Le yéyé

YéyéPhotographie : Collage mural à Oberkampf (rue Ternaux) 2010 (boutique alasinglinglin).
J'ai une attirance toute particulière pour la mode et les 'folies du jour' qu'elle engendre, pour cette maîtresse de l'impermanence, cette constance du changement, et tous les rythmes qui lui sont associés : qu'ils soient musicaux, vestimentaires, intellectuels ou autres. Tout n'est que question de mouvements : de musiques, de danses, d'esprits, plus ou moins fins … de poésie. A chaque nouvelle génération est réinventée cette célébration.
Les yéyés marquent la mode des années 60 et 70 en France.  Comme pour les zazous ou les dadoudadoudas, leur nom vient d'une onomatopée. Pendant qu'aux États-Unis les hippies lancent les cheveux longs, chemises à fleurs et pantalons à pattes d'éléphant, les Français continuent dans une lancée, bon chic bon genre, pop initiée dans les années 50. Les femmes portent de hauts chignons, ou des cheveux longs simplement tenus par un volumineux chouchou, de très larges ceintures, des talons compensés, des jupes courtes et des habits colorés ; pendant que les hommes sont minets, portent la frange, des pantalons à pattes d'éléphant ... Le jerk et le twist ont pris la place du swing. Brigitte Bardot et Alain Delon représentent deux icônes de cette période pour le cinéma, et Claude François, Sheila, Françoise Hardi ou Jacques Dutronc pour la musique. La pilule apporte une libération sexuelle et les nouvelles technologies offrent des libertés aux artistes : avec la Nouvelle vague pour le cinéma, Paco Rabane pour la Haute couture. Les existentialistes n'existent plus mais le quartier latin et Saint-Germain ont toujours leurs cohortes d'étudiants et d'intellectuels qui lancent Mai 68. C'est une époque riche, sans chômage. C'est à ce moment que commence véritablement le bitumage et le bétonnage de la France avec constructions d'autoroutes et immeubles de type HLM. Le plastique occupe aussi une place importante dans cette société de consommation de masse que certains hippies (appelés aussi babas cool) refusent en partant loin, à Katmandou ou ailleurs dans le monde, ou en se réfugiant dans des contrées reculées comme au Larzac. Quelques lieux yéyés : Saint-Tropez, le Golf Drouot, la télévision …

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Musiques

HarpePhotographie : Harpe Erard (détails) © J.-M. Anglès - Cité de la musique.
La musique est un thème que j'affectionne tout particulièrement, puisqu'elle est aux fondements du rythme qui est le sujet de nombreux articles de ce blog.
Si le musée de la Cité de la Musique se trouve dans un lieu peu imprégné d'histoire contrairement à nombre d'autres musées parisiens, il n'en reste pas moins magistral de par le corpus qu'il rassemble : faisant se côtoyer, dans une mise en scène gracieuse et riche, de nombreux instruments de musique d'exception et quelques oeuvres d'art. Parcourir ce chemin d'objets dont les formes jouent un mouvement dans notre regard c'est  voyager à travers quatre siècles en suivant un air qui malgré les multiplicités d'instruments garde un fondement semblable : l'héritage fabuleux de la musique occidentale. Ce parcours chronologique nous fait voyager du XVIIe siècle au XXe en Occident et traverser les principales cultures musicales du monde. Quatre espaces témoignent chacun d'un siècle de l’histoire musicale occidentale et une double salle est dédiée aux musiques du monde.
ClavecinPhotographies : Clavecin de Ioannes Couchet (Anvers, 1652) © J.-M. Anglès - Cité de la musique. « D’une grande qualité d’exécution, cet instrument confirme l’attrait des clavecins flamands en France au début du XVIIIe siècle. Ravalé en 1701, il reçoit à cette occasion un nouveau décor de grotesques sur fond doré, appelé « à la Bérain » du nom du célèbre ornemaniste. Le piétement avec cariatides est un des rares originaux de l’époque de Louis XIV. L’ensemble compose un mobilier homogène élégant. »
ClavecinLa première étape du musée est consacrée au XVIIe siècle, depuis L'Orfeo de Monteverdi, premier opéra à nous être parvenu, jusqu'à la musique à la cour de Louis XIV. Un ensemble d’instruments reflète cette époque : un régale-bible, une contrebasse de viole, des cornets à bouquin, des cistres et luths, une remarquable collection d’instruments des célèbres luthiers Sellas, des claviers italiens, des guitares baroques, des violes de gambe et clavecins flamands et français, une flûte traversière en cristal, une flûte à bec , une contrebasse de 2 m de haut. Le tableau de Nattier La Leçon de musique apporte une illustration raffinée à ces objets d'art qui ne le sont pas moins, et qui nous emportent littéralement sur les notes qu'ils gardent en sommeil, comme c'est le cas pour les trois autres parties.

Photographie : ClavecinClavecin d'Antoine Vater (Paris, 1732) © J.-M. Anglès - Cité de la musique. « La rareté et l’état de conservation de ce clavecin sont exceptionnels. Cinq instruments seulement de ce facteur, d’origine allemande et membre de la corporation des facteurs de Paris, sont répertoriés. L’instrument nous est parvenu dans un état proche de celui d’origine avec une table d’harmonie aux couleurs préservées. »
La seconde section est dédiée au XVIIIe siècle. Comme on peut le lire sur le site : « Une sélection d’instruments originaux évoque le salon de La Pouplinière, mécène de Rameau pendant 20 ans : une délicate harpe ornée de chinoiseries, une cithare sur table appelée tympanon, une paire de cymbales frappées aux armes du Duc de Richelieu... Époque également marquée par un discours esthétique sur une nature idéalisée, dont Rousseau se fait le chantre, le XVIIIe siècle connaît une vogue éphémère pour les musiques pastorales, et ses musettes et vielles à roue jouées par d’aristocrates bergères. En parallèle, la pratique des concerts publics se répand et permet la diffusion de répertoires de compositeurs italiens, viennois et allemands. En 1778, le Concert spirituel accueille Mozart pour sa Symphonie en ré majeur dite « parisienne » au Palais des Tuileries, salle dont le Musée présente la maquette.  »
Piano Pleyel de ChopinPhotographie : Piano à queue de Chopin d'Ignace Pleyel (Paris, 1839) © J.-M. Anglès - Cité de la musique. « Au XIXe siècle, le piano symbolise l’aisance matérielle et la bonne éducation, témoignant de l’avènement de la bourgeoisie. La sonorité riche et puissante du piano, résultat d’innovations successives, offre des effets de nuances très contrastés répondant aux exigences de la musique romantique et plus particulièrement à une nouvelle forme de concert, le récital. Le public est fasciné par le musicien soliste : compositeurs et interprètes virtuoses, Franz Liszt, Sigismund Thalberg et Frédéric Chopin élaborent de nouvelles techniques de jeu sur lesquelles repose l’enseignement moderne du piano. Sensible à la douceur et l’intimité du son des pianos Pleyel, Chopin apprécie tout particulièrement la mécanique à simple échappement, à laquelle la firme restera fidèle jusqu’à la fin du siècle. »
Le « ... XIXe siècle est présenté dans le Musée sous ses multiples facettes. En réaction au classicisme et au règne de la raison du siècle précédent, le langage musical du XIXe siècle, influencé par les mouvements littéraires germaniques, témoigne d’un goût marqué pour l’expression des sentiments, Harpele mysticisme et le surnaturel. […] Une vitrine consacrée aux cinq violons du célèbre Stradivari [Antonio Giacomo Stradivari dit Stradivarius, né en 1644 à Crémone] que comptent les collections, et une dévolue à la symphonie Eroica de Beethoven, illustrent les deux formations dominantes au XIXe : le jeu soliste et la musique symphonique. Liszt et Chopin, dont le Musée possède des pianos sur lesquels ils ont joué, incarnent la figure du musicien romantique, virtuose et passionné, pour lequel les facteurs d’instruments rivalisent d’ingéniosité. Motivés par les besoins croissants de timbres et de puissance de l’orchestre, notamment celui de Berlioz, qui atteint des dimensions démesurées, de nouveaux instruments voient le jour. Si le plus spectaculaire du Musée est sans conteste l’octobasse de Vuillaume, immense contrebasse de 3m50, le plus célèbre reste le saxophone dont le Musée possède plusieurs pièces de l’atelier même de Sax.  »
Je ne vais pas trop m'étendre sur les autres pièces de ce musée mais plutôt présenter un antiquaire. Les antiquaires sont parfois des défricheurs qui retrouvent des objets à qui ils redonnent leur lustre, et dont certains parcourent les ventes aux enchères internationales. Le site de William Petit propose de nombreux instruments de qualité.
Photographie : Harpe de Sebastian Erard à la galerie William Petit.
A noter aussi le Musée des instruments de musique de Bruxelles.

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Indigence

Luxe et indigenceLe petit maître n'est pas à l'abri de l'indigence. La petite-maîtrise n'a jamais été l'apanage d'une classe. C'est avant tout une histoire de goût. On peut être dans du dénuement et avoir une âme de petit-maître. Le manque d'argent peut aussi être contourné par le style.
Photographie : J'aime particulièrement cette gravure de la première moitié du XIXe siècle de Le Bon Genre (N° 104). Elle est intitulée Rêvant« Luxe et Indigence » et représente une petite maîtresse pauvre dans son intérieur. Celle-ci possède une jolie robe, un beau chapeau, quelques parures en or, une paire de chaussures délicates, un ensemble de nuit (déshabillé, bonnet et coussin) particulièrement fin, et un châle ouvragé qui lui sert de rideau. Un bougeoir à la mode en porcelaine et orfèvrerie est posé près d'un livre sur deux boîtes de vêtements dans lesquelles se trouve sans doute toute la suite de ses biens. Le reste dénote un grand dénuement : une chaise, un tabouret, un lit pliant, des draps et une couverture rudimentaires, un miroir très simple … pas même de quoi suspendre sa robe et son chapeau. La beauté de son visage, la blancheur et délicatesse de son corps (poitrine et une main aussi visibles), le luxe de ses quelques affaires, contrastent avec la pauvreté de sa situation. Le peu de choses qu'elle possède sont de qualité. Présentée dormant avec sur sa glace une lettre et un ticket de bal, on peut supposer qu'elle est riche aussi de beaucoup de rêves.

