Écologie du sentiment

DissertationSurLaPoesiePastoraleAbbeGenest300lm.gifDeux cultes occupent pendant des millénaires une place primordiale en France : celui de la Dame (et de l'Amour en général) et celui de la Nature, les deux n'étant pas très éloignés. On considère alors que nos bergères et bergers conservent des réminiscences de l'Âge d'Or : un temps où les êtres humains vivent en pleine pureté au milieu des dieux et des plaisirs véritables.

On vénère la nature et l'homme qui sait dialoguer avec elle par l'intermédiaire de ses sens : le sentiment, cela lui permettant de communiquer avec la divinité. Les poèmes ayant ce sujet ou celui de l'amour sont les plus prisés.

Il est un peu question de cela dans l'article intitulé Eurythmie politique.

Je collectionne les livres et gravures anciens sur le sujet. Il s'agit d'une de mes trois collections, les deux autres étant sur les petits maîtres de la mode et sur les contes et fables pour enfants.

Les pastorales et autres poèmes bucoliques sont passés de mode. Aujourd'hui on peut se procurer des livres des XVIIe et XVIIIe siècles sur ce thème assez facilement. Ils sont pourtant d'une grande beauté. Les textes sont riches et les gravures les accompagnant le plus souvent d'une grande finesse d'exécution.

À notre époque où presque tout le monde bouge frénétiquement, voyageant d'un bout à l'autre de la terre (même les écologistes), il y a moins de dialogue culturel avec la nature, avec la terre, sa mémoire, sa régénérescence … La culture consiste à cultiver le terrain de son âme comme on le fait d'un jardin en fonction de l'environnement. La question environnementale n'est pas seulement en rapport avec la nature mais avec toutes les choses qui le constituent. Les cinq sens (le goût, l'odorat, l'audition, la vision, le toucher) et la perception cognitive, qui à eux tous forment le sentiment, permettent d'appréhender cet environnement et de dialoguer avec. Dans quelle mesure souhaitons-nous le faire ?

Photographie : Page de titre et frontispice de Dissertations sur la Poésie pastorale ou de l'Idylle et de l'Églogue (Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1707, première édition) de M. l'Abbé Genest (Charles-Claude Genest : 1639-1719). La gravure est signée Thomassin : Simon Thomassin (1638-1722) ou son fils Henri Simon Thomassin (1687-1741), tous deux graveurs. Ce livre est adressé « À Messieurs de l'Académie Française ».

© Article et photographie LM

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La merveilleuse découverte en cours du tumulus d'Amphipolis

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Amphipolis est une cité antique du nord de la Grèce fondée en 437 av. J.-C. et abandonnée au VIIIe siècle de notre ère. Elle est importante pour ceux qui s'intéressent à l'archéologie, en particulier pour ses vestiges et sa nécropole dans laquelle des archéologues ont mis à jour une quantité impressionnante d'objets. Aujourd'hui cette ville est à nouveau dans l'actualité des arts avec les fouilles entreprises cette année dans le tumulus d'un immense tombeau ayant une enceinte de 497 mètres de long et un chemin de 4,50 mètres de large conduisant à un important monument funéraire daté entre 325 et 300 av. J.-C. Il s'agit du plus grand monument funéraire jamais découvert en Grèce … Les archéologues n'ont pas encore atteint la pièce principale. Chaque semaine nous apporte son lot de découvertes.

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C'est en 1934 que l'on commence à s'intéresser à cette ville et ses alentours. En 1934 l'École française d'Athènes dégage les vestiges du lion funéraire. Après la Seconde Guerre mondiale des fouilles sont entreprises dans la nécropole et la ville.

En 2012 on découvre le tumulus. En août 2014 on commence à dégager la porte d'entrée. Celle-ci se trouve en bas d'un escalier de marbre. Elle est peinte et surmontée de deux sphinges. Elle donne sur une succession de pièces aux murs de marbre et au plafond voûté peint en rouge semble-t-il. Au fond de la première on y remarque deux cariatides avec encore des traces de peinture. Une troisième chambre a été révélée. Le 12 octobre on s'est aperçu que le sol de la seconde chambre funéraire était orné d'une mosaïque de 4,50 x 3 m. Le 21 octobre c'est la découverte d'une tête d'un des deux sphinges.

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On peut suivre l'avancée des fouilles sur le site Grèce à l'Ouest. Toutes les photographies proviennent de ce site.

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Chefs-d'Œuvre du mobilier de 1650 à 1790

GardeMeubleDeLouisXV.jpgDu 28 octobre 2014 au 22 février 2015 le Château de Versailles présente des Chefs-d'œuvre du mobilier de 1650 à 1789, une exposition qui essaie de mettre en relief le caractère novateur et précurseur du mobilier de cette époque qui inspira tout l'Occident d'alors et qui fut largement copié par la suite.  

Pour cela, « une centaine de chefs-d'œuvres de mobilier issues des collections des plus riches amateurs d'art de l'époque - la famille royale et son entourage, l'aristocratie et les financiers - témoigne de la révolution que le XVIIIe a opéré dans l'histoire  du meuble. Tous les grands noms de la création d'alors sont représentés : André- Charles Boulle, Antoine-Robert Gaudreaus, Charles Cressent, Bernard II Van Risen Burgh, Jean-François Œben, Jean-Henri Riesener et George Jacob. À côté des pièces majeures provenant des collections du  château de Versailles, du musée du Louvre, des Arts Décoratifs, du château de  Fontainebleau, mais également du Getty Museum, des meubles non connus de collections privées sont présentés pour la première fois au public. »

L'époque que couvre cette rétrospective est celle d'inventions qui marquent profondément les arts décoratifs, qui ne sont pas seulement la création d'ébénistes mais proviennent aussi de l'imagination des commanditaires. En ce temps là on se fait faire des meubles comme des habits chez le couturier ... crée de nouvelles modes, de nouveaux usages. On invente le bonheur du jour, la table de toilette, la commode, le canapé (l'ottomane), le bureau de pente, le secrétaire à rouleaux, la bergère, la bibliothèque ... On améliore ceux déjà existants à un niveau exceptionnel. Les arts décoratifs de cette période peuvent être considérés comme un summum.

SiegeEcoleBoule.jpgIl aurait été particulièrement intéressant d'apprécier ces meubles dans un véritable contexte XVIIe-XVIIIe siècles ... dans des salles du château les mettant en valeur. Un autre choix a été fait. La scénographie est moderne, grise, un peu étouffante, enveloppant entièrement les meubles. Du coup l'exposition aurait pu être présentée n'importe où ... C'est dommage que le scénographe n'ait pas joué avec le lieu, Versailles, qui contient des salles de toutes les époques de ces productions, permettant ainsi de les contempler dans un ensemble, comme elles l'étaient dans leur temps. Il aurait été au moins plus didactique d'ajouter des tableaux (il n'y en a qu'un seul), des dessins, des gravures ... replaçant ainsi ces meubles dans leur contexte. Le style rocaille par exemple est un art total qui embrasse l'espace du sol au plafond. Cette exposition cherche cependant à être pédagogique avec des films présentant les étudiants de l'École Boulle expliquant par leurs gestes leur travail d'ébéniste. D'autres vidéos permettent de voir l'intérieur de certains de ces meubles et leurs tiroirs secrets.

On apprend beaucoup de choses dans cette exposition. Les meubles présentés marquent leur époque et sont des exemples de l'évolution des goûts. Elle commence avec les débuts de l'ébenisterie au milieu du XVIIe siècle qui se démarque de la menuiserie. Elle se poursuit avec des productions du célèbre André Charles Boulle (1642-1732), ébeniste du roi Louis XIV (1638-1715, roi à partir de 1643). Elle présente ensuite différentes formes, procédés (laques ...), usages, couleurs, matériaux, graphismes et ornements, lignes, mécanismes (comme pour le bureau de la photographie 7), des créations d'ébénistes fameux comme Charles Cressent (1685-1768) représentant du style Régence (vers 1700-1730), et d'autres particulièrement emblématiques comme le Bureau du Roi (photographie 5) ou la Commode "à la grecque" qui annonce véritablement le style moderne du XXe siècle (photographie 6). L'exposition se poursuit avec les sièges. J'ai appris que l'on mettait sur ceux-ci des housses, qu'on enlevait pour les grandes occasions, et que l'on rangeait, parfois dans des meubles spécifiquement faits pour cela, comme Commode1730.jpgc'est sans doute le cas pour la commode du grand cabinet de Marie-Antoinette à Fontainebleau datant de 1786 (photographie 8). On changeait aussi les garnitures des accoudoirs, du dossier et du siège des fauteuils suivant les situations, ou lors de modifications de décoration. Dans les grandes maisons c'est le rôle du 'valet de chambre tapissier'.

