© Photographies LM
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Deux cultes occupent pendant des millénaires une place primordiale en France : celui de la Dame (et de l'Amour en général) et celui de la Nature, les deux n'étant pas très éloignés. On considère alors que nos bergères et bergers conservent des réminiscences de l'Âge d'Or : un temps où les êtres humains vivent en pleine pureté au milieu des dieux et des plaisirs véritables.
On vénère la nature et l'homme qui sait dialoguer avec elle par l'intermédiaire de ses sens : le sentiment, cela lui permettant de communiquer avec la divinité. Les poèmes ayant ce sujet ou celui de l'amour sont les plus prisés.
Il est un peu question de cela dans l'article intitulé Eurythmie politique.
Je collectionne les livres et gravures anciens sur le sujet. Il s'agit d'une de mes trois collections, les deux autres étant sur les petits maîtres de la mode et sur les contes et fables pour enfants.
Les pastorales et autres poèmes bucoliques sont passés de mode. Aujourd'hui on peut se procurer des livres des XVIIe et XVIIIe siècles sur ce thème assez facilement. Ils sont pourtant d'une grande beauté. Les textes sont riches et les gravures les accompagnant le plus souvent d'une grande finesse d'exécution.
À notre époque où presque tout le monde bouge frénétiquement, voyageant d'un bout à l'autre de la terre (même les écologistes), il y a moins de dialogue culturel avec la nature, avec la terre, sa mémoire, sa régénérescence … La culture consiste à cultiver le terrain de son âme comme on le fait d'un jardin en fonction de l'environnement. La question environnementale n'est pas seulement en rapport avec la nature mais avec toutes les choses qui le constituent. Les cinq sens (le goût, l'odorat, l'audition, la vision, le toucher) et la perception cognitive, qui à eux tous forment le sentiment, permettent d'appréhender cet environnement et de dialoguer avec. Dans quelle mesure souhaitons-nous le faire ?
Photographie : Page de titre et frontispice de Dissertations sur la Poésie pastorale ou de l'Idylle et de l'Églogue (Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1707, première édition) de M. l'Abbé Genest (Charles-Claude Genest : 1639-1719). La gravure est signée Thomassin : Simon Thomassin (1638-1722) ou son fils Henri Simon Thomassin (1687-1741), tous deux graveurs. Ce livre est adressé « À Messieurs de l'Académie Française ».
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Le Musée national des châteaux de Malmaison et Bois Préau présente du 2 avril au 30 juin 2014 une exposition sur la passion des fleurs et des oiseaux de Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais (1763 - 1814), impératrice et première femme de Napoléon Bonaparte (1769 - 1821).
Photographies ci-dessus et à gauche : « Auguste Garneray. Portrait de l'impératrice Joséphine. s.d. 1813. Aquarelle sur vélin. Paris, coll. part. © DR. »
Photographie de droite : « Histoire naturelle des tangaras, des manakins et des todiers. Par Anselme-Gaëtan Desmarest. An XIII - 1805. 1 vol. grand in-folio. H. 0, 515; L. 0,35 cm. Musée national du château de Malmaison. © Rmn-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Daniel Arnaudet. »
Née aux Trois-Îlets en Martinique, cette merveilleuse garde le souvenir d'une nature luxuriante qu'elle cherche à faire revivre dans son domaine de Malmaison où elle fait venir des plantes venues du monde entier afin de les acclimater dans ses serres et jardins.
« Elle vécut dans la plus grande intimité avec ses plantes, qu'elle considérait comme ses pensionnaires et dont la culture faisait ses délices. « C'est pour moi un bonheur inexprimable, confiait-elle à Thibaudeau, de voir se multiplier dans mes jardins les végétaux étrangers. » Sa seule ambition fut de posséder le plus beau et le plus curieux jardin de l'Europe. Elle voulut qu'on s'y crut comme au milieu des forêts de l'Amérique. Son locus amoenus [lieu naturel amène et voluptueux] restituerait le jardin de son enfance. Pour parvenir à ses fins, elle expédia sur les mers lointaines des botanistes-explorateurs pour collecter des plantes et des animaux rares. »
Photographie de gauche : « Sabot à fleur » (Sabot de Vénus ?) peint sur une assiette du « service des Liliacées » de la Manufacture impériale de Sèvres. « Musée national du château de Malmaison. © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Joséphine. Malmaison et de Bois-Préau) / Gérard Blot. »
Photographie de droite : « Gaëtan du Châtenet, d'après Léon de Wailly.Copies de vélins du Muséum national d'histoire naturelle. 2 aquarelles sur papier vélin. - Casoar de la Nouvelle Hollande. H. 0,458 ; L. 0, 313. - Goura Couronne. H. 0,315; L. 0,465. Musée national du château de Malmaison. © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Gérard Blot. »
Cette exposition vient compléter celle se déroulant au Musée du Luxembourg à Paris qui se déroule jusqu'au 29 juin (voir ici).
La statue ci-dessous provient de cette seconde manifestation.
Photographies ci-après : « Antonio Canova (1757-1822). Amour et Psyché debout. Entre 1802 et 1808. Marbre. H. 148 ; l. 38 ; pr. 63 cm. Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage. © Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg/photo Leonard Kheifets. »
Photographie : Akènes de clématite des haies.
Durant le mois de février apparaissent les premières fleurs des tussilage, de petite pervenche ... Le perce-neige feurit. Dès la mi-février quelques véroniques se montrent offrant à terre les couleurs du ciel de printemps. La cardamine hérissée présente ses petites fleurs blanches et cela au moins jusqu’en septembre.
Les feuilles de la chélidoine gardent leur douce teinte d’un beau vert souvent perlé de rosée. Celles des violettes forment des tapis de cœurs mouchetant la terre annonçant pour le mois suivant leurs fleurs. On rencontre les feuilles de la grande oseille toute l’année.
Toutes les plantes de janvier peuvent être cueillies en février.
L’écorce de rameaux d'un hêtre de 2 à 3 ans, récoltée en février, serait fébrifuge. Le bois de hêtre contiendrait de la créosote qui serait un puissant désinfectant. Pour assainir un local, brûler de ce bois. Je n'ai pas essayé les recettes suivantes. Contre une fièvre, décoction d’écorce séchée de hêtre, 50 g pour un litre d’eau ; faire bouillir un quart d’heure à feu doux, prendre deux tasses à deux heures d’intervalle. Pour les poumons et la respiration : décoction d’écorce séchée de hêtre, 20 g pour un litre pendant 20 min.
On peut s'amuser à reconnaître les arbres à leur écorce.
Au mois suivant, l'hiver finit et le glanage de plantes reprend, ainsi que les belles promenades au milieu de cette magnifique Dame qu'est Nature. L'année commence vraiment en mars.
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Photographies du dessus : Frontispice d'après Charles Eisen (1720-1778) du chant premier de Zélis au bain du marquis de Pezay (1741-1777).
Photographie de gauche : On dirait une Mercuriale vivace (Mercurialis perennis). Cependant normalement cette plante ne fleurit pas avant le mois de février, et cette image a été prise le 12 janvier. Son nom vient du dieu Mercure.
La nature est une corne d'abondance. Les médecins y trouvent des remèdes, les sorciers des potions magiques, les artisans des matériaux, les cuisiniers de la nourriture, les artistes des Muses, les scientifiques des modèles etc.
Elle est belle aussi en hiver. C’est le moment d’essayer de reconnaître les arbres à leurs formes, leurs écorces..., de déceler tous les signes d’une vie qui sommeil. Pour les plantes vivaces dont on connaît les fleurs, on déctecte les feuilles, telles celles des Violettes, Chélidoines… Certaines sont particulièrement visibles, la fraîcheur de leur verdeur tranchant avec les teintes hivernales. On peut commencer à voir les fruits du Lierre dont les grappes foncées sur le feuillage toujours vert contrastent joliment avec la nature souvent dénudée à cette époque. Certaines plantes continuent de fleurir. Pâquerette, Sénéçon commun, Capselle bourse-à-pasteur (qui fleurit toute l’année, même après maturation des fruits). Quand elles ne sont pas recouvertes de neige, les mousses et lichens offrent des tons variés de verts souvent tendres qui tranchent avec le doré du sol ou le gris des écorces.
Photographie de droite : Fruits en formation du Lierre.
Tel le moment des premières lueurs du matin, la chaleur se fait attendre ; et même l’apparition du soleil ne lève en rien le voile de la froidure de la nuit, si ce n’est doucement en réchauffant les corps endoloris par une longue absence. Les derniers moments de l’année sont moins durs que les premiers : les jours s’allongeant lentement rendant plus froid encore la lumière qui pourtant s’ensoleille, abreuvant sans brusquerie.
À raison de pouvoir faire des bouquets de fleurs sauvages, pourquoi ne pas en faire avec leurs noms ? En voici quelques exemples : Dans un champ de Pensées sauvages avec Patience élégante les Immortelles blanches, ces Naïades fléxibles, présentent au grand soleil le Miroir de Vénus : la Dame-d’onze-heures. La Reine des prés Berce toutes Impatientes ne-me-touchez-pas, de même que la Reine des bois. Coucou Doucette Angélique. Pour la Minette pas de Patte d’ours ni de Grand muflier mais un Compagnon blanc ou rouge ou un Narcisse jaune avec des Lilas d’Espagne et une Corbeille d’or remplie d'Herbes aux perles.
Le Miroir de Vénus n’est pas la seule plante consacrée à Aphrodite : Il y a aussi les Sabot de Vénus, Scandix peigne de Vénus et Nombril de Vénus. Comme autres personnages mythologiques ayant donné leur nom à des plantes, j'ai cité Narcisse et Naïade fléxible, mais il y a aussi Naïade marine, Dryade à huit pétales, Narcisse à deux fleurs, Narcisse des poètes, les différentes sortes de Silènes, Daphné lauréole, et puis des noms qui font résonner les mythes comme Ambroisie élevée, Étoile de Bethléem, Sceau de Salomon ...
Photographie de gauche : Herbe bleue.
D’autres rappellent par leur nom ce qu’on en dit dans la mythologie. Par exemple la Petite centaurée serait utilisée par le centaure Chiron qui est aussi le précepteur de héros comme Achille, celui de la guerre de Troie, qui se sert de l’Achillée millefeuille pour guérir la plaie d’un roi. D’autres plantes cultivées et sauvages ont leur dieux. Le Laurier d’Apollon, en grec Daphné, est le nom d’une nymphe qui poursuite par les assiduités du dieu du soleil se change en cet arbuste pour lui échapper ; et puis Narcisse, amoureux de sa propre image et que les dieux changent en plante. Du sang d’Adonis, mêlé de nectar, Vénus fait naître l’Anémone, et de celui d’Ajax surgit le Pied d’alouette sur les pétales de laquelle on peut lire “ AI ” qui sont les deux premières lettres de son nom. De celui de Hyacinthos, Apollon fait apparaître la Jacinthe. Un tableau de Nicolas Poussin intitulé L’Empire de Flore (vers 1631) représente certains de ces épisodes, des fleurs et les personnages auxquels elles sont associées. Des noms de saintes sont aussi des noms de fleurs : Marguerite, Véronique…
La plupart des poètes ont parlé de fleurs. Chez les auteurs antiques, il s’agit surtout de plantes méditerranéennes comme le Laurier, la Vigne, le Myrte, la Violette, l’Olivier. L’Encens et les parfums ont aussi leur importance. Le Phénix, cet oiseau mythique qui naît aux sources du Nil, est réputé se nourrir uniquement d’Encens. Voici ce qu’en dit Dante dans La Divine comédie :
« Ni Blé ni herbe il ne mange en sa vie,
Mais seulement pleurs d’Encens et d’Amone,
Et la Myrrhe et le Nard lui sont ses derniers langes. »
Certaines parties de plantes peuvent se ramasser de janvier à décembre. Il faut être habitué à elles afin d'être sûr de leur identification.
La plante fraîche sans la racine de Capselle bourse-à-pasteur s’utilise toute l’année. D'autres ont aussi des propriétés médicinales et peuvent être ramassées en janvier. Certains bois brûlés pourraient servir à désinfecter une pièce. Les feuilles jeunes et charnues de la Joubarbe se récoltent tout le temps.
Photographie de droite : Arbres.
En plein hiver on passe à coté de plantes qui retiennent le regard. Pourquoi, ce ne sont que des fleurs ? Et on passe comme si on était quelques mois avant ou après. Un moment on est en plein printemps, comme par cadeau enchanté. Le Lamier rouge fleurit pendant toute l’année, mais en particulier au printemps semble-t-il. L’application directe de feuilles fraîches arrêterait l’effusion du sang sur les blessures. Le Lichen d’Islande se ramasse aussi sans arrêt de même que l'Ortie. Les fleurs de Pâquerette s’utilisent toute l’année, mais en particulier à partir du mois de mars. La racine de Plantain peut être ramassée tous les mois. Le Sénéçon commun fleurit tout le temps, la Stellaire (Morgeline) aussi.
Certaines de ces plantes se mangent comme les parties aériennes de Morgeline ou les fleurs et les feuilles de Lamier rouge, les feuilles d'Achillée millefeuille, la racine de Benoîte, la racine de Circe potager (jusqu’en mars) crue ou cuite. Les feuilles et les fleurs de Pâquerette peuvent être ajoutées crues à des salades avec d’autres plantes de même que les feuilles de Violette.
Comme je ne me m'intéresse ici qu'à des plantes sauvages de la région parisienne, je ne parle pas de celles du sud ou du littoral. Près de nos côtes ou dans la mer on trouve des plantes merveilleuses aussi.
Poème :
Chant provenant de Huexotzinco, ms. de la Bibliothèque nationale de Mexico. Garibay, Poesia Indigena, p. 165 in Lambert, Jean-Clarence, Les Poésies méxicaines : Anthologie des origines à nos jours, Paris, Seghers, 1961, p. 84.
« Nous sommes venus pour le sommeil,
nous sommes venus pour le songe.
Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai que nous soyons venus
Sur la terre pour vivre.
Nous ne serons bientôt qu’herbe de reverdie :
Nos cœurs reverdiront, ouvriront leurs corolles ;
Oh notre corps est une fleur, et fleurit et se fane. »
Photographies du dessous : Lichens et mousses photographiés en janvier.
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Photographie de gauche : Gravure du début du XVIIIe siècle intitulée « L’Hiver » (écrit « L’Hyver »), d'après François Verdier (1652-1730) par le sculpteur Jean Baptiste Haussard (1679-1749) dans un cadre du XIXe siècle (42 x 50 cm), avec Privilège du Roi, et le texte suivant : « La Terre stérile ; et dépouillée de ses richesses, est représentée par Cybelle couronnée de Tours, et Soutenue d’un Mois. Cette Déesse parait dans l’abattement de se voir privée des influences favorables du Soleil représenté dans l’éloignement par Apollon assis sur son Char, pendant que le froid Aquilon lui souffle impétueusement la Neige et les frimas, et que les Signes Célestes du Verseau et des Poissons semblent vouloir l’accabler de pluies et d’humidités. Les Semaines paresseuses qui l’accompagnent nous marquent la Nonchalance de la Saison, dont les Amusements sont figurés par plusieurs Génies qui jouent, et par différents instruments de jeux. L’Hiver sous la forme d’un Vieillard fait connaître que l’Elément du feu est le remède aux rigueurs de cette Saison. »
Photographies suivantes : Frontispices de la partie dédiée à « L'hiver » de diverses éditions françaises du XVIIIe siècle de la traduction du poème Les Saisons de James Thomson (1700-1748). Dans les trois exemples nous avons une représentation de veillée paysanne où les habitants d'un hameau se réunissent à la nuit tombée pour passer le temps ensemble autour du feu, à écouter de la musique, danser, se raconter des histoires (contes pour enfants etc.) faire de menus travaux demandant un peu d'aide etc.