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Le boudoir

Les Etrennes mignonnesPhotographie 1 : Double page d'un petit almanach du XVIIIe siècle de 10 x 6 cm, avec sur la page de droite la partition d'une chanson intitulée « Le rideau entr'ouvert » et sur la page de gauche une gravure pour illustrer le mois de janvier avec pour légende : « Les Étrennes réciproques ». La tradition des étrennes que l'on s'échange pour la nouvelle année est suivie ici d'une manière galante : Si les deux protagonistes s'offrent des cadeaux, leur position laisse à penser qu'ils vont faire un peu plus que cela. La scène se passe dans ce qui semble être un boudoir, sur un fauteuil ou un lit surmonté d'un baldaquin, près d'une cheminée et de la statue du dieu Éros. La page de titre de cet ouvrage sans date mais du XVIIIe siècle est ainsi rédigée : « Les Amusements de Paris. Almanach chantant pour les jolies Femmes qui on de la raison, avec Tablettes Économiques. Perte et Gain. Petit secrétaire fidèle et discret. A Paris, Chez le Sr. E. Liez, de l'Hôtel de Coigny Rue Neuve des Petits Champs. »
'Bouder' est un mot d'origine onomatopéique rappelant le renflement des lèvres que l'on forme lorsque l'on dit « bou » ou quand on exprime un certain mécontentement vis-à-vis d'une personne familière ou face à une situation contrariante, en même temps que l'on se replie sur soi-même et que l'on reste muet, voire que l'on évite l'individu ou la chose qui en est la cause.
Le nom de 'boudoir' exprime ce repli. Il s'agit d'un petit cabinet où l'on se retire quand on veut être seul. Uniquement les personnes intimes ou invitées à l'être y sont conviées. C'est un lieu de retraite,  dédié aux plaisirs de la solitude (lecture, écriture, musique, repos, méditation ...), de la conversation et du badinage. Il est généralement placé près de la chambre. C'est un prolongement de la ruelle qui est l'espace près du lit dédié à la conversation ou à la toilette (voir l'article Les Précieuses et les femmes de lettres).
Charles Palissot de Montenoy (1730-1814) décrit ainsi le boudoir dans un de ses poèmes :
« Lieu favorable à l'amoureux mystère,
Et décoré par la main des plaisirs,
Où la beauté cesse d'être sévère,
Où tout l'invite à flatter ses désirs,
Et dont l'aspect, même à la plus austère,
A quelquefois dérobé des soupirs. »
Photographie 2 : Gravure provenant de l'ouvrage de M. de Favre intitulé Les Quatre heures de la toilette des dames, poème érotique en quatre chants ... (Paris, 1779), et dont la description indique : « Un boudoir éclairé d'un jour tendre : Europe y est assise à sa toilette ». Derrière elle les trois Grâces s'occupent de la coiffure de la déesse : l'une lui déploie ses cheveux pour que la seconde y verse une eau de senteur pendant que l'autre choisit des rubans pour ajouter à sa chevelure. Cupidon lui porte son miroir et « des Nymphes admirent avec attention & une curiosité extrême un pot de rouge que tient une d'elles un peu détachée du groupe ». Le dieu Comus semble attendre dans l'ombre avec sa torche pour l'amener à quelques réjouissances prévues sans doute dans la salle à manger. Sa tête est ceinte d'une couronne semblable à celle que portent deux amours au dessus d'Europe. Il a un thyrse (une baguette entourée de feuilles de vigne) : symbole dionysiaque.

Un boudoir éclairé d'un jour tendre© Article et photographies LM

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La planète du petit prince découverte ?

Un astéroïde prénommé TK7 a été découvert récemment. Sa circonvolution semble montrer qu'il est en orbite autour de quelque chose d'invisible. Comme on peut le lire dans Le Petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944)  : « l'essentiel est invisible pour les yeux ».


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La cocotte et le coco

CocottesPhotographie de gauche : " Une cocotte. " Bertall (1820-1882), La Comédie de notre temps, 1874-1876 (deuxième série). Photographie de droite : " COMMENT SE METTAIT UNE COCOTTE " de la deuxième série de La Comédie de notre temps.
La cocotte est une jeune femme élégante de vers 1860, sous le second Empire (règne de Napoléon III de 1852 à 1870).
Assiette Le chic des cocottes de ParisPhotographies : Assiette du XIXe siècle de la série « Scènes villageoises comiques » (n°9) : « V'la l'chic des cocottes de Paris ». Un couple de villageois regarde passer une fille prenant de grands airs, mais avec des vêtements pauvres, pas de chaussures, avec une feuille de choux en guise d'éventail, des cerises comme boucles d'oreilles et des 'mauvaises herbes' pour agrémenter son chapeau.
Le chic des cocottes de ParisPhotographies suivantes : Assiette du XIXe siècle en faïence fine de Creil et Montereau représentant une « Cocotte à queue de cheval ». Celle-ci a une volumineuse queue de cheval garnie de perles et fleurs qui est tenue pas une personne derrière elle. La marque (Lebeuf, Milliet et Cie) permet de dater l'assiette entre 1840 et 1876. Cette céramique, d'époque Napoléon III, est donc contemporaine des premières cocottes.
Assiette Cocotte à queue de chevalAlfred Delvau écrit dans son Dictionnaire de la langue verte (1867) que la cocotterie est « le monde galant, la basse-cour élégante où gloussent les cocottes. » La cocotte est dans la continuation des petites-maîtresses, même si on appelle aussi ainsi à la fin du XIXe siècle et au XXe une femme aux mœurs volatiles richement entretenue. Il semble que l’on parle auparavant dans ce sens de poulette. On dit d’une personne qui se conduit en femme légère qu’elle cocot(t)e, que c’est une cocotteuse, et que celui qui la côtoie est un cocoteur. La cocotte est aussi à rapprocher des cocodettes et des cocodes, tous ces noms venant de 'coq', coquet(te)s et coquetterie ; le terme même de 'coquet' désignant au Moyen-âge le coq et plus particulièrement celui servant de girouette par exemple au dessus du clocher d'une église.
Alfred Delvau définit le coco ainsi : « Homme singulier, original. - dans le même argot. Joli coco. Se dit ironiquement et comme reproche de quelqu'un qui se fait attendre, ou qui fait une farce agréable. Drôle de coco. Homme qui ne fait rien comme personne. »
Enfin 'coco' et 'cocotte' sont employés au XXe siècle pour s'adresser avec tendresse à un enfant. On dit aussi « c'est un vilain coco ».

Cocotte à queue de cheval© LM : Article et photographies.

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Estampes à la mode

assiettegravures300lmassiettegravuresdetaila300lmPhotographies : Assiette du XIXe siècle représentant une élégante de vers 1829 dans un magasin d'estampes. Elle tient dans sa main une image de mode représentant un jeune homme. Elle même est à la mode de cette époque : manches gigot, coiffure à la girafe (il semble que ce soit à l'arrivée d'une girafe à Paris, en 1827 que cette nouvelle coiffure est créée ), robe avec jupons, chaussures qui sont encore sans talons (comme à l'époque des merveilleuses) … Une gravure placardée sur le mur à hauteur de sa tête représente justement une girafe ! Derrière elle, un panneau indique : « Gravures et lithographies ».
La lithographie est un nouveau procédé d'impression qui aurait été inventé par Aloys Senefelder en 1796 en Allemagne (Wikipedia). Sa fabrication est introduite en France dans le premier tiers du XIXe siècle. Elle devient rapidement à la mode ; ce qu'illustre l'image avec cette gandine chez un marchand d'estampes dernier cri.

Photographies suivantes : Illustration d'une revue du XIXe siècle avec pour texte : « MODES DU JOUR. » « Robe de chambre de Mme Amélie (ancienne maison Delatour), rue Neuve-Saint-Augustin, 47. - Jupe-cage en acier élastique, de Thomas frères. - Coiffure de lingerie de la maison Saint-Dominique, rue du Bac, 56. - Gants des Tuileries, rue Saint-Honoré, au coin de la rue de l'Échelle. (Gravure extraite de l'Illustrateur des Dames.) »

modedujourrobedechambre300lmL'image joue un rôle important en Occident, et cela depuis l'Antiquité. Les pièces des maisons des grecs et romains aisés sont couvertes de représentations figuratives. Les murs sont peints de diverses scènes et les sols sont parsemés de mosaïques qui s'étalent aussi parfois sur les murs. Les très nombreuses statues sont elles aussi peintes. Peut on aujourd'hui imaginer celles du Parthénon à Athènes toutes colorées ? Les ouvrages en papyrus destinés à la lecture sont eux aussi très souvent illustrés. La chrétienté n'est pas en reste au Moyen-âge. Les statues de la façade de la cathédrale Notre-Dame à Paris datant du XIIe siècle sont aussi polychromes. Les églises, châteaux et demeures bourgeoises sont couvertes de représentations (sur les murs, en tapisseries ...), les manuscrits aussi. En Occident, la gravure est une technique qui semble dater du XIVe siècle. La fabrication du papier facilite la reproduction de plus en plus à grande échelle. Elle évolue rapidement. Au XVIIIe elle trouve un certain accomplissement dans la grâce à travers notamment des graveurs français. Au XIXe siècle les technologies modernes, aussi bien au niveau de la fabrication du papier que des estampes, offrent des opportunités nouvelles et un rendement largement supérieur. Avec l'invention de la photographie, le mouvement s'accélère encore. Puis le cinéma, la télévision et internet ajoutent à ce déluge d'images. Avecmodedujourrobedechambredetail300lm la photographie, l'image se confond à la réalité. Avec Internet et les technologies numériques elle peut prendre la place de l'être sous la forme d'un avatar. Ce n'est pas si nouveau puisque le masque a déjà cette fonction dans l'Antiquité.
Des magasins d'estampes sont réputés aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Certaines de ces images véhiculent les dernières modes ; et cela non seulement à Paris ou en France, mais dans le monde entier. Une gravure de 1805 de Pierre-Nolasque Bergeret (1782–1863) représente Les musards de la rue du Coq : un attroupement constitué en grande partie de fashionables contemplant les dernières images à la mode exposées dans la devanture de la librairie Martinet, rue du Coq-St-Honoré. Les deux gravures du centre ont pour titre : « Le suprême bon ton actuel ». Au dessus un papier indique : « Recueil de Caricatures ». Des personnages assez semblables à ceux représentés sont parmi les badauds. Les estampes ont donc leurs curieux et connaisseurs. Une peinture à l'huile (H. 32.5, l. 24.5) de Louis Léopold Boilly (1761-1845) conservée au département des Peintures du musée du Louvre figure des Amateurs d'estampes.

© Article et photographies LM.

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L’Horlogerie à Genève : Magie des métiers, trésors d’or et d’émail.

