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Exemples d'habits du début du XVIIe siècle

LeToucherSansTexte300lmPhotographies : LeToucherSansTexteBlanc300lmCette gravure de 251 x 228 mm., sans doute hollandaise, du XVIIe siècle, est une allégorie d'un des cinq sens : Le toucher. Le couple qui forme la scène centrale est habillé d'une manière qui est celle du début du XVIIe siècle.

La jeune femme porte un corps de jupe (haut de celle-ci) à très grande collerette découvrant une partie de sa poitrine. Il est baleiné avec une busquière dont la pointe arrondie déborde sur le bas de jupe (partie en dessous de la taille), long, froncé à la taille et posé sur un vertugadin. Au dessus de la jupe claire se trouve une robe foncée largement ouverte sur le devant et d'où sort de la dentelle au niveau des poignets.

Le costume du jeune homme se compose d'un large chapeau empanaché d'une plume, d'une fraise, d'un manteau (ou d'une cape), d'un pourpoint avec au dessous une chemise visible en haut de la chausse et semble-t-il au niveau des poignets, d'un haut-de-chausses (au XVIIe siècle cela correspond à ce qu'on appelle au XVIIIe la culotte) bouffant tenu aux genoux par des rubans formant une jarretière, de bas et de chaussures à ruban et crevés (ouvertures).

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Exemple d'habits du début du XVIe siècle

PostIncunableAllemandDetailGravures500lmPhotographies : PostIncunableAllemand300lmFeuille de 27 x 17,5 cm provenant d'un post-incunable (ouvrage imprimé après le 31 décembre 1500 et avant 1530-40) allemand avec deux gravures sur bois peintes.

PostIncunableAllemandDetailGravuresblanc300lmCes deux vignettes gravées représentent des personnages habillés dans le style du début du XVIe siècle.

Celui de gauche en particulier a un large chapeau mou avec de nombreuses plumes colorées. Son cou est orné d'une collerette (qui ressemble déjà à une fraise). Son manteau à haut col est noué de façon à créer une asymétrie avec le côté gauche plus grand que le côté droit, ce qui est fréquent alors. Le pourpoint est à rayures jaunes et oranges comme la culotte et les chausses ; mais celles-ci sont horizontales alors que verticales pour les deux autres. Ces vêtements sont particulièrement serrés, laissant voir la braguette (ressemblant à une coquille), comme c'est aussi la mode. Les chaussures sont courtes et à bout rond comme on le fait alors.

Les modes des XIVe, XVe et début XVIe siècles sont très intéressantes. Il y a une véritable liberté de création, particulièrement pour les hommes qui pourrait servir d'inspiration aujourd'hui pour la mode vestimentaire masculine contemporaine qui y gagnerait en nouveautés.

Au sujet des habits portés aux XVe et XVIe siècles voir les articles Miniatures flamandes  : 1404 -1482 et Exposition : France 1500, entre Moyen-âge et Renaissance.

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Abbé en soutanelle

AbbeEnSotanelle300lmPhotographies : AbbeEnSotanelle300lmGravure du XVIIe siècle représentant un « Abbé en Sotanelle. » de « J. D. St. Jean delin. » Jean Dieu de Saint-Jean (1655 ? - 1695) est un graveur de la seconde moitié du XVIIe siècle. Il existe une autre version de cette estampe plus connue, par le même graveur et provenant d'un recueil. Celle visible ici est datée de 1683.  Celle-ci est semble-t-il la même que la précédente. La notice indique qu'elle provient du recueil Costumes de France. Cet ouvrage est publié entre ‎1678 et 1695 par Jean Dieu de Saint Jean (vers 1655-1695) qui est non seulement un dessinateur et un graveur, mais aussi un éditeur et un marchand d'estampes. Il contient des dizaines de planches gravées de 36 x 23 cm. Dans livre-rare-book.com on lit au sujet de ce Monsieur : « Il semble n'avoir fait que vendre les estampes gravées d'après ses dessins, essentiellement des portraits en mode. Cependant, il a pu dessiner pour d'autres éditeurs. Ses adresses, en effet : la première aux Deux Globes proche les Grands Augustins, à la seconde chambre, laisse supposer qu'il était un sous-locataire de Jaillot ; la deuxième, sur le quai Pelletier à la Pomme d'or, au premier appartement, le montre voisin de Nicolas Bazin. » M. Raymond Gaudriault (Biliothèque nationale de France et Bibliothèque de l'Arsenal) recenserait 65 planches. On « attribue à Saint-Jean pas plus d'une centaine de gravures ». Une autre gravure (ici) non signée est datée à la plume de 1677.

Le personnage représenté sur cette estampe n'est pas à proprement parlé l'abbé coquet dont il est question dans l'article intitulé La coquette, le jeune abbé coquet et l'abbé de Pouponville. Celui-ci n'en demeure pas moins élégant. Ses cheveux sont bouclés (à moins qu'il s'agisse d'une perruque). Sa chemise est jolie. Il a des gants doublés de fourrure. Il est couvert d'une soutanelle qui est une soutane courte, portée par les ecclésiastiques, descendant jusqu'aux genoux (jusqu'à la jarretière).

Si en France l'église catholique possède des ordres et des religieux voués à la pauvreté et à la simplicité, d'autres comme les évêques ou les papes portent parfois des habits fastueux. Les habits et les tissus ont aussi leur symbolique notamment pour les couleurs qui changent en fonction des périodes de l'année et des rituels.

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La mode textile sous le Second Empire

BD_fete_tuileries300.jpgPhotographie du dessus : « Fête officielle au palais des Tuileries. 1867. Aquarelle gouachée. Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne. © RMN - Grand Palais (domaine de Compiègne) / Droits réservés. » En 1867 les robes ne sont plus également larges et arrondies mais rétrécissent de volume et s'élancent vers l'arrière en une longue traine et des draperies soutenues par une tournure.
BD_visite_mathilde_300.gifPhotographie de gauche : « " Visite " de la princesse Mathilde. 1869. Soie brodée, laine. Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne. © RMN - Grand Palais (domaine de Compiègne) / Stéphane Maréchalle. »
Les musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne présentent du 7 juin au 14 octobre 2013 une exposition intitulée Folie textile Mode et décoration sous le Second Empire.
Le Second Empire (1852-1870) est l'époque des crinolines au sujet desquelles j'ai écrit de nombreux articles. C'est à cette époque qu'elles sont les plus volumineuses. Napoléon III, souhaitant encourager l'industrie textile française qui évolue rapidement dans ses techniques, favorise cette mode. De nombreux mètres de tissus sont nécessaires pour fabriquer une robe pour crinoline. La décoration en utilise aussi énormément. Les innovations, les méthodes d'impressions, les premiers colorants artificiels qui mettent au goût du jour de nouvelles couleurs, tout cela stimule la profusion.
Le palais de Compiègne offre des exemples de tissus pour habits, accessoires, décorations et autres usages (trousseaux …), avec « près de deux cents œuvres, vêtements, textiles d'ameublement mais aussi peintures, aquarelles et photographies montrant l'attention accordée par les artistes à la représentation du textile. Les visiteurs peuvent découvrir la fascinante collection de vêtements liés à l'impératrice Eugénie et à la princesse Mathilde, cousine de Napoléon III, que le Palais de Compiègne n'expose qu'exceptionnellement pour des raisons de conservation. »
Photographies du dessous : À gauche - « Robe de jour ayant appartenu à la princesse Mathilde avec châle. Vers 1867. Soie, faille, mousseline tuyautée. Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne. © RMN - Grand Palais (domaine de Compiègne) / Stéphane Maréchalle. »
À droite - « Robe du soir. Vers 1860. Soie, reps de soie, taffetas imprimé sur chaîne. Château-Chinon, musée du costume. © Conseil Général de la Nièvre. » Robedejouretdusoir2-300.gif

