La vélocipedomanie

AvenueDesChampsElysées300lmAvenueDesChampsElyséesdetail300lmÀ Paris la bicyclette est de plus en plus présente du fait des pistes cyclables aménagées depuis peu et du vélib (vélo en libre service).

Les premiers vélocipèdes à pédales naissent en France dans les années 1860. En 1867, la Maison Michaux les commercialise. Le succès est rapidement au rendez-vous. Il s'en suit ce que certains appellent alors une 'vélocipedomanie' ; d'autant plus que, du fait de leur industrialisation, ces deux-roues deviennent de plus en plus abordables notamment pour les ouvriers qui les utilisent.

Il s'agit d'une très belle invention qui ne pollue pas. Personnellement, n'appréciant pas le métro, j'utilise le vélib depuis sa présence dans la capitale.

Photographies : « Paris », « Avenue des Champs-Élysées ». Assiette de la fin du XIXe siècle.

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Luxe et magnificence

EssaiHistoriqueSurParisLuxe1-300lmPhotographie : « Essais historiques sur Paris de Monsieur de Saintfoix. Quatrième édition, revue, corrigée et augmentée. Tome quatrième. » « A Paris, chez la Veuve Duchesne, Libraire, rue S. Jacques... », 1766.

La définition du 'luxe' dans les différentes éditions du Dictionnaire de l'Académie française est intéressante. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle il est considéré comme une 'somptuosité excessive'. Il est donc de mauvais goût.

À partir du XIXe siècle et surtout au XXe, à des époques 'bourgeoises', cette définition change, ce mot devenant un synonyme de somptuosité et d'abondance.

Le luxe est meilleur que le faste qui est avant tout ostentatoire, alors que le premier « recherche encore le raffinement des aises et des commodités ». Mais il est loin derrière la magnificence qui exprime une véritable  somptuosité et qui est de l'ordre du don et de la dépense. Il y a quelque chose d'élevé dans la magnificence qui n'est pas dans le luxe qui est vain.

Pages 33 et 34 du tome quatrième (1766) de ses Essais historiques sur Paris, Monsieur de Saintfoix distingue le luxe de la magnificence. Voici ce passage : « Tous ceux qui ont écrit jusqu'à présent pour ou contre le luxe, auraient dû le distinguer d'avec la magnificence ; c'est ce qu'ils n'ont point fait. La magnificence est essentielle à un État monarchique, & nécessaire dans les grands ; elle fait éclore, encourage & soutient les arts utiles & agréables ; ce n'est point l'orgueil, c'est un caractère noble qui la guide ; elle offense d'autant moins, qu'elle sait économiser pour pouvoir paraître avec plus d'éclat dans les occasions qui en exigent. Le luxe au contraire est insultant, parce qu'il est journellement & frivolement dépensier ; c'est l’appétit & le triomphe des petites âmes ; il naît & se nourrit de l'envie ridicule de paraître plus qu'on n'est, en s'égalant par l'extérieur à ceux qui sont d'une condition au-dessus de la notre ; créateur & toujours avide de nouvelles superfluités, il nous met hors d'état de soulager les véritables besoins des autres ; on y devient insensible, & sa fastueuse ivresse nous rend mauvais parents, mauvais amis, mauvais citoyens. Il entretient, dit-on, les manufactures & fait entrer des millions dans le Royaume par ces modes & ces superfluités qu'il invente sans cesse & qui se débitent dans toute l'Europe : eh bien, en supposant que l'argent vaut mieux dans un État que des mœurs, tolérons cette sorte de luxe ; mais est-il concevable que le Gouvernement ne s'éveille pas enfin sur le nombre prodigieux des laquais ? ... »

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Piasa : Mobilier Haute-Époque.

sarcophage640Photographies : « Sarcophage à strigiles en marbre blanc. Cupidon et Psyché. La face est sculptée au centre, entre deux pilastres cannelés, d'une scène représentant Cupidon nu, ailé, enlaçant Psyché, jambes croisées, vêtue d'un drapé, entre deux panneaux latéraux de strigiles. À chaque extrémité, un Éros de face, nu, ailé, tenant une corne d'abondance. Chaque côté est gravé de deux boucliers croisés ornés de volutes. Art Romain, IIIe siècle. Longueur : 202,5 cm. Hauteur : 49 cm. Profondeur : 59 cm. […]
sarcophagedetail-300Le mythe de Cupidon et Psyché apparaît dans le roman d’Apulée, Les Métamorphoses ou l’Âne d’or (ca. 150 de notre ère). Psyché était la fille d’un roi, et avait deux sœurs, toutes trois d’une extrême beauté, celle de Psyché supérieure. Tandis que ses sœurs avaient trouvé des maris, personne n’osait la demander en mariage. Vénus, jalouse de la beauté de la jeune fille, ordonna à Cupidon de la rendre amoureuse du mortel le plus méprisable. Remplissant sa mission, le jeune dieu, se blessant avec l’une de ses propres flèches, en tomba lui même amoureux. Désespéré de voir sa fille sans époux, le père de Psyché consulta la pythie de Delphes. Celle-ci conseilla de parer la jeune fille comme pour un mariage et de l’exposer au sommet d’une montagne où un terrible monstre en prendrait possession. Résignés, ses parents suivirent l’oracle. Psyché, seule au sommet du rocher, se sentit emportée par les airs ; soutenue par le vent Zéphyre, elle fut déposée sur une pelouse de gazon tendre. Lorsqu’elle se réveilla, elle se trouvait dans le jardin d’un magnifique palais d’or et de marbre. Dans la nuit, son mystérieux époux (Cupidon) la rejoignit, caché par l’obscurité. Toutes les nuits, il lui rendit visite et lui demanda de ne jamais chercher à voir son visage, ni à connaître son identité. Les deux sœurs de Psyché, folles de jalousie face à la richesse et au bonheur de leur sœur, la persuadèrent que l’inconnu n’était autre qu’un monstre qui finirait par la dévorer. Terrifiée, elle profita du sommeil de son amant pour allumer une lampe ; mais une goutte d’huile tomba sur l’épaule du dieu, qui se réveilla et s’enfuit, furieux d’avoir été trahi. Psyché partit alors à sa recherche, en errant de temple en temple. Au palais de Vénus, celle-ci la soumit à différentes épreuves comme esclave, la dernière la plongeant dans un profond sommeil pareil à la mort. Cupidon, toujours épris de Psyché, la réanima de la pointe d’une de ses flèches et la conduisit devant Jupiter qui annonça leur mariage. En buvant l’ambroisie, elle devint immortelle, l’Amour (Cupidon) et l’Âme (Psyché) furent ainsi réunis pour l’éternité. » © Piasa.

La maison Piasa, assistée de l'experte Laurence Fligny, disperse le 2 octobre 2013 à Drouot Richelieu (Paris) un ensemble de mobilier, objets d'art et de bel ameublement principalement de Haute Époque provenant en particulier de la succession de l'antiquaire Jean Rimbault-Joffard. Le catalogue est visible ici.

Photographies du dessous : « Cassone [coffre] de mariage de forme tombeau à décor a pastilla, doré et en partie polychromé. Façade à deux panneaux longitudinaux présentant les bustes des époux se faisant face dans des médaillons sur fond d'arabesques ; au centre, armoiries entourées d'une guirlande de laurier cantonnée de grandes rosaces ; frises à décor de candélabres, de rinceaux feuillagés et de volatiles ; côtés reprenant le même décor munis de poignées en fer forgé ; pieds griffes en façade. Italie, Toscane, XVIe siècle. Hauteur : 74,6 cm. Longueur : 183,5 cm. Profondeur : 53 cm. » © Piasa.CASSONE2-500

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Exposition 'Jordaens (1593-1678) la gloire d'Anvers'.

1.La-famille-du-peintre500.jpgDu 19 septembre 2013 au 19 janvier, le Petit Palais à Paris présente une exposition intitulée Jordaens (1593-1678) la gloire d'Anvers. Ce peintre est le moins connu des trois principaux représentants de la peinture flamande du XVIIe siècle. C'est donc une belle occasion de pouvoir apprécier un grand nombre de ses œuvres (cent vingt) conservées aujourd'hui dans le monde entier et rassemblées ici, afin de plonger dans son univers et le courant qu'il représente.

1.La-familledupeintredetail300.jpgPhotographies :  « Jacques Jordaens (1593-1678). Autoportrait de l’artiste avec sa femme Catharina van Noort, leur fille Elisabeth et une servante dans un jardin, 1621-1622. Huile sur toile. © Madrid, Musée national du Prado. » J’ai choisi cette peinture en particulier pour les deux fraises et la collerette, accessoires vestimentaires qui seront le sujet d’un prochain article.1.La-familledupeintre2-300.jpg

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Aubusson : Tapisseries des Lumières.

LesnocesdeDaphnisetChloe500.jpgPhotographies du dessus : Les noces de Daphnis et Chloé (détail), Coll. Musée de la tapisserie, Aubusson. Crédits photos : Point-Carré.

La Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé propose jusqu'au 31 octobre 2013 à Aubusson une exposition de splendides tapisseries du XVIIIe siècle de la prestigieuse manufacture de cette ville intitulée Aubusson : Tapisseries des Lumières. Plus de quarante tapisseries de grande qualité sont présentées, accompagnées de dessins, tableaux et objets d’art.

