La galerie Fayet

Le passage Jouffroy à Paris est riche de nombreux endroits intéressants. J'en reparlerai. Aujourd’hui je veux évoquer l'ancienne boutique des frères Segas que ceux-ci ont vendue au mois de janvier 2015 afin de prendre une semi-retraite.

Gilbert Segas reste un expert incontesté des cannes anciennes de collection. Il continue d'officier auprès de ses anciens clients et à travers son site : www.canesegas.com.

Les frères Segas ont mis à leur place la maison Cannes Fayet qui est une entreprise familiale de fabrication de cannes, parapluies et ombrelles depuis 1909, une des dernières en France... et même en Europe. La galerie Fayet du 34 passage Jouffroy sert de lieu d'exposition parisien des produits de cette maison. On y poursuit aussi le travail d'expertise et de vente d'exemples anciens de collection.

Espérons que la galerie Fayet continuera de vendre et d'exposer de nombreuses cannes anciennes de collection et de garder l'atmosphère du lieu avec son premier étage aux murs recouverts d'une moquette couleur vert 'caca Dauphin', symbole d'un autre temps, celui des merveilleuses et des merveilleux que les frères Segas connaissent bien (voir la partie de leur site consacrée aux cannes à la Révolution).

Photographies ci-dessus : Vitrine de la galerie Fayet.

Photographies ci-dessous prises à l'intérieur de la galerie.

Voir les commentaires

Le comte des nuages : Masanao Abe face au mont Fuji

Le comte des nuages : Masanao Abe face au mont Fuji est une installation qui a lieu jusqu'au 17 janvier 2016 au musée du quai Branly. Elle est l'oeuvre de Yoshiaki Nishino, directeur du musée de l'Université de Tokyo et de l'Intermédiathèque. Elle met en scène le travail visuel du comte Masanao Abe (1891-1966) sur le mont Fuji, avec des documents d'époque et une approche poétique de la photographie à travers les variations météorologiques autour de cette montagne.

Voir les commentaires

Amour est aussi un fleuve !

Avec un titre comme Esthétiques de l’Amour : Arts décoratifs de Sibérie Orientale, on s'attend à apprendre sur la façon dont les chamans sibériens envisagent l'esthétisme en amour. Et bien pas du tout ! L'exposition ayant cet intitulé, présentée jusqu'au 24 janvier 2016 au musée du quai Branly, a pour sujet les populations de la fin du XIXe siècle et du début du XXe vivant dans une partie (principalement russe) du bassin formé par le gigantesque fleuve nommé Amour. De nombreux objets rituels et du quotidien y sont visibles... beaucoup en rapport avec l'invisible : les esprits de la Nature, une nature et des gens très éloignés de notre quotidien, l'amour aussi à travers de nombreux vêtements de mariage etc.

Ceux qui aiment la nature seront, je crois, enchantés. On peut y contempler un travail d'artisanat délicat d'objets fabriqués à partir d'éléments bruts offerts par la nature comme l'écorce de bouleau qui dans des mains expertes peut aboutir à de jolis et fins paniers, boîtes etc. Savez-vous que l'on peut confectionner des vêtements (de la tête aux pieds) avec la peau de certains poissons particulièrement appréciée pour son caractère imperméable ?

L'Amour a aussi une importance géostratégique. C'est un fleuve dont une très grande partie du cours sert de frontière entre la Russie et la Chine.

Photographie du haut : « Corbeille pour ramasser les baies. Nivkh. Fédération de Russie, île de Sakhaline, vallée de la Tym. Deuxième moitié du 19e siècle- début du 20e siècle. Écorce de bouleau (Betula utilis). Musée du quai Branly, Paris. »

Photographie de gauche : « Boîte avec couvercle, nécessaire à couture. Nivkh ou Nanaï. Fédération de Russie, bassin de l'Amour. Fin du 19e siècle - début du 20e siècle. Écorce de bouleau (Betula ermanii). Musée du quai Branly, Paris. »

Photographie de droite : « Paire de bottes. Aïnou. Fédération de Russie, île de Sakhaline, vallée dela Poronaï. 19e siècle. Peau de saumon du bossu (Oncorhynchus gorbuscha), peau de hucho de Sakhaline (Hucho perryi), fil de coton teint à l'indigo. Musée du quai Branly, Paris. »

Photographies ci-dessous : « Manteau féminin de fête. Nivkh. Fédération de Russie, région de l'Amour. Fin du 19e siècle. Peau de saumon du Pacifique (Oncorhynchus keta), peau de carpe de l'Amour (Cyprinus rubrofuscus). Musée du quai Branly, Paris. »

Voir les commentaires

Les collections du prince de Liechtenstein

Depuis le 7 novembre 2015 et jusqu'au 20 mars 2016, Caumont Centre d’Art à Aix-en-Provence présente une exposition sur Les collections du prince de Liechtenstein.