Au mois de décembre les branches de feuillus forment des arcs d’argent sur le ciel bleu, au-dessus de la terre rougeoyante et dorée par les feuilles, avec de-ci, de-là, des petites nappes de verdure, quand la neige ne recouvre pas tout pour offrir un nouveau paysage. En hiver les couleurs semblent plus douces, en particulier dans le ciel ou des pastels tendres forment des dégradés de couleurs, de bleu, orange/jaune et violet. À l'abri, au chaud, c'est le moment de se rappeler les contes et les fables où les éléments sont divinisés : vents, fleuves, terre, océan … avec les nymphes (déesses de la nature), dryades (protectrices de la forêt), camènes (esprits de la nature), naïades (âmes de l'eau), oréades (nymphes des montagnes et des grottes), sylphides et sylphes (génies de l'air), sylvains (divinités des bois) etc.
Offrir des fleurs
Anémone Persévérance
Anthemis Amour terminé
Azalée Joie d’aimer
Bleuet Amour timide
Cyclamen Beauté jalousée
Glaieul Rendez-vous
Gueule de loup Désirs
Iris Coeur tendre
Lilas blanc Aimons nous
Lilas mauve Mon coeur est à vous
Lis Pureté
Marguerite Je ne vois que vous
Mimosa Sécurité
Muguet Coquetterie
Myosotis Souvenir fidèle
Oeillet Ardeur
Orchidée Ferveur
Pensée Pensée affectueuse
Pivoine Sincérité
Pois de senteur Incrédulité
Renoncule Reproches
Rose Amour
Tulipe Déclaration d’Amour
Violette Amour caché
Alors si on vous présente un bouquet de gueule de loup, oeillet et lilas blanc ; ou de bleuet, marguerite et rose ; ou de tulipe, azalée et glaieul ... vous savez à quoi vous en tenir ! Le nombre a aussi sa signification.
Photographie ci-dessous : Aperçu du frontispice de L’Homme des champs, ou Les Géorgiques françaises (édition de 1809) de Jacques Delille (1738-1813). Un homme médite face à la lune pendant que deux autres se promènent sous des arbres près du lac où se reflète l'astre nocturne. Le livre est entrouvert laissant voir une des tranches dorées.
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Photographie de gauche : Frontispice et page de titre de Promenades d'Ariste & de Sophie ou Instructions galantes & sérieuses Pour une jeune Demosielle qui veut entrer dans le monde. Par Monsieur de L**. À Amsterdam, Chez H. du Sauzet. 1730. Le frontispice représente « Le Triomphe de la Raison. »
Photographie de droite : Fleurs de lamier blanc.
Des graminées continuent leur spectacle de l’été pour devenir des gerbes d’or. La forêt de feuillus devient rousse, offrant sa toison mouillée caressant de sa chevelure en branchages incandescents. Ses joues rougissent. Ses yeux d’un ciel vif appellent à goûter son sang en milliers de fruits rouges et champignons couleurs de lèvres humides. Quelques gouttes de rosée ou d’eau de pluie restent suspendues comme de cristal. Le vent joue une nouvelle musique, surpris par les étendues laissées libres. Les oiseaux se rappellent savoir chanter plus haut que tous les paysages terrestres, et le soleil amusé regarde cette terre se tourner vers lui pour goutter chacun de ses rayons qui réchauffent toujours et éloignent le froid. La nuit, la lune reflète ses rayons sur les feuilles qui ressemblent à des étoiles mouvantes. Les arbres se dévêtissent scrupuleusement. Quelque soit l’époque, la chouette garde les yeux ouverts. La lune continue de refléter le soleil et le lac la lune. Le vent joue sur la corde des roseaux et les ondulations de l’eau les notes d’un autre temps … celui du moment présent. Les feuilles de violettes forment toujours des petits cœurs sur le gazon. Les fruits rouges du fusain d’Europe ressemblent à des décorations de Noël. On aperçoit dans les bois des tapis qui se chevauchent l’un d’un ton orange de feuilles automnales, et l’autre est un lit de lierre couleur argentée. Dans le palais de notre bouche on savoure les prunelles bleutées au duvet blanc de rosée.
Photographie de gauche : Fleur de pâquerette.
Photographie de droite : Faîne sortie de sa cupule. Il s'agit du fruit de l'arbre hêtre commun.
On ramasse des plantes déjà citées aux mois précédents, quand cela est possible.
La stellaire se cueille toute l’année (les paries tendre de toute la plante hors sol). En automne et surtout en hiver on ne peut pas la confondre avec d'autres végétaux car c’est un des rares qui fleurit même à cette époque. On l'accompagne simplement d’une vinaigrette. On peut y ajouter des faines grillées et des fleurs et feuilles de capselle (bourse-à-pasteur).
Le mois de novembre est celui où on met en terre les plantes. Comme le dit le dicton : « À la Sainte-Catherine (25 novembre), les plantes prennent racine. »
Photographie du dessous : Oeuvres diverses de Sr Boileau Despreaux ; avec le Traité du Sublime ou du Merveilleux dans le Discours, tome premier, Amsterdam, Henri Schelte, 1702. Le frontispice représente un jardin avec des jardiniers semblant guidés par une déesse antique.
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Photographies : Champignons.
Les champignons restent nombreux au mois d'octobre. Il y en a de mortels, de dangereux, comme l'amanite tue mouche qui est un puissant stupéfiant, et de très bons.
En automne, les arbres semblent s’embraser en flammes bleu ciel et jaune feuillage aux diverses teintes dorées ou de braise. La terre, l’herbe et la mousse se couvrent d’or. C'est un trésor qui s’amoncelle. Châtaignes et faines sortent de leur gangue éclatée. Si l’automne bouillonne de l’intérieur, le froid pourtant tend son manteau, couvrant les germes d’un renouveau, et de son voile bientôt glacé réchauffant la gestation de pousses multiples et d’espoirs infinis.
Les fruits rouges des églantiers et aubépines sont des gouttes de vie cristallisée comme du sang coagulé.
Après avoir offert ses fleurs odorantes blanches, la clématite des haies donne au regard ses fruits « chevelus ».
Photographie de droite : Clématite des haies.
On ramasse les racines de bardane dans sa première année de végétation en avril et mai ou octobre et novembre. Elles sont très bonnes froides en salade. Voir à ce sujet l'article du Mois de mai. On en fait d'autres usages comme en soin des cheveux.
La mâche doucette et la stellaire sont de très bonnes salades. On peut y ajouter des pommes et des faines et même des œufs. Les faines grillées mais pas brûlées sont délicieuses sur les salades sauvages ou en apéritif … Elles sont riches en protides, glucides, lipides ; cinq ou six suffisent pour donner du goût. Avec ces fruits du hêtre on fabrique aussi une huile.
L'amanrathe est une plante nourrissante. Ses graines et feuilles sont riches en protéines, vitamines A, B et C et en sels minéraux.
Photographie de gauche : Chapitre sur l'Automne avec son frontispice de Les Saisons. Poème traduit de l'anglais de Thompson. À Paris chez Chaubert et Hérissant, 1769.
Le cynorhodons sont très riches en vitamine C. Ces fruits de l'églantier se mangent crus après avoir enlevé les graines et les poils urticants et les avoir coupés en petits morceaux pour les ajouter par exemple à une salade. On peut aussi en faire une sauce qui a le goût de la sauce tomate.
Les châtaignes sont très nourrissantes et généralement nombreuses.
Les Indes galantes, opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau (livret de Louis Fuzelier) représenté pour la première fois à Paris le 23 août 1735.
Danse du Grand Calumet de la Paix, exécutée par les Sauvages.
Rondeau
ZIMA, ADARIO
Forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos coeurs.
S'ils sont sensibles,
Fortune, ce n'est pas au prix de tes faveurs.
CHOEUR DES SAUVAGES
Forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos coeurs.
S'ils sont sensibles,
Fortune, ce n'est pas au prix de tes faveurs.
ZIMA, ADARIO
Dans nos retraites,
Grandeur, ne viens jamais
Offrir tes faux attraits!
Ciel, tu les as faites
Pour l'innocence et pour la paix.
Jouissons dans nos asiles,
Jouissons des biens tranquilles!
Ah! peut-on être heureux,
Quand on forme d'autres voeux?
1er Menuet pour les Guerriers et les Amazones
2e Menuet
Prélude
ZIMA
Régnez, plaisirs et jeux! Triomphez dans nos bois!
Nous n'y connaissons que vos lois.
Tout ce qui blesse
La tendresse
Est ignoré dans nos ardeurs.
La nature qui fit nos coeurs
Prend soin de les guider sans cesse.
Chaconne
Photographie de dessous : Fougère mâle.
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Photographie de gauche : Fleurs d'orpin reprise … de l'école ...
Les paysages de fougères prennent des spectres du vert au rouge en passant par le jaune. Si le vert est encore présent, il est rehaussé de couleurs or qui au soleil flamboient. Tout devient de feu alors que l'astre diurne est moins brûlant. C’est le printemps d’une nouvelle saison avec ses amoncellements de denrées : fruits, champignons, racines ..., avant l’hiver.
L’automne est le temps de la récolte de racines, rhizomes, fruits et, de même qu’en été, de certaines semences. Il faut avoir repéré les plantes au moment de leur floraison pour les reconnaître alors, comme les violette, valériane, saponaire, campanule raiponce, chélidoine, chiendent commun, grande consoude, épilobe à feuilles étroites, eupatoire, quintefeuille, renouée des oiseaux ...
Photographie de droite : Champignon (je ne sais pas s'il est comestible).
On ramasse les racines officinales de bugrane, carotte sauvage, chiendent (la souche), ortie, panais, pimprenelle, pétasite hybride, raifort ... ; les rhizomes de fougère mâle, réglisse des bois (Polypodium vulgare L.), polypode commun, tormentille, valériane ...
On cueille gui, houblon, persicaire âcre, scolopendre ..., les graines de moutarde blanche, ortie ...
Il y a les fruits de l'aubépine (cenelles), églantier (cynorhodons), genévrier, marronnier d'Inde, néflier (nèfles à cueillir après les premières gelées), pommier sauvage, prunellier (prunelles), sorbier, sureau noir … Tous ensemble offrent des tableaux de formes variées, de couleurs chatoyantes et nuancées. On en fait des confitures, fruits confits, gâteaux, sirops ... les accommode de mille autres façons et/ou fabrique avec des remèdes, soins de beauté .... Si les fruits sont nombreux en ce mois, tous ne sont pas comestibles … et même certains dangereux. Il faut être prudent dans leur cueillette.
Photographie de gauche : Cynorhodons.
Les nombreux champignons comestibles que l’on trouve à cette époque font des plats savoureux.
On fabrique un succédané au café avec les glands du chêne torréfiés (broyés et cuits à sec sur une poêle).
On fait des salades avec les lamier blanc, origan, bourse à pasteur, mauve, plantains, pourpier, stellaire …
On peut cueillir des graines pour des plantations ou de petits arbustes d'un an dont on sait que leur voisinage ne permettra pas qu'ils s'épanouissent, pour un jardin ou une terrasse.
Norma, opéra de Vincenzo Bellini
« NORMA e MINISTRE NORMA et SES PRÊTRESSES
Catsa Diva, che argenti Chaste déesse, qui teint d’argent
Queste sacre antiche piante, Ces antiques forêts sacrées,
A noi volgi il bel sembiante Tourne vers nous ton beau visage
Senza nube e senza vel… Sans nuage et sans voile.
Tempra, o Diva, tempra tu de’ cori ardenti, Modère encore le zèle hardi,
Tempra ancora lo zelo audace, Modère le zèle des cœurs ardents,
Spargi in terra quella pace Répands sur la terre cette paix
Che regnar tu fai nel ciel … Que tu fais régner au ciel. »
Photographie du dessous : Papillon photographié au mois de septembre.
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Photographies du dessus et dessous : Diverses fleurs jaunes. Bon c'est vrai ma description est lacunaire … mais je suis en vacances !
Suivant les endroits, se sont des haies d’honneur fleuries qui couronnent les chemins : bruyères, campanules, origan, millepertuis …
Chaque fleur épanouie des linaires ressemble à une bouche pulpeuse que l’on a envie d’embrasser.
Les touffes de certains graminées forment de magnifiques bouquets, en particulier dans les bois, alors que dans les prés elles dessinent des tapis colorés aux teintes ensoleillées jaunes, vertes ou rouges, semblant embraser la terre de lumière de nectar. Leurs formes sont quelquefois particulièrement jolies et “ chaudes ”, douces au regard et au toucher.
Les fleurs sont nombreuses permettant de faire des bouquets variés. Mais on peut utiliser d’autres éléments telles certaines branches tombées, comme celles de pins ayant encore leurs fruits plus ou moins verts. Ces branches cependant jaunissent vite contrairement aux fleurs et graminées dont j'ai parlé en juillet.
L’achillée millefeuille, l’origan, la centaurée noire, la tanaisie conviennent à des bouquets de fleurs séchées.
Les feuilles du sureau noir laissées trempées douze heures dans de l’eau puis filtrées permettraient de préparer un liquide qui pulvérisé éloignerait certains insectes comme les moustiques.
Nombreuses sont les plantes aromatiques en été ; et certaines sentent particulièrement bon. Une des odeurs les plus agréablement fortes est celle de la mélisse (Melissa officinalis) avec son parfum citronné. C’est une véritable fête de la rencontrer. Les menthes sentent bon aussi : la menthe des champs (Mentha arvensis), la menthe aquatique (Mentha aquatica) ... On peut les trouver ensemble avec par exemple le calament officinal. Toutes sont de la famille des Labiées avec aussi entre autres : marrube, lamiers, épiaire des bois, bétoine, lierre terrestre, brunelle, grand basilic sauvage (sarriette commune), chanvre d’eau, marjolaine sauvage (origan), thymus polytrichus, menthe pouliot, sauges … La plupart sont très utiles comme plantes médicinales et culinaires.
La douce saponaire est aussi agréablement odorante.
Parmi les plantes de 'bien-être' il y a la bruyère (Calluna vulgaris L.) du grec callunein 'balayer' (on peut en faire des balais). On récolte ses fleurs en août et septembre. C’est une plante dont l’infusion des fleurs est médicinale. Les bains aux fleurs de bruyère seraient conseillés aux rhumatisants. Les fleurs sèchent en gardant leur belle couleur. On confectionne une huile pour les reins en faisant macérer les sommités fleuries une semaine dans une bouteille en verre au soleil dans de l’huile d’olive en mélangeant chaque jour (passer et conserver fermée). On masse les parties sensibles du dos avec. La laine prendrait une couleur 'brun-noisette' quand on l’immerge dans un bain prolongé de rameaux broyés. Si on y ajoute des cristaux d’alun elle deviendrait jaune, noire avec un peu de sulfate de fer et bleue avec du sulfate de cuivre.
Photographie du dessus : Panais.
Photographies du dessous : Fleurs violettes.
Les plantes médicinales sont nombreuses aussi ce mois. Je ne vais cependant pas m'attarder dessus dans cet article.
Je vais le faire un peu concernant les plantes sauvages comestibles (comme toujours être sûr de ce que l'on ramasse). Il y en a plusieurs qui sont aromatiques. On les accommode en salades ; les ajoute aux plats ou à du beurre, à de l'huile, des fromages pour apporter du goût. L’huile à l’origan accompagne salades vertes et de tomates. Le fromage de chèvre mariné dans des plantes aromatiques lui donne de la saveur. Si on y ajoute certains épices comme du piment rouge coupé finement et du poivre noir en grains concassés, on prépare avec ce fromage, des olives noires, des tomates et des concombres une salade grecque bonne surtout par grandes chaleurs. La nourriture crétoise est connue pour être très saine et elle utiliserait aussi les plantes sauvages. Le vinaigre de plantes aromatiques se prépare de la même façon mais doit être mis au soleil et dans du vin blanc ou du cidre. Faire macérer pendant un ou deux mois.
