Élisabeth Louise Vigée Le Brun : la première rétrospective française de cette femme artiste !

Cet article fait suite à celui intitulé Hommage à Madame Vigée Le Brun.

Les portraits composés par cette femme peintre du temps de l'humanisme des Lumières présentés dans l'exposition lui étant consacrée au Grand-Palais à Paris, révèle une humanité radieuse, belle, colorée, riche... et un état d'esprit galant. Cette élégance et cette frivolité, la Révolution de 1789 va la faire payer très cher, ce qui n'a fait qu'élever la valeur de cet humanisme qui transparaît dans chacune des touches de couleurs distillées par cette artiste et l'harmonie suave de ses compositions.

Nous sommes à l'époque des cacouacs (voir mon livre) puis des émigrés, des manières du bon ton et des gens de la vieille France qui ont, pour la plupart, tout perdu à la Révolution (pour beaucoup même la vie), mais dont la flamme est restée notamment dans le cœur des vrais merveilleuses et incroyables du Directoire (1795-1799).

Dans ce blog je compare souvent la peinture à la musique. Dans l'oeuvre de Mme Vigée Le Brun cela est d'autant plus facile que celle-ci peint plusieurs portraits de personnages avec une partition à la main, comme dans celui de La baronne Henri Charles Emmanuel de Crussol Florensac, née Bonne Marie Joséphine Gabrielle Bernard de Boulainvilliers (photographies ci-dessous), datant de 1785 (Toulouse, musée des Augustins, © Photo : Daniel Martin). Les notes semblent sortir de l’obscurité pour aller vers la lumière, en une envolée lyrique vers la clarté que l'on retrouve dans toute la peinture d'Élisabeth Louise Vigée Le Brun. Cet élan est retranscrit avec beaucoup de délicatesse, de sensualité, avec une douceur presque maternelle, ou bien celle de l'amante, enfin très féminine, avec un subtil mélange des couleurs et des fondus lumineux qui habituent l'âme et son œil à l'éclat et la magnificence. Cette lumière qui suit les notes pour s'échapper de l'ombre trouve une apothéose dans la suavité du visage radieux du modèle, dont la lumière est entièrement chair.

Cette magnificence, cet essor vers et dans la lumière, sont très présents dans le portrait de « Madame Grand, née Noël Catherine Verlée (1761-1835) » de 1783 (photographies ci-dessous). Le modèle tient lui aussi une partition dans sa main droite. Voilà ce qu'en dit le cartel de l'exposition : « La toile reçut un accueil favorable de la part de la critique, qui en souligna la sensualité envoûtante. La couleur de la peau du modèle est d'une délicatesse remarquable. Les textures et les ombres colorées du tissu du fauteuil et des rubans de la robe sont peintes de façon magistrale. La manière dont les yeux de la jeune femme sont tournés vers le haut et ses lèvres entrouvertes découvrant ses dents ont conduit à penser que pour cette œuvre Vigée Le Brun avait à l'esprit la Sainte Cécile du Dominiquin, conservée dans les collections royales françaises (musée du Louvre). » Nous sommes dans ce que notre époque appellerait une spiritualité 'laïque' ... Je dis cela par amusement.

Le modèle ci-dessus est particulièrement beau... charmant. C'est le cas pour les nombreux autres portraits faits par l'artiste. En voici ci-dessous. Pour un passionné de mode comme moi, c'est un délice de goûter la préciosité des tissus, des rubans, des mousselines, des dentelles... les agencements de couleurs, matières... la finesse des détails des broderies etc.

Le jaune du tableau ci-avant est ce qu'on appelle au XVIIIe siècle une « couleur tendre ».

Les deux portraits ci-dessous sont touchants pour moi car représentant deux petites-maîtresses de l'aristocratie, des jeunes filles en avance sur leur temps, celle de gauche une des premières habillées avec une robe en chemise et celle de droite dans un style historicisant (avec ses manches à crevés) qui sera très en vogue pendant tout le XIXe siècle. Le premier tableau est un portrait de Jeanne Bécu comtesse Du Barry (1743-1793) de 1781. Comme le dit le cartel : « L'image rend hommage à la maîtresse déchue de Louis XV, soulignant sa beauté et sa liberté vestimentaire que de nombreuses dames de la cour cherchèrent à imiter. » Le second portrait est celui de la Maréchale-comtesse de Mailly, née Blanche Charlotte Marie Félicité de Narbonne Pelet (1761-1840), de 1783.

Ci-après sont présentés (les échelles des tableaux ne sont pas respectées) deux portraits exécutés par des femmes peintres de l'époque de Mme Vigée Le Brun. Il s'agit à gauche d'un autoportrait de Mme Louis Filleul de Besne, née Anne Rosalie Bocquet (1752-1794) de vers 1779, et à droite d'un portrait de Marie Émilie Louise Victoire de Coutances (1749-1802), épouse d'Hilarion de Becdelievre, par Adélaïde Labille Guiard (1749-1803) datant de vers 1787.

L'intérêt de cette exposition est aussi de nous montrer les collègues femmes de l'artiste. Les femmes peintres à son époque sont nombreuses mais peu connues et reconnues aujourd'hui.

Le tableau ci-dessous est emblématique du travail de Mme Vigée Le Brun sur la lumière et les couleurs. Ces dernières sont chatoyantes et les tissus particulièrement bien exécutés. La composition est traversée verticalement par l'ombre sans doute d'une branche, mettant en relief les visages.

Ci-dessous il s'agit du seul tableau représentant une dame devant sa table de toilette, ici avec son fils. Il s'agit d'un grand pastel sur papier marouflé de 1777. Je me suis amusé à prendre les reflets des visages de la peinture près de celle-ci qui semblent miroiter sur le flacon alors que c'est sur la glace qui protège l'oeuvre.

Au fait, n'avez-vous rien trouvé d'étrange dans l'affiche de l'exposition (première image) ? Elle présente un portrait de Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, duchesse de Polignac, exécuté par Élisabeth Louise Vigée Le Brun, et non pas un autoportrait de la peintre comme on le supposerait étant donné le titre de l'exposition, même si le modèle ressemble beaucoup à l'artiste.

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La vie de château

Voilà une personne qui met le patrimoine à l'honneur. Jean-Louis Remilleux vend une grande partie de sa très belle collection d'art en grande majorité français afin de sauvegarder son château bourguignon du XVIIIe siècle.

Cette vente intitulée La vie de château est organisée à Paris par Christies les 28 et 29 septembre. Le catalogue est visible ici.

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« Paris Culture 15/16 », le nouveau guide sur la saison culturelle à Paris.

« Parmi les centaines de rendez-vous proposés par les 133 lieux et les 300 acteurs culturels soutenus par la ville, la Direction des affaires culturelles de la Ville de Paris a retenu une centaine de propositions mettant en valeur ces structures. »

Le 'guide' est téléchargeable ici. Ici la page dédiée de la mairie de Paris.

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Joie de Vivre

Franchement, celui qui a eu l'idée de l'exposition Joie de Vivre mérite toute notre admiration. Voilà un thème particulièrement radieux !

Cela se passe du 26 septembre 2015 au 17 janvier 2016 au Palais des Beaux-Arts des Lille.

Elle rassemble plus de cent-vingts œuvres, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, dont de nombreux chefs-d’œuvre de Boucher, Fragonard, Tiepolo, Carpeaux, Monet, Renoir etc. Celles-ci sont présentées à travers cinq sections : Sous le soleil exactement, Bonheurs, Liens, Liesses, Corps joyeux.

Le communiqué de presse cite un passage de L’Énergie spirituelle du philosophe français Henri Bergson (1859-1941) : « Partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie ».

Photographie du haut : « Marguerite Gérard. L’enfant chéri. Huile sur toile, 60 x 73 cm. Washington DC, Hillwood Estate Museum & Garden. © Hillwood Estate, Museum and Gardens. »

Photographie de gauche : « Anonyme. Couple dans un lit, Amants de Bordeaux. Fin Ier - Début III ème siècle ap. J-C. Terre cuite, 6.3 x 7 x 12 cm. Saint-Germain-En-Laye, Musée Archéologie. National. © Rmn-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale) / Gérard Blot. »

Photographies ci-dessous : « Nikolaï Kousnetzov. Jour de fête. 1879. Huile sur toile, 55 x 98 cm. Moscou, Galerie nationale Tretiakov. © Galerie nationale Tretiakov. »

Photographies ci-dessous : « François Watteau de Lille. Une fête au Colisée. 1787-1792. Huile sur toile, 76.5 x 92.3 cm. Lille, Palais des Beaux-Arts. © Rmn-Grand Palais / Philipp Bernard. »

Photographies ci-dessous : « Anonyme. Enfants jouant au ballon. IIème siècle ap. JC. Fragments de relief, marbre 23 x 69 cm. Paris, musée du Louvre, antiquités grecques étrusques et romaines. © Rmn-Grand palais (musée du Louvre) / Gérard Blot. »

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C'est officiel : Nos dirigeants culturels consultent des voyants !