C'est une occasion pour se renseigner sur ce pays très proche de la France. Le prince Hans-Adam II est le chef d’État à vie de sa petite monarchie parlementaire d'une population de trente-six-mille habitants accueillant soixante-quatorze-mille multinationales. Au Liechtenstein chaque sujet de sa majesté doit supporter plus de deux multinationales, alors qu'en France chaque citoyen ingurgite une dette publique de plus de 20 600 euros par habitant et de 47 400 euros par actif (chiffres fin 2008, depuis cela a largement augmenté). Le PIB par habitant y est l'un des plus élevés au monde si ce n'est le plus élevé. Ce n'est pourtant qu'à partir de 1984 que les femmes y ont obtenu le droit de vote, mais seulement pour les scrutins nationaux et non locaux. Le Liechtenstein bien qu'au cœur de l'Europe ne fait pas partie de l'Union européenne.

« Amateurs d’art et mécènes depuis le XVIe siècle, les princes de Liechtenstein ont réuni l’une des plus importantes collections privées d’Europe. » C'est une partie de celle-ci qui a déjà fait le tour du monde et qui s'arrête aujourd'hui à Aix-en-Provence.

Une quarantaine de peintures et aquarelles, du XVIe siècle au XIXe sont exposées. Si l'ensemble des collections est majoritairement de cette période, il rassemble de très nombreuses oeuvres : des « peintures (quelques mille-sept-cents tableaux), sculptures, dessins, gravures, mobilier, livres et objets précieux ».

Photographies du haut et de gauche : « Lucas Cranach, Vénus, 1531 - Huile sur bois - 38,7 x 24,5 cm. Liechtenstein. The Princely Collections, Vaduz–Vienna © LIECHTENSTEIN. The Princely Collections, Vaduz–Vienna. »

Photographies de droite et ci-dessous : « Anthonis van Dyck, Portrait de Maria de Tassis (1611-1638), vers 1629/1630 - Huile sur toile - 129 x 92,8 cm. Liechtenstein. The Princely Collections, Vaduz–Vienna © LIECHTENSTEIN. The Princely Collections, Vaduz–Vienna. »

Voir les commentaires

Le musée Rodin ouvre à nouveau ses portes au public

Le musée Rodin ouvre à nouveau ses portes au public, le 12 novembre prochain, après trois années de travaux dans l'’Hôtel Biron qui l'abrite depuis son ouverture en 1919, un hôtel particulier du XVIIIe siècle. Le parcours muséographique a aussi été changé avec une accentuation sur le processus créatif d'Auguste Rodin (1840-1917). Pour l'occasion de nombreuses pièces en plâtre, qui illustrent la genèse de l’œuvre de l’artiste, ont été restaurées et sorties des réserves. Je ne suis pas allé voir le résultat, n'ayant pas beaucoup de temps cette semaine. Mais je fais passer l'information...

Les photographies ci-dessous nous font découvrir un jardin assez sauvage en plein Paris.

Voir les commentaires

Paris Tableau

« Paris Tableau est un Salon spécialisé en tableaux de maîtres anciens européens du Moyen Age jusqu'à 1900. Pour sa cinquième édition, vingt-quatre galeries parmi les plus prestigieuses au monde, venant de France, d'Italie, du Royaume-Uni, de Suisse ou encore des Pays-Bas se retrouveront à nouveau au sein du célèbre Palais Brongniart, place de la Bourse et présenteront leurs plus belles œuvres réservées spécialement pour le Salon... » du 11 au 15 novembre 2015.

Voir les commentaires

Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (10) : Que restera-t-il des secteurs sauvegardés ?

L'exposition du musée Carnavalet Le Marais en héritage(s) : 50 ans de la loi Malraux, qui se déroule du 4 novembre 2015 au 28 février 2016, met en avant l'importance de la création des 'secteurs sauvegardés' (loi du 4 août 1962). Le quartier du Marais fut le premier à être mis sous cette protection en décembre 1964.

Cela est particulièrement d'actualité aujourd'hui avec le Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine qui se propose de refondre cette législation.