Les meubles présentés sont exceptionnels par leur qualité et leur histoire. Ils marquent le style d'une époque ... C'est dommage que cette exhibition n'insiste pas plus sur l'évolution des styles, qu'il n'y ait pas une vraie leçon sur ce sujet. Comme je l'ai dit, le style de la mise en scène est contemporain. Il y a un usage actuel qui consiste à installer des oeuvres contemporaines dans des endroits anciens ou au contraire de présenter des objets anciens dans une mise en scène moderne. L'exposition appartient à la seconde catégorie. Je pense qu'il est préférable de retrouver l'esprit du lieu plutôt que d'y apporter du contemporain. Versailles, comme beaucoup d'autres endroits historiques en ce moment, présentent souvent des artistes contemporains. 

Enfin « l'abécédaire de Jean Nouvel » s'avère inutile et illisible.

Photographie 1 : Je suis parti vers Versailles à partir de la place de la Concorde, où se trouve le Garde-Meuble royal du XVIIIe siècle, bâtiment devenant à la Révolution l'hôtel de la Marine. Il fut construit entre 1757 et 1741 pour, dès 1772, contenir le garde-meuble de la Couronne. Ses galeries étaient alors ouvertes au public tous les premiers mardis de chaque mois d'une grande partie de l'année. Cela aurait été magnifique de faire une telle exposition dans ce lieu.

Photographie 2 : Présentation de la création d'un siège du XVIIIe siècle par l'École Boulle.

Photographie 3 : Commode double à vantaux et tiroirs (Paris, vers 1730) de presque 3 mètres de large (2,82 m.)

Ensemble-copie-1.jpgPhotographie 4 : « Nicolas Heurtaut, probablement d’après Pierre Contant d’Ivry. Paire de fauteuils à la reine (d’une suite de six) et canapé à la reine et meublant à deux confidents mobiles. Paris, vers 1757. Hêtre peint en bleu-vert. Fauteuil : H. 0,96 ; L. 0,66 ; Pr. 0,59 m, Canapé : H. 1,14 ; L. 1,95 ; Pr. 0,70 m, Confident : H. 1,06 ; L. 0,63 ; Pr. 0,70 m, Canapé et confidents : L. 3,30 m. Collection particulière.
Ce canapé à confidents est assurément l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de la menuiserie en sièges. Au XVIII e siècle, on faisait deux sortes de canapés à confidents : ceux à confidents fixes et ceux à confidents mobiles. Ces derniers sont les plus rares, car il fallait faire correspondre parfaitement la sculpture du confident avec celle du canapé, dans lequel il s’emboîtait. Ainsi peut-on remarquer que le pied extrême du canapé est sculpté à mi-partie, comme celui du confident, et que c’est la réunion de ces deux parties qui forme le pied complet ; il en va de même du « coup de fouet » de la console d’accotoir et de l’accotoir qui sont divisés par moitié. »

Bureau-du-Roi-Bureau-du-roi--Paris-1760-1769cRMN-GG-Chate.gifPhotographie 5 : « Jean-François Oeben et Jean-Henri Riesener. Bureau du roi. Paris, 1760-1769. Bâti de chêne, placage de satiné, d’amarante et de bois de rose (principalement), bronze doré, porcelaine. H. 1,473 ; L. 1,925 ; Pr. 1,050 m Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Le secrétaire à cylindre de Louis XV, de Jean-François Oeben et Jean-Henri Riesener est considéré comme le meuble le plus emblématique du génie français du XVIII e siècle. Remarquable par sa monumentalité, la beauté de ses tableaux de marqueterie et de ses bronzes, il est le plus abouti dans sa conception et le plus raffiné dans son exécution. Il fallut neuf ans pour le fabriquer, puisque commencé en 1760 par Jean-François Oeben, génial marqueteur réputé pour ses petits meubles à mécanismes, il fut livré en 1769 par son disciple Jean-Henri Riesener. Chaque détail a nécessité une grande finesse de réalisation. Merveille de mécanique, un système complexe de ressorts et contrepoids permettent d’un quart de tour de clef de déverrouiller l’ensemble en libérant l’abattant du cylindre et tous les tiroirs. Le cylindre ovale est constitué de sept lames articulées, plaquées en bois de violette, de sycomore et d’acajou. Sa réalisation a nécessité l’intervention de quatorze corps de métier (ébéniste, bronzier, ciseleur, doreur, horloger). Les figures de bronze ont notamment été fondues et ciselées par Louis-Barthélémy Hervieu sur des modèles de Jean-Claude Duplessis. »
À la Révolution quelques petits changements ont été apportés à ce meuble notamment afin d'enlever ou de cacher des éléments rappelant la royauté (d'où notamment les plaques en porcelaine). La marqueterie était peinte comme souvent alors, ce qui donnait un effet beaucoup plus coloré. 

CommodeALaGrecque.jpgPhotographie 6 : « Jean-François Oeben. Commode à la grecque. Paris, vers 1760-1763. Bâti de chêne, montants antérieurs d’acajou massif, épais placage d’acajou, marbre rouge (de Mayenne). H. 0,84 ; L. 1,32 ; Pr. 0,56 m. Collect ion particulière.
Ce type de commode, appelé « commode à la grecque », apparaît dans l’inventaire après décès de madame de Pompadour, à Ménars notamment, en 1764. L’inventaire du même château de Ménars, à la mort du marquis de Marigny, frère et héritier de celle-ci, en 1782, montre bien que ce terme s’appliquait à des commodes comportant un corps de tiroirs central flanqué de vantaux, avec ou sans rangée de tiroirs en frise. Ces commodes, au nombre de dix-neuf, étaient pour la plupart en acajou, bois relativement nouveau à l’époque.
»
La ligne est très sobre, sans fioritures, et annonce, comme je l'ai dit, les meubles du XXe siècle.

David-Roentgen-secretaire-mecanique-a-cylindre--c--RMN-c.jpgPhotographie 7 : « David Roentgen. Secrétaire mécanique à cylindre. Vers 1781. Bâti de chêne, placage d’acajou, bronze doré, acier. H. 1,48 ; L. 1,49 ; Pr. 0,83 m. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Entièrement plaqué d’acajou, rehaussé d’un décor de bronze doré d’une très pure inspiration classique, le secrétaire à cylindre repose sur huit pieds en gaine. À l’irréprochable qualité d’exécution de l’ébénisterie répondent la précision et la complexité du fonctionnement mécanique du meuble. En effet, l’ouverture du cylindre rigide ainsi que celle des nombreux tiroirs et compartiments exigent une connaissance parfaite des différents secrets élaborés par l’ébéniste ; ainsi le secrétaire est-il conçu comme un véritable coffre-fort. L’ouverture du cylindre dégage trois casiers inégaux flanqués de colonnes doriques de bronze doré et surmontés d’une frise à triglyphes. Au-dessus, la face principale du compartiment central est actuellement ornée d’un médaillon de bronze figurant le profil de Louis XVI ; celui‐ci fut placé par le bronzier Denière en 1835, accréditant ainsi une hypothétique provenance royale ; sans doute ce médaillon en remplaça‐t-il un autre, inconnu, représentant un profil à l’antique. Il a été démontré que l’ensemble du décor de bronze doré est attribuable au bronzier parisien François Remond (vers 1745‐1812). »

Benneman-commode-de-Marie-Antoinette-a-Fontainebleau--c--R.jpgPhotographie 8 : « Guillaume Benneman sous la direction de Jean Hauré. Commode du grand cabinet de Marie-Antoinette à Fontainebleau. Paris, 1786. Acajou, porcelaine, bronze doré, marbre blanc. H. 0,96 ; L. 1,82 ; Pr. 0,75 m. Fontainebleau, musée national du château.
Cette commode appartient à une paire célèbre tant pour son origine – le grand cabinet de Marie-Antoinette au château de Fontainebleau – que pour les nombreuses copies qu'elle suscita. Le Garde-Meuble de la Couronne avait acheté quatre commodes originellement destinées au service du comte de Provence, frère de Louis XVI. Une de ces commodes servit de point de départ à la fabrication de celle exposée ici. Plaquée d'ébène, elle offrait une forme similaire, des bronzes en rinceaux et trois médaillons en porcelaine de Paris dont deux représentaient des bouquets de fleurs alors que le troisième en camée représentait un trophée d'amour. Restaurée sous la direction de Jean Hauré pour la chambre de la reine à Compiègne, elle fut légèrement agrandie, pourvue d'un nouveau marbre, ses bronzes furent dorés, son placage d'ébène changé pour de l'acajou et le médaillon en camée remplacé par un médaillon en biscuit acheté à la manufacture de Sèvres. Une copie plus grande (environ 21 cm) fut alors commencée, copie pour laquelle Hauré acheta trois médaillons à Sèvres : deux bouquets de fleurs et un en biscuit. En cours de route, les deux commodes furent finalement affectées au grand cabinet de la reine à Fontainebleau pour lequel il fallut les adapter. À cet effet, il fallut réduire la copie non encore achevée de 2 pouces (environ 5 cm), opération qui s'avérait impossible à entreprendre sur la commode d'origine. On créa alors un nouveau bâti aux bonnes dimensions sur lequel on réutilisa ce qu'il était possible de la décoration de l'ancienne (notamment les médaillons en porcelaine et les bronzes).
»

Photographies ci-dessous : « Commode. Matthieu Criaerd, sous la direction de Thomas-Joachim Hébert. 1742. Exécuté pour la chambre de Madame de Mailly au château de Choisy.  © Musée du Louvre, Dist-RMN-GP / Thierry Ollivier. »

« Chaise de François-Toussaint Foliot. Vers 1780-1781. Exécutée pour le "pavillon du  Rocher" ou Belvédère du jardin du Petit Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN-GP / Christophe Fouin. »

« Table à écrire. Attribué à Bernard II Van Risen Burgh.Vers 1745-1749. © The Fine Arts Museums of San Francisco. »3Meubles530.gif

Photographies ci-dessous : « Commode en tôle vernie. Pierre Macret (1727 - 1796). Paris, vers 1770. Provenant du mobilier de Marie-Antoinette dauphine. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist . RMN-Grand Palais / Christophe Fouin. » CommodeMacret

Photographies ci-dessous : Deux grandes consoles de vers 1720 (à gauche) et vers 1758, de style rocaille. Après : consoles.jpg

Photographie ci-dessous : Outils d'ébéniste.Compas.jpg

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Glanage au fil des ventes de cette semaine

Catalogue Aguttes, Haute époque, vente mardi 28 octobre à l'Hôtel des Ventes de Neuilly-sur-Seine.