Cela recommence... il semblerait que beaucoup de ceux qui ont à se reprocher leur politique culturelle essayent de noyer le poisson en nous parlant de contemporain et d'avenir. Après des journées du Patrimoine consacrées au Patrimoine du XXIème siècle, voici que le Louvre, dont l'avenir de la stature est compromis (voir cet article), propose, du 24 septembre 2015 au 4 janvier 2016, une exposition intitulée Une brève histoire de l’avenir, qui plus est inspirée du livre de Jacques Attali Une brève histoire de l’avenir, paru en 2006 et réédité devinez quand ?? En août 2015 !

L'affiche de cette exposition (voir les photographies) ne laisse aucun doute sur la manière dont les dirigeants du musée envisagent l'avenir : la guerre, le feu. C'est peut-être pour cela que toutes les réserves du Louvre vont être déménagées à Liévin, et non pas, comme l'ont cru certains, pour éviter une inondation avec le débordement de la Seine.

Est-ce que dans l'administration du Louvre on emploie des devins pour prédire la guerre et la destruction ? C'est sans doute cette pythie qui a prévu qu'Abou Dabi allait devenir une grande démocratie bientôt recouverte d'une fraîche, verte et luxuriante nature.

Là où j'ai un doute sur l'efficacité des mages du Louvre, c'est qu'ils ont choisi Jacques Attali pour les représenter. N'oublions pas que celui-ci a largement contribué à la déchéance de la France. Premier conseiller de François Mitterrand, il continue de donner ses conseils 'salvateurs' pour le futur, alors que nous l'avons tous vu à l'oeuvre ! Une catastrophe s'annonce... c'est sûr... car continuer à écouter des personnes ayant montré leur incapacité n'est pas un bon signe... Je dis ça... mais moi je ne crois pas aux divinations.

En tout cas cette exposition nous donne une vision plus claire de qui est aux manettes dans cette institution... et surtout quelle philosophie... quel état d'esprit... On comprend mieux pourquoi le Louvre est devenu un grand centre commercial, pourquoi il a été créé le Louvre Abou Dabi et pourquoi les réserves du Louvre veulent être déplacées à Liévin.

Dans la novlangue bien particulière de notre époque de communication, ceux qui sont les acteurs de la déchéance de la France et de sa culture se dépeignent comme les garants de l'avenir... ceux qui prennent en main notre futur...

Une brève histoire de l’avenir est une exposition présentée dès la première phrase du dossier de presse comme un « Événement majeur de la programmation de l’automne du musée du Louvre, cette exposition est inspirée du livre éponyme de Jacques Attali, Une brève histoire de l’avenir (Fayard, 2006. Nouvelle édition août 2015). » C'était l'instant pub... pour tous les services rendus par ce collabo...rateur d'avenir !

Continuons avec la phrase suivante : « Pluridisciplinaire, elle fait dialoguer des œuvres insignes du passé avec des créations contemporaines afin de retracer au présent un récit du passé susceptible d’éclairer notre regard sur l’avenir. » L'art contemporain, notre grand sauveur (!?!?!?!), est une nouvelle fois appelé à la rescousse... lui qui depuis quarante ans ne fait qu'annoncer le chaos !!!!

Pour une telle « exposition événement », le Louvre a rassemblé deux-cents œuvres anciennes qui dialoguent avec celles de douze artistes contemporains. On y trouve de très belles choses et de très laides. C'est cela que l'on appelle la décadence ! La décadence c'est ne pas connaître la mesure des choses, leur valeur, de tout mélanger ou pire de remplacer le précieux par le vil. On le voit par exemple dans la manière dont des bâtiments d'une grande valeur patrimoniale sont détruits et remplacés par de l'architecture bas de gamme. C'est même écoeurant de constater la liberté qu'ont certains pour faire n'importe quoi.

On est dans l'enfumage. L'art contemporain aujourd'hui c'est surtout cela, de même que la politique, l'économie etc. Dans notre société de communication cela est aisé. Comme dans cette exposition, on utilise un vocabulaire et des idées qui ne veulent absolument rien dire. Les gens qui ne comprennent pas pensent que cela doit les dépasser par la subtilité du propos ! Cependant dans Une brève histoire de l'avenir il est clairement montré que ceux qui ont conçu cette exposition, non seulement ne connaissent pas l'avenir, mais expriment leur incapacité à comprendre le présent.

Et dire que des personnes sont payées pour exprimer cette décadence, et peuvent avoir accès à des lieux, ou comme pour cette exposition à des objets d'exception, alors que les autres doivent payer quinze euros pour une exhibition où tout est mélangé, où on prépare toujours le chaos... Cela fait frémir de voir de belles oeuvres au milieu de cela, comme de magnifiques casques celtes, gaulois, byzantins... une admirable tenture de Sibylle etc. L'exposition finit même par des sibylles et des prophètes, ce qui démontre qu'elle n'a rien de prophétique et que ce sont sur ces ruines que des personnages comme Jacques Attali, ont contribué à créer, que se construira le monde de demain, si nous arrivons à sortir de cette ère atomique. En attendant aimons notre patrimoine et oublions ces gens... même s'il est difficile d'éviter leurs déjections présentées dans cette exposition sur un plateau d'or.

Évidemment à la sortie on vend des livres devinez de qui ?

Et pour montrer combien notre futur est déterminé par l'extra-lucide Jacques Attali, véritable apôtre de la nouvelle Europe du XXIe siècle, « Au même moment, à Bruxelles, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique interprètent le même essai dans l’exposition « 2050. Une brève histoire de l’avenir » (11/09/2015 - 24/01/2016). »

Voilà donc nos sauveurs à la 1984 de George Orwell. 1984 est une année que Jacques Attali a pourtant bien connu !

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Hommage à Madame Vigée Le Brun

Élisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842) est mise à l'honneur au Grand Palais à Paris (Galeries Nationales entrée Clemenceau) du 23 septembre 2015 au 11 janvier 2016.

Il s'agit de la première rétrospective française consacrée à l’ensemble de l’œuvre de cette femme artiste dont la vie s’étend du règne de Louis XV à celui de Louis-Philippe.

Elle réunit cent-cinquante-huit œuvres dont cent-quarante de l'artiste avec certaines exposées, pour la première fois. La plupart sont donc de ce peintre mais aussi de quelques amis. Toutes, sauf une œuvre je crois, sont des portraits ou des portraits en situation qui proviennent de prestigieux établissements et de nombreuses collections particulières.

Si le premier étage de l'exposition est en particulier consacré à l'après Révolution, j'ai beaucoup plus apprécié le rez-de-chaussée où nous est peinte une société du dernier tiers du XVIIIe siècle et du début du XIXe.

Dès l'entrée on se trouve dans l'intimité du peintre avec de nombreux autoportraits. On y découvre une femme belle, très à la mode, libre, au goût raffiné et à la peinture délicate.

Le premier auto-portrait est celui où elle est en train de peindre le visage de Marie-Antoinette (voir ci-dessus). Il a été composé en 1790 lors du début de son exil à la Révolution.

Il est suivi d'un autoportrait « au ruban cerise » datant de 1782, dont la photographie est ci-dessous. Mme Vigée Le Brun a alors 27 ans. Son visage est d'une grâce harmonieuse avec de grands yeux, un joli petit nez sans doute un peu en trompette et une délicate bouche aux lèvres couleur cerise comme le ruban noué sur sa poitrine, retenant le triple col de sa robe 'en chemise'. Cette dernière est une tenue à la mode et provocante, habit auparavant réservé à l'intimité, annonçant les vaporeuses robes 'à l'antique'. Le corset est déjà abandonné, remplacé par une ceinture large, sans doute en soie, de la même couleur que son ruban. Une sorte de manteau noir aux graciles dentelles, un chapeau du même ton et ses cheveux contrastent avec la robe blanche, mettant en avant le teint de nacre de l'artiste qui arrive pourtant à faire ressortir la lumière immaculée de ses yeux et leur transparence opaline par la comparaison avec les boucles d'oreille qu'elle porte, comme le rouge de ses joues et de sa bouche sont rehaussés par la soie couleur cerise. Le fond sombre, sans motifs, concentre le regard du spectateur sur ce merveilleux buste.