Photographie de droite : Scabieuse.
On fabriquerait un hydromel à la bruyère (Calluna vulgaris L.) : Faire une décoction de fleurs, y diluer du miel, ajouter un peu de levure de bière, faire fermenter dix jours, filtrer. Il ne faut mettre en bouteille que lorsque la fermentation est achevée, c’est à dire quand le bouillonnement a totalement séché, sinon le récipient risque d’exploser.
Photographie de gauche : Origan.
On rencontre des champignons comme des bolets ou la coulemelle (Macrolepiota procera) dont on ne ramasse que celles dépassant les 10 cm, car les plus petites pourraient être des champignons dangereux. Ne pas la confondre aussi avec l’amanite panthère qui a un pied blanc contrairement à la coulemelle qui est tigré-brun. La girolle est un champignon qui se ramasse en été après les pluies d’orage. On la trouve principalement sur des sols non calcaires. C’est un très bon champignon simplement cuit avec du beurre mais qui ne conserve pas tout son goût après dessiccation. Citons comme autres champignons le mousseron d’automne qui se ramasse de mai à octobre après des averses dans des prairies. Ne pas arracher mais pincer le pied. Séché son arôme devient plus fort ; et il se consomme après avoir été baigné dans de l’eau ou en poudre. L’agaric champêtre (rosé des prés) se ramasse jeune, de la fin de l’été à octobre.
Si la salade sauvage la plus 'forte' en goût est celle du printemps, la plus délicieuse est celle faite en août s'il y a de l'origan. On y ajoute des feuilles d'achillée millefeuille, plantains, pissenlit etc. La salade de pourpier est délicieuse. On rencontre cette plante en région parisienne, en plein soleil, sur des terrains sablonneux.
Les jeunes feuilles encore tendres du cumin des prés (Carum Carvi L.) peuvent servir à aromatiser des salades, légumes et potages. Les graines s’emploient comme épice pour aromatiser pains, fromage, potages, pommes de terre …
Les graines d’achillée millefeuille mises dans un sachet entreposé dans un tonneau conserveraient le vin.
On prépare un délicieux velouté avec des racines de panais, carotte sauvage, feuilles de tussilage … Mais il faut ramasser les racines des deux premières plantes avant la première floraison, sinon elles deviennent ligneuses.
Photographies du dessous : Mûres, depuis la fleur jusqu'au fruit prêt à tomber.
Photographie de gauche : Prunelles.
Nous l’avons dit en juin, les rosacées fleuries sont magnifiques, et forment au printemps et au début de l’été de magnifiques tableaux. Après les fleurs, ce sont souvent des fruits non seulement agréables mais souvent délicieux qui s’offrent au regard et à la bouche. Au mois d’août il commence à y en avoir à foison, et ce sont de véritables vergers pour les gastronomes qui se présentent à leurs mains, au plaisir de leurs yeux et à celui de leurs papilles. Des mûriers peuvent se trouver près de sureaux noirs aux fruits nombreux, d’aubépines dont les cenelles aussi mûrissent lentement, de prunelliers... A propos des prunelliers, ceux qui apprécient les goûts variés et un peu 'fort', aimeront peut-être manger quelques prunelles qui le plus souvent sont très amères. Elles seraient plus douces cueillies après les premières gelées. On peut en faire du vinaigre en exprimant le jus (enlever les noyaux, écraser et passer à travers un linge que l’on serre), de la liqueur ... La confiture aurait des effets semblables à l’infusion des fleurs, c’est à dire antidiarrhéique, tonifiant etc.
Quant aux fruits de l’aubépine (les cenelles), on peut en faire des décoctions ayant les mêmes propriétés que les tisanes des fleurs.
Les fraises des bois sont plus rares qu'au mois précédent.
Il y a encore des pommes sauvages.
Photographie de droite : Fruits du sureau noir.
Les fruits du sureau noir commencent à mûrir. On en fait des compotes. Crevés à la chaleur, puis pressés à travers un linge, ils donnent un jus de fruit pouvant être consommé ainsi ou cuit en 'rob'. Ces baies sont utiles en cas de rhumes et sont laxatives, de même que le jus ou sirop de ces fruits. Le 'rob' s’obtient en faisant réduire le jus à feu très doux jusqu’à ce qu’il épaississe au bout de plusieurs heures, tout en remuant de temps en temps pour qu’il n’attache pas, jusqu’à la consistance souhaitée. Le rob se prépare à partir de jus de fruits très doux. Ne pas confondre le sureau noir avec le sureau hièble dont les fruits, comme les racines, l’écorce ou les feuilles sont vomitifs et purgatifs. Froissées, les feuilles du sureau hièble dégagent une odeur désagréable ; de plus les ombrelles en fruits sont tournées vers le ciel contrairement à celles du sureau noir qui le sont vers la terre. Et puis le goût de ces fruit est désagréable.
Photographie de gauche : Grand plantain.
Peut-être trouverez-vous en même temps des framboises, des mûres, des fruits du sureau noir, des cenelles, des prunelles, des cynorhodons (fruits de l'églantier) … Mélangez-les (après avoir enlevé noyaux ou graines) pour en faire une confiture de fruits rouges.
Les noisettes pourraient se conserver jusqu’à cinq ans dans leur coque, si elles sont entreposées dans un endroit frais, sec et aéré. Décortiquées elles se gardent deux mois. Elles sont riches en composants nutritifs. Pressées les fruits du noisetier donnent une huile qui serait de qualité et de longue conservation. Sauce aux noisettes et à l’oseille : Faire revenir 50 g de noisettes coupées en deux dans une poêle sans matière grasse. Hacher menu 50 g de feuilles d’oseille, 50 g de feuilles de cresson et un oignon moyen. Mélanger intimement une cuillerée à soupe de jus de pomme et deux cuillerées à soupe de xérès ou de vinaigre de vin blanc. Saler, poivrer. Incorporer cinq cuillerées à soupe d’huile de noisette de première pression à froid. Ajouter les noisettes, les herbes et l’oignon. Cette sauce agrémente des légumes crus ou cuits à la vapeur.
Photographie du dessous : Sauterelle. Une fois j'ai vu une sauterelle se faire emmailloter totalement par une araignée en moins d'une dixième de seconde. Le temps que je réagisse pour faire fuir la coupable et celle-ci se trouvait prise dans un épais cocon de fils. Il m'a fallut de nombreuses minutes pour l'en débarrasser sans lui faire de mal.
Photographie du dessous : Une coccinelle sur la route.
Poème
Li Po (701-762)10
Exilé de moi-même
" Devant le vin, le soir m’a surpris ;
Les fleurs tombées couvrent ma robe.
Ivre, je poursuis la lune dans l’eau ;
S’éloignent les oiseaux, se dispersent les hommes. "
Photographies du dessous : Carotte sauvage.
Photographies du dessous : Fleurs d'eupatoire.
Photographies du dessous : Compagnon blanc.
Photographies du dessous : Berce.
Photographie du dessous : Saponaire.
© Article et photographies LM
Photographie du dessus : Frontispice du chapitre intitulé L’Été de Les Saisons, Poème traduit de l'Anglais de Thompson (Paris, Chaubert & Herissant, 1759). La gravure est de Jean-Charles Baquoy (vers 1721 – 1777) d'après Charles Eisen (1720 - 1778).
Photographies de gauche et de droite : 'Des Fleurs', conversation 36 de L'Esprit de Cour, ou Les Conversations Galantes. « Divisées en cent dialogues. Dédiées au Roi. Par René Bary, Conseiller & Historiographe de sa Majesté » (Paris, Charles Sercy, 1662).
Le mois de juin est en particulier indiqué pour la cueillette des simples (plantes sauvages médicinales), à la Saint-Jean et les quelques jours suivants : durant le solstice d’été, période culminante dans le calendrier naturel, lorsque les jours sont les plus longs de l'année.
Le meilleur moment de la journée pour la cueillette est le matin vers 10 heures, après la rosée, et avant la chaleur. Le temps doit être sec. Il est souvent préférable de ramasser les feuilles avant la floraison quand les boutons floraux ont commencé à se former, et les racines dans la première année de vie de la plante avant la floraison.
Il vaut mieux prendre les parties aériennes de la plante au début de la lune montante et les racines à la fin de la lune descendante. Pour reconnaître dans quel quartier de lune on se trouve, il suffit d’ajouter un trait à gauche ou a droite de ce corps céleste afin de former soit un “ p ” indiquant que ce sont les premiers quartiers ou un “ d ” les derniers.
La période de l'année la plus favorable pour récolter les racines est généralement le printemps ou l’automne, alors que pour le reste c'est au printemps et en été.
Le mois de juin est prolifique. La nature offre de nombreuses combinaisons en notes colorées dans ses jardins naturels aux plantes spécifiques et selon les associations de tons qui se créent suivant les endroits : coquelicots et matricaires dans les champs cultivés, millepertuis (jaune doré), campanules raiponces (bleu ciel), vipérine commune (bleu foncé), épilobes à feuilles étroites (rose tendre), mauves (rose-violet) ...
Photographies du dessous : Fleur de ronce qui quelques semaines plus tard deviendra une mûre, fruit savoureux.
Photographies de gauche et de droite : Opuscules de M. Le Chevalier De Parny, seconde partie, chez Manoury, 1787, quatrième édition, de 16 x 11 cm.
Parmi les plantes sauvages fleuries, il y a les rosiers (voir mois de mai) et les ronces avec leur multitude de différentes fleurs roses ou blanches ressemblant à celles des rosiers sauvages mais plus petites. Il existerait plus de 100 espèces de ronces et plus de 1000 variétés et hybrides. Mais les différences sont minimes. De nombreuses plantes de la famille des rosacées sont en fleur en juin ou même avant : rosa canina, rosier des champs (rosa arvensis), rosier pimprenelle (rosa pimpinellifolia), rosier velu (rosa tomentosa), ronce commune, framboisier, fraisier commun, potentille faux-fraisier, potentille tormentille, potentille ansérine, quintefeuille, benoîte, reine des prés, aigremoine eupatoire, et beaucoup d’autres de même que des arbustes et des arbres comme le pommier sauvage, le poirier sauvage, l’alisier blanc, le sorbier des oiseleurs, l’aubépine, le prunier, le merisier, le cerisier, le laurier cerise ... Imaginez un jardin avec des rosacées et leurs fleurs blanches, roses, rouges, jaunes et vertes puis leurs fruits multiples ... Ce serait un endroit avec des simples de qualité, d’agrément et aussi un verger avec des fruits savoureux. Cela la nature le propose déjà, et on ne le remarque pas obligatoirement au milieu de la profusion de variétés de plantes, qui cependant s’assemblent avec harmonie en de multiples jardins. Les roses, les ronces et les potentilles en particulier ont des très belles fleurs. On trouve aussi à l’état cultivé d’autres espèces de très beaux rosiers et potentilles.
Les myosotis (voir mois d'avril) continuent de fleurir, avec leurs jolies fleurs bleues sur les rives des cours d’eau. Connaissez-vous la légende persane du myosotis ? Un ange tombé amoureux d’une mortelle doit pour pénitence semer avec sa bien-aimée cette fleur dans le monde entier, pour revenir enfin au paradis avec celle à qui est accordée l’immortalité.
Le centre de la fleur du géranium des Pyrénées ressemble a un petit château de fantaisie.
Au mois de juin, la plupart des plantes de la famille des orchis (orchidacées) fleurissent, et c’est toujours une belle découverte que de les rencontrer (voir mois de mai).
Le mélampyre des prés se trouve surtout dans les forêts avec ses petites fleurs jaunes.
Les tilleuls ont de magnifiques feuilles argentées en cette saison.
On confectionne de très beaux bouquets grands ou petits avec les coquelicots associés à d’autres fleurs des champs. Comme je l'ai dit au mois de mai, il faut les cueillir quand la fleur n’est pas encore éclose. Elle le fera dans le vase. Les capsules tomberont pour laisser s’épanouir les pétales. Il est nécessaire de protéger l’endroit autour du vase, car lorsque les pétales tombent, les étamines se répandent. Les fleurs d'onagre s'ouvrent au fur et à mesure dans les vases avec leur beau jaune, mais celles fanées doivent être enlevées pour que le bouquet soit plus joli. Les campanules ajoutent des tons bleutés.
Pour garder les bouquets plus longtemps, on en fait de séchés. Différentes sortes de centaurées sont utilisables. Par exemple celles à fleurs violettes (centaurée noire, centaurée scabieuse) en bouquet avec pourquoi pas de l’origan. Pour des couleurs bleues, la vipérine commune se cueille avec des gants car elle pique. Celles de l’achillée millefeuille sont blanches. Et puis il y a de nombreuses graminées aux tons or, vert ou rouge … certains aux reflets chatoyant quand le bouquet est exposé au soleil. Les feuilles de l’ansérine donnent une teinte argentée pour des compositions florales séchées. Pour sécher ces fleurs on les suspend. On peut y ajouter des plantes cultivées comme des feuilles de laurier avec des roses roses ou rouges et jaunes alternées. Les fleurs jaunes de quintefeuille séchées dans des livres sont jolies.
Photographie de droite : graminées.
Le chèvrefeuille est une liane qui fleurit en mai et juin. Shakespeare écrit dans Le Songe d’une nuit d’été : « Ainsi le chèvrefeuille, le chèvrefeuille embaumé s’enlace doucement, ainsi le lierre femelle s’enroule aux doigts d’écorce de l’orme. Oh ! comme je t’aime ! comme je raffole de toi ! » (traduction acte IV, scène première).
Les plantes médicinales et de bien-être sont nombreuses ce mois.
L'achillée millefeuille est liée en particulier au sang et à sa circulation. Son surdosage est cependant nocif et peut provoquer des vertiges et des maux de tête. L’infusion des fleurs et des feuilles soulagerait les menstruations douloureuses, régularise la circulation et la digestion, combat les troubles gastriques. Elle est aussi très efficace contre les hémorroïdes en usage interne et externe. C'est un pansement végétal de l’extérieur et de l’intérieur du corps. Son nom viendrait de cette propriété. Pline l'Ancien (1er siècle) écrit que le héros grec de la guerre de Troie s'en sert pour guérir les blessures ; savoir qui lui vient sans doute de son professeur : le centaure Chiron.
On récolte les fleurs et les feuilles d'aigremoine de juin à août. Cette plante serait considérée comme une très bonne herbe vulnéraire et aurait de multiples propriétés.
Photographies du dessous : Grandes marguerites.
Les fleurs et feuilles de l'alchémille vulgaire (Alchemilla vulgaris L.) se cueillent de mai à août, après évaporation des gouttes d’eau. Les fleurs et les feuilles de l'aubépine sont bonnes pour le cœur.
Photographie de gauche : Coccinelle sur une feuille semble-t-il de laitue scariole (Lactuca serriola).
On cueille aussi la benoîte (voir mois d'avril), la berce, la bourrache.
Le nom latin du caille-lait : Galium verum L. Galium, proviendrait du grec gala qui veut dire lait et verum du latin verus vrai. Les noms grec et français font référence à la propriété de faire cailler le lait (pouvoir coagulant). C'est aussi une plante médicinale.
C'est le moment de ramasser la camomille matricaire. Elle a de multiples propriétés. Elle est bonne pour la peau et on se fait d’agréables bains de fleurs de cette plante. Le bain de vapeur convient pour traiter les peaux sèches et fragiles et pour nettoyer la peau du visage.
Citons encore le coquelicot, la cynoglosse officinale qui a une légère odeur de noisette, le dompte-venin, l'épilobe à petites feuilles (Epilobium parviflorum Schreb.), le genet à balai, le géranium Robert, le grémil, le houblon, la langue de cerf, le lierre grimpant, le lotier corniculé, le marrube commun, la mauve, le mélilot, certaines menthes sauvages, la morelle douce amère, le mûrier, le noyer, l'onagre, le pétasite hybride, le pin sylvestre, les plantains, la reine des prés, la ronce, l'églantier, le sapin blanc, le saule blanc, le sorbier, le tilleul, la valériane.