Chaire.gifPhotographie de gauche : « Exceptionnelle chaire à dais. Bois de chêne sculpté. France - Fin du XVème siècle. Ancienne collection Georges Mathieu. H : 226 cm - L : 76 cm - P : 53 cm. Accidents et manques. Restaurations d'entretien La chaire à haut dossier est médiévale. Ce modèle remarquable en présente la structure, avec sa base enveloppée de panneaux, ses accotoirs raides limités par une corniche en doucine et l'élévation exceptionnelle de son dossier. Les panneaux embrevés dans le bâti s'ouvrent à la sculpture: motifs textiles sur les parois latérales et fenestrages sur les surfaces exposées au regard. Les arcs brisés ornés de fleurons enserrent sagement les soufflets, mouchettes et quatre feuilles d'un art gothique sans exubérance et sans principe de symétrie. Le siège ne forme pas coffre: l'assise, composée de deux planches disposées perpendiculairement au dossier, se fixe au bâti par de simples chevilles de bois. Le dais constitue l'élément le plus original de ce siège unique. Il est couronné d'une frise de fenestrages à clairevoie, entre des pinacles à fleuron auxquels se suspendent des culs de lampe feuillagés. " Le dais est un meuble précieux, qui sert de parade et de titre d'honneur chez les Princes et les Ducs " (Furetière). Dans une société hiérarchisée où l'étiquette joue un rôle considérable, cet ornement mobilier est signe de souveraineté. » © Catalogue.

Coffreouvert300.gifPhotographie de droite : « Coffre de mariage féminin à médaillons. Bois de noyer et polychromie d'époque. Espagne - Début du XVIème siècle. H : 67 cm - L : 175 cm - P : 58,5 cm Exceptionnel état de conservation " Les personnages en bustes ..., les têtes de profil dans des médaillons sont l'un des éléments les plus spectaculaires de la première Renaissance " (Jacques Thirion). "Cachet de nouveauté et de luxe", cette nouvelle inspiration s'applique ici sur une architecture restée gothique par sa construction et son organisation. Les personnages s'éloignent des figures cocasses ou truculentes du Moyen-âge, sans toutefois s'approcher du portrait. Ils figurent des types, mais avec une indication d'âge (jeune/vieux), de sexe (homme/femme) ou de milieu social (noble/ bourgeois). Coffre de parement souvent associé au dressoir, il a sa place dans la grande salle, qui est la pièce de réception où s'exposent richesse et prestige. Ce très rare modèle fait montre d'une réelle originalité. La base s'enveloppe dans une haute plinthe qui superpose les moulures, formant une sorte de socle propre à mettre en valeur les panneaux sur trois côtés. Les scènes sont sculptées dans la masse : sur chaque panneau, la " plate bande " fonctionne comme un cadre limitant le champ de l'ornementation, à l'intérieur duquel un second cadre mouluré valorise les figures. L'image, dans la tradition médiévale, reste rectangulaire et permet de disposer deux profils se regardant. La variété de détails est étonnamment riche : les figures majoritairement masculines s'articulent sur les couples jeune/vieux, homme imberbe/moustachu ou barbu, avec des coiffures de fantaisie (diadème, volutes en forme de feuille ou de corne de bélier). Les motifs d'arabesques et de rinceaux se replient sur le bâti. Pilastres et architrave soulignent la référence architecturale. Dans cet esprit, une moulure débordante entoure le plateau et forme corniche. L'intérieur du coffre révèle un autre décor, peint, où domine le végétal stylisé ; résille de fleurs vertes au coeur d'or, volutes dorées sur un fond vert tendre similaires aux reliefs de la frise, écu entouré de rubans qui porte le monogramme IHS, abréviation en trois parties du nom de Jésus. L'inscription ne fait pas obligatoirement du meuble un coffre liturgique, mais peut signifier son placement sous la protection du Christ. L'organisation du coffre est inédite, et bien née avec lui, comme en témoignent les serrures percées en façade. Trois petits tiroirs aux coloris subtils et aux lignes raffinées, cachés derrière un vantail, devaient servir d'écrin protecteur pour des objets ou écrits précieux. Ils seraient plus une variante de l'esquipel qu'une annonce de la commode, bien qu'on y accède par la façade. Ce coffre remarquable offre tous les caractères des coffres de mariage espagnols, dont la particularité est d'avoir une identité sexuelle: le coffre destiné à la dame, ou " hembra " se distingue du " macho ", coffre masculin, par la présence de petits tiroirs en façade. »  © Catalogue.

Catalogue Binoche et Giquello, Livres anciens - manuscrits, vente du mercredi 29 octobre à Drouot Richelieu.

LaCoiffeuseALaMode300.jpgPhotographie de gauche : « Le métel (Antoine, sieur d'Ouville). La Coifeuse à la mode. Comédie. Paris, Toussainct Quinet, 1647. In-4, vélin souple, titre au dos à l'encre (Reliure de l'époque). Frère, II, 358. Édition originale de cette comédie en cinq actes, en vers. Antoine Le Métel d'Ouville, né à la fin du XVIe siècle à Caen ou à Rouen, et mort à Paris en 1657, contribua à la vogue du théâtre espagnol en France. Cette pièce est l'une des plus distrayantes et des plus amusantes de son répertoire. Ex-libris manuscrit ancien Antonii Chalier sur une garde. Mouillure claire sur l'ensemble des cahiers, restaurations en bas du feuillet A1, trou supprimant des lettres au feuillet N4. Manque la dernière garde. Quelques taches à la reliure. » © Catalogue.

Catalogue Boisgirard - Antonini. Vente Tableaux Anciens Mobilers Objets d'art à Drouot Richelieu le jeudi 30 octobre.

EcrinClavecin300.gifPhotographies de droite et de gauche : « Joli écrin de clavecin avec son piétement Pour apprécier cet objet il est bon de savoir que les clavecins italiens étaient très souvent logés dans un tel écrin. Les éclisses des clavecins italiens à travers trois siècles étaient trop fines pour supporter le poids d'un couvercle. On les logeait donc dans un écrin, souvent somptueusement décoré. Il s'agit ici d'un tel écrin conçu pour recevoir un clavecin à un clavier et une étendue de quatre octaves et demi. Il est complet avec ses deux éléments du couvercle et son portillon amovible. L'origine de l'écrin: fin XVIIe début XVIIIe siècle. À l'intérieur se trouve aujourd'hui une sorte d'harmonium ajouté sans aucun doute au cours du XXe siècle. L'écrin est placé sur un très joli piétement sculpté, peint et doré. Plusieurs indices le situent à la fin du règne de Louis XIV. EcrinClavecinDetail300.jpgIl est sans doute d'origine française et non pas italienne. La présence de nombreux clavecins de facture italienne est documentée dans les inventaires de l'époque. L'influence du Florentin Lulli, qui avait rang de ministre sous Louis XIV, se fait sentir. Il n'est donc pas surprenant de trouver un écrin, voire un clavecin italien sur un piétement réalisé en France. La dorure et la peinture du piétement, y compris apprêts et réparure sont d'une date ultérieure. État actuel: Jolie caisse de clavecin, complète avec couvercles, portillon et piétement sculpté et doré. À l'intérieur, cependant, un étrange instrument de musique de la famille des harmoniums (XXe siècle). Il comporte une lyre qui date de l'installation de l'harmonium (XXe siècle). Le clavier est ancien. Interprétation: Il s'agit manifestement d'un écrin de clavecin italien selon toute vraisemblance de la fin du XVIIe ou début du XVIIIe siècle. Les touches du clavier sont anciennes, mais proviennent sans doute d'un autre clavecin. Ce clavecin a été décrit par M. Reinhard von Nagel - expert- 20 rue Bouvier 75011 Paris - tél.: +33(0)1 44 93 20 93 - fax: +33(0)1 44 93 20 94. » © Catalogue. 

Catalogue Millon & Associés, Collections & successions - Provenant de demeures Françaises & Belges à Drouot Richelieu le vendredi 31 octobre.