Auguste Pajou (1730-1809) exalte cette beauté dans la terre cuite ci-dessus à gauche de Mme Vigée Le Brun. Les autoportraits ci-dessous présentent une femme à la mode de son époque, aimant particulièrement le rouge, le noir et le blanc. Durant la Révolution ce sont les couleurs des royalistes (avec le vert), le blanc pour le roi, le noir pour le deuil et le rouge pour le sang des guillotinés. Mais même ses autoportraits antérieurs à cette période marquent cette préférence.

La partie suivante sur les proches d'Élisabeth Vigée Le Brun m'a particulièrement intéressé. On comprend qu'elle était entourée de gens fins, de beaucoup d'artistes, d'un petit cénacle de jeunes modernes. Elle est née dans l'art, avec son père, Louis Vigée, pastelliste qui lui apprend la peinture dès son plus jeune âge avant de décéder quand elle a douze ans. Il lui conseille de ne suivre aucune école... de faire à sa manière. Comme elle l'explique, elle n'a pas eu de maître proprement dit. Elle côtoie très tôt des peintres célèbres comme Joseph Vernet (1714-1789) ou Jean-Baptiste Greuze (1725-1805). Elle peint son premier tableau reconnu à l'âge de quinze ans. Il s'agit d'un portrait de sa mère présent dans l'exposition. Elle a aussi de nombreux amis artistes de sa génération, hommes et femmes. C'est une femme à la mode, une merveilleuse d'avant la Révolution, une représentante de la 'vieille France' d'Ancien Régime qu'elle peint avec ravissement.

L'autoportrait de Jean-Baptiste-Pierre Le Brun (1748-1813) ci-dessous est de 1795. Il s'agit du mari d'Élisabeth Louise Vigée. C'est un artiste peintre, un collectionneur et un des plus importants marchands de tableaux et experts de Paris. Il a notamment contribué à accroître la collection royale à l'origine du Louvre. Comme sa femme, avec qui il devait former un très joli couple, il a un style à la mode.. celui du merveilleux.

Ci-dessous autoportrait du beau-frère et ami de Mme Vigée Le Brun, Auguste-Louis-Jean-Baptiste Rivière (1761-1833), comme elle artiste.

Comme les précédentes parties de l'exposition, la quatrième sur « Les années de formation » et la cinquième sur « La consécration » sont émouvantes. On suit à travers ses premiers tableaux l'apprentissage du peintre, son talent inné pour faire surgir les étoffes sous son pinceau, harmoniser les couleurs, donner à ses portraits des airs de jouissance, faire d'un portrait la représentation d'un dieu moderne sans fioritures antiques mais avec la précision du génie.

Bien que très attachée au roi et à l'aristocratie, sa peinture est finalement assez 'bourgeoise'. Son oeuvre est dans l'idéal des Lumières où la nature et le naturel prévalent. Cette nature humaine est étudiée dans ses détails par le recours de la science de l'art, les recherches de l'artiste sur la couleur, les jeux d'ombre et de lumière, le dessin etc. Cette quête de la perfection, à travers la nature de ce qui fait la femme ou l'homme représenté dans la société et dans son humanité, transcende le modèle, lui donnant une aura presque spirituelle. C'est souvent des personnages peints que semble jaillir la lumière. Ses sujets sont habillés avec beaucoup de soin et exécutés avec encore plus. Ceux-ci sont le plus souvent des personnalités importantes toujours peintes avec un mélange de dignité et de simplicité... une fraîcheur propre à l'artiste.

La partie sur « La consécration » nous expose une artiste qui savoure sa gloire qui est aussi le triomphe de sa féminité. Tous les personnages des peintures choisies sont allégoriques ou mythologiques, et sont des femmes à moitié dénudées exhibant pour la plupart au moins un de leurs seins au spectateur afin qu'il goûte à l'abondance de cette création toute féminine... Il est vrai que toutes les créations sont avant tout féminines ! La peinture de Vigée Le Brun l'est particulièrement, et goûteuse. Elle exprime un raffinement, résultat d'un véritable bonheur de peindre ; un ravissement qui transparaît dans son utilisation de la couleur et de la peinture dont surgit une brillance, donnant aux traits, aux vêtements, à tous les éléments de ses compositions une beauté radieuse. Ce don pour peindre avec émerveillement, précision, jouer avec la lumière et l'ombre, les couleurs, et son dessin 'vivant', lui offrent une liberté de ton qui était dans l'air du temps de la seconde partie du XVIIIe siècle.

Photographie ci-dessous : Vénus présentant sa ceinture à Junon.

Madame Vigée Le Brun a produit de très célèbres portraits comme certains de la reine Marie-Antoinette. Ci-dessous celui de gauche la représente en grand habit de cour (1778), et à droite « en chemise ou en gaulle » (1783), aussi appelée « robe en chemise ». Deux autres portraits d'autres femmes de l'aristocratie, plus anciens, peints par l'artiste et visibles dans l'exposition, les montrent ainsi habillées. Mais ici c'est la reine, ce qui fit grand bruit. On est en effet très loin de l'habit de cour à la française avec la robe à paniers, mais au début de la robe 'à l'antique' des merveilleuses du Directoire (1795-99). Crédits photographiques de l'image de gauche : © Kunsthistorisches Museum, Vienne ; et pour celle de droite : © Hessische Hausstiftung, Kronberg im Taunus.

Ce qui est intéressant dans cette exposition c'est aussi que dans sa partie précédant 1789, elle nous baigne au milieu des merveilleuses des années 1770-1780. Marie-Antoinette, qui voit les jeunes nobles les plus à la mode se faire croquer par l'artiste qui a du chic (mot provenant de l'univers de la peinture... voir à ce sujet mon livre sur Les Petits-maîtres de la mode), lui commande de nombreux portraits. Ne serait-ce que pour contempler ces jeunes égéries de la mode d'alors, dont Mme Vigée Le Brun fait partie, l'exposition mérite le détour.

Les peintures des contemporains d'Élisabeth Louise Vigée Le Brun présentées sont aussi un délice, comme l'imposant tableau (210,8 x 151,1 cm) ci-dessous d'Adélaïde Labille Guiard (1749-1803) intitulé L’artiste dans son atelier avec deux de ses élèves, Marie Gabrielle Capet et Marie Marguerite Carreaux de Rosemond (1785).

Cliquer ici pour lire la suite avec le second article sur cette exposition !

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L’abbaye cistercienne de Clairvaux fête ses neuf-cents ans

Cette année, l’abbaye cistercienne de Clairvaux, dans l’Aube en Champagne, fête les neuf-cents ans de sa fondation, avec un nouveau parcours de visite, de nombreuses manifestations et une exposition à Troyes, jusqu'au 15 novembre, intitulée : Clairvaux. L’aventure cistercienne, présentant « la vie monastique, politique, économique, artistique et intellectuelle de Clairvaux du XIIe au XVIIIe siècle » à travers cent-cinquante « documents originaux, manuscrits et objets inédits venus de toute l’Europe ».

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Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (3) : Le nouveau leurre de la liberté de création culturelle.

Articles déjà publiés sur ce projet de loi :

1 - Vous avez dit « création », « architecture » et « patrimoine » ?

2 - Une vision d'ensemble chaotique.

Pour en savoir plus sur ce projet de loi.

Dans cet article je vais m'intéresser au passage de ce projet de loi devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale le 16 septembre dernier et plus particulièrement au titre I de ce texte.

Les députés ont présenté 476 amendements dont certains ont été adoptés par la commission. Le texte du projet de loi s'en trouve donc dès à présent changé, ce qui continuera de se produire lors de ses prochains passages à l'hémicycle de l'Assemblée nationale, puis à la commission des Affaires culturelles et l'hémicycle du Sénat, puis lors d'un second passage dans ces deux assemblées avant une ultime réunion en commission mixte paritaire qui permettra à l'Assemblée nationale et au Sénat de se mettre d'accord en modifiant encore, si nécessaire, la rédaction. Les amendements de la commission des Affaires culturelle sont visibles ici. Beaucoup trop de ces amendements en rajoutent dans le blabla inutile, et surtout la plupart de ceux adoptés ne font que renforcer la direction prise par ce texte.

Le TITRE I du Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine est sur les « Dispositions relatives à la liberté de création et à la création artistique ».

Son CHAPITRE 1ER comprend les « Dispositions relatives à la liberté de création artistique ».

L'ARTICLE 1 commence sur les chapeaux de roues. Le voici : « La création artistique est libre. » C'est bien de le rappeler. Et puis ça ne mange pas de pain puisque le ministère fait des lois et pas de philosophie. Je suppose que cela veut dire que « l'artiste est libre de créer ». La liberté de tous les hommes n'est-elle pas déjà inscrite dans la devise de la République « Liberté, Égalité, Fraternité » et dans les Droits de l'homme ? Selon notre législation, la loi est la garante de notre liberté. Il serait intéressant de savoir qu'est-ce que Mme le ministre appelle un « artiste », une « création » et comment elle envisage la « liberté » ? Le reste de ce projet nous en donne une idée... Et puis comme je l'ai dit dans mon article précédent, il y a la question de savoir ce qu'on appelle « la création artistique ». Il serait plus juste de dire que « La liberté d'expression est un droit fondamental. »

L'article 1 n'a pas été modifié par la commission.