Montredepocheapendulumvers1700300Photographie 1 : « François Dentand, Genève. Montre de poche à pendulum, vers 1700. Écaille cloutée d'or, émail peint, laiton doré. © MAH, photo : M. Aeschimann . Inv. H 2008-137. » Exposition  L'horlogerie à Genève : Magie des métiers, trésor d'or et d'émail.
Pendant des siècles l'Europe excelle dans de nombreux arts ; comme celui de l'horlogerie dont les fabrications les plus fines sont des témoignages émouvants et précieux alliant les beaux arts, les nouvelles technologies issues des sciences et la philosophie dans une harmonie émouvante de beauté. Les arts de l'orfèvrerie, de la bijouterie, de l'horlogerie, des émaux, de la miniature, se mêlent avec bonheur dans ces petites pièces, véritables 'bijoux de poche'.
Montredepochedoublefacevers1770300J'ai déjà écrit un long article traitant d'un aspect de l'horlogerie au XVIIIe siècle intitulé Les mécanismes du temps, où je présente des cartels et un régulateur.
Voici quelques exemples de montres conservées au musée du Louvre : XVIe siècle : 1, 2, 3 (musée national de la Renaissance d'Ecouen) ; XVIIe siècle : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17 ; XVIIIe siècle : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11.
L'exposition L'horlogerie à Genève : Magie des métiers, trésors d’or et d’émail qui se déroule du 15 décembre 2011 au 29 avril 2012 au musée Rath de Genève, présente plus de mille œuvres du XVIe siècle à nos jours avec des pièces que le public peut admirer pour la première fois et des chefs-d'oeuvre où « la beauté s’allie à la haute précision et à la technicité ». Les montres, pendules, bijoux, émaux, miniatures, proviennent tous des collections d’horlogerie, d’émaillerie et de bijouterie du Musée d’art et d’histoire de Genève. Sont exposées des œuvres monumentales comme des pièces minuscules de quelques millimètres. « La constitution des collections étant intimement liée à l’activité industrielle et à la culture artistique genevoise, cette exposition entend également souligner le lien qui existe entre les œuvres et les métiers d’art. Elle évoque le rôle des ateliers comme lieux de création et souligne l’actualité d’une tradition horlogère, ininterrompue à Genève depuis cinq siècles. À ce titre, de prestigieuses maisons seront ponctuellement présentes durant l’exposition avec leurs propres collections historiques et des démonstrations dans les domaines de l’horlogerie, de l’émaillerie et de la bijouterie. » « Le Musée d’art et d’histoire conserve 20 000 pièces liées au savoir-faire local et international de l’horlogerie, de la bijouterie, de l’émaillerie et de la miniature. »
Photographie 2 : « Louis Duchêne & Cie, Genève. Montre de poche double-face, vers 1770. Or, diamants. © MAH, photo : M. Aeschimann. Inv. H 2008-136. »
Photographie 3 : « Christ Moricand, Genève. Étui avec montre, vers 1790. Serpentine, or repoussé et ciselé. © MAH, photo : M. Aeschimann. Inv. H 2008-135. »

Etuiavecmontrevers1790a300© Article LM

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Le zazou, le swing et le da dou da dou da.

zazouquellefolleimprudencerecadre300lm1.gifPhotographie 1 : lezazouneurastheniquetraparent300lm2.gifCarte postale (14 x 9 cm) de vers 1945 représentant un zazou se baignant avec deux jeunes femmes zazous le prévenant : « - Quelle folle imprudence, Mr Zazou ! » Les baigneuses, bien qu'en maillot de bain, ont le visage très maquillé ce qui est caractéristique de cette mode, et le baigneur porte des lunettes noires rondes, la veste à carreaux et de grosses chaussures. Le caricaturiste se moque de la frilosité et du caractère peureux du zazou. Les petits-maîtres sont souvent considérés comme craintifs voir lâches. En vérité c'est souvent le contraire. Ils ont un sens de l'honneur très développé et malgré leur apparence frêle peuvent être très courageux. C'est le cas des incroyables durant la Révolution et des zazous pendant la seconde guerre mondiale ou même des petits crevés du XIXe siècle dont des anecdotes relatent la bravoure de certains. Leur aspect délicat et leur côté insouciant leur permettent de continuer à afficher leur liberté même dans les moments les plus terribles de notre histoire. © LM.
Photographie 2 : Voir photographie 7.
Photographie 3 : Couverture du Marie-Claire de février 1940 (n°155) avec une photographie de femme dans un style très zazou. Elle est élégante ; son chapeau a des couleurs fraîches, et elle est maquillée d'une façon caractéristique : rouge profond sur les lèvres, visage pâle rehaussé d'un léger pourpre sur les joues, yeux soulignés. © LM.
Le zazou, le swing et le da dou da dou da sont la même personne. Le terme de 'zazou' viendrait d’une onomatopée ; celui de dadoudadouda se retrouve dans de nombreuses chansons zazous ; et le 'swing' est la musique à la mode chez ces personnes. Les habits du zazou rappellent ceux du gommeux dont certaines images le montrent avec une veste longue et quadrillée (voir les articles intitulés : Le Gommeux & Les carreaux à la mode). Le zazou, dont l’origine remonte juste un peu avant la seconde guerre mondiale (qui a vers les 20 ans pendant cette guerre), est par contre en décalage avec la génération précédente. Le type même de cette dernière porte un chapeau de paille de canotier à la Maurice chevalier (1888-1972), les cheveux courts, un costume serré trois pièces élégant, zazoumarieclaire16fevrier1940300lmboutonné assez haut et plutôt sombre (bleu marine …), des guêtres blanches sur des chaussures noires, une canne … Charles Trenet (1913-2001) est dans ce style bien qu'il s'adapte vite au style zazou.
Depuis quelques dizaines d'années, de nombreuses modes musicales viennent d'Amérique : rumba, blues, tango, jazz, slow-fox, shimmy, charleston, swing, boogie woogie etc. Beaucoup d'entre elles sont afro-américaines et la plupart sont associées à des danses. Pendant la seconde guerre mondiale ces musiques sont interdites. On les joue donc dans des surprise-parties et dans des caves. Celles de Saint-Germain-des-Prés deviennent célèbres après la guerre. Des musiciens des États-Unis s'y produisent et y apprécient une certaine liberté. Même la Beat Generation se retrouve à Paris.
Le zazou a les cheveux longs et huilés, porte donc une longue « veste quadrillée » (à grands carreaux) ample qui lui tombe sur les cuisses avec de nombreuses poches à revers et souvent plusieurs martingales ce qui est assez provoquant à une époque où le tissu est rationné et en complet décalage avec le costume fasciste. Son chapeau est à rebords étroits. Sa chemise a un col haut qui prend le cou tenu par une épingle, une cravate étroite faite de toile ou de grosse laine généralement avec un petit noeud placé très haut, un costume croisé à quatre boutons et à grande encolure, serré au niveau du bassin. Le gilet peut être de couleur, le plus souvent dans un ton en harmonie avec le costume. Le pantalon est étroit et froncé. Le parapluie remplace la canne mais reste fermé. Les carreaux qui sont à la mode au moins depuis le XIXe siècle dans la jeunesse parent non seulement les vestes mais aussi les jupes, les parapluies et jusqu’aux voitures de certains zazous. La chanson Ils sont zazou que je retranscris un peu plus loin dépeint cet accoutrement. Évidemment toutes les fantaisies sont possibles mais c’est le type récurrent. Les femmes zazous ont de longs cheveux souvent blonds, bouclés ou tressés. Elles sont fardées avec un rouge à lèvre voyant et portent des lunettes noires. La veste est carrée au niveau des épaulettes. La jupe est courte (au dessous es genoux) et plissée. Leurs bas sont rayés ou même à résille et les chaussures avec des semelles de bois colorées et épaisses. Lors de l'exposition du 27 novembre, une paire de ces souliers était présentée dans un sac : avec une semelle et un talon entièrement en bois peint en rouge et le reste dans un tissu épais.
Depuis l’arrivée du jazz en France, et l’époque swing de l’entre-deux-guerres, le jeune français à la mode s’extasie devant les nouveaux airs venus d’Amérique (du nord et d’Amérique latine). Le débarquement des alliés ne fait qu’accentuer cela. Le rock’n’roll prend progressivement la relève. Pendant l’occupation, la vie du zazou parisien n’est pas de tout repos. Surtout à partir de 1942 où semble-t-il on assiste aux premières rafles et rossées de ces élégants dans les rues. Cependant ce mouvement perdure. Pour faire passer les chansons américaines, on les réécrit en français … et ça marche ! On ne 'fauche plus le persil' ; mais on continue à « faire » la place une telle, les Champs-Élysées (à la terrasse du Pam Pam) ... enfin tous les lieux parisiens de grande promenade. On se réunit pour danser et écouter de la musique parfois dans des caves ; mais le plus souvent dans des surprise-parties, dont le style ne change pas beaucoup de celui du film La Boom de Claude Pinoteau (1980), quand on a à faire à des adolescents de 14-17 ans, ou beaucoup plus encanaillées si on se réfère aux exemples relatés par Boris Vian dans son livre intitulé Vercoquin et le Plancton. Il n’est pas nécessaire de projeter des idées libertaires, révolutionnaires, politiques ou autres sur des jeunes qui sont simplement de leur âge, parfois dans un contexte difficile. Pendant l'occupation il n'y a pas beaucoup d'occupations : on ne peut voyager par manque d'essence ; les voitures sont peu nombreuses et restent au garage sur des cales du fait du manque de pneus ; les plages sont interdites ; les radios sont celles de la propagande ; les journaux sont réduits à une feuille recto-verso ... On va beaucoup au théâtre, au cinéma ; on lit énormément, et la vie intellectuelle reste riche. Nombre des jeunes d'alors sont des 'zazous'. Le chanteur Léo Ferré (1916-1993) lui-même se considère comme en étant un. Dans une interview il oppose sa génération zazou à la yéyé qui annonce les débuts de la musique purement commerciale.
vercoquinetleplanctonreliure300lmPhotographie 4 : Vercoquin et le Plancton de Boris Vian, Paris, Gallimard : La plume au vent (collection dirigée par Raymond Queneau), cinquième édition, octobre 1946. La première édition semble être elle aussi chez Gallimard et dater de la même année. © LM.
Boris Vian (1920-1959) est lui aussi zazou. C'est un passionné de jazz. Dans son roman publié en 1946 Vercoquin et le Plancton il relate l'organisation de surprises parties pendant l'occupation par et pour des zazous. Voici une description des habits et de la façon de danser d'un couple swing : « Le mâle portait une tignasse frisée et un complet bleu ciel dont la veste lui tombait aux mollets. Trois fentes par derrière, sept soufflets, deux martingales superposées et un seul bouton pour la fermer. Le pantalon, qui dépassait à peine la veste, était si étroit que le mollet saillait avec obscénité sous cette sorte d'étrange fourreau. Le col montait jusqu'à la partie supérieure des oreilles. Une petite échancrure de chaque côté permettait à ces dernières de passer. Il avait une cravate faite d'un seul fil de rayonne savamment noué et une pochette orange et mauve. Ses chaussettes moutarde, de la même couleur que celles du Major, mais portées avec infiniment moins d'élégance, se perdaient dans des chaussures de daim beige ravagées par un bon millier de piqûres diverses. Il était swing. La femelle avait aussi une veste dont dépassait d'un millimètre au moins une ample jupe plissée en tarlatatane de l'île Maurice. Elle était merveilleusement bâtie, portant en arrière des fesses remuantes sur des petites jambes courtes et épaisses. Elle suait des dessous de bras. Sa tenue moins excentrique que celle de son compagnon, passait presque inaperçue : chemisier rouge vif, bas de soie tête de nègre, souliers plats de cuir de porc jaune clair, neuf bracelets dorés au poignet gauche et un anneau dans le nez. Il s'appelait Alexandre, et on le surnommait Coco. Elle se nommait Jacqueline. Son surnom, c'était Coco. Coco saisissait Coco par la cheville gauche et, la faisant habilement pivoter en l'air, la recevait à cheval sur son genou gauche, puis, passant la jambe droite par-dessus la tête de sa partenaire, il la lâchait brusquement et elle se retrouvait debout, la figure tournée vers le dos du garçon. Il tombait soudain en arrière, faisait le pont et insinuait sa tête entre les cuisses de la fille, se relevant très vite en l'enlevant de terre et la faisant repasser, la tête la première, entre ses jambes, pour se retrouver dans la même position, le dos contre la poitrine de sa compagne. Se retournant alors pour lui faire face, il poussait un « Yeah ! » strident, agitait l'index, reculait de trois pas pour avancer aussitôt de quatre, puis onze sur le côté, six en tournant, deux à plat ventre, et le cycle recommençait. Les deux transpiraient à grosses gouttes, concentrés, un peu émus de l'attention nuancée de respect que l'on pouvait lire sur le visage des spectateurs admiratifs. Ils étaient très, très swing. » » Dans son Manuel de Saint-Germain-des-Prés publié en 1951, Boris Vian critique le zazou au profit de l'existentialiste dans lequel il se reconnaît plus alors.
Voici les paroles de Je suis Swing (78T de 1939) de Johnny Hess : « La musique nègre et le jazz hot / Sont déjà de vieilles machines / Maintenant pour être dans la note / Il faut être swing / Le swing n'est pas une mélodie / Le swing n'est pas une maladie / Mais aussitôt qu'il vous a plu / Il vous prend et n'vous lâch'plus / Oh! je suis swing / Oh! je suis swing / Zazou, zazou, je m'amuse comme un fou. »
ilssontzazoustitre300lmPhotographie 5 : Page de titre d'une partition datée de 1942 : Ils sont zazous. Les paroles sont de Maurice Martelier et la musique de Johnny Hess avec un tempo swing. Cette chanson a été interprétée  notamment par Charles Trenet. « Les cheveux tout frisottés / Le col haut de dix huit pieds / Ah ! Ils sont zazous ! / Le doigt comme ça en l’air / Le veston qui traine par terre / Ah ! Ils sont zazous ! / Ils ont des pantalons d’une coupe inouïe / Qui arrive un peu au dessous des genoux / Et qu’il pleuve ou qu’il vente ils ont un parapluie / Des grosses lunettes noires et puis surtout / Ils ont l’air dégouté / Tous ces petits agités / Ah ! Ils sont zazous ! / Un jour un brave notaire / De son pays débarquant / Venait pour de grosses affaires / De legs et de testaments / Il avait l’allure très digne / Mais comme les modes de maintenant / Ont à peu près la même ligne / Que celle de dix neuf cent / Deux jeunes zazous s’écrièrent en l’apercevant : / Ce qu’il fait distingué / Son col haut de dix huit pieds / Ah ! Ce qu’il est zazou ! / Il a ce brave notaire / Le veston qui traine par terre / Ah ! Ce qu’il est zazou ! / Il ne se doutait pas ce très digne notaire / Qu’il pouvait être à ce point zazou / Car tous ses vêtements lui venaient de son grand-père / Le col, le veston, et tout et tout / Il fut tout étonné / De se voir ainsi remarqué / Par tous les zazous ! / De retour chez lui le notaire / Sidérait tous ses amis / Y ne marchait que le petit doigt en l’air / Mais bientôt ce fut bien pis / Cette maladie pris sa fille / Sa femme, son clerc, son toutou / Enfin toute la famille / Tout le monde devint zazou / Dans le pays quand y se promenaient on les croyait fous / En les voyant passer / Les braves gens s’écriaient / Tiens ! Voilà les zazous ! / Après mûres réflexions / Le docteur en consultation / Dit : Ils sont zazous ! / C’est une maladie un peu particulière / Bientôt il n’y paraitra plus rien / Avec une bonne cure de polka de nos grands-mères / Puis se regardant il dit : Tiens ! Tiens ! / Mes cheveux tout frisottés / Mon col haut de dix huit pieds / Mais je suis zazou ! / Tout comme le notaire / Mon veston traine par terre / Donc je suis zazou ! / Et si ce n’est qu’une question vestimentaire / Je suis le plus zazou d’entre nous / Car ma redingote traine jusque par terre / Je ne vois qu’un remède faisons couper tout / Le docteur avait compris / Que là se tenait l’esprit de tous les zazous ! » [retrouver ces paroles sur paroles.voila.fr] © LM. Cette chanson s'écoute sur la vidéo ci-dessous de Camille 885.