Photographies ci-dessous : « Tanka, pigments polychrome sur textile encadré d'un brocart 168,5 x 41 cm. » Je ne sais pas de quelle époque est cette tanka (peinture sur toile que l'on roule pour le transport) tibétaine. Elle est intéressante car représentant des dakinis (fées ou femmes accomplies) sans aucun personnage courroucé, ce qui est relativement rare dans les peintures tibétaines. © Catalogue.

DakinisTankaEtDetail.jpgCatalogue Audap-Mirabaud, Tableaux, mobilier et objets d'art à Drouot Richelieu le vendredi 31 octobre.

Photographie ci-dessous : « Éventail [détail], la feuille en tissu gouaché à trois cartouches, celui du centre représentant un couple se promenant dans un paysage animé de personnages et amours. Monture squelette en écaille brune ajourée, argentée et dorée. XVIIIe siècle. » © Catalogue.CoupleSePromenant500.gif

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Paris et sa république culturelle bananière

Une fable ancienne explique comment des grenouilles ne réussissant pas à vivre en bonne intelligence dans leur mare décident de demander à Jupiter de leur donner un chef. Celui-ci plante un bâton au milieu de l'étendue d'eau. Impressionnées par la rigueur et la discipline de leur nouveau maître, celles-ci se tiennent coites, et tout se passe harmonieusement, jusqu'à ce que l'une d'entre elles par inadvertance éclabousse leur dirigeant. Celui-ci ne disant rien cela les étonne. Petit à petit certaines s'enhardissent et tout redevient comme avant. Une délégation de ces batraciens décide de contacter à nouveau le dieu des dieux afin de lui exprimer leur mécontentement. Celui-ci leur envoie un aigle qui les mange toutes.

Cette fable est pour dire combien il est important, avant de critiquer, de prendre ses propres responsabilités. Les démocraties chancelantes amènent la plupart du temps des dictatures … ce que Platon fait remarquer déjà dans son ouvrage intitulé plus tard La République, où il écrit que la tyrannie suit la démocratie. Dans notre 'démocratie' culturelle les choses pourraient être pires ! Cependant il est important de dire ce que l'on pense afin d'envisager collectivement et démocratiquement comment les choses peuvent évoluer positivement.

Par exemple je crois que c'est une bêtise d'instituer comme ministre de la Culture une personne n'ayant dans son curriculum vitae rien en rapport avec la culture si ce n'est une connaissance dans le domaine numérique (et encore seulement dans l'aspect économique) : Diplômée de L’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), puis de L'École nationale d'administration (ENA), elle devient magistrate à la Cour des Comptes. Responsable du pôle « Société et Économie numériques » lors de la campagne du présent président de la République à l'élection présidentielle de 2012, elle est nommée la même année ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, et le 2 avril 2014 secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, de la promotion du Tourisme et des Français de l'étranger. Depuis le 26 août elle est ministre de la Culture. Comment peut-on être ministre de la culture sans s'être presque jamais intéressé à ce domaine ? Évidemment de tels exemples sont nombreux dans les ministères … mais est-ce que la sottise justifie la sottise ?

Si au niveau national la situation est préoccupante, au niveau parisien elle l'est tout autant. Vendredi dernier Madame le maire de Paris envoyait un communiqué intitulé « Paris s’affirme comme, la capitale mondiale de l’art ». En le lisant on remarque qu'il ne s'agit presque que d'art contemporain. Elle vente aussi le Musée Picasso (!?!?! frappez sur le revêtement de l'entrée derrière le musée : vous constaterez que c'est de la tôle). Il y est de plus question du futur espace culturel de la Monnaie de Paris qui est, comme je viens de le découvrir, partenaire du Google cultural institute !! Le lendemain nouveau communiqué faisant part de l'indignation de la maire face à la dégradation de l'oeuvre représentant un jouet sexuel (plus proche de la scatophilie que du jeu sexuel) sous la forme d'une structure gonflable géante au milieu de la place Vendôme !??! On retrouve de ces structures gonflables géantes encore plus explicites à la première exposition des nouvelles salles de la Monnaie de Paris consacrées à 'l'art' avec des milliers d'autres en chocolat ou tenues par un Père-Noël ou de type sapin de Noël. Plusieurs projections sur les murs nous montrent aussi l'artiste américain écrivant des " fuck " pendant qu'il vocifère des borborygmes. C'est d'autant plus choquant que ce gaspillage d'argent public se produit alors que le pouvoir d'achat des Français ne fait que baisser depuis l'euro, que les jeunes n'ont plus d'endroits pour se divertir à bas prix, que des dizaines de milliers de personnes vivent dehors à Paris, que l'on est là au cœur de Paris et de la France, dans un établissement fondé en 864 par Charles le Chauve : la plus ancienne institution française ... Sans oublier que l'Otan tue des dizaines de milliers d'innocents ... pour qu'un tel artiste américain puisse faire cela au coeur de Paris. Et pendant qu'une grande partie des parisiens souffrent, la maire de Paris encense ces monstruoisités tout en critiquant les extrémismes qu'elle contribue à faire émerger !! 

Cette maire défenderesse acharnée de l'art … contemporain … ne l'est pas du vieux Paris … Dans un article de Le Canard enchaîné du 13 août 2014 on apprend que la maire souhaite « interdire à la CVP [Commission du Vieux Paris institution datant de 1897 et n'ayant qu'un avis consultatif] de fourrer son nez dans tous les dossiers d'urbanisme ». D'accord ce journal n'est pas obligatoirement une référence mais … Encore un communiqué, cette fois du 23 septembre nous apprend que la présidence de la Commission du Vieux Paris est confiée à Bernard Gaudillère, contrôleur général économique et financier au Ministère de l’Économie et depuis 2008 adjoint au maire de Paris chargé du budget, des finances et du suivi des sociétés d'économie mixte. Pour lui aussi le c. v. est culturellement nul ; et il ne fera sans doute pas d'ombrage à Madame le maire. Pourtant le site de la mairie de Paris écrit (voir ici) qu'il a été choisi pour son « souci d’objectivité et d’indépendance ... »

La situation des bâtiments anciens parisiens est préoccupante : voir l'article Architectures RER. Les sujets inquiétants en 2013-2014 ont été nombreux : les anciennes Archives nationales, le Carreau du Temple, le Val-de-Grâce, le Jardin des serres d'Auteuil, le délabrement de certaines églises et de leurs oeuvres du XIXe siècle, la Samaritaine, la Tour Eiffel, la Piscine Molitor, la Monnaie de Paris, l'Hôtel Tubeuf (Bibliothèque Richelieu), l'Hôtel de Crillon, l'Hôtel Salé (Musée Picasso), l'Hôtel Lambert, l'Hôtel de la Marine, les Champs-Élysées (qui ne ressemblent plus à rien) ... sans compter d'autres sujets comme la prostitution culturelle avec le Louvre Abou Dabi (voir l'article ici) etc.

Une autre chose : Paris est trop cher : hôtels, musées, transports, restaurants etc. sans beaucoup de havres de paix gratuits et culturels pour tous les âges.

Encore une fois le but n'est pas de critiquer mais d'exprimer une réflexion sur ces sujets.

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Table de toilette de 1923

lepetitechoelamode1823avrildecoupe500lm.jpgPhotographie : Première page de couverture de Le Petit Écho de la Mode du 29 avril 1923. « INTÉRIEUR » « ROBE en crépon de laine. Forme droite à taille longue, blousant dans une ceinture plate. Fermeture sur le côté. Décolleté en bateau et manches pagode. Ornements de tresses ou de velours. Jupe unie. Robe 15640, métr. : 3 m. 50 en 110. »

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Voyager au Moyen-âge

SainteUrsuleDetail300.jpgC'est toujours avec plaisir que je me rends au musée parisien du Moyen-âge situé dans les vestiges des thermes romains et l'hôtel particulier de Cluny du XVe siècle (www.musee-moyenage.fr/). Ce musée possède un des plus grands ensembles mondiaux d'objets et d'œuvres d'art de l'époque médiévale.

Du 22 octobre 2014 au 20 février 2015 une nouvelle exposition est proposée intitulée Voyager au Moyen-âge qui réunit plus de 160 œuvres.

« Cette présentation est la première étape d’une épopée partagée avec trois autres grandes institutions européennes appartenant au réseau des musées d’art médiéval : le Musée épiscopal de Vic en Catalogne, le Musée du Bargello à Florence et le Musée Schnütgen à Cologne. Ces établissements de renom poursuivent avec le musée de Cluny un même objectif : faire connaître le monde médiéval par l’échange et la mutualisation des œuvres. »

Saint-Jacques-pelerin---RFR2.jpgLe goût du voyage est très présent à l'époque médiévale. Il se développe d'abord dans l'Europe qui se forme. Le christianisme s'y répand notamment grâce à ses pèlerinages, ses moines itinérants, ses compagnons bâtisseurs de cathédrales ... Les marchands voyagent beaucoup. Le périple du marchand vénitien Marco Polo (1254-1324) le conduit jusqu'en Chine. Les aristocrates font de même afin d'assurer une présence sur l'ensemble de leurs terres. Les plus riches (monarques, princes ...) organisent des expéditions comme avec Christophe Colomb (1451-1506) qui ouvre le passage vers les Amériques. Cette culture du voyage est tellement présente que jusqu'au XVIIe siècle les meubles des personnes aisées sont généralement transportables, se démontant, avec des poignées (coffres) ou se pliant (fauteuils, chaises …). Pour la décoration on utilise beaucoup les tissus et les tapisseries qui tout en étant peu encombrants et facilement portables occupent un grand espace une fois déployés. Le Moyen-âge c'est aussi de nombreux royaumes qui s'agrandissent ou se rétrécissent avec certains possédant des territoires très éloignés les uns des autres comme pour les Normands avec des terres dans les actuelles Angleterre, France, Italie, Turquie. Des empires se forment (l'Empire carolingien et le Saint-Empire romain germanique). C'est le temps des croisades ...