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La galante marquise de Sévigné

MarquisedeSevigneTomeVTitreFrontispice300lmPhotographies : Recueil des lettres de Madame la marquise de Sévigné à Madame la comtesse de Grignan, sa fille. Tome V, à Paris, chez Rollin fils, 1738.

MarquisedeSevigneTomeVFrontispicerecadre503lmMadame Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné (1626-1696), est un auteur français assez énigmatique. Rien de ce qu'elle écrit n'a pour but d'être imprimé. La correspondance qu'elle adresse à sa fille le sera plusieurs années après sa mort. Ses lettres seront publiées progressivement de 1726 à 1754. Elles sont un témoignage du Grand Siècle (le XVIIe), des manières d'alors et du début de la fin de l'aristocratie française que Richelieu, Mazarin et Louis XIV contribuent à asservir. Destituée en partie de ses pouvoirs, il en résulte que plus tard, la noblesse ne peut venir en soutien à la royauté face à la Révolution française ; révolution qu'elle aide par les idées progressistes et libertaires qu'elle encourage.

L'aristocratie continue cependant d'exercer une certaine influence dans la société du XVIIe siècle. Son goût pour la liberté s'exprime dans ce que Victor Hugo appelle la libre pensée, mais aussi le badinage et le libertinage (voir article sur le libertin). Elle se réfugie dans les bienséances et la galanterie qui rappellent les mœurs féodales de l'amour courtois. Elle manifeste l'amour de sa terre et les réminiscences de son âge d'or à travers les pastorales, et son goût pour une nature idéalisée où s’ébattent bergères et bergers aux mœurs pures. Les modes vestimentaires, intellectuelles, littéraires ou autres lui permettent de se distinguer, et les divertissements de se rappeler les fastes d'antan. Même l’apparition des contes de fées à la fin du XVIIe siècle résulte de cela : voir l'article Le Mystère des Contes de Fées : Les Fées à la Mode ! Le « Il était une fois » qui commence ces contes rappelle un autre temps. La représentation du prince charmant qui est alors véhiculée, et cela jusqu'à aujourd'hui, est celle des aristocrates de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe, au moment qui précède un absolutisme royal triomphant aidé par une chrétienté qui ne l'est pas moins. Voir à ce sujet l'article Le prince et le prince charmant.

Les lettres de Madame la marquise de Sévigné, dont l’anagramme du nom semble être prémonitoire : Signé Ev[e], témoignent de cette complexité et de la vie sérieusement insouciante, voire libertine, d'une partie des aristocrates de cette époque vouée à la galanterie.

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Korê à la colombe

Kore400Photographie : « KORÉ À LA COLOMBE. Grande statuette représentant une koré debout sur une base. Elle est vêtue d'un long chiton couvert d'un himation plissé dont elle saisit un pan de la main gauche ; de la main droite, elle tient une colombe à hauteur de la poitrine. Sa coiffure, formée de longues parotides, est ceinte d'un polos. Terre cuite orangée. Art Grec, fin du VIe siècle av. J.-C. H 42 cm. Collection particulière française. » © Pierre Bergé & associés. Vente du mercredi 29 mai 2013 à Drouot-Richelieu (Paris).

La korê est une représentation commune de jeune femme en divinité sous la période archaïque de la Grèce antique, de vers le VIIIe siècle au Ve avant J.-C. Comme son pendant masculin, le kouros, elle représente une forme d'idéal : un passage entre la forme et le divin. Les proportions sont harmonieuses et quelque peu figées dans une sorte de mouvement retenant l'instant et ouvrant sur le spirituel.

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Modes des XVIIe et XVIIIe siècles

AlmanachXVIIe356AlmanachXVIIe300Photographies du dessus et de gauche : « Almanach pour l'année 1697. La partie supérieure représente une scène de l'année précédente, sous le titre " l'alliance de la France et de la Savoye et la reception faite par le Roy à madame la princesse de Savoye à Montargis le 4° novembre 1696. Avec les autres honneurs rendus à cette princesse à son arrivée en France ". Les personnages sont identifiés par leur nom, et parmi eux outre le Roy et la famille royale, des membres de la " maison " de la future duchesse de Bourgogne (" Mme la Duchesse du Lude... Mme la marquise de d'Angeau "). La partie inférieure reprend dans un cartouche entouré des figures de la Paix et de la Renommée, et surmonté de l'union des deux couronnes, des médaillons retraçant diverses péripéties de la guerre et de la paix conclue entre France et Savoie en 1696. L'almanach proprement dit, avec les quartiers de lune et l'éphéméride, en noir et rouge, est une partie rapportée dans un cadre prévu au bas de la gravure. Au pied est inscrite la mention des publicistes: " A Paris chez N. Langlois, rue Saint-Jacques à la victoire. Et chez A. Trouvain, rue St Jacques au grand monarque. Avec privilège du Roy. 1696 " Eau forte. Fin du XVII° siècle (Petites épidermures). » © Texte et photographies : Europ Auction. Vente du vendredi 31 à l'Hotel Drouot à Paris.
Photographies du dessous : Deux estampes de « Galerie des modes et costumes français dessinés d'après nature  gravés par les plus célèbres artistes en ce genre. Paris, Esnauts et Rapilly, à la ville de Coutances, 1778-1788. 2 volumes in-folio ; veau blond, dos à nerfs orné, filets dorés sur les plats, tranches dorées (reliure de l'époque). Cohen, 420 ; Colas, 1169. Recueil, "le plus beau qui existe sur les modes du XVIIIe siècle" (Colas) composé d'un titre gravé et de 192 planches coloriées, gravées d'après Le Clerc, Desrais et Watteau.Publié par cahiers de 6 planches, ce recueil devrait comporter 408 planches, mais Colas affirme : " Il n'existe pas, à ma connaissance, d'exemplaire bien complet de toutes les planches ". » © Texte et photographies : Artcurial. Vente de Livres et manuscrits du 27 mai à Paris Le catalogue est visible ici en format pdf.DameXVIIIe2-300

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La Madame de bijoux de 1829

LaMadameDeBijoux300lmPhotographies : Assiette de la première moitié du XIXe siècle de Choisy-le-Roi intitulée "La Mde. de bijoux 2". Le style du personnage est celui de 1827-1829.