Par exemple la teinture de valériane est très efficace pour dormir. La racine séchée parfumerait le linge. Des gouttes de la teinture de la racine peuvent être ajoutées à l’eau de rinçage des habits pour leur donner une fraîcheur caressante.
La saponaire (Saponaria officinalis L) est aussi très utile. Son nom viendrait du latin sapo, c'est à dire 'savon'. Rhizome et feuilles caulinaires se récoltent avant la floraison en juin et juillet. Elle peut servir à laver le linge et les étoffes de laine. On l'utilise pour le linge délicat, notamment pour laver des tissus anciens. On se lave la peau du visage avec son infusion ainsi que les cheveux. Toujours l'utiliser chaude.
Photographie du dessous : Boutons d'or. Cette plante appartient à la famille des Renonculacées qui est toxique à part la ficaire qui doit cependant être utilisée d'une certaine façon.
Si l’être humain peut se soigner par les plantes, il peut aussi s’en servir pour traiter celles de sa maison ou de son jardin. Le purin d'ortie est connu. Il consiste à laisser macérer la plante dans de l'eau pendant au moins trois semaines. Cette eau se pulvérise contre les pucerons et s'utilise comme un très bon engrais. Il ne faut pas utiliser cette plante quand elle est en graines car celles-ci seront dans votre purin qui donnera alors de nombreuses pousses. Une décoction d’ortie agirait contre les araignées rouges et les pucerons. On ajoute au composte des fleurs séchées et en poudre d’achillée millefeuille, de camomille ou de pissenlit qui accéléreraient le composte et donneraient un bon goût aux plantes potagères, de même des fleurs de valériane infusées dans de l’eau tiède que l’on remue. Bien sûr il y a le fumier de cheval que l’on peut trouver sur les chemins et qui fait un très bon engrais (mais pas pour des plantes de balcon ou d'intérieur car il contient souvent de nombreux insectes), de même que la vesce qui est dans la nature et que l’on broie. Une décoction de prêle préviendrait les attaques de certaines maladies et des pucerons : Faire bouillir 20 minutes la tige stérile de la plante (mai - juillet tige verte se développant après l’épi oblong jaune-brun) séchée au soleil ou au four. Ajouter aux 2 litres de la préparation passée 8 litres d’eau et brasser le tout pendant 10 minutes avant la pulvérisation mensuelle sur l’ensemble des plantes, si possible le matin par beau temps sec. Ceci est indiqué comme prévention vis à vis des araignées rouges et certaines maladies comme : mildiou, botrytis, maladie de la jambe noire, pourriture des tubercules et noircissement des feuilles. Si on trouve de la tanaisie, on en vaporise une décoction pour prévenir les attaques de petites larves blanches, de la mouche blanche, de pucerons et des araignées rouges. Voici une recette que je n'ai pas essayée pour avoir de belles plantes : Faire sécher des fleurs d’achillée millefeuille, de camomille, de pissenlit, la plante entière d’ortie et l’écorce de chêne rouvre ; les broyer et les ajouter au composte. On pourrait aussi utiliser des fleurs de valériane macérées dans de l’eau que l’on agite pendant une heure. Une décoction de tiges stériles de prêle séchées serait utile pulvérisée régulièrement sur les plantes à partir d’avril, de préférence le matin par beau temps sec, pour prévenir les maladies cryptogamiques et les pucerons, notamment contre l’oïdium des rosiers ou des vignes. Les plantes soignent donc les maladies des plantes. Mais là aussi il s’agit avant tout de prévenir.
Au mois de juin, plusieurs plantes sauvages se cuisinent de multiples façons. Personnellement j'apprécie surtout les recettes les plus simples. Pour cela il suffit d'avoir du bon pain, de l'huile d'olive de qualité, de l'eau, de la farine, de l'oignon (qui s'accorde avec de nombreuses plantes), du vinaigre et de la crème fraîche. Avec seulement cela on fait des merveilles ! Cette cuisine est non seulement pleine de propriétés mais aussi très peu chère. De l'eau, du pain et des plantes sauvages suffisent pour survivre. C'est sans doute une des raisons de l'importance du pain dans notre culture et société, car s'il existe dans la nature plusieurs variétés de graminées pouvant servir à faire de la farine, cela demande une préparation assez longue.
Photographie du dessous : graminées.
Les jeunes feuilles fraîches d'achillée millefeuille s'ajoutent à une salade, soupe ou à un plat de légumes (veiller au dosage).
Les jeunes feuilles fraîches de l'alchémille (Alchemilla vulgaris L.) pourraient être mêlées aux salades ou cuites comme les épinards.
Il est question de l'alliaire officinale au mois de mai. On ferait de la moutarde avec les graines de cette plante : Écraser dans un mortier ou un moulin à café (nettoyer le soigneusement après usage) un demi-verre environ de graines d’alliaire et mélanger avec la même quantité de farine complète légèrement grillée à sec dans une poêle ; délayer avec une quantité suffisante de bon vinaigre ou de jus de citron pour obtenir la consistance désirée ; saler et ajouter un peu d’estragon haché ou quelques feuilles d’alliaire.
On ferait des beignets d’amaranthe au mois de mai.
Les jeunes pousses d'armoise se prépareraient en salade ou comme beignets. Au Japon on l'utilise par exemple pour faire des gâteaux.
Photographie de gauche : Opuscules de M. Le Chevalier De Parny, seconde partie, chez Manoury, 1787, quatrième édition, de 16 x 11 cm.
Le nom latin de la benoîte : Geum urbanum L. Geum, viendrait du grec geyein qui signifie « assaisonner ». Les jeunes feuilles encore tendres pourraient être apprêtées en salades et potages aux légumes. La racine peut faire office de clou de girofle dont elle a l'odeur, par exemple cuite dans une soupe ou en sauce blanche.
On extrairait un liquide alcoolisé de la berce, plante comestible mais à utiliser avec précaution (voir moi de mai).
Le champignon bolet 'tête de nègre' (Boletus aereus) se rencontrerait de juin à septembre dans les forêts de chênes et de hêtres bien exposées, car ce champignon aime la chaleur.
La partie aérienne de le bourrache coupée en menus morceaux pourrait être ajoutée à une salade, aux légumes et potages. Elle sert en particulier à aromatiser la salade de concombre. Beurre à la bourrache : Couper la plante en lamelles très fines et incorporez-la à du beurre. Elle est un condiment qui aromatiserait aussi : chou, mayonnaise, fondue, champignons, épinards, pommes de terre. La consommation quotidienne de bourrache est à déconseiller.
Les graines séchées du coquelicot aromatiseraient des petits pains.
Glace à la rose (églantier) : Faire bouillir 1 litre de lait. Mélanger énergiquement 12 jaunes d’œuf et 150 g. de sucre bio complet ; ajouter le lait bouillant et fouetter rapidement. Cuire à feu très doux jusqu’à ce que le mélange prenne un aspect velouté. Débarrasser dans un récipient tenu au froid. Y plonger 200 g. de pétales de roses sauvages et laisser infuser jusqu’à complet refroidissement. Remuer de temps en temps. Passer au tamis et faire tourner dans la sorbetière à consistance moelleuse. Placer en surgélation. Tremper 100 g pétales de roses dans du blanc d’œuf puis dans du sucre semoule bio complet et laisser sécher plusieurs jours dans un endroit sec et tempéré (de température moyenne). Au centre d’une assiette dardée au grand froid, placer une boule de glace entourée des pétales sucrés. Bonbons à la rose Tremper des pétales frais de roses dans un blanc en neige, du sucre et laisser sécher. Pour le sucre il est conseillé d'utiliser du sucre complet biologique entièrement pourvu de sa mélasse obtenu à partir du jus de canne à sucre concentré puis déshydraté selon les méthodes traditionnelles. Très riche en sels minéraux il protège même des caries ! On ferait une infusion de fleurs et feuilles d’églantier (bien passer pour ne pas laisser d’épines).
L’épiaire des marais (stachys palustris L.) et l’épiaire des bois (Stachys silvatica) auraient des propriétés médicinales et culinaires. Lorsque l’on froisse l’épiaire des bois elle a une odeur d’humus puis de cèpe. On pourrait préparer avec des feuilles des consommés ou les ajouter aux salades. De même, faire cuire pendant cinq minutes des pommes de terre en tranches dans de l’huile, ajouter des oignons hachés et des feuilles découpées en lamelles, et faire revenir le tout en salant jusqu’à ce que les pommes de terre soient dorées des deux côtés.
Les fleurs de mauve (Malva silvestris L.) peuvent servir à colorer des sucreries, les feuilles se préparer comme des épinards. Horace écrit au livre I, XXXI de Odes : « Ma nourriture à moi, ce sont les olives, la chicorée, la mauve facile à digérer […] et ne me prive pas de la cithare ! ». Il écrit aussi que la mauve rafraîchit le corps échauffé in Epodes II.
Les feuilles de menthes peuvent être ajoutées aux carottes, lentilles, à la salade, aux légumes, aux pommes de terre, ananas, fromages et pâtés.
Photographies du dessous et de gauche : Trèfles des prés (rouges) et trèfles blancs (blanc).
Crème d’ortie aux fleurs de trèfle des prés (Trifolium pratense) : Faire cuire des pommes de terre ; verser l’eau de cuisson sur des jeunes feuilles d’ortie jeunes et laver à l’eau froide ; mixer le tout avec du lait et du sel puis faire cuire rapidement ; servir avec dessus des fleurs de trèfle des prés.
Omelette au pissenlit : Cette recette au goût rustique est recommandée pour la santé bien que cuite dans de l’huile. Il s’agit de faire revenir des oignons et des racines de pissenlit bien lavées, d’ajouter des feuilles finement hachées, puis ensuite des oeufs mélangés avec du gruyère, du thym, de l’ail et du sel.
Sorbet de reine des prés : Porter à ébullition 50 cl d’eau et 180 g de sucre. Dès que le sirop se met à bouillir, écumer et retirer du feu. Ajouter 100 g de fleurs, couvrir et infuser 5 min. sur le coin du feu, sans laisser bouillir. Passer le sirop au chinois étamine, laisser refroidir et ranger au réfrigérateur. Battre un blanc d’œuf en neige dans un saladier. L’incorporer au moment où il commence à monter en neige dans le sirop bien froid. On obtient un sorbet onctueux et très léger. Faire prendre en sorbetière. Au moment de servir, décorer avec des fleurs. Crème brûlée : Faire bouillir 40 cl de lait, baisser le feu et ajouter100g de fleurs. Couvrir et laisser infuser hors du feu 3 min. Mélanger 8 jaunes d’œuf, 180 g de sucre en poudre et 80 cl de crème fraîche en prenant soin de ne pas former des bulles d’air. passer le lait et verser sur la crème. Mélanger intimement et ajouter le jus d’un citron. Préchauffer le four à 100°C (th. 3-4). Verser la préparation dans 6 moules ronds de 4 cm de diamètre sur 3 cm de haut. Disposer dans un plat creux, y verser de l’eau jusqu’à mi-hauteur et faire cuire 60 min. au four. La crème doit être ferme quand on remue le moule. Sortir du four, laisser tiédir, saupoudrer de cassonade et passer les moules 1 à 2 min sous le gril du four pour la caraméliser.
Semoule à la Valériane : Faire bouillir un litre de lait, ajouter 100 g de semoule fine et un bouquet de fleurs de valériane haché menu. Faire cuire 5 minutes en maintenant une ébullition moyenne. Incorporer 60 g de sucre en poudre, faire cuire 2 minutes. Ajouter si on veut 2 jaunes d’œufs lorsque la semoule a légèrement tiédi pour lui donner un peu plus de consistance. Cependant la valériane est une plante fragile de plus en plus rare. Il est donc conseillé de la cultiver plutôt que de la ramasser.
Beaucoup d'autres plantes sont comestibles comme certaines vesces. Il existe du reste une quantité de livre pour découvrir les propriétés des plantes, certaines ayant même des propriétés 'magiques'.
Au mois de juin on attrape parfois des coups de soleil. Si les rondelles de pommes de terre bien lavées et épluchées passées dessus les soignent ; il paraît que c’est aussi le cas de fraises des bois écrasées ; elles enlèveraient aussi les taches de rousseur. Mais contre les coups de soleil l'huile de millepertuis est parfaite. Pour cela faire macérer dans une bouteille fermée pendant trois semaines des fleurs fraîches de millepertuis, puis passer. On conservera cette huile de couleur rouge, à l’ombre et dans plusieurs petits récipients hermétiques. Elle est indiquée pour guérir les brûlures, les épanchements de sang, les contusions, les plaies. On peut aussi rajouter à cette huile de nouvelles fleurs fraîches de millepertuis (et un peu d’huile si nécessaire pour les recouvrir), faire macérer quelques semaines au soleil puis filtrer. Cette huile serait bonne aussi pour les animaux. Une autre potion pour soigner les coups de soleil consisterait à faire macérer dans 1/3 de vin blanc sec et 2/3 d’huile d’olives les sommités fleuries de millepertuis séchées. On laisse quatre jours en remuant de temps à autre, puis on chauffe au bain-marie, faire alors bouillir très doucement pendant trois heures. Filtrer en exprimant et conserver dans plusieurs petits façons bien bouchés. L’huile de matricaire préparée avec des fleurs séchées dans de l’huile d’olive le tout chauffé doucement dans un bain-marie pendant deux heures serait aussi utile ; passer, et conserver dans de petits flacons hermétiques. Le vinaigre de rose rouge consisterait à mettre dans un récipient en verre des pétales frais sur lesquels on verse du vinaigre bouillant, boucher le flacon et laisser au soleil pendant deux semaines, puis filtrer. La Saint-Jean serait particulièrement recommandée pour la cueillette des feuilles et fleurs du millepertuis ; mais cette plante fleurit surtout après en juillet et août.
© Article et photographies LM
Photographies du dessus : Roses sauvages avec à gauche une fleur de rosier de France (Rosa gallica) et à droite une de rosier des champs (Rosa arvensis).
Photographie de gauche : Rosier des champs (Rosa arvensis).
Au mois de mai de nombreuses fleurs sauvages du mois précédent disparaissent petit à petit pour laisser la place à d’autres.
On rencontre encore des parterres de jacinthes.
Les bourgeons offrent des tableaux aux tons verts clairs aux bouts des branches de certains arbres comme les pins sylvestres.
Les pensées sauvages, dont le nom est évocateur, sont particulièrement jolies.
Les fleurs jaunes de l’orpin âcre (poivre de muraille) et les rouges du centranthe colorent les murs des vieilles bâtisses.
Photographie de droite : Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis). Une des nombreuses variétés d'orchidées françaises.
Quelques variétés d'orchidées fleurissent. Le meilleur mois pour apprécier cette plante est généralement juin où le plus grand nombre de variétés sont en fleurs. On compte plus de 150 variétés d'orchidées terrestres sauvages en France. Elles sont beaucoup plus discrètes que leurs cousines d'Outre-mer et ne fleurissent que quelques semaines.
Les rayons caressent les troncs lisses des hêtres de leurs feuilles frémissantes, dessinées par le vent, telle l’onde sur une eau cristalline. Des chemins ocres parcourent herbes et feuillages inondés de soleil dans le ciel chaud et azuré.
Photographie de gauche : Compagnon blanc (Silene latifolia).
Durant ce mois on confectionne quelques bouquets, de coquelicots par exemple mélangés avec d'autres fleurs sauvages. Les coquelicots doivent être cueillis quand les fleurs sont encore enfermées dans leur capsule verte. Elles éclosent dans le vase.
L’aspérule odorante, mise à sécher (les parties hors sol), parfume délicatement le linge et chasse les mites. On en fait des guirlandes, ou des pots parfumés en la mélangeant à d'autres plantes comme des fleurs de reine-des-prés.
