Articles avec #les livres anciens catégorie

Éditions électroniques, études de corpus et bases textuelles dans les études médiévales.

Atilf.gifL'ATILF (Analyse et traitement informatique de la langue française) organise les 16 et 17 janvier à Nancy un colloque international sur les Éditions électroniques, études de corpus et bases textuelles dans les études médiévales. Le programme est visible ici.

L'ATILF fait partie du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), comme le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) dont le site est très pratique. Celui-ci, auquel l'ATILF collabore, permet non seulement de vérifier les définitions contemporaines mais aussi les anciennes à travers de nombreux dictionnaires. En quelques clics on feuillette un dictionnaire de moyen français, un autre du XVIe siècle, une édition ancienne du Dictionnaire de l’Académie française, ou l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert du XVIIIe siècle (tous ces liens sont sur cette page).

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À quand le nouveau salon international du livre ancien ?

Je parle de certains événements dans ce blog pour informer, sans oser parfois témoigner de ma déception. Ce fut le cas pour le 'Salon international du livre ancien' (qui comprend aussi le 'Salon international de l'estampe et du dessin') de l'année dernière et de cette année (pour 2014 l'article est ici).

J'y ai ressenti une sorte de vide profond que je me propose d'analyser.

D'abord j'ai pensé, comme l'année dernière, que c'était ma faute : trop pauvre et petit, n'ayant pas les moyens d'acheter dans les nombreuses boutiques de livres anciens parisiennes et ne connaissant donc personne de ce milieu ; trop sur internet ce qui me coupe du marché du livre, de ses vendeurs, collectionneurs et autres …

Et puis aujourd'hui, je me suis dit : « Et si ce n'était pas moi ? »

Reprenons donc :

1 - Dans ce salon il n'y a AUCUN EMPLACEMENT DÉDIÉ À INTERNET ! Pourtant tous les libraires et collectionneurs l'utilisent assidûment. J'y reviendrai.

2 - AUCUN EFFORT VÉRITABLE POUR ACCUEILLIR LES PAUVRES ET PETITS COMME MOI, qui n'ont pas les moyens de s'acheter un livre ou une gravure ne serait-ce qu'à 400 €. Le prestige, d'accord … mais rien ne se fait sans la base. Je l'ai largement montré dans ce blog pour la mode avec ses petits-maîtres.

3 - AUCUN ÉLAN PROFOND ARTISTIQUE ET NOVATEUR, NI D'ACTIVISME INTELLIGENT. Par exemple : RIEN POUR DÉFENDRE LA LANGUE FRANÇAISE. D'accord c'est un salon international ; mais les trois-quarts des livres présentés sont tout de même en français. J'ai même été choqué qu'un libraire suisse présente de magnifiques livres enluminés médiévaux, dont beaucoup en ancien français, sans même faire l'effort de traduire ses notices anglaises en français. Comment continuer à vouloir vendre des livres de notre patrimoine sans défendre le français ?

4 - Et la FRANCOPHONIE dans tout cela ? Aucune représentation des nombreux pays encore francophones hors de l'Europe.

5 – Du reste ce salon n'est PAS VRAIMENT INTERNATIONAL ; car mis à part pour les deux salons (du livre ancien et celui de l'estampe et du dessin) un emplacement pour l'Argentine, deux pour le Japon et quatre pour les États-Unis, tous les autres sont européens sur plus de deux cents exposants.

Pour en revenir à INTERNET rappelons que :
- Il existe depuis plusieurs années des BLOGS ET SITES de libraires, collectionneurs et passionnés de livres anciens formidables comme Essentiam, BiblioMab, Le Blog du Bibliophile ...

- La plupart des LIBRAIRES sont SUR INTERNET. La liste de ceux dont je connais le site serait trop longue pour que je la mette ici.

- Certaines librairies vendent par l’intermédiaire de PLATES-FORMES ÉLECTRONIQUES comme Galaxidion, LILA, Livre-rare-book, Antiqbook, Addall, eBay ... Quelques-uns ne le font même que par internet comme Gribaudo Vandamme qui a déjà vendu plus de cent mille livres sur eBay.

- Les MAISONS DE VENTES AUX ENCHÈRES DE LIVRES ANCIENS présentent leurs catalogues sur Internet. On peut y avoir accès par les circuits traditionnels (Drouot ...) ou par d'autres sites comme Bibliorare dont la lettre d'information gratuite est très pratique.

- Internet est aussi une MINE D'INFORMATIONS POUR LES PROFESSIONNELS ET AMATEURS DE LIVRES ANCIENS :

- Les CATALOGUES ET BIBLIOGRAPHIES sont très nombreux : Bibliothèque Nationale de France, Érudit, Rarebooks.info (payant) ...

- Les NUMÉRISATIONS permettent de consulter des livres anciens en entier sur : Gallica, Ebooks Libres & Gratuits, Europeana (dont même la version française est en anglais), Google recherche de livres, Bibliothèque numérique mondiale, Project Gutenberg, Internet Archive, e-codices ...

- Les ENCYCLOPÉDIES ET DICTIONNAIRES donnent d'autres informations avec : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, Wikipedia, Wikipedia portail Histoire de l'Art, The ARTFL Project, Wiktionnaire, Dictionnaire Latin-Français, Google traduction, Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle ...

- ETC. Tout cela n'est qu'une partie des ressources qu'offre internet.

Pour un petit collectionneur comme moi, il est beaucoup plus simple, moins cher et plus sûr de m'informer sur internet du prix d'un livre, de sa rareté, de son auteur etc. avant de faire un achat, que de faire confiance à ce que me dit un vendeur directement.

Évidemment internet tue la poule aux œufs d'or des libraires français de livres anciens ; surtout que les Américains et l'anglais dominent le marché. C'est pour cela qu'il est nécessaire que les institutions, professionnels et syndicats, qui ont en charge notre patrimoine, en prennent conscience.

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Salon International du Livre Ancien

LivreXVIIe.jpgDu 11 au 13 Avril 2014 se déroule au Grand Palais le XXVIe Salon International du Livre Ancien de l'Estampe et du Dessin organisé par le Syndicat National de la Librairie Ancienne et Moderne (SLAM) qui a cent ans cette année.

Les Archives du Ministère des Affaires Étrangères sont l'invité d’honneur de cette édition. Les deux thèmes de cette année sont « Étranges affaires, affaires étrangères » et « Guerre et Paix ».

EnetdedeVirgile.gifPlus de 160 libraires du monde entier et 50 galeristes sont présents. Un exposition rappelle l'histoire du syndicat et une autre présente des reliures décorées contemporaines. Un stand d'initiation à la bibliophilie accueille les visiteurs pendant toute la durée du salon. Des concerts ont lieu tous les jours ...

