coton blanc qui évoque les pièces de lingerie et se fait représenter dans cette tenue en 1783 par madame Vigée-Lebrun [voir ici]. Le tableau est alors vivement critiqué lors du salon de la même année. » (Arts décoratifs).
caracoetjupejaunesA la fin du XVIIIe  on souhaite plus de commodité dans la mise. On emprunte au peuple l'usage du caraco.
Les iconographies découvertes lors de fouilles archéologiques inspirent les merveilleuses et les inconcevables qui se vêtissent 'à l'antique' : dénudées en partie, habillées de tuniques simples et transparentes à la taille haute (juste au dessous de la poitrine). Elles abandonnent le corset (corps à baleines) et portent parfois les cheveux courts. L'époque de transition de la Révolution permettra de mettre au goût du jour ces nouveautés.
Le siècle suivant, qui voit l'avènement à nouveau de la monarchie, reprend des codes vestimentaires de l'ancien régime, comme l'usage du corset et de robes décorées de rubans, de colifichets et de falbalas qui s'élargissent de plus en plus grâce à de nombreux jupons puis à la crinoline dont la crinoline 'cage' marque l'apothéose (voir un remarquable exemple ici) durant le second empire (1852-1870). 
caracoetroberougesAvec l'avènement de la troisième république (1870-1940) la robe s'affine largement pour ne garder à la fin du XIXe qu'une tournure dans le dos et une petite traîne.
Au début du XXe siècle le corset est à nouveau abandonné (mode du couturier Paul Poiret) et l'on s'inspire des inconcevables de la fin du XVIIIe pour créer de nouvelles robes beaucoup plus simples (à l'antique) et pratiques (ce qui était un des leitmotivs de la mode des merveilleuses), en particulier durant les 'années folles' qui sont aussi celles de la couturière Coco Chanel.
Dans l'après guerre Christian Dior crée des robes  'juponnantes' qui redonnent une silhouette marquée aux femmes qui les portent. Mais ce genre d'habillement est surtout l'apanage des robes du soir. Le prêt-à-porter occupe dorénavant une place hégémonique. Seuls certains créateurs comme Yves Saint-Laurent  réussissent à allier la haute-couture à une production assez massive. Mais les silhouettes restent beaucoup plus simples qu'au XVIIIe siècle, l'extravagance se cantonnant surtout aux défilés de mode qui reprennent des codes du siècle des Lumières mais souvent sans que cela ait des répercussions directes sur la mode.
Pour plus d'informations sur cette exposition voir l'article intitulé : Le XVIIIe au goût du jour.

Photographie ci-dessous : Au Grand Trianon. LM
beaumonde

© Article LM

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