Enfant-prodigue-detail-Cl1495.jpgL'exposition a une scénographie intéressante, incorporée dans un immense meuble en aggloméré (espérons que la colle utilisée ne soit pas nocive) s'étalant en vagues et strates, sans début ni fin … Les histoires qui nous y sont contées ont elles un début et une fin. Une carte de plusieurs mètres de long introduit cette exposition. Puis il est question de pèlerinages, voyages sur terre, dans les mers et l'au-delà … à des époques reculées (du temps des vikings) et plus récentes (fin du Moyen-âge) avec des œuvres très précieuses et d'autres de l'ordre de babioles religieuses. Les descriptions sont brèves et claires, mais chaque objet porte en lui tout un monde d'aventures qu'on aimerait connaître plus profondément.

Il est à noter que dans la seconde pièce du musée de Cluny sont présentées temporairement quelques magnifiques faïence hispano-mauresques de Manisès près de Valence en Espagne des XIV-XVe siècles.

Photographie 1 : « Le roi païen fait demander en mariage. Sainte Ursule. Cologne, vers 1490-1500. Huile sur toile. H. 129 cm ; L. 1 55 cm. Paris, Musée du Louvre, département des Peintures. R. F. 969 (Cl. 850b). © RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi. »

Photographie 2 : Détail « Saint Jacques en pèlerin. Bourgogne, vers 1500. Pierre calcaire. H. 104 cm ; L. 43 cm ; P. 29 cm. Provient des services de la récupération artistique, 1945. Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge. RFR 2. © RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski. »

Photographie 3 : « Départ du fils prodigue. Détail. Pays-Bas du Sud, vers 1520. Laine et soie. H. 362 cm ; L. 665 cm. Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge. Cl 1495. © RMN-Grand Palais / Gérard Blot / Christian Jean. »

Photographie ci-dessous : Cour du Musée de Cluny. © Image provenant du site du musée. »MuseeDeCluny.jpg

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Le studio photographique des Delton (1862 à 1914)

MuseeCour300.jpgLe Musée de la Chasse et de la Nature présente jusqu’au 26 janvier prochain une petite exposition consacrée au studio photographique des Delton (actif à Paris de 1862 à 1914) sur le thème du cheval étrangement intitulée Voilà les Delton. Une centaine d’oeuvres (principalement des photographies) évoquent une partie de la haute société à cheval pendant le Second Empire et la Belle-Époque. BoisDeBoulogne.jpgOn y retrouve les promenades au bois de Boulogne, des portraits équestres, les différentes voitures utilisées, l'hippisme, le cirque et bien sûr la chasse ... Cette exhibition quoique trop courte est très intéressante car stylisée, et présentant le monde chic et équestre de l'époque. On y voit des femmes corsetées et des hommes en haut-de-forme faire du sport … le cheval étant le principal sport alors. Des installations contemporaines ponctuent cette exposition … sans trop de désagrément.  

Ensuite on peut parcourir les deux étages du musée. Un végétarien comme moi, malgré certains objets anciens dignes d'intérêt, se sent mal au milieu de toutes ces images de chasse et d'animaux empaillés. Mais l'endroit est plaisant : deux hôtels particuliers du XVIIe siècle : l’hôtel de Guénégaud et l'hôtel de Mongela, bien qu'on n'y ressente plus beaucoup l'authenticité du lieu. Et puis surtout l'exposition temporaire est vraiment intéressante pour ceux qui sont passionnés de style.  

Photographie de gauche : Cour du musée.

Photographie de gauche : « L’Avenue du Bois, Edmond Grandjean, 1877, Huile sur toile. Coll. Galerie Berko. »

Photographies ci-dessous : « Le Prince Achille Murat et Cora Pearl,1865, tirage photographique moderne d’après plaque de verre. © Archive. »LE-PRINCE-ACHILLE-MURAT-ET-CORA-PEARL.jpg

LE-PRINCE-ACHILLE-MURAT-ET-CORA-PEARLdetail.jpg

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La pochette, le mouchoir.

BelleJardiniere1935Detail300lm.gifLa pochette est un accessoire de mode masculine qui consiste en un mouchoir ajusté dans la poche extérieure gauche de la veste, au niveau du sein.

J'ai évoqué dans plusieurs articles la place importante qu'occupe le mouchoir dans la mode, en particulier dans celui visible ici. Autrefois on le montre beaucoup. Aujourd'hui ce n'est plus le cas sauf dans le cas de la pochette, reliquat de la gloire passée de ce carré de tissu. 

Photographie de droite : Publicité de « Belle jardinière » du 16 mars 1935, chaîne de magasins de confection qui se développe en France de 1824 à 1972.

 Photographies ci-dessous : « Giovanetti » ('Jeunes hommes'). Gravure provenant Habiti Antichi, et Moderni di tutto il’Mondo de Cesare Vecellio (Venetia, Gio Bernardo Sessa, 1598).

VecellioGiovanettiMouchoirlmLa plus ancienne pochette que j'ai trouvée en regardant rapidement mes iconographies c'est une de 1845 ci-dessous.

192a1845elcorreorecadre300lm.gif© Article et photographies LM 

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L’Esprit de Montmartre et l’Art Moderne, 1875 - 1910.

CanneMoustache.jpgLe Musée de Montmartre inaugure le 17 octobre 2014 trois nouveaux espaces : l’Hôtel Demarne, l’atelier-appartement de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo,  et le Café Renoir. En même temps il présente une nouvelle exposition temporaire jusqu'au 25 septembre 2015 sur L’Esprit de Montmartre et l’Art Moderne, 1875 - 1910.

Ce nouveau musée de Montmartre est un petit bonheur situé au coeur du quartier du même nom. Pour le prix d'un ticket (ou 19 € pour toute l'année) on a le droit à :

- Un jardin montmartrois typique avec son chat noir, sa vue sur des vignes (les dernières à Paris), son reliquat de petit bois, ses escaliers qui montent etc.

- Une visite de la Maison du bel air où se trouve l'exposition permanente. Cette bâtisse du XVIIe siècle serait la plus ancienne de la Butte. Plusieurs artistes y ont résidé.

- ChatDoreRecadre300Une visite de l'exposition temporaire située dans l'Hôtel particulier Demarne habité par un comédien de la troupe de Molière. Elle est sur deux étages. À partir du second on a accès à l'atelier appartement du peintre Suzanne Valadon (1865-1938) et son fils Maurice Utrillo (1883-1955) lui aussi peintre. Ceux-ci ont vécu ici ; et c'est à partir de documents originaux que la décoration de ces pièces a été faite en allant chiner les objets. Ils fréquentent Toulouse-Lautrec, Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas, Vincent van Gogh,  Pablo Picasso, Georges Braque, Erik Satie etc.

L'exposition temporaire est vraiment très intéressante avec des oeuvres surprenantes. Elle nous présente les nouveaux cabarets qui apparaissent (Le Lapin Agile, La Chat Noir, les Quat'z'Arts...), ses artistes (avec des oeuvres de Henri Gustave Jossot, Pierre Bonnard, Henri-Gabriel Ibels, Henri de Toulouse-Lautrec ...), ses courants (les incohérents, les fumistes, les hydropathes ...) etc.

FemmeSeLavantUnPied300Évidemment il faut avoir une âme quelque peu libertaire pour apprécier. Ce n'est qu'en 1860 que le village de Montmartre est annexé à Paris. Ce quartier encore sauvage (avec ses vignes, ses petits bois escarpés, ses roches et ses petites demeures (le sol étant friable on ne peut y construire haut) se manifeste particulièrement lors de la Commune de Paris en 1871. Il devient alors un des lieux de refuge de la junte (de l'espagnol junta : 'assemblée') libertaire et artistique de Paris.

Cette exposition temporaire « montre l'importance de Montmartre en tant que centre de l'avant-garde artistique. 200 pièces d’archives et 150 œuvres, issues de la collection de la Société d'Histoire et d'Archéologie Le Vieux Montmartre - Musée de Montmartre mais également de collections publiques et privées, présentent au visiteur les moyens d’expression des artistes de l’époque (satire, caricature), leurs médias de prédilection (affiches, illustrations, chansons), et leurs lieux d’expression favoris (cabarets, cirque). »

Photographie de gauche : Portrait d'Émile Courtet (dit Émile Cohl, 1857-1938) par André Gill (pseudonyme de Louis-Alexandre Gosset de Guines, 1840-1885).