Photographie du dessous : Jeu du 'Cheval fondu'. Carton de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Atelier François Grellet, Aubusson. La pièce porte la marque FG, vers 1760 - 1770. 224 cm ht x 245 cm l. Collection Hugues Helffer.LeChevalFondu.jpg

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Nouvelle Galerie Vauclair

InaugurationNouvelleGalerieVauclairLa Galerie Vauclair, spécialisée dans la céramique de la seconde moitié du XIXe siècle (barbotine, majolica, suiveurs de Palissy) vous invite le jeudi 19 septembre, de 18h à 23h, pour l’inauguration de sa nouvelle galerie du 24 rue de Beaune (75007 Paris) et en prélude à son exposition consacrée à l’influence de l’Asie sur la céramique artistique européenne aux dernier tiers du XIXe siècle et début du XXe, qui se déroulera du 20 septembre au 31 octobre 2013.Japonisme400

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Le mois de septembre

OrpinAcreDetail300lmPhotographie de gauche : Fleurs d'orpin reprise … de l'école ...

Les paysages de fougères prennent des spectres du vert au rouge en passant par le jaune. Si le vert est encore présent, il est rehaussé de couleurs or qui au soleil flamboient. Tout devient de feu alors que l'astre diurne est moins brûlant. C’est le printemps d’une nouvelle saison avec ses amoncellements de denrées : fruits, champignons, racines ..., avant l’hiver.

L’automne est le temps de la récolte de racines, rhizomes, fruits et, de même qu’en été, de certaines semences. Il faut avoir repéré les plantes au moment de leur floraison pour les reconnaître alors, comme les violette, valériane, saponaire, campanule raiponce, chélidoine, chiendent commun, grande consoude, épilobe à feuilles étroites, eupatoire, quintefeuille, renouée des oiseaux ...

ChampignonSeptembre2013-2-300lmPhotographie de droite : Champignon (je ne sais pas s'il est comestible).

On ramasse les racines officinales de bugrane, carotte sauvage, chiendent (la souche), ortie, panais, pimprenelle, pétasite hybride, raifort ... ; les rhizomes de fougère mâle, réglisse des bois (Polypodium vulgare L.), polypode commun, tormentille, valériane ...

On cueille gui, houblon, persicaire âcre, scolopendre ..., les graines de moutarde blanche, ortie ...

Il y a les fruits de l'aubépine (cenelles), églantier (cynorhodons), genévrier, marronnier d'Inde, néflier (nèfles à cueillir après les premières gelées), pommier sauvage, prunellier (prunelles), sorbier, sureau noir … Tous ensemble offrent des tableaux de formes variées, de couleurs chatoyantes et nuancées. On en fait des confitures, fruits confits, gâteaux, sirops ... les accommode de mille autres façons et/ou fabrique avec des remèdes, soins de beauté .... Si les fruits sont nombreux en ce mois, tous ne sont pas comestibles … et même certains dangereux. Il faut être prudent dans leur cueillette.

Cynorhodons300lmPhotographie de gauche : Cynorhodons.

Les nombreux champignons comestibles que l’on trouve à cette époque font des plats savoureux.

On fabrique un succédané au café avec les glands du chêne torréfiés (broyés et cuits à sec sur une poêle).

On fait des salades avec les lamier blanc, origan, bourse à pasteur, mauve, plantains, pourpier, stellaire …

On peut cueillir des graines pour des plantations ou de petits arbustes d'un an dont on sait que leur voisinage ne permettra pas qu'ils s'épanouissent, pour un jardin ou une terrasse.

Norma, opéra de Vincenzo Bellini
« NORMA e MINISTRE NORMA et SES PRÊTRESSES
Catsa Diva, che argenti Chaste déesse, qui teint d’argent
Queste sacre antiche piante, Ces antiques forêts sacrées,
A noi volgi il bel sembiante Tourne vers nous ton beau visage
Senza nube e senza vel… Sans nuage et sans voile.
Tempra, o Diva, tempra tu de’ cori ardenti, Modère encore le zèle hardi,
Tempra ancora lo zelo audace, Modère le zèle des cœurs ardents,
Spargi in terra quella pace Répands sur la terre cette paix
Che regnar tu fai nel ciel … Que tu fais régner au ciel. »

Photographie du dessous : Papillon photographié au mois de septembre.

110901papillon300lm© Article et photographies LM

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Présentation Tasinari & Chatel

Soieries2a-14septembre2013-500

Photographie : Lors des Journées du Patrimoine aux archives de la manufacture de soieries Tassinari & Chatel.

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Muscadins

ParisienMuscadin2-300lmPhotographies : Gravure de la fin du XIXe siècle ou du tout début du XIXe représentant un « parisien » habillé à la mode du Directoire en muscadin.

Cet article suit celui intitulé Le muscadin. Il présente une nouvelle gravure et surtout, une comédie en trois actes de Julien Jean Offray de La Mettrie (1709 – 1751), libertin, épicurien et matérialiste, publiée en 1747, intitulée La Faculté vengée et visible ici. Un des personnages est un muscadin et appelé ainsi, preuve que ce petit-maître est présent bien avant la Révolution. Voici la description qu'en fait un autre protagoniste : « Vous avez l'air vous-même d'un Seigneur, on dirait que vous auriez fait la fortune d'un Intendant. Le beau linge ! Les superbes dentelles ! Le beau blond ! Je n'ai point vu de plus belles perruques ! Le beau Diamant ! Et le magnifique Bec-à-Corbin ! » Le 'Bec-à-Corbin' ou 'bec-de-corbin' est le pommeau d'une canne ayant la forme d'un bec. Celui-ci répond : « MUSCADIN. Je suis tout en or jusqu'à mes boucles, & mon plat à barbe. Je porte en Hiver des Chemises de Cotton fin. Le Cotton est ami de la transpiration, de Sanctorius. »

  Voici la définition (visible ici) que donne le Magazin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts …, tome premier, Paris, Magazin encyclopédique, 1795 :

Parisienrecadreblanc300lm« On demande l’étymologie du nom MUSCADINS donné aux petits-maîtres, aux gens du bon ton, aux mille-fleurs, à ceux qui se distinguent par une parure recherchée, etc. ; et si l'épithète Muscadins donnée aux hommes de cette espèce, est toute récente, si elle appartient à notre temps ?
1.° Muscadin, dans le sens propre, signifie une pastille de musc et d’ambre, que l’on mange par sensualité, ou pour adoucir l'haleine; une boîte de Muscadins, signifie donc une boîte de pastilles musquées. Ce mot vient évidemment de Musc, Parfum très-fort, mais peu agréable, s’il n’est tempéré par un mélange d’autres parfums. Pélisson dans l'histoire de l'académie française, parle de la question née dans le dernier siècle, à l'hôtel de Rambouillet, sur la prononciation de ce mot. Fallait-il dire Muscadins ou bien Muscardins ? Balzac voulait que l'on dit et écrivît Muscardin par un r ; et il se fondait sur ce que le mot était emprunté des Italiens, qui nomment ces pastilles Moscardini. Voiture, au contraire, tenait pour Muscadin sans r, prétendant que Muscardin était trop dur à l’oreille. [...]
2.° Les petits-maîtres faisant usage des muscadins ou pastilles musquées, on les a nommés eux-mêmes Muscadins, de même que ceux qui, pour répandre une odeur agréable, selon eux, dans les lieux par où ils passent, parfument leur linge, leurs habits, et n’auraient pas mis, il y a quelque temps encore, une chemise, si elle n’avait passé quelques heures dans le sultan (I [meuble de toilette qui est « un double coussin rempli de plantes odoriférantes desséchées, couvert de taffetas, bordé de rubans, etc. »]). Ce goût pour les odeurs et les parfums est très-ancien, soit dans notre Europe, soit dans l'Inde. On connaît le mot du poète latin, Pastillos Ruffillus olet ; [...]
Mais depuis quand a-t-on nommé les hommes-femmes, les hommes musqués des Muscadins ? Je suis fort tenté de croire que la dénomination est toute récente, et qu’elle n’a pas plus de deux ans de date à Paris, d’où elle a passé dansParisienMuscadinArrierePlanRecadre300lm les départements. Au moins, je ne me rappelle avoir vu dans aucuns de nos auteurs du dernier siècle, ni de celui-ci, l'épithète Muscadin appliquée en ce sens. C’est à mon avis un mot nouveau et très-nouveau, dont ces derniers temps ont enrichi notre langue. Au surplus, si quelqu'un plus versé que moi dans la lecture de nos livres, y avait vu les petits-maîtres et les gens parfumés, désignés par l'épithète Muscadins, il m’obligerait de me faire part de sa découverte. St. L***. »

Il est un peu tard pour faire lire à cet auteur le texte de Julien Jean Offray de La Mettrie datant de 1747. Je pense que l'on pourrait trouvé même des exemples datant du XVIIe siècle.

Pourtant beaucoup pensent que le muscadin naît avec la Révolution, comme John Centi Prevost qui dans Le dandysme en France, 1817-1839, ouvrage publié pour la première fois en 1952, cite un passage de Décade philosophique du 17 août 1794 d'Amaury Duval décrivant un muscadin marchant en sautillant, à petits pas, par ton, mais aussi parce « qu'il ne pourrait hâter sa marche, sans risquer de partager en deux » sa culotte étant très serrée. Il continue de le dépeindre avec de la « poudre qui blanchit ses cheveux », une « petite queue roulant sur un frack [frac] d'une forme bizarre »,  une « cravate au nœud soufflé », un « gilet qui ne descend guère plus bas que l'estomac », des « souliers qui ne lui cachent que les doigts du pied, et dans lesquels, pourtant, il paraît être à la torture ».