LaMadameDeBijoux2-300lm© Article et photographies LM

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Couturières parisiennes du XIXe siècle

CouturieresParisennes2-300lmPhotographies : Assiette représentant des « Couturières parisiennes » prenant des mesures de tissu. Elles portent des crinolines et d'autres crinolines juponnées sont visibles dans le fond. Cet objet d'époque est non seulement intéressant pour son thème mais aussi pour le motif de véritable dentelle du XIXe siècle qui entoure le médaillon. Assiette de D. Johnston J. Vieillard & Cie de Bordeaux datant de vers 1865.

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La sylphide

Sylphides439lmPhotographies : « Les Sylphides, Nocturne – Musique de P. d'Alvimare. » in Le Luth Français. Almanach Lyrique, Dédié aux Dames. Paris, Louis Janet, 1822.

Cet article suit celui intitulé Sylphes et sylphides. Si la sylphide est un génie féminin élémentaire de l'air, son nom sert aussi à désigner une jolie femme, à la taille mince, aux airs et à la beauté profondément gracieux. Son agrément est si délicat qu'il semble irréel, merveilleux.

SylphidesGravureDetail452lm© Article et photographies LM

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La Beauté et la Sagesse

Beaute&SagesseTitre500lmPhotographie : Una Cosa Rara ; ossia Bellezza, ed Onesta, Drama gioco per musica in due atti, Une Chose Rare ; ou La Beauté et la Sagesse, Opéra comique, en deux actes. Représenté sur le Thépatre de la rue Feydeau, en Novembre 1791 (Paris, Imprimerie de L. P. Couret, 1791).

Cette pièce visible ici possède un titre évocateur. N'est-ce pas l'idéal lorsque la beauté se joint à la sagesse ? Est-ce qu'une beauté sans esprit est vraiment belle ?

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Fabrique de crinolines

FabriqueDeCrinoline2-500lmPhotographies : « Fabrique de crinolines. - La pose des cerceaux, d'après un croquis de M. Bach » Estampe provenant d'une page de L'Univers illustré de 1865, avec pour texte :

FabriqueDeCrinoline2b300lm« FABRICATION DES CRINOLINES – On se rendrait difficilement compte de l'extension qu'a prise la fabrication des crinolines, ou pour mieux dire des cages, car l'acier a depuis longtemps remplacé complètement le crin dans cet appendice indispensable du costume féminin. Une seule maison, la maison Thompson, l'inventeur de la jupe-cage qui porte son nom, a des fabriques à Paris, à Londres, à New-York, à Bruxelles, enfin à Weipert et à Annaberg en Allemagne. Nous n'entrerons pas ici dans les détails de la fabrication. L'atelier dont nous donnons une vue suffit à en faire comprendre la partie principale, qui consiste à disposer autour du châssis en bois le cercle d'acier que l'ouvrière déroule d'une bobine placée à l'extrémité supérieure du mannequin sur lequel elle travaille. Quelques chiffres satisferont mieux encore les curieux et feront entendre plus clairement que toutes les déclamations des moralistes l'importance d'une des mille et une fantaisies de la mode actuelle.

La maison Thompson fabrique vingt sortes de cages, dont chacune a jusqu'à seize numéros différents. Le nombre des cerceaux varie en quatre et quarante. L'établissement d'Annaberg, le plus important, consomme par semaine un demi-million  d'oeillets et de clous rivés, trois cent soixante mille aunes de ruban, et quinze mille livres d'acier laminé et détaillé en bandes fines de manière à former une longueur de neuf cent mille aunes [ce qui équivaut à 1 175 745 km soit plus de 29 fois le tour (périmètre équatorial) de la terre et cela pour une seule fabrique et par semaine] !

En retour, la fabrique produit, dans le même espace de temps, de mille à douze cents douzaines de cages, confectionnées par quatre cents ouvrières travaillant à leurs pièces. Le total des cages fournies par les diverses fabriques de la maison Thompson en France, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre et en Amérique, atteint par semaine le chiffre formidable de cinq à six mille douzaines, soit par an quelque trois cent mille douzaines de cages. En vérité, c'est une admirable chose que la mode, et le commerce a beau jeu de spéculer sur me luxe effréné des femmes !

P. Dick. »

Photographie du dessous : « La ville de Paris voulant englober la banlieue. » Le Charivari, série « Actualités ». 

CrinolineLaVilleDeParis300lmPhotographies du dessous et de gauche à droite : 

« Influence du temps sur les modes de 1860. Les robes comme on les portait cette année à Longchamps ». Le Charivari, série « Actualités ».

« Excellent moyen d'arriver au bal sans être chiffonnée. » Le Charivari, série « Actualités », 1858.

CrinolinesA2-300

Photographies du dessous :
A gauche :
La toilette de Paris, sans date.
A droite : La toilette de Paris, 1851.

1870-1851-300lm© Article et photographies LM

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Belles et beaux

cavalierdetail500lmCette estampe dessinée et gravée par Jazet (sans doute Jean-Pierre-Marie Jazet : 1788 - 1871) illustre très bien la mode française dont il est question dans le dernier paragraphe de l'article intitulé Anglomanie, partie 1 : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et dans les premières années du XIXe. On y remarque aussi que même dans les campagnes françaises on suit la mode et s'habille avec goût et délicatesse. Ici nous sommes au début du XIXe siècle, entre 1807 et 1809 ; probablement en 1809 comme le laissent à penser les vêtements. L'artiste a alors 21 ans. Le dessin original date sans doute de cette période ; l'impression étant semble-t-il postérieure. Les femmes sont encore habillées avec une robe à l'antique. L'une porte un châle. Le jeune garçon est en jockey ; ce qui est très chic. Le jeune homme monte un étalon racé très soigné, et est habillé dans le pur style de la mode masculine de l'époque : avec un chapeau rond qui donne quelques années plus tard le haut-de-forme, des cheveux courts 'à la Titus', un pantalon (c'est le début de cette mode) clair … Une femme est visible dans l’entrebâillement sombre de l'entrée de la maison. Il s'agit peut-être de la mère, de la grand-mère ou de la tante de ces belles et de ces beaux, car c'est ainsi que l'on nomme les petits-maîtres de cette époque.