L'aubépine à une senteur toute féminine. D’avril à mai, les bouquets de fleurs du viorne mancienne offrent leur odeur particulière, une des odeurs du printemps parmi d'autres.
Photographie de droite : Aubépine (Crataegus monogyna).
Photographie du gauche : Géranium sanguin (Geranium sanguineum).
Les plantes médicinales sont légion à cette période. Je vais me contenter ici de donner le nom de quelques-unes. Pour ceux que cela intéresse, il existe de nombreux livres énumérant leurs propriétés (attention elle ne doivent être utilisées que sous certaines conditions : usage externe, partie spécifique, etc.). Quant aux moyens de les utiliser (infusion, décoction, teinture mère …) je les explique dans d’autres mois. Alchémille commune (Alchemilla), alliaire officinale, ansérine (Potentilla Anserina L.), aspérule odorante, aubépine, benoîte (Geum urbanum), bleuet (Centaurea Cyanus L.), bouleau (Betula alba L.), bugle rampante (Ajuga reptans L.), églantier, ficaire, fraisier, genêt à balai, gratteron, houblon, lamier blanc, lamier jaune (Lamium galeobdolon L.), lierre grimpant, marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum L.), matricaire, pâquerette, pensée sauvage, pin sylvestre, plantains, prêle des champs (Equisetum arvense L.), quintefeuille, ronce, sénéçon, sureau noir (Sambucus nigra L.), sureau rouge (Sambucus racemosa L.), trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata L.), troène, tussilage, valériane, véronique officinale (Veronica officinalis L.), vulnéraire (Anthyllis Vulneraria L.) etc.
Photographie du dessous : Stellaire holostée (Stellaria holostea).
Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été, acte II, scène première :
« Je remarquai pourtant où le trait de Cupidon tomba : il tomba sur une petite fleur d’Occident, autrefois blanche comme le lait, aujourd’hui empourprée par sa blessure, que les jeunes filles appellent Pensée d’amour. Va me chercher cette fleur ; je t’en ai montré une fois la feuille. Son suc, étendu sur des paupières endormies, peut rendre une personne, femme ou homme, amoureuse folle de la première créature vivante qui lui apparaît. »
Photographie du dessus : « La Pensée - Romance - Musique de Penna. » in Le Luth Français. Almanach Lyrique, Dédié aux Dames. Paris, Louis Janet, 1822.
Photographies du dessous : « Rose d'Amour, Romance - Musique de Paër. » in Le Luth Français. Almanach Lyrique, Dédié aux Dames. Paris, Louis Janet, 1822.
Au mois de mai on prépare de nombreuses recettes avec des plantes sauvages. Celles-ci sont aussi médicinales, et on peut en ajouter aux mets en fonction de cette donnée. Beaucoup des plantes que l’on trouve dans la nature peuvent donc se consommer, crues ou cuites. Attention cependant à ne manger que celles dûment reconnues, car certaines sont toxiques. Il est à noter que je n'ai pas essayé les recettes où j'emploie le conditionnel.
Photographie de gauche : Alliaire officinale (Alliaria petiolata).
Pour les salades, par exemple ajouter des feuilles et fleurs d’alliaire officinale, des jeunes feuilles de plantain hachées (plantain lancéolé, grand plantain et plantain moyen), de pissenlit (et les capitules), des fleurs et feuilles de pâquerette, de violettes odorantes ou non, de bourse à pasteur, de lamiers, de trèfle, des fleurs de vesce des haies, de sureau noir, de pulmonaire, des jeunes feuilles de berce (ne pas s'exposer au soleil après en avoir consommées), des feuilles et fleurs de mauve, des jeunes pousses (ou des extrémités) de gaillet gratteron, et les autres plantes mentionnées au mois d'avril et qui fleurissent toujours. Une bonne vinaigrette à l’huile d’olive suffit. On peut ajouter d’autres ingrédients pour salades selon les goûts.
Photographie de droite : Pâquerette (Bellis perennis).
La racine de la bardane (Arctium Lappa L.) est bonne. Il s'agit d'un légume très utilisé autrefois mais aujourd'hui oublié. Pour éviter qu'elle soit ligneuse, il est nécessaire de la ramasser la première année de vie de la plante, avant que se développe la hampe florale, de l'automne au printemps. On la mange crue ou cuite à l'eau ou dans de l'huile. Les grosses côtes de feuilles encore jeunes de la bardane s’apprêteraient comme des asperges en mai.
Il est conseillé de tremper au moins une fois dans du vinaigre les plantes avant de les laver. Ne ramassez pas non plus les plantes qui poussent près de champs cultivés ou des routes goudronnées.
Pour se prévenir des vers intestinaux l'ail est très bien ; et il existe plusieurs plantes sauvages vermifuges.
Photographie de gauche : Fraisier des bois (Fragaria vesca).
Les jeunes feuilles fraîches d'alchémille commune pourraient être mêlées aux salades ou cuites comme les épinards.
Les feuilles d’alchémille et de primevère officinale donnent un goût paraît-il léger et très fin mélangées au thé de Chine.
Les feuilles et fleurs d'alliaire officinale qui se trouvent en abondance durant ce mois peuvent remplacer l'ail dans un gratin dauphinois.
Le sommet des tiges tendres des inflorescences de l’amaranthe se dégustent, paraît-il, avec une mayonnaise de la même manière que les asperges.
Photographie de droite : Coquelicot (Papaver rhoeas).
Photographie de gauche : Les Idylles de Bion et de Moschus, Traduites de Grec en Vers Français, avec des Remarques, Amsterdam, Henry Desbiordes, 1688.
Le rhizome d'ansérine serait comestible cuit ou séché pour en faire du pain ou des bouillies. Les jeunes feuilles tendres de la potentille ansérine pourraient être préparées comme légume et en potage.
Crêpes à l’aspérule odorante : Faire en sorte que les crêpes soient très fines, presque transparentes, laissant voir les feuilles comme les papiers de fleurs. Coulis de fraises à l’aspérule : Faire fondre du sucre de canne complet bio dans de l’eau à feu doux, ajouter la plante entière sans la racine d’aspérule odorante, retirer du feu et laisser infuser quelques heures. Filtrer en exprimant bien. Ajouter les fraises préalablement mixées pour le coulis. Servir avec des fruits rouges, bien mélanger le tout, et présenter avec en décoration quelques fleurs et feuilles d’aspérule odorante. Récipient d’aspérules : Il s’agit de mettre dans un récipient des fleurs comestibles dont certaines à l’aspérule dans un peu d’eau, de placer dedans un autre saladier légèrement lesté, de passer au congélateur ; puis de renouveler plusieurs fois pour que les fleurs ne restent pas à la surface ; démouler en mettant de l’eau chaude autour du premier saladier et dans le second. Ce récipient fleuri peut se conserver au congélateur et servir pour présenter glaces, fruits rouges …
Photographie de droite : Le Berger Fidèle. Traduit de l'Italien de Guarini En Vers Français. Bruxelles, Jean de Smedt, 1705.
Les beignets de jeunes feuilles de grande consoude sont un régal : Préparer un peu de pâte avec une pincée de sel, de la farine et de l’eau. Faites revenir dans de l’huile les feuilles pliées. Puis les mettre dans la pâte et faire cuire dans l’huile. La grande consoude serait très riche en protéines. Elle contiendrait de nombreux minéraux tels le calcium, le phosphore, le fer, le manganèse, le cobalt, les vitamines B 1, B 2, P et B 12. Ce serait la seule plante terrestre connue capable de produire la vitamine B 12. Il ne faut pas prendre de doses trop fortes de feuilles de consoude.
Photographie de gauche : Le Temple de Gnide. Mis en Vers Par M. Colardeau. Paris, Jay Libraire, sans date (XVIIIe siècle).
La tige feuillée du cresson de fontaine se cueillerait très verte et bien lavée (car elle peut transmettre une maladie parasitaire : la distomatose). Elle serait très riche en vitamine A, B2, C, E, PP et en sels minéraux, phosphore, fer, iode, calcium. L’espèce cultivée a les mêmes propriétés que la sauvage.
Les jeunes feuilles du fraisier peuvent être adjointes aux potages et salades en mai. Voir rubrique précédente.
Les fruits du gratteron permettraient de faire une sorte de café, de même que la racine torréfiée dont on ferait aussi une belle teinture rouge.
On préparerait une salade avec des très jeunes feuilles de hêtre, aubépine, tilleul, cerneaux de noix et fleurs d’aubépine en décoration.
Les jeunes pousses du houblon du printemps pourraient être mangées accommodées comme des asperges.
Tout au fond de la fleur du lamier blanc se trouverait un nectar à consistance mielleuse que les enfants aimeraient à sucer. Les feuilles du lamier blanc, jaune ou pourpre se préparent comme les épinards.
La mâche doucette est très bonne en salade
La racine d'onagre pourrait se consommer cuite, par exemple en sauce blanche, coupée en rondelles. On la récolte l’année du semis avant qu’elle fleurisse.
Voir recettes aux orties du mois d’avril. Il est à noter que l'on fabrique facilement un très bon et malodorant engrais en mettant pendant trois semaines la plante sans sa racine dans de l'eau. La cueillir avant sa floraison et surtout avant qu'elle fasse des graines qui se dissipent rapidement. Les fibres tissées permetteraient de confectionner une toile très solide. Pour calmer les brûlures d’ortie, le jus d’oseille serait efficace. Frotter une feuille de plantain l'est aussi.
Photographies de droite et de gauche : Sureau noir (Sambucus nigra).
Les fleurs de sureau noir ont un léger parfum et un goût particulier. Ajoutées au lait de la préparation d’une crème anglaise elles donnent un goût spécial à celle-ci que l’on aime plus ou moins, mais qui est significatif d’une réelle valeur culinaire (les enlever après avoir bouilli le lait). On fait de délicieux beignets avec ces fleurs et des choux à la crème. Elles sont laxatives. D'autres plantes sont au contraire astringentes comme les jeunes feuilles de fraisier des bois. Pour des beignets : faire frire les corymbes enrobés de pâte (farine et eau seulement). Cette recette est très simple mais savoureuse. Ces fleurs permettraient la conservation des pommes si on les met dans un carton en alternant une couche de fleurs et une de fruits. On pourrait tailler des sifflets dans le bois de sureau. Le vinaigre de sureau consisterait à faire macérer ses fleurs dans du vinaigre de vin avec quelques grains de poivre dans une bouteille en verre transparente fermée. Exposer au soleil pendant deux semaines et filtrer.
Les graines de trèfle des prés pourraient être mises à germer.
Ajouter des feuilles de tussilage à des soupes (voir recette en automne).
Semoule aux fleurs de valériane : Faire bouillir un litre de lait, y verser 100 g de semoule fine et 1 bouquet de fleurs de valériane hachées (3 cuillerées à soupe). Laisser bouillir faiblement tout en remuant pendant 6 minutes environ. Incorporer du sucre de canne non raffiné bio et faire cuire 2 autres minutes en mélangeant jusqu’à ce qu’il ait fondu. Ajouter deux jaunes d’œufs une fois que la semoule a légèrement tiédi pour lui donner un peu plus de consistance (facultatif).
Commencer à repérer où les fleurs blanches des fraisiers des bois s’épanouissent. Ces fraises que l’on commence à trouver au mois suivant sont bonnes mais minuscules et remplissent difficilement une petite barquette. Alors mieux vaut savoir où les récolter en 'quantité'.
Poème de Li Po (701-762), traduit par Patrick Carré et Zéno Bianu, intitulé
Réveil de l’ivresse un jour de printemps :
« Si la vie en ce monde est un grand songe,
A quoi bon la gâcher en se donnant du mal ?
Aussi pour moi tout le jour je suis ivre,
Et me couche effondré au pilier de la porte.
Au réveil, je regarde au-delà du perron ;
Un oiseau chante parmi les fleurs.
“ Dis-moi, quelle est donc la saison ? ”
“ C’est le vent du printemps qui fait parler le loriot vagabond. ”
J’en suis ému, et je vais soupirer ;
Mais face au vin, je m’en verse à nouveau.
A voix haute je chante en attendant le clair de lune ;
Ma chanson finie, tout est oublié...
Photographie du dessous : Géranium Herbe à Robert (Geranium robertianum).
© Article et photographies LM
Photographie du dessus : Frontispice de Les Fleurs de : Opuscules de M. Le Chevalier De Parny, seconde partie, quatrième édition (Londres, Chez Manoury, 1787).
Photographies du dessous : Première fleur d'une variété de géranium sauvage qui fleurit normalement à partir du mois de mai..
Chaque mois, chaque semaine, chaque jour, chaque heure, chaque moment dans la nature est un concert nouveau, une peinture différente. Il est sans doute important de se rappeler la terre sur laquelle nous marchons, et qui nous porte, et son rythme, ainsi que celui de l'univers.
Photographie du dessus : Variété d'euphorbe. Cette plante toxique est toute verte : et sa forme jouant avec l'ombre et la lumière offre de nombreuses nuances de cette couleur.
Photographie de gauche : Jacinthe des bois.
Photographie de droite : Variété de stellaire.
En ce mois d'avril où la nature nous offre des dégradés infinis de vert, on rencontre dans les bois de la région parisienne des parterres d’anémones Sylvie aux fleurs blanches et de jacinthes bleues-violettes (rarement blanches). Dans certains endroits ce sont des hectares de nappes de fleurs couleurs de draps ou de ciel, couvrant le sol d'où surgissent des arbres chatouillant de leurs rameaux aux tons verts tendres le ciel qui éclaire ces étendues en larges faisceaux de lumières mouvant au rythme de la rotation terrestre … ; cela donne une impression féerique. Lors d'une même promenade au milieu des bois on peut passer de tableaux d'anémones Sylvie à d'autres de jacinthes. Les premières annoncent le printemps et disparaissent très tôt, de même que par exemple les primevères autre fleur emblématique de ce mois parmi beaucoup d'autres.
Ailleurs on trouve les fleurs bleues de la véronique qui aime le soleil, du lierre terrestre, de la petite pervenche, de la pulmonaire, de la violette (non odorante). Il y la blancheur des fleurs de l'aubépine, du muguet, de la pâquerette, du lamier blanc, de l'alliaire officinale, de la stellaire ; le jaune du pissenlit, du genêt ; le vert des euphorbes ; le rouge du lamier pourpre… toutes et d'autres fleurissant en avril.
Photographie de gauche : Véronique peut-être la véronique petit-chêne.
Photographie de droite : Sceau de Salomon.
S’il fait beau, il est agréable de poser un vêtement sur le sol en pleine forêt ou sur une pierre plate couverte de mousse, dans un endroit tranquille, et de s'allonger en regardant le ciel. Il n’y a pas encore trop d’insectes et rien ne peut perturber cette douce méditation. En se concentrant, on entend quelques oiseaux se répondre au loin et emporter sur leurs ailes notre âme.
Les fleurs de cerisiers couleur de drap froissé ajoutent à la lumière du ciel la pureté de leur nacre, avant de rougir en mille fruits juteux comme une langue aimée que l’on baise.
Les boutons d’or apparaissent comme leur nom, s’élançant dans l’azur au dessus des autres herbes telles sonnant d’une trompette la conquête du ciel et des abeilles. Plusieurs autres fleurs de cette famille (les renoncules) se sont épanouies durant l’hiver, la plupart avec des tons jaunes semblables : eranthe, populage des marais, renoncule bulbeuse, ficaire.
Photographie de gauche : Renoncule, peut-être le bouton d'or.
Le myosotis des bois et le myosotis des champs fleurissent en avril.
Photographie de droite : Myosotis.
Lorsqu’il pleut, on peut voir des gouttes suspendues sur le sommet d’herbes. Il arrive même qu’une feuille tienne en équilibre ainsi.
Le gaillet croiset a des fleurs à l’odeur de miel. Comme la luzerne lupuline il a de petites fleurs jaunes.