Dans Histoire secrète de la Révolution française … par François Pagès (tome troisième, Paris, 1798) il est écrit qu'à la Révolution : « tout homme ou toute femme qui était mis avec une certaine propreté, était appelé muscadin, muscadine. »

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Splendeurs du maniérisme en Flandre, 1500/1575.

0-2ViergesALEnfant2-300Photographies du dessus : À gauche Détail du Cycle de la Vierge. Anonyme flamand. Huile sur bois. Collection privée. © Jacques Quecq d’Henripret. À droite La Sainte Famille dans un intérieur attribué à Pieter  Coecke d'Alost (Aelst, 1502 – Bruxelles, 1550). Huile sur bois de 101 x 72 cm. Louvain, M Museum. © Lukas - Art in Flanders VZW, photo Hugo Maertens.

Photographies du dessous : Détails de peintures représentant la Vierge à l'Enfant. Les deux premières proviennent des oeuvres précédentes. La troisème est attribuée à Pieter Coecke d'Alost (Saint Luc peignant la Vierge - © RMN - Grand Palais / Agence Bulloz). La quatrième est de l'atelier du même auteur (La Vierge à l’Enfant avec l’archange Gabriel - Collection privée © Laurent Mayeux Photographies).

0-2ViergesALEnfant2Details-3000-2ViergesALEnfant2Detailsa-3000-1Photographie de gauche : Détail de Marie Cléophas et Alphée et leurs quatre enfants. Peinture attribuée à Dirck Vellert (1480-1547, actif à Anvers de 1511 à 1547. Huile sur bois de 113 x 39,5 cm. Collection privée. © Jacques Quecq d’Henripret. On note ici la coiffure.

Le Musée départemental de Flandre à Cassel présente encore pour quelques jours, jusqu'au 29 septembre 2013, une exposition intitulée Splendeurs du maniérisme en Flandre, 1500/1575, rassemblant « pour la première fois un ensemble exceptionnel de quatre-vingt-dix chefs d’œuvre » représentatifs de cette école.

« Si le terme « maniera » renvoie par son étymologie à l’Italie, en Flandre, ce style développe un langage artistique aussi original qu’audacieux à travers un univers à la fois extravagant et poétique. Ce goût assumé pour la bizarrerie et une exagération maîtrisée dans les poses est le point d’orgue de la fusion entre le fantastique et la réalité. L’exposition « Splendeurs du maniérisme en Flandre, 1500/1575 » sillonne le foisonnement artistique de ce siècle prolixe, dévoile la pluralité de ses expressions et la diversité de ses genres et styles, que nous ne parvenons toujours pas à classer. »

Photographie du dessous : « Musica », Allégorie de la Musique et de l’Amour de Jan Sanders Van Hermessen (ca.1500  - ca.1556). Huile sur bois de 97 x 108 cm. Collection privée. © Jacques Quecq d’Henripret.

Allégorie de la musiquePhotographies du dessous : Saint Éloi dans son atelier. Huile sur bois anonyme. Collection particulière. © Jacques Quecq d’Henripret. L’évêque de Noyon, Saint-Éloi (v. 588 - 659), est un orfèvre et monnayeur, devenu  ministre des Finances auprès du roi Dagobert Ier. Il est représenté ici pratiquant son métier en habits élégants ce qui doit faire sourire quiconque est rentré dans un atelier d’orfèvre (rarement aussi propre que sur la représentation).

1.SaintEloi2-300Photographie du dessous : Détail de L’Adoration des Mages d'Adriaen Van Overbeke (actif à Anvers entre 1505 et 1530). Huile sur bois de 90 x 73,5 cm. Collection particulière. © Jacques Quecq d’Henripret. Ce détail présente un exemple de manche d’habit du XVIe siècle.1Manche300

Photographies du dessous : Détail de Détail de La Vierge à l’Enfant avec l’archange Gabriel. Huile sur bois de 56 x 42 cm de l'atelier de Pieter Coecke d'Alost. Collection privée. © Laurent Mayeux Photographies.ArchangeGabriel.jpg

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Étrusques : Un hymne à la vie.

ReliefDetail500Photographie du dessus : Détail « Plaque de revêtement architectural décorée en relief, type C. 550-530 avant J.-C. Terre cuite – H. 21 ; l,60 cm – Viterbe, Museo Nazionale Etrusco Rocca Albornoz. © Su concessione della S.B.A.E.M. - Museo Nazionale Etrusco Rocca Albornoz, Viterbo / Fabio Barbieri. »

Le musée Maillol présente du 18 septembre 2013 au 9 février 2014 une exposition consacrée à la raffinée civilisation étrusque intitulée : Étrusques : Un hymne à la vie.

Spécialiste du théâtre antique, j'ai entenu parler de l'influence de la civilisation étrusque sur la romaine et en particulier en ce qui concerne les ludi scaenici (les jeux de scène : musique, danse, ballet, théâtre, mime  …). D'après Tite Live, c'est en 364 avant J.C. que naît le théâtre à Rome. Afin de conjurer une épidémie de peste, on fait venir d’Étrurie des histrions et ses jeux. Le terme même d'histrion désigne un acteur, et plus précisément un mime jouant des pièces, accompagné à la flûte, et sans doute masqué. Le terme est encore utilisé au début du Moyen-âge avant que celui de jongleur (joculatores) le remplace puis de troubadour. Dans tous les cas il s'agit de poésie chantée et mimée de manière théâtrale. Aujourd'hui encore le terme d'histrion a son usage dans la langue française. Les apports de cette civilisation sont nombreux. Je parlerai dans un prochain article de l'origine étrusque du mot 'personne'.

Le musée Maillol nous habitue à de très intéressantes exhibitions toujours tournées vers l'Italie et son rayonnement, avec des thèmes comme le verre de Murano, Pompéi, les Médicis, etc. Encore une fois de très nombreux objets d'époque nous sont présentés : 250 œuvres provenant des plus prestigieuses institutions italiennes et européennes témoins d'aspects de la vie quotidienne de cette civilisation « gaie et cosmopolite » comme le dit le dossier de presse. La religion, l’écriture, les banquets, le sport, la peinture, la sculpture, l’artisanat sont représentés et même son « architecture très caractéristique, éloignée des canons classiques, agrémentée d’importantes décorations en terre cuite rehaussées de couleurs extrêmement vives. » C'est un univers et une époque anciens et sophistiqués qui nous sont apportés à Paris ; un de ces nombreux voyages dans l'espace et le temps que nous offre régulièrement la capitale française grâce notamment à des lieux comme le musée Maillol.

Photographies du dessous : « Tombe du Navire. 470 avant J.-C. Peintures transposées sur toile − H. 2,46 ; L. 4,80 ; l. 3,50 m. Tarquinia, Museo Archeologico Nazionale Tarquiniense. © Su concessione della S.B.A.E.M. - Museo Archeologico Nazionale Tarquiniense, Tarquinia. »FresqueMurale

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Soierie lyonnaise

logoTassinari&ChatelPhotographieGland de gauche : Tissu avec une représentation de gland décoratif (ressemblant à un gland de passementerie) orné de végétaux (feuilles de chêne …).

Tassinari & Chatel perpétue le savoir de fabrication de la soierie lyonnaise depuis 1680. C'est la plus ancienne manufacture de soierie de la capitale des Gaules. 

Lors des Journées du patrimoine des samedi 14 et dimanche 15 septembre elle ouvre les portes de ses archives parisiennes au second étage du 10 rue du Mail dans le second arrondissement de Paris, le matin les samedi et dimanche à 10h, 11h et 12h et l'après-midi le samedi à 14h, 15h, 16h et 17h et le dimanche à 14h, 15h et 16h. Une bonne occasion de découvrir ce métier et parcourir l'histoire de ce textile à travers une sélection unique d'étoffes de soie. Tassinari & Chatel conserve des archives depuis sa création permettant de retrouver les documents originaux et de fabriquer des copies exactes avec des produits et outils identiques à ceux utilisés dans d'anciens ateliers. Elle possède un très important fond textile, près de cent mille documents anciens et des livres de commandes et de dessins.

Voir aussi les articles La mode textile sous le Second Empire (la maison Tassinari & Chatel participe activement à cette exposition) et Lyon : capitale française de la soie.

Photographies du dessous : Motifs de médaillon avec couple de tourterelles dans leur nid entouré d'une couronne de fleurs, au milieu d'arabesques de style pompéien et fleuries dans le goût du XVIIIe siècle ; et  bouquets floraux.

TourterellesRoses



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Le négligé

LeNegligeGalantDetail500lmPhotographies du dessus et de gauche : LeNegligeGalant300lm'Le négligé galant', gravure d'époque XVIIIe siècle (1760) de M. Salvador Carmona, « Gravé d'après le Tableau Original de Charles Coypel Tiré du Cabinet de Mr. Le Conte de Vence, Maréchal des Camps et Armées du Roy. »

Le négligé est un art du vêtement particulier. C'est un substantif surtout associé à l'intimité et à la femme. Il ne s'emploie alors qu'au singulier, et au XVIIe siècle semble-t-il qu'avec les pronoms personnels. Il peut l'être comme adjectif, mais n'a alors rien à voir avec le fait d'être négligé, ce qui rebute tout élégance. La nuance est fondamentale. Dans le premier cas nous sommes dans le domaine de la mode et de la beauté, dans le second dans son contraire.