Photographie de gauche : « Ministères des Affaires étrangères, Volume de la Correspondance politique, reliure maroquin rouge aux armes de la famille Colbert. XVIIe siècle. »

Photographie de droite : « Art Biblio - Superbe exemplaire de l’Énéide de Virgile dans une reliure à plaques de l’époque ; provenant de la bibliothèque de Nicolas-Joseph Foucault (Venise, 1597). »

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BiblioMab : le monde autour des livres anciens et des bibliothèques

bibliomab-500Pour ceux qui aiment les livres anciens et souhaitent un peu mieux les appréhender, BiblioMab est un blog qui existe depuis près de six ans avec d'instructifs articles.

En voici quelques exemples :
Livres anciens et signatures des cahiers liminaires ;
Monogrammes et marques typographiques dans les livres anciens ;
Diversité des marques typographiques dans les livres anciens ...

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Essentiam : un site dédié aux livres anciens.

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La librairie de livres anciens, Essentiam, propose sur son site www.essentiam.fr des articles très enrichissants, illustrés de photographies et de vidéos particulièrement pédagogiques. Les professionnels du livre, comme les amateurs ou les novices apprécieront j'en suis sûr !

Abonnez-vous à sa lettre d'information.

Voici des liens vers quelques-uns de ses articles :

Les formats des livres anciens : significations et explications ;

L’acidité des papiers : source d’inquiétude pour les conservateurs de livres anciens ;

Dominoté, marbré ou à la colle : datation des papiers décorés ...

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Rhétorique française

RhétoriqueFrancaiseTitreTomeI324lmLe français tel qu'il est parlé aujourd'hui est à peu-près le même qu'au XVIIe siècle. À cette époque dans les cercles intellectuels on discute beaucoup sur la meilleure façon d'écrire et de prononcer les mots, les tournures des phrases les plus adéquates etc. Les précieuses et les habitués de leur ruelle en font un de leurs sujets de prédilection. Cela donne l'idée au cardinal de Richelieu de créer l'Académie française et son dictionnaire ; une académie qui, ceci dit en passant, a perdu beaucoup de son prestige depuis qu'on y a élu en 2012 et reçu en 2013 un membre n'ayant produit non seulement aucun ouvrage littéraire mais de surcroît aucun livre en français.

La rhétorique est avant tout une affaire de style. Elle nécessite des qualités oratoires mettant en jeu l'esprit, l'écriture, la parole et le corps en mouvement. Les manuels traitent de : correction, clarté, noblesse, naturel, harmonie, euphonie, convenance, imitation, prononciation, mémoire, voix, geste, qualité du français, figures de style, ornements, pensées (le fond ayant même la première place devant la forme), morale et bien d'autres éléments contribuant à sa beauté …

Le langage en mouvement est tout un univers dans lequel on plonge avec autant de plaisir que l'on se met devant une très bonne table ; la langue étant un outil au bonheur, une concentration, une méditation et bien sûr avant tout un moyen de communication et donc d'harmonisation du vivre ensemble.

N'oublions pas l'invention, la poésie … le rêve qui peut se concrétiser dans l'action par la parole.

Photographie : Rhétorique française par M. Crevier (Paris, Saillant ; Desaint, 1765).

© Article et photographie LM

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Livres anciens

NouvelleChimieDuGout300Photographie du dessus : « PONCELET, Polycarpe - Nouvelle chymie du goût et de l’odorat ou l’art de composer facilement, et à peu de  frais, les liqueurs à boire et les eaux de senteurs. Nouvelle CuisineVegetarienne300édition, entièrement changée, considérablement augmentée et enrichie d’un Procédé nouveau, pour composer des liqueurs fines (...). Paris, Delalain, An VIII (1800). In-8 ... » Egalité300© Catalogue de la vente Oger & Blanchet du 11 octobre 2013 à Richelieu-Drouot.

La maison Bernard Oger et Adrien Blanchet propose le vendredi 11 octobre après-midi à l'Hôtel Drouot-Richelieu à Paris une vente de Livres anciens et modernes avec notamment les ouvrages présentés ici.

Photographie de gauche : « LOUIS, André - Yvonne Saint Briac. La Cuisine végétarienne. Préfaces de Frédéric Sarcey et de Manuel Leven. Paris, L. Chailley, (1896). In-12, XLV, 202 pp., br. Yvonne Saint Briac est le pseud. de André Louis. » © Catalogue de la vente Oger & Blanchet du 11 octobre 2013 à Richelieu-Drouot.

Photographie de droite : « LEROUX, Pierre - De l’Égalité. Nouv. éd. Boussac, Pierre Leroux, 1848. In-8 ... » © Catalogue de la vente Oger & Blanchet du 11 octobre 2013 à Richelieu-Drouot.
Photographie du dessous : « BASAN - Catalogue raisonné des différents objets de curiosités dans les sciences et arts, qui composoient le cabinet de feu Mr Mariette contrôleur général de la Grande Chancellerie de France. Paris, Chez l’Auteur, 1775. In-8 ... » © Catalogue de la vente Oger & Blanchet du 11 octobre 2013 à Richelieu-Drouot.

CabinetdAmateur500Photographie du dessous : « VITRUVE - Les dix livres d’architecture corrigez et traduits nouvellement en françois, avec des notes et des figures. 2 e éd. rev., corrig. et augm. par M. Perrault. Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1684. In-folio, […] Seconde édition remaniée de la traduction de Claude Perrault ... » © Catalogue de la vente Oger & Blanchet du 11 octobre 2013 à Richelieu-Drouot.Vitruve500.jpg

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La règle et le compas

TraiteDePerspective300.jpgPhotographie du dessus : « Un corps allongé en un lieu comptant trois portes et quatre fenêtres ... Planche 28 du traité de Perspective de Hans Vredeman de Vries, 1604-1605. » © Collection privée. Photographie et texte de Jean-Michel Mathonière.

BosseFrontispice1653-300Photographie de gauche : L’Art imite la Nature par la règle, le compas, l’équerre et le fil à plomb, par Abraham Bosse, 1653. Frontispice du Moyen universel de pratiquer la perspective sur les tableaux ou surfaces irrégulières, ensemble quelques particularitez concernant cet art et celuy de la graveure en taille-douce, par A. Bosse. 1653. La personnification de l’Art, qui porte sur sa robe l’inscription « Imita », tient la règle comme pour viser un objet éloigné, tandis que la Nature, qui porte sur sa robe les premiers nombres, soutient délicatement son bras et pose le fil à plomb à l’extrémité de la règle, maintenant ainsi le compas et l’équerre. Entre les deux femmes se tient un lion rugissant, emblème de la Force, tandis qu’à l’arrière de leurs têtes vole un angelot porteur d’un serpent, emblème de la Prudence. » © Collection privée. Photographie et texte de Jean-Michel Mathonière.

