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La biche et le daim

labicheauboisrecentre300lmlabicheauboisdetail300lmPhotographies 1 et 2 : Assiette de de Choisy-le-Roi (production HB pour Hippolyte Boulenger) représentant dans son centre : « La biche au bois. » « Avec changements à vue, et nombreux trucs. » Une petite maîtresse passe devant deux daims dont l'un mord sa canne en la regardant (voir article sur les Tics fashionables). Elle conduit sa voiture rapidement. Derrière elle un groom est dressé vers l'arrière. Ce médaillon est signé « H. Nyon ». Sur l'aile légèrement chantournée une frise de branchages et feuilles contient notamment deux tambours sur lesquels on peut lire : « Revue » et « L'année 1866 ».
Cet article fait suite à celui intitulé Biches, haute bicherie, bicheuses et daims.
Dans son  livre Hommes et bêtes : Physiologies anthropozoologiques mais amusantes (Paris, Amyot, 1862), Galoppe d'Onquaire (Jean Hyacynthe Adonis Galoppe d'Onquaire) donne une définition de la biche : « … les biches humaines aiment en effet à se réunir par petites troupes, et elles courent volontiers au-devant de qui les poursuit. Elles adorent ce qui reluit, et, comme les alouettes, elles sont faciles à prendre au miroir. daimassiettedetail300lmLa pelouse de Chantilly, les allées du bois de Boulogne sont les pâturages naturels où s'ébat ce gracieux gibier pendant l'été ; lorsque vient l'hiver, c'est à Paris, dans les baignoires de nos théâtres ou dans certains bals publics assez bien tenus, qu'il faut aller les dépister. Elles sont friandes au possible, digèrent merveilleusement la truffe, pourvu qu'elle soit arrosée de vin de Champagne ; leur pelage varie suivant la zone où le hasard les place : la laine ou la soie poussent sur leur dos, selon les vicissitudes de l'atmosphère amoureuse, et c'est toujours le chasseur qui les fait changer de peau. Leurs repas ne sont pas plus réglés que leurs mœurs : il y a des jours et des nuits où la biche ne quitte pas la provende ; elle déjeune, elle dîne, elle soupe, et tout cela avec une merveilleuse facilité et sans que sa santé ait l'air de s'en apercevoir. Elle est alors d'une gaieté, d'un entrain dont rien n'approche ; elle fait son gras, et c'est le moment de la prendre : elle est tendre, bien à point et délicieuse à croquer daimassiette300lm... D'autres fois, quand manque la pâture, vous la voyez errer, de quatre à six heures, le long des trottoirs les plus fréquentés : sa mise modeste, sa tournure décente et timide vous indiquent un faon aux abois ; son œil en coulisse suit tous vos mouvements : elle épie vos impressions, interprète vos désirs, et d'après les impressions du chasseur, elle peut juger si elle dînera ou ne dînera pas ... » La définition donnée ici est quelque peu sévère car présentant la biche comme exclusivement vénale et ne pensant qu'à se nourrir, alors que c'est avant tout une jeune et jolie promeneuse habituée en particulier du bois de Boulogne où tout le Paris élégant se retrouve pour prendre l'air. Il ne s'agit  pas d'un personnage, mais plutôt d'une apparition, comme l'est l'animal qui lui sert de comparaison et qui surgit subrepticement suscitant une certaine admiration pour sa grâce et un désir d'approche.
Le daim est lui aussi un habitué des promenades champêtres et galantes. C'est un dandy, ami ou compagnon de la biche. Ces noms sont utilisés durant le règne de Napoléon III (1852 à 1870) à partir de 1857 comme cela est indiqué dans le précédent article.
Photographies 3, 4 et 5 : Assiette n°11 de la série « Les animaux intelligents » représentant « Le daim », de Creil et Montereau, ayant une marque au dos utilisée entre 1849 et 1867. Elle représente deux dandys (des daims) et une biche (on remarque son ombre) se promenant dans un lieu qu'une pancarte indique comme étant le « Bois de Boulogne » très à la mode alors.

daimassiettedetailvisages300lm© Article et photographies LM

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Le cavalier, le carrosse, la calèche et la voiture.

affiche300Photographies affichedetail3001 et 2 : Affiche (et détail de celle-ci) de l'exposition Roulez carrosses ! qui se déroule jusqu'au 10 novembre 2013 dans la ville d'Arras, à l'abbaye Saint-Vaast. « Il s’agit de la première exposition française consacrée aux véhicules hippomobiles. Berlines, carrosses royaux et impériaux des collections versaillaises ont pris la route d’Arras pour y être admirés jusqu’en novembre 2013. Le musée des Beaux-Arts accueille ainsi tableaux, sculptures, traîneaux, chaises à porteurs, harnachements de chevaux, ainsi que plusieurs carrosses exceptionnels tels que les voitures du cortège du mariage de Napoléon Ier, le carrosse du sacre de Charles X ou l’impressionnant char funèbre de Louis XVIII. » Sur 1000 m² ces œuvres, présentées chronologiquement de Louis XIV à la IIIe République, sont intégrées dans une scénographie alliant restitutions, animations, immersion et multimédia.