Photographie de droite : La Femme au Chat (vers 1882-1884) par Adolphe Léon Willette (1857-1926).

Photographie de gauche : Femme séchant son pied (vers 1914) par Louis Legrand (1863-1951).

Photographie ci-dessous : Derrière la Maison du Bel Air.

BelAirDos300Photographies ci-dessous : À gauche - Le cabaret Au Lapin Agile existe toujours. Il est derrière le Musée de Montmartre, près des vignes. À droite - Chat noir photographié dans le jardin du Musée de Montmartre.

CabaretLeChatNoirPhotographies ci-dessous : À gauche - Entrée de la Maison du Bel Air. À droite - Dernières vignes de Montmartre. Autrefois la colline en était en partie couverte comme une bonne part des campagnes environnantes.

MuseeVignesPhotographies ci-dessous : À gauche - En haut de la Butte. À droite - Plus bas : Place Émile-Goudeau où se trouvait le Bateau-Lavoir incendié en 1970 et reconstruit en 1978 (il est sur la droite). Il a été la résidence de nombreux artistes : Paul Gauguin, Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Max Jacob etc.

ButtePhotographies ci-dessous : À gauche - Atelier de Suzanne Valadon. À droite - Pièce de son appartement.

AtelierSalonPhotographie ci-dessous : Scène de café, vers 1892, par Henri-Gabriel Ibels (1867-1931).

Cafe300Photographie ci-dessous : Nocturne de Charles Louis Guilloux (1866-1946).

PaysageLuneRecadre300Photographie ci-dessous : Affiche pour le Cabaret du Ciel (1895) par Adolphe Léon Willette (1857-1926).CabaretDuCiel300

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Artiste peintre en visages

1823TableDeToilettePetiteMaitresse500lm.jpgGravure anglaise datée de 1823 présentant une belle jeune femme se maquillant devant sa table de toilette. Elle met du rouge sur ses joues. La légende « Painting » (« Peignant ») fait référence à de la peinture plus qu'à du maquillage, comme c'est aussi le cas pour les Françaises coquettes.

Cette estampe est intéressante en particulier pour le moment d'intimité choisi et la représentation des sous-vêtements : corset, jupons ...

© Article et photographies LM

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3000 ans de chaussures

ChaussureXVIIIe.gifDu 18 octobre 2014 - 6 avril 2015, le Musée des jouets du monde de Bâle (Spielzeug Welten Museum Basel) présente en collaboration avec le Northampton Museums and Art Gallery en Angleterre une exposition intitulée en français : L’histoire sous les pieds - 3000 ans de chaussures. Elle parcourt 2000 ans d'histoire de la chaussure à travers 220 paires de modèles originaux. Ne l'ayant pas vue, je ne peux pas trop en parler, mais ce blog s'intéressant particulièrement aux modes anciennes je souhaitais l'évoquer.

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Le Guide du Chineur d'Emmanuel Layan

PremierDeCouvertureDeLeGuideDuChineur.jpgJ'ai reçu par La Poste cet intéressant petit livre : Le Guide du Chineur d'Emmanuel Layan, sorti ce mois d'octobre 2014 aux éditions du Chêne. Je me suis amusé à chercher si beaucoup d'ouvrages ont été publiés avec ce même titre ? La réponse est oui plusieurs, mais seulement depuis 1985. C'est à partir de ce moment que la chine devient véritablement un phénomène de mode en France. Un peu avant les vide-greniers se sont mis à se répandre. Aujourd'hui dans Paris et sa banlieue il n'y a pas une semaine sans un ou plusieurs vide-greniers (ventes de particuliers), sans compter les brocantes (ventes de professionnels) temporaires ou les mélanges des deux … Et puis bien sûr il y a les marchés permanents comme le Marché aux puces de Paris/Saint-Ouen (voir l'article Le Mondial des Puces) qui est le plus grand marché d'antiquités au monde, classé depuis 2001 « zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager ». Chineur3.jpgLe Marché aux puces de la Porte de Vanves est beaucoup plus petit mais aussi très intéressant pour y dénicher des petits trésors. À quelques encablures se trouve le Marché du livre ancien et d'occasion, sous les halles le long du Parc Georges Brassens. Paris regorge aussi d'antiquaires et de maisons de ventes aux enchères. L'Hôtel des ventes de Drouot Richelieu propose plusieurs ventes par jour ; Artcurial ou Christies régulièrement aussi etc. Sur Internet l'offre d'antiquités est encore plus nombreuse. Sur ce sujet on pourrait écrire tout un livre. Pour revenir au notre il est intéressant car clair, facile à transporter et donnant de multiples astuces pour expertiser des objets de qualité : l'argenterie, la céramique, le verre, les tableaux et le mobilier. Son auteur, Emmanuel Layan, est un jeune commissaire priseur qui connaît très bien son sujet et n'hésite pas à le transmettre au plus grand nombre.

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Anniversaire de la naissance de Louis IX

SaintLouisStatueCette année est la date anniversaire de la naissance de Louis IX (1214-1270) dit « le Prudhomme», roi de France de 1226 à 1270, canonisé  par l'Église catholique en 1297.

Pour commémorer le 800e anniversaire de Saint-Louis de rares expositions ont été organisées sans bruit, seulement par le Centre des monuments nationaux (CMN) dont certaines à la fin de l'année !!! Sept monuments du réseau du CMN proposeraient des manifestations : La Conciergerie et la Saint-Chapelle à Paris, les Tours d'Aigues-Mortes, le Château d'Angers, le Prieuré Royal de Poissy. Je ne parle pas de « l'œuvre lumineuse » d'une artiste contemporaine à la Basilique Saint-Denis, ni du septième lieu dont je n'ai pas trouvé la trace.

Du 8 octobre au 11 janvier une exposition se dérouleViergeALEnfant à la Conciergerie de Paris. « 130 oeuvres d’art d’une qualité artistique exceptionnelle vous accueillent au sein de la salle des gardes de la Conciergerie et témoignent de l’effervescence intellectuelle et de la grâce qui touchent les arts parisiens au XIIIe siècle. » La conciergerie étant à côté de la Sainte-Chapelle, merveilleux monument érigé par ce roi, on peut en profiter pour la visiter.

Une exposition temporaire est aussi présentée depuis le 25 avril jusqu'au 31 décembre 2014 dans trois des tours-portes de la ville d’Aigues-Mortes, « fondée par le Capétien en 1240, [qui] devient le port de commerce du Royaume ». « Saint Louis y embarque pour les croisades de 1248 et 1270 après de longs et minutieux préparatifs. »

Au Château d’Angers, BusteLouisIXconstruit par Saint-Louis, l'exposition qui se déroule du 10 octobre 2014 au 25 janvier 2015 (voir aussi ici) [prolongation jusqu'au 1er mars] est en trois parties : « La première concerne les arts sous saint Louis. La Cathédrale d’Angers sera évoquée par la présentation d’éléments encore inconnus du public, récemment retrouvés et identifiés. Un élément des verrières de 1235 est par exemple présenté pour la première fois. Dans un second temps, l’exposition revient sur l’iconographie de saint Louis, roi de France et saint, avec des tableaux et des statues, des objets d’arts et des pièces documentaires du XIIIème au XIXème siècle qui illustrent le rôle du monarque et la figure du saint selon les époques et les contextes historiques. Enfin, la dernière partie montre quelques unes des expressions les plus délicates et les mieux comprises de l’art du XIIIe siècle mais évoque aussi le couronnement des rois de France, grâce à l’interprétation du calice de Reims, ayant servi lors du couronnement de Louis IX. »

EnluminureDu 6 mars 2014 au 4 janvier 2015, au Prieuré royal Saint-Louis à Poissy une autre exposition est intitulée Sous le sceau du roi Saint-Louis. Celle-ci évoque en particulier le gouvernement du roi saint « et les institutions qu’il a contribué à affermir et à enraciner durablement, dans un domaine royal considérablement agrandi depuis le début du XIIIe siècle par son grand-père Philippe Auguste. Les déplacements quotidiens et les trajets exceptionnels du roi au sein du royaume sont illustrés afin de mettre en contexte l’emprise du pouvoir sur le territoire. » Poissy est probablement la ville de naissance de Saint-Louis. Il s'y fait aussi baptiser.

Il y a encore 40 ans on aurait organisé de grandes manifestations et fêtes pour commémorer cet anniversaire. Aujourd'hui ce n'est plus le cas.

Photographie 1 : « Statue de saint Louis. © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Franck Raux. »

Photographie 2 : La Vierge et l'Enfant. Bois de chêne. Vers 1270 (Paris, musée du Louvre). Crédits photo : RMN – H. Lewandowski.

Photographie 3 : Statue de Louis IX.

Photographie 4 : Psautier dit de Saint-Louis et de Blanche de Castille. Vers 1230 (Paris, Bibliothèque de l'Arsenal). Il aurait peut-être appartenu à la mère du roi.

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La fabrique du romantisme : Charles Nodier et les voyages pittoresques.