Le négligé est un1798BonnetNegligeDetail300lm habit assez simple, confortable et commode. On distingue : celui du matin que l'on porte au saut du lit ; le négligé élégant dans lequel on se permet occasionnellement de recevoir une personne chez soi ; ou le négligé galant qui exprime une recherche de plus d'intimité.

En privé le négligé est fréquent à des époques où en société la mode est aux corsets, robes à panier ou autres crinolines, perruques, falbalas et parures multiples, aussi bien féminines que masculines.

Lorsqu'un hôte impromptu s’annonce avant que l'on se soit préparé pour l'accueillir, on s'excuse de le recevoir « dans un tel négligé » qui peut être vestimentaire mais aussi au niveau des appartements dans lesquels il est convié.

1798BonnetNeglige300lmLe négligé vestimentaire recherché de la jolie femme apporte souvent une valeur sensuelle à sa personne mettant en avant sa beauté naturelle. Il a une vertu esthétique qui peut ne pas être érotique. Mais rappelons une nouvelle fois que cela n'a rien à voir avec le fait de se négliger, tout à contrario.

Le Grand vocabulaire français (1771) fait remarquer : « On dit aussi en peinture, dans un sens à peu près pareil, un beau négligé plaît souvent plus qu'une froide correction. »

J'ai trouvé plusieurs exemples où on associe l’adjectif 'négligé' à une coiffure. Aux pages 272 à 274 de L'Indicateur de 1778 est décrite la coiffure masculine « en Négligé Galant » (le texte est accompagné d'une gravure). D'autres exemples sont présentés ci-après.

Photographies de droite et de gauche : Planche n° 80 provenant du Journal des Dames et des Modes fondé à Paris en 1797. Il est écrit en haut « An 7 » ; ce qui correspond aux années 1798 - 1799. La légende indique : « Bonnet négligé garni en Comètes. Schall [châle] de Casimir. » Voici d'autres exemples d'à peu près la même époque : « Négligé à L'iphigénie », « Demi-Négligé »,  « Capote négligée ».

D'autres images : « Madame la Duchesse de Bouillon en déshabillé négligé assise sur un Sopha », « Jeune fille brune en négligé », « Jeune femme en négligé accoudée à une petite table »,   Négligé du matin, « L'agréable négligé », « Costume Négligé », « Costume Demi Négligé », « Négligé pour la Promenade »,  « Costume de Ville, Négligé ».

© Article et photographies LM

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Marchande de modes

MarchandeDeModes1778Tissus500lmPhotographie : Marchande de modes de 1778 choisissant des tissus présentés par des vendeurs, avec derrière elle deux de ses couturières à l'ouvrage.

© Article et photographie LM

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Exposition : Soufflot, un architecte dans la lumière.

2. Jean Luc Paill CMN300Photographie du dessus : « Panthéon, façade occidentale vue depuis la mairie du Ve arrondissement. Soufflot, Jacques‐Germain (1713‐1780). © Jean‐Luc Paillé ‐ Centre des monuments nationaux. »

Soufflot 30x40 cmjn300Photographie de gauche : « Portrait de Jacques-Germain Soufflot par Louis-Michel Van Loo. Musée du Louvre. © RMN-Grand Palais - Christian Jean. »

Du 11 septembre au 24 novembre 2013 le Centre des monuments nationaux présente au Panthéon une exposition, intitulée Soufflot, un architecte dans la lumière, sur Jacques-Germain Soufflot (1713 - 1780) auteur de ce monument néoclassique devant abriter la châsse de Sainte Geneviève, puis après la Révolution dédié aux grands hommes et femmes de France.

M. Soufflot étudie à l'Académie de France à Rome de 1731 à 1738 notamment l'art de la construction et en particulier Les Quatre livres de l'architecture d'Andrea Palladio (1508 - 1580) de la Renaissance italienne.

En 1747 il présente un mémoire sur l'architecture gothique qui est un des plus grands mouvements de l'architecture occidentale. Pourtant depuis la Renaissance, le Gothique n'est plus du tout à la mode, et continue à ne pas l'être au XVIIIe siècle. Voir à ce sujet l'article Les modes gothiques et le style troubadour du XIXe siècle.

7. Caroline Rose CMN300Photographie de droite : « Intérieur du dôme, escalier conduisant au lanternon - Soufflot. © Caroline Rose / Centre des monuments nationaux. »

Il retourne en Italie en compagnie du frère de la marquise de Pompadour (maîtresse et amie du roi Louis XV) : Abel-François Poisson de Vandières (1727 - 1781), futur marquis de Marigny (à partir de 1754) et de Ménars, et directeur général des Bâtiments du roi (en 1751). Ce dernier est lui aussi versé dans les arts. Le premier peintre du roi, Charles Antoine Coypel, est chargé de l'éducation artistique du jeune homme qui très tôt prend des responsabilités dans ce domaine. Le futur marquis de Marigny doit sélectionner, avec l'aide du peintre, les tableaux des collections royales qui composent au palais du Luxembourg le premier musée de France. À 18 ans il obtient la survivance de la direction générale des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures. C'est de 1749 à 1751 qu'il fait un séjour d'étude en Italie grâce à sa sœur, avec le graveur Charles Nicolas Cochin, le critique d’art abbé Leblanc et Jacques-Germain Soufflot. Ce voyage marque véritablement un renouveau du goût français (le retour au 'grand goût') et s'inscrit dans le mouvement néoclassique qui commence alors et perdure jusque vers 1830. C'est l'époque d'importantes fouilles archéologiques en Italie, à Herculanum et Pompéi, et d'une certaine Renaissance qui aboutit à la fin du siècle à la Révolution française toute emprunte de valeurs antiques.

11. Caroline Rose CMN300Photographie de gauche : « Panthéon, vue d'ensemble depuis le nord‐est. © Caroline Rose ‐ Centre des monuments nationaux. »

Le marquis de Marigny confie à M. Soufflot la construction de son hôtel particulier, le fait nommer contrôleur des bâtiments du Roi et admettre dans la première classe de l'Académie royale d'architecture de Paris en 1749, puis décorer chevalier de l'ordre de Saint-Michel et nommer directeur de la manufacture des Gobelins. Il l'installe au poste d'architecte de la nouvelle église Sainte-Geneviève, commencée en 1757, et appelée Panthéon après la fin de sa construction en 1790, à partir de 1791. Avec ce magnifique ouvrage qui trône au sommet de la prestigieuse colline Sainte-Geneviève, cœur du quartier intellectuel et étudiant de Paris, M. Souffot allie ses connaissances dans les architectures anciennes gothique et antiques, et plus nouvelles (pierre armée …).

ChapiteauxCorinthiens300Photographie de droite : « Péristyle, chapiteaux corinthiens. © Jean‐Pierre Delagarde ‐ Centre des monuments nationaux. »

C'est dans cet édifice que le Centre des monuments nationaux choisit de fêter le troisième centenaire de la naissance de Jacques-Germain Soufflot. Près de 150 œuvres sont présentées : peintures, sculptures, dessins, gravures, livres anciens, objets d’art, maquettes, provenant de grandes institutions françaises ainsi que de particuliers. L'exposition se termine par la maquette du chantier faite au XVIIIe siècle, et peut se poursuivre à travers une visite du Panthéon et notamment un parcours balisé conduisant à la crypte où se trouve la tombe de l'architecte où son corps repose depuis 1829.

Le Panthéon est un bâtiment remarquable. C'est de l'extérieur que je le trouve magnifique ; l'intérieur comprenant des peintures et sculptures des XIXe et XXe siècles qui jurent avec la grandeur et surtout la finesse du lieu. Sa silhouette de pierres, massive et élancée, et surtout son péristyle avec ses immenses colonnes et ses magnifiques chapiteaux corinthiens, sont un délice pour les yeux et pour l'âme.

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Un air de Renaissance : La musique au XVIe siècle.