Les muguets, primevères et narcisses, qui ne durent à peu près que ce mois et se cueillent dans les bois, font de beaux bouquets.
Avril c'est aussi le mois où poussent de nombreuses plantes aux odeurs et goûts revigorants et si spécifiques … tellement que ces herbes qui caressent nos pieds ont des saveurs qui peuvent nous paraître parfaitement étranges aujourd'hui, si nous ne sommes pas habitués à reconnaître la terre et à l'aimer ! Évidemment le mois d'avril n'est pas celui de mai ; et il faut pendre garde à ne pas trop vite s'emballer pour la douce saison. Certaines fleurs comme celles des jeunes rosiers offrent déjà leur bouton ; mais comme la fleur de la planète du Petit Prince de Saint-Exupéry ces roses mettent tellement de temps à se préparer !
Photographie du dessous : Lierre terrestre.
« ACTE II – SCENE PREMIERE. Un bois près d’Athènes. Il fait nuit. La lune brille. Une FEE entre par une porte et PUCK par une autre.[…] Les primevères […]. Vous voyez des taches sur leurs robes d’or : ce sont les rubis, les bijoux de la fée, taches de rousseur d’où s’exhale leur senteur. Il faut maintenant que j’aille chercher des gouttes de rosée, pour suspendre une perle à chaque oreille d’ours. » Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été.
Photographie de gauche : Primevère officinale.
Les fleurs et les feuilles de primevère officinale (primula veris L.) font de bonnes tisanes calmantes, notamment contre la toux et les refroidissements. Elles se cueillent d’avril à mai. La primevère auricule et la primevère farineuse rouge qui croissent dans les montagnes (toutes deux apparentées à la primevère jaune) sont vénéneuses. Le thé aux pâquerettes et fleurs de primevère officinale aurait un effet légèrement hypnotique en cas d’insomnies légères. En avril, on peut découvrir particulièrement trois sortes de primevères fleuries : la primevère acaule, la primevère élevée et la primevère officinale, toutes deux étant officinales. « Vous rappelez-vous le bois où souvent, vous et moi, nous aimions à nous coucher sur un lit de molles primevères, en vidant le doux secret de nos cœurs. » écrit Shakespeare dans Le songe d’une nuit d’été, acte I, scène première.
Photographie de droite : Aubépine.
Les fleurs en bouton du prunellier (Prunus spinosa L.) se récoltent au printemps. Leur infusion est un laxatif doux recommandée pour combattre les peaux impures chez les enfants et pour tonifier l’estomac. On en fait aussi une cure de printemps. Les fleurs du prunellier naissent avec les premiers jours du printemps, avant même celles de l’aubépine. Les fleurs et les fruits de cet arbuste sont toniques. Il suffit de regarder un rameau fleuri pour se laver des stigmates de l’hiver. La fleur est parfaitement ouverte. Les pétales sont blancs et écartés pour faire jaillir les étamines et leurs bouts dorés alors que celui central du pistil est de couleur soleil.
Les fleurs et feuilles de la violette odorante se cueillent de mars à avril. L'infusion des fleurs est utile en cas de toux, engorgements, bronchite, rhume, fièvre, en gargarismes contre les inflammations des muqueuses buccales. Un sirop pectoral pour les enfants se prépare en faisant bouillir brièvement 100 à 200 g de fleurs dans un litre d’eau. Laisser infuser 10 minutes et filtrer. Faire ensuite dissoudre 1kg de sucre de canne biologique non raffiné dans ce liquide. Le sirop sera légèrement coloré de violet.
Photographie du dessous : Violettes et pissenlits.
Le printemps est le temps de ramassage de nombreux bourgeons, écorces, sucs, sèves, latex, lupulins, racines, rhizomes, tiges, feuilles, sommités fleuries, fleurs, de quelques fruits et de certaines plantes entières. Ce dont je parle est une infime partie des possibilités.
On peut confectionner de multiples salades aux effets dépuratifs ou des infusions ou décoctions à prendre sur plusieurs jours.
De nombreuses plantes qui apparaissent durant le mois d’avril ont des saveurs fortes comme l’alliaire officinale, le lierre terrestre ou la berce qui n’est pas encore en fleurs mais qui se reconnaît à ses feuilles et son goût.
Photographie de gauche : Les photographies des plantes présentées dans cet article ont été prises l'année dernière. Il est parfois difficile de reconnaître une plante simplement par son image. Je pense qu'il s'agit ici de la mâche doucette, mais n'en suis pas sûr.
Les feuilles fraîches d'ail des ours aromatiseraient salades, légumes, potages etc. C'est une plante sauvage connue et très utilisée ; mais je n'en ai jamais vue. Les feuilles peuvent être confondues avec celles du muguet ou du colchique qui sont toxiques. Pour vérifier, il suffirait de frotter les feuilles entre les doigts pour en sentir l’odeur d’ail caractéristique.
Photographie de droite : Alliaire officinale. Au milieu de la photographie sont les fleurs, et les feuilles en haut.
Les feuilles de l'alliaire officinale ont elles aussi une odeur d'ail, la saveur et même la propriété d'être vermifuge comme expliqué au mois de mars. On l'appelle aussi herbe à l’ail. Elle est bonne en salade à laquelle elle donne un certain goût. Un gratin dauphinois aux feuilles d’alliaire consiste simplement à remplacer l’ail par les feuilles de cette plante.
Les racines de benoîte peuvent se substituer aux clous de girofle et les jeunes feuilles encore tendres se consommer en salades et potages de légumes.
On ferait une soupe avec des feuilles de cresson de fontaine, d’ail des ours, de lierre terrestre et fleurs de primevères. Mais au printemps je préfère personnellement faire des salades mélangées de feuilles et fleurs de plantes sauvages comestibles ; en automne des soupes en particulier avec des racines et quelques feuilles.
Les jeunes feuilles translucides du hêtre font de douces salades. Les jeunes pousses du houblon (Humulus Lupulus L.) se récoltent au printemps en avril/mai et se mangent comme des asperges ou agrémentent des potages. J'ai mangé ce week-end d'agréables pousses de fougères dans un 'concept-restaurant' japonais de mon quartier (www.culinary-messengers.com/) qui elles aussi se dégustent comme des asperges. Elles ont un léger goût de poireau et une consistance finement croquante et gluante. En France on récolte les jeunes frondes (ressemblant à une crosse de violon) de la fougère aigle. Si à la cuisson elles dégagent une odeur d'amandes amères, il ne faut pas les manger.
Photographie de gauche : Pulmonaire.
Les feuilles du lierre terrestre aromatisent et peuvent s’ajouter aux salades, potages et légumes. Le goût est assez fort et surprenant. S’y habituer fait du bien à l’organisme.
Photographie de droite : Gratteron.
De fin mars à fin avril on peut trouver des morilles. La morille ronde, dite aussi commune (Morchella esculenta) se rencontrerait sous les pommiers et frênes et sur les terres remuées de jardins, déblais, plantations. Elle doit être mangée bien cuite, car crue ou mal cuite elle est toxique. Ne pas confondre avec la gyromitre qui est mortelle, même cuite, et pousse à la même époque. La morille conique Morchella conica est comestible comme la morille ronde commune. D’autres champignons comestibles peuvent être rencontrés comme le tricholome de la Saint-Georges ou mousseron vrai (Tricholoma gambosa (georgii)) que l'on trouve le 23 avril à la Saint-Georges dans les prés en lisière de forêt et toujours en terrain calcaire. Ne pas confondre avec d’autres champignons. Paraît-il, c’est un très bon champignon. Cette partie sur les champignons n'est cependant pas à lire sérieusement car je ne connais pas grand chose dans ce domaine, mis à part les bolets, cèpes et coulemelles qui sont à peu près les seuls champignons que je ramasse.
Les jeunes feuilles d'ortie peuvent être préparées de différentes façons, par exemple en salades (après avoir versé dessus de l’eau bouillante pour enlever les substances urticantes) ou en soupe. Sa richesse en éléments nutritionnels la fait recommander en adjonction aux mets dont elle n’altère pas le goût. On peut faire des raviolis aux ortie et au fromage blanc. Une sauce pour accompagner des pâtes consiste à cuire de l’oignon dans de l’huile d’olive, saler et ajouter de la crème fraîche puis au dernier moment les jeunes pousses d'ortie. C'est délicieux.
Photographie de gauche : Illustration pleine page de la partie sur 'Le Printemps' de Les Saisons, Poème traduit de l'anglais de Thomson. Nouvelle édition. Avec gravures de Blanchard, dessinées par Binet. Imprimerie de Patris, 1795.
Les jeunes feuilles du pissenlit dent-de-lion cueillies se prêtent à la préparation de salades ou s’ajoutent aux légumes. Il est préférable de ramasser le pissenlit avant sa floraison pour une salade, car après il devient amer. Ceci dit, le goût amer très présent dans la nature est aujourd'hui souvent oublié dans la cuisine, alors que bien mis en valeur ses propriétés gustatives sont immenses.
Photographie du dessus : Arbre, sans doute un chêne.
S'ajoutent aux salades les feuilles de plantains, lierre terrestre, et les feuilles et les fleurs de lamiers, alliaire officinale, pissenlit dent-de-lion, primevère officinal, pâquerettes, violettes … Les fleurs et les feuilles de primevère officinale (primula veris L.) font de bonnes tisanes pour le petit déjeuner. On peut ajouter aux salades et potages les jeunes feuilles finement coupées. Les fleurs de primevères officinales enrobées dans du sucre de canne biologique non raffiné font des bonbons, de même que si on trempe des fleurs avec leur calice (avec une pince à épiler) dans des blancs d’œufs battus jusqu’à consistance, puis dans du sucre de canne biologique non raffiné. [PS : Le sucre raffiné n’est pas bon pour les dents. Je ne connais aujourd’hui aucune pâtisserie française n’utilisant pas ce sucre alors qu’il existe de nombreuses formes d’aliments sucrant bons pour la santé et les dents.] Laisser sécher avant de goûter. On fait de même avec les fleurs de violette odorante. Il existe plusieurs espèces de violettes. Toutes sont comestibles (fleurs et feuilles) ; mais c’est la violette odorante que l’on utilise pour ses propriétés médicinales et qui a du goût.
Certaines jeunes pousses apparaissant aux bouts de branches peuvent aussi être comestibles comme celles de la ronce ou des pins (sauf le if dont les fruits sont toxiques et qu'il vaut mieux éviter).
Alors, ces rosiers, ils fleurissent quand ? Et puis quand est-ce qu’il fait vraiment beau ? Des questions qui reviennent chaque année même chez les plus habituées des personnes aux multiples printemps.
Dans l'acte II de l'opéra de Pietro Mascagni (1863-1945) intitulé L’Amico Fritz, un joli passage rend hommage à ce mois d'avril. On peut écouter une interprétation ici et lire le texte avec sa traduction ci-après :
FRITZ
(da sé, scostato) (tout seul sur le devant)
Tutto tace, Tout se tait,
Eppur tutto al cor mi parla. Et pourtant tout parle à mon cœur…
Questa pace, Cette paix,
Fuor di qui dove trovarla ? Où la trouver en dehors d’ici ?
Tu sei bella, Que tu es belle,
O stagion primaverile ! Ô saison printanière !
Rinovella Le doux avril fait
Fiori e amori il dolce aprile ! Renaître les fleurs et l’amour !
(Suzel rientra dalla porta dell’orto, il grembiulino pieno di ciliege.)
(Suzel revient par la porte du jardin, son petit tablier tout plein de cerises.)
SUZEL
Quale incanto Quel enchantement
Nel risveglio d’ogni fiore ! Que le réveil de toutes les fleurs !
Riso o pianto, Rire ou pleur,
Tutto è palpito d’amore ! Tout est tremblement d’amour !
Tutto il prato Tout le pré
D’un tappeto s’è smaltato… S’est couvert d’un tapis émaillé …
Al Signore Vers le seigneur
S’alza l’inno da ogni core ! S’élève l’hymne de tous les cœurs !
FRITZ
Tutto tace, eppur tutto al cor mi parla ... Tout se tait, et pourtant tout parle à mon cœur…
Questa pace fuor di qui, dove trovarla ? Cette paix, où la trouver en dehors d’ici ?
SUZEL
Qual incanto nel risveglio d'ogni fiore ! Quel enchantement que le réveil de toutes les fleurs !
FRITZ
Tu sei bella, o stagion primaverile ! Que tu es belle, ô saison printanière !
Rinnovella fiori e amori il dolce aprile ! Le doux avril fait renaître les fleurs et l’amour !
SUZEL
Tutto il prato d'un tappeto s'è smalato … Tout le pré s’est couvert d’un tapis émaillé…
Al Signore s'alza l'inno di ogni core! Vers le seigneur s’élève l’hymne de tous les cœurs !
FRITZ
Tu sei bella, O stagion primaverile! Que tu es belle, ô saison printanière !
Rinnovella fiori e amori il dolce aprile! Le doux avril fait renaître les fleurs et l’amour !
SUZEL
Qual incanto Quel enchantement
FRITZ
Sei pur bella Tu es si belle
SUZEL
Nel risveglio d'ogni fiore! Que le réveil de toutes les fleurs !
FRITZ
O stagion primaverile ! Ô saison printanière !
LES DEUX
Rinnovella fiori e amori il dolce aprile, il dolce aprile ! Le doux avril fait renaître les fleurs et l’amour, le doux avril !
FRITZ
Rinnovella Fiori e amori Il fait renaître les fleurs et l’amour
SUZEL
Qual incanto nel risveglio d'ogni fiore! Quel enchantement que le réveil de toutes les fleurs !
FRITZ
Fiori e amori Les fleurs et l’amour
LES DEUX
Tutto tace ... Tout se tait …
Photographie du dessous : La vallée de Tempé (La haye, Jean Neaume, 1747). La vallée de Tempé fait partie de ces lieux pastoraux grecs antiques et mythiques comme l'île de Lesbos ou l'Arcadie. Ils représentent un âge d'or. Les monts du Forez sont une autre contrée pastorale, mais française, dont la mythologie s'est créée au XVIIe siècle autour du roman d'Honoré d'Urfé L'Astrée. Voir à ce sujet l'article intitulé Astrée.
© Article et photographies LM
Photographie du dessus : « Le Brun. Le Printemps. Tapisserie des Gobelins. 1709. H. 3,75 x L. 4,78 m. Photo : Mobilier national / Isabelle Bideau. »
Photographie du dessus : « Verdure à feuilles de choux. Tapisserie des Flandres. XVIe siècle. H. 2,68 x L. 3,80 m. Photo : Mobilier national / Isabelle Bideau. »
Photographie de gauche : Détail de la tapisserie précédente.
Le mobilier national présente du 9 avril 2013 au mois de janvier 2014 une exposition intitulée Gobelins par Nature : Éloge de la Verdure XVIe-XXIe siècles à la galerie des Gobelins à Paris. Celle-ci met en scène des tapisseries caractérisant différentes époques et ayant pour thème la nature plus ou moins domestiquée et imaginaire. Toutes témoignent d'un savoir-faire exceptionnel conservé jusqu'à aujourd'hui comme le montrent les exemples les plus récents qui jouent avec la matière avec tellement de finesse que l'on croit parfois voir le pinceau de l'artiste et la texture de la peinture alors qu'il s'agit de fils de laine. Cette harmonie de travail entre l'artiste et l'artisan est à saluer.
La tapisserie est un élément important des arts décoratifs depuis le Moyen-âge. Le thème de la flore est particulièrement apprécié, sous diverses formes : « mille-fleurs », verdures, cycle des mois et saisons, paysages ... Les tapisseries ainsi parées donnent du relief sur un mur et peuvent être en partie cachées par des meubles (commode, canapé ou même un miroir) sans que cela nuise à la narration bucolique.