CharlesNodier.jpgNous sommes gâtés à Paris en ce qui concerne les expositions. Non seulement on a de magnifiques musées, mais aussi des expositions temporaires de qualité ! Le Musée de la Vie romantique en propose une intitulée La fabrique du romantisme : Charles Nodier et les voyages pittoresques du 11 octobre au 18 janvier.

L'exposition temporaire se passe dans les salles de l'atelier du peintre d’origine hollandaise Ary Scheffer (1795-1858) qui s’installe en juillet 1830 dans cette propriété d'époque Restauration du nouveau quartier parisien à la mode surnommé 'La Nouvelle Athènes'.

« Dans l’atelier-salon, Scheffer, portraitiste renommé sous la monarchie de Juillet, reçoit le Tout-Paris artistique et intellectuel. Delacroix vient en voisin, comme George Sand avec Chopin qui joue volontiers sur le piano Pleyel. Ils retrouvent Liszt et Marie d’Agoult, mais aussi Rossini, Tourgueniev, Dickens. »

Quatre salles sont consacrées à cette exposition sur l'apport de Charles Nodier (1780-1844) au mouvement romantique.

Les deux premières salles (rez-de-chaussée à gauche avant d'entrer dans la cour) présentent Charles Nodier et le salon qu'il préside à la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris. Les Jeune France (voir l'article Les romantiques 'jeune France' et 'nouvelle France') se réunissent autour de lui,  « avec Hugo en tête, ce qui formera l’essentiel de la création littéraire et artistique de son temps. Le lieu sera l’épicentre intellectuel du Paris de la décennie des années 1825-1835. »

24volumes.jpgLes deux autres salles (sous-sol et rez-de-chaussée à droite) sont consacrées à l'édition des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, entreprise à laquelle il collabore en y proposant ses textes dès le début (en 1820) sous la direction du baron Taylor (1789-1879) pour « ce qui sera l’une des grandes aventures éditoriales du XIXe siècle [...] Édités par souscription chez l’éditeur Didot, ils ont pour ambition de décrire les différentes provinces françaises, à la fois récit, anthologie historique, descriptive et pittoresque. Sa publication, en 25 volumes [grand format : in folio], s’étalera sur plus de 40 ans ; Nodier y participera jusqu’à sa mort en 1844. Largement illustrés, ils rassemblent le meilleur de la peinture de paysage contemporaine. » Le sous-sol exhibe en particulier des lithographies de cet ouvrage, et au rez-de-chaussée des peintures en lien avec lui.

Ce recueil monumental du patrimoine français est important pour plusieurs raisons. Il permet de faire prendre conscience aux Français de leur exceptionnel héritage architectural (en particulier Ruines-du-palais-de-la-Reine-Blanche.jpgMoyenâgeux), et du vandalisme qui sévit alors qui en rase une partie sans considération pour le legs aux générations futures. Les sites présentés sont aussi parfois naturels, avec leurs paysages pittoresques traités avec finesse, sentiment et parfois un goût pour le fantastique.

Le site www.voyagespittoresques.paris.fr présente plus de 200 illustrations de paysages de France provenant de Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Il serait intéressant aujourd'hui d'envoyer des photographes prendre un cliché des sites lithographiés pour voir ce qu'ils sont devenus.

Ceux qui ne connaissent pas le Musée de la vie romantique, peuvent visiter l'exposition permanente pour le même prix, ou s'y ressourcer pour ceux qui l'on déjà visité. C'est une chance de pouvoir contempler des œuvres dans un cadre authentique leur correspondant !

Il est à noter que l'exposition suit une autre celle sur Le Baron Taylor à l’avant-garde du Romantisme dont il est question dans un article précédent (voir le lien ci-avant), et qui se trouve à deux pas du Musée de la vie romantique. Je conseille de commencer par celle-ci qui est beaucoup plus modeste et de terminer par celle du Musée de la vie romantique.

Au sortir de cette exposition, la chose que l'on remarque après un peu de temps, c'est qu'aujourd'hui la liberté n'est plus.

Photographie 1 de gauche : « Tony Robert-Fleury, d’après Jean-Baptiste Paulin Guérin (1837-1911), Portrait de Charles Nodier, Bibliothèque nationale de France, bibliothèque de l’Arsenal © Bibliothèque nationale de France, Paris. »

Photographie 2 de droite  : Édition originale des volumes de Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France.

Photographie 3 de gauche : « Alexandre-Évariste Fragonard (1780-1850), Ruines du palais de la Reine Blanche à Léry, 1824. Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Ancienne Normandie, 1825. © Paris, Fondation Taylor / Thomas Hennocque. »

Photographies ci-dessous : Pour trouver le musée, c'est facile, c'est là où est le seul arbre de la rue. Ensuite s'engouffrer dans une petite rue pavée jusqu'à une petite maison blanche aux volets verts.

EntreeAccueil.gifPhotographies ci-dessous : Dans la cour, à droite se trouve un petit jardin où l'on peut se restaurer au son des piaillements de moineaux ou/et des enfants de l'école juxtaposée ou/et de touristes ou/et etc.

JardinBatiment.gifAtelier-Salle.jpgPhotographie Alexandre-Dumas-Pere.jpgdu dessus à gauche : Atelier d'Ary Scheffer avec le poêle. C'est un élément très important de la vie sociale parisienne lorsqu'il fait froid, comme la cheminée. Les cafés ont le leur ce qui fait leur succès, les gens venant s'y chauffer.

Photographie du dessus à droite : Le style de décoration de cette salle où se trouve le portrait d'Alexandre Dumas père (collection permanente) est très rococo. Voir sur ce sujet les articles La ou le rococo et Le rococotier et la rocotière.

Photographie de droite : J'ai retrouvé dans le musée qui l'a acheté ce portrait d'Alexandre Dumas père dont je parle dans l'article intitulé Dandysmes romantiques.

Photographie ci-dessous : Autres salles de la collection permanente avec des portraits de George Sand par Auguste Charpentier (1837), du Maréchal de Saxe par Maurice Quentin de la Tour (1749) etc. La collection permanente, qui se trouve dans la demeure du peintre Ary Scheffer, est dispersée dans huit pièces comprenant : l'antichambre, le cabinet des bijoux, le salon George Sand (photographies), le petit salon bleu (à droite), la chambre des portraits romantiques, le salon des Orléans, le cabinet Ary Scheffer et la chambre Renan.

DeuxSalles.jpgPhotographies ci-dessous : « Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), Escalier de la tourelle du château d’Harcourt, 1827 © Cherbourg-Octeville, musée Thomas Henry / D. Sohier. » Exposition temporaire. On trouve son équivalent en lithographie à l'exposition Le Baron Taylor à l’avant-garde du Romantisme.Escalier.jpg

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L’Âge d’or du paysage hollandais

PaysagesHollandais300.jpgLes Beaux-Arts de Paris présentent L’Âge d’or du paysage hollandais, du 10 octobre 2014 au 16 janvier 2015, au Cabinet des dessins Jean Bonna.

« Après le Paysage à Rome dans la première moitié du XVIIe siècle, l’École nationale  supérieure des beaux-arts dévoile un autre aspect de sa collection de paysages  dessinés, celui des Pays-Bas. »

Cette exposition remplit une seule salle. Elle offre un joli aperçu de la douce empreinte de l'humain sur les paysages hollandais du XVIIe siècle ... loin de notre bitume, de l'acier ... 

« Entre ciels et canaux, rivières ou lac, les dessinateurs hollandais – Ruisdael, van Goyen, Cuyp etc. – immortalisent des vues d'Utrecht, Delft, Amsterdam ou Haarlem et développent dans ce domaine de nouvelles approches qui vont assurer leur notoriété dans toute l’Europe.

Achetées en grande partie par Jean Masson, ces oeuvres font aujourd’hui la richesse des Beaux-Arts de Paris. »

FontaineHotelDeChimay.jpgPour ceux qui ne connaissent pas les Beaux-Arts de Paris, c'est une occasion de découvrir ses bâtiments avec cette exposition. Sa cour de l'entrée du 14 rue Bonaparte (Cour Bonaparte) semble surgir d'une Italie de la Renaissance en plein coeur du quartier Saint-Germain. Sa chapelle est pleine d'oeuvres d'art où d'après Wikipédia « la reine Margot, puis Catherine de Médicis réunissent l'une des premières collections d'œuvres d'art à Paris. » L'Hôtel de Chimay et son jardin sont reconstruits au XVIIIe siècle sur un bâtiment du XVIIe. On peut y flâner autour de sa fontaine. L'exposition se déroule dans le Palais des Études terminé en 1839, en pleine effervescence artistique de la Nouvelle France (Romantique). On accède à la salle par une cour vitrée restaurée en 2007-2008, qui ressemble à un tableau en trois dimensions dont les traits (carreaux du sol, colonnes, charpente métallique ...) accentuent la perspective. Et puis, bien sûr, il y a ses étudiants, monuments bien vivants !

Photographie de droite : Fontaine de l'Hôtel de Chimay. Photographie provenant du site parisetvous.blogspot.fr.