LaVerdureLePicard 1636-300Photographie de droite : Marque du passage en 1636 du Compagnon tailleur de pierre « La Verdure Le Picard » dans la « vis » de l’ancienne abbatiale de Saint-Gilles-du-Gard. Durant la première moitié du XVIIe siècle, de nombreux Compagnons tailleurs de pierre ont laissé des marques de leur passage sur les parois de ce chef-d’œuvre de la stéréotomie romane. L’occasion leur en a peut-être été donnée par des travaux de restauration de cet édifice ruiné durant les guerres de religion. Dans son Premier tome de l’architecture, Philibert Delorme atteste de la réputation qu’avait, chez les tailleurs de pierre les plus experts en l’art du trait, l’escalier à vis de Saint-Gilles. On peut penser que les rééditions de son livre (1567, 1576, 1603, 1648) ont contribué à la promotion de ce pèlerinage compagnonnique. La plupart des marques de passage de tailleurs de pierre de cette période comportent comme seul outil emblématique de la profession, le marteau-taillant ou, ici, la polka. » © Photographie et texte de Jean-Michel Mathonière.

J'ai toujours été très sensible aux prouesses architecturales ; non pas celles qui font construire des gratte-ciels en plein désert qui ne sont que des gouffres énergétiques en totale opposition à leur environnement ; mais celles qui interrogent la matière et l'intelligence ; qui appréhendent cette matière afin de créer un monde harmonieux.

LesPerspecteursBosseDetail300L'enseignement des maçons remonte à la plus haute Antiquité. J'ai découvert par exemple au 'Département des Monnaies, Médailles et Antiques' de la Bibliothèque nationale de France des bijoux antiques avec une symbolique que l'on retrouve chez les francs-maçons modernes. Du moins je le suppose, car je n'y connais pas grand chose dans ce domaine et ne cherche pas à en savoir plus, ayant en horreur ce qui est volontairement tenu secret …

Il y a cependant un franc-maçon qui semble très éloigné de ce culte du secret. M. Jean-Michel Mathonnière s'évertue depuis des années à transmettre l'héritage fabuleux des tailleurs de pierre avec une constance 'dolmenique' et à rassembler des témoignages d'époque lui permettant d'organiser régulièrement des expositions ! La dernière en date s'intitule La règle et le compas : ou de quelques sources opératives de la tradition maçonnique. Elle se déroule en ce moment et jusqu'au 12 octobre 2013 au Musée de la Franc-Maçonnerie à Paris.

Ayant par le passé étudié certaines lignées d'enseignement tibétaines, je pense qu'il existe un 'patrimoine immatériel', ou comme on le dit à l'UNESCO un 'patrimoine culturel immatériel de l'humanité' qui peut être surprenant et d'une très grande richesse.

Photographie du dessus à gauche : « Les « perspecteurs », par Abraham Bosse, 1647-1648. [Détail de la] Planche 2 de la Manière universelle de Mr Desargues, op. cit., par A. Bosse, Paris, Pierre Des-Hayes, 1647-1648. Cette planche illustre ce que Desargues nomme le « rayonnement de la vue ». » © Collection privée. Photographie et texte de Jean-Michel Mathonière.

LePerspecteurBosse300.jpgPhotographie de droite : « Le « perspecteur », par Abraham Bosse, 1647-1648.  Planche 3 de la Manière universelle de Mr Desargues, pour pratiquer la perspective par petit pied, comme le géométral. Ensemble les places et proportions des fortes & foibles touches, teintes ou couleurs, par A. Bosse, Paris, Pierre Des-Hayes, 1647-1648. Un personnage élégamment vêtu à l’antique réunit à son œil onze fils provenant des sommets d’un volume parallélipédique et de losanges tracés en pointillés sur le sol, représentant la projection de l’ombre du volume. Bosse emploie cette figure pour rendre sensible la notion du point de vue, préliminaire à toute méthode de perspective. Cette estampe très évocatrice a été reprise avec de légères modifications en 1719 par le célèbre mathématicien anglais Brook Taylor dans le premier grand traité de perspective écrit en Angleterre, New Principles of Linear Perspective. » © Collection privée. Photographie et texte Jean-Michel Mathonière.

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Exemple d'un livre religieux dans une édition de 1658

tortillons-petits-fers200Les éditions tortillons-petits-fers-2-200imprimées de livres religieux chrétiens depuis les incunables sont nombreuses et souvent très soignées à tous les niveaux des compétences mises en œuvre par les divers métiers représentés. La vidéo d'Essentiam intitulée Beau livre ancien du XVIIe siècle : Imitation de Jésus Christ, traduit par Corneille, nous plonge dans cet univers avec finesse, où le verbe est véritablement créateur … Comme nous le dit dès ses premiers mots l’Évangile selon Saint-Jean : « Au commencement était le  Verbe ... »
Photographies : Caisson décoré aux petits fers en forme de tortillons, du dos du livre présenté dans la vidéo. © Essentiam.

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Reliure neuve pour le site de la librairie Essentiam

EssentiamCollection300Le site de la librairie Essentiam fait peau neuve !

On y trouve de nombreux ouvrages de toutes les époques et à tous les prix.

Un blog le complète avec des articles particulièrement intéressants sur la restauration des livres et des conseils sur leur entretien.

vitrine-essentiam-rue-monnier300Le concept du site est plaisant comme l'explique Céline à l'origine de celui-ci : « A-t-on déjà vu des amateurs de livres anciens choisir un livre avec un caddie, ou un panier ? Non, en réalité, dans les petites échoppes, on discute, on marchande, on réserve ses choix ... » Internet est utilisé pour ce qu'il a de meilleur : le partage et l'échange qui peuvent se poursuivre dans leur galerie même à Paris dans un quartier qui depuis le XIXe siècle est consacré à l'art.

N'hésitez pas à vous inscrire à la lettre d'information de la librairie, à demander des conseils par courriel et à aller directement à la boutique du 30 rue Henry Monnier (9ème arrondissement), dans le quartier Saint-Georges, surnommé dès 1823 « la Nouvelle Athènes » et proclamé à plusieurs reprises au  XIXe siècle « République des Arts et des Lettres ». Des antiquaires renommés s'y installent ; et aujourd'hui de jeunes antiquaires y trouvent refuge, à deux pas de Drouot.

Le site : www.essentiam.fr.

Le blog : www.essentiam.fr/livres-anciens.

Enfin, vous l'avez peut-être compris, Essentiam m'est particulièrement cher, car un des rares sites partageant avec moi une certaine vision poétique, amicale et intellectuelle.

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Entretien des livres anciens

guide-entretien-reliurePour les passionnés et futurs passionnés des livres anciens, la librairie Essentiam vient d’éditer son premier Guide pratique numérique sur l'entretien et les soins à donner aux reliures anciennes. « Ce guide est gratuit, dans la mesure où la conservation des livres anciens est une de nos principales préoccupations, et qu'il nous paraît utile et important de diffuser largement les bonnes pratiques d'entretien » indique la librairie. Il est en effet très utile. Ce pdf est de plus un exemple montrant comment le numérique peut aujourd’hui servir le livre ancien. Et si vous avez des amis férus d’un auteur, n’hésitez-pas à leur offrir un ouvrage de l’époque de celui-ci. De tels livres, qui ne sont pas obligatoirement des premières ou prestigieuses éditions, sont d’une grande valeur et à tous les prix.

