Ci-dessus, carte postale : « FOYERS OÙ ON TISSAIT LA LAINE, LA SOIE OU LA DENTELLE ». « EXPOSITION DE CLERMONT-FERRAND 1910 – Exposition des petites industries rurales. Ceux que le métier à tisser faisait vivre autrefois ».
D’après moi, toute école de mode devrait commencer son initiation à la campagne, au milieu de champs de lin, d’ortie, de chanvre… parmi des moutons et des chèvres et des plantes tinctoriales, parfumées, etc. Les élèves devraient apprendre à semer, faire pousser, nourrir, récolter, tondre, carder, filer, tisser, tricoter, réaliser de la dentelle, teindre, imprimer, tailler, coudre, façonner, blanchir, repasser... pour ne parler que du vêtement.
Aujourd’hui, nous sommes dans un monde où on oublie la base. Pourtant sans socle on ne fonde rien… en tout cas rien de bon et de durable. Ce n’est qu’après avoir acquis cette connaissance première, que l’on peut affiner… et après avoir cette vue d’ensemble que chacun peut choisir là où il veut évoluer, avec la possibilité aussi d’être autonome ou pas (sur l’autonomie voir cet article). Cette connaissance panoramique permet de respecter toutes les étapes qui font la mode. Et puis commencer son apprentissage sous la tutelle de dame nature est une bonne chose pour les jeunes, car les univers pastoral et bucolique sont des mondes d’amour, et parce qu’on s’y ouvre à des états d’esprit et de conscience autres. Et puis en ces temps technologiques et de dématérialisation, on a vraiment besoin d’en revenir à la matière, aux gestes, à l'autonomie, au savoir, au contact entre nous et avec la terre, les plantes, les animaux et les éléments. Il me semble qu’il est important de prendre conscience de nos actes et de l’univers dans lequel nous évoluons. Le consommateur lui-même devrait avoir cette conscience. Quand il achète un produit de prêt-à-porter en coton, il devrait y voir en même temps les champs industriels et toutes les étapes polluantes pour arriver à le fabriquer, sans parler des textiles synthétiques qui eux mêmes sont des pollueurs ; quand il porte du cuir, il devrait bien assumer qu’il a fait tuer un animal pour cela, etc. Prendre conscience de notre environnement et de nos actes nous ouvre à un monde moins étroitement lié à notre égo et à notre égoïsme, et permet de faire davantage de bien, ne serait-ce qu’à nous-mêmes en nous permettant d’éviter bien des écueils en distinguant davantage ce qui est bon.
Ci-dessous : Centre d’une assiette du XIXe siècle représentant « Ste Geneviève patronne de Paris ». Sainte Geneviève est traditionnellement représentée filant la laine au milieu de moutons. Voir les autres assiettes de ma collection ici.
Sur Internet on trouve beaucoup de vidéos sur les travaux de base de la confection de tissus, l’utilisation de vieux métiers à tisser, les plantes tinctoriales, etc. En voici une ci-dessous sur le cardage, le filage, le tissage et la teinture.
Autres articles de ce blog :
– Lyon : capitale française de la soie.
– Industrie de la mode : l'exemple de la région stéphanoise
– L’esprit et la main : Héritage et savoir-faire des ateliers du Mobilier national
– L’art en broderie au Moyen-Âge
Ci-dessous : Lithographie, pleine page, provenant d’une revue du XIXe siècle :
« UNE ATTENTION DÉLICATE.
– Comment trouves-tu ce schall [ainsi écrit autrefois], chère amie ?… je l’ai choisi moi-même…
– Charmant, délicieux ; mais je n’avais pas besoin de cela pour t’aimer… cher Edouard !… »