Voici ce qu'on peut lire dans le dossier de presse :
« Une « verdure » se caractérise par l’omniprésence d’une nature verdoyante et touffue, qui couvre presque toute la surface tissée. Ces tapisseries, décoratives avant tout, offrent une fenêtre ouverte sur un paysage agréable, évoquant de préférence une forme d’harmonie originelle entre l’homme et la nature.
À la fin du xve siècle, c’est d’abord la vogue des petites fleurs qui remplissent entièrement les fonds. Leur foisonnement est tel qu’on les dénomme « mille-fleurs ». Leur fraîcheur reflète délicatement la nature et le temps de la vie seigneuriale. Vers 1520 un nouveau décor succède aux mille-fleurs. Il est constitué d’une végétation schématisée dont les grandes feuilles rappellent les acanthes stylisées de l’art grec ou romain. Puis au xviie et xviiie siècles, la verdure se complexifie aussi bien au niveau de la représentation que de l’iconographie. Elle se remplit d’animaux exotiques et familiers, parfois de personnages et aussi de quelques constructions. Les premiers paysages sont conventionnels, le réalisme n’étant pas la préoccupation principale. Enfin, les peintres (Tenture des Enfants jardiniers de Le Brun), en introduisant la notion de cycle des mois et des saisons, transforment profondément l’aspect de la « verdure ». Avec la Tenture des Saisons, du même artiste, le décor naturel se peuple de dieux mythologiques et, si l’élément végétal subsiste, c’est à titre évocateur et symbolique. »
Photographie du dessous : « Verdure. Tapisserie des Flandres, XVIe siècle. Laine. H. 2,64 x L. 2,58 m. »
Photographie du dessous : « Verdure à portique. Tapisserie d'Audenarde. 1560-1580. Laine. H. 3,30 x L. 3,23 m. »
Photographies du dessous : Peinture. « Vue imaginaire des Gobelins. Frances, début du XIXe siècle. Signé et daté en bas à droite : Frances 1828. Acquis sur le marché parisien, 2011. Paris, Mobilier national, Inv. GMTB 996. L'artiste Frances n'est répertorié dans aucun dictionnaire spécialisé et il n'est pas forcément français. Il entre une bonne part d'imaginaire dans cette représentation de la manufacture. L'entrée de la manufacture n'a jamais été du côté de l'actuelle avenue des Gobelin. L'artiste s'est plutôt attaché à représenter le quotidien de la manufacture avec les artisans au premier plan teignant des tissus. D'autres sèchent au soleil. »
Photographie de gauche : Violettes odorantes (Viola odorata).
Photographie de droite : Fleurs de Tussilage (Tussilago farfara)
Comme l'écrit Pline l'Ancien au début du livre XXIV de son Histoire naturelle : « Les forêts les plus profondes et toute la nature, même lorsqu'elle présente son visage le plus sauvage, sont riches elles aussi en remèdes, car la nature, cette sainte mère de toutes choses, en a répandu partout pour l'usage des humains, et il n'est pas jusqu'aux déserts où l'on n'en puisse découvrir de très salutaires. » (traduction de M. François Rosso, Médecines douces de l'Antiquité – Pline l'Ancien – La Vertu des arbres, Paris, Arléa, 1999)
Une des fleurs emblématiques de ce mois de mars est la violette odorante. Les primevères roses ou jaunes ont des fleurs plus voyantes et, contrairement à la première que l'on trouve dans les bois, aiment les lieux plus clairs. Une autre fleur caractérisant ce mois est la jonquille qui apparaît alors comme les flammes d’un printemps toujours latent. Les lamiers pourpres fleurissent toute l’année mais particulièrement en mars. Les endroits herbeux et ensoleillés sont souvent parsemés de tapis colorés de pâquerettes, véroniques, pissenlits, lamiers ; autant de teintes printanières vertes, jaunes, bleues, rouges et blanches. Le lamier blanc commence à fleurir en mars, comme la dorine à feuilles opposées, appelée aussi cresson doré, qui a de petites fleurs vertes légèrement dorées. Celles blanches de la cardamine hérissée parsèment les terrains nus et herbeux de tons gouttes de lait. La giroflée commence à épanouir ses jolies fleurs jaunes orangées. Les scilles à deux feuilles en ont d'autres le plus souvent bleues. Celles de la pulmonaire sont rouge-violet et bleues, couleurs saphirs et rubis condensés de rosée 'diaprant' l’espace de teintes brillantes, avec sur les feuilles des étoiles perles d’albâtre d’une voie lactée à portée de main et soyeuse. Des trésors qui sommeillent en hiver apparaissent ainsi. On peut rencontrer la petite bourrache aussi appelée nombril-de-Vénus. L’herbe est rehaussée des boutons rosés des pâquerettes qui s’ouvrent aux rayons du soleil, montrant leur blancheur et leur cœur d’or. La couleur jaune se lève avec le soleil des ficaires, des narcisses et les piaillements chauds d’oiseaux aux teintes de feu, aux tons du levant et du couchant. Le regard s’élance avec leurs vols vers le printemps ; mais ces efforts réitérés et avortés par le froid et les giboulées fatiguent. Cependant, du haut de la montagne du cœur les saisons s’étalent sans briser la chaleur du ciel compatissant. Un être naît, un autre meurt ; mais rien ne fait obstacle aux rires du printemps, de Nature, cette jeune adolescente en ses bosquets scintillants de volupté et de sève dont elle est gorgée et prête à éclater en mille fleurs colorées, parfums, effluves, lumières, matières, solutions aqueuses … La biche ou le chevreuil dont la terre encore humide conserve les traces sont remplis de cette sève et bondissent comme par magie à travers les chemins et au milieu des bois et des terrains ouverts. L’ajonc d’Europe ouvre ses fleurs jaunes à odeur d’amande. Le prunier myrobolan et le prunellier fleurissent. A la fin du mois les géraniums herbe-à-Robert apportent une nouvelle couleur rose-mauve. On ne mesure pas toujours la magie de certaines choses simples qui nous entourent et nous semblent acquises définitivement comme le ciel, le soleil, la lune, l'eau, les étoiles, la terre ... Nous les croyons de droit, éternelles, et ne les goûtons pas toujours à leur juste valeur. Qu'y-a-t-il de plus cher pour l'homme ? C'est si précieux qu'il est impossible d'y mettre un prix. N'est-ce pas cela la véritable richesse ? Nous sommes parés de joyaux qu’on ne peut porter, et qui pourtant nous ornent merveilleusement. Il y a la terre et les étoiles, la lune et le soleil, et tout ce qui surgit est notre vêtement.
Aujourd'hui les violettes odorantes sont beaucoup plus rares qu'il y a trente ans pour en faire des bouquets, comme c'est le cas pour beaucoup d'autres plantes. Durant l'Antiquité Les couronnes de violettes servent pour leur beauté, l’odorat des fleurs et d’autres usages, par exemple durant les banquets car elles sont réputées éviter aux buveurs d’être saoul. La moutarde des champs peut être cueillie quand les fleurs sont encore en boutons verts ; elles éclosent alors dans le vase en petites fleurs jaunes, jolies et délicates.
Pour des usages médicaux, le mois de mars est surtout conseillé pour la récolte des parties souterraines des plantes qui concentrent les principes actifs. Parmi les médicinales citons la bourse à pasteur (partie hors sol), la racine de bugrane (la variété : Ononis spinosa L), la carline (protégée), l'écorce de chêne (Quercus robur L. du celtique quer beau et cuez arbre), les souches du chiendent, les feuilles et racines de la grande consoude, les parties aériennes de la dorine, les feuilles et fleurs de la ficaire (après dessiccation) ainsi que pour un usage externe seulement son suc frais et son tubercule récolté après floraison, les feuilles de gui, les fleurs et feuilles de pâquerettes, les feuilles de petite pervenche, les racines de pimprenelle, le rhizome de polypode commun, les fleurs de prunellier, la pulmonaire, les parties aériennes de la stellaire, le rhizome de la tormentille, et bien sûr la violette odorante etc. Les usages médicinaux des plantes demandent un savoir-faire qui ne s'improvise pas car certaines sont dangereuses. Il existe de très bon livres sur ce sujet. Leur récolte aussi ne doit pas se faire à la légère, tout d'abord parce qu’il est indispensable d'être entièrement sûr de ce que l'on cueille, certaines plantes étant toxiques voire mortelles. On utilise que certaines parties des plantes médicinales d'autres étant dangereuses, et sous certaines conditions (fraîches ou séchées, cuites etc.). Il y a des moments spécifiques de cueillette : avant ou après floraison etc., et d'autres plus appropriés pour retirer le plus de principes actifs.
Cueillir des plantes sauvages pour un usage culinaire demande moins de travail mais aussi d'être sûr à 100 % de ce qu'on utilise. Il y a certaines prescriptions à suivre comme ne pas ramasser les plantes des villes, près des routes ou autres endroits pollués pour la consommation. Des maladies peuvent être apportées par des excréments d'animaux ; mais cela est rare. Tremper les herbes dans de l'eau mélangée à du vinaigre est un moyen de désinfecter la plante. Contre les vers intestinaux, certaines plantes sauvages sont vermifuges comme l'alliaire officinale dont on trouve les feuilles dès le mois de mars. Sinon l'ail est un très bon vermifuge. Le scientifique François Couplan est une sommité dans le domaine des plantes sauvages comestibles et ses livres une source inépuisable de renseignements. Voici quelques recettes de saison : salade stellaire ; salade de mâche doucette ; salade stellaire aux œufs et faines dorées (celles-ci se récoltent en automne) ; croustillants de pissenlit (pain de seigle grillé frotté d’ail, salade de pissenlit, servie avec du cidre) ; crudités à la sauce sauvage (ortie, oseille, yaourt, assaisonnement) ; bouillon d’ortie (oignon, ortie, lait ou fromage, ortie, pomme de terre) ; velouté de stellaire (pommes de terre et stellaire) ; potage aux plantes sauvages (huile, oignon, oseille, légumes sauvages : orties … on peut ajouter des pommes de terre et de la crème fraîche) ; pâtes à la crème d’ortie (ortie, oignon, ail, crème fraîche, huile d’olive, fromage) ; pâtes fraîches aux orties (ajouter aux œufs, la farine et le sel une infusion d’ortie) ; crème de pissenlits (racines de pissenlits, oignon, farine, lait). On utilise pour un usage culinaire les feuilles de l'alliaire officinale, les jeunes feuilles tendres de l'aubépine, de la berce, les inflorescences de la capselle bourse à pasteur. Les souches séchées et broyées du chiendent pourraient servir à la fabrication de pain, et hachées et grillées elles seraient un succédané du café. Les bourgeons des conifères sont bons (il faut éviter le if dont les fruits sont toxiques). D'autres bourgeons d'arbres et d'arbustes sont particulièrement bénéfiques. Au mois de mai je donnerai une recette délicieuse de feuilles de grande consoude. Les jeunes feuilles de ficaire encore tendres cueillies avant la floraison (après toxiques) sont utilisées pour des salades printanières. Les jeunes pousses de gratteron s'ajoutent aux salades, de même que les feuilles de laiteron (les jeunes feuilles de même que les fleurs et les boutons floraux) et de la mâche doucette. Les jeunes pousses de laitue sauvage se consomment ainsi que les feuilles cuites. Les feuilles et les jeunes pousses d'ortie (toutes les espèces) sont agréables. Une délicieuse soupe d'orties consiste simplement à faire une soupe de pommes de terre et d'oignons avec de l'eau, du sel et du poivre et d'ajouter juste au moment de mouliner les feuilles ou jeunes pousses d'ortie puis un peu d'huile d'olive. Pour d'autres recettes et afin d'enlever leur pouvoir urticant il suffit de les mettre en contact avec de l'eau bouillante très rapidement afin que la plante conserve sa valeur nutritionnelle notamment au niveau des protéines importantes dans celle-ci. Les feuilles et les fleurs de pâquerette s’ajoutent aux salades. Les jeunes feuilles de pimprenelle serviraient à assaisonner des potages. Le pissenlit dent-de-lion se mange entièrement, de la fleur à la racine en passant par les feuilles : Les feuilles et les fleurs complètent des salades et les racines (cuitent dans du vinaigre) aussi. Les jeunes feuilles fraîches et fleurs de la pulmonaire accompagnent potages et salades ; de même que les fleurs (avec la tige) de tussilage. Les feuilles et fleurs de violettes odorantes sont délicieuses fraîches et sentent bon. On fait des bonbons maison avec les fleurs. Selon les régions on rencontre des plantes différentes, parfois endémiques (n'appartenant qu'à cet endroit). Dans le midi on ramasse la racine de chicorée sauvage ou l'asperge sauvage parmi beaucoup d'autres variétés.
Poème
Jouan Tsi (210-263)
Chant des pensées
« La rosée pure gèle en givre,
L’herbe fleurie sèche en brousaille.
Qui dit que le sage est sage
S’il n’accepte telle vérité ?
Avec Song et K’iao, à cheval sur les nues,
Respirons l’éternité ! »
(La qualité de la traduction est primordiale dans la poésie chinoise. Ce poème provient d'un livre particulièrement inspirant : La Montagne vide : Anthologie de la poésie chinoise, 3e-11e siècle de Patrick Carré et Zéno Bianu, 1987)
© Article et photographies LM
Photographie 1 : Gravure provenant des Oeuvres complètes de Gessner (Paris, Cazin, 1780), dessinée par Clément Pierre Marillier (1740 - 1808), gravée par Emmanuel de Ghendt (1738 - 1815), in-16 (11,6 x 6,5 cm), et ayant pour texte : « O mon bien aimé comme tes chants élèvent mon Âme vers Dieu ! »
La nature offre des richesses immenses, notamment dans ce qu'on appelle ses plantes sauvages. On ne peut aborder ce jardin fabuleux que sur toute une année. Il se regarde comme un tableau qui s'étale sur quatre saisons. Je ne vais donc pas écrire un seul article sur le sujet, mais douze : un pour chaque mois. Pourquoi le faire dans ce blog ? Car il est consacré aux rythmes de l'élégance ; et que ceux de la nature en font partie. De plus ceux qui le suivent connaissent mon site, savent mon amour de la terre et son expression à travers les pastorales, genre poétique particulièrement ancien et très à la mode jusqu'au XIXe siècle.
Une herbe qui semble insignifiante à une certaine période, donne à une autre une fleur majestueuse. Il en va ainsi de chacune des parcelles de terre où poussent les espèces sauvages. Dans un simple espace de 1 m2 constitué d'herbes folles on peut découvrir un petit potager ou/et un petit jardin de plantes médicinales (les simples). Toutes les plantes sauvages ont des pouvoirs spécifiques qu'il faut simplement connaître pour les apprécier. Ce jardin naturel est immense. Chacune de ses parties est belle à certaines époques. Et comme cela s'étale sur une année et que chaque plante a son moment culminant différent des autres, cette richesse incroyable ne se voit pas obligatoirement pour celui qui n'a pas les connaissances. Ce que je propose dans les douze prochains articles sur ce sujet c'est de parcourir ce jardin dans des endroits de la nature d'Île-de-France en décrivant quelques-unes des vertus de plusieurs de ces plantes. Mes connaissances dans ce domaine restent très limitées et ne concernent presque que la forêt du nord de Paris.
Photographies 2 & 3 : Deux petites gravures (8 x 13,5 cm) provenant du tome II des Œuvres de M. Léonard (quatrième édition, Paris, Prault, 1787). Cette partie des écrits de Nicolas Germain Léonard (1744 - 1793) contient entre autres une poésie intitulée Le Temple de Gnide et un roman pastoral. La première gravure présente une bergère et un berger près d’un petit temple (sans doute dédié à Aphrodite la déesse de l'Amour) dans la nature derrière lequel des jeunes filles danses et folâtrent. La seconde illustre le passage d'Alexis, Roman pastoral, « page 127 » avec por texte : « Cette Coupe que tu vois est bien belle !... ». Ces deux estampes sont les premières que j'ai achetées.