Comme l'explique l'exposé des motifs du texte écrit par le Ministère de la Culture (dossier législatif complet ici) : « Le projet de loi fusionne les dispositifs des secteurs sauvegardés, des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, et des aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine. Ils sont automatiquement remplacés par une seule servitude d'utilité publique : les cités historiques. »

« L'article L. 611-1 nouveau fusionne la Commission nationale des monuments historiques et la Commission nationale des secteurs sauvegardés dans une nouvelle Commission nationale des cités et monuments historiques, compétente au niveau national pour l'ensemble des sujets traités par le livre VI du code du patrimoine. »

Le « Livre VI : monuments historiques, sites et espaces protégés » du Code du Patrimoine est presque entièrement substitué dans les articles 21 à 26 du projet de loi. Il devient « Livre VI : monuments historiques, cités historiques et qualité architecturale ». Les titres I, III et IV sont remplacés, le titre II modifié et il est ajouté un titre V. Le changement est donc conséquent.

Au-delà de la loi qui s'élabore, ce qui est important c'est de savoir comment le Gouvernement souhaite l'appliquer... et c'est sur le terrain que nous le verrons. Ce texte met en place un nouveau dispositif législatif et donc de nouveaux usages que le ministère de la Culture expliquera par de nombreux décrets et notes. Ce qui est sûr, c'est que les directions prises jusqu'à présent par ce Gouvernement et le précédent ainsi que par exemple la mairie de Paris ont été désastreuses pour le patrimoine notamment parisien (voir cet article). On a donc à craindre que ce projet de loi et tous les textes qui vont en découler donnent une légitimité à ces pratiques.

Première photographie : Entrée triomphale à Paris de Louis XIV et Marie-Thérèse d'Espagne le 20 août 1660. Eau-forte de Jean Marot (1619-1679) datant de 1662. Photographie prise dans l'exposition.

Voir les commentaires

Collections de pots à pharmacie anciens en céramique et de majoliques

Le mercredi 25 novembre, la maison Fraysse & Associés présente à la vente à Drouot-Paris Deux collections de pots à pharmacie et majoliques de Saint-Cloud, Lunéville, Rouen, Montpellier, Lyon, Nevers, Italie, Espagne, Savone, Venise, Delft, Deruta, Faenza, Urbino. Le catalogue est visible ici.

L'exposition des pièces a lieu à Drouot le mardi 24 novembre de 11h à 18h.

Photographie du haut : « NEVERS. Paire de grands vases de pharmacie à piédouche couverts décorés en bleu et violet de manganèse de cartouches surmontés de têtes d’amours se détachant sur un fond orné de lambrequins et portant les inscriptions « C.Alkermes » et « Orvietanum ». La base, le col et le couvercle sont ornés de guirlandes de feuillages stylisées, de godrons et de filets. Les anses sont formées de larges têtes de mascarons féminins en relief. Début du XVIIIe siècle. Hauteur : 60 cm. » © Catalogue.

Photographie ci-dessous : pots à pharmacie de Nevers des XVIIe et XVIIIe siècles. © Catalogue.

Voir les commentaires

La mode retrouvée, les robes trésors de la comtesse Greffulhe.

La mode retrouvée, les robes trésors de la comtesse Greffulhe est la nouvelle exposition du Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris, qui se déroule du 7 novembre 2015 au 20 mars 2016.

La comtesse Greffulhe, née Élisabeth de Caraman-Chimay (1860-1952), était la cousine de Robert de Montesquiou (1855-1921) et l'arrière petite-fille de la merveilleuse du Directoire Madame Tallien (1773-1835). Elle inspira Marcel Proust qui, dans son oeuvre, prête ses traits à la duchesse de Guermantes. Elle est, pour employer des termes de l'époque que l'on retrouve dans mon livre, une lionne fin de siècle, une gommeuse copurchic, une grande dame ayant du vlan, une parfaite genreuse !

L'exposition nous permet de suivre la mode de la fin du XIXe siècle et du début du XXe  à travers une partie de la garde-robe de la comtesse dont une cinquantaine de modèles griffés Worth, Fortuny, Babani, Lanvin... Des portraits, films et de nombreuses photographies, dont plusieurs de Nadar, donnent un peu plus de vie à ces habits de qualité travaillés avec beaucoup de finesse.

En ce qui concerne la critique je conseille de lire l'article intitulé Galliera, Palais des horreurs de la Costumière hystérique.

Photographies ci-dessus : Photographies de la comtesse.
Photographies ci-dessous : Robes de diverses époques.
Photographies ci-dessous : Portrait de la comtesse Greffulhe dans la robe de son arrière grand-mère Mme Tallien. Photographie de Paul Nadar datant de 1883.

