Estampes à la mode

assiettegravures300lmassiettegravuresdetaila300lmPhotographies : Assiette du XIXe siècle représentant une élégante de vers 1829 dans un magasin d'estampes. Elle tient dans sa main une image de mode représentant un jeune homme. Elle même est à la mode de cette époque : manches gigot, coiffure à la girafe (il semble que ce soit à l'arrivée d'une girafe à Paris, en 1827 que cette nouvelle coiffure est créée ), robe avec jupons, chaussures qui sont encore sans talons (comme à l'époque des merveilleuses) … Une gravure placardée sur le mur à hauteur de sa tête représente justement une girafe ! Derrière elle, un panneau indique : « Gravures et lithographies ».
La lithographie est un nouveau procédé d'impression qui aurait été inventé par Aloys Senefelder en 1796 en Allemagne (Wikipedia). Sa fabrication est introduite en France dans le premier tiers du XIXe siècle. Elle devient rapidement à la mode ; ce qu'illustre l'image avec cette gandine chez un marchand d'estampes dernier cri.

Photographies suivantes : Illustration d'une revue du XIXe siècle avec pour texte : « MODES DU JOUR. » « Robe de chambre de Mme Amélie (ancienne maison Delatour), rue Neuve-Saint-Augustin, 47. - Jupe-cage en acier élastique, de Thomas frères. - Coiffure de lingerie de la maison Saint-Dominique, rue du Bac, 56. - Gants des Tuileries, rue Saint-Honoré, au coin de la rue de l'Échelle. (Gravure extraite de l'Illustrateur des Dames.) »

modedujourrobedechambre300lmL'image joue un rôle important en Occident, et cela depuis l'Antiquité. Les pièces des maisons des grecs et romains aisés sont couvertes de représentations figuratives. Les murs sont peints de diverses scènes et les sols sont parsemés de mosaïques qui s'étalent aussi parfois sur les murs. Les très nombreuses statues sont elles aussi peintes. Peut on aujourd'hui imaginer celles du Parthénon à Athènes toutes colorées ? Les ouvrages en papyrus destinés à la lecture sont eux aussi très souvent illustrés. La chrétienté n'est pas en reste au Moyen-âge. Les statues de la façade de la cathédrale Notre-Dame à Paris datant du XIIe siècle sont aussi polychromes. Les églises, châteaux et demeures bourgeoises sont couvertes de représentations (sur les murs, en tapisseries ...), les manuscrits aussi. En Occident, la gravure est une technique qui semble dater du XIVe siècle. La fabrication du papier facilite la reproduction de plus en plus à grande échelle. Elle évolue rapidement. Au XVIIIe elle trouve un certain accomplissement dans la grâce à travers notamment des graveurs français. Au XIXe siècle les technologies modernes, aussi bien au niveau de la fabrication du papier que des estampes, offrent des opportunités nouvelles et un rendement largement supérieur. Avec l'invention de la photographie, le mouvement s'accélère encore. Puis le cinéma, la télévision et internet ajoutent à ce déluge d'images. Avecmodedujourrobedechambredetail300lm la photographie, l'image se confond à la réalité. Avec Internet et les technologies numériques elle peut prendre la place de l'être sous la forme d'un avatar. Ce n'est pas si nouveau puisque le masque a déjà cette fonction dans l'Antiquité.
Des magasins d'estampes sont réputés aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Certaines de ces images véhiculent les dernières modes ; et cela non seulement à Paris ou en France, mais dans le monde entier. Une gravure de 1805 de Pierre-Nolasque Bergeret (1782–1863) représente Les musards de la rue du Coq : un attroupement constitué en grande partie de fashionables contemplant les dernières images à la mode exposées dans la devanture de la librairie Martinet, rue du Coq-St-Honoré. Les deux gravures du centre ont pour titre : « Le suprême bon ton actuel ». Au dessus un papier indique : « Recueil de Caricatures ». Des personnages assez semblables à ceux représentés sont parmi les badauds. Les estampes ont donc leurs curieux et connaisseurs. Une peinture à l'huile (H. 32.5, l. 24.5) de Louis Léopold Boilly (1761-1845) conservée au département des Peintures du musée du Louvre figure des Amateurs d'estampes.

© Article et photographies LM.

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