quandjedanseleboogierecadre300lmPhotographie 6 : Partition de Quand je danse le boogie (1943). Le swing n'est pas la seule musique à la mode chez les zazous, il y a aussi par exemple le boogie-woogie. © LM.
Photographies 7 et 2 : Dans Le Zazou neurasthénique (paroles d'André Mile, musique de Paule Muray, joué sur un swing mou) celui-ci est décrit dans sa posture de 'petit dégouté' que l'on retrouve souvent chez les petits maîtres  (voir l'article Le Petit-maître en Chenille) ; surtout après la Révolution. Cette mollesse est décriée et ces gandins en rajoutent. On retrouve dans cette chanson d'autres thèmes appartenant aux jeunes à la mode : le chahut, la simulation de la folie, la distinction, le bon ton ; les manières de danser, de s'habiller et de se tenir très particulières. Voici le texte de cette chanson : « COUPLET C'est un vrai swing, Un tout joli un classique Dans les dancings C'est un des plus frénétiques Et ses grands vestons Ses cheveux en festons Indiquent le bon ton Mais il n'est pas gai. Sous son air distingué lezazouneurasthenique300lmOn le sent fatigué Le swing lentement froidement sûrement Le swing l'a tué l'a vidé possédé Mais sur les genoux rendu fou rendu mou Le Zazou Di es i rae di es i la ah ! Il a l'air flemmard son regard est hagard Il se sent mourir dépérir et maigrir Car le cerveau flou par à coups se dissout Du zazou  Di es i rae di es i la ah ! Le chahut éperdu Des saxophones Le vaincu la tordu Il déraisonne Il a les cheveux douloureux c'est affreux. Le jazz le terrasse et fracasse sa carcasse Et dans ses yeux fous Ya surtout le dégout Du zazou  Di es i rae di es i la. II COUPLET Tous les docteurs, On dit que c'était chronique. Le swing rageur, L'a rendu neurasthénique. Il se ramollit On le sent abruti C'est un garçon fini On a essayé D'un peu le soulager Mais il est condamné. III COUPLET Je l'ai vu hier Ça m'a fait bien de la peine L'index en l'air Et le veston à la traîne Et lorsqu'il me vit L'air affable il me dit : C'est moi Tchaikowsky j'ai compris de suit' Qu'sa cervell' décrépit' Etait bouffée' des mit's. » Ces paroles sont publiées pour la première fois sur Internet ; comme nombre des documents textuels et iconographiques de ce blog. Du reste presque tout le corpus iconographique concernant la mode provient de photographies prises à partir de documents d'époque de ma collection. © LM.
Photographie 8 : « Mon heure de Swing : La chanson des vrais Da Dou Da Dou Da ». Paroles de Georgius et musique de H. Rawson. Indication de « Copyright 1941 ». La partition commence par une « Annonce : On dit que les êtres humains ont une heure de folie par jour. Moi j'ai ça … mais comme je suis plus moderne … c'est mon heure de swing. » Ensuite vient la chanson : « C'est mon heure de swing Oui, mon heure de swing Doudadou dadou dadou dadou dadou L'index en avant Secoué d'un tremblement C'est charmant ! Quand Cela me prend C'est mon heure de swing J' fais des boum, des bing Doudadou dadou dadou dadou dadou Je me sens tellement gamin Soudain En sortant de mon bain L'œil perdu au lointain Zut pour les voisins ! J'ai mon heure de swingmonheuredeswing300lm L'heure où je trépigne J'en fiche un coup Doudadou dadou ! Dou ! L'autre jour, rue Bleue On faisait la queue Était-ce pour du lait, du beurre ou des choux ? Un vieux sergent d' ville Me fait prendre la file Tout l' monde était renfrogné quand tout à coup J'ai mon heure de swing Je fais « Boum » et « Bing » Doudadou dadou dadou dadou dadou À côté de moi Une vieille, prise d'effroi S'écrie « Quoi ! Quoi ? » Et m' mord le doigt. C'est mon heure de swing, Mais l'agent, très digne Doudadou dadou dadou dadou dadou Lui a dit « C'est un pauvre d'esprit » Doucement il m'a souri - « Suivez-moi mon ami. » Mais je lui ai dit : C'est mon heure de swing Et lui a fait « Bing » Son pied dans mon Doudadou dadou ! Le bon vieux notaire De la rue Daguerre Est mort l'autre jour. Quel bel enterrement, À la sacristie Fin d' cérémonie, On s'inclinait devant la famille ... quand … J'ai mon heure de swing Je fais « Boum » et « Bing » Doudadou dadou dadou dadou dadou Le brave bedeau Me casse sur le dos, Aussitôt, Oh ! Canne et pommeau. J' suis sorti, en swing, Et fier comme un cygne, Doudadou dadou dadou dadou dadou. Dehors les badauds faisaient la haie, Tous les chiens aboyaient, Les vieilles se signaient, L' croque-mort en claquait, Mais … J'étais très swing En plein « Boum » et « Bing » J'ai tout du fou Doudadou dadou ! C'est mon heure de swing, Faut qu'on s'y résigne. Doudadou … L'épidémie s'étend partout. Avec son cabas, Plein de rutabagas, Un pauvre gars Ah! Là-bas s'en va En faisant le swing Son doigt fait des signes, Doudadou … Il traverse entre les clous, Il va s'engouffrer dans le métro, On n'y est jamais trop Départs, virages, cahots, Pauvres asticots, Tout l' monde fait du swing Des « Boum » et « Bing » On travaille du … Doudadou dadou. Ah ! Pitié pour nous, Ah ! Guérissez-nous Du dadou dadou dadou da douda … Dou ! » Les paroles sont sur fr.lyrics.wikia.com. © LM.
Photographies 9 et 10 : Article pleine page de L'Illustration n° 5168 du 28 mars 1942 intitulé 'Nouveaux dandys'.  Dimensions : 38 x 28,5 cm. Les zazous tels que représentés sur ces illustrations sont dans le pur style des États-Unis à l'époque : cheveux mi-longs et bouclés, épaules carrées, jupe courte au dessous des genoux et mocassins pour la fille ; coiffure 'banane', cravate étroite, une veste dite 'canadienne', pantalon large et chaussures épaisses pour le garçon. Voici l'article : « Un grand café du Quartier Latin vers 5 heures du soir. Les facultés se sont vidées ; les bars bien chauffés se remplissent ; la traditionnelle jeunesse universitaire change de cadre et après l'amphithéâtre, vient, pour se détendre, palabrer dans le brouhaha des brasseries. Rien ne semble changé depuis des années, si ce n'est que moins de pipes fument au creux des mains et que les garçons et les filles accoudés devant des demis ou des boissons de remplacement représentent la France nouvelle, dont tous les discours officiels vantent le juvénile élan et le bon sens. Et, en fait, l'enthousiasme anime bien des regards car les jeunes auxquels on confie une grande tâche se dérobent rarement. Il existe cependant une catégorie d'étudiants qui, d'allure et de langage nettement différents, nouveauxdandys1942detailaa300lmconstituent en quelque sorte une tribu à part, ayant ses moeurs, ses coutumes et jusqu'à sa morale … Autour des tables, on les reconnaît aisément ; les hommes portent un ample veston qui leur bat les cuisses, des pantalons étroits froncés sur de gros souliers non cirés et une cravate de toile ou de laine grossière ; mais comme cela ne suffirait pas à les distinguer de tant d'autres Parisiens, ils lustrent à l'huile de salade, faute de matières grasses, leurs cheveux un peu trop longs, qui descendent  à la rencontre d'un col souple maintenu sur le devant par une épingle transversale. Cette tenue est presque toujours complétée par une canadienne dont ils ne se séparent qu'à regret et qu'ils gardent volontiers mouillée. Car ils ne sont vraiment eux-mêmes que sous la pluie : obéissant en cela à l'un des rites qui leur sont chers, ils traînent avec délices leurs pieds dans l'eau, crottent leur pantalon, exposent aux averses leurs cheveux touffus et gras. Quant aux femmes, elles cachent sous des peaux de bêtes un chandail à col roulé et une jupe plissée fort courte ; leurs épaules, exagérément carrées, contrastent avec celles des hommes, qui les « portent » tombantes ; de longs cheveux descendent en volutes dans leur cou ; leurs bas sont rayés, leurs chaussures, plates et lourdes ; elles sont armées d'un grand parapluie qui, quelque temps qu'il fasse, reste obstinément fermé. Tel est l'uniforme que ces jeunes gens ont tenu à arborer pour coopérer à la reconstruction de la France, pour parler de l'avenir entre deux danses épileptiques et clandestines … entre deux swings … Successeurs des Muscadins, des Merveilleuses, des Charleston et de tous les insouciants nés des grands troubles, ils imitent des personnages traditionnels en parlant avec emphase et en faisant des effets de bars ; ce qui ne les empêche pas de prendre leur rôle au sérieux et d'exposer leur profession de foi dans un refrain dont les notes aigües font vibrer les pianos et les haut-parleurs : « Je suis swing, da dou, da dou, dadoudé ... » Swing ! Un mot que le public accueille avec un haussement d'épaules indulgent comme une mode inoffensive ou une invention de chansonnier en quête de cible nouvelle ; un mot étranger dont il connaît d'ailleurs mal le sens et dont il fait, par ignorance, le synonyme de « chic » ou l'équivalent d' « agité » ; un mot cependant qui résume tout un programme, car, traduit en français, il signifie « direct », désigne le coup de poing du boxeur et semble évoquer la ligne droite, le dynamisme, la franchise poussée jusqu'à la brutalité. Le terme, reconnaissons-le, serait assez bien choisi et aurait peut-être fait fortune sans sa parure d'enfantillages, que blâment les non-initiés et les speakers des deux zones. « Nous poursuivons cependant une politique de redressement » clament les adeptes. Et, après avoir écrasé de leur mépris ceux qui ont fait et manqué la guerre, ils arborent en toutes circonstances un air soucieux dont rien ne les fait se départir. Conscients d'avoir le monde à remuer, ils poussent leurs idées dans la conversation avec des gestes las et affectés. Et il n'est de domaine qui ne les attire ; leur activité s'étend jusqu'à l'art, dont ils ont la prétention d'orienter les tendances : en musique ils recherchent la succession des sons graves et aigus qui coupent, en haut, la respiration pour ne la rendre que dans l'abîme insondable des basses : les montagnes russes en harmonie … Ils ont leurs jazz spécialisés, conduits par des chefs d'orchestre qui ne battent plus la mesure avec les jambes et les hanches comme au temps du shimmy, mais avec les épaules ; et de ces conducteurs d'orchestre ils font pour ainsi dire les grands-prêtres du swing chargés de communiquer au public leur fièvre croissante, leur agitation rythmée afin de créer une sorte d'hallucination collective ; des concerts sont régulièrement organisés dans les grandes salles de Paris, où se bousculent les amateurs enthousiastes. En peinture, ils dédaignent le dessein pour n'accorder d'intérêt qu'à la « pâte », dont ils décrivent les épaisseurs d'un geste professionnel du pouce dressé en spatule. Tels sont les vrais gens swings du Quartier Latin, ceux que l'on appelle par dérision les « zazou » et qui sont à l'origine de « mouvement » dont le style fut par la suite déformé. Car il existe maintenant une autre variété de ces dandys nouveaux ; une imitation superficielle, beaucoup plus élégante et moins « pure », qui siège aux Champs-Elysées ; ces swings-là vont encore chez le coiffeur, portent des pantalons bien coupés, mais se contentent d'un rôle de figurants sans en rechercher l'esprit. D'autres enfin, qui ne sont plus de première jeunesse, croient donner l'illusion de l'éternel printemps en imitant les étudiants ; mais à ces hommes mûrs, qui n'ont pas l'excuse de la puérilité, il faut l'atmosphère un peu frelatée des boîtes de nuit et un quartier général dans un établissement de Montmartre … … Et nous allions oublier le signe de ralliement, qui n'est point un blanc panache, mais, pour les filles, une curieuse touffe de cheveux frisés dressée vers le ciel et, pour les garçons, une mèche ondulée … Souhaitons que cette carapace de petits snobismes se dégage en temps voulu la volonté d'agir. Robert Baschet. Dessins de Marcel Chamard. » Cet article (publié pour la première fois sur Internet) est courageux à une époque où Paris est occupée. Il nous donne aussi de nombreux renseignements sur les zazous. © LM.