Une visite virtuelle de l'exposition est proposée ici. Vous pourrez même vous retrouver à l'intérieur du carrosse du sacre de Charles X et dans celui du baptême du duc de Bordeaux. 

 

 

 

 

 

 

 

L’art de monter à cheval est une discipline que maîtrise l’élégant. Cependant, comme il est écrit dans Les Lois de la galanterie (1644), calechejaune300lmà partir du XVIIe siècle, Paris étant de plus en plus fréquenté et ses rues crottées, il est recommandé à l’homme de qualité de voyager dans un carrosse. Voici le début de ce passage dont l’orthographe a été adaptée : « Lorsque la Mode a voulu que les Seigneurs et Hommes de condition allassent à cheval par Paris, il était honnête d'y entrer en bas de soie sur une housse de velours et entouré de pages et de laquais. On faisait alors mieux voir sa taille et ses beaux habits, et son adresse à manier un cheval. Mais maintenant, vu que les crottes s'augmentent tous les jours dans cette grande ville avec un embarras inévitable, nous ne trouvons plus à propos que nos Galants de la haute volée soient cabriolet300lmen cet équipage, et aillent autrement qu'en carrosse, où ils seront plus en repos et moins en péril de se blesser ou de se gâter, y pouvant aller en bas de soie ou bottés, puisque la mode est venue d'être botté, si l'on veut, six mois durant sans monter à cheval. »
Le transport sur roues date de l’invention de la roue, c'est à dire de plusieurs millénaires avant Jésus-Christ. Char, coche (dont le nom vient de la ville de Kocs en Hongrie et se retrouve dans la langue française au milieu du XVIe siècle), carrosse (fin XVIe), calèche (XVIIIe), cabriolet (inventé en France vers 1790) … les véhicules hippomobiles (tractés par des chevaux) et à roues ne cessent d'évoluer suivant les technologies et les modes.
Photographies 3 et 4 : Gravures provenant de revues de mode de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe.
ABaroucheLandau300lmPhotographie 5 : « A Barouche Landau. » Gravure provenant d'un magazine de mode du début du XIXe siècle, sans doute de la revue anglaise nommée Le Beau Monde et datant de 1806. Le barouche est une calèche. Cette dernière est inventée au XVIIIe siècle sur le Continent. Elle est importée en Angleterre et très à la mode à l'époque georgienne (1714 - 1830). La calèche anglaise est appelée barouche. Celle présentée ici allie ce type à celui du 'landau' qui d'après Wikipédia est « Créé en Allemagne, dans la ville de Landau in der Pfalz dont il tire son nom », est « introduit en Angleterre en 1747 », devient « à la mode en France à partir de 1850 », et reste un « véhicule de prestige jusqu'à la Seconde Guerre mondiale ».

Photographie 6 : Illustration de La Mode, datant de 1837.

LaMode1837Equipage300lmPhotographie 7 et suivantes : Cartes postales du début du XXe siècle présentant des allées du bois de Boulogne et des avenues y menant.

promenadeboisdeboulogne300lmAvec la mode anglaise, la France importe au milieu du XVIIIe siècle une certaine passion d’Outre-Manche pour l’équitation ; influence qui ne cesse de s’intensifier au XIXe avec une partie du 'high-life' qui se réunit et parade lors de manifestations équestres (promenades à cheval au bois de Boulogne, chasses, courses de Longchamp, de Chantilly…). Les femmes y sont très présentes (voir la définition de l’amazone). Dans le quatrième article sur l'anglomanie il est question de cette mode pour les courses et les chevaux. Concernant l'hippodrome de Longchamp voir l'article intitulé Longchamp(s). Ce champ de courses se situe surpromenadeboulognealleedesacacias300lm le site de l'ancienne abbaye royale de Longchamp fondée en 1255 par Isabelle de France, sœur de Saint-Louis. Cet édifice religieux est jusqu'à sa destruction à la Révolution  le sujet d'une immense parade de la mode.
Le costume anglais qui devient populaire à partir du XVIIIe siècle en France, l’est justement parce qu’il est simple et pratique pour monter à cheval tout en étant élégant. Le bois de Boulogne est un des lieux chics de la vie parisienne du XVIIIe siècle au début du XXe où viennent s’exercer et se montrer les élégants cavaliers et cavalières parisiens ainsi que les beaux équipages. Crafty (1840-1906) écrit et illustre plusieurs livres sur le cheval et tout ce qui tourne autour. Dans son ouvrage illustré datant de 1890 : Paris au bois, il offre un tableau de toute cette agitation élégante avec la Potinière, le Persil de l'allée des Acacias, les courses de Longchamps. Il décrit quelques-uns de ses cavaliers pratiquants : les superchics, rastaquouères, amazones exotiques, écuyères parisiennes …boisdeboulogneacacias300lm Dans la Seconde suite d'estampes pour servir à l'histoire des moeurs et du costume des français dans le dix-huitième siècle publiée en 1776, on peut lire qu’à cette époque femmes et hommes font de l’exercice à cheval au bois de Boulogne. Et puis : « Cette promenade, renfermée dans une vaste enceinte, près de la Capitale, est le théâtre d’une infinité d’aventures galantes qui se renouvellent tous les jours. Le bois de Boulogne réunit l’épaisseur des sombres forêts, & l’agrément des allées alignées avec art. Dans un beau jour on y voit d’un côté, de longues files de carrosses où l’indolence étale tout le faste du luxe ; et de l’autre, le tambourin anime des danses villageoises, & des couples amoureux y trouvent en même temps la solitude qu’ils recherchent. Les hôtes de ces bois sont rarement effarouchés par le bruit des armes, & la Déesse de la Chasse est négligée dans ce lieu, pour celle des Amours. L’air de ce séjour, n’inspire point les idées sanguinaires de la destruction : tout y respire la volupté. »