Venons-en maintenant au palais Galliera. Dans un précédent article j'ai écrit que ce musée allait être un des grands bénéficiaires du nouveau plan de 'rénovation' du patrimoine muséal de Paris par la mairie. Il va être agrandi et une collection permanente s'y tenir afin de devenir le grand musée qui manque à cette capitale mondiale de la mode. Pour cela il faut espérer que ce réaménagement ne nous offrira pas une vision restreinte aux vêtements. La plupart des expositions organisées par ce musée ne parlaient jusqu'à présent que d'habits, et toutes après 2011 (voir ici) ne sont jamais allées plus en avant que la fin du XIXe siècle.

La mode existait déjà sous l'Antiquité. De nombreux éléments la constituent comme la musique, la danse, les lieux en vogue, le style, les manières (de parler, bouger...), les arts décoratifs... Il est nécessaire d'insister aussi sur le fait que, avant d'être un événement mondain, elle est un phénomène populaire. Je le montre largement dans mon livre sur Les Petits-maîtres de la mode, où l'on constate que les modeux proviennent de tous les milieux, et que, je le répète, les vêtements n'occupent qu'une partie de celle-ci, parmi tous les autres éléments qui la constituent. La mode c'est avant tout les nouveaux rythmes !

Photographie ci-dessous du musée Galliera prise jeudi dernier, le 5 novembre 2015. Elle n'est pas retouchée.

Voir les commentaires

Château de style néo-troubadour

Le 18 Novembre 2015 est mis en vente dans la salle des ventes de Chinon l'Entier mobilier du château du Temple en Val de Vienne, suite succession : Important tableaux anciens - Bijoux - Robes de Hautes couture - Faïences de Blois - Livres et manuscrits anciens - Importants objets de grande décoration du XIXème siècle - Important mobilier de style néo-gothique...

Le château de Theneuil (ou château du temple) a été bâti vers 1886 dans le style néo-troubadour. Il est dommage de voir une nouvelle fois s'en aller le mobilier d'un château dont une partie était présent dès sa construction.

Photographies provenant d'Interenchères.

Voir les commentaires

Photographies de cinéma et musique

Les samedi 14 et dimanche 15 Novembre 2015 le Marché Dauphine des Puces de Paris Saint-Ouen inaugure son premier salon de la photographie intitulé Photo Puces. Le thème choisi est « le cinéma et la musique ». Pour l'occasion des marchands et galeries spécialisés (une vingtaine) sont invités à s'installer au premier étage du Marché Dauphine afin de proposer une sélection de photographies originales en tirage argentique des années 50, 60 et 70, de portraits d’artistes célèbres, acteurs ou musiciens pop, réalisés par les plus connus des photographes de presse.

Voir les commentaires

Découverte d’une partie de l’enceinte parisienne de Charles V datant du XIVe siècle (suite).

Dans l'article intitulé Découverte d’une partie de l’enceinte parisienne de Charles V je relate la trouvaille récente de murs et peut-être d'une tour d'une fortification parisienne du XIVe siècle lors de travaux pour la création d'un jardin. Je suis retourné sur le lieu le 2 novembre dernier. Il a été sagement décidé, semble-t-il, de recouvrir le tout et revenir au niveau précédent, afin de faire un jardin en surface. C'était sans doute la seule manière de conserver encore longtemps ces vestiges ! Ceux qui se sont déplacés, après avoir lu mon premier article sur ce sujet, ont eu la chance de voir resurgir de terre cet émouvant témoignage du passé.

Cliquer ci-après pour voir des photographies grand format de la fouille : 1, 2, 3.

Voir les commentaires

Commémorations de la Première Guerre mondiale

La guerre de 1914-18 fut particulièrement meurtrière. La France à elle seule y perdit dix pour cent de sa population active masculine soit un-million-quatre-cent-mille morts et disparus. Il y a de cela cent ans. Les événements commémoratifs sont nombreux. En voici deux :

Du 2 novembre 2015 au 29 mai 2016 les Archives départementales des Hauts-de-Seine à Nanterre proposent le second volet d'une exposition sur Les Hauts-de-Seine dans la Grande Guerre : S'armer, Subir, Se souvenir.

Une exposition sur le site Internet Archives & Patrimoine des Hauts-de-Seine (http://archives.hauts-de-seine.net) sera proposée en fin d'année.

Photographie de gauche : Affiche « Comment ils écrivent l’histoire », Archives départementales des Hauts-de-Seine. © Archives départementales des Hauts-de-Seine.

Dans l'exposition Mobiliser et survivre (du 13 novembre au 2015 au 28 février 2016) des musées Gadagne de Lyon est mis en avant le rôle du théâtre de Guignol durant cette guerre : celui de remonter le moral des troupes sur le front et à l'arrière.