nouveauxdandys194270100© Article LM

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Entretien des livres anciens

guide-entretien-reliurePour les passionnés et futurs passionnés des livres anciens, la librairie Essentiam vient d’éditer son premier Guide pratique numérique sur l'entretien et les soins à donner aux reliures anciennes. « Ce guide est gratuit, dans la mesure où la conservation des livres anciens est une de nos principales préoccupations, et qu'il nous paraît utile et important de diffuser largement les bonnes pratiques d'entretien » indique la librairie. Il est en effet très utile. Ce pdf est de plus un exemple montrant comment le numérique peut aujourd’hui servir le livre ancien. Et si vous avez des amis férus d’un auteur, n’hésitez-pas à leur offrir un ouvrage de l’époque de celui-ci. De tels livres, qui ne sont pas obligatoirement des premières ou prestigieuses éditions, sont d’une grande valeur et à tous les prix.

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Le haut-de-forme

LesCannesDeMPBourgetDuChapeauDetail4300lmPhotographie : Illustration d'après des dessins d'Henri Farge gravés sur bois par Georges Aubert lelionjournaldesnouveautesdetail300lm.jpgdu chapitre 'Du chapeau' du livre d'Eugène Marsan Le Bon Choix de Philinte : Petit Manuel de l'Homme élégant édité à Paris chez Le Divan en 1923. A chaque chapeau l'artiste a donné une date : « 1810 », « 1830 », « 1818 », « 1858 », « 1910 ». Tous sont semblables.
Photographie de gauche : Exemple d'un haut-de-forme en 1855. Il suffit d'aller sur la page consacrée au XIXe siècle de mon site Le Bon Ton, pour comprendre que ce chapeau est courant dès le début de ce siècle et jusqu'à la fin. On y trouve un exemple de 1802 et un autre de 1808.
Le haut-de-forme est un chapeau emblématique de la mode masculine du XIXe siècle. Tous les hommes d'une certaine 'importance' en portent. Son origine est incertaine ; mais certains chapeaux des incroyables à la Révolution en sont une prémisse. Dans tous les cas la calotte est ronde. Les bords commencent à se rétrécir à gauche et à droite tout en se relevant quelque peu. Puis le devant et l'arrière deviennent plus étroits mais avec un mouvement inverse (vers le bas). A partir de la Révolution et jusqu'à la fin de l'ère napoléonienne, les deux principales sortes de chapeaux sont les bicornes et ce genre de chapeaux ronds plus ou moins petits et hauts. Par la suite une haute calotte devient la règle.
chapeauhautsdeformedatesa650lmPhotographies : Évolution du dernier tiers du XVIIIe siècle au premier tiers du XIXe.
sonarriveretravaille300lmPhotographie : Hauts-de-forme au début du XXe siècle. Lithographie (52x70,5 cm) de Georges Goursat dit SEM (1863-1934) provenant d'un de ses albums publiés au début du XXe siècle (jusqu'en 1927). Elle fait partie d'un diptyque avec « Son arrivée » et « Son départ ». Ici il s'agit de la première.

© Article LM

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Exposition Oberkampf Bon Ton : Les petits maîtres de la mode française.

entree2300Voici le texte de l'exposition qui a eu lieu le dimanche 27 novembre au 108 rue Oberkampf. Ceux qui suivent ce blog  retrouveront des passages d'articles anciens. De même les images ne sont pas nouvelles.

Une spéciale dédicace et de vrais remerciements à l'équipe du Bric à Brac !