Zacchia portrait joueur viole detail300Photographies de gauche et de droite :Zacchia portrait joueur viole300 « Paolo Zacchia ; Portrait d’un joueur de viole ; huile sur bois ; 89,1 x 62,5 cm ; Paris, musée du Louvre, département des Peintures ; © Rmn-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux.  »

Du 11 septembre 2013 au 6 janvier 2014 le Musée national de la Renaissance du Château d’Écouen propose une exposition intitulée Un air de Renaissance : La musique au XVIe siècle. « Le visiteur pourra découvrir les instruments et les répertoires de cette musique, les conditions matérielles de sa pratique ainsi que son rôle social, symbolique et politique, grâce à une centaine d’œuvres réunies parmi lesquels instruments de musique, partitions et traités ainsi que des tableaux, gravures et dessins ou encore des objets d’art. Le parcours thématique abordera quatre thèmes essentiels pour permettre l'immersion dans la musique de la Renaissance : la musique sacrée, traditions et mutations ; la musique profane et l'essor de la pratique instrumentale ; le retour à l’Antique ; les fastes de Cour : danses, fêtes, entrée royale. »

Photographie du dessous : « Giovanni Antonio Baffo ; Épinette ; Venise, 1570 ; bois doré et marqueté, billes d’ivoire ; 94,5 x 163 x 40 cm ; Écouen, musée national de la Renaissance ; © Rmn-Grand Palais (Musée de la Renaissance, château d’Écouen) / Gérard Blot.  »
Baffo epinette pentagonale400Photographie du dessous : « Italie, Deruta ? Plat : Orphée et Eurydice ; vers 1540 ; faïence polychrome ; Ø 38,5 cm ; Écouen, musée national de la Renaissance ; © RMN-Grand Palais (Musée de la Renaissance, château d’Écouen) / Stéphane Maréchalle. »Cafaggiolo plat Orphee Eurydice CC2-300

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Le blousé

blouse500lmPhotographies : Gravure faisant référence à la pièce Les Blouses, ou La soirée à la mode de 1822. Elle est du XIXe siècle et sans doute de l'époque de celle-ci. « N° 514 et 515. Costumes de POTIER rôle de BLOUSÉ et de BOSQUIER-GAVAUDAN rôle de MICHEL, dans les Blouses comédie-vaudeville de MM. Gabriel et Armand. Théâtre des Variétés. Chez Martinet. BLOUSÉ. Il vous manque la ceinture. MICHEL, le laboureur. Je la porte en dessous. BLOUSÉ. Ça ne doit pas faire aussi bien à l'oeil. »
blouseblanc300lmDans l'article intitulé La ou le rococo, je présente une estampe de vers 1822-24 avec un couple à la mode du moment dont la femme désigne à son compagnon des tissus : « Ce serait joli en blouse » dit-elle. À cette période ce genre de vêtement est très apprécié des modeux. C'est le sujet d'une « comédie-vaudeville en un acte » par MM. Dartois et Gabriel « représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des variétés, le 20 juillet 1822 » intitulée Les blouses, ou La soirée à la mode. La pièce est visible ici : archive.org. Un des personnages s'appelle Blousé. C'est « un élégant du jour, suivant toutes les modes ». Et l'une d'entre elles est celle de la blouse.
En 1822, en France, les petits-maîtres du moment sont les gandins et les dandys. La Révolution n'est pas encore très éloignée. Celle-ci n'a pas seulement mis à la mode l'Antique, mais aussi des tenues populaires. Les sans-culottes sont à l'origine d'une véritable mode et pas seulement dans le domaine vestimentaire. Leurs habits sont portés par les révolutionnaires et leurs manières utilisées volontairement. C'est ainsi que les pantalons, préalablement portés surtout par une population laborieuse deviennent de mode. C'est la même chose à cette époque pour la blouse qui est un autre symbole du peuple travailleur. Par la suite l’engouement pour le pantalon se retrouve dans toutes les couches de la société. La blouse reste aussi en vogue mais évidemment beaucoup moins longtemps ; mais si la pièce s'appelle Les blouses, ou La soirée à la mode, c'est que ce vêtement est, en 1822, encore très utilisé chez les jeunes suivant le goût du jour.

blousedetailcouplea300lmCe couple est en arrière plan de l'estampe. Leur position 'en chenille' est intéressante car caractéristique. C'est le sujet de l'article Le petit-maître en chenille. On retrouve cette façon dans la gravure présentée dans La parisienne et aussi dans la première de La civilité. Il s'agit d'une manière de révérence, d'accompagnement du salut par le corps en entier, pratique complètement oubliée aujourd'hui, comme le sont du reste les petit-maîtres et les belles manières.

© Article et photographies LM

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Le mois d'août

FleurJauneEtInsectePhotographies du dessus et dessous : Diverses fleurs jaunes. Bon c'est vrai ma description est lacunaire … mais je suis en vacances !

FleursJaunes2FleursJaunes1Suivant les endroits, se sont des haies d’honneur fleuries qui couronnent les chemins : bruyères, campanules, origan, millepertuis …

FleurJaune1Chaque fleur épanouie des linaires ressemble à une bouche pulpeuse que l’on a envie d’embrasser.

Les touffes de certains graminées forment de magnifiques bouquets, en particulier dans les bois, alors que dans les prés elles dessinent des tapis colorés aux teintes ensoleillées jaunes, vertes ou rouges, semblant embraser la terre de lumière de nectar. Leurs formes sont quelquefois particulièrement jolies et “ chaudes ”, douces au regard et au toucher.

Les fleurs sont nombreuses permettant de faire des bouquets variés. Mais on peut utiliser d’autres éléments telles certaines branches tombées, comme celles de pins ayant encore leurs fruits plus ou moins verts. Ces branches cependant jaunissent vite contrairement aux fleurs et graminées dont j'ai parlé en juillet.

FleursJaunes3L’achillée millefeuille, l’origan, la centaurée noire, la tanaisie conviennent à des bouquets de fleurs séchées.

Les feuilles du sureau noir laissées trempées douze heures dans de l’eau puis filtrées permettraient de préparer un liquide qui pulvérisé éloignerait certains insectes comme les moustiques.

Nombreuses sont les plantes aromatiques en été ; et certaines sentent particulièrement bon. Une des odeurs les plus agréablement fortes est celle de la mélisse (Melissa officinalis) avec son parfum citronné. C’est une véritable fête de la rencontrer. Les menthes sentent bon aussi : la menthe des champs (Mentha arvensis), la menthe aquatique (Mentha aquatica) ... On peut les trouver ensemble avec par exemple le calament officinal. Toutes sont de la famille des Labiées avec aussi  entre autres : marrube, lamiers, épiaire des bois, bétoine, lierre terrestre, brunelle, grand basilic sauvage (sarriette commune), chanvre d’eau, marjolaine sauvage (origan), thymus polytrichus, menthe pouliot, sauges … La plupart sont très utiles comme plantes médicinales et culinaires.

La douce saponaire est aussi agréablement odorante.

Parmi les plantes de 'bien-être' il y a la bruyère (Calluna vulgaris L.) du grec callunein 'balayer' (on peut en faire des balais). On récolte ses fleurs en août et septembre. C’est une plante dont l’infusion des fleurs est médicinale. Les bains aux fleurs de bruyère seraient conseillés aux rhumatisants. Les fleurs sèchent en gardant leur belle couleur. On confectionne une huile pour les reins en faisant macérer les sommités fleuries une semaine dans une bouteille en verre au soleil dans de l’huile d’olive en mélangeant chaque jour (passer et conserver fermée). On masse les parties sensibles du dos avec. La laine prendrait une couleur 'brun-noisette' quand on l’immerge dans un bain prolongé de rameaux broyés. Si on y ajoute des cristaux d’alun elle deviendrait jaune, noire avec un peu de sulfate de fer et bleue avec du sulfate de cuivre.

PanaisPhotographie du dessus : Panais.

Photographies du dessous : Fleurs violettes.

Fleursviolettes3Fleursviolettes1Les plantes médicinales sont nombreuses aussi ce mois. Je ne vais cependant pas m'attarder dessus dans cet article.

CampanuleJe vais le faire un peu concernant les plantes sauvages comestibles (comme toujours être sûr de ce que l'on ramasse). Il y en a plusieurs qui sont aromatiques. On les accommode en salades ; les ajoute aux plats ou à du beurre, à de l'huile, des fromages pour apporter du goût. L’huile à l’origan accompagne salades vertes et de tomates. Le fromage de chèvre mariné dans des plantes aromatiques lui donne de la saveur. Si on y ajoute certains épices comme du piment rouge coupé finement et du poivre noir en grains concassés, on prépare avec ce fromage, des olives noires, des tomates et des concombres une salade grecque bonne surtout par grandes chaleurs. La nourriture crétoise est connue pour être très saine et elle utiliserait aussi les plantes sauvages. Le vinaigre de plantes aromatiques se prépare de la même façon mais doit être mis au soleil et dans du vin blanc ou du cidre. Faire macérer pendant un ou deux mois.

ScabieusePhotographie de droite : Scabieuse.

On fabriquerait un hydromel à la bruyère (Calluna vulgaris L.) : Faire une décoction de fleurs, y diluer du miel, ajouter un peu de levure de bière, faire fermenter dix jours, filtrer. Il ne faut mettre en bouteille que lorsque la fermentation est achevée, c’est à dire quand le bouillonnement a totalement séché, sinon le récipient risque d’exploser.

OriganPhotographie de gauche : Origan.

On rencontre des champignons comme des bolets ou la coulemelle (Macrolepiota procera) dont on ne ramasse que celles dépassant les 10 cm, car les plus petites pourraient être des champignons dangereux. Ne pas la confondre aussi avec l’amanite panthère qui a un pied blanc contrairement à la coulemelle qui est tigré-brun. La girolle est un champignon qui se ramasse en été après les pluies d’orage. On la trouve principalement sur des sols non calcaires. C’est un très bon champignon simplement cuit avec du beurre mais qui ne conserve pas tout son goût après dessiccation. Citons comme autres champignons le mousseron d’automne qui se ramasse de mai à octobre après des averses dans des prairies. Ne pas arracher mais pincer le pied. Séché son arôme devient plus fort ; et il se consomme après avoir été baigné dans de l’eau ou en poudre. L’agaric champêtre (rosé des prés) se ramasse jeune, de la fin de l’été à octobre.