Photographies ci-dessous : Cour Bonaparte et Cour vitrée du Palais des Études.CoursBeauxArtsParis

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Cours de politesse et de belles manières

CoursDePolitesseEtDeBellesManieresDecoupe500lm.jpg« Cours de politesse et de belles manières ». Gravure (éditée « chez Martinet ») du premier quart du XIXe siècle (les habits sont de vers 1813). Trois personnages apprennent à bien se tenir. « Tarifs du Cours de Politesse. Pour ôter son chapeau 10 Guinées pour manger proprement 20 pour rire à propos 40 un entrechat 100 un calembour 100 ». La guinée est une pièce de monnaie britannique en or frappée jusqu'en 1813. Il est difficile de dire si cette scène se passe en Angleterre, ou s'il s'agit d'Anglais essayant d'apprendre la politesse en France. Le personnage de gauche donne une grosse somme d'argent à une femme pour recevoir son diplôme sur lequel est inscrit : « Mémoire de l'éducation complète de Willam Dog », avec au bas : « Total 1000 guinées ». « Dog » veut dire 'chien' en anglais. Un chien fait le beau à ses pied. Au milieu un homme attend sagement ; et à droite deux enseignent la révérence à un autre.

Voir aussi les articles : La civilité ; Faire belle jambe ; Le Petit-maître en Chenille.

CoursDePolitesseEtDeBellesManieresDetail300lm.jpg© Article et photographies LM

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Paul Durand-Ruel : Le pari de l’impressionnisme Manet, Monet, Renoir

paul_durand-ruel_dans_sa_galerie_par_dornac_archives_durand.jpgLa nouvelle exposition du Musée du Luxembourg à Paris s'intéresse à Paul Durand-Ruel (1831-1922), important marchand des impressionnistes. On sait que la plupart des grands mouvements artistiques s'épanouissent grâce au mécénat de passionnés ou visionnaires. Le titre de cette manifestation Paul Durand-Ruel  : Le pari de l’impressionnisme Manet, Monet, Renoir exprime cela : Il s'agit souvent d'un pari. Elle se déroule jusqu'au 8 février 2015.

Photographie 1 de gauche : Paul Durand-Ruel dans sa galerie par Dornac. © Paris, Archives Durand-Ruel.

Photographie 2 de droite : Clair de lune, ou Clair de lune sur le port de Boulogne par Edouard Manet (1832-1883), 1868. © Paris, musée d’Orsay. Manet300.jpg
Photographie 3 de gauche : La Liseuse ou Printemps par Claude Monet (1840-1926), 1872. © The Walters Art Museum, Baltimore.

À lire au sujet de cette exposition :
Qui est Paul Durand-Ruel ?
Paul Durand-Ruel et l'impressionnisme : la consécration de l'intuition ;
Edouard Manet ;
Claude Monet ;
Pierre-Auguste Renoir ;
Eugène Delacroix ;
Jean-Baptiste Camille Corot ;
Théodore Rousseau ;
Jean-François Millet ;
Gustave Courbet.

Monet300.jpgL'exposition commence par un texte qui explique l'importance que ce marchand occupe dans la propagation du mouvement impressionniste. En voici une partie : « « Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout ». Au soir de sa vie, le peintre Claude Monet rendait ainsi hommage à celui qui fut son principal marchand au XIXe siècle. Paul Durand-Ruel (1831-1922) a le premier fait le pari de l'impressionnisme au début des années 1870 […] inventant du même coup un nouveau métier, celui de marchand d'art contemporain ... »

J'ai été particulièrement impressionné par les trois premiers tableaux de l'exposition : des peintures d'Auguste Renoir (1841-1919) qui ont des mouvements et des couleurs éclatants qu'aucune photographie ne peut traduire. Rien que pour ces tableaux cela vaut la peine d'aller voir l'exposition. Les coups de pinceau associés aux traits et au choix des couleurs donnent de la profondeur, et ouvrent à un espace profondément lumineux et diapré ; univers dans lequel on ne peut entrer qu'en contemplant ces œuvres de visu. Ces trois tableaux représentent chacun différents enfants de Paul Durand-Ruel. Le premier avec ses filles nous happe dans la couleur, nous plonge dans le mouvement … dans un espace aux teintes chaudes et vivantes. L'oeil devient raison ! Dans les deux autres tableaux (avec ses fils), ce sont d'abord les yeux qui tiennent le regard et le conduisent : Leurs traits captent le visiteur d'autant plus que les multiples aplats de couleurs différentes ou en camaïeu autour et derrière les visages accentuent cet effet de profondeur.

Photographie ci-dessous : Photographie des trois tableaux décrits succinctement ci-dessus.EnfantsDurandRuelBlanc500.gif

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Mayas : Révélation d'un temps sans fin.

MayaFigurine300.gifLe Musée du quai Branly présente du 7 octobre 2014 au 8 février 2015 une exposition intitulée MAYAS, Révélation d'un temps sans fin, réunissant 400 chefs-d'œuvre issus des différentes époques qui jalonnent cette civilisation précolombienne d'Amérique centrale. Ses origines remontent à la préhistoire avec une sédentarisation attestée entre le VIIe et le IIIe millénaire av. J.-C. et un développement particulier dès le second millénaire. Son apogée se situe entre le VIe et le IXe siècle après J.-C. avant que ses cités principales soient abandonnées entre la fin du VIIIe et le IXe siècles. La conquête espagnole du XVIe siècle sonne le glas de cette société. Son peuple reste cependant toujours présent (entre 6 et 10 millions d'individus) constitué de diverses communautés conservant leur patrimoine linguistique et culturel maya.

Les objets présentés sont nombreux. Cela n'a certainement pas été facile de les faire venir d'Amérique centrale. La plupart sont en lien avec la nature et des pratiques religieuses ou sociales qu'il est difficile d'appréhender pour un novice en la matière comme moi. Ils auraient sans aucun doute eu un retentissement plus profond si j'avais quelques connaissances en la matière et la région qui les a vus naître. Que celui qui n'a jamais été ignorant me jette la première pierre ! J'ai trouvé étrange que l'exposition commence par un panneau représentant « une cérémonie d’auto-sacrifice sanglant ».

Photographie de gauche : PierreSculpteeeMaya300.gifFigurine en céramique provenant de l'île de Jaina (Mexique), « le site certainement le plus réputé pour cet artisanat », de 600-800 après J.-C. (H. 21,6 ; l. 9,9 cm).  © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique. Collection Stavenhagen. Photographe: Ignacio Guevara.

Photographie de droite : « Pierre avec le signe de Vénus. Chichen Itzá, Yucatán, Mexique. Ce panneau sculpté faisait partie de l'ornementation de la structure que l'on a appelée la « Plate-Forme de Vénus » précisément à cause de la représentation du signe de cet Astre, à gauche du panneau. À droite, on observe ce qui est connu comme le « faisceau des années ». Les nombres (huit points d'un côté, et la barre qui vaut cinq de l'autre) pourraient se rapporter à un cycle de 2 920 jours, c'est-à-dire cinq périodes synodiques de Vénus (de 584 jours) ou huit années solaires (de 365 jours). Postclassique ancien (900-1250 apr. J.-C.). © Museo Regional de Antropología, palais Cantón, Mérida, Yucatán, Mexique. Photographe: Ignacio Guevara. »

Cette manifestation a été l'occasion pour moi de découvrir le Musée du quai Branly. On est encore face à de l'architecture RER avec énormément de béton lisse et froid, quelques effets de vitres pour donner de la transparence (!?!), une couleur ocre pour rappeler la terre (l'écologie est à la mode). Le jardin de Gilles Clément (né en 1943) seul est un peu intéressant avec une verdure luxuriante et esthétique et des effets de  formes et de matières. Cependant on est loin des jardins que je m'imagine avec beaucoup de plantes autochtones, dont certaines rares (afin de les préserver), ayant des propriétés médicinales sur nos sens, des miroirs d'eau, des arbres protecteurs et des architectures élevant l'âme. En cela je trouve le petit jardin médiéval du Musée de Cluny plus intéressant.

Photographies ci-dessous : Une partie de l'architecture du Musée du quai Branly et des fleurs du jardin.MuseeQuaiBranlyArchitecture-Fleurs.gif

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Je n’ai rien à te dire sinon que je t’aime : Correspondances amoureuses.

AfficheJeNAiRienADireSinonQueJeTAime.gifJe ne suis pas encore allé voir cette exposition qui se déroule jusqu'au 18 janvier au Musée des lettres et des Manuscrits à Paris, mais le sujet suffit pour que j'en parle : Je n’ai rien à te dire sinon que je t’aime - Correspondances amoureuses. Y sont présentées 113 lettres d’amour « de Ronsard, de Stendhal, de George Sand, de Victor Hugo, de Juliette Drouet, de Verlaine, de Zola, de Balzac, d'Andersen, de  Brigitte Bardot, de Prévert, de Pierre Louys, de Saint-Exupéry, de Jacques Brel, de René Char, d'Édith  Piaf, de Jean Seberg, de Marguerite Duras, de Gainsbourg et de bien d'autres. »

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Merveilleuses & merveilleux