Qui connaît aujourd'hui les petites-maîtresses et les petits-maîtres qui sont le sujet de cette exposition : toute la jeunesse d’avant-garde, mignarde, intelligente, belle, bien facée (qui a le visage plein et une belle représentation), séduisante, galante, de bon goût, haute, délurée, créatrice … incroyable, inconcevable, inimaginable, merveilleuse, coquette … en un mot : moderne ? Cette exposition présente ces modeux à travers des photographies de documents d'époque des XVIIIe et XIXe siècles agrandis et imprimés sur toiles, et des habits d'époque de la première moitié du XXe siècle : aux temps de la Belle Époque, des Années folles et des zazous. Ces tenues appartiennent à deux boutiques du quartier (rue Moret) : Ancienne Mode spécialiste des vêtements du XIXe siècle, et Casblanca, en particulier de l'époque zazou. Un clin d'oeil est fait à Christophe-Philippe Oberkampf (1728-1815) industriel créateur de la toile de Jouy.
COSTUME DE CARNAVAL DE DOMINO. Illustration provenant du tome second de La Vie élégante, 1883. La période du carnaval est un moment festif important dans l'année parisienne. C'est aussi une période de transgression des codes : certaines femmes se vêtissent en homme ou le contraire ; on s'habille d'une manière extravagante et en dehors des usages coutumiers ... On puise dans de multiples inspirations : le passé, les civilisations, le grotesque, les animaux, la féérie … Parmi ce mélange, certains types sont récurrents comme : le débardeur, l'arlequin, le domino, le pierrot, le chicard etc.
COSTUME DE CARNAVAL D'ARLEQUINE. Autre illustration provenant du tome second de La Vie élégante, 1883. Le carnaval de Paris est durant cinq siècles l'un des plus importants du monde. Il succède à la fête médiévale des fous qui elle-même a sans doute des origines antiques. Il se déroule en particulier durant la période du Mardi gras, en février/mars. Cortèges, fêtes et bals masqués rythment ce moment. Celui dit de l'Opéra est le plus réputé aux XVIIIe et XIXe siècles.
3L'ÉLÉGANTE. « Toilette Florentine avec l'Élégant Chapeau des Champs Élysées. ». XVIIIe siècle. Le Dictionnaire de l'Académie française de 1798 décrit l'élégant comme étant « un homme recherché dans son ton, ses manières et sa parure ». L'élégance, le bon goût, le bon ton, la galanterie, avoir de l'esprit … sont des éléments importants de la mode française qui trouve une de ses sources dans l'univers courtois du Moyen-âge.
4LA COQUETTE. « Jolie Femme en Circassienne de gaze d'Italie puce, avec la jupe de la même gaze couvrant une autre jupe rose garnie en gaze broché avec un ruban bleu attaché par des Fleurs et glands et gaze Bouilloné par en bas, et des manchettes de filet, coiffée d'un Chapeau en Coquille orné de Fleurs et de Plumes. » Cette dame est du XVIIIe siècle bien que les coquettes et les coquets soient en particulier décrits dans des textes du XVIIe. La coquette est moins intellectuelle que la précieuse mais elle est un personnage important de la mode parisienne.
LE MERVEILLEUX. 5On donne ce nom à de magnifiques jeunes gens de l'époque du règne de Louis XV (1715-1774) qui suscitent l'émerveillement. Celui-ci est de l'époque de Louis XVI (1754-1793). Le merveilleux est dans la continuation du roué, du talon rouge, du menin, du beau-fils, du libertin, du raffiné, du mignon, du fringant et de beaucoup d'autres petits-maîtres qui le précèdent. Il porte ici la tenue masculine caractéristique durant tout ce siècle : l’habit à la française, composé de l’habit, du gilet et de la culotte. Il a une perruque et un tricorne (chapeau très fréquent alors).
6LA PETITE MAÎTRESSE. Personnage d'une estampe provenant d'une revue de mode du dernier quart du XVIIIe siècle. On appelle (surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles) 'petits-maîtres' et 'petites-maîtresses' des jeunes gens se caractérisant par leurs habits, leurs manières nouvelles, leur élégance et leur beauté. La scène parisienne occupe alors la première place avec ses lieux à la mode et ses élégants qui s'y promènent depuis l'Antiquité. Comme aujourd'hui, ceux-ci ont leurs lieux, manières, vocabulaire, habits …
7L'INCONCEVABLE DE 1798 « dessinée d’après nature sur le Boulevard des Capucines » provenant d'une revue de mode très populaire à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe intitulée : Journal des Dames et des Modes. Ce périodique, fondé à Paris en 1797, est celui qui témoigne le mieux du changement radical de la mode de la fin du XVIIIe siècle. La jeune fille a une coiffure dite textuellement « en porc-épic ». Cette mode aurait été instituée en solidarité avec des condamnés à l’échafaud : cette coupe imitant celle de ces derniers ou dernières avant de passer à la guillotine. On lui donne alors le nom de « coiffure à la victime ». A la fin de la Révolution on organise des « bals des victimes » ouverts à ceux ayant perdu au moins un de leurs proches à la guillotine. Ceux-ci généralisent le port de robes gréco-romaines et des cheveux courts qui imitent les représentations antiques des découvertes archéologiques du XVIIIe siècle. Les coupes courtes sont aussi appelées « coiffures à la Titus » du nom du fils de Brutus que l’acteur de tragédie François-Joseph Talma (1763 - 1826) joue avec cette coupe qu’il porte aussi en ville. Ces nouvelles manières sont en contradiction totale avec les précédentes, et laissent le peuple pantois d'où le nom donné aux élégantes d'alors de merveilleuses ou d'inconcevables et pour les hommes d'incroyables.
7aPetits maîtres du XVIIe siècle au début du XIXe, avec en particulier en son centre une gravure de 1797 intitulée « Café des Incroyables », avec pour sous-titre : « Ma parole d’honneur ils le plaisante » (orthographe retranscrite). Tous les incroyables sont ici affublés d’une perruque blonde (ou d’une coupe ?) 'en oreilles de chien', c'est-à-dire, comme on le voit : les cheveux coupés sur le dessus, tombant sur les côtés, longs au dos et tressés pour être remontés derrière la tête. Certains portent des chapeaux qui sont de deux styles. Ils ont deux boucles d’oreilles rondes et assez grandes, une cravate qui couvre le menton, une culotte, des bas avec des motifs, des souliers pointus… Ils tiennent des cannes ; ont des lunettes, des faces-à-main ou une lorgnette. Un garçon sert du café. Le décor est de style néo-classique et le dessinateur/graveur (qui a signé RLL) s’est représenté lui-même sur la droite dans l’ombre, avec son stylet.
ToiledeJouyBleueHuet400OBERKAMPF. Une exposition sur une histoire de la mode dans le quartier Oberkampf (1738-1815) se devait de parler de Christophe-Philippe Oberkampf, industriel français d'origine allemande, créateur de la toile de Jouy. Le Musée de la toile de Jouy nous a prêté quelques rééditions contemporaines de modèles de la fin du XVIIIe siècle fabriqués à partir de dessins ou gravures de Jean-Baptiste Huet (1745-1811). Un remerciement au Musée de la toile de Jouy qui a prêté ces rééditions.
ToiledeJouyFabrication500OBERKAMPF ET LA TOILE DE JOUY Ce tissu est particulièrement intéressant. Il retrace les étapes de la fabrication de la toile de Jouy ! La toile est d'abord lavée dans l'eau de La Bièvre, puis battue au fléau pour la débarrasser de son apprêt (1). Une fois séchée (2) elle passe à la calandre pour en aplanir le grain. Au préalable les motifs sont gravés sur des planches de bois et à partir de 1770 sur des planches de cuivre (3). Après l'impression la toile est plongée dans un bain de bouse de vache afin d'éliminer l'excès d'épaississant (4), puis lavée. Les toiles passent ensuite dans un bain de teinture - racine de garance - qui révèle les couleurs sur les parties de toile empreintes de mordants. Par garançage on obtient une gamme de couleurs du rouge foncé au rose tendre, du noir au lilas, violet, bistre. Le fond de la toile devenu rosâtre, celle-ci est exposée sur les prés pour blanchir (5). Le jaune et le bleu sont imprimés directement sur la toile. Le vert est obtenu par superposition de bleu et de jaune jusqu'en 1808. Après le travail de finition des pinceauteuses (6), certaines pièces reçoivent un apprêt composé d'un mélange de cire et d'amidon. Il est appliqué sur la toile qui passe ensuite à la calandre à chaud. Pour satiner ces pièces on les lisse à la bille d'agate ou de cristal fixée à l'extrémité d'un bras articulé : le lissoir (7). En 1797 un brevet écossais de 1783 est mis en application : l'impression au rouleau de cuivre. La machine fonctionnant en continu permet la production de 5000 mètres par jour. C'est un gain de temps considérable par rapport à la planche de cuivre.
8LE MUSCADIN. « Costume d'un Jeune Homme » de 1800. Son habit est caractéristique de celui d'un muscadin ou d’un incroyable. Son port est particulièrement gracieux et son geste de la main est une manière de langage propre à ces élégants. Le terme de « muscadin » vient de « musc » : parfum à la mode chez les hommes. Au XVIIe siècle on appelle aussi muguets les jeunes hommes sentant cette fleur. C'est à la Révolution (1789-1794) que la tenue présentée ici se généralise. Cette jeunesse rechigne à s’engager dans les armées de l’époque et à suivre les couleurs imposées. Elle a les siennes propres, comme le noir ou le vert ; et des collets portant ces teintes font l’objet de rixes avec les sans-culottes qui veulent les leur arracher. Les muscadins et incroyables de la Révolution s'expriment avec de nouveaux codes très modernes alors. Avec la fin des sans-culottes, l’ordre est représenté par les muscadins. Leurs habits deviennent même ceux des militaires. Sous l’Empire, Napoléon porte des habits d’incroyable (il fréquente beaucoup les merveilleuses les plus célèbres), ainsi que certains de ses officiers et de son armée.  Leurs immenses chapeaux « bicornes » en sont un exemple, de même que les cravates hautes, les manteaux caractéristiques etc.
9UN INCROYABLE ET UNE MERVEILLEUSE. La mode masculine des couvre-chefs gigantesques et très originaux du Premier Empire n’a aucun équivalent dans l’histoire de la mode des hommes ; même les hauts-de-forme du XIXe siècle font pâle figure en comparaison. On appelle aussi ce genre d'incroyable : un 'mirliflor'. Ce couple du début du XIXe siècle est en train de danser sans doute la valse qui est la musique à la mode à cette époque. La merveilleuse porte un habit à l'antique.
10UNE INVISIBLE AVEC UN BEAU. Couple de 1806. La femme porte une capote 'invisible'. On nomme aussi invisibles les personnes qui ont ce genre de chapeau. Si la taille reste haute, le vêtement se rigidifie et la poitrine se couvre. Le style du jeune homme est celui de l'anglomane. On appelle aussi fashionable une personne fascinée par les modes venues d'Angleterre. Le terme de freluquet désigne certains élégants de cette période (mot utilisé encore aujourd'hui). Cette tenue masculine est celle qui prédomine pendant tout le XIXe siècle.
11LE GANDIN DE 1817. « Costume de Longchamp ». En 1817 règne Louis XVIII. Le dandysme est à l'état de prémisse en France. C'est l'époque des tenues à l'élégance militaire du calicot, du morillo ou du bolivar. On ne sait trop si le nom de gandin vient de ses gants ou du boulevard du Gand à Paris très à la mode alors. Ce nom raisonne en France comme celui de 'dandy' Outre-Manche.
LA 12JEUNE FRANCE DE 1830. A cette époque on appelle surtout jeune France ou nouvelle France, le romantique aux cheveux longs et manières passionnées. 1830 c'est aussi le temps du dandy, de la lionne et du lion, du bas bleu et du gant jaune. La robe des femmes s'élargit et la taille est plus basse. Le corset abandonné par les merveilleuses est de retour. Les coiffures assez hautes sont dites 'à la girafe'. Femmes et hommes arborent des cheveux bouclés sur les côtés qui peuvent être des postiches. C'est aussi le temps de larges chapeaux féminins avec de nombreux rubans et autres jolis falbalas.
13UNE COCODETTE ET UNE BICHE DE 1858. Durant le second Empire, sous le règne de Napoléon III (de 1852 à 1870) de nombreux noms désignent les petites-maîtresses : petite dame, cocotte, crevette … Leurs acolytes sont le petit crevé (ou crevé), le gommeux (vers 1870), le fendant, le col cassé, le cocodès, le genreux, le daim … Le sport est très à la mode avec le sportsman, la sportswoman, le gentleman du sport ou le gentilhomme du sport. C'est l'apothéose des robes crinoline, très larges. Généralement ronde, la crinoline atteint son diamètre maximum vers 1858 avant de projeter sa masse vers l’arrière. On lui associe des volants superposés, des garnitures et des effets de matières, notamment avec la naissance du style dit tapissier. Les teintures, conséquences des progrès de la chimie, sont de plus en plus criardes. La bottine est la chaussure de l'époque. Les petites ombrelles sont des accessoires prisés lors des promenades.
14LA COPURCHIC DE 1876. 'Copurchic' désigne le suprême chic. C'est un adjectif et un nom désignant certains petits maîtres d'alors. La crinoline cède la place à la tournure vers 1869. La silhouette devient de plus en plus filiforme, et de 1874 à 1876 le pouf tend à disparaître ; mais la tournure subsiste sous l’aspect d’une 'queue d’écrevisse'. La robe, au corsage ajusté, se dote d’une petite traîne. La tournure cambre de plus en plus les reins. A la fin du XIXe siècle la tournure est délaissée mais la silhouette reste très fine et cambrée. Le corset est abandonné au début du XXe siècle pour un retour à l'aisance et la création du nouveau concept de vêtement pratique. Le dernier tiers du XIXe siècle est le temps du pschutteux, du grelotteux, du faucheur, du clubman, du bécarre, du high-life, du snoboye, du koksnof etc.
On retrouve ici une partie de la bicherie du XIXe siècle, avec divers petits maîtres : gandin, invisible, anglomane, fashionable, freluquet, nouvelle France, artiste, lionne, lion, bas bleu, gant jaune, cocodette, petite dame, cocotte, crevette, petit crevé, biche, gommeux, fendant, col cassé, cocodès, genreux, daim, copurchic, pschutteux, grelotteux, faucheur, clubman, bécarre, high-life, snoboye, koksnof etc.