Avant d'être destinée aux enfants, cette marionnette l'était pour les adultes, illustrant le quotidien du peuple et l’actualité du Second Empire et de la Troisième République, avec un humour décalé permettant de contourner la censure. Guignol joua aussi un rôle pendant la guerre de 1870.

Photographie de droite : Guignol durant la guerre de 1914-18. © Musées Gadagne.

Voir les commentaires

Images du Grand Siècle : L'estampe française au temps de Louis XIV.

L'exposition Images du Grand Siècle : L'estampe française au temps de Louis XIV se déroule du 3 novembre 2015 au 31 janvier 2016 à la Bibliothèque nationale de France (BnF), quai François Mauriac. Plus de cent-soixante pièces y sont à découvrir.

Durant le règne de Louis XIV (de 1643 à 1715), roi mécène très sensible aux arts et aidant leur rayonnement, Paris est « le centre de production le plus important en Europe, à une époque où la gravure est le seul moyen de diffuser l’image. »

Les exemples présentés couvrent de 1660 à 1715. L'objectif est de donner un panorama de l’estampe en France, essentiellement parisien. On peut y admirer différents sujets, formats et apprendre comment les estampes se fabriquaient à travers des outils de l'époque et des exemples concrets. Les amateurs comme les curieux y trouveront leur compte.

C'est une plongée dans une autre manière de vivre. C'est dommage que la mise en scène soit très moderne et les estampes toujours dans des encadrements contemporains. Une seule a son cadre d'origine. Ce genre d'événement mériterait un autre décor que celui années 1990 de la BnF, un décor XVIIe !

L'exposition est loin d'être exhaustive. Par exemple il y a une seule estampe 'd'après Bérain' alors que les gravures de Jean Bérain (vers 1638-1711) et de son fils Jean II Bérain (1674-1726) sont à l'origine d'un véritable style qui influença notamment l'ornementation du début du XVIIIe siècle. Il y a quelques dessins mais pas de peintures permettant de faire le parallèle entre les originaux et leurs représentations gravées. Les photographies utilisées ne suffisent pas.

On aurait pu s'attendre à quelque chose de plus 'grand' de la part de la BnF pour une exposition qui insiste sur le côté « Grand Siècle ». Son département 'Estampes et photographies' possède plus de douze millions de documents. Je ne parle pas du nombre ni de la qualité des oeuvres, celles de cette exposition étant multiples et belles. Une collaboration avec d'autres organismes, comme Le Louvre pour les parallèles avec de réelles peintures ou le Mobilier national pour les cadres, aurait donné plus d'éclat à ce moment. La présence d'objets des arts décoratifs (comme certaines céramiques) aurait aussi permis de mettre en scène l'importance de ces gravures pour la divulgation à grande échelle de motifs par exemple pour créer des poncifs.

Mais l'exposition mérite que l'on vienne la voir afin d'y admirer de nombreuses estampes et un support important dans l'histoire de la diffusion des images.

Photographies : « Anonyme, Le Bal à la françoise [almanach pour l’année 1682], 1681. Eau-forte et burin. BnF, Estampes et photographie. »

Je présenterai prochainement un article avec des photographies que j'ai prises dans cette exposition.

Voir les commentaires

Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (9) : Pour le respect des architectures anciennes au même titre que tous les autres objets d'art !

Photographies : En me promenant en vélo près de chez moi j'ai remarqué que l'on détruisait des bâtiments sur le boulevard Richard Lenoir au niveau de la rue Moufle. Il y avait notamment une sorte d'immense hangar ancien. Dernièrement, il ne restait plus qu'un joli bâtiment sans doute du XIXe siècle que j'ai pris en photographie en espérant qu'on ne le supprime pas (image à gauche ci-dessus). Peine perdue, quelques semaines plus tard il n'était plus là (à droite). Voilà ce qui est écrit sur le panneau du chantier : « Maître d'ouvrage : Mairie de Paris. Maîtrise d'oeuvre : Direction des Espaces verts et de l'Environnement Service du Paysage et de l'Aménagement […] Ici, après la démolition des bâtiments un espace de 5 000 m2 sera aménagé. Ce jardin permettra de créer un espace de respiration dans ce quartier. Calendrier de réalisation Printemps-été 2015 : démolition – Automne 2015 : ouverture d'un jardin éphémère – 2017 : aménagement du jardin – 2018 : ouverture du jardin. » La photographie de gauche a été prise le 30 août 2015 et celle de droite le 24 octobre 2015. Avec la disparition du charmant bâtiment on remarque que les deux clochers de l'église derrière sont affublés chacun d'un immense filet. Dans Paris de plus en plus de bâtiments se retrouvent ainsi ficelés. J'écrirai plus tard un article sur ce sujet.