Deux autres articles complètent ce chapitre :

L'ARTICLE 2 est sur la politique de l’État et des collectivités publiques « en faveur de la création artistique ». Voilà donc ce que le ministère appelle « la liberté artistique » : aider ce que le pouvoir considère comme étant de l'art. Cet article est une logorrhée que l'on pourrait remplacer simplement par « L’État, les collectivités territoriales et leurs groupements, ainsi que leurs établissements publics garantissent la liberté de création artistique [ou la liberté d'expression]. » Et encore !

Prenons les premiers verbes de chacun des objectifs de la politique culturelle que propose ce gouvernement dans ce second article : « soutenir », « favoriser », « développer », « promouvoir », « contribuer à ». Les chemins culturels sont balisés... L'artiste n'est plus celui qui a pour mission de guider la société, de la faire avancer, qui l'inspire (lui-même étant inspiré) ; au contraire il devient celui qui est guidé, aidé... et gare à lui s'il dépasse les bornes... il lui arrivera ce qu'il y a de pire : il n'aura pas d'argent, pas de moyens, pas d'écoute... et s'il ne suit pas la bonne parole on le mettra face à la loi. Cet article est très tendancieux. Finalement cette liberté artistique est très politique, politisée : c'est un art du piston !

L'article 2 a été amendé par la commission. Un amendement des Républicains a été adopté (AC161) visant à favoriser l'aide publique à la création artistique « d'expression originale française ». Il est important que cela soit le cas. La proposition du groupe communiste à travers Mme Buffet de faire en sorte que le service public ne cautionne pas les productions culturelles commerciales et industrielles me semble intéressante (AC53). Mais cela n'a pas été retenu.

L'ARTICLE 3 a encore moins sa place dans ce chapitre puisqu'il traite de la possibilité donnée au ministère de la Culture d'attribuer des labels à des structures culturelles ! En guise de liberté artistique, il est proposé d'organiser le paysage culturel français à l'aide de ces labels ! On entre dans ce qu'annonce l'article 2 : la soupe artistique publique, la petite popote des élus, de l'administration et de leur cour. Pour ce gouvernement, la « liberté de création artistique » consiste avant tout à choisir qui a le droit d'être subventionné.

L'article 3 a été changé par un seul amendement du rapporteur (socialiste) AC469.

Voilà pour la liberté de création artistique ! Après on n'en parle plus. Le mot « liberté » n'est plus dans aucun article depuis l'article 3 inclus jusqu'au dernier : l'article 46. En un article et demi la liberté de création artistique est torchée. Pourtant ce thème est présenté dans le titre comme étant un des trois grands sujets de ce projet de loi avec l'architecture et le patrimoine !

La suite de cette première partie est un véritable fourre-tout plein de charabia, où on a l'impression que pour survivre un artiste doit faire appel à au moins un avocat pour le défendre... de même pour tous ceux qui veulent se lancer dans la production de nouveaux artistes... Autant dire que cela incite plus à émigrer qu'à rester en France.

La commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale, au lieu de calmer cette fièvre a ajouté de nouveaux articles !

Le CHAPITRE II du titre premier est sur « Le partage et la transparence des rémunérations dans les secteurs de la création artistique ». Ah oui les sous ! La préoccupation première de nos 'élus' (élus rarement à une vraie majorité ceci dit) qui adorent gérer celui des autres ! Surtout il s'agit encore une fois (après les lois dites Hadopi) de bien délimiter comment on a le droit de gagner de l'argent dans le domaine du numérique, avec qui et finalement aussi qui (face à une telle complexité ce n'est pas l'artiste qui est avantagé). L'argent étant à la base de la censure actuelle, mettre de telles dispositions dans le titre I sur « la liberté de création » et « la création artistique » est presque une provocation. En plus écrire des lignes et des lignes absconses pour obliger à plus de « transparence » c'est un peu gonflé !

L’ARTICLE 4 est sur les contrats conclus entre un artiste-interprète et un producteur de phonogrammes. Et oui Big-Brother s'occupe de tout !

LES ARTICLES 5 à 7 ont aussi pour sujet la musique en ligne. L’article 7 institue un médiateur de la musique. D'abord on complexifie, ensuite on place son médiateur, et finalement on ne fait que des mécontents ! Voilà ce que le ministère de la Culture appelle aider la liberté de création artistique !

Beaucoup d'amendements ont été proposés sur les articles 4 à 6, certains acceptés, mais toujours allant dans le même sens. Quant à l'article 7, plusieurs amendements voulaient le supprimer ; mais aucun de ceux-ci n'a été retenu.

Les ARTICLES 8 et 9 s'occupent en particulier de la filière cinématographique aidée par le public et de la transparence des comptes de production, d'exploitation. Cela semble plutôt normal non ?

L'ARTICLE 10 parle encore d'argent : « le nerf de la guerre » comme disent certains. On est dans les « recettes d'exploitation ».

Les articles 8, 9 et 10 ont largement été amendés par le rapporteur de l'Assemblée nationale (socialiste), ce qui montre combien même dans ses parties les plus technocratiques ce texte n'était pas abouti. Et ce surenchérissement de détails fait frémir. Est-ce que le Parlement est un lieu politique ou juste une administration comme une autre ? Après l'article 10 de nouveaux sont ajoutés comme le AC332 du Gouvernement sur la pratique artistique amateur, assez surréaliste... du Ubu Roi ! Pour la suite, jusqu'à la fin de ce titre I (jusqu'à l'article 17) c'est du même acabit !

Le CHAPITRE III (ARTICLES 11 à 13) intitulé « Promouvoir la diversité culturelle et élargir l’accès à l’offre culturelle » est notamment sur l'amélioration de l’intégration des personnes en situation de handicap. J'ai dit ce que j'en pense dans l'article précédent. C'est un peu court comme vision de la diversité et de l'élargissement. Il est vrai qu'en aidant les personnes en situation de handicap on aide tout le monde, on crée une société plus douce, plus harmonieuse, plus accessible. Mais ici, c'est un système d'exceptions qui est créé, et non pas un système ouvert à tous.

Le CHAPITRE IV (ARTICLES 14 à 16), « Développer et pérenniser l’emploi et l’activité professionnelle » met notamment en place dans son article 16 un observatoire de la création artistique et de la diversité culturelle... l'oeil de Big-Brother ayant en charge de collecter les données.

Le CHAPITRE V (ARTICLE 17), sur l'« Enseignement supérieur » donne lui aussi le ton de cette liberté et de cette création artistique. J'en parle dans l'article précédent.

Si chacun est censé connaître la loi, il devrait être obligatoire de la rédiger de manière claire, simple aussi !

Sous cet amphigouri on constate qu'il n'y a aucune structure d'ensemble, aucune vision de ce qu'est la création artistique et de sa fonction dans la société, mais un assemblage de mesures disparates favorisant une politique culturelle gestionnaire, de copinage et d'argent.

La liberté et la création artistiques ce ne sont pas des lois qui doivent les régler. Ce sont d'abord des artistes qui la font ! Qu'ils soient libres c'est une nécessité. Qu'on les aide à être libres et créer c'est n’importe quoi. On n'aide pas un oiseau à voler !

Au lieu de faire des lois, le Gouvernement devrait plutôt favoriser la culture française en arrêtant d'aider les structures multinationales anglo-saxonnes (par exemple en leur accordant des réductions d'impôts... même l’Élysée a son compte Facebook) et en créant des moteurs de recherche et des sites dédiés à notre patrimoine, où vidéos, téléfilms, films anciens et autres musiques en français soient accessibles par tous sans payer. Le succès du site de l'INA à ses débuts n'a pas par exemple occasionné la possibilité d'élargir son corpus visible et d'en assurer la gratuité totale etc. etc. etc. Contrairement aux sites américains où ce sont le plus souvent les grosses entreprises qui payent par l'intermédiaire notamment de la publicité, le gouvernement français fait surtout le choix de faire payer les citoyens.

De plus le Gouvernement cherche à créer un modèle économique de la culture en France... Est-ce son rôle ? En guise de liberté de création artistique il propose un système pyramidal fourre-tout, pire qu'inutile : insidieux.