VÊTEMENTS D'ÉPOQUE :

HABIT BELLE ÉPOQUE (fin XIXe-1914) de la boutique Ancienne Mode (rue Moret). « Les robes du début de la Belle Époque se caractérisent encore par une taille marquée alors que la tournure disparaît. De 1893 à 1897, la jupe ronde forme une cloche, répondant à d’imposantes manches gigot. En 1898, la ligne sinueuse contemporaine de l’art nouveau, tord le corps féminin en S, jusqu’à ce que le buste se redresse progressivement à partir de 1906. Le corset impose une cambrure drastique alors que la silhouette exige le port d’un aplatisseur de poitrine et d’une petite tournure. » Pour les hommes le complet trois pièces est de rigueur. Il est composé d’un gilet, d’un pantalon étroit et d’un veston. « La tenue de soirée se compose d’un habit noir avec un gilet blanc, alors qu’est porté pour la première fois le smoking. […] L’homme ne saurait sortir sans canne, sans son haut de forme ou son chapeau melon. Il arbore également des chaussures basses dotées de boutons. » (Citations des Arts Décoratifs de Paris).
HABIT DES ANNÉES FOLLES (1920-1929) de la boutique ANCIENNE MODE (rue Moret). Vers 1908, le célèbre couturier Paul Poiret (1879-1944) supprime le corset et le soutien-gorge fait son apparition. Ce même couturier initie la ligne dite tonneau. La tenue se libère encore davantage avec Coco Chanel (1883-1971). Durant les Années folles, toutes les audaces sont permises. Les femmes se coupent les cheveux à la garçonne. On danse sur des musiques américaines. L'influence des États-Unis est grandissante. Montparnasse est le nouveau quartier à la mode. Des artistes du monde entier s'y côtoient. Fini les corsets et les vêtements serrés. Plus d'entraves. C'est la période des formes épurées, des robes courtes "Charleston" à taille basse et toujours dans la ligne 'tube', des chapeaux cloche et des silhouettes minces. La mode masculine reste assez sobre avec un peu plus d'aisance qu'auparavant.
HABITS ZAZOU (1938-1945) de la boutique Casablanca (rue Moret). Le texte sera inclus dans un prochain article sur les zazous.

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La musique était de camille885 de Youtube.

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Oberkampf Bon Ton

L'exposition c'est ce dimanche (27 novembre) après-midi seulement !
Au Bric à Brac Bar (108 rue Oberkampf, Paris 11e, entre M° Parmentier et Ménilmontant).
Je présenterai des documents faisant resurgir quelques inconcevables petits maîtres (c'est ainsi qu'on appelle les dandys autrefois) de la mode parisienne des XVIIIe et XIXe siècles.
Deux boutiques du quartier Oberkampf, Ancienne Mode et Casablanca, exposeront des vêtements d'époque des années 1900 à 1950.
N'hésitez à venir habillés avec des touches anciennes !
Entrée libre
Plus d'informations sur www.lamesure.fr/expo.html

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Sylphes et sylphides

lafeuillesanstitren317doublepagegravure300lmlafeuillesanstitren317pagegravure300lmOn appelle sylphides et sylphes des jeunes femmes et hommes dont la beauté confère au merveilleux, à la féerie.
Dans la mythologie les sylphides et les sylphes sont des génies élémentaires de l’air.
Chateaubriand (1768-1848) raconte avoir créé dans son esprit  une sylphide qui lui tient compagnie. Ils sont des êtres de rêve, représentant l’idéal masculin ou féminin pour les romantiques jeune-France versés dans l'imaginaire, la fantaisie, la mélancolie et la passion. Le premier grand ballet romantique se nomme La Sylphide. On peut lire un long article ayant pour sujet ce personnage ici.
Photographies : Double page et détail du numéro 317 du quotidien La Feuille sans Titre, du dimanche 24 décembre 1777. Ce journal qui paraît du 1er février au 31 décembre 1777 prend comme modèle le premier quotidien français : le Journal de Paris qui paraît à partir du 1er janvier 1777 jusqu'en 1840. La Feuille sans titre se différencie quelque peu notamment en proposant à partir de son numéro 100 toutes les semaines une gravure de coiffure sur buste. Dimensions : 21x17 cm. Le premier volume (sur deux) rassemblant ces parutions est visible sur : gallica.bnf.fr. Le numéro présenté ici expose dans sa rubrique 'Modes' une gravure et la description de la « Coiffure à la Sylphide ». Voici le texte :
« Coiffure à la Sylphide.
lafeuillesanstitren317pagegravurea250lmOn sait que les Sylphes & les Sylphides étaient, selon les Cabalistes, des esprits aériens qui se montraient quelquefois sous des formes humaines, mais toujours belles & élégantes, & c'est sans doute la raison pour laquelle on a donné à cette Coiffure le nom de Sylphide.
Le toupet & les faces se relèvent sur le coussinet comme dans les autres accommodages, en formant sur le sommet de la tête un demi-cercle parfait. De dessous le toupet ainsi ajouté, sort une masse de cheveux qui ont la même direction & qui paraissent en former un second, mais distingué, & séparé de l'autre. Cette masse de cheveux est ajustée en manière de toque, d'où sort du côté gauche une aigrette attachée par un petit flot de ruban, & du côté droit une cocarde. Cette toque formée de cheveux, comme nous l'avons dit, s'appuie sur le chignon retroussé négligemment, mais maintenu par le milieu d'un large ruban à la hauteur des oreilles. Au lieu de retrousser les extrémités des cheveux du chignon en dessous, on les laisse pendre négligemment pardessus, mais les pointes frisées en bequilles. Les faces ne consistent qu'en une grosse boucle, de chaque côté, qui prend de derrière l'oreille & va en remontant se terminer à la toque & au chignon pour remplir l'espace qui les divise. Sous cette boucle, les cheveux qui pourraient en former une seconde, pendent négligemment & sans apprêt jusques sur l'épaule ; & cet espèce de négligé, dans une Coiffure soignée, pour tout le reste, fait un contraste des plus agréables, & donne à la physionomie un certain air de négligence & de douceur qui ne peut manquer de plaire. Dans une partie de cette coiffure ; c'est la Dame la plus occupée de sa coiffure ; dans l'autre c'est celle qui, contente des dons de la nature, les laisse dans l'état qu'elle les lui a donnés, & n'en paraît pas moins belle.
C'est peut-être aussi pour cela qu'on a donné à cet accommodage le nom de Sylphide ; les esprits ne s'occupant guère des ornements des corps qu'ils empruntent ou que quelques sectes leur prêtent.
En jetant les yeux sur cette Coiffure, nous l'avons trouvée élégante & gracieuse ; & nous ne doutons pas, que venant de la source du goût en ces matières, les Dames ne nous sachent bon gré de la leur avoir procurée. »
Pour comprendre un peu mieux la coiffure féminine de cette époque, on peut regarder ces photographies d'une tête de femme datant du XVIIIe siècle qui nous permettent d'appréhender l'archétype de cette manière de cheveux de face, de trois quarts et de dos. Photographies 1, 2 et 3.

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La Rencontre des Incroyables

larencontredesicroyables300lmlarencontredesicroyablesdetail300lmPhotographie : « La Rencontre des Incroyables », gravure par L.-C. Ruotte, d'après Bunbiry « hé ! Bonjour mon ser comme tu es engraissé depuis que je ne t'ai vu ; ma pa-ole d'honneur c'est Inconcevables » (orthographe du texte). Cette estampe est sans doute une reproduction bien postérieure à l'édition originale qu'elle reprend. Cette caricature représente deux incroyables, sans doute des agioteurs, que la Révolution a engraissés. Beaucoup de ces « nouveaux riches » prennent les manières des premiers incroyables, de la même façon que certaines prostituées du Palais-Royal imitent  les merveilleuses. Comme d'habitude les copies nous donnent des renseignements sur les originaux. Ces incroyables ont les deux types de chapeaux pour hommes à la mode alors : le bicorne et l'ancêtre du haut-de-forme ; et les deux sortes de coiffures : perruque à 'oreilles de chien' et cheveux courts à la Talma. Un a des boucles d'oreilles. Tous deux portent une cravate haute qui leur cache le menton, un gilet (dont un à rayures vertes et blanches : deux couleurs de l'ancien régime et de la royauté, le gilet encadrant du reste un médaillon représentant Louis XVI), une redingote, une culotte, des bas avec jarretières (on ne voit que les jarretières pour celui de droite ses bas étant cachés par des guêtres jaunes) et des chaussures pointues à talons bas dont la paire de celui de droite rappelle certains exemples de poulaines médiévales à bouts  parfois très longs. Il se saluent en croisant leur petit doigt. Le texte insiste sur leur façon de parler en zozotant et en ne prononçant pas le 'r'.

