Les petits-maîtres ne sont bien sûr pas tous des Français. De nombreux pays en ont produits. Du reste, je convie tous ceux qui ont des connaissances sur ce sujet à me contacter. On pourrait sans doute écrire les mêmes genres de livres que les miens sur les petits-maîtres chinois, italiens, anglais, etc.
Ces derniers me sont un peu plus familiers, en particulier ceux de la seconde partie du XXe siècle. Robert Smith, du groupe musical The Cure, rappelle par son style et ses mimiques certains traits de petits maîtres, ainsi que beaucoup d’autres issus de genres de divers mouvements : mod, teddy boy, ska, new romantic, new wave, fun, etc. Au début du XIXe siècle, le fashionable, puis le dandy se sont répandus dans tout l’Occident. J’ai écrit deux articles sur le macaroni (voir ici et ici) et un autre sur les beaux et les belles des XVIIIe et début XIXe siècles. Je le répète, on pourrait pousser beaucoup plus en avant l’investigation !
Quoi qu’il en soit, je vous dis tout ceci afin de présenter l’impressionnante petite maîtresse anglaise de la gravure ci-dessus, d’époque 1780 et intitulée : « A Lady in Waiting. » Celle-ci prend la pose. Elle est habillée comme c’est la mode aussi alors en France, avec quelques particularités qui la distinguent, notamment une excentricité typiquement anglaise, avec cette énorme coiffe, d’un genre pouf parisien, mais dont la rondeur est habilement accentuée par l’artiste avec le bassin de cette belle tout aussi rond, relié par son buste rectiligne, le tout prolongé par ses jambes. Les avant-bras ajoutent un rythme harmonieux à cette composition, de même que le contraste entre le sombre et le clair des habits. La couleur foncée des vêtements se limitant au buste fait ressortir la blancheur des cheveux, du visage et de la poitrine de cette merveilleuse. Le tout est très gracieux ! Le décor est moderne pour l’époque, d’un romantisme pas encore arrivé en France (il faut réellement attendre François-René de Chateaubriand) mais déjà largement installé outre-Manche, rappelant la nouvelle esthétique des jardins que nous appelons « à l’anglaise », avec dans le fond une ligne formée par la ville.
Voilà ! Vous avez fait connaissance avec une charmante petite-maîtresse anglaise !