Quant à la voiture, on pourrait croire que le mot apparaît avec les véhicules motorisés. En fait il désigne un moyen de transport aussi bien des hommes que des marchandises déjà au XIIIe siècle. Carrosses, litières ou bateaux sont aussi appelés 'voitures'. Cette définition perdure pendant les siècles qui suivent. On la trouve dès la première édition du Dictionnaire de l'Académie française de 1694 ; et dans les revues de mode du XVIIIe siècle on représente des 'voitures' ainsi désignées.

promenadeavenueduboisdeboulogne500lm© Article et photographies (sauf indiquées) LM

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Détails

LeLivrealaModePagedeTitre300lmPhotographies du livre dont il est question ici.
Les détails sont important dans la mode. L'ouvrage intitulé Le Livre à la Mode publié en 1759 par un auteur anonyme (il s'agit de Louis-Antoine Caraccioli : 1719-1803) sous une édition fantaisiste (« A Verte-Feuille, De l'Imprimerie  du Printemps, au Perroquet. L'Année Nouvelle. ») commence, finit et revient régulièrement sur le sujet de son impression en encre verte. Écrit tel un caprice de petit maître, Il virevolte comme marche cet élégant, suivant l'air du temps qui est alors à la volupté et à la fantaisie. La futilité est son fil d'Ariane. Il donne des préceptes, « qui puissent guider un jeune homme de qualité au milieu du beau monde » ainsi qu'une petite-maîtresse, et qui consistent en grande partie à cultiver certains détails dans l'apparence, ce que l'on appelle au XIXe siècle des 'tics'. C'est un plaidoyer ironique pour les petits maîtres et pour la mode, sur la légèreté et tous les détails qui rendent la vie plus gaie : comment porter un éventail,  les chapeaux, comment se coiffer, le rire, les expressions du visage etc. : « Rien de plus comédien dans le monde que le minois de nos Dames, & même de nos petits Messieurs. Oh! comme ils jouent de la prunelle, comme ils grincent les dents, comme ils se mordent la langue, comme ils froncent le sourcil, comme ils allongent leur physionomie, comme ils clignotent, & comme ils ont des regards contempteurs à la douzaine ! Je défie le plus malin Sapajou d'en pouvoir faire autant. Joignez une lorgnette à tout cela, & il faudra nécessairement avouer qu'un visage à la mode renferme une multitude de connaissances & de merveilles. Ce n'est pas sans dessein que nous venons d'entrer dans ces détails. Nous voulons fournir à bien des gens qui ont de l'esprit, mais qui sont maussades, les moyens de devenir intéressants. J'ai connu une Dame qui n’avait, pour tout mérite, que l’allongement de son petit doigt, & elle était environnée d'une foule d'admirateurs. LeLivrealaModePage300lmJ'ai vu un Prédicateur qui n’avait pour talent, que celui de bien promener un beau bras, & son Auditoire était toujours plein. Je sais un Seigneur qui n'a de science que celle de prendre joliment du tabac, & de se moucher encore plus joliment, & il jouit d'une considération distinguée. Il faut tout faire avec grâce, & concerter toutes ses démarches suivant le ton de la bonne compagnie. La République des Petits Maîtres n'est point idéale, comme celle de Platon ; elle existe, & ses statuts s'étendent sur tous les détails, dont les yeux, la bouche, les mains, la tête & les pieds sont susceptibles. […] On nous apprend tous les jours à nous tuer, & cela ne nous paraît point étrange : n'est-il pas plus raisonnable de nous montrer à vivre joliment, & à nous rendre aimables ? Pourquoi ne fait-on pas un arsenal d'éventails, ainsi que de fusils & pourquoi ne nous enseigne-t-on pas à nous escrimer avec les yeux, comme avec l'épée ? On ne saurait croire les belles découvertes qu'on peut faire dans la seule partie des yeux, pour nous attirer des admirateurs. Ils parlent chez les femmes du monde, tandis qu'à peine ils existent chez un simple Bourgeois. Quel malheur de n'être, ni bien éduqué, ni bien maniéré ! On ne peut impressionner personne ; l'on fait de tout son corps une véritable désobligeante, & c'est d'autant plus perfide, que la société se trouve farcie de gens rouillés, qui n'ont, ni ressorts, ni élasticité, & qui vous persiflent superlativement. Combien de fois, en effet, n'avons-nous pas été excédés, anéantis, en voyant la maussaderie de cette foule d'hommes ignobles dans leur démarche & dans leurs regards ? S'ils chantent, on croie qu'ils hurlent; s'ils parlent, on s'imagine qu'ils disputent; s'ils se mouchent, on dirait qu'ils … ; s'ils saluent, on pense qu'ils heurtent; s'ils mangent, on se persuade qu'ils dévorent. Un sot, dit la Bruyère, ne parle, ne joue, ne marche , ni ne se mouche comme un homme d'esprit. Il est donc essentiel de corriger ces sottises, & d'achever de rendre le monde tout merveilleux & tout joli. »
Le livre en entier est visible ici.

