La tour Saint-Jacques ouvre ses portes au public jusqu'au 25 septembre 2016 (voir ici).
Pour ceux qui veulent dès à présent y être, une vue à 360° est proposée ici.
Construit au début du XVIe siècle, ce bâtiment était alors le clocher de l'église Saint-Jacques le Majeur datant du XIIe siècle. Aussi appelée Saint-Jacques-de-la-Boucherie, elle fut rénovée plusieurs fois (Nicolas Flamel y fit construire un portail vers 1400), puis détruite. La tour subsiste toujours.
Sa restauration a coûté 8,3 millions d'euros à la Ville de Paris et l’État. C'est beaucoup. Franchement quand on entre dedans cela ne se voit pas. C'est donc le signe d'une très bonne restauration me direz-vous. Sans doute. Mais j'ai trouvé étrange lors de ma visite de découvrir, après avoir monté les escaliers (en tout il y aurait trois-cents marches), une première salle qui ressemble à celle d'un chantier avec son placoplatre, etc. Évidemment c'est mieux que de détruire pour remplacer par du béton et du verre comme au premier étage de la tour Eiffel (voir ici). Puis on continue à monter vers une seconde pièce délabrée ; celle où se trouvaient les cloches, et qui monte jusqu'au toit de l'édifice. Certes les pierres ont été restaurées de même que les vitraux, mais pas le mobilier en bois, sans doute du XIXe qui s'effrite. Enfin on arrive au sommet pour découvrir les statues de St-Jaques et des animaux (qui dataient du XIXe siècle comme nombre des fioritures sur les façades) représentant les quatre évangélistes entièrement refaits. Tout cela donne une impression étrange. Sans doute que cette restauration récente a manqué de vision d'ensemble.
Ce monument est au milieu d'un prestigieux ensemble : au centre de Paris. C'est pour cela que j'ai été très heureux d'y monter. Dès sa construction, il fut placé dans la croix formée par la Seine et les boulevard St-Michel, rue St-Denis, rue St-Martin et rue St-Jacques (voir plan ci-dessous). Le boulevard St-Michel fut percé avant 1860 par Haussmann, à la place des rues de la Harpe et d'Enfers, elles aussi parallèles à la rue Saint-Jacques et très anciennes. La rue Saint-Denis aurait été tracée par les Romains au 1er siècle. C'était l'avenue des Champs-Élysées du Moyen Âge. La rue Saint-Martin existait aussi déjà sous les Romains, et la rue St-Jacques sous les Gaulois. Quant au boulevard Saint-Germain qui délimite l'axe de la Seine, c'est aussi le baron Haussmann qui planifia son percement. La partie délimitée de la Seine était celle qui autrefois faisait partie de Paris (autour se trouvaient les faubourgs). Au cœur de cette croix se trouve l'église Notre Dame, érigée sur un ancien temple, et au centre, un peu plus haut, la tour St-Jacques.
Face à la tour Saint-Jacques deux rues forment une croix, l'une ayant pour nom Nicolas Flamel et l'autre le nom de sa femme Dame Pernelle. En 1851 on leur donna ces noms. À cette époque on réaménagea cette tour et autour afin de bien montrer sa disposition ésotérique, ou plutôt centrale dans Paris. Notamment on plaça (je pense que c'est à cette époque) en haut du bâtiment les quatre animaux fantastiques représentant les quatre directions et les quatre évangélistes, avec surplombant ceux-ci une statue de Saint-Jacques. Sur le sol trois statues monumentales autour de la tour formaient un triangle. On avait donc un symbole alchimique du soufre (le triangle et la croix). Puis vers 1988 des travaux furent faits. On creusa un garage à voitures dans lequel on entre par la rue Pernelle et qui est en dessous de la rue Saint-Martin et du bâtiment dans lequel on a alors installé de grandes enseignes internationales. Pour cela on a détruit toutes les découvertes archéologiques qu'on y a faites dont de nombreuses demeures gallo-romaines sous la rue Saint-Martin. Ce garage doit sans doute se continuer sous le jardin de la tour Saint-Jacques qui était en travaux pendant toute la durée de la création de ce sous-terrain pour voitures. C'est à ce moment qu'on enleva les trois grandes statues. Donc maintenant quand on marche sur cette partie de la rue Saint-Martin, on le fait sur du vide, alors qu'auparavant on était sur les pas de milliards de personnes depuis des temps reculés.
Mais encore aujourd'hui, lorsque vous marcherez près de la tour Saint-Jacques, vous saurez (si vous ne le saviez pas déjà), que vous êtes dans un endroit magique, placé dans une géographie parfaite (le cercle et la croix) de Paris ; ville inscrite de la même façon dans un hexagone parfait que l'on appelle encore aujourd'hui la France.
Tout cela est très loin d'avoir été fait par hasard. Autrefois on construisait les maisons, les villes et même un pays en ayant cette vue, cette intelligence de la terre, de sa place, de notre place, dans une sorte de concert fin (subtil) communautaire, où l'esprit se mêlait entièrement à la matière pour devenir perfection.
Photographie ci-dessous : Cercle (en jaune) suivant à peu près l'enceinte de Philippe Auguste (1223), délimitant une croix formée horizontalement (en rouge) par la Seine et verticalement (en bleu) par les rues St-Denis, St-Martin, St-Jacques et St-Michel.
Photographie ci-dessous : Croix formée par les rues Nicolas Flamelle et Pernelle juste en face du carré de la tour Saint-Jacques.
Photographies
Ci-dessous : Premier étage de la tour ressemblant à une salle de chantier.
Ci-dessous : Second étage, le clocher, avec ses boiseries délabrées.
Ci-dessous : Graffiti dans l'escalier.
Ci-dessous : Sur le toit, les sculptures sont équipées de quatre paratonnerres.
Ci-dessous : Vues depuis le toit.
Ci-dessous : Le bâtiment en béton particulièrement disgracieux est celui de la Faculté de Médecine (rue des Saints-Pères) construit après avoir détruit vers 1935 celui de l'hôpital de la Charité datant du début du XVIIe siècle.