De tous temps, les plantes ont joué un rôle important dans la vie des hommes. L’Antiquité leur donne des noms de dieux. Sur les sculptures, peintures murales et autres images antiques, la corne d’abondance est souvent portée par des divinités fluviales, maritimes ou terrestres. L’importance donnée aux plantes se retrouve sur des murs des cités englouties par le Vésuve, sur des enluminures médiévales et des tapisseries, comme celles de la “ Dame à la Licorne ”. Durant l’Antiquité on aime à se couronner de fleurs lors de certaines fêtes et cérémonies. On continue de beaucoup le faire au XVIIIe siècle. Jusqu'au début du XXe, porter sur soi une ou des fleurs vraies, fines et jolies est une preuve de goût et de fraîcheur d'accoutrement. L'homme élégant porte une fleur à sa boutonnière. Le femmes distinguées en ont partout des fraîches ou des fausses. Au XVIIIe siècle il y en a sur le chapeau, dans les cheveux, du haut jusqu'au bas des habits ...
Photographie 4 : Vignette d'époque XVIIIe siècle, de 12,7 x 16 cm, intitulée « Le Printemps », avec pour légende : « Cet heureux temps n'est plus que l'Amour plein de charmes / Pour les tendres Mortels produisait tant de fleurs ; / Le Perfide aujourd'hui n'engendre que des pleurs ; / Sous l'aile des plaisirs il cache des alarmes. » « A Paris chez Selis rue St. Dominique ».
Les fleurs ont leur langage médicinal, philosophique, culinaire, magique, amoureux... Aujourd’hui encore le choix des bouquets offerts, les couleurs, le nombre peut revêtir une signification particulière. Il existe des expressions où elles jouent un rôle. Parler de la guimauve peut faire sourire, comme de 'fleurs bleues'. Certaines plantes ont une symbolique particulière tel le lotus en Orient ou la rose au Proche Orient et en Occident.
Mais il n'est question dans ces douze articles que de plantes sauvages dont l’homme peut se servir pour le plaisir de ses sens et de sa santé. Si les plantes sauvages ont de multiples usages je me bornerai d'essayer de survoler leurs usages esthétique, et comme plantes de bien-être et culinaire. Personnellement je suis devenu végétarien lorsque je me suis aperçu qu'on peut trouver toutes les protéines nécessaires dans les plantes sauvages qui sont disponibles gratuitement à tous et offrent des goûts qui peuvent sembler absolument exotiques pour des papilles habituées à la nourriture 'contemporaine'.
Opéra
Pietri : Maristella
« Io conosco un giardino … »
Io conosco un giardino Je connais un jardin
A tutti sconosciuto, inconnu de tous,
Un nido di velluto un nid de velours
Sotto il cielo turchino sous un ciel turquin.
L’estate, il verno, in fior En été comme en hiver,
Vi odorano i giaggioli, les iris en fleurs l’embaument
Vi cantan gli usignoli et les rossignols y chantent
La notte in amor. la nuit, leurs chants d’amour.
Deh, vieni vien Ah, viens, viens
Qui sul mio cuor, près de mon cœur,
Io ti porto a quel nido Je te porterai dans ce nid,
E t’offro un bel cuscino Je t’offrirai un beau coussin
Di piumarelle d’oro, fait de plumes d’or.
E di baci t’infiori la bocca, Je couvrirai tes lèvres de baisers
E t’offro un gran forzier et je t’offrirai un grand coffre
Di sogni iridescenti, empli de songes iridescents
Di stelle giù cadenti et d’étoiles tombées
Dalle supreme sfere. de la voûte suprême.
Mia tenerezza, vien, Ma bien-aimée, viens,
Deh, vien ! deh, vien ! oh, viens, viens !
© Article et photographies LM
La nonchalance est aujourd'hui en voie de disparition … surtout à Paris. Ces quelques peintures du catalogue de la vente de la maison Tajan du 20 octobre à l'Hôtel Drouot à Paris, pour se rappeler à soi et à la communion avec les autres, aux plaisirs simples mais délicieux, à l'agrément des saisons, à la qualité de vie … L'esprit ne s'envole pas dans le tumulte … Il lui faut la paix, l'amour, la richesse d'instants précieux pour créer, la beauté pour l'inspirer et l'abondance pour la joie.
Photographie 1 : Catalogue de la vente Tableaux anciens et du XIXes siècle, du mercredi 20 octobre.
Photographie 2 : Alfred Joseph Woolmer - (Exeter 1805 - Londres 1892) - Jeune fille endormie dans sa chambre. 58,5 x 69 cm.
Photographies 3 et 4 : École francaise du XVIII e siècle. Suiveur de François Boucher.
L'Hiver : Reprise avec des variantes d'une composition des Quatre saisons de François Boucher conservées à New-York, à la Frick Collection (toile, 54 x 72 cm).
La Bergère endormie : Reprise avec des variantes de la Bergère endormie conservée à Paris, musée du Louvre (toile, 88 x 115 cm).
Dimensions de chaque toile : 49 x 129,5 cm
Photographie : Portrait d'Honoré d’Urfé comte de Châteauneuf (1567-1625), auteur du roman pastoral L'Astrée. Cette estampe au papier du XVIIe siècle (sans doute d'un tirage de la fin de ce siècle) qui semble avoir un filigrane aux armes d'Amsterdam est la même que celle conservée au château de Versailles (www.photo.rmn.fr) sous le numéro d'inventaire : invgravures7010. Il est indiqué en bas de l'estampe qu'elle est gravée d'après Van Dyck Antoon (1599-1641) par Pieter de Bailluc sous la direction de Jean Meysens. Cette dernière information a été effacée par grattage dans l'exemple présenté ici ; mais reste assez visible pour savoir qu'il s'agit bien du même texte que celui de l'estampe conservée à Versailles qui a une grandeur identique ; ici : 258 x 201 mm (au coup de planche), mais un peu plus découpée.
Comme je l'ai déjà écrit dans un autre article, Astrée (ou Astrapé) est, dans la mythologie de l'antiquité grecque, la déesse de la Justice. Elle est la dernière des immortelles à rester parmi les hommes à la fin de l'Âge d'Or avant de fuir l'humanité devenue corrompue. De même que certaines traditions gardent aujourd'hui encore des récits de civilisations cachées, au XVIIe siècle on pense que des réminiscences de l'Âge d'Or sont conservées dans des endroits bucoliques épargnés par la grossièreté. Là y règne la félicité, le bonheur, la justice, la bonté, la beauté, le plaisir, la joie de vivre, la sagesse ... ; et certains demi-dieux y séjournent : camènes, dryades, naïades, nymphes, oréades, satyres, sylphes, sylphides, sylvains ... Dans L'Astrée, Honoré d'Urfé (1567-1625) relate un de ces mondes, à la géographie réelle : le Forez, où les nymphes côtoient les bergères et les bergers (dont Astrée et Céladon), les dames et les chevaliers, le tout imprégné d'une sagesse antique vers laquelle on est guidé par des temples naturels ou de pierre dédiés à l'Amour et d'autres dieux.
En ce premier jour du printemps, je souhaite rendre un hommage aux simples, ces plantes sauvages qui poussent près de nous et accompagnent l'homme depuis son origine.
La nature est ainsi faite qu'elle est un jardin qui se regarde comme un tableau qui s'étale sur une année. Une herbe qui semble insignifiante à une certaine période, donne à une autre une fleur majestueuse. Il en va ainsi de chacune des parcelles des terres où poussent les espèces sauvages. Les plus anodines ont des propriétés. Toutes les plantes sauvages ont des pouvoirs spécifiques (culinaires, médicinales ...) qu'il faut simplement connaître pour apprécier. Ce jardin naturel est immense. Chacune de ses parties est belle à certaines époques. Chaque plante a dans l'année son moment culminant différent les uns des autres. Cette richesse incroyable ne se dévoile pas obligatoirement à celui qui n'a pas les connaissances.
Les premières violettes odorantes fleurissent en mars. Elles ont un parfum et un goût exquis. Les primevères roses ou jaunes sont aussi présents. Les endroits herbeux et ensoleillés sont parsemés de tapis colorés de pâquerettes, véroniques, pissenlits, lamiers ; autant de teintes printanières vertes, jaunes, bleues, rouges et blanches. La dorine à feuilles opposées a de petites fleurs vertes légèrement dorées. Celles blanches de la cardamine hérissée parsèment les terrains nus et herbeux de tons gouttes de lait. Les jonquilles sont les flammes au sol de ce printemps toujours latent. La pulmonaire a de jolies fleurs rouge-violet et bleues, couleurs de saphirs et rubis condensés de rosée, 'diaprant' l’espace de teintes brillantes, avec sur les feuilles des étoiles perles d’albâtre d’une voie lactée à portée de main. Des trésors qui sommeillaient en hiver réapparaissent. En mars, l’herbe est parsemée des boutons rosés des pâquerettes qui s’ouvrent aux rayons du soleil, montrant leur blancheur et leur cœur d’or. La couleur jaune se lève avec le soleil des ficaires et des narcisses, et les piaillements chauds d'oiseaux aux teintes de feu, aux tons du levant. Le regard s’élance avec leurs vols vers le printemps ; mais ces efforts réitérés et avortés par le froid et les giboulées fatiguent. Pourtant tout bourgeonne, la sève monte et s'apprête à éclater en mille fleurs colorées, parfums, effluves…
On ne mesure pas toujours la magie de certaines choses simples qui nous entourent et nous semblent acquises définitivement comme le ciel, le soleil, la lune, l'eau, les étoiles, la terre ... Nous les croyons de droit, éternelles, et ne les goûtons pas toujours à leur juste valeur. Qu'y-a-t-il de plus cher pour l'homme ? C'est si précieux qu'il est impossible d'y mettre un prix. N'est-ce pas cela la véritable richesse ?
Photographies du tome premier du Dictionnaire Raisonné Universel d'Histoire Naturelle, contenant l'Histoire des Animaux, des Végétaux et des Minéraux, Et celle des Corps célestes, des Météores, & des autres principaux Phénomènes de la Nature ; avec l'Histoire et la Description des Drogues simples tirées des trois Règnes ; Et le détail de leurs usages dans la Médecine, dans l'Économie domestique & champêtre, & dans les Arts et Métiers ... Par M. Valmont de Bomare ... Nouvelle édition, revue et augmentée, Paris, Lacombe, 1768.
De l’Antiquité au XVIIIe siècle, la vie pastorale est surtout considérée sous son aspect pur, sain, en contact direct avec la ou les divinités. Du fait de cette communication privilégiée avec le divin et du bonheur inaltéré qui en résulte, l’existence pastorale semble éloignée des vicissitudes. L’amour s’y déploie sans obstacles puisque la corruption n’y existe pas. Dans cet univers naturel fait d’abondance, l’homme vit sans fausses pudeurs et sans désirs ni besoins, baigné dans le plaisir de sentiments épurés, d’amitiés et d’amours véritables. Certains lieux rappellent plus que d’autres ce paradis, comme l’Arcadie en Grèce, le mont Parnasse où les Muses sont sensées résider, l’île de Lesbos… Une véritable philosophie se cache dans ces écrits, une alchimie subtile. De nombreuses légendes mythologiques (ce que le XVIIIe siècle appelle ‘fables’) mettent en scène bergères et bergers, et les dieux qui habitent montagnes et forêts sacrées. Des centaines de divinités occupent les campagnes et les bois sacrés : Nymphes, Naïades, Sylphes, Dryades … Pan protège bergers et troupeaux ... La religion chrétienne se sert largement du thème du bon pasteur. On retrouve la houlette du berger dans les mains de nombre de saints et de papes. La vie pastorale est la gardienne d’une pureté : réminiscence d’un âge d’or où les dieux vivent parmi les hommes (la dernière divinité à être restée étant Astrée la déesse de la Justice). A travers les écrits pastoraux, les écrivains français épanchent leur connaissance de la beauté classique de l’Antiquité, de l’Hellénisme, avec une finesse emprunte de poésie courtoise et toute entière dévouée à l’âme subtile d’une terre de tous les possibles et de toutes les richesses, dialoguant grâce à une extrême habilité et clairvoyance avec la divinité païenne à des époques empruntes de christianisme.
La littérature antique est à l’origine de ce genre littéraire en Occident avec les Bucoliques, les Eglogues et les Géorgiques de Virgile, les Idylles de Théocrite. Ajoutons à cela le roman intitulé Daphnis et Chloé de Longus. Certains poèmes d’Ausone sont appelés Idylles. Le Moyen-âge cultive de multiples formes de poésies dans différentes langues. La ‘pastorela’ est un genre de la littérature occitane qui relate le plus souvent la rencontre du poète avec une bergère, motif repris ou présent dans la poésie latine et par les troubadours dans les pastourelles françaises. Leur forme dialoguée leur donne parfois des allures de pièces ou de romans. La pastourelle est alors un genre ‘bucolique’ celui-ci imprégnant profondément la poésie et le folklore médiévaux avec ses reverdies et autres rondeaux à danser… La Renaissance italienne remet au goût du jour les oeuvres pastorales antiques avec les poètes néo-latins de la Renaissance : Pétrarque, Boccace, Guarini, Boiardo, Spagnoli, Pontano, Sannazar, Flaminio, Vida, Navagero, et ceux qui écrivent en Italien comme Sannazar (Arcadia), G. B. Giraldi Cinthio (Egle), B. Castiglione (Tirsi), A. Lollio, (Il sacrificio), Tasse (Aminta), Guarini, (Pastor fido), Groto, (Pentimento amoroso), Comte Bonarelli (La Philis de Sciro). La Renaissance française s’inspire de tout ce qui vient d’Italie. La vogue des idylles, pastorales et églogues commence au XVIe siècle avec Clément Marot, François Habert, Maurice Scève (Arion), Hugues Salel (Eglogue marine), Baïf (Œuvres en rime et autres Eglogues), Ronsard (Chants pastoraux, Bergerie, Le Cyclope amoureux), Remy Belleau (Bergerie), Nicolas Filleul (Théâtre de Gaillon), F. de Belleforest (Pastorale amoureuse), Claude De Bassecourt (Trage-comedie pastoralle ou Myllas), Honoré d’Urfé (Astrée). Le XVIIe siècle suit cette mode et l’amplifie avec Vauquelin de La Fresnaye, Antoine de Montchrestien, (Bergerie), Du Mas (Lydie), G. Colletet qui écrit un Discours du poème bucolique où il est traité de l’Eglogue, de l’Idylle et de la Bergerie édité en 1657. Astrée influence beaucoup les Précieuses du XVIIe siècle. Antoinette Deshoulières (1638-1694) écrit des œuvres pastorales. Molière sort une Pastorale champêtre. Au XVIIIe siècle, Fontenelle [un des Modernes] (Poésies pastorales, Traité sur la nature de l'églogue), Gessner (La Mort d’Abel, 1761 ; Idylles, 1762 ; Daphnis, 1764), Léonard (Idylles, 1766), Berquin, (Idylles, 1775), André Marie Chénier [un autre Moderne] (Bucoliques), l’abbé Louis Mangenot (deux idylles en prose) ; Florian (Galatée, 1783 et Estelle et Némorin, 1787) continuent.
La Pastorale qui remonte à l’Antiquité la plus tardive est un véritable courant artistique plus que littéraire, véhiculant une philosophie et esthétique d’une beauté et d’une finesse remarquables. L’industrialisation des XIXe et XXe siècles et le brassage des civilisations rendent désuet cet attachement à la terre. Il n’est plus question d’imiter mais de maîtriser et de dominer ; on s’intéresse de moins en moins au sol qu’on foule, son histoire et le savoir qu’il véhicule. Pourtant chaque endroit de la terre a ses trésors à offrir, une abondance bafouée par l’ignorance qui est paradoxalement souvent à la recherche de richesses !