larencontredesicroyablestexte650lm© Article LMlarencontredesicroyablessalut300lm

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Exposition Oberkampf Bon Ton : Les petits-maîtres de la mode française

montage4405L'exposition que je prépare approche. J'espère vous y voir nombreux … surtout que cela se déroulera seulement durant l'après-midi du dimanche 27 novembre.
Seront présentés :
- Des impressions sur tissus de petits-maîtres de la mode des XVIIIe et XIXe siècles que j'ai réalisées à partir de documents d'époque ;
- Des vêtements d'époque (Belle époque, années folles et zazous) présentés par des boutiques du quartier reconnues pour la qualité de leurs vêtements en particulier du XIXe siècle pour Ancienne Mode et des années zazous pour Casablanca.
Il sera fait un clin d'oeil à M. Oberkampf (1738-1815), l'inventeur de la toile de Jouy, et dont le quartier porte le nom.
Tout cela aura lieu dans le petit bar artistique le Bric à brac, au 108 rue Oberkampf (à côté de chez moi : emprunte carbone très bonne ;-), qui sera investi pour l'occasion du rez-de-chaussée au premier étage (voir la photographie de ce café céladon en haut à gauche ; à droite il s'agit d'une photographie du XIXe siècle d'un magasin de sous-vêtements vendant notamment des jupons et des crinolines).
Ceux qui le peuvent sont invités à venir habillés dans des tenues de pur style et de fantaisie.
Pour ceux qui ont un compte sur Facebook et qui viendront sûrement ou peut-être, ce serait gentil de vous inscrire sur la page de l'évènement ici. Evidemment Facebook est un bigbrother  pas très recommandable (voir aparté en fin d'article) ; mais il permet de rester en rapport. Comme l'entrée de l'exposition est libre et que ce n'est pas la peine de s'inscrire par courriel, cela me permettra de garder un contact pour les prochaines manifestations que j'organiserai et me rassurera un peu pour celle-ci.
Plus d'informations sur l'exposition ici.
A bientôt !flyer-expo

Aparté au sujet de Facebook : Il s'agit d'un véritable fichier pour le renseignement général  et l'industrie qui n'est pas très démocratique à l'instar de Google, se laissant guidés par la censure qu'elle vienne de la République populaire de Chine (Google) ou de l'islamisme (épisode Charlie Hebdo) par exemple. Moi-même mon premier compte LaMesure a été changé en mettant mon vrai nom sans mon accord, puis a été clôturé quand j'ai refusé  de leur envoyer un scan d'une de mes pièces d'identité. Bon depuis j'ai créé d'autres comptes où ma varitable identité n'est toujours pas indiquée mais tout de même cela mérite d'être dit !

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Maisons anciennes de parfum

LesCannesDeMPBourgetDesParfumsdetail300lmUn parfum très prisé au XVIIIe siècle est l'eau de Cologne, créée en 1709 par un immigré italien : Jean-Marie Farina (Giovanni Maria Farina : 1685-1766) en Allemagne dans la ville du même nom. Cette eau de senteur devient rapidement très célèbre et une référence. Ce n’est qu’à la toute fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe que ce parfum est copié. Des centaines de contrefaçons plus ou moins réussies prennent alors le nom d'eau de Cologne faisant perdre le prestige à la première firme qui garde encore jusque dans les années 1960 une bonne renommée. Aujourd'hui la maison de parfum originale est toujours en activité et la plus ancienne du monde.
En France, c'est avant tout la ville de Grasse, dans le sud est, qui témoigne encore aujourd'hui d'une longue tradition de la parfumerie depuis au moins le XVIIe siècle, encore très vivace aujourd'hui. Mais cela sera l'objet d'un autre article.
A Paris, la première moitié du XXe siècle voit de grands noms de la parfumerie se révéler comme se créent les grands couturiers alors. Leur héritage est encore très présent en France mais aussi dans le monde entier. L'entreprise Guerlain, créée rue de Rivoli à Paris en 1828 par Pierre-François-Pascal Guerlain, reste dans le giron familial jusqu'en 2002, date à laquelle Jean-Paul Guerlain cesse d'assurer la direction de cette prestigieuse maison rachetée en 1994 par le groupe LVMH, incluant ainsi cette marque dans sa branche Parfums et Cosmétiques. Dans la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe, de nombreuses maisons de parfum anciennes sont rachetées en France par de grands groupes comme Roger & Gallet (fondée en 1862) vendue en 2008 à L'Oréal qui rachète, comme LVMH, plusieurs maisons de couture ayant leur parfum. La boutique Guerlain du 68 avenue des Champs-Elysées créée en 1914 reste jusqu'à il y a peu d'années un des derniers bastions (peut-être le dernier sur la partie haute c'est à dire en dehors des jardins) du bon goût sur cette  avenue. Aujourd'hui les réaménagements intérieurs semblent avoir fait déserter les esprits fins du lieu (le mot étant à entendre dans son sens chimique de vapeur volatile et subtile, et dans celui qui donne une substance délicate et profonde aux choses qui gardent l'imprégnation du parfum d'un savoir). « A d'autres temps d'autres moeurs » comme dit l'adage. Parfois pourtant, aux abords d'une statue, dans un bosquet, au coin d'une rue, près de monuments anciens, dans la forêt, ou dans tant d'autres endroits, des effluves délicates remontent comme des souvenirs, des trésors infinis enfouis en nous qu'une simple et LesCannesDeMPBourgetDesParfumsdetaildetail2300lmlégère impulsion sur l'âme peuvent en révéler des 'secrets'.
Photographies : Illustrations d'après des dessins d'Henri Farge gravés sur bois par  Georges Aubert du chapitre 'Des parfums' du livre d'Eugène Marsan Le Bon Choix de Philinte : Petit Manuel de l'Homme élégant édité à Paris chez Le Divan en 1923. © Photographies LM.

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Le café Frascati

frascatidebucourtensemble1650lm2Le Frascati est un café parisien célèbre du temps des merveilleuses et incroyables et aussi d'une certaine jeunesse dorée issue sans doute de la nouvelle bourgeoisie mise à l'honneur avec la Révolution puis durant le Directoire et l'Empire. Il est difficile de faire la part entre les véritables incroyables et merveilleuses et ceux qui prennent pour modèle cette modernité sans en avoir la noblesse. Si le café Frascati est sans aucun doute assez somptueux par sa grandeur, sa décoration néo-antique, la beauté des jeunes personnes qui viennent y savourer de délicats glaces, punchs et limonades, il n'en reste pas moins aussi une maison de jeu dans laquelle de nouvelles fortunes souvent mal acquises en des temps troublés viennent y parader leur argent. Il se situe à l'angle du boulevard Montmartre et de la rue de Richelieu. C'est d'abord un hôtel particulier édifié en 1784 selon Georges Cain (Les Pierres de Paris, Paris Ernest Flammarion, 1910?) par « le riche traitant Crozat ». En 1789 il est démoli pour devenir « l'hôtel Lecoulteux de Nolay » ; « la belle terrasse seule est respectée ». En 1789, le cafetier italien Garchi l'achète. Il y fonde le café Frascati : « Ce subtil limonadier conquit Paris par l'excellence de ses glaces parfumées et la somptuosité de ses pyrotechnies. » « Chaque soir, la foule se pressait pour admirer les feux d'artifice, secouant sur Paris leurs gerbes de diamants, d'émeraudes et de rubis. En sortant de l'Opéra de la rue Richelieu (sur l'actuel emplacement du square Louvois) il était de bon ton de venir faire flamber des punchs ou écorcher des glaces chez Garchi. On promenait des frascatidebucourtensemble1300lm5belles dans les allées « illuminées a giorno » qui s'étendaient  jusqu'au passage des Panoramas, et il n'en coûtait que " trois livres d'entrée " ». Dans Les Anglais en France après la paix d'Amiens [1802]: Impressions de voyage de Sir John Carr (1772-1832), traduit par Albert Babeau, on y lit à partir de la page 180 : « [...] Frascati, où se réunit d'ordinaire, à dix heures, après la sortie de l'Opéra, le monde élégant de Paris. On n'y paye pas de prix d'entrée, mais tout étrange que cela puisse paraître, aucune personne mal élevée ne s'y introduit, sans doute par suite du respect que la bonne société inspire à la mauvaise. […] Un escalier mène à un beau vestibule, et de là à une salle entourée de glaces et décorée de festons de fleurs artificielles. A l'extrémité s'élève une belle statue de la Vénus de Médicis. Auprès de cette statue s'ouvre une arcade donnant accès à une suite de six magnifiques pièces superbement dorées, garnies également de glaces et de lustres de cristal taillé en diamants, qui brillaient comme autant de petites cascades étincelantes. Chaque chambre était comme un foyer de lumière ; l'on y prenait des glaces ou du café. On communiquait d'une pièce à l'autre par des arcades ou des portes à deux battants ornées de glaces. Le jardin, petit, mais disposé avec art, se compose de trois allées bordées d'orangers, d'acacias et de vases de roses ; à l'extrémité s'élèvent une tour dressée sur un rocher, des temples et des ponts rustiques ; de chaque côté, de petits berceaux en labyrinthe. Une terrasse s'étend le long du boulevard, dont elle commande l'aspect ; elle est bordée de beaux vases de fleurs et se termine à chaque extrémité par des sortes d'avenues décorées de miroirs. Là, dans le cours d'une heure, l'étranger, partagé entre la surprise et l'admiration, peut voir près de trois mille femmes les plus belles et les plus distinguées de Paris, dont les joues ne sont plus désormais défigurées sous les ravages du rouge, et qui, par l'harmonie et la grâce de leur extérieur, le porteraient à croire que les plus aimables figures de la Grèce, dans son époque la plus brillante, revivent et se meuvent devant ses yeux. »
Il semble que le High-life tailor rachète le bâtiment ou celui construit à sa place (voir l'article intitulé Le high-life). Ce grand magasin de mode, comme il s'en fabrique beaucoup dans la seconde moitié du XIXe siècle, s'installe alors à l'intérieur.
Photographies :  « Frascati », « Dessiné d'après un Croquis pris sur le Lieu, et Gravé par P. L. Debucourt. » Il s'agit de Philibert Louis Debucourt (1755-1832), artiste dont les gravures marquent la production de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe. Il s'est fait notamment une spécialité des images de mode à l'époque des incroyables et merveilleuses. L'estampe représente le café Frascati en 1807. Cette gravure est peut-être d'époque. Le papier vergé est épais.

frascatidebucourtensemble1650lm1 frascatidebucourtretouchedetail10lm frascatidebucourtensemble1650lm3frascatidebucourtensemble1650lm4© Article LM

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35e édition du salon Antica de Namour

1292 Pomander-Hector Guimard300Photographie : Pomander datant de vers 1900. © Parfumerie Fragonard, Grasse - Antica Namur 2011. Au sujet des objets de senteur lire mon article Les Objets de parfums que l'on porte sur soi au XVIII e siècle.
Du 11 au 20 novembre 2011 se déroule à Namur en Belgique la trente-cinquième édition d'Antica Namur : salon d'art et d'antiquités qui réunit 155 antiquaires. Le thème de cette année est « le parfum ».
Photographie : Scène de carnaval à Venise avec danseurs, circa 1757, huile. © Tiepolo, Lux Art Gallery (Crouzet), Antica Namur.3326 Carnaval Venise(c)Tiepolo-Lux Art415


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Merveilleuses & merveilleux