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Le Montparnos

LesMontparnosTitre431lm20J'ai écrit précédemment un article sur Le Montparnos, le Fauve, le Surréaliste et les intellectuels à la mode. Dans Cafés parisiens littéraires et artistiques il est question notamment des cafés de Montparnasse à Paris, dans un quartier dont le nom ne cache rien de sa vocation artistique : le mont Parnasse en Grèce étant supposé abriter Apollon et les Muses. Ce nouvel article a juste pour but de présenter un roman de Michel Georges-Michel (pseudonyme de Georges Dreyfus : 1883-1985) intitulé Les Montparnos, avec des gravures sur bois de Touchagues (1893-1974), édité à Paris chez Arthème Fayard & Cie en 1933. La première édition de ce livre date de 1929. Il met principalement en scène ce qu'on appellera 'l’École de Paris' en particulier constituée de peintres juifs de Montparnasse ; école dont l'auteur lui même est un des acteurs. C'est lui qui semble-t-il emploie pour la première fois le terme de « montparnos ».

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Mémoires d'un gommeux

MemoireduGommeuxParapluie300lmPhotographies 1 à 5 : Mémoires d'un Gommeux du baron Saint-Patrice (1877 ?).

Photographies 6 et 7 : détail d'une assiette de Lunéville similaire à celle présentée ici : Première apparition d'un gommeux à Fouilly-l'Sec. Bien qu'il s'agisse du même sujet, on distingue plus clairement les traits du gommeux. Elle date de la fin du XIXe siècle ou du tout début du XXe. Les assiettes du XIXe siècle aux décors imprimés sont facilement datables avec leur marque au dos et très peu chères aujourd'hui, tout en étant des objets de qualité qui ne demandent pas de soin particulier, la céramique ne craignant que les manipulations hasardeuses mais étant sinon d'une très grande longévité.

Photographies 8 et 9 : Chanteuse de style 'gommeuse'. Première de couverture du Figaro illustré de 1891 reprenant la peinture de Jean Béraud (1849-1936) intitulée La gommeuse.

J'ai déjà beaucoup parlé du gommeux (ici et ici). C'est un personnage emblématique de la mode masculine de la fin du XIXe siècle (après 1870) ; et les documents d'époque le concernant sont plus aisés à trouver que ceux des gandins et autres muscadins qui le précèdent.

J'ai acquis un livre sans sa page de titre qui vaut cependant son pesant d'or pour celui qui s'intéresse aux petits maîtres de la mode. Il est intitulé Mémoires d'un Gommeux. C'est sans doute celui du baron Saint-Patrice (sous le pseudonyme James Harden-Hickey) publié en 1877 (Paris : Dentu). Le chapitre V : « Historique du gommeux » reprend une chronologie des petits maîtres depuis le XVIe siècle jusqu'à l’avènement du sujet présenté ici.

N'ayant pas retrouvé de numérisation de cet ouvrage sur internet, ci-après vous trouverez un passage de ce chapitre (en fait il s'agit du chapitre en entier mais sans son introduction et sa conclusion). Celui-ci se divise en trois parties. La première récapitule la lignée à laquelle le gommeux appartient, la seconde le décrit, et la troisième présente ses imitations (avec une description du rastaquaire dont il est question dans l'article sur Les faux élégants) :

« […] Sans vouloir remonter aux Grecs ni aux Romains, nous allons esquisser les différentes phases qu'a traversées le jeune homme avant d'arriver au degré de perfection que nous trouvons chez le Gommeux.

MemoireduGommeuxDos200lmEn France, nous avons eu : la Chevalerie, la Galanterie, les Mignons, les Petits-maîtres, les Roués, les Muscadins, les Incroyables et les Merveilleuses, l’Élégant, le Dandy et le Fashionable, le Lion, le Cocodès, le Petit Crevé et enfin le Gommeux qui attend un remplaçant.

La Chevalerie, comme on le sait, a passé par trois périodes : 1° La Chevalerie religieuse instituée par l’Église pour combattre les excès de la féodalité ; 2° La Chevalerie galante dont le but primitif était de défendre l'honneur des dames, but qu'on ne tarda pas à oublier ; de protecteurs, les chevaliers devinrent ravisseurs ; 3° La Chevalerie militaire, réformée par Jean Ier que les nombreuses conquêtes des Anglais obligèrent à faire de grands efforts pour rétablir la chevalerie, devenue efféminée. Il institua l'ordre de l’Étoile dans ce seul but.

La Galanterie fut la continuation de la chevalerie à laquelle elle ressemblait fortement, sauf un plus grand raffinement de manières et de goût.

Le nom de Mignons a été donné aux favoris de Henri III, comme nous l'apprend l’Étoile : « Ce fut en 1576 que le nom de mignons commença à trotter par la bouche du peuple, à qui ils étaient fort odieux, tant pour leurs façons de faire, badines et hautaines, que pour leurs accoutrements efféminés et les dons immenses qu'ils recevaient du roi. Les beaux mignons portaient des cheveux longuets, frisés et refrisés, remontant par-dessus leur petit bonnet de velours, comme chez les femmes, et leurs fraises de chemise de toile d'atour empesées et longues d'un demi-pied, de façon qu'à voir leur tête au-dessus de leur fraise, il semblait que ce fût le chef de saint Jean dans un plat. »

Les principaux mignons de Henri III furent Quélus, Livarot, Saint-Mégrin, le duc de Joyeuse, le marquis d'O et le duc d’Épernon.

« Henri III, -dit le Laboureur,- se plaisait à avoir plusieurs favoris ensemble ; il les aimait vaillants, pourvu qu'ils fussent téméraires ; spirituels, pourvu qu'ils fussent vicieux ; enfin, il ne leur refusait rien, pourvu qu'ils fussent magnifiques et dépensiers et pourvu qu'il pût faire un signalé dépit à ceux qui prétendaient qu'il dût quelque chose à leur naissance et à leur mérite. »

MemoiredunGommeuxCouples300lmIl est évident que le roi fut servi à souhait, et que ces jeunes gens ne laissaient rien à désirer sous le rapport de la morgue et de la dissipation. Mais ils eurent des rivaux, notamment dans les rangs des mignons du duc d'Anjou, frère du roi, dont le plus célèbre était Bussy d'Amboise. Le Journal de Henri III rapporte qu'un jour que le roi « désespérément brave frisé et godronné, assistait à une cérémonie, suivi de ces jeunes mignons, autant ou plus braves que lui, Bussy d'Amboise, le mignon de Monsieur, frère du roi, s'y trouva à la suite de Monsieur le duc, son maître, habillé tout simplement et modestement, mais suivi de six pages vêtus de drap d'or, frisés, disant tout haut que la saison était venue que les bélîtres [gueux] seraient les plus braves ».