Des démolitions comme celle des photographies j'en vois régulièrement. Elles se font sans bruit. Beaucoup sont entreprises par la mairie de Paris, par exemple pour construire des logements sociaux de mauvaise qualité. Quand on ne détruit pas tout, on garde les façades et avec de la chance quelques éléments de l'intérieur, ou alors dénature le lieu en le bétonnant etc. La mairie de Paris, comme d'autres villes et l’État ne semblent avoir comme préoccupations architecturales que de faire du neuf ou de vendre.

Les textes comme le Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine sont surtout de l’esbroufe. Dans la réalité on ne respecte pas assez les architectures anciennes de qualité dont on devrait prendre soin comme on le fait pour les objets d'art. Même des bâtiments classés sont détruits. Seulement dans ces cas les architectes font toujours attention de garder les façades et parfois quelques éléments intérieurs afin de 'sauver les apparences'. Mais les dégâts sont irrémédiables. Voici à nouveau une liste de quelques-unes de ces atteintes à notre patrimoine parfois avec l'approbation de ceux-là même qui se targuent de le défendre dans ce projet de loi.

Comme je l'ai déjà dit : de nombreux bâtiments classés ont été presque totalement détruits. Rien que pour ces dernières années à Paris on compte par exemple :
- Le Musée de l'Homme (1937), intérieur partiellement détruit et entièrement 'contemporanisé' en 2015.
- La Samaritaine (un des premiers grands magasins du XIXe siècle) presque entièrement détruite. Seules les façades du bâtiment principal et quelques murs sont conservés. Les travaux ont lieu en ce moment (2015).
- La Médiathèque Françoise Sagan (XIXe siècle). Le bâtiment a été entièrement détruit en 2015 jusqu'aux sous-sols, sauf les façades et deux escaliers.
- La Piscine Molitor (1929) a été entièrement détruite (sauf les façades) et reconstruite en 2014.
Je n'ai pas fait d'enquête précise sur ce sujet. Il s'agit juste de ce que j'ai remarqué lors de mes visites de vernissages pour la presse ou lors de mes promenades en bicyclette dans Paris. Ces deux dernières années on pourrait en ajouter sans doute beaucoup d'autres et pour les années précédentes aussi.

Il est prévu d'endommager d'autres lieux classés :
- L'Hôtel du grenier des Saint-Augustin (XVIIe siècle) va être transformé en locations de luxe et 110 m2 détruits ;
- L'Hôtel Lambert (rare hôtel particulier du XVIIe siècle qui était resté presque intact) est en train d'être modernisé (électricité, plomberie, ventilation).
- L'Hôtel Crillon (XVIIIe) en travaux est aujourd'hui posé sur plusieurs étages de béton constitués de garages, piscine, salle de sport etc. Il n'existe sans doute plus aucune des fondations d'origine. Des planchers vont être partiellement démolis peut-être pour un énième ascenseur) sur les six étages etc.
- Le Quadrilatère Richelieu (composé du Palais Mazarin, de l’hôtel Tubeuf, de la galerie Mansart et de deux édifices abritant la Bibliothèque royale) est en travaux, et plusieurs centaines de m2 de cet ensemble sont en train d'être détruits.
- Démolition partielle du jardin des serres d'Auteuil.

- À L'hôtel des Monnaies (XVIIIe-XIXe) on est en train de démolir 2080 m2.

Des bâtiments prestigieux ont été vendus ces dernières années par l’État ou des collectivités publiques à Paris :
- Hôtel Kinsky (XVIIIe s.), bradé par l'État à une famille princière du Qatar en 2006 pour la moitié de son estimation.
- Hôtel de Broglie (XVIIIe s.), cédé en 2013.
- Hôtel de Clermont (construit en 1708), vendu.
- Hôtel de Fleury (XVIIIe s.), livré à une société foncière.
- Hôtel de Miramion (XVIe-XVIIe siècles, inscrit au titre des monuments historiques en 1926) a été vendu par l'APHP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) ;
- Garde-meuble de Louis XVI à Versailles...

Que dire de Versailles qu'on modernise (jardin contemporain construit dans celui de Le Nôtre...) ou le Louvre dont on externalise toutes les réserves à Liévin, que l'on 'vend' en partie au Qatar et qui ressemble de plus en plus à un centre commercial ?