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Écrire le théâtre

terence1753300Le théâtre, c'est de la poésie : le verbe qui se fait action … qui rassemble … du mouvement mis en rythme pour du plaisir pur … le geste, la voix, les mots ... mesurés … la vie sublimée et réinvestie par l'humain qui en cadence la respiration … la connaissance de cette humanité transcendée et dansée … et mieux que tout : une distraction qui rend plus heureux, plus sage, qui apaise par la catharsis, qui relativise chaque chose, raisonne, moralise et qui fait aimer. Si depuis le Moyen-âge la religion chrétienne semble bannir les acteurs, ce sont pourtant les clercs qui propagent l'oeuvre du dramaturge comique Térence (vers 190 – vers 159 av. J.-C.) et se servent de ses oeuvres pour enseigner un latin de qualité aux jeunes élèves. Ils transmettent aussi une tradition iconographique, ininterrompue depuis l'Antiquité jusqu'au XIIe siècle, des images de la Comédie nouvelle antique et en particulier celles des pièces de Térence, sur au moins 1400 années ; une tradition où chaque geste, chaque mouvement, chaque masque, chaque attribut, chaque vêtement, est scrupuleusement codifié, tel un langage magique (cela reste du théâtre et du plaisir) qui agit (actio) ... une rhétorique qui accompagne par le mouvement les mots d'une langue humaniste  d'une profondeur insondable et d'une légèreté qui l'est tout autant. La Comédie est une part importante de notre société occidentale telle qu'elle ne l'est nulle part ailleurs dans le monde, et cela depuis la Haute antiquité. Oubliée aujourd'hui,terence1753frontispicedetail300 l'oeuvre de Térence est pourtant la plus publiée en Occident après la Bible jusqu'au XIXe siècle. Elle est de la lignée d'un théâtre dont le verbe est bâtisseur d'empires, commençant avec Ménandre (empire grec hellénistique), se prolongeant avec Térence (empire romain), Shakespeare (Angleterre) et Molière (France)… autant de royaumes qui propagent un verbe rassembleur, une parole nouvelle … une vision de la vie comme l'est chaque langue. J'ai déjà écrit un long article sur Le théâtre antique et les conventions … classiques …  et un autre sur le masque (Sortir masqué) dans lesquels il est question de Térence. Et maintenant quel est le verbe qui portera le XXIe siècle, ce troisième millénaire ?

Photographies : Illustrations d'un livre du XVIIIe siècle avec trois des six pièces de l'auteur comique romain Térence : Publii Terentii Afri, Comoediae Sex, Ad Optimorum Exemplarium Fidem Recensitae. Accesserunt variae Lectiones e libris MSS. & Eruditorum Commentariis depromptae, Tomus I, Lutetiae Parisiorum, Apud Natalem Le Loup & Jacobum Merigot, 1753, Cum Approbatione & Privilegio Regis. 254 pages. In-12 (15 x 9 cm). Tome I avec les comédies en latin : Andria, Eunuchus, Heautontimorumenos, avec argumentaires et prologues, une Vie et un Éloge de Térence. Reliure d'époque. Frontispice par De Lafosse (Jean-Charles Delafosse : 1734-1789) d'après Hubert Gravelot (1699-1773), médaillon de Térence sur page de titre par Jacques Philippe Lebas (1707-1783) d'après H. Gravelot. Trois vignettes par De Lafosse, une par Dominique Sornique (1708-1756), deux par J. P. Lebas,  toutes d'après H. Gravelot. Elles représentent des putti ayant des occupations. Une gravure illustre chaque pièce. Une est de De Lafosse, une autre de D. Sornique, une autre de P. Lebas, toutes d'après H. Gravelot. Jolis culs-de-lampe (avec notamment des masques de comédie et une représentation de Ménandre dans un médaillon) et lettres illustrées.

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Troubadours et trouvères

histoirelitterairedestroubadourspagedetitre300S'« Il est un air, pour qui je donnerais, Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber »[deux premiers vers d'un poème de Gérard de Nerval (1808-1855)] histoirelitterairedestoubadoursguillaumeIX300ce serait sans doute celui d'un troubadour du Moyen-âge. Les XIXe et XXe siècles nous ont véhiculé de ceux-ci une image de saltimbanques très éloignée de la sophistication de l'art de certains de ces poètes : fine manifestation de la connaissance du rythme ... de la poésie telle qu'elle est entendue depuis l'Antiquité. C'est à partir du XIIe siècle que ces poètes du fin’amor : de l’amour courtois, prennent le nom de troubadours, puis de trouvères ; c'est à dire de « trouveurs » de l'inspiration : de la Muse, du bon rythme ... Je parle de tout cela dans l'article intitulé : Le bas Moyen-âge : Fin amor et Art français ou francigenum opus ; mais profite ici de revenir dessus en vous présentant ces tomes du XVIIIe siècle des vies de nos poètes.
Photographies : Histoire littéraire des troubadours, contenant leurs vies, les extraits de leurs pièces, & plusieurs particularités sur les moeurs, les usages, & l'histoire du douzième et treizième siècles, tomes premier et second (il manque le troisième), Paris, Durand neveu, 1774.

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Les débuts d'une rockstar.

horacefrontispice300.jpgPhotographies : Frontispice d'un livre de 1669, représentant Horace sur le Mont Hélicon avec quatre muses et le cheval ailé Pégase. À ses pieds sont les armes de l'Amour avec : l'arc, le carquois et les flèches. Il est couronné des lauriers des poètes. L'ouvrage porte son nom : Quintus Horatius Flaccus. Il a été édité à Paris (chez viduam Claudii Thiboust, et Petrum Esclassan è regione Colllegii Regii »), est daté de 1669, et contient des scholies (notes philologiques servant à éclairer un texte), annotations et commentaires de Joanne Bond : John Bond (1550-1612) un philologue et homme politique britannique, auteur d'une édition des œuvres d'Horace accompagnée de notes, parue à Londres en 1614 et réimprimée par la suite. Depuis l'Antiquité certains textes ont eu le privilège d'avoir des scholies d'auteurs permettant une transmission actualisée de ces ouvrages.