Ce mot insolent, qui piqua vivement le roi, motiva l'éloignement momentané de Bussy, par ordre de Monsieur.

A leur insolence, ils ajoutaient des manières prétentieuses et des coutumes efféminées, portant même des boucles d'oreilles. Nous lisons dans le Journal de Henri III que le roi lui-même « faisait joutes, ballets, tournois et force mascarades, où il se trouvait ordinairement habillé en femme, ouvrait son pourpoint et découvrait sa gorge, y portant un collier de perles et trois collets de toile, deux à fraise et un renversé ainsi que, lors, le portaient les dames de la cour. »

En dehors de ces belles qualités, « ces petits mignons avaient des familiarités avec leur maître que je ne puis, ni ne veux exprimer. » (d'Aubigné : Hist.)

Les Petits-Maîtres prirent naissance pendant la Fronde ; c'étaient les suivants de Condé, du prince de Conti et du duc de Longueville.

Comme nous l'apprend Voltaire dans son Siècle de Louis XIV « On avait appelé la cabale du duc de Beaufort, au commencement de la Régence, celle des Importants ; on appelait celle de Condé le parti des Petits-Maîtres, parce qu'ils voulaient être les maîtres de l’État. Il n'est resté de tous ces troubles d'autres traces que ce nom de petit-maître qu'on applique aujourd'hui à la jeunesse avantageuse et mal élevée, et le nom de frondeurs qu'on donne aux censeurs du gouvernement. »

D'autres, moins autorisés pourtant, prétendent que ce nom de petits-maîtres fut d'abord donné aux amis et familiers du fils du maréchal de la Meilleraie, le duc de Mazarin, qui obtint la survivance de la charge de grand-maître de l'artillerie que possédait son père. Mais la première version me paraît la plus authentique.

MemoiredunGommeuxDiner300lmDans tous les cas, les Petits-Maîtres étaient des jeunes gens de qualité, affectant une grande recherche dans leur toilette, spirituels, joueurs, et mettant volontiers l'épée à la main.

Nous arrivons maintenant aux beaux jours de la Régence, berceau du Roué : « nom donné sous la Régence à des hommes sans mœurs, compagnons de désordre du duc d'Orléans, ainsi dits parce qu'ils étaient dignes de figurer sur la roue. La compagnie scélérate dont il (le duc d'Orléans) avait fait sa société ordinaire de débauche et que lui-même ne feignit pas de nommer publiquement ses roués, chassa la bonne. » (Saint-Simon)

Nous ne pouvons donner une meilleure idée du Roué qu'en citant le tableau suivant que nous en fait Duclos : « Vers l'heure du souper, il (le Régent) se renfermait avec ses maîtresses, quelquefois des filles d'opéra, ou autres de pareille étoffe, et dix ou douze hommes de son intimité, qu'il appelait tout uniment des roués. Les principaux étaient Broglie, l'aîné du maréchal de France, premier duc de son nom ; le duc de Brancas ; Biron, qu'il fit duc ; Canillac, cousin du commandant des mousquetaires, et quelques gens obscurs par eux-mêmes, mais distingués par un esprit d'agrément ou de débauche. Il faut ajouter à ces nobles noms ceux de Nocé, du maréchal de Richelieu, etc. ; la duchesse de Berry, Mmes de Parabère, de Phalaris, Emélie de l'Opéra et d'autres impures. Chaque souper était une orgie. Là régnait la licence la plus effrénée ; les ordures, les impiétés, étaient le fonds ou l'assaisonnement de tous les propos, jusqu'à ce que l'ivresse complète mît les convives hors d'état de parler et de s'entendre ; ceux qui pouvaient encore marcher se retiraient, l'on emportait les autres, et tous les jours se ressemblaient. »

La Révolution fait ensuite éclore le Muscadin, qui prend son nom de petites pastilles de musc dont on se servait fort à cette époque. Les Muscadins, d'abord dévoués au parti thermidorien, se rallièrent plus tard à la royauté. Madame de Genlis en fait une mention fréquente dans ses Mémoires, et l'ex-capucin Chabot, celui-là même qui avait dit que le citoyen Jésus-Christ était le premier sans-culotte du monde, leur fit l'honneur de tonner contre eux à la Convention.

Les Muscadins ont précédé les Incroyables, qui ont fleuri sous le Directoire dans les salons de Barras et dans ceux de la belle madame Tallien, la reine des Merveilleuses, qui affectaient de s’habiller à la grecque, et une des plus jolies femmes de son temps. Cette belle Merveilleuse profita plus tard de l’absence de son mari, parti en Égypte, pour faire prononcer juridiquement son divorce. Elle devint princesse de Chimay, ce qui ne l’empêcha pas de soigner Tallien dans ses vieux jours.

MemoiredunGommeuxDinerdetail500lmLes Incroyables, ou plutôt les Incoyables, pour imiter leur langage, ne se contentèrent pas de porter de longues tresses de cheveux qu’on appelait oreilles de chien, ni de revêtir des costumes excentriques, selon la noble habitude des dandies de tout âge et de toute époque, ils eurent encore l’audace de vouloir changer la prononciation de la langue française, en supprimant la lettre r. Leur nom provient de la coutume qu’ils avaient de s’écrier à tout moment et à tout propos : C’est incoyable !

Après les Incroyables et les Merveilleuses, nous avons possédé les Elégants, puis les Dandies et les Fashionables. Ces derniers n’ont guère eu de point saillant, et leurs noms s’expliquent d’eux-mêmes. Passons donc et arrivons au Lion.

Comme le Fashionable et le Dandy, le Lion est d’origine anglaise, mais il a bien trouvé sa place sur les boulevards.

Le Lion, c’est le Dandy vulgaire, c’est le Petit-Maître devenu épicier. Plus de manières recherchées, plus de raffineries élégantes. Le Lion parle bruyamment en passant sa main dans une barbe luxuriante, et au coin de sa bouche s’étale le banal cigare. H. de Balzac et Paul de Kock ont raconté les prouesses des Lions.

L’élégance, devenue de plus en plus bourgeoise, donne naissance à des êtres déplorables que l’on appelle Cocodès, Petits-Crévés. De ceux-là, je ne dirai rien ; ce serait leur faire trop d’honneur que de les toucher du bout de ma plume.

J’arrive, maintenant, à mon héros, au Gommeux.

L’origine de cette désignation, quoique peu ancienne, est assez obscure. Il y a plusieurs versions, toutes vraisemblables et provenant toutes de sources autorisées.

La première dit qu’un certain colonel de B…, membre du Jockey Club, était doué de propriétés collantes si prononcées, qu’on lui donna le nom de Gommeux, lequel fut, par extension, appliqué à tous les membres du Jockey, qui est, comme on le sait, la pierre angulaire de la Gomme.