Suite lundi prochain avec l'article intitulé : Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (4) : Quelle liberté quand il n'y a plus de démocratie ? Dans cet article je vais continuer d'analyser la suite de ce projet de loi et les amendements de la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale. Le lundi 28 sera aussi le jour du premier passage de ce texte à l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

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Destruction de la Samaritaine

Tenant mon blog seul, je n'ai pas beaucoup de temps pour faire des investigations poussées sur de nombreux dossiers. Surtout que pour les plus 'chauds' on ne reçoit généralement pas de communiqués de presse !

En passant en vélib' devant la Samaritaine à Paris je me suis rendu compte que des travaux avaient commencé à cet endroit. Voici ce qui est indiqué sur le permis de construire placardé sur une des façades datant du 17 décembre 2012 (voir la photographie ci-dessous) :

« Nature du projet : Restructuration d'un ensemble de bâtiments inscrit au titre des Monuments Historiques par arrêté préfectoral du 25/07/1990, de 7 à 10 étages sur 4 niveaux de sous-sols, composé du bâtiment « Sauvage » de 10 étages à usage d'hôtel de tourisme (14 423,00 m2) et de 2 bâtiments « jourdain Plateau » et « jourdain Verrière » de 7 étages à usage de commerce (19 493,00 m2), de bureau (11 598,00 m2), de crèche (1 133,00 m2), de stationnement (47 places) et d'habitation (55 logements sociaux créés), avec démolition et reconstruction de planchers à tous les niveaux, restauration totale des façades sur rue et aménagement d'une cour intérieure. » Ensuite on apprend que la « Surface des bâtiments à démolir » est de « 25 690 m2 » et que la superficie hors œuvre nette créée est de « 15 201 m2 ».

Ce permis de construire nous informe que tous les bâtiments de la Samaritaine étaient inscrits au titre des Monuments historiques, mais que 25 690 m2 vont être ou sont déjà détruits. Pour le reste, il ne va être gardé que les façades du bâtiment donnant sur le pont Neuf et quelques murs. Puisque tous les planchers d'époque vont être détruits, cela veut dire qu'à l'intérieur il ne restera plus grand chose d'origine. C'est donc en plein centre de Paris que ce vandalisme aura lieu. Comme les façades extérieures seront conservées on ne verra pas comment vont se passer les travaux à l'intérieur du reste bien cachés.

Je rappelle que ces bâtiments étaient classés (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!), que le permis de construire avait été annulé le 13 mai 2014 par le tribunal administratif de Paris, que cette décision avait été confirmée le 5 janvier 2015 par la cour administrative d'appel de Paris, mais que le conseil d’État l'a récemment validé. Je rappelle aussi que c'est LVMH (groupe français numéro un mondial du luxe) qui possède le lieu et le vandalise... Quant à ceux qui ont pris cette décision au Conseil d'État, bien au chaud dans un Palais-Royal du XVIIe siècle, ils ne valent pas beaucoup mieux, et donnent un exemple plus que déplorable... ravageur...

Au sujet de Madame le maire de Paris qui est fière d'avoir obtenu que des logements sociaux, une crèche et des commerces y soient inclus... je ne vais rien dire de peur d'être particulièrement grossier.

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Présentation du plan de 'rénovation' du patrimoine muséal de Paris par la mairie.

Anne Hidalgo a dévoilé ce mardi 15 septembre, lors d'une conférence de presse, son plan de rénovation du patrimoine muséal de Paris aux côtés de Bruno Julliard (premier adjoint « en charge de la culture, du patrimoine, des métiers d’art, des entreprises culturelles, de la nuit et des relations avec les mairies d’arrondissement »... cela donne une idée de la pagaille qu'il doit y avoir dans les services de la mairie), et de Delphine Levy (directrice générale de Paris Musées).

Lors de la conférence de presse, de même que dans le communiqué de presse, la première chose mentionnée est la question pécuniaire. Personnellement je trouve cela vulgaire. Le communiqué de presse indique un « plan d’investissement de cent millions d'euros » permettant notamment d'entreprendre des travaux de restauration et de modernisation de musées parisiens. Le chiffre est rond... mais en réalité la ville n'investira que quatre-vingt-sept millions, cette dernière comptant sur d'autres participations : celles de l’État, de mécénats privés. Il a été créé en mai 2015 un fonds de dotation de la Ville de Paris dont l'objectif est la recherche de mécénat d’entreprise.

Mme le maire a ensuite révélé les principaux 'chantiers' de ce plan, qui concernent les musées municipaux de Carnavalet, de la Résistance, Galliera, le palais de Tokyo et le musée Bourdelle.

- Le musée Carnavalet est consacré à l'histoire de Paris des origines de la ville à nos jours. Il est situé dans deux hôtels particuliers : l'hôtel de Carnavalet (édifié entre 1548 et 1560) et l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau (construit vers 1690). La cour d'honneur du premier hôtel vient d'être restaurée (j'en parlerai dans un prochain article). D'autres travaux vont être entrepris dans le reste du musée ainsi qu'une réorganisation de la présentation. Voir à ce sujet l'article intitulé Le Cabinet des Arts graphiques du Musée Carnavalet.

- Un nouveau musée de la Résistance va être créé. Il regroupera le musée Général-Leclerc - Jean-Moulin (qui ne date pourtant que de 1994) et le musée de l'Ordre de la Libération. Il sera placé dans les 'pavillons Ledoux' (deux bâtiments néo-classiques identiques construits par l'architecte Claude Nicolas Ledoux en 1787) et sous la place Denfert-Rochereau. L'entrée des catacombes de Paris est actuellement adossée à l'une de ces deux architectures. J'espère qu'on ne va pas une nouvelle fois détruire des murs et des galeries anciens pour cela. J'espère aussi qu'on n'y parlera pas seulement de résistances passées mais aussi des contemporaines... mais cela m'étonnerait. Je rappelle que la France est aujourd'hui un pays occupé par un pouvoir étranger à ses valeurs et des collaborateurs de ce pouvoir (une hydre) n'hésitant pas à pactiser avec les plus infâmes dictatures et les plus veules des marchands de mort.

- Le palais Galliera, musée de la Mode, est le troisième grand bénéficiaire de ce plan. Il va être agrandi et une collection permanente s'y tiendra, ce qui n'est pas le cas jusqu'à présent. Comme précédemment, espérons que cela n'endommagera pas le palais de la duchesse de Galliera (bâti entre 1878 et 1894). Créer un musée de la mode digne de ce nom est nécessaire à Paris, capitale mondiale de cette discipline. Il faudrait que ce musée ne soit pas seulement consacré aux habits mais aussi à tout ce qui constitue véritablement la mode et ses mouvements. Voir les articles intitulés Le musée de la mode du Palais Galliera et La mode de la rue et mon livre sur la mode.

D'autres travaux d'envergure ont été cités concernant le musée d'Art moderne (palais de Tokyo) et le musée Bourdelle.

Voilà pour les prochains grands travaux dans les musées de la mairie de Paris !

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L'Orient à Vendeuvre

Jusqu'à la fin de cette année, le château de Vendeuvre est sous le signe de l'Extrême-Orient avec l'exposition L'Orient à Vendeuvre. Celle-ci évoque la fascination de la France du XVIIIe siècle pour cette contrée que l'on imagine fabuleuse, presque onirique. Les objets importés par la compagnie des Indes suscitent beaucoup d'intérêt, notamment la porcelaine et la laque, ainsi que les motifs, architectures, représentations picturales... venus de l'autre côté de la terre.

Cette exposition se passe dans le château de Vendeuvre, du XVIIIe, « richement meublé », évoquant la vie quotidienne au siècle des Lumières, et dont l'orangerie exhibe une collection « unique au monde » de mobilier miniature. Voilà un musée comme je les aime, ne se contentant pas d'aligner des œuvres, mais aussi de les restituer dans leur contexte. J'en reparlerai.

Photographie du haut : Buffet de porcelaines 'bleu et blanc' du XVIIIe siècle importées de Chine par la compagnie française des Indes orientales. © Château de Vendeuvre.

Photographie de gauche : Table du XVIIIe siècle avec une soupière et son plateau en porcelaine d'Imari (Japon). © Château de Vendeuvre.

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Vente aux enchères

La maison de ventes aux enchères Lombrail-Teucquam propose ce samedi 19 septembre des objets anciens pour enfants. Le catalogue est visible ici.

Photographie ci-dessus : « Superbe diminutif ancien d'un coupé hippomobile attelé dans l'esprit de ceux qui firent fureur sous la Restauration. Superbe réalisation avec cocher, fabrication indéterminée. Restaurations diverses et certaines parties refaites.. L 70 cm. Deux chevaux superbement sculptés. (XIXème). » © Photographie et texte provenant du catalogue.