Si la salade sauvage la plus 'forte' en goût est celle du printemps, la plus délicieuse est celle faite en août s'il y a de l'origan. On y ajoute des feuilles d'achillée millefeuille, plantains, pissenlit etc. La salade de pourpier est délicieuse. On rencontre cette plante en région parisienne, en plein soleil, sur des terrains sablonneux.

Les jeunes feuilles encore tendres du cumin des prés (Carum Carvi L.) peuvent servir à aromatiser des salades, légumes et potages. Les graines s’emploient comme épice pour aromatiser pains, fromage, potages, pommes de terre …

Les graines d’achillée millefeuille mises dans un sachet entreposé dans un tonneau conserveraient le vin.

On prépare un délicieux velouté avec des racines de panais, carotte sauvage, feuilles de tussilage … Mais il faut ramasser les racines des deux premières plantes avant la première floraison, sinon elles deviennent ligneuses.

Photographies du dessous : Mûres, depuis la fleur jusqu'au fruit prêt à tomber.

MuresPhotographie de gauche : Prunelles.

PrunellesNous l’avons dit en juin, les rosacées fleuries sont magnifiques, et forment au printemps et au début de l’été de magnifiques tableaux. Après les fleurs, ce sont souvent des fruits non seulement agréables mais souvent délicieux qui s’offrent au regard et à la bouche. Au mois d’août il commence à y en avoir à foison, et ce sont de véritables vergers pour les gastronomes qui se présentent à leurs mains, au plaisir de leurs yeux et à celui de leurs papilles. Des mûriers peuvent se trouver près de sureaux noirs aux fruits nombreux, d’aubépines dont les cenelles aussi mûrissent lentement, de prunelliers... A propos des prunelliers, ceux qui apprécient les goûts variés et un peu 'fort', aimeront peut-être manger quelques prunelles qui le plus souvent sont très amères. Elles seraient plus douces cueillies après les premières gelées. On peut en faire du vinaigre en exprimant le jus (enlever les noyaux, écraser et passer à travers un linge que l’on serre), de la liqueur ... La confiture aurait des effets semblables à l’infusion des fleurs, c’est à dire antidiarrhéique, tonifiant etc.

Quant aux fruits de l’aubépine (les cenelles), on peut en faire des décoctions ayant les mêmes propriétés que les tisanes des fleurs.

Les fraises des bois sont plus rares qu'au mois précédent.

Il y a encore des pommes sauvages.

SureauNoirFruitsPhotographie de droite : Fruits du sureau noir.

Les fruits du sureau noir commencent à mûrir. On en fait des compotes. Crevés à la chaleur, puis pressés à travers un linge, ils donnent un jus de fruit pouvant être consommé ainsi ou cuit en 'rob'. Ces baies sont utiles en cas de rhumes et sont laxatives, de même que le jus ou sirop de ces fruits. Le 'rob' s’obtient en faisant réduire le jus à feu très doux jusqu’à ce qu’il épaississe au bout de plusieurs heures, tout en remuant de temps en temps pour qu’il n’attache pas, jusqu’à la consistance souhaitée. Le rob se prépare à partir de jus de fruits très doux. Ne pas confondre le sureau noir avec le sureau hièble dont les fruits, comme les racines, l’écorce ou les feuilles sont vomitifs et purgatifs. Froissées, les feuilles du sureau hièble dégagent une odeur désagréable ; de plus les ombrelles en fruits sont tournées vers le ciel contrairement à celles du sureau noir qui le sont vers la terre. Et puis le goût de ces fruit est désagréable.
GrandPlantainPhotographie de gauche : Grand plantain.

Peut-être trouverez-vous en même temps des framboises, des mûres, des fruits du sureau noir, des cenelles, des prunelles, des cynorhodons (fruits de l'églantier) … Mélangez-les (après avoir enlevé noyaux ou graines) pour en faire une confiture de fruits rouges.
Les noisettes pourraient se conserver jusqu’à cinq ans dans leur coque, si elles sont entreposées dans un endroit frais, sec et aéré. Décortiquées elles se gardent deux mois. Elles sont riches en composants nutritifs. Pressées les fruits du noisetier donnent une huile qui serait de qualité et de longue conservation. Sauce aux noisettes et à l’oseille : Faire revenir 50 g de noisettes coupées en deux dans une poêle sans matière grasse. Hacher menu 50 g de feuilles d’oseille, 50 g de feuilles de cresson et un oignon moyen. Mélanger intimement une cuillerée à soupe de jus de pomme et deux cuillerées à soupe de xérès ou de vinaigre de vin blanc. Saler, poivrer. Incorporer cinq cuillerées à soupe d’huile de noisette de première pression à froid. Ajouter les noisettes, les herbes et l’oignon. Cette sauce agrémente des légumes crus ou cuits à la vapeur.

Photographie du dessous : Sauterelle. Une fois j'ai vu une sauterelle se faire emmailloter totalement par une araignée en moins d'une dixième de seconde. Le temps que je réagisse pour faire fuir la coupable et celle-ci se trouvait prise dans un épais cocon de fils. Il m'a fallut de nombreuses minutes pour l'en débarrasser sans lui faire de mal. 
SauterelleSurOriganPhotographie du dessous : Une coccinelle sur la route.

CoccinelleSurLaRoutePoème

Li Po (701-762)10
Exilé de moi-même
" Devant le vin, le soir m’a surpris ;
Les fleurs tombées couvrent ma robe.
Ivre, je poursuis la lune dans l’eau ;
S’éloignent les oiseaux, se dispersent les hommes. "

Photographies du dessous : Carotte sauvage.

FleursCarotteSauvage2-300lmPhotographies du dessous : Fleurs d'eupatoire.

PapillonSurFleursPhotographies du dessous : Compagnon blanc.

CompagnonBlanc2CompagnonBlanc1CompagnonBlanc3Photographies du dessous : Berce.

BercePhotographie du dessous : Saponaire.

Saponaire418lm© Article et photographies LM

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L'aise intelligente, l'habile décontraction.

delachausseerecadre300lmPhotographie : Estampe de la première moitié du XVIIIe siècle ayant pour légende « Eq. Michael Angelus Causeus Delachausse Parisinus. »

La quiétude, la sérénité, la décontraction, l'aise, l'agrément, être détendu … je cherche en vain le mot français ou l'expression qui convient à cet état ; où l'esprit, le corps et l'entourage ne forment qu'un tout harmonieux, clair, vif et rempli de plaisir, de contentement, de joie ; où l'on ressent la satisfaction et la jouissance à chaque respiration, à chaque battement de cœur, à chaque mouvement … une félicité qui est intelligence, conscience du moment ; où le moindre rayon de soleil est un plaisir profond, comme la brise légère qui caresse notre peau, un corps gracieux qui se déplace, ou un visage ami qui nous sourit … où chaque chose est à la place qui lui convient le mieux ; où chaque élément, chaque mouvement de chacun de nos sens est un délice, une volupté fraîche, une félicité ; où le mot 'sens' rejoint celui de 'sensuel' mais aussi la pure pensée, la matière devenant esprit et vis-et-versa. Il existe sûrement un mot pour désigner cela. Cet état transparaît dans la façon de se mouvoir, de porter l'habit. Cette habile et intelligente décontraction est une des clés de la mode française, mais aussi de celle de l'Antiquité. Les habits grecs et romains faits de drapés appellent cette sérénité. La façon de porter le drapé, de se mouvoir à l'intérieur et avec, et d'envelopper dedans sa pensée, ou du moins de faire suivre le mouvement de l'esprit dans celui du corps jouant avec la matière, devient langage, savoir et jouissance de cela. On continue de se draper pendant tout le Moyen-âge et encore après. On le porte même sur l'armure. D'autres éléments s'ajoutent à ce bonheur vestimentaire. Le linge de corps blanc et donc propre apporte ce confort, cette fraîcheur, cette douceur. D'autres éléments comme la dentelle, les rubans ajoutent à cette finesse et prolongent avec grâce les mouvements … Si vous avez trouvé le mot, dites le moi s'il-vous-plaît !

© Article et photographie LM

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Le mois de juillet

OrchisBoux3a-300lmPhotographies du dessus : Orchis bouc, (Himantoglossum hircinum). Une des nombreuses espèces d'orchidées terrestres que l'on trouve à l'état sauvage en France.

OpusculesDeParnyLaJourneeChampetre300lmPhotographie de gauche : Poème intitulé 'La journée champêtre' provenant de : Opuscules de M. Le Chevalier De Parny, seconde partie, à Londres, chez Manoury, 1787, quatrième édition, de 16 x 11 cm.

Ce qui compte ce ne sont pas les choses, mais le regard que l'on porte sur elles. Cette vue est orientée par de multiples facteurs. La nature a toujours été la compagne de l'homme qui s'en ai aussi beaucoup méfié et a souvent essayé de la maîtriser. Ses possibilités sont aussi infinies que les appréciations que l'on fait de ses parties. Pour moi, ce qui m'impressionne, c'est la présence à nos pieds de plantes sauvages, que certains appellent des mauvaises herbes, pleines de propriétés, nous interpellant, dialoguant avec nous par leurs formes, leurs spécificités, leurs capacités ... et l'équilibre qui en résulte.

Si vous voulez découvrir une petite partie de la nature de la région parisienne en ce mois de juillet tout en étant loin, vous pouvez  vous promener virtuellement dans le bois de Vincennes en allant sur ce site : www.pixiflore.com (je remercie Connie de me l'avoir fait découvrir). Cela permet d'apprendre à reconnaître les plantes sauvages ou de compléter ses connaissances. Les photographies ont été prises en cette période estivale.