Une autre version soutient que les élégants ayant l’habitude de se rendre chez Tortoni pour prendre une absinthe ou un vermouth gommés, se disaient entre eux, par abréviation ; « Allons prendre une gomme », d’où le nom de Gommeux.

En dernier lieu, consultez un dictionnaire de médecine au mot gomme, et vous trouverez une définition qui vous mettra sur la voie.

Descartes, lorsqu’il s’est écrié : Je pense, donc je suis, s’est montré homme de grande conception, mais le Gommeux est beaucoup plus fort que le profond philosophe du XVIIe siècle.

Le Gommeux existe, lui, sans penser, ou, si par hasard cela lui arrive, c’est bien malgré lui, il ne le fait pas exprès.

Gommeuxluneville300lmCependant, gardez-vous bien de confondre le vrai et authentique Gommeux avec le vulgaire calicot endimanché ou bien avec le clerc de notaire, qui, en costume d’amant d’Amanda, le carreau à l’œil et les mains sans gants, promènent leur carcasse décharnée sur le boulevard des Italiens et hantent les fétides couloirs des Folies-Bergère. Ce serait une grande erreur.

La vraie Gomme compte parmi ses membres des sportsmen et des militaires, des diplomates et des magistrats, des députés et des hommes de lettres.

Il y a des gommeux nobles, ce sont les plus nombreux et les plus estimés ; il y en a de roturiers qui sont moins appréciés. Il y a des gommeux gros et courts, il y a des gommeux longs et maigres ; il y en a de riches, il y en a de pauvres ; ces derniers sont à plaindre.

Mais, me direz-vous, avec tout cela, vous ne me donnez pas une idée exacte du parfait Gommeux. La voici, lecteur :

Descendant en ligne directe de Pépin le Bref, qui fut, comme vous le savez, fils de Charles Martel, maire du palais et père de Charlemagne, le jeune homme qui nous occupe n’est pas plus fier pour cela. Du moment que vous vous présentez devant lui dans une tenue gomme, dans un endroit chic, que vous soyez le rejeton d’un artiste pédicure ou l’unique espoir d’un marchand de guano, vous serez bien reçu.

Autrefois, sans seize quartiers vous n’eussiez jamais fait un Petit-Maître ; aujourd’hui, si vous possédez la seizième partie de seize millions, vous pouvez prétendre à tout, même à la déportation, pardon, je voulais dire à la députation.

Mais revenons au parfait Gommeux. Il n’est pas grand, il est plutôt petit ; il n’est ni gras, ni maigre, il se tient ; il a des cheveux châtains qui ne se relèvent jamais, même quand il fait du vent ; ce n'est pas la faute des cheveux, mais bien celle du coiffeur, qui y use un bâton de cosmétique tous les matins – il faut bien faire vivre le commerce.

Le Gommeux relève en croc, d'un coup de fer, sa petite moustache plus claire que ses cheveux. Le reste de la figure est complètement rasé, à l'exception d'une petite mouche inoffensive qui, certainement, ne ferait pas de mal à une autre petite mouche, même si elle pouvait. La physionomie n'est pas déplaisante, les traits sont même fins, mais, malheureusement, n'ont aucune saillie ; tout cela est uniformément plat.

Une femme s'amourache de ces têtes-là, tout en méprisant l'homme. Joignez à ceci une mise irréprochable et une grande habitude du monde, et vous avez une ébauche du parfait Gommeux.

Il y a, ensuite, des qualités secondaires importantes.

Le cheval ! Voilà le grand mot. Le cheval, c'est le sport incarné, et, pour être un gommeux pur sang, il faut être aussi a full blooded sportsman.

Gommeuxlunevilledetail300lmSeulement, n'allez pas vous imaginer que le sportsman gommeux s'occupe de bien monter à cheval. Loin de là ; il monte aussi mal que possible. Étant jeune, il a probablement appris à bien se tenir, on lui a donné une jolie position et enseigné des principes d'équitation sérieux. Vous allez voir comme il les met à profit.

On lui a dit, quand il était bambin : « Serrez les coudes au corps, enfoncez-vous dans la selle, effacez les épaules sans raideur, le talon bas et la pointe du pied en dedans. » Allez donc le voir au Bois, vous saurez comme il suit les principes de Baucher. Ses coudes battent les airs, comme les ailes d'un pigeon ; son corps, bombé en boule, se refoule vers l'encolure de sa monture ; ses jambes embarrassées dans un large pantalon sans sous-pieds et qui lui remonte au genou, chaussent l'étrier à la façon d'un Jean-Pierre-des-Champs : Voilà l'écuyer gommeux.

Cependant c'est un solide cavalier et qui s'y entend à merveille. Mettez-le sur un cheval difficile, devant un obstacle sérieux, il vous l'enlèvera avec le plus grand sang-froid. C'est le genre de mal monter ; que voulez-vous y faire ?

Un gentleman-rider, jouissant de quelque renom au Vésinet et à la Marche, a donné l'exemple de monter comme cela, avec les rênes dans sa bouche, parce qu'il avait de vilaines dents, paraît-il, et, depuis, le ban et arrière-ban des gommeux d'en faire autant.

C'est là le mauvais côté du Gommeux : son esprit d'imitation. J'en connais mille exemples ; je ne vous en citerai qu'un, pour vous donner une idée exacte de ce dont il est capable.

Un de nos jeunes élégants les plus considérés, à bon droit, porte un monocle ; cela se voit tous les jours. Or il lui advint à l'oeil un mal qui le força de changer, pendant quelque temps, son verre ordinaire pour un verre cendré. Aussitôt tous les gommeux de se pousser mystérieusement le coude :

- Tu as vu chose ? Eh ? Il paraît que c'est très gomme ! Allons chez l'opticien !

Et le lendemain, tous les gommeux portaient des monocles cendrés. Est-ce assez ridicule ? C'est aussi fort que l'exploit du comte d'Orsay qui, s'étant montré un jour, à Hyde Park, vêtu d'un costume taillé dans de la toile à matelas, força tous les fashionnables de Londres à endosser ce vêtement peu élégant.

En dehors de ces idées excentriques, le gommeux pur sang est assez bon garçon ; il est très bien élevé, quand il faut l'être, insolent à l'occasion, ne redoutant rien ; s'il mène une vie et inutile et oisive, c'est qu'il ne voit rien de mieux à faire.

Du reste, ces jeunes que les nobles garçons bouchers, décrotteurs, marmitons et canailles de la même espèce, ont l'habitude de narguer, ne sont pas précisément à dédaigner.

Parce qu'on montre une main gantée, cela ne veut pas dire qu'elle en soit pas soutenue par un poignet solide, et un habit à la mode peut et doit renfermer un cœur intrépide.

