La mode ne concerne pas seulement les vêtements, mais aussi bien d'autres éléments comme les idées. Un petit-maître cherche non seulement le raffinement dans ses habits et ses manières mais aussi dans la subtilité de son esprit. La poésie est un art qu'il apprécie. Certains s'adonnent aux sciences et à la philosophie. Ces disciplines sont des voies vers la liberté. Il en résulte, en France, un foisonnement intellectuel, avec par exemple ce que l'on appelle les libres penseurs.
Avec la Révolution naît en France le Républicain et ses multiples déclinaisons, depuis l'anarchiste jusqu'au partisan d'une royauté parlementaire. Un de ses principaux credo est la liberté. Ces républicains ont leur mode avec leurs habits, cafés, allures, manières … et bien sûr philosophie. Cette liberté s'exprime non seulement dans les révolutions, débats, manifestations etc. mais aussi dans les arts, où les artistes de plus en plus la revendiquent. Évidemment ce que je dis là est très caricatural, car le foisonnement intellectuel que la Révolution de 1789 exacerbe par la suite est vraiment très fort et se décline en une multitudes de courants dont il serait présomptueux de faire le résumé ici.
Un lieu parisien pourtant centralise au XIXe siècle cette émulsion, c'est l’hôtel de ville. Savez-vous que le nom de 'grève' vient de la place de Grève située devant l'hôtel de ville du côté de la Seine ? C'est un des principaux ports d'accostage des nautes ravitaillant la ville. Un peu plus loin, les halles sont le ventre de la capitale, le marché de vente en gros des produits alimentaires frais qui alimente toute la ville jusque dans les années 1970 où celles-ci sont déménagées à Rungis qui est le plus grand marché de produits frais au monde. De l'autre côté de l'Hôtel de ville le quartier du Marais est occupé au XIXe siècle principalement par des commerçants et des artisans. Un peu plus loin encore, à la Bastille, la rue du faubourg Saint-Antoine et ses marchands de meubles prennent une part importante dans la Révolution. C'est à l'Hôtel de ville que la Troisième République est proclamée en 1870 ; puis qu'en 1871 s'installe le Conseil de la Commune. Nous sommes en pleine lutte des classes. Ces soulèvements populaires sont soutenus par une multitude d'intellectuels … intellectuels qui jusqu'en 1868 occupent le devant de scène de la pensée à Paris.
Le XIXe siècle c'est aussi la grande époque de la libre-pensée qui refuse la pensée préfabriquée religieuse ou autre. Nous sommes même loin de la conception laïque dont on nous assène médiatiquement les préceptes ; qui se veut non religieuse mais qui n'est qu'une autre conception préfabriquée comme l'est la religion (évidemment ne pas confondre la religion et la spiritualité). Du reste le terme de 'laïcité' n'apparaîtrait qu'à partir de 1870 ; et ce n'est qu'à partir de 1958 que l'article 1 de la Constitution française stipule : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » Outre le fait qu'il y soit question de 'race' notion assez étonnante, cet article premier insiste sur la liberté de religion et de croyance ; ce qui est au demeurant plutôt surprenant, comme si ces deux notions surpassaient d'autres comme par exemple la philosophie, l'opinion, l'âge, le sexe, la condition etc. N'est-il pas étrange de parler de l'égalité des citoyens sans distinction et d'y ajouter des distinctions ? Le libre-penseur quant à lui refuse tout dogme.
Représentation d'un Républicain : 'L'avenir/ Républicain ami du Peuple'.
Photographies : Assiette de Creil d'avant 1820 : « Fondation de la République ».
© Article et photographies LM