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Dentelles normandes

ExpoDentellesCaen300.jpgPhotographie de gauche : Affiche de l'exposition Dentelles : Quand la mode ne tient qu’à un fil. « Robe Yves Saint Laurent, Paris, Vogue, 1970. » © Jeanloup Sieff.
Photographie de droite : « Jupe, faille [étoffe de soie à gros grain] gris bleu couverte de chantilly, 1870-1875, Musée d'art et d'histoire de Genève © MAH Genève ».
RobeDentelle-400.gifJusqu'au 4 novembre 2012, le musée de Normandie du château de Caen donne à voir une exposition intitulée Dentelles : Quand la mode ne tient qu’à un fil, retraçant l'histoire de la dentelle depuis le XVIIe siècle jusqu’aux premières années du XXe. C'est Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), un des principaux ministres de Louis XIV (1638-1715), qui lance véritablement l'industrie de la dentelle en France et en fait une des toutes premières du monde. En Normandie celles d'Alençon, d'Argentan ou de Bayeux sont réputées.
Ceux qui ne passeront pas par Caen cet été, peuvent toujours lire les quelques pages thématiques du site du musée :
Origine de la dentelle en Normandie ;
Le sacre des dentelles normandes ;
Couture et confection ;
Dentellières de Normandie ;
Dentelles d'aujourd'hui.

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L'honnête homme

LeCaractereDeLHonneteHommeFrontispicedetail1-500lmPhotographies : Frontispice et page de titre de Le Caractère de l'Honnête-Homme. Morale. Dédié au Roi. Par M. l'Abbé de Gérard (Paris, Amable Auroy, 1688). La gravure a pour légende : « Les Entretiens de Philemon, LeCaractereDeLHonneteHommeFrontispice300lmet de Théandre, sur la Philosophie des gens de Cour. Morale. ou Le Caractère de l'honnête-homme et du Chrétien. » Cette édition est la seconde, la première datant de 1682 (Paris, veuve S. Huré).  Quant à son auteur, d'après « A.. Péricaud l'aîné » (Notes et documents pour servir à l'histoire de Lyon …,  Roanne, imprimerie de Ferlay, 1858-1860) : « Il est à présumer qu'Armand de Gérard est le même que l'abbé Gérard auquel on doit La Philosophie des gens de Cour, Paris, 1680, in-12, et Le Caractère de l'honnête-homme, Paris, 1682, in-12. V. les P. de 1688 ... »
L'honnête homme est une personne d'honneur et de probité ayant, comme le dit l'édition de 1762 du Dictionnaire de L'Académie française, « toutes les qualités sociales & agréables qu'un homme peut avoir dans la vie civile. » Il semble naître avec l'époque moderne, qui débute avec la fin du Moyen-âge. Il est un des nouveaux modèles de la civilité à partir du XVIIe siècle. Il se distingue de l'aristocrate qui lui est gentilhomme, courtisan et suit des préceptes courtois et galants. Sa morale n'est pas non plus celle d'un homme d'église. Il s'apparente davantage à l'humaniste plus austère qui se mue au XVIIIe siècle en philosophe des Lumières. Il s'inscrit dans l'épanouissement de la raison : concept premier de l'époque moderne. LeCaractereDeLHonneteHommeTitreClair300lmS'il se confond parfois avec le gentilhomme, il n'en est pas obligatoirement un. Il est davantage issu d'une morale bourgeoise : le bourgeois étant lié à la cité et donc plus particulièrement à la civilité. A une époque où la royauté représente l’État et le pouvoir sur terre, la noblesse est l'exemple à suivre, et l'honnête homme et l'homme de qualité se mélangent souvent avec le gentilhomme qui, comme son nom l'indique est un noble (voir article Le gentilhomme).
Le sieur Faret (Nicolas Faret : 1596-1646) publie en 1630 : L’Honnête Homme ou l'Art de plaire à la Court [orthographe de l'époque]. Il y décrit les qualités que l'honnête homme doit posséder : être noble, avoir une grâce naturelle, une éloquence du corps, de l’âme, des gestes et de la parole, des qualités d’esprit, de la culture, une connaissance des excellentes manières et en particulier celles de la cour, être un homme de bien, savoir converser, être courtois, doux, avoir de la civilité, être galant, avoir de la probité, être élégant, habillé avec justesse et  propreté … D'autres auteurs traitent ce sujet au XVIIe siècle. Antoine de Courtin (1622-1685) écrit plusieurs traités destinés à l’honnête homme comme son Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnêtes gens (1671) qu’il prolonge d’une Suite de la Civilité Française ou Traité du Point-d’Honneur et des règles pour converser et se conduire sagement avec les Incivils et les Fâcheux (1675), car comme il le fait remarquer en préambule : les maximes d’honnêteté et de bienséance seraient suffisantes «  si on pouvait se promettre une paix & une douceur réciproque parmi les hommes », mais « il est visible aussi qu’il ne suffit pas pour converser avec le monde d’être civil, honnête, obligeant, & bienfaisant envers ceux qui le sont ; mais qu’il faut encore savoir supporter les indignités & les injures de ceux qui ne le sont pas ». Au XVIIe siècle, l’honnête homme doit être cultivé, se verser dans les sciences et préfigure le philosophe des Lumières. Charles Le Marquetel de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond (vers 1613-1703) écrit un Jugement sur les Sciences, où peut s’appliquer un honnête homme. Au XVIIIe siècle les livres ayant pour sujet l'honnête-homme sont encore plus nombreux, et continuent de l'être au XIXe. Celui intitulé La Religion sans prêtres, ou Le Catéchisme de l'Honnête Homme (Paris, 1790), visible ici, met clairement la raison au dessus de la religion. 

