Le bon ton & le bon genre

Photographie : Détail d'une gravure du début du XIXe siècle caricaturant les arrivistes de l'après-révolution prenant des airs de muscadins et singeant le bon ton. Le titre de cette estampe est : "Le Suprême Bon Ton".

"On appelle Le bon ton, Le caractère du langage et des manières du monde cultivé, poli …" Dictionnaire de l’Académie française de 1798. Les personnes de toutes les conditions s’essaient au bon ton. … et ceux qui viennent de province, prennent vite les airs élégants de Paris parfois avec bonheur. Le bon ton et les nouvelles modes parcourent les promenades : certains boulevards et surtout le Palais Royal, là où est le ‘must’ de la capitale. Certains, sans représenter le bon ton, expriment un "ton certain". Un passage de Considérations sur les moeurs de ce siècle (1751) de Charles Duclos (1704-1772) est consacré aux gens à la mode et au bon ton. Je l'ai cité dans un article précédent. L’auteur expose cette propension qu’a le français a naturellement être enclin au partage, à la sociabilité, au raffinement.

Voici une définition du mot ‘genre’ trouvée dans un livre du début du XIXe siècle : "GENRE. Avoir le genre ; prendre le genre ; être dans le bon genre. Ces locutions signifient, en termes de petit-maître, avoir la tournure à la mode, les airs musqués ; faire l’important. Pour parvenir à ce que l’on nomme le bon genre ou le suprême bon ton, il faut d’abord maniérer son langage et grasseyer en parlant ; prendre un air hautain, délibéré, et suffisant ; occuper continuellement la conversation de sa personne, de ses qualités, de son savoir, de ses goûts, de ses fantaisies ; parler tantôt de son coiffeur, de son tailleur, de son bottier ; puis de ses maîtresses, de chevaux ; des spectacles, de Brunet, de Forioso, et de mille autres objets de cette importance : un homme du bon genre doit en outre avoir en main une badine, avec laquelle, lorsqu’il ne la porte pas à sa bouche, il frappe à tort et à travers sur tous les meubles qui sont autour de lui ; et s’il n’est vautré sur un sofa, en présence de toutes les femmes, debout devant une glace, sur laquelle ses yeux sont constamment fixés, il s’enthousiasme des charmes de sa personne ; et, tout en fredonnant quelque air fade et langoureux, il s’occupe négligemment à réparer les désordres d’une Titus ébouriffée ; enfin tout ce qui est ridicule, outré, insipide et féminin, doit se trouver réuni dans ce qu’on appelle un homme du bon genre..." Dictionnaire du bas-langage …, d’Hautel, 1808, tome 2, p. 11. 

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