En province la situation n'est pas meilleure. Les collectivités publiques vont jusqu'à confier à des fondations privées le patrimoine de villes entières comme à Belfort en 2012 ou Abbeville en 2015. Je sais ceux qui lisent régulièrement mon blog vont dire que je me répète... mais pour certains de ces sujets il me semble que je suis le seul à en parler.

Nous devons dès à présent conserver les bâtiments âgés comme on le fait des objets et oeuvres d'art. Ce sont des témoignages de notre passé irremplaçables et des êtres qui les ont construits, décorés, utilisés, qui ont forgé la grandeur de Paris et de la France. S'il est plus facile de détruire que de conserver, il est par la suite difficile de vivre dans un néant sans passé, sans amour des êtres et de leurs oeuvres qui nous ont précédés, et d'envisager un futur serein.

Voir les commentaires

Mythes fondateurs

Mythes fondateurs est une petite exposition du Louvre, avec des œuvres d'art de grande qualité mises à la hauteur des enfants et s'adressant aux personnes peu habituées aux musées, qui a lieu jusqu'au 4 juillet 2016.

Je l'ai visitée pendant les vacances scolaires, et ai eu beaucoup de plaisir à me trouver au milieu de familles, des enfants et leurs parents et surtout grands-parents essayant de transmettre à leurs petits cette beauté magique véhiculée par le patrimoine mondial. On y évoque beaucoup l'imaginaire, le merveilleux, avec un peu d'espace pour se poser. Si le nombre d'oeuvres est suffisant, cette exposition mériterait une superficie plus grande pour pouvoir justement discuter sur l'art, méditer (oui les enfants aussi méditent)... trouver chacun sa joie au milieu de ces représentations des mythes fondateurs de ce qui est notre société... chacun formant sa mythologie finalement.

L'idée est donc particulièrement intéressante.

L’exposition donne à voir environ soixante-dix œuvres de toutes les époques, réparties en quatre sections. La première salle relate des récits sur la création du monde imaginés par diverses civilisations. La seconde est sur les cycles de la nature, le jour et la nuit, et la magie. La troisième donne des exemples de héros mythiques. La quatrième est sur la représentation des mythes et les métamorphoses notamment par l'image (photographie, cinéma, peinture...) et tous les êtres imaginaires qui accompagnent les fables. Des éléments tactiles et ludiques donnent plus de corps à cette exposition.

Deux bémols :

Si l'entrée pour le Louvre est gratuite pour les moins de dix-huit ans et quelques autres, les adultes (avec des exceptions) doivent payer 15 EUR (prix de la visite complète du Louvre).

Et puis bien sûr, bien qu'on nous dise que la présence presque exclusive (au niveau des mythes contemporains) d'un personnage d'un film sortant en décembre 2015 est fortuite, le fait qu'il soit dans le titre de l'exposition et sur toutes les affiches surplombant tous les autres 'mythes' laisse songeur. Il est impossible que cela ne soit pas fait exprès !! Des mythes modernes il en existe des tonnes ! Pourquoi accorder autant de place à celui-là ? Il s'agit ou d'une naïveté confondante ou de l'oeuvre d'un esprit retors ou des deux à la fois. Ces hypothèses pourraient aussi offrir une explication à l'exposition du Louvre Une brève histoire de l’avenir, celle sur un Nicolas Poussin calotin, au centre commercial qu'est devenu ce musée, au déplacement de toutes ses réserves à Liévin dans le Pas-de-Calais (même article que précédemment) et au Louvre Abou Dabi.

Pour Mythes fondateurs, comme c'est la première exposition sur ce sujet, disons que l'exercice n'était pas évident... Attendons de voir les autres. C'est en tout cas une charmante présentation d'oeuvres d'art de qualité, vivante et avec de l'amour... de l'art et des gens.

Rappelons que le Louvre est une très grande et noble institution contenant des trésors incommensurables du patrimoine de l'humanité. Elle doit le rester. Elle est un exemple pour les millions de personnes qui chaque année se rendent dans ce palais construit dès le XVIe siècle...

Trois premières photographies : Prises dans l'exposition.

Photographie de droite : « Stèle de la dame Tapéret (recto). X e ou IX e siècle avant J.-C. (22 e dynastie). Bois peint, 31 x 29 x 2,6 cm. Musée du Louvre. © 2003 musée du Louvre / Christian Décamps. »

Photographie de gauche : « Mythe de création archaïque évoquant les noces cosmiques du ciel et de la terre au moment de leur séparation. 3 ème quart du III e millénaire av. J.-C. Argile. Environ 4 x 5 cm. Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux. »

Première et dernière photographies : La Nuit et l'Aurore de Jean-Baptiste de Champaigne (1668). « Ce tableau, peint pour la chambre du fils de Louis XIV, accompagnait chaque matin son réveil. »

Photographies ci-dessous : Une jeune fille écrit doctement sur le carnet d'exposition donné aux enfants.