horacefrontispice300Cette gravure est dans le style des iconographies des grands poètes antiques telles que véhiculées depuis le Moyen-âge jusqu'au XIXe siècle avec Orphée ou le roi David. Orphée en particulier est celui qui sait charmer par ses mélodies qui attendrissent même les coeurs les plus durs.
Horace (65-8 av. J.-C.) est un poète romain dont la lecture est pour moi toujours un plaisir ; comme c'est le cas quand je lis nombre d'autres auteurs antiques. Il faut rendre hommage aux traducteurs qui nous transmettent ces textes venus de temps ou de régions reculés. Paris en réunit de nombreux dans les différents centres de recherche et plusieurs bibliothèques spécialisées existent où on peut s'abreuver de grec ancien, de latin, de sanscrit, de chinois ancien et d'une quantité d'autres langues … Pour ce qui est des traductions des 'classiques' antiques, il est nécessaire de mentionner la 'Collection des universités de France' (dite «Collection Budé» ) de la '
Société d'édition Les belles lettres' dont le travail est remarquable et cela depuis des dizaines d'années. L'objectif qui lui est assigné est de présenter « tous les textes grecs et latins jusqu’à la moitié du VIe siècle, mis à jour et accompagnés de traductions françaises nouvelles, d’introductions, de notices, de notes et d’un apparat critique. Les introductions réunissent l'ensemble des renseignements nécessaires à la compréhension générale de l'auteur et de l'œuvre. Les notices étudient les questions de date, de composition, de sources, des différentes parties de l'œuvre. Les notes, au bas des pages de traduction ou en fin d'ouvrage, fournissent certaines explications historiques. Plusieurs volumes récents comportent même un commentaire plus ou moins développé, selon la nature de l'œuvre. [Ces volumes sont] imprimés sur papier teinté de longue conservation fabriqué spécialement pour la collection. » Et si ces ouvrages sont assez chers, ils sont cependant consultables dans plusieurs bibliothèques.

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Le petit air boudeur

Un article (photographie) de Le Furet des salons de 1825 que je cite dans d'autres passages de ce blog, explique cette habitude de s'exprimer avec charme même dans la contrariété :

« Le petit Air boudeur.

On voit dame grecque ou romaine
Se fâcher avec majesté ;
L'Espagnole la moins hautaine
Se plaint, soupire avec fierté.
Avec calme gémit l'Anglaise,
L'Allemande a le ton de gronder ;
Mais, plus espiègle, la Française
Créa le petit air boudeur.

Marquise, duchesse, bourgeoise,
Raffolent de cet air charmant,
Est-il mortel que n'apprivoise
En aussi joli talisman ?
Un mari veut-il à sa femme
Fermer sa bourse avec rigueur,
Elle s'ouvre, dès que madame
A pris son petit air boudeur. »

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Sortir masqué

undefinedAux XVIIe et XVIIIe siècles, le masque est un élément de l'habillement comme un autre bien que peu utilisé. Il permet de protéger le teint des agressions du soleil, et offre à celui qui le porte la possibilité de ne pas être reconnu et de jouir ainsi d'une liberté qui n'offense personne. Sur les tréteaux, on ne le porte plus guère que dans la Comédie italienne. Le Théâtre français l’oublie, et c’est à peine qu’on se souvient que les acteurs comiques et tragiques antiques jouent avec. Pourtant l’écrivain comique romain Térence et les illustrations de ses pièces représentant des comédiens masqués sont à l’honneur pendant toute l’ère chrétienne (jusqu’au XIXe siècle). Nous avons commencé à parler de cela dans l’article du 17 décembre 2007 intitulé Le théâtre antique et les conventions … classiques … Le Moyen-âge transmet ces pièces avec diligence dans des manuscrits nombreux dont les illustrations, bien que copiant fidèlement leur modèle et suivant une tradition remontant à l’époque même de leur auteur, font fondre petit à petit le masque dans le visage même des acteurs représentés. undefinedDans les iconographies des livres de Térence des XVIIe et XVIIIe siècles qui copient celles des manuscrits, on ne reconnait souvent plus le masque qu’on ne met plus que dans les mains de Melpomène la muse de la Tragédie ou de celle de la Comédie : Thalie, dont il est un attribut. Pourtant durant l’Antiquité celui-ci a une importance toute particulière. Il fait le lien, marque le passage, entre divers univers : la vie et la mort, le réel et la fantaisie, le soi et sa distanciation ... Les familles romaines font fabriquer un masque en cire (imago) de leurs défunts qu’elles exposent dans leurs maisons dans une niche de l’atrium, dans des meubles avec étagères fabriqués pour cet usage et disposés à l’entrée. Ces armoires à masques ressemblent à celles où les masques de théâtre sont exposés et qui se retrouvent parfois au début des pièces illustrées de Térence, dans les manuscrits du Moyen-âge, les incunables ou même dans certaines éditions plus récentes (voir photographies). Durant l’Antiquité, on sort les masques des ancêtres aux funérailles pour les faire porter par des acteurs qui suivent le convoi. Lorsqu’il assiste à une pièce de théâtre comique (qui met en scène des personnages de la vie courante), le citoyen romain a donc une vision de sa propre vie ; ce qui implique obligatoirement une certaine distanciation face à celle-ci. Quant à Térence, il est étudié dès l’enfance pour la finesse de sa langue. On apprend le latin et même la rhétorique par son intermédiaire. Et la dureté de cet apprentissage est adoucie par le plaisir qu’offrent les pièces de cet auteur et la subtilité de son humour. Par la suite, le recueil de ses textes est resté jusqu’au XIXe siècle l’ouvrage sans doute le plus édité après la Bible.

Photographie : Les œuvres de Térence traduites et commentées par Madame Dacier (1654-1720) sont célèbres. Les illustrations qui accompagnent cette édition sont dessinées et gravées par Bernard Picart (1673-1733). Il s’agit de copies de celles des manuscrits médiévaux comme le manuscrit latin 7899, du IXe siècle, conservé à la Bibliothèque nationale de France, qui eux-mêmes suivent fidèlement une tradition antique (dont il reste seulement quelques fragments de papyrus connus mais sûrement beaucoup plus dans quelques recoins de réserves), avec l’image de l’auteur de buste présentée par deux acteurs dans un médaillon, les armoires à masques qui introduisent les rôles et les illustrations des scènes avec les personnages dans des positions caractéristiques qui ont valeur de langage rhétorique.

undefinedLes Comédies de Térence, Rotterdam, Gaspard fritsch, 1717,  traduction et remarques de Madame Dacier (1654-1720). Complet en 3 volumes in-12°, 10 x 15 cm. Tome 1 : LXXXVIII pp ('Préface', 'Vie de Térence'), 511 pp., 18 planches hors-texte + un frontispice. Tome 2 : 485 pp.,  17 planches. Tome 3 : 431 pp.,  11 planches. Un frontispice et 46 illustrations au trait dessinées et gravées par Bernard Picart (1673-1733). Dans le Grand dictionnaire des femmes de l'ancienne France, Fortunée Briquet écrit à propos de cette édition : « Anne Dacier : les Six Comédies de Térence, On en a fait, en Hollande, deux éditions, dont la meilleure, pour la beauté des caractères, du papier et des figures, est celle de 1717 ; Rotterdam, Gaspard Fritsch, 3 vol. In-12° ».