LeCaractereDeLHonneteHommeFrontispicedetail300lm© Article et photographies LM

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Chapeaux très hauts de forme

1822-1823-1824-bustesPhotographies : Planches de 1822, 1823 et 1824 provenant du Journal des Dames et des Modes qui est publié de 1797 à 1839 sous des noms différents.
1822-1823-1824Cet article fait suite à celui intitulé Le haut-de-forme.
Dans le premier tiers du XIXe siècle, les chapeaux masculins prennent des formes gigantesques. Il est question de cela dans les articles intitulés Incroyables chapeaux et Chapeaux du début du XIXe siècle : les bolivars et les morillos. Le haut-de-forme est à la mode chez les hommes dès le commencement du XIXe jusqu'au premier tiers du siècle suivant. C'est dans les années 1820 qu'il est le plus haut : à l'époque des gandins et des dandys.
Photographie : Personnages d'une estampe des années 1820 représentant un dandy et sa compagne. Cette dernière lui a pris son haut-de-forme. Elle s'en coiffe en demandant à son ami : « Comment me trouves-tu ? » Celui-ci répond en approchant le bout des doigts de sa main gauche rassemblés vers ses lèvres pour exprimer une admiration mêlée d'ironie.

commentmetrouvestublanc300lm

© Article et photographies LM

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La carte du royaume des précieuses

RecueilDePiecesEnProsesLaCarteDuRoyaumeDesPrecieuses650lmDans le premier volume de Recueil des pièces en prose Les plus agréables de ce Temps datant de 1657 et édité par Charles de Sercy, on peut lire un texte intitulé « La Carte du Royaume des Précieuses » : « On s'embarque sur la rivière de Confidence pour arriver au port de Chuchoter ; de là on passe  par Adorable, par Divine, & par ma Chère, qui sont trois villes sur le grand chemin de Façonnerie, qui est la capitale du royaume. A une lieue de cette ville est un château bien fortifié, qu'on appelle Galanterie. Ce château est très noble, ayant pour dépendants plusieurs fiefs, comme Feux cachés, Sentiments tendres & passionnés, & Amitiés amoureuses. Il y a auprès deux grandes plaines de Coquetteries, qui sont toutes couvertes d'un côté par les montagnes de Minauderie, & de l'autre par celles de Pruderie. Derrière tout cela est le lac d'Abandon, qui est l'extrémité du royaume. »
Photographie : Double page de Recueil des pièces en prose Les plus agréables de ce Temps [Première partie]  édité par Charles de Sercy du XVIIe siècle.