Millepertuisdetail1-300lmLes champs laissés en jachère ou non cultivés offrent des fleurs multicolores jaunes, bleues, rouges … et des graminées aux tons dorés, verts ou rouges.

Photographie de droite : Millepertuis perforé (Hypericum perforatum L.).

Le Millepertuis se trouve presque partout en région parisienne avec ses fleurs du soleil comme les rayons de cet astre, éclairant chemins boisés et prairies d’une couleur bienfaisante (surtout lorsque l’on sait que l’huile de la plante protège la peau des coups de soleil). Si vous froissez ses fleurs dans la main, votre peau rougira comme les prés à la toison écarlate ou rousse.

Les espèces de graminées sont nombreuses à se montrer. Chacune a une forme spécifique et sa beauté particulière formant de jolis bouquets dans les bois, les prés et les chemins. Du reste la fin du mois de juillet est le moment de la moisson du blé.

Photographie du dessous : Frontispice de Les Saisons, Poème traduit de l'anglais de Thompson, Londres, 1779. Cette gravure est datée de 1781. Elle est de Nicolas de Launay (1739- 1792) d'après un dessin de Clément Pierre Marillier (1740-1808). Elle représente les quatre saisons.

LesSaisonsThompson2-300lm

De nombreuses fleurs sont belles à contempler à cette époque, comme les petites centaurées.

Un champ d’Épilobes à feuilles étroites ressemble à un nuage rose/violet.

Pissenlit300lmPhotographie de gauche : Aigrette (ou pappus) de Pissenlit (Taraxacum officinale). Son nom vient de ses propriétés diurétiques.

Comme associations naturelles, on rencontre près des rivières et des étangs la Reine des prés avec la Salicaire. Il y a aussi l’Eupatoire que l’on trouve aussi dans les endroits plus secs et puis l'Origan, la Saponaire, l’Achillée millefeuille … Chaque parcelle propose son jardin d'agrément, magique, potager ou médicinal. L’Achillée millefeuille et l’Origan peuvent servir comme aromates. Les teintures de Reine-des-prés et d’Eupatoire s’administrent ensemble contre la grippe.

Un Buddleia (Arbre aux papillons) dans les bois ou même poussant spontanément en pleine ville dans des terrains vagues, est toujours une agréable rencontre ; surtout que les fleurs de celui-ci diffusent une odeur particulièrement bonne. Et c’est un arbuste dont les papillons affectionnent les fleurs comme celles de  l’origan et plus généralement semble-t-il les fleurs violettes. Cependant il s'agit d'une des nombreuses espèces s'étant introduites à l'état sauvage relativement récemment en France. Elle est originaire de Chine. Elle est critiquée car modifiant fortement l'écosystème où elle se développe.

Près de points d’eau des plantes reflètent leurs couleurs et formes élancées. Les fleurs de la Reine des prés sont d’un blanc crème scintillant plus pur que les reflets étincelants des rayons sur l’onde, traits lumineux qui teintent de rosé les fleurs d’Eupatoire, couleur de chair rougie, de même que de la Salicaire d’un pourpre de Tarente foncé. Salicaires purpurines, Eupatoires couleur chair et Reines des prés d'un blanc brillant, jouent sur les gradins des rives face au public des ondes et du ciel les esquissant sur les flots de son bleu azuré.

Dans les champs, les multiples fleurs des Crépis à tiges capillaires (Crepis capillaris)  parsèment d’étoiles les étendues de prés laissés en jachère avec de multiples autres espèces aux fleurs jaunes.

Celles de la Molène noire sont particulièrement jolies.

Les haies de Clématites sont blanches et pimpantes quand les fleurs s’épanouissent par centaines.

ClematiteDesHaies300lmPhotographie de droite : Clématite des haies (Clematis vitalba L.). Il s'agit d'une liane vivace sentant bon et ayant en hiver des fruits à l'apparence soyeuse et plumeuse.

La Circée de Paris est sans doute une plante magique car dans la mythologie grecque, Circé est une magicienne parmi les plus connues experte en potions.

Comme les graminées, les bruyères colorées forment des bouquets que dame nature semble avoir placés à dessein.

Aux formes et couleurs s'ajoutent les parfums. Les Clématites sont odorantes et on s’en rend compte quand on passe près d’un de ses bouquets. Séchées, les fleurs peuvent servir d’encens. Autour des Fougères exhale l'humus. Les forêts de Pin sylvestre ont une fragrance de résine particulièrement agréable lorsqu'il fait chaud.

Éclairé en plein jour par les cierges fleuris d’Aigremoines, au milieu des piliers d’un temple boisé, parmi les parfums de Myrrhe d’endroits baignés d’eau bénite de rosée et chauffés de soleil, au milieu de chœurs d’oiseaux, on peut apercevoir, une biche ou un cerf, un faon ou un chevreuil, même une harde ou une femelle avec ses enfants. Dans la nature, en silence, se joue en substance tous les dialogues humains et leurs mille langages. Les insectes rappellent les inventions mécaniques des hommes, les plantes leurs appétits en substance et tous les remèdes aux maux que la nature même invente, les plus gros animaux des caractères : le coucou triomphateur, libre et unique, d’autres oiseaux au nid coquet, les lapins furtifs et agiles, les chevreuils voluptueux remplis de vie … Dans cette église, les feuilles et les gouttes de rosée sont des vitraux dessinés par les branches que la lumière transperce doucement. Le berceau de l’étable est un nid d’oiseau, le souffle qui réchauffe celui de la biche et du cerf sur le faon ; les étoiles guident vers chacune des parcelles du ciel sans en laisser de côté, comme invitant à découvrir la nature toute entière dans son infinité. Qu’entends-tu jeune faon avec tes grandes oreilles qui s’agitent ? Vers qui s’adresse ton chant oiseau ? Et toi mésange bleue pourquoi tant de délicatesse dans la couleur de ta parure azurée ?

brunelle300lmPhotographie de gauche : Brunelle commune (Prunella vulgaris). Fleurie, elle ressemble à un aéroport pour abeilles à pistes multiples.

On peut confectionner de nombreux bouquets de fleurs, graminées et fougères. On a le choix. La plupart des fleurs indiquées en juin sont présentes ainsi que beaucoup d'autres. Il y a la Saponaire particulièrement jolie en bouquet unique ou en accompagnement d’autres fleurs : Origan, Sénéçon jacobée (une autre plante aux fleurs de soleil), Tanaisie, Crépis à tiges capillaires … Un autre bouquet composé d'Origan, Millepertuis, Campanule (s’il y en a beaucoup, car la campanule semble si fragile). Pour ceux qui aiment le Rose et les atmosphères douillettes et féminines, mélanger la Saponaire au Millefeuille. La Saponaire a des fleurs à cinq pétales qui s’ouvrent dans les vases, et leur odeur discrète est agréable. L’Achillée millefeuille porte de multiples petites fleurs blanches ou roses à l’odeur moins plaisante.

Millefeuille300lmPhotographie de droite : Fleurs d'Achillée millefeuille (Achillea millefolium). Il est déjà question de cette plante dans l'article du mois de juin.

De nombreuses fleurs forment de beaux bouquets séchés et d'agréables pots-pourris qui embellissent et parfument un endroit. On peut faire sécher à cet usage des fleurs de Roses par exemple. On a la possibilité de fabriquer des coussins odorants avec des plantes sauvages et de jardins ayant en plus des propriétés thérapeutiques, par exemple contre les migraines ou facilitant le sommeil comme la Menthe poivrée, la Sauge, la Lavande, l’Aspérule odorante (s’il en reste dans la nature) ... Dormir sur un matelas de Fougères mâles séchées ou de feuilles de Sureau noir soulagent les rhumatismes paraît-il. L’Aspérule odorante se mélange aussi aux fleurs séchées de la Reine-des-prés.

Les fleurs séchés qui gardent leurs couleurs et leur beauté sont plus nombreuses en juillet. Il y a l’Origan, avec ses teintes vert-foncées, roses et rouges, certaines Centaurées et de nombreuses graminées aux tons dorés, verts ou rouges. De couleurs voisines à l’Origan il y a la Bruyère et d’autres plantes qui sèchent très bien. Les graminées forment dans les champs des bouquets aux nuances dégradées et aux formes diverses et agréables.

Voici quelques noms de plantes médicales et de bien-être à cueillir autour de Paris au mois de juillet : Achillée millefeuille, Aigremoine, Armoise, Bardane, Bétoine, Bouillon blanc, Bourrache, Brunelle, Caille-lait, Centaurée (petite), Coquelicot, Eupatoire, Fumeterre, Genêt à balai. Géranium Robert, Guimauve, Linaire, Matricaire, Mauve, Millepertuis, Molène bouillon blanc, Noyer, Origan, Ortie, Plantains, Quintefeuille, Reine-des-prés, Ronce, Rose trémière, Salicaire, Saponaire, Tanaisie, Tormentille, Verge d’or, Verveine officinale et beaucoup d'autres. En France nous avons la chance d'avoir de très bonnes et complètes éditions de livres nous permettant de les reconnaître facilement et d'apprendre à les utiliser.