Térence (Publius Terentius Afer, IIe siècle av. J.-C.a vraiment marqué de son sceau la langue latine et la conception même de la latinité. De grands noms ont régulièrement redécouvert son œuvre constituée de seulement six pièces, et ont apposé leurs commentaires, parmi lesquels le célèbre grammairien Donat (Aelius Donatus, IVe siècle ap. J.-C., précepteur de Saint Jérôme) ou Calliopius (fin du VIIIe siècle ap. J.-C) qui est un des principaux promulgateurs de Térence. Madame Dacier s’inscrit dans cette continuation. La finesse du latin de l’auteur romain en a fait sa caractéristique. Sa popularité dans une chrétienté opposée au théâtre laisse songeur et dévoile comment ce qu’on appelle aujourd’hui l’Humanisme au-delà de toutes les vicissitudes du changement n’a cessé d’être à la source de l’histoire occidentale, une sagesse d’une douceur et d’une finesse extrêmes à l’origine même de toutes les grandes civilisations.

Citation : « Homo sum ; humani nil a me alienum puto » : « Je suis un homme et rien de ce qui est humain, ne m’est inconnu » (Térence, Héautontimorouménos, v. 77).

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Les livres de poche du 18ème siècle

undefinedAu 18ème siècle, on imprimundefinede des livres dans toutes les grandeurs : du volumineux in-folio à l'ouvrage miniature. Dans la préface de l'Almanach des gens d’esprit de l'année 1762, l'auteur écrit que : « Tout est aujourd'hui réduit en Dictionnaires, en Journaux & en almanachs. ». Le mot « réduit » est très approprié, car il s'agit de petits ouvrages très en vogue alors et qui ne se résument pas à ces trois types.

LES ALMANACHS sont des exemples de livres de poche publiés à cette époque. Leurs formats varient du in-18° à l’in-64°. Certains ne feraient que 1,5 cm de haut. Ils sont fabriqués pour être portés sur soi. Ils s’adressent à tous les publics et peuvent être tirés jusqu’à 50 000 exemplaires. Les reliures sont parfois admirablement ouvragées ou très simples, mais toujours charmantes : avec de jolies et élégantes couleurs ou très fines comme sur l’exemple exposé dans l’article du 2 octobre 2007 intitulé : Les almanachs de mode du 18ème siècle. Certains de ces ouvrages ont des dorures historiées sur les plats en cuir ou de fines broderies etc. Parfois ils sont vendus avec un étui pour les contenir.

undefinedLES CAZIN. Les in-12° et in-16° sont des formats très fréquents. Ils sont plus petits que ceux des livres de poche actuels. Hubert-Martin Cazin (1724-1795) est l’éditeur qui représente le mieux alors l’épanouissement des publications ‘de poche’. Son nom est associé à ces formats dont il est l’un des propagateurs. Si les Cazin sont petits c’est aussi parce qu’ils sont souvent vendus en catimini car leur contenu est parfois prohibé. En 1754, l’éditeur est interdit de pratiquer son métier de marchand libraire. Il continue cependant, puis de Reims s’installe à Paris à diverses adresses successives. Les lieux d’édition ne sont pas indiqués (photo 1) dans ses ouvrages ou bien le plus souvent à l’étranger comme Londres (photo 4) ou Genève (photos 2 et 3) bien qu’ils soient produits en France, ceci afin d’éviter les saisies, amendes et emprisonnements dont l’éditeur est parfois la victime. Son travail d’édition ne se résume pas à des écrits licencieux ou légèrement érotiques comme dans les quatre exemples que nous proposons. Il publie une collection conséquente et fine d’auteurs dans des livres variant du petit in-12° au in-18° donnant ainsi son nom à ce genre de petits formats du 18ème siècle.

 

La démocratisation du livre de poche ne date donc pas du 20ème siècle. Elle est sans doute au 18ème un des facteurs favorisant la divulgation des idées des Lumières puis de la propagande révolutionnaire.

 
 

undefinedPhoto 1 : Léonard, Nicolas Germain (1744-1793), Idylles et Poëmes champêtres, sans date ni mention d'imprimeur, mais de la fin du XVIIIe siècle. Format Cazin. 7 x 12,5 cm. Reliure de l’époque. Jolie page de titre/frontispice. Ce livre contient de nombreuses Idylles et d’autres poèmes de M. Léonard comme Le temple de Gnyde. Le temple de Gnide est celui de la volupté.

 

Photo 2 : Dorat, Claude-Joseph (1734-1780), Les Baisers, suivis du Mois de Mai, Poëme, Genève (Paris, Cazin), 1777, in-18° (12 x 7 cm). Frontispice de C. P. Marillier (1740-1808) gravé par N. de Launay (1739-1792) représentant dans un décor champêtre une jeune fille couronnant un poète de roses, avec le texte : « Il faut des Couronnes de roses A qui peignit l’Amour et chanta les baisers. 20 ème Baiser ». Vignettes, fleurons, culs-de-lampe illustrent le corps de l’ouvrage. La première édition de Les Baisers est un in-8° de 1770, chez Lambert et Delalain.

 

Photo 3 : Autre édition Cazin de la même oeuvre mais avec un frontispice différent. Dorat, Claude-Joseph (1734-1780), Les Baisers, suivis du Mois de Mai, Poëme, Genève (Paris, Cazin), 1777, de 7 x 12 cm. Frontispice : « Sans vous, à quoi sert le bel âge ? » représentant des putti formant des couples s’embrassant dans un décor rococo. Cette édition contient aussi Joannis secundi hagiensis Basia et Imitations de plusieurs poètes latins (poésies érotiques).166 pages. 

 

Photo 4 : Piis, Pierre-Antoine-Augustin chevalier de (1755-1832), Contes Nouveaux en Vers et Poésies fugitives, édition Cazin indiquée Londres pour Paris, 1781, complet en deux parties. Dimensions : 7,5 x 13 cm. Il s’agit sans doute de la première édition. Cette édition originale est particulièrement jolie du fait de deux fines gravures, l’une servant de page de titre du recueil en deux parties, et l’autre de suite de celui-ci. La première représente une jeune femme prenant la place d’un rémouleur allongé sur le sol. Elle aiguise des ciseaux sur une meule rafraîchie par de l’eau ; et au dessous le texte indique : « L’eau tombe goutte à goutte, et les Ciseaux de Lise Rasant la meule en feu s’aiguisent à sa guise. » Le thème est éminemment érotique puisque c’est du jeune homme qu’elle s’occupe en vérité. Il est amusant de noter qu’ici celui-ci est représenté languissant, foudroyé par l’Amour avec qui la jeune fille gambade gaiement sur l’autre gravure. Les contes et les poésies présentées dans cet ouvrage sont plus espiègles que licencieuses. Notons le dialogue légèrement érotique ‘d’une petite maîtresse et d’un abbé’ (pp. 285-288) où celui-ci essaie de soudoyer une élégante qui se laisse convaincre mais devant sa maladresse le renvoie au jour où il aura acquis plus d’expérience. Un conte met en scène une perruque : ’La perruque perdue’ (pp. 31-33). Un autre intitulé ‘La délicatesse à la mode’ (p.27) montre un jeune homme qui voyant que la jeune fille qu’il convoite acquiesce, devient grossier au grand dame de sa promise qui rechigne. L’indélicat invoque l’amour et peut faire alors ce qu’il ne peut dire. Ainsi au XVIIIe siècle, la mode est à la délicatesse tout en étant à la liberté voir au libertinage.