© Article et photographie LM

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Lorgnettes et lunettes noires

ModesdeParis1803detail 300lmModesdeParis1803 300lmPhotographies du haut et de gauche : Planche 426 de l’an XI (pour 1802-3) provenant du Journal des Dames et des Modes fondé à Paris en 1797. « Turban de Batiste. Corsage et Manches Drapés. »

Dans l'article intitulé Lorgner et oeillades, j'évoque cette pratique française qui aujourd'hui a quasiment disparu, de 'lancer des yeux' et de l'utilisation de divers ustensiles permettant de voir. S'il est de bon ton de scruter, contempler, examiner avec insistance, ou 'd'évoquer' par le regard ; il l'est aussi de feindre une certaine forme de myopie. Rochette de La Morlière (1719-1785) dépeint cela dans un passage de son livre Angola, histoire indienne : « … Almaïr s'apercevant tout-à-coup qu'il n'avait point de lorgnette, le lui fit remarquer comme une furieuse incongruité. Il n'y avait rien de si bourgeois & de si plat que d'avoir la vue bonne : tous les gens d'une certaine façon clignotaient & ne voyaient pas à quatre pas, & sans cela il n'y aurait pas eu moyen d'y tenir, il aurait fallu saluer tout le genre-humain. » Cette façon de chercher à voir et à ne pas voir continue à l'époque des Incroyables durant le Directoire (1795-1799) tout particulièrement et même par la suite comme le prouve la photographie suivante où on apprend que certains lions (petits maîtres appelés ainsi en particulier à partir de 1830) regardent en entrouvrant à peine les yeux. Cette façon s'exprime encore aujourd'hui dans l'utilisation par quelques modeux de lunettes de soleil, en particulier la nuit.
Photographies du dessous : « Prophéties charivariques. » Avec de gauche à droite : « Les lions après avoir totalement supprimé les bords de leurs chapeaux, porteront des bord immenses, puis, ils les resupprimeront et continueront à regarder sans ouvrir les yeux. »

ProphetiesCarivariquesHautdetails100lmPhotographie du dessous : Autre illustration de la même série. Le petit-maître porte un monocle avec un large cordon, et les petites maîtresses sont dans un style 'invisible' (voir l'article La petite-maîtresse invisible).

ProphetiesCarivariquesBasdetailgauche300lm.jpg© Article et photographies LM

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La Vie de château

laviedechateaurecadresurimage500lmPhotographie : « La Vie de château », « 2ème partie, N°9 », « Causerie du soir. »  Lithographie originale provenant de Voyage en Angleterre, en couleurs (coloriée à l'époque) de 1829-1830, laviedechateaurecadre300lmsignée du dessinateur Eugène Lami (1800-1890) et du lithographe Villain. On trouve une estampe identique ici. Voici un autre exemple de cette série se situant dans la période des dandys français. Les personnages présentés sont anglais mais les artistes les ayant dessinés sont français.
Le château est une des belles productions des arts français. Son origine est médiévale. Avec les palais et hôtels particuliers, ils sont les demeures les plus prestigieuses. Si, à première vue, la différenciation est facile, l'expliquer par des mots l'est beaucoup moins pour les deux premiers.
La vraie distinction est peut-être que le palais s'intègre à la ville, alors que pour le château c'est l'urbanité (s'il y en a) qui se déploie autour de lui. Le palais royal et le palais du Louvre s’enchâssent dans Paris, alors que le château du Louvre est extérieur. On parle de château de Versailles plutôt que de palais, pour cette même raison, car la ville s'est construite autour de lui. Le palais des papes à Avignon s'insère dans la cité. En France il n'y a pas de palais construit en dehors d'une ville contrairement aux châteaux qui sont nombreux à être isolés. Ces derniers gardent un aspect massif s'élevant en hauteur, ce qui est dû à leur origine défensive et l'élévation (la motte castrale) sur laquelle il sont souvent construits. Mais ce n'est pas du tout le cas pour le château de Versailles s'étalant, avec des pièces spacieuses et fastueuses plus dignes d'un palais que d'un château. Certains châteaux, construits, réaménagés ou remplaçant de plus anciens à partir de la Renaissance perdent leur aspect défensif et s'ouvrent sur l'extérieur.
L'hôtel particulier est totalement urbain. Il en est question dans l'article Hôtels particuliers parisiens.
Voici une vidéo sur le sujet des hôtels particuliers parisiens, produite par Stand Alone Media, intitulée L'hôtel particulier : une originalité parisienne. Il s'agit d'un entretien de Julia Sieger avec Claude Mignot, professeur d’histoire de l’art et d’architecture moderne à l’université Paris-Sorbonne.  