LaGommeuse1891LeFigaro300lmLa dernière guerre n'est pas encore assez éloignée de nous pour qu'on ait oublié l'héroïque dévouement de ces jeunes élégants, habitués au luxe et à l'oisiveté ; ce qui ne les a pas empêchés de subir les plus dures fatigues, sans jamais murmurer, et de se battre comme des lions.

Occupez-vous donc des denrées coloniales, illustre épicier ; et vous, puritains remplis de la sainte ardeur que donnent trois absinthes - sans gomme, n'est-ce pas ? - gardez le peu d'esprit qui vous reste pour l'employer plus utilement qu'en déblatérant sur la jeunesse pervertie. Elle l'est bien moins que vous, allez, et, lorsque la patrie et l'honneur le demanderont, elle sera toujours prête à vous le prouver.

Pour nous résumer, le vrai Gommeux est loin de ressembler à la vulgaire contrefaçon que l'on confond trop souvent avec l'original.

Les saintes gens ont la funeste coutume de chanter, sans trêve ni merci, le vieux refrain : la jeunesse se perd. Laissez-les donc tranquilles, vos jeunes gens ! Laissez-les suivre le chemin qu'ils se sont tracés ; s'ils jettent leur argent par la fenêtre, c'est vous qui le ramassez, bourgeois imbéciles ! De quoi vous plaignez-vous donc ? S'ils dépensent leur esprit dans un souper à la Maison d'Or ou au café Anglais, c'est leur affaire ; et ils en dépensent, soyez-en sûrs ; ils vous feraient pâlir, vous autres faiseurs de bons mots à la mécanique et à cinq sous la ligne.

Mais, à côté du Gommeux pur et de bonne source, nous trouvons l'imitation, le mauvais produit qui jette de l'ombre sur le soleil dont il cherche à emprunter l'éclat. C'est le strass comparé au diamant. Chez lui, tout est faux, clinquant ; les apparences, rien que les apparences.

Ce mauvais gommeux se recrute exclusivement dans deux classes : les fils de parvenus et l'innombrable horde des Rastaquaires (excusez du peu !).

Le fils de marchand enrichi cherche à oublier dans un faste de mauvais goût sa jeunesse obscure ; quand papa, derrière un comptoir, amassait durement les écus, la vie n'était pas si souriante pour Théodore. Mais papa, par d'heureuses spéculations, devint propriétaire de belles et larges maisons à six étages qui rapportent de gros revenus. Alors Théodore s'est senti attaqué d'une fièvre terrible : ces belles maisons lui faisaient mal à voir, il voulait les dépenser pierre par pierre, planche par planche. Et il le fera, soyez tranquille. Il mettra la même énergie à dissiper ses écus, que papa en a mis à les gagner. Allons Théodore, bonne chance !

Nous arrivons au Rastaquaire. Ce nom fait tressaillir. Vous en ignorez peut-être sa signification, lecteur peu mondain ; la voici. Le Rastaquaire, en argot gommeux, désigne spécialement les Péruviens, Chiliens, Brésiliens, enfin tout le clan et arrière-clan des Américains méridionaux. On confond souvent avec les Rastaquaires, les Espagnols et les Portugais ; mais c'est un tort. Ces derniers, ainsi que les Anglais, les Américains des États-Unis, les Russes, les Italiens, appartiennent au monde cosmopolite proprement dit, qui forme une des bases les plus sérieuses du High-life parisien.

LaGommeuse1891LeFigarodetail300lmLe Rastaquaire est un être à part ; son nom date d'une pièce du Palais-Royal. Son origine plus obscure se devine sur son visage rabougri ; un teint pâle, un nègre mal blanchi, le type de métis. Ses cheveux qui se rappellent vaguement le temps où ils frisaient courts et crépus sont devenus laineux à force de triage ; de grosses lèvres africaines donnent une expression désagréable à la physionomie ; les yeux noirs et cerclés regardent en dessous ; la tête n'a pas encore l'habitude de se lever fièrement.

Cependant, quand vous voyez ce produit exotique descendre au Grand-Hôtel et s'y faire enregistrer avec une foule de noms barbares pêchés dans les forêts vierges et réunis entre eux par des y innombrables, vous vous dites que ce noble étranger doit être au moins six fois grand d'Espagne.

Pendant son séjour à Paris, le Rastaquaire prend une voiture au mois et se prélasse délicieusement sur les coussins de louage. On verrait ses vêtements sur une chaise qu'on en nommerait sur le champ le propriétaire ; son goût est tellement prononcé qu'il est impossible de ne pas le reconnaître. Berthelier, dans la Vie parisienne, peut vous donner une idée de la toilette d'un Rastaquaire accommodé à la fashion du jour.

Eh ! Bien, voilà les gens qui, inondant Paris de leur nullité et de leurs mauvaises manières, font rejaillir sur le Gommeux véritable le ridicule dont ils s'entourent. Si je n'étais retenu par la crainte de froisser des étrangers bien élevés et parfaitement distingués, de même nationalité que ces êtres vulgaires dont je viens de vous parler, je vous citerais nombre de faits qui vous montreraient jusqu'où peut aller le Rastaquaire-gommeux. Mais je ne voudrais pour rien au monde blesser les susceptibilités de gens fort estimables, car, si l'Amérique méridionale nous fournit le Rastaquaire, elle nous envoie aussi une société charmante sous tous rapports.

Je ne m'étendrai pas davantage sur les qualités et défauts du Gommeux ; je crois vous en avoir dit assez pour votre édification personnelle. Désormais vous saurez distinguer le vrai du faux, le jeune homme qui s'amuse, de celui qui s'abrutit. Je n'ai pas voulu faire ici l'éloge de la jeunesse oisive, ni me poser en champion de la fainéantise. Je serais, au contraire, le dernier à chanter les louanges de la paresse, mais j'ai tenu à corriger cette fausse opinion que l'on s'obstine à entretenir sur les jeunes gens d'aujourd'hui. [...] »

Pour conclure, je vous rappelle la chronologie des petits-maîtres de la mode visible ici, un historique unique des gommeux depuis le Moyen-âge !