 

undefinedLivre/almanach (format in-12) contenant un calendrier (6 pages), un conte érotique (36 pages), 12 pages pour noter les pertes et les gains de son propriétaire, illustré de 4 jolies gravures à pleine page offrant différentes nudités. L'Asile des Grâces, Etrennes aux jolies femmes de Paris. Par un Parisien de quelques Académies, Paris, chez les Marchands de Nouveautés, sans date (la Bibliothèque nationale possède un exemplaire du conte, daté de 1785, édité par Jean-François Royez vers 1757-1823 : « A Cythère, et se trouve à Paris, chez Royez. M.DCC.LXXXV »). Ouvrage rare, inconnu à Grand-Carteret et à Cohen. Reliure plein maroquin rouge du XIXe siècle, dos à nerfs, dentelle intérieure et tranches dorées. Retrouvez ce livre à la LIBRAIRIE STANISLAS FOURQUIER, au 40 rue Gay Lussac à Paris dans le 5ème arrondissement près du Jardin du Luxembourg, et bien d’autres ouvrages sur les sites www.photolivre.com et http://stores.ebay.fr/0-livres-photos

 

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Description d'un livre du 18e siècle.

descriptiondunlivrereliure700.jpgLe livre a été fabriqué pour être lu, mais aussi tenu dans les mains, conservé, aimé, offert ... Cet objet est toute une histoire. Pour connaître le FORMAT d'un livre, il faut savoir celui de la feuille qui a été pliée : en deux : in-folio ; en quatre : in-quarto = in-4° ; in-octavo = in-8° ; en douze : in-duodecimo = in-12°, in-16°… La RELIURE (couvrure) peut être en papier, toile, soie, peau (pleine reliure ou demi-reliure); le cuir du veau brun ou blond, du maroquin (peau de chèvre), du parchemin ou de la basane (cuir très souple obtenu à partir d’une peau de mouton tannée). La reliure peut être décorée (fers, fleurons…). Elle est composée d’un plat et d’un contreplat, d’un dos et d’un intérieur reliure. Le CORPS D’OUVRAGE est emboité dans la couvrure et ne tient à elle que par ses gardes (feuilles de garde) collées aux plats. Le livre fermé, la partie visible du corps d’ouvrage est appelée la tranche. Elle peut être dorée, jaspée, marbrée, peinte… Dans les livres anciens, le tout est cousu à des nerfs simples ou doubles. A l’intérieur, le texte a sa propre typographie, et parfois des images telles des gravures (frontispice, gravures à pleine page ou dépliantes, bandeaux, vignettes, fleurons, culs-de-lampe…). Le livre du 18e siècle est un objet qui vit, qui respire, parce qu’il est fait de matériaux naturels : cuir, fibres végétales ... On ressent la main de l’homme, son travail à travers l’objet, et son esprit à travers les mots, les gravures … Tout s’entremêle comme les parties d’un corps ; le visible et l’invisible communiquent et ouvrent de nouvelles portes de l’âme. Les livres reflètent des facettes, parmi une infinité, du diamant de notre esprit, et ceux du 18e siècle des aspects de celui-ci qui méritent d’être redécouverts : où la main est aimée par la pensée, et la pensée par la main, celles (la main et la pensée) qui ouvrent le livre, et celles qui le créent, l’écrivent et le façonnent. 
descriptiondunlivreancien700.jpgdescriptiondunlivreancieninterieur700.jpg

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La Valeur d’un livre ancien

La valeur d’un livre est fonction de très nombreux critères. Il y a tout d’abord l’aspect sentimental ou intellectuel : l’ouvrage qu’on amènerait dans une île déserte. Ensuite, cela dépend de ce que l’on recherche. Enfin il y a des valeurs communes : ancienneté, qualité de la fabrication, rareté … S’agit-il d’une première édition, d’une édition du temps de l’auteur, ou d’une édition ressaissurlatitre.JPGare et appréciée ? Les gravures sont-elles des premières éditions, de l’époque du graveur ; quelle est leur qualité ; de qui sont-elles … ? Certains amateurs accordent une importance toute particulière à la reliure ; surtout lorsqu’elle provient d’ateliers réputés, ou si elle est riche et travaillée (maroquin, dorures …). La provenance de l’objet a son importance. Elle peut se lire dans l’ex-libris à l’intérieur (vignette du possesseur collée sur une page de garde ou nom écrit sur la page de titre) ou sur les armoiries (le chiffre) se trouvant sur la reliure. Un livre provenant de la bibliothèque d’un personnage célèbre voit sa valeur décuplée. Le livre conserve une âme, intangible par nature et bien vivante qui nous semble encore plus là quand on tient dans ses mains une édition du temps de l’auteur. Les matériaux eux-mêmes qui le constituent à cette époque (papier chiffon, cuir…) ont une vie et ont besoin de respirer. Ils ont surtout la nécessité d’être lus et aimer …  Le livre nous invite à contempler cette âme, ce morceau de savoir, directement, tel le doigt qui désigne et sur lequel il ne faut pas s’arrêter si on souhaite voir ce qu’il montre. C’est pour cela peut-être que contrairement à la plupart des autres arts du 18e siècle ceux liés aux livres ont gardé une certaine sobriété. Les reliures les plus sophistiquées sont souvent plutôt simples se caractérisant avant tout par la qualité du cuir, du travail et les fines dorures qui peuvent agrémenter l’ouvrage. Les gravures en pleine page ou les vignettes et autres culs-de-lampe des corps d’ouvrages sont généralement délicats et assez discrets.  Il s’agit là d’une autre facette de la beauté des arts du 18e siècle, celle d’un temps emprunt de connaissance et de sensibilité. Le livre est aussi un objet sensible qui doit être abordé avec intelligence, le support de cette finesse nécessaire à tout savoir car nous permettant de comprendre l’autre. Cette lumineuse sensibilité profondément inscrite dans la culture courtoise (fin’amor en ancien français) se retrouve dans toutes les facettes de la vie sociale d’alors : la politesse, l’élégance, l’amour, la culture, les sciences … autant d’éléments chers à cette époque férue de clarté, de discernement, en ce siècle des Lumières. On retrouve cette sensibilité s’exprimant de façon toute autre, en offrant différentes facettes de cette beauté, dans la Porcelaine, l’Orfèvrerie, la Peinture et tous les Beaux-arts d’alors. Le livre est un objet de savoir dans lequel l’esprit peut se ressourcer, trouver les fondations solides de sa matière, puiser dans la limpidité lumineuse de la connaissance.  Il y a beaucoup d’autres aspects qui font la valeur d’un livre ancien. Evidemment le contenu est d’une grande importance. Certains ouvrages n’ont pas été réédités, ou pas depuis longtemps. Et même s’ils l’ont été régulièrement, des changements ont été faits pour en faciliter la lecture. Ainsi plus on remonte dans le temps, plus l’orthographe change, la typographie ... Les signifiants et les signifiés se bousculent, et on entre dans de la pure poésie … la Littérature … qui a fabriqué notre monde et essaissurlanecessitedeplairereliure.jpgle façonne toujours à travers les mots (et les chiffres). Cependant, le Verbe reste une invention humaine et par là garde sa liberté. C’est aussi un héritage commun, un outil de rassemblement, de communication et d’amour. Les Précieuses du XVIIe siècle, dont nous parlerons dans un prochain article, sont parmi les inventeurs de notre français moderne. Elles discouraient pendant des heures sur le bon emploi de certains mots, en créaient d’autres, avec pour thème récurrent : l’Amour. Leurs salons et académies donnèrent au cardinal de Richelieu l’idée de créer l’Académie française et son dictionnaire. Pour connaître la valeur d’un livre, une certaine culture est donc nécessaire. Quant à la valeur proprement marchande, elle prend en compte tout cela, mais aussi le nombre de collectionneurs s’y intéressant en fonction de la rareté et d’autres données uniquement pécuniaires. Nous verrons dans un prochain article les différents éléments qui constituent un livre du XVIIIe siècle et qui permettent de le décrire.