Photographie de gauche : « "Joséphine BONAPARTE, Impératrices des Français" » poupée en bois articulé de Nüremberg, visage sculpté et peint corps aux membres articulés. H 36 cm. Porte un habit de cérémonie avec manteau impérial en velours carmin décoré d'abeilles en or (symboles du Premier Empire) sur une robe de cérémonie en soie ivoire à manches ballons, souliers en cuir et bas en soie. Soie fusée par endroits. Porte également des bijoux miniatures (boucles d'oreille, couronne impériale, et boucle de ceinture en métal très fin.) (circa 1805). » © Photographie et texte provenant du catalogue.

Photographie ci-dessous : « "PANDORE" Mannequin de présentation de vitrine, de taille humaine, en bois sculpté avec mains fines peintes amovibles et bras articulés du XVIIIème siècle à buste au visage finement peint de femme magnifiquement sculpté avec yeux placés en intaille. Buste posé sur la reconstitution d'un panier en bois. H 1,60 m. » © Photographie et texte provenant du catalogue.

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Le garde meuble en voyage : Luxe et ingéniosité du bivouac de Napoléon.

Du 18 septembre au 13 décembre 2015, au milieu de l’exposition L’Esprit et la main, héritage et savoir faire du Mobilier national, est exposé le bivouac de Napoléon, dont la restauration des objets a été réalisée par les ateliers du Mobilier national.

« Présentée en 2014 au Musée des Beaux-arts, Palais Fesch à Ajaccio puis à Portoferraio, Italie, l'exposition parisienne entend montrer, autour d'une tente impériale restaurée en 2013, l'ingéniosité d'objets prestigieux comme la somptuosité de l'artisanat de l’Empire. Éléments de campement (utilisés pour le coucher, le repas, la toilette ou encore le travail), documents d'archives ou brevets d'inventions ou encore documents iconographiques et œuvres picturales [offrent] une vision la plus complète possible de la vie des bivouacs de Napoléon. »

Photographie de gauche : « Bivouac de Napoléon reconstitué. © Isabelle Bideau / Mobilier national. »

Photographie de droite : « Nécessaire de portemanteau de l'Empereur [par] Martin-Guillaume Biennais. © Fondation Napoléon. »

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La Villa Flora et le musée Marmottan

Cet article fait suite à celui présentant l'exposition Villa Flora - Les temps enchantés : la collection particulière d'Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler qui se déroule jusqu'au 07 février 2016 au Musée Marmottan Monet à Paris.

Il y a trois raisons d'aller voir cette exposition : le jardin du Ranelagh qui se trouve à côté, le musée Marmottan Monet et cette exposition.

Le jardin du Ranelagh, ou du moins le quartier autour se prolongeant jusqu'au bois de Boulogne, a une histoire particulière. Dès la fin du XVIIIe siècle les jardins de l'ancien château de la Muette sont un lieu à la mode. Le bal du Ranelagh ouvre en 1774 avec son café et son restaurant. Il est encore en vogue au XIXe siècle. Pendant la Révolution française, ces jardins sont un des rendez-vous des muscadins. Incroyables et merveilleuses s'y promènent pendant tout le Consulat et l'Empire.

S'il ne semble rester pas grand chose dans le jardin du Ranelagh rappelant la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, ce n'est pas le cas dans l'hôtel particulier qui accueille le musée Marmottan Monet. Celui-ci possède une importante collection de cette époque, avec des très belles salles décorées avec du mobilier et des objets d'art de cette période. Les bronzes notamment sont magnifiques, de même que les portraits, comme ceux peints par Louis Léopold Boilly (1761-1845)... Ce musée abrite aussi des œuvres du Moyen-âge (en particulier une importante collection d'enluminures), d'autres de Berthe Morisot (1841-1895) et de Claude Monet (1840-1926), ainsi que des exemples de tous les grands maîtres et des peintres moins connus des mouvements impressionniste et postimpressionniste.

Quant à l'exposition sur la Villa Flora, elle présente des chefs-d’œuvre de Félix Vallotton (1865-1925), Giovanni Giacometti (1868 -1933), Édouard Vuillard (1868-1940), Henri Matisse(1869-1954), Paul Cézanne (1839-1906), Vincent van Gogh (1853-1890), etc.

J'ai particulièrement été impressionné par l'usage de la couleur chez certains de ces artistes. Vallotton utilise une palette très fine de verts, et déploie dans certains de ses tableaux, comme dans celui intitulé L'Estérel et la baie de Cannes, une intelligence de 'l'espace de la couleur', où les teintes entrent dans l'esprit et y façonnent leur environnement, leurs formes qui n'existent pourtant plus par le dessin (les traits ont disparu) mais par les lumières que les coloris font surgir. Il s'agit d'une véritable expérience méditative où la matière est forme et couleur et lumière et esprit. La peinture, sa matière, est couleurs et par-là-même lumières. C'est l'agencement de ces teintes qui créent les contours, autant sur le tableau que dans notre esprit qui recompose par les rayonnements chamarrés qu'il découvre dans l'oeuvre un espace. Tout cela, on ne peut le ressentir en voyant une photographie d'un de ces tableaux, car la matière picturale est importante ; c'est elle qui est lumière : la couleur (matière) utilisée selon le rythme du peintre, donnant non seulement à voir un paysage ou des êtres mais une réalité actuelle, ouvrant un champ de couleurs en notre esprit, exprimant une impression, donnant à voir la palette infinie que la lumière crée par les formes. Il semble que comme dans l'exposition sur les mystères d'Osiris (voir ici) on est dans une initiation... mais intimiste.

Photographie de gauche : Costume du personnel masculin de l'accueil, avec un logo reprenant Impression soleil levant de Monet. © LM.

Photographie de droite : « Vincent van Gogh. La Fête du 14 juillet à Paris. 1886. Huile sur toile. Collection particulière, Villa Flora, Winterthur. » Si la photographie ne donne rien, le tableau lui est magnifique... très inspirant... on se baigne littéralement à l'intérieur.

Photographies ci-dessous prises dans le jardin du Ranelagh et autour. © LM.

Photographies ci-dessous : Quelques exemples de salles avec de nombreux objets d'art Premier Empire. Celle de droite donne sur une autre avec de nombreux portraits faits par Louis Léopold Boilly (Je n'ai pas eu le droit de faire davantage de photographies). Au milieu de l'image se trouve une statue en marbre blanc de L'Amour et Psyché (école d'Antonio Canova : 1757-1822). © LM.

Photographies ci-dessous : Peintures de Félix Vallotton. © LM.

Photographie ci-dessous : Édouard Vuillard, La partie de dames, 1906. © LM.

Photographies ci-dessous : À gauche - Vincent van Gogh, Le Semeur, déjà présenté dans le premier article. © Hahnloser/Jaeggli Stiftung, Winterthur. Photo Reto Pedrini, Zürich. À droite - Détail du tableau. Van Gogh sème la peinture sur la toile comme des graines dans la terre. La toile (la terre) est visible comme on le constate sur la photographie de gauche. La couleur s'y infiltre comme en notre esprit afin d'y germer en espace fait de lumières.

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Fragonard amoureux, galant et libertin.

Du 16 septembre 2015 au 24 janvier 2016 le musée du Luxembourg expose un Fragonard amoureux, galant et libertin à travers une sélection exceptionnelle de plus de quatre-vingt-douze œuvres provenant pour beaucoup de collections particulières.

Soixante-trois créations de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) « sont mises en regard avec celles de certains de ses contemporains avec qui il noua un dialogue fécond autour de la représentation du sentiment amoureux : François Boucher bien sûr, mais aussi Pierre-Antoine Baudouin, Jean-Baptiste Greuze ou encore les illustrateurs Charles Eisen et Jean-Michel Moreau le jeune ainsi que les écrivains Diderot, Rousseau, Crébillon ou Claude-Joseph Dorat. »

Il est remarquable de pouvoir apprécier tous ces chefs-d'oeuvre ensemble. Il s'agit cependant de peintures de cabinets et boudoirs, intimes, des commandes de particuliers, n'étant pas faites pour être exhibées à un large public. Une présentation bourgeoise, en dehors du contexte et sans mise en scène, donne l'impression de marcher au milieu de ruines antiques. Suffit-il de montrer des oeuvres exceptionnelles pour que l'esprit soit là ? L'esprit c'est Amour et Plaisir réunis. Cherchons-le donc.