Photographies ci-dessous : « Amphore à figures noires : animaux réels et fantastiques, VI e siècle av. J.-C., Athènes. 30,9 cm x 19,4 cm. Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski. » Sur le détail en haut un griffon (gardien des trésors d'Apollon) et au-dessous une sirène (inspiratrice des rythmes poétiques).

Voir les commentaires

Porcelaines et faïences patriotiques historiées et narratives

Le 7 novembre 2015, l’hôtel Drouot accueille une vente de la maison Pescheteau-Badin d'une des plus importantes collections de céramiques nationales. Elle est intitulée Porcelaines et Faïences Patriotiques Historiées et Narratives.

« Fruit de vingt-cinq années de passion et de recherche, cette exceptionnelle collection se compose de deux-cent-vingt-quatre pièces en céramique, véritable témoignage d’une page d’histoire, par leurs illustrations et leurs messages. »

Ce sont d'émouvantes réalisations, souvent naïves, toujours ferventes, d'une époque qui vécut l'instauration de la Première République. L'amour de la patrie était alors aussi fort chez les révolutionnaires que chez les royalistes. Ce thème se retrouvait abondamment dans la production de faïence, support populaire servant alors d'outil de propagande et d'affichage politique.

Photographie ci-dessous provenant du communiqué de presse.

Voir les commentaires

Les Plaisirs des Jardins au XVIIIe siècle

Le Domaine du Château de Seneffe (Belgique) - Musée de l’orfèvrerie de la Fédération Wallonie-Bruxelles est un très bel ensemble constitué d'un château de style néo-classique construit au XVIIIe siècle abritant « la plus belle collection d'orfèvrerie de Belgique », d'un théâtre, d'une orangerie, d'une volière, d'une glacière et d'un parc à l'anglaise de vingt-deux hectares avec un jardin à la française, un étang et une île reliée à la rive par un pont « très romantique ».

Il s'agit d'un lieu particulièrement approprié pour une exposition temporaire sur Les Plaisirs des Jardins au XVIIIe siècle, se déroulant jusqu'au 6 novembre 2016, qui rassemble plus de cent-cinquante objets sur l'art des jardins au temps des Lumières : « objets scientifiques, tableaux, livres, céramiques, faïences, porcelaines, tapisseries, objets de décoration, éléments vestimentaires ».

Cet événement s'ajoute à la collection permanente « Faste et Intimité » reconstituant la vie quotidienne à cette époque (« Le XVIIIe siècle, le Bijou, la Femme », « La Médecine au XVIIIe siècle ») et aux cinq-cents objets de la collection d’orfèvrerie, tous « mis en scène afin de valoriser au mieux leur fonction ».

Photographie de droite : Buste de Jean-Jacques Rousseau. © Domaine de Seneffe – Rouer R.

Photographie ci-dessous : « Service aux Choux-fleurs, Manufacture de Bradwell, XVIIIe siècle, faïence, Grand Curtius, Liège. © Ville de Liège Grand Curtius. »

Photographies ci-dessous : « Tapisserie La fenaison, Manufacture des Gobelins, entre 1683 et 1691, laine et soie, 348 x 703 cm. © Domaine de Seneffe - Rouer R. » Cette tenture est remarquable dans ses détails. La femme qui tend son tablier est habillée d'un brocart et de dentelles !

Voir les commentaires

Sepik, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

L'exposition Sepik, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui se déroule au Musée du quai Branly depuis le 27 octobre 2015 jusqu'au 31 janvier 2016 à la Galerie Jardin, « met en lumière la diversité des rapports qu’entretiennent les populations de la région du Nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée avec le fleuve Sepik ».

« Riche de plus de 230 sculptures issues des collections de 18 musées européens, l’exposition SEPIK, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée, après avoir été présentée au Martin-Gropius-Bau de Berlin et au Rietberg Museum de Zürich, est aujourd’hui accueillie au musée du quai Branly. L’occasion pour le public de découvrir toute la richesse de la création artistique des peuples de cette région du monde, et de s’interroger ensemble sur l’influence, essentielle, de notre environnement sur la construction de nos représentations artistiques et mythologiques. » (citations de Stéphane Martin, président du musée du quai Branly, provenant du dossier de presse).

Je n'ai pas encore vu cette exposition... qui me semble intéressante.

Photographie : « Planche Malu Semban. © Berlin, EthnologischesMuseum. »

Voir les commentaires

Merveilleuses & merveilleux