Alors que j'étais dans le train du RER qui me conduisait de Paris à Sceaux, je regardais par la fenêtre et me disais que les constructions que je voyais étaient bien laides. Un moment au milieu de celles-ci j'aperçus dans la ville d'Arcueil un aqueduc. J'ai retrouvé à peu près le même point de vue dans des tableaux présentés à l'exposition du château du Domaine de Sceaux, intitulée Du romantisme à l'impressionnisme - Les environs de Paris, qui se déroule jusqu'au 10 juillet 2016. Alors que dans les peintures les aqueducs de cette ville sont au milieu d'un paysage rural, aujourd'hui ils sont noyés dans le béton d'une commune urbanisée à plus de 90% (voir ici une photographie d'Arcueil prise en 2009 provenant de Wikipédia).
Photographie ci-dessus : Les Blanchisseuses par Paul Baudoüin (1844-1931). Projet pour la salle des mariages de la mairie d'Arcueil, 1888.
Photographie ci-dessous : La Famille. Le repas de midi, par Alfred-Hebri Bramtot (1852-1894). Projet pour la salle des mariages de la mairie d'Arcueil, 1888. Dans ces deux photographies on voit en arrière-plan les aqueducs.
Ne serait-ce que pour constater à quel point la banlieue parisienne a changé, cette exposition vaut le détour ! Pendant tout le XIXe siècle de nombreux peintres s'y sont réfugiés pour trouver l'inspiration et y rencontrer une nouvelle Arcadie, des paysages agrestes, de belles forêts et des lieux accueillants (guinguettes…). Comme documents sur les environs de Paris, toutes les peintures exhibées sont des témoignages importants. C'est vraiment triste de voir que cette nature luxuriante et ces paysages ruraux et champêtres ont été envahis par du béton.
Cette exposition dresse une vue d'ensemble de cet engouement de peintres du XIXe siècle pour la campagne des environs de Paris accessible de plus en plus rapidement avec le chemin de fer. Une centaine de tableaux, dessins et photographies de Corot, Daubigny, Renoir, Sisley, Atget... révèlent la richesse de la création artistique autour de Paris (Barbizon, Auvers-sur-Oise, bords de Marne…) avec des artistes qui y forment de véritables colonies.
L'exposition commence par l'influence du genre du paysage champêtre développé par des peintres néerlandais et repris au XIXe siècle par certains créateurs en Île-de-France engendrant une véritable école française du paysage.
Photographies ci-dessous : Lisière du bois de Saint-Cloud par Paul Huet (1803-1869), de vers 1820.
Photographie ci-dessous : Vue prise de la plaine de Saint-Denis par Georges Michel (1763-1843), vers 1830.
Elle se poursuit sur « L'élan romantique dans les environs de Paris ».
La troisième partie concerne l'école des peintres pré-impressionnistes de Barbizon.
Photographie ci-dessous : La Seine à Villeneuve-Saint-Georges, vers 1850, par Théodore Rousseau (1812-1867).
La quatrième section est sur les impressionnistes.
La cinquième est intitulée « Un nouveau regard ». Le chemin de fer crée une nouvelle sensibilité à la nature des environs de Paris, la capitale s'étant beaucoup agrandie et industrialisée. Alors qu'au XVIIIe siècle le centre ville n'est pas très loin de la campagne (dans l'article Le canotier et la canotière je montre par exemple que l'actuel quai de Bercy était un lieu de villégiature !!).
Photographie ci-dessous : La Seine à Nanterre par Pierre-Emmanuel Damoye (1847-1916), vers 1885-1890.
Enfin la dernière partie expose des tableaux avec des « Panoramas parisiens ».
Photographie ci-dessous : Vue de Paris prise de la terrasse de Bellevue vers 1830, par Antoine Drulin (1802-1869).
Photographie ci-dessous : Vue de Paris prise des hauteurs de Meudon, vers 1839, par Antoine Drulin (1802-1869).
Photographie ci-dessous : Les Hauteurs de Meudon par Stanisla Lépine (1835-1892), de vers 1884-1887).
Photographie ci-dessous : Vues de la région de Sèvres, Saint-Cloud... du début du XIXe siècle.
Photographie ci-dessous : Saint-Cloud et la Lanterne de Demostène par Léon Fleury (1804-1858), 1837.
Le château où se déroule l'exposition possède quelques autres objets d'art des XVIIe-XIXe siècles dont des tableaux, ainsi qu'une collection de céramiques dont bien sûr de nombreuses de Sceaux qui sont particulièrement colorées et fantaisistes, souvent dans un style rocaille. Et puis en ce début de printemps c'est le moment d'aller dans la partie du jardin de ce domaine où se trouvent de nombreux cerisiers actuellement en fleurs. C'est dans ce parc que les façades du Pavillon de Hanovre, qui se trouvait sur le boulevard des Italiens à Paris, ont été remontées en 1932 (ici le pavillon de Hanovre au début du XIXe siècle). C'était un lieu à la mode dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et au temps des merveilleuses et des incroyables. Aujourd'hui l'entrée fermée par une porte de fer et les plaques de bois aux fenêtres cachant un intérieur vide lui donnent l'aspect d'un cadavre.
Photographies ci-dessous prises dans le château.
Photographie ci-dessous : Fontaine à parfum de la Duchesse du Maine, en porcelaine de Chine d'époque Kangxi (1661-1722) avec une monture en bronze ciselé et doré d'époque Louis XV.