Mauves300lmPhotographie de gauche : Mauve des bois, (Malva sylvestris). C'est une plante aux jolies fleurs que l'on trouve à l'état sauvage même en plein Paris. Elle a des propriétés ornementales, gustatives, médicinales. Son nom est porté par une couleur. Ses fleurs donnent aux préparations cette teinte.

La Verveine officinale que l’on trouve dans la nature est différente de celle vendue généralement. Elle a cependant de nombreuses propriétés, et est tenue en haute estime durant l’Antiquité. La plante fleurie serait sédative, digestive,  antispasmodique, tonique, fortifiante, calmante, galactogène, antinévralgique, et en compresses chaudes en usage externe vulnéraire, pour soigner plaies, entorses, contusions, névralgies (décoction dans de l'eau, du vinaigre ou du vin) et en usage interne aussi pour traiter rhumatismes et migraines. Le nom Verbena proviendrait du latin Veneris 'Vénus' et herba herbe ; car la plante aurait été consacrée à Vénus par le romains. Les parties aériennes se cueillent de juillet à août. Elle agit contre les asthénies (diminution des forces), favorise la sécrétion lactée et est une tisane pour les femmes (agirait sur l’utérus).

Il paraît que la Tanaisie serait un vermifuge, un insecticide contre les fourmis, les mites, les puces, les punaises, les tiques, les moustiques en sachets de feuilles et d'inflorescences séchées. Un bouquet séché dans une cuisine ou une autre pièce est donc bénéfique et ornemental.

En ce mois de juillet on trouve de nombreuses plantes comestibles. Pour des salades, bien laver les plantes afin de ne pas vous faire piquer par un insecte dans la bouche, comme une fourmi. Laver à l'eau et tremper quelques minutes dans de l'eau mélangée à du vinaigre. Origan, Achillée millefeuille, Pissenlit, Trèfle des prés, Plantains ... sont de saison. Quelques fruits font leur apparition comme les Fraises des bois et les Pommes sauvages. Les soupes sont rafraîchissantes en été. Par exemple, faites bouillir des racines de Carottes sauvages coupées en morceaux pendant un quart d’heure et d’autres racines comme celles du Panais…, ajouter des plantes telles les feuilles et fleurs de Menthe des champs, d’Origan, de Calament, Trèfles, feuilles de Tussilage, Achillée millefeuille, Plantains, Orties … Si en juin les salades sauvages sont salutaires, en juillet et août les soupes apportent des éléments nutritifs importants avec en plus l’eau nécessaire à ces mois particulièrement chauds.

Fougeres300lmPhotographie de droite : Polypode commun (Polypodium vulgare L.) aussi appelé réglisse des bois ou réglisse sauvage, son rhizome ayant des propriétés médicinales et gastronomiques.

On peut faire du thé avec certaines plantes comme avec l'Aigremoine dont un des noms est « thé des bois » ou « thé du nord ». 

Des champignons se ramassent comme la Chanterelle, la Langue de bœuf, quelques Bolets.

Les fleurs et feuilles de Luzerne se mangent. 

On peut ajouter à un bouillon des fleurs de Molène bouillon blanc comme son nom l'indique.

L’Origan peut se trouver en quantité dans les champs. On hacher les jeunes feuilles et les fleurs et en parsème les salades, les soupes de légumes, les omelettes et d’autres plats d’oeufs ou de légumes cuits, les mélanger avec du fromage blanc ou du beurre pour accompagner les pommes de terre au four, les sauces tomates, les spaghettis et bien sûr les pizzas. Les fleurs et les jeunes feuilles broyées s'incorporent dans du beurre qu’elles aromatisent. L’Origan est de plus bon pour l’estomac, et son odeur quand il est frais est agréable.

Les fleurs de la Reine-des-prés donneraient du bouquet à un vin ordinaire. Crème brûlée à la Reine-des-prés : Mener à ébullition 40 cl de lait, baisser le feu, y ajouter 100 g de fleurs de Reine-des-prés, couvrir et laisser infuser 3 min. Pendant ce temps, mélanger vigoureusement 8 jaunes d’œufs, 180 g de fleur de sucre en poudre et 80 cl de crème fraîche, en prenant soin de ne pas former de bulles d’air. Passer le lait infusé au chinois et le verser sur la crème. Bien mélanger et ajouter le jus d’un citron. Préchauffer un four à 100° C (th. 3-4). Placer dans des moules disposés dans un plat creux dans lequel il y a de l’eau chaude jusqu’à mi-hauteur, et faire cuire une heure. La crème doit être ferme quand on remue le moule. Sortir du four et laisse tiédir. Saupoudrer de sucre roux non raffiné et mettre les moules de 1 à 2 sous le gril du four pour caraméliser la crème. Sorbet à la Reine-des-prés : Porter à ébullition 50 cl. d’eau mélangée à 180 g. de fleur de sucre. Dès que le sirop se met à bouillir, écumer et sortir du feu. Ajouter 100 g. de fleurs de Reine-des-prés. Couvrir et laisser infuser 5 min. sur le coin du feu sans laisser bouillir. Passer au chinois étamine, laisser refroidir et mettre au réfrigérateur. Battre un blanc d’œuf en neige. L’incorporer lorsqu’il commence à monter en neige dans le sirop bien froid. Faire prendre à la sorbetière.

Laiteron300lmPhotographie de gauche : Laiteron potager (Sonchus oleraceus). Les fleurs et les jeunes feuilles sont comestibles. Comme son nom l'indique, autrefois on cultive cette plante.

Les jeunes pousses de la Salicaire ou la moelle des tiges se cuisent en guise de légumes, et les feuilles s'utilisent comme thé.

On peut cristalliser des fleurs de Coquelicot, Mauve, Pâquerette, Pensée sauvage.

Si tous les fruits comestibles font de très bonnes confitures ou autres, ils se gardent très bien si on les sèche au soleil. Ainsi les fraises sauvages, framboises sauvages, mûres, fruits du Sureau noir, cenelles, cynorhodons … se conservent après avoir été dénoyautés si nécessaire et séchés au soleil, et s’ajoutent à des céréales.

Voici une façon de conserver les fruits rouges (fraises, cerises, framboises, myrtilles, mûres…) : Les mettre dans un pot en grès au fur et à mesure de leur cueillette. A chaque couche de fruits ajoutés saupoudrer de fleur de sucre et recouvrir d’eau-de-vie maison. On place sur le pot un film plastique puis le couvercle, et on laisse macérer jusqu’à Noël.

On ramasse les framboises au début juillet. On peut en faire du vinaigre.

Griottier, Merisier, Cerisier… les emplois médicinaux des diverses variétés de cerisiers sont souvent identiques et nombreux. On récolte les fruits et les queues de ceux-ci en juillet et août. Écrasés et appliquées sur la peau, les fruits régénèrent l’épiderme et embellissent le teint.

Fraisesdetail300lmPhotographie de droite : Fraisier des bois (Fragaria vesca).

Petit à petit des fleurs des ronces naissent les fruits. C’est un joli spectacle de voir sortir du coeur des fleurs les délicieuses mûres. Mais c’est surtout à partir du mois suivant que celles-ci sont les plus nombreuses. On peut cependant déjà faire de belles compositions de fruits sauvages. Si les fruits des Ronces sont parfois amers, ils sont bons mélangés avec de la fleur de sucre ou en tarte etc. Suivant la plante d’origine, ceux-ci ont des goûts particuliers. Il y a la Ronce bleuâtre (Rubus caesius) dont les fruits mûrs semblent couverts de pesticide (on dit recouvert de pruine) et assez fades mais bons en confiture. La Ronce commune (Rubus fruticosus) donne des mûres délicieuses, mais pas dès leur apparition en juillet. Le Framboisier produit aussi de très bons fruits. On peut ajouter à une confiture qui mélange ces fruits d’autres comme ceux du Fraisier ou du Sureau noir. Pour faire des confitures, recouvrez d’eau les fruits, et faites les bouillir puis cuire un quart d’heure ; puis mettez de la fleur de sucre (à peu près 2/3 du poids ou selon les goûts), et faites à nouveau bouillir puis cuire 10 mn. à peu près. Versez dans un pot en verre, et quand elle est refroidie, faites fondre au bain marri de la paraffine et recouvrez-en la confiture. Le fruit du Rubus fructicosus L. est nutritif, vivifiant, rafraîchissant. Les jus de fruits pressés conviennent pour les traitements de refroidissements, de l’entérite, de la diarrhée et comme remède diététique. Sirop de mûres : Faire dissoudre dans le jus pressé de la fleur de sucre à parts égales et cuire jusqu’à consistance sirupeuse. On ferait des teintures et de l’encre avec les mûres sauvages.

Il y a aussi le Groseillier rouge, le Cassissier, le Groseillier épineux, le Pommier …

pomme300lmPhotographie de gauche : Pomme sous un Pommier sauvage (Malus sylvestris (L.) Mill.). Ce fruit est amer mais j'adore !

Enfin certaines préparations de plantes permettent d'en entretenir d'autres. L’ortie qu’on laisse macérer d'une à trois semaines dans de l’eau, dans un tonneau en bois est indiquée aux pieds des plantations comme engrais. L’odeur qui s'en dégage est désagréable mais peut être atténuée en ajoutant une décoction d’ortie. Certaines plantes sont utilisées contre les parasites de toutes sortes.

© Article et photographies LM

 

 

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