J’ai écrit sur le bon genre et le bon ton ici et ici, sur le bon goût ici et ici, le bon air ici et le BCBG (bon chic bon genre) ici et ici. Autrefois, avoir du style, de la manière, est primordial en France, et cela depuis les temps les plus anciens jusqu’à la seconde guerre mondiale, celle-ci sonnant le glas de l’indépendance. Cela l’est tellement que même les gens malfamés en ont ! Ils ont du genre… mais du mauvais.
Ce mauvais genre peut avoir du style : Il invente un costume, ses coutumes, son langage (son patois, sa langue verte…), ses danses, sa musique, ses convenances, etc. Les milieux les plus pauvres ne sont pas en reste… au contraire, car cela leur apporte une richesse, qui n’est pas pécuniaire mais pas moins réelle, et elle aussi régie par des conventions.
Les noms de certains mouvements de mode sont même puisés dans le registre du mauvais genre, comme pour le racaille, le grunge, le batcave, le punk, le hippy, le poisseux (nom qui fait penser au greaser anglo-saxon), le crevé, le cacouac (qui veut dire mauvais qui fait des couacs), le roué, etc.
Les apaches de l’entre-deux-guerres n’ont pas un nom évoquant le malfamé, mais ont un genre très marqué de mauvais garçons à la distinction plutôt animale. Ils ont leur danse (la java), leur musique, leurs chansons, leurs bistrots, leurs guinguettes, bals... leur costume (casquette, rouflaquettes…), leurs quartiers (comme Bastille et Ménilmontant), leur argot, etc. Ce nom est donné dès le début du XXe siècle, et les apaches ne disparaissent qu'avec la seconde guerre mondiale.