Le livre présenté en photos est : Moncrif, François Auguste Paradis de (1687-1770), Essais sur la nécessité et sur les moyens de plaire, seconde édition, Paris, Prault fils, 1738 (année de la première édition). Wikipedia : « Dans cet ouvrage, Moncrif soutient que rien n'est plus important que plaire et que chacun a les moyens d'y parvenir à condition de savoir utiliser les passions et les travers de son interlocuteur. Les Essais sur la nécessité et sur les moyens de plaire ont été publiés par François-Augustin Paradis de Moncrif en 1738. D'Alembert insista, dans l'éloge qu'il fit de lui à l'Académie, sur le fait qu'avant d'être un théoricien, Moncrif était un excellent praticien de la conversation. Secrétaire du joyeux comte de Clermont, censeur royal, lecteur de la pieuse reine Maria Leczinska et de la dauphine, Moncrif parvint à plaire dans des milieux très différents. Il réussit à mener une vie de plaisir sans déplaire à la reine, pourtant très vertueuse. Dans l'épitaphe que La Place écrivit pour lui, on peut lire qu'il fut "digne des moeurs de l'âge d'or", tant il savait plaire par son esprit et sa conversation. »

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Reconnaître les livres anciens

L'histoire du livre occupe une longue part de l’Histoire avec un grand ‘H’ que l'on fait commencer à l'avènement de l'écriture. Certains font remonter les premiers livres à la haute Antiquité avec les tablettes d’argile ou de pierre ; d’autres à la fin de l’Antiquité avec l’abandon progressif du volumen (rouleau en papyrus ou parchemin) pour le codex (ensemble de feuillets reliés au dos) que le Moyen-âge utilise presque exclusivement en joignant entre elles des feuilles de parchemin. Les peaux de dizaines de moutons sont nécessaires à la réalisation d’un seul livre. Ce sont des ouvrages de luxe entièrement écrits à la main, parfois enluminés d’ornements et illustrés de miniatures, et dont les reliures peuvent être serties de joyaux ou d’autres éléments affirmant leur valeur. Le papier apparaît au XIIe siècle. Il se généralise peu à peu, surtout avec l’avènement de l’imprimerie grâce à Gutenberg dès 1450. Les premiers livres imprimés (jusqu'à février 1501) sont appelés des "incunables" (du latin incunabulum : berceau) ; ceux qui suivent des ouvrages modernes. Les incunables n'ont souvent ni page de titre, ni date ; ce qui rend leur identification difficile. Par contre dater un livre ancien est relativement aisé ; car cette datation est confortée par de très nombreux éléments. Le premier aspect à prendre en compte est la date de publication indiquée généralement au bas de la page de titre, ou bien au "colophon" (à la fin) pour les livres de la fin du XVe siècle et du début du XVIe. Le second élément, qui est souvent le premier car constituant l’approche initiale d’un livre, est la reliure. Aux XVe et XVIe siècles elle est souvent en parchemin ou vélin. Une reliure du XVIIIe siècle se différencie très nettement d’une du XIXe. Il suffit d’en comparer une dizaine des deux périodes pour s’en rendre compte. Sous l'ancien Régime, la plupart des reliures sont en pleine peau. Avec la Révolution et la pénurie de cuir, se généralisent les demi-reliures (dos en cuir, mais carton et papier marbré pour les plats). Le travail du relieur des XVIIe et XVIIIe siècles est très spécifique et le plus souvent particulièrement abouti. Parfois les plats, et presque toujours le dos des ouvrages en cuir, sont ornés de décors dorés, mélanges d'encadrement, de dentelles ou de fers à motif particuliers. Le contenu est de toute première importance : le texte, les gravures, le papier aussi. Ce dernier a ses caractéristiques suivant les périodes de sa confection. Jusqu’au début du XIXe siècle, il est produit à partir de chiffons de lin ou de chanvre. Sa préparation donne un aspect vergé caractéristique et facilement décelable à la lumière. En transparence, on peut sur certaines feuilles identifier un filigrane qui est un motif (dessin, texte …) distinctif du lieu de fabrication. Enfin, la qualité de la pâte, son épaisseur … ont leur importance. Tous ces éléments viennent confirmer la datation d’un livre. Ensuite d’autres aspects s’ajoutent pour en évaluer sa valeur. Mais nous verrons cela dans un autre article. 

Reliures-L-Intersigne-.jpglogolintersigne155.gifLivres en vente à la librairie d’Alain Marchiset L’Intersigne : www.livresanciens.eu
De gauche à droite :
- Arnauld de Villeneuve, Libellus de regimine senû et seniorum, Paris, F. Baligault, sans date (incunable de vers 1500) ;
- Vesling, Syntagma anatomicum, 1647 (reliure en parchemin) ;
- Torquemada,  Hexameron, 1610 (reliure aux armes) ;
- Du Verney, Traité de l'organe de l'ouie, 1683 (reliure du 17e s.) ;
- Newton, Arithmétique universelle, 1802 (demi-reliure) ;
- Nynauld, De la lycanthropie, 1623 (reliure de luxe du 19e s.).

Sur la place du livre ancien dans le monde contemporain, notons les intéressants articles d’Alain Marchiset (Président d'honneur du SLAM : Syndicat de la librairie ancienne et moderne)
comme celui intitulé :
Quel avenir pour le livre ancien ? 

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Merveilleuses & merveilleux