D'abord il y a l'amour de la peinture. Fragonard l'aime... et cela se voit. Il l'exprime de diverses manières mais toujours avec virtuosité. Sa toile intitulée Renaud entre dans la forêt enchantée (1761-1765, voir ci-dessous) en donne un exemple. Son thème principal semble être la couleur et le rythme que le pinceau donne à sa pâte. Des aplats de teintes primaires (rouge, bleu, vert, jaune, magenta) et des coups de pinceau surgissent de délicates formes, des visages poupins, des corps gracieux, des tons délicats... comme par magie... celle de l'art. Le tableau est rythme, musique. On entend la fibre du pinceau-instrument du peintre et les notes formées par les pincements de couleurs sur la toile. On distingue du reste des musiciennes. L'une joue de la flûte, une autre pince les cordes d'une harpe, un Amour s'occupe avec un tambourin...

Dans Les débuts du modèle (vers 1770-73, voir ci-dessous), le peintre dévoile sa peinture et la délicatesse de celle-ci, symbolysée par le modèle encore timide. Il donne à son oeuvre plus de saveur, révèle le plaisir qu'elle peut susciter pour qui sait l'apprécier. Il joue avec la virginité de la toile derrière lui, aussi blanche que son modèle... une virginité symbolisée par un tiroir entrouvert d'où sort un voile. C'est bien le spectateur que regarde le modèle, allégorie de la peinture qui se révèle à lui par l'artiste à travers son oeuvre et son modèle, comme l'aurore surgit de la nuit endormie et lascive de la peinture intitulée L'Aurore triomphe de la Nuit (vers 1755-56, voir la peinture qui suit). Dans L'instant désiré (plus bas), le corps de la peinture est lumière.

Dans La Chemise enlevée (vers 1770, voir ci-dessous), l'oeuvre est directement dévoilée par Amour qui fait surgir de la toile blanche une Vénus, dont les courbes délicates sont mises en valeur par les drapés. Comme Aphrodite naît de l'écume des flots, le modèle surgit ici de la texture très présente de la peinture blanche qui tourbillonne pour offrir en son sein une perle de chair et de nacre, bientôt totalement nue, dont seul un léger ruban bleu noué dans la blonde chevelure rappelle la civilisation... une coquetterie... un jeu...

Fragonard rappelle que l'amour est une chose naturelle, dans le sens de la Nature ; qu'il est l'expression de son rythme. Dans L'île d'Amour (vers 1770, voir ci-dessous, mais ma photographie ne rend rien), les êtres humains n'occupent qu'une infime partie de l'oeuvre, la Nature y étant le personnage principal, une entité redoutable mais peu terrible, aux remous ressemblant à un jeu plus qu'à un danger et des troncs qui paraissent des éclairs... une nature que savourent de plaisir des femmes et des hommes protégés par la civilisation (des embarcations, une terrasse).

L'esprit de l'Amour est dans la Nature... non pas dans la civilisation, dans un âge d'or dont certains bergers et bergères sont les derniers dépositaires de la mémoire, avant que l'eau claire se trouble définitivement avec la Révolution dont Fragonard a été un des témoins.

Photographie ci-dessous : Pâtre jouant de la flûte, bergère l'écoutant, vers 1765.

Première photographie de l'article à gauche : Détail « Jean-Honoré Fragonard. Le Colin-Maillard. Vers 1750-1752. 116,8 x 91,4 cm ; huile sur toile. Etats-Unis, Toledo Art Museum. © Toledo Museum of Art. »

Photographies ci-dessous : « Jean-Honoré Fragonard. La Fontaine d’amour. Vers 1785. 64,1 x 52,7 cm ; huile sur toile. Los Angeles, The J. Paul Getty Museum. © Digital image courtesy of the Getty’s Open Content Program. »

Photographies ci-dessous : À gauche - « Jean-Honoré Fragonard. Le Baiser. 52 x 65 cm ; huile sur toile. Collection particulière. © François Doury. » À droite - « Jean-Honoré Fragonard. L’instant désiré, dit aussi Les amants heureux. Vers 1765 ? 50 x 61 cm ; huile sur toile. Collection particulière. © Collection George Ortiz / photo Maurice Aeschimann. »

Photographies ci-dessous : « Jean-Honoré Fragonard. L’Enjeu perdu ou Le Baiser gagné. Vers 1760. 48,3 x 63,5 cm ; huile sur toile. New York, The Metropolitan Museum of Art. © The Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn-Grand Palais / image of the MMA. »

Photographies ci-dessous : « Jean-Honoré Fragonard. Le Jeu de la Palette. Vers 1750-1752. 67,5 x 114,5 cm ; huile sur toile. Chambéry, Musée d’Art et d’Histoire. © Photo Rmn-Grand Palais / Gérard Blot. »

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Vente d'objets d'art appartenant à la Famille de France

Les 29 et 30 septembre, les enfants du comte de Paris vendent à Sotheby's des tableaux, dessins, meubles et souvenirs historiques appartenant à la Famille de France. Les objets sont visibles du 18 au 28 septembre à Paris. Une exposition itinérante a eu lieu en juillet à Londres puis à Monaco. Le catalogue est disponible ici. Une vidéo de présentation est visible ici.

Photographie : Monsieur de Mornay, gouverneur de Saint-Cloud, dessiné par Louis Carrogis dit Carmontelle (1717-1806). « Sanguine, pierre noire, aquarelle et gouache avec rehauts de blanc. » « Porte une inscription à la plume et encre brune : Mr de Mornay, Gouverneur de St Cloud, / dessiné d’après nature dans la posture habituelle de sa siesta journalière... » 271 x 190 mm. « Très probablement collection Pierre De la Mésangère après 1816 ; Probablement obtenu de ce dernier par la famille d’Orléans ; Dépôt de la famille d’Orléans au Musée du Louvre avant 1847 (voir lettre du directeur Alphonse de Cailloux, dit Cailleux, partie du lot n°155) ; Restitué à la famille d’Orléans entre 1850 et 1852... » « "Je vois aussi avec plaisir le gouverneur M. le chevalier de Mornay. Ce bon et respectable vieillard a quatre-vingt-quatre ans ; il ne quitte plus guère son appartement que pour se promener au soleil, sur les pelouses. Attaché depuis son enfance à la maison d'Orléans, il a été page de M. le régent, sous Louis XIV ; il a connu le grand roi, la cour. Il raconte les anecdotes les plus curieuses sur tout ce monde ; seulement il les raconte avec le patois et le cynisme de la régence, et une honnête femme en devrait rougir, si elle les écoutait autrement que devant son mari. Ce jour-là, nous le trouvâmes assis dans sa chaise à porteurs, au-dessus de la cascade, les glaces ouvertes et humant l'air." Ainsi se souvenait la baronne d’Oberkirch du gouverneur du château de Saint-Cloud, Monsieur de Mornay. » La description complète ici.

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Christophe Phillipe Oberkampf. Les toiles de Jouy : une aventure humaine, industrielle et artistique.

Christophe Phillipe Oberkampf. Les toiles de Jouy : une aventure humaine, industrielle et artistique est le joli titre de la nouvelle exposition temporaire du Musée de la Toile de Jouy (à Jouy-en-Josas près de Paris) qui se déroule du 15 septembre au 27 décembre 2015.

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Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (2) : Une vision d'ensemble chaotique.

Article déjà publié sur ce sujet : 1 - Vous avez dit « création », « architecture » et « patrimoine » ?

En savoir plus sur ce projet de loi ici.

Le Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine est examiné par la Commission des Affaires culturellesde l'Assemblée nationale le 16 septembre (voir ici).

S'il introduit des dispositions législatives intéressantes comme « la liberté de création artistique » (qui est cependant ici un leurre), la mise en place d'un label dédié au patrimoine d’intérêt architectural récent ou la possibilité d'élaborer des zones d’expérimentation architecturale dérogeant aux règles d’urbanisme, il en propose d'autres qui me semblent néfastes.

Il est nécessaire de rappeler que les projets de loi sont écrits par une batterie de techniciens appartenant au Gouvernement. Les lois s'accumulant d'une manière folle il est difficile de répondre avec sagesse à un texte gouvernemental. Celui-ci par exemple est en dehors des vrais enjeux actuels posés par son sujet. Le décortiquer est presque de la perte de temps.

D'abord il s'agit d'une nouvelle 'usine à gaz' législative sans cohérence, sans vision d'ensemble, inutilement compliquée. Plus le service public français perd de ses pouvoirs au profit d'une privatisation européenne et mondiale de la culture, plus il se réfugie dans une technocratisation qui l'enfonce encore plus ou dans une collaboration désastreuse.