© Article et photographies LM

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Apparences végétales

1845-1847Photographies du dessus : À gauche : « Modes de Paris. Petit Courrier des Dames. Boulevard des Italiens, N°1. Chapeau Marie Séguin contenu dans un carton haut de 5 centimètres. Robe et Mantelet par la maison Leymerie, r. n. des pts Champs, 36. » « Mess. S. & J. Fuller, 34, Rathbone Pl. Lond. » Planche « 2108 » du « 25 Juin 1945. »
À droite : « Modes de Paris. Petit Courrier des Dames. Boulevard des Italiens, 1. Coiffures des Mns de Cartier. r. Louis-le-Grand, 30. Manteau romain en velours des Mns d'Alexandrine. r. d'Antin, 14. Mantelet taffetas et crèpe. Passementerie de Sorré-Delisle. » « Mess. S. & J. Fuller, 34, Rathbone Pl. London. » Planche « 2227 » (1847).
Je trouve ces deux gravures intéressantes car il semble que dans les années 1845-1847, dans la deuxième partie de la monarchie de juillet (1830-1848), à la fin donc du règne de Louis-Philippe, au sortir du romantisme, du dandysme et des lion(ne)s, et avant les petites-dames, daims et autres biches, l'élégance est à une certaine … je ne trouve pas le mot adéquate … Les vêtements sont amples bien que le corset serre la taille, avec des robes dont la largeur est apportée par de nombreux jupons, des manteaux couvrant tout le corps, des dentelles, rubans, franges, falbalas, colifichets, fleurs, les épaules basses, des cheveux tombant en boucles et des chapeaux ou coiffures prolongeant cet effet, faisant ressembler les femmes à des fleurs qu'on représente souvent à cette période d'une manière anthropomorphe (sous des formes humaines féminines). Les estampes de Les Fleurs animées (1847) de Jean-Jacques Grandville (pseudonyme de Jean Ignace Isidore Gérard : 1803 - 1847) sont célèbres (tome premier de l'édition de 1867 ici). Les fleurs sont un élément très important du vêtement comme je le dis brièvement dans un paragraphe de l'article intitulé Rythmes naturels.
Photographies du dessous : Estampes de Les Fleurs animées du XIXe siècle, avec à gauche le camélia et à droite le myosotis.

1807-2estampes-300© Article et photographies LM

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Drapés et effet décoiffé

Artcurial présente à Paris une vente aux enchères le 10 avril de tableaux et dessins anciens dont proviennent les deux oeuvres présenétes ci-dessous.
Photographies : Gouache sur vélin attribuée à Joseph Werner (Berne, 1637 - 1710) : « Vénus accompagnée d'amours dans un palais ». © Artcurial.

peintureLes drapés sont très employés depuis l'Antiquité dans la mode et pour la décoration, en particulier jusqu'au XIIe siècle et un peu moins ensuite jusqu'au début du XIXe. Au Moyen-âge, des exemples plus ou moins précieux permettent d'embellir des pièces, de conserver la chaleur ou de protéger certains objets. Au XVIIIe siècle ils sont encore utilisés. C'est le rôle de la toilette (voir l'article Une histoire de la coiffeuse), tissu sur la table parfois accompagné d'un autre ayant une fonction de rideau couvrant en partie le miroir ou formant une sorte de dais. Mais on ne s'habille plus avec des drapés que dans les tableaux et autres oeuvres d'art, même ceux représentant un portrait contemporain, car il est alors de bon ton de faire référence à l'Antique (voir en l'article intitulé Drapé  l'antique). Et si la mode revient au temps des merveilleuses, elle ne dure cependant pas très longtemps … le châle (voir l'article intitulé Le schall (châle) et l'écharpe) étant la dernière réminiscence de cette pratique au XIXe siècle et encore un peu aujourd'hui. Les hommes ont quant à eux complètement abandonné le drapé à partir de cette époque, du moins en Occident, car celui-ci est encore porté notamment en Afrique et en Asie.
Photographies : Ce portrait de Blanchard de La Musse (crayon noir et estompe) de Jean-Baptiste Isabey (Nancy, 1767 - Paris, 1855) prouve que la mode contemporain des coiffures aux effets décoiffés est déjà d'actualité au XIXe siècle à l'époque romantique. © Artcurial.CoiffureRomantique

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Le crevé et les crevés

PetitCreve1868clair-300lmCet article suit celui intitulé Les petits crevés où j'essaie notamment de trouver l'origine du nom donné à ce petit maître de la mode. Une autre pourrait venir de la manière ancienne des habits à crevés particulièrement présente à l'époque de François 1er.mulierumBelgicaVuirgodetaila300lm Appelle-t-on déjà 'crevé' celui qui suit cette mode ? Ce qui est sûr c'est qu'au XIXe siècle l’alter ego féminin du petit-crevé est la crevette. Voici quelques exemples d'habits à crevés : XVe siècle 1 ; XVIe siècle 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 ; XVIIe siècle 1, 2, 3, 4. De nombreux portraits du XVIe siècle de François 1er le représentent ainsi habillé : 1, 2, 3, 4, 5.

Photographie de droite : Gravure d'époque du XVIe siècle représentant une jeune fille de Belgique (« Belgica virgo ») avec des manches à crévés, provenant de l'un des premiers livres imprimés consacrés aux costumes intitulé Gynæceum sive theatrum mulierum de Jost Amman (Francoforti, Impensis S. Feyrabendii, 1586, 1ère édition).

Photographie du dessous : Cet habit à la mode de 1807 est le dernier exemple, à ma connaissance, de crevés. Gravure du Journal des Dames et des Modes, planche 857, avec pour légende : « Redingote de Velours, Garnie en Satin. Capote de Satin. »

1807-2-300Photographies de gauche et de dessous : Première page du journal hebdomadaire L’Éclipse (n° 37) du 4 octobre 1968 avec une caricature légendée : « Le Petit Crevé, par Pépin. Étude phrénologique d’après le système de Gall ». Édouard Pépin est le nom d'artiste du caricaturiste et peintre Claude Guillaumin (1842-1927). La phrénologie est une théorie inventée au XIXe siècle permettant l'interprétation du caractère d'un être humain en fonction de la morphologie de son crâne. Ici le cerveau du petit crevé est ainsi découpé : « Amour physique », « Amour du beau », « Amour de la vie », « Amour », « Courage » (on le voit déguerpir), « Destruction », « Bêtise », « Vanité », « Estime de soi », « Idéal », « Entêtement », « Sensualité », « Gourmandise Alimentation », « Imitation », « Vénération », « Politique », « Calcul 2 = 2 = 8 », « Esprit », « Mémoire de tailleur », « Orgueil ».

PetitCreve1868detail600lm

© Article et photographies LM

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C'est chic les longs pantalons !

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Photographie du dessous : Image provenant d'une page, du journal du XIXe siècle Le Charivari, intitulée « Prophéties charivariques ». Elle est signée « Quillenbois » avec pour légende : « Le bon goût du beau sexe, percera de plus en plus dans la coupe du vêtement. »

D'autres longs pantalons, parfois à pattes d'éléphant, à la mode dès le XIXe siècle, sont visibles dans ces articles : La gommeuse et le gommeux, ceux du caf'conc, le dégommé, la gommeuse excentrique et la gommeuse épileptique ; Le Gommeux ; Première apparition d'un gommeux à Fouilly-l'Sec ; Portraits ; Les carreaux à la mode ; Le gentilhomme.

ProphetiesCarivariquesBasdetailgauche300lm© Article et photographies LM

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Merveilleuses & merveilleux