© Article et photographies LM 

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Le corset : outil d'élégance

corsetstransparents300lmPhotographie du dessus : Corsets des années 1900.
C'est le quatrième article que j'écris sur le corset. Les précédents sont : Le corps à baleines, le corset et le tailleur de corps ; Corsets masculins ; Du corset à la crinoline : Les lignes caricaturales d'un corps social du XIXe siècle qui se dessine. Celui-ci s'intéresse aux corsets des XIXe et XXe siècles.
Dans son livre Usages du Monde : Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne (Paris, 20e édition, 1890), la baronne Staffe explique dans son avant-propos, qu'en 1830, on dit d'un « gentilhomme, modèle du savoir-vivre d'alors, qu'il aurait fait le tour de l'Europe sans toucher du dos le fond de sa calèche de voyage. » Aujourd'hui, un kinésithérapeute affirmerait qu'il n'est pas bon de laisser le dos en position assise sans soutien. Le corset permet alors non seulement ce soutien mais aussi de garder la colonne vertébrale droite. Il façonne le corps pour lui donner prestance et délicatesse.
Photographies suivantes : Corsets de la fin du XIXe siècle et du début du XXe (montage).
0corsets650lmAu début  du XXe siècle le corset couvre de plus en plus les fesses pour vers 1910 prendre le dos et entièrement le bassin. Dans le premier tiers de ce siècle, celui-ci est de moins en moins rigide et ressemble à une gaine, excepté que cette dernière supporte avant tout le bassin alors que le corset de cette époque à la fois celui-ci et le dos, montant jusqu'à la poitrine. L'objectif est d'atteindre une silhouette fine et droite.
Photographies du dessous : Corsets des années 1910.

1910400lm© Article et photographies LM

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Vertugadins, paniers, crinolines et tournures.