Dans sa première partie (titre I), où il devrait être question de « liberté de création artistique », ce projet de loi ne fait que conforter le rôle « structurant » de l’État et des collectivités publiques en matière de création artistique, c'est à dire d'un art subventionné et d'une technocratisation de l'environnement créatif. Il prolonge la régulation de la création au niveau du numérique, comme il l'a fait par exemple avec la loi Hadopi. Il ne propose aucune vision d'ouverture, de mise en commun, d'accès mondial à la culture francophone via le numérique... mais au contraire une organisation technocratique et procédurière des acteurs du numérique étouffant les nouvelles émergences. Il reste cloisonné dans le champ restreint de l'art subventionné et d'une économie technocratico-libérale ne laissant aucune place à l’innovation et à l'expérimentation d'autres modèles. On remarque que pour ce gouvernement la « diversité culturelle » est très limitée, ne consistant qu'en l'ouverture de la culture aux personnes handicapées. Le handicap sert ici de paravent comme souvent d'autres thèmes (comme l'égalité homme-femme, le mariage unisexe ou la lutte contre le racisme) afin de cacher une misère intellectuelle profonde, voire pire. Évidemment les propositions en faveur des personnes en situation de handicap sont très intéressantes, mais c'est l'arbre qui ne cache pas la forêt mais le désert ! Concernant « l'emploi et l'activité professionnelle » on est très loin d'une simplification et d'une autonomie donnée au milieu artistique et au régime des intermittents du spectacle dont le déficit abyssal est comblé par le régime général. L'enseignement supérieur et la recherche dans le domaine culturel restent quant à eux dans leur tour d'ivoire continuant à n'offrir que très peu de passerelles avec le monde réel.

Ce titre I, qui concerne la création artistique, et en particulier son article 1 qui stipule : « La création artistique est libre », soulèvent la question de savoir qui décrète ce qui est ou non une création artistique ? Celle-ci revêt des formes infinies. Si un artiste faisait l'apologie d'Hitler, qu'en penserait Mme le ministre ? Si un autre, afin de se faire de la publicité, faisait écrire des inscriptions racistes sur une de ses oeuvres, tout en refusant de les gommer, faudrait-il que Mme le ministre l'encourage dans cette voie hors la loi au nom de la liberté de création artistique ? Nous sommes dans le mythe du 'bon artiste', de l'artiste salvateur, cathartique... La liberté dont il est question ici est celle du pouvoir... pas celle des artistes. Ce que dit « La création artistique est libre », c'est que les artistes aimés du pouvoir sont libres. Par exemple, ces dernières années on a vu un acharnement du Gouvernement contre les créations artistiques d'une personne en particulier ayant un discours qualifié de révisionniste. Il y a deux poids, deux mesures. Cette volonté de mettre cette phrase dans la loi permet peut-être de contrecarrer les susceptibilités de type fasciste atteintes par des œuvres d'art mais elle permet aussi de répandre un fascisme artistique de diverses sortes, dont celui venant de ceux qui décident ce qui est ou non une œuvre artistique. Les hommes sont libres et égaux... un point c'est tout !

Le titre II n'est pas beaucoup plus prometteur car il ne changera rien au fait qu'aujourd'hui, notamment à Paris (là où je vis), notre patrimoine architectural est chaque jour davantage mis en danger et même détruit, non seulement par le secteur privé mais aussi par le public qui de plus en plus prend fait et cause pour le privé et même l'encourage dans cette direction ! J'en donne de nombreux exemples dans mon premier article sur ce projet de loi (voir ici).

Tout le titre III consiste à donner au Gouvernement la possibilité de légiférer par ordonnances sur de très nombreux points... c'est à dire en dehors de tous débats.

Non seulement ce projet de loi est chaotique et douteux, mais il ne répond pas à la plupart des problématiques auxquelles est confronté notre patrimoine aujourd'hui. Ce dernier fait face à un gouvernement français moribond, une Union européenne technocratique et trouble, une mondialisation dans les mains de fonds privés qui endettent, appauvrissent et technocratisent l'environnement culturel jusque dans les petites communes ; une inculture de plus en plus grande ; un dénigrement de la culture française et de son patrimoine qui s'exprime notamment par la déferlante de l'anglais et la multiplication des provocations (même encouragées par le gouvernement français) ; une perte de diversité (aussi rapide que disparaissent les espèces dans la nature) etc.

Quant aux lois, si souvent elles essaient d'empêcher de mal faire (plus elles s'accumulent moins les résultats sont probants), elles ne donnent plus aujourd'hui la possibilité de bien faire. Ainsi, afin d'économiser et par incapacité à gérer convenablement leurs biens, voit-on de plus en plus de collectivités publiques réorganisant (ou pensant à le faire) leurs sites culturels, en les fermant totalement ou en partie, en faisant des économies notamment sur le personnel, en supprimant des services, en louant des espaces, et beaucoup plus grave en accordant des cessions d’exploitation à des entreprises privées (voir ici) ou des fondations (j'ai dans l'article précédent donné l'exemple de tout le patrimoine culturel de villes mis sous la tutelle d'une fondation privée) ou même en vendant des sites en entier etc.

Nous assistons à une privatisation de notre patrimoine qui continue allègrement même avec un gouvernement dit socialiste. Face à cela les instances publiques sont de plus en plus inefficaces, incompétentes, voire collaborent à ce déclin.

Ce dont notre culture a besoin aujourd'hui c'est par exemple de plus de liberté (mais pas dans les mains de voleurs et de vandales), moins de technocratisation, plus de compétences, un retour de la rigueur de 'l'oeuvre' publique... et aussi un amour pour notre patrimoine comme à travers une éducation allant dans ce sens. La situation est difficile, et ce projet de loi, tel que présenté, n'apporte aucune solution.

Suite lundi prochain avec l'article intitulé : Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (3) : Le nouveau leurre de la liberté de création culturelle.

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Les journées du Patrimoine

Les journées du Patrimoine qui se dérouleront du 19 au 20 septembre 2015 sont sur le thème : Patrimoine du XXIème siècle, une histoire d'avenir. Je ne comprends pas très bien ce que cela signifie. Comment peut-on hériter de l'avenir ?

Comme on peut le lire dans l'éditorial de Madame le ministre, cette édition 2015 met « à l’honneur le patrimoine en train de se faire : les créations architecturales et paysagères de ces quinze dernières années ». C'est complètement absurde de faire une journée sur le patrimoine en mettant en avant le contemporain !! Est-ce en partie pour se disculper des atteintes actuelles sur l'ancien avec l'aval du ministère de la Culture que celui-ci a choisi ce thème ?

Dans cet éditorial Mme le ministre fait de la publicité pour elle-même, pour la manière qu'elle et ses collègues ont de délaisser notre patrimoine qu'ils ne connaissent pas (rappelons que Mme le ministre n'a aucune formation ou expérience dans ce domaine) et de le détruire, martyriser ou vendre comme je le montre dans de nombreux articles de ce blog.

Elle fait aussi de la publicité pour le projet de loi qu'elle vient de sortir. Elle écrit : « Dans cet héritage, la création contemporaine a toute sa place : c’est l’objet du projet de loi pour la liberté de création, l’architecture et le patrimoine que j’ai présenté cet été, et dont le Parlement débattra cette année. » Vraiment l'objet de ce projet de loi est la place de la création contemporaine dans notre patrimoine ???

Plus loin vis-à-vis de notre patrimoine elle ne voit que « les concepteurs, les constructeurs ou les usagers. » Aux oubliettes les conservateurs, les restaurateurs, les gérants... de notre patrimoine public, et ceux du privé comme les collectionneurs, les antiquaires... et tous ceux qui le font vivre par leurs productions : chercheurs, journalistes, écrivains...

Au sujet des atteintes sur notre patrimoine bâti lire cet article.

Mme la ministère de la Culture nous offre donc une journée du patrimoine dédiée cette année à la création contemporaine !!!

PS : Je préfère dire « Madame le ministre » que « la Ministre » comme je préfère dire « Madame Germaine » que « la Germaine ». En parlant du français, aujourd'hui celui-ci n'évolue plus en fonction du goût et de l'intelligence, mais est réglé par son emploi populaire. Ainsi lit-on dans les dictionnaires : « il est admis ». Quant à l'Académie française, elle ne représente plus grand-chose, et plus du tout l'excellence de la langue française. Que font par exemple Valéry Giscard d’Estaing (1990), Yves Pouliquen (admis en 2001), Jules Hoffmann (2012) ou Michael Edwards (2013) dans cette institution ?

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La broderie dans le costume masculin

Je ne suis jamais allé au Musée de la Chemiserie et de l'Élégance masculine d'Argenton sur Creuse dans le département de l'Indre, mais son nom me plaît beaucoup !

Jusqu'au 13 décembre il présente une exposition sur La broderie dans le costume masculin, un très joli sujet.

Il est vrai qu’aujourd’hui la broderie a disparu de la garde-robe masculine, alors qu'avant le XIXe siècle elle y était très présente. Par la suite elle se fait beaucoup plus discrète.

Photographie : Détail de l'affiche de l'exposition.

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Merveilleuses & merveilleux