lesmodesdenosfemmesdetailblanc400lmPhotographie du dessus : Détail d'une assiette du XIXe siècle décrite plus loin.
robealaturquedetail300lmPhotographie de gauche : Gravure provenant de Galerie des Modes et Costumes Français, 30e. Cahier de Costumes Français, 23e Suite d'Habillements à la mode en 1780. « […] Robe dite à la Turque […] on la voit ici dans toute son étendue la queue traînante. » Robe à paniers et traîne du dernier tiers du XVIIIe siècle.
Un article sur les vertugadins, paniers, crinolines et tournures peut être très long ; et j'ai beaucoup de matière iconographique pour l'illustrer. Cependant écrivant dans mon blog sans contrepartie financière, je ne peux prendre trop de mon temps. C'est dommage car ces modes sont passionnantes, d'autant qu'elles donnent à la gente féminine des silhouettes merveilleuses et induisent une vision du monde très différente de celle d'aujourd'hui plus affairée, plus pratique, moins coquette.
La mode des robes larges semble naître avec l'époque moderne qui commence à la fin du Moyen-âge : au XVe siècle. Sans doute en trouve-t-on des exemples plus anciens, mais je n'en connais pas.
C'est en Espagne que LE VERTUGADIN apparaîtrait pour la première fois, avec la princesse Jeanne de Portugal (1438-1475), reine de Castille. De la cour espagnole, cette mode se retrouve en Angleterre par l'entremise de Catherine d'Aragon qui l'importe en se mariant en 1501 avec le prince Arthur, un des fils d'Henri VII. Le vertugadin ressemble alors à la crinoline du XIXe siècle. Il a une forme de cloche se plaçant sous la robe et est composé de cerceaux. La France l'adopte au XVIe siècle mais en le modifiant, donnant de l'ampleur surtout au niveau de la hanche par l'intermédiaire d'un bourrelet remplacé ensuite par un plateau.
Photographies du dessous : A gauche, robe à vertugadin de la fin du XVIe siècle (gravure d'époque provenant de Habiti antichi, et moderni di tutto il Monde ... de Cesare Vecellio). Au milieu, robe volante de la  Régence (1715-1723). On remarque les 'plis à la Watteau' dans le dos. A droite, robe à la française du second tiers du XVIIIe siècle.
3imagesPhotographie du dessous : Robes volantes d'époque Régence.
dameasatoiletterocaille650lmPhotographie de droite : Détail d'une gravure provenant de la revue Galerie des Modes de 1778 et ayant pour légende : « Petite Maîtresse en Robe à la Polonaise de toile peinte garnie de petitemaitressetransparent300lmmousseline, lisant une lettre ».
Progressivement, au XVIIe siècle, le vertugadin devient plus sage. A la fin de ce siècle, il ressemble parfois à un simple rembourrage dans le dos (ayant la forme de la tournure de la fin du XIXe siècle), pendant qu'à nouveau à la cour d'Espagne est inventé LE PANIER. En France, Madame Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, surnommée Madame de Montespan (1640-1707) porte une robe dite 'battante' afin de cacher ses grossesses. Sous la Régence de Philippe d'Orléans (1715-1723) les larges robes 'volantes' ou 'battantes', appelées aussi robes de chambre sont à la mode. Le panier est placé sous la robe, ou plutôt sous un jupon. Il est constitué de baleines. Il semble qu'on utilise aussi bien le singulier que le pluriel pour désigner ce sous-vêtement : 'panier' ou 'robe à paniers'. Durant le règne de Louis XV (1723-1774), la 'robe à la française' (appelée en France sacque) remplace la précédente mais conserve les 'plis à la Watteau' dans le dos ainsi que le panier qui prend une forme ovale élargissant les hanches tout en offrant une silhouette plus ou moins plate derrière et devant le bassin. Elle est composée d’un manteau fermé puis ouvert sur une pièce d’estomac et une jupe assortie. Le pourtour de l’ouverture du manteau et la partie visible de la jupe sont agrémentés de bouillonnés variés et de falbalas. Le corsage est ajusté sur le devant et sur les côtés. Le décolleté est profond. On fixe aux manches (en pagode) des engageantes amovibles de dentelle ou de mousseline brodée. Certaines de ces robes ont une envergure peut-être encore jamais atteinte. Sous Louis XVI (roi de 1774 à 1791), la robe à la française prend progressivement la place du grand habit lors des cérémonies officielles pour devenir une tenue d’apparat. La mode est aux robes 'à la polonaise', 'à la circassienne' et 'à l'anglaise'. Les deux premières sont encore très amples contrairement à la dernière. la robe à la Polonaise encore appelée 'robe à la reine' a de nombreuses variantes qui toutes présentent les mêmes caractères généraux : les manches en sabot, un corsage qui tient à la double jupe : c'est-à-dire que le devant et les dos sont d'une pièce jusqu'au bas de la robe.
costumefrancais4joliefemmedetail300lmPhotographie de gauche : Estampe du 10e Cahier de Costume Français, 4e Suite d'Habillements à la mode. « Dessiné par Desrais » « Gravé par Voisard » « Jolie Femme en Circassienne de gaze d'Italie puce, avec la jupe de la même gaze couvrant une autre jupe rose garnie en gaze broché avec un ruban bleu attaché par des Fleurs et glands et gaze Bouillonné par en bas, et des manchettes de filet, coiffée d'un Chapeau en Coquille orné de Fleurs et de Plumes. »  Sur Internet on trouve ce reste de description (Centre de recherche du château de Versailles) : « Circassienne de Gaze. Jolie femme en Circassienne, vue par devant ; le corps est décoré de chaque côté, par trois brandebourgs en or, avec leurs glands en paillettes ; la robe de gaze est relevée avec des bouquets de fleurs retenues par des glands ; garniture de gaze en tuyaux. La jupe de gaze, semblable à la robe, sert de voile à une autre jupe de couleur différente ; la soubreveste terminée en pointe, doit être de couleur pareille à la jupe voilée ; les manches de la robe, très courtes, ornées de leur bordure, attachée par des glands, et livrant passage aux manches de la soubreveste, garnies de manchettes de blonde, à deux rangs. Le volant est peu élevé, et coiffé d'un ruban à gros bouillons, mis en guirlande soutenue par des roses en tige ; le bas du volant environné d'un autre ruban pareil au premier, mais sans être bouillonné. Ces robes, pour ainsi dire aériennes, ne peuvent paraître que dans les grandes chaleurs de l'été ; elles ne supportent ni mantelet, ni fichu, ni bouffante, et exigent que le sein soit vu dans toute sa beauté ; quelques élégantes ont hasardé de prendre pour collier un cordon d'or et cheveux, avec deux glands passés l'un dans l'autre, et venant se réunir entre les brandebourgs. Chapeau à la coquille, ou le char de Vénus ; les bords sont environnés d'un ruban pareil à la robe pour la couleur ; le côté gauche, apanagé de deux roses avec tige et boutons : du côté droit s'échappent en serpentant deux petites branches de roses ; le tout est couronné par un panache à trois feuilles accompagné de deux plumes badines et surmonté d'une aigrette à trois flèches. Ce chapeau, aussi noble que gracieux, marche de pair avec le chapeau ou pouf à la victoire. Frisure à la physionomie, ouverte ou à tempérament ; trois boucles de chaque côté, la troisième tombante et accompagnant un chignon bas et natté, avec les nageoires couvrant les oreilles. Souliers uniformes avec la robe, bordés et garnis de la couleur de la soubreveste. »
Sous le Directoire (1795-1799), la fin de la Monarchie et le retour à l'antique sonnent le terme des paniers avec des robes simples, droites, sans corset pour affiner la taille. Le transparent des robes des premières merveilleuses ne demande que l'utilisation d'un ou plusieurs jupons qui au XIXe siècle deviennent de plus en plus nombreux ...
Photographies du dessous : Robes avec crinoline en 1858 et 1866.
1858-1866Photographie de droite : Robes avec crinoline en 1868.
1ernovembre1868blanc300lmAu début du XIXe siècle, alors que les robes se raidissent, de plus en plus de jupons leur donnent une forme de cloche. En même temps la taille est rabaissée et le corset à nouveau d'usage. Les amples robes accentuent la finesse de la taille d'où les jupons au nombre augmentant. On appelle cela LA CRINOLINE. Le jupon de crin apparaîtrait vers 1839. Les jupons sont de plus en plus nombreux, certains empesés et/ou garnis de volants. Tout cela n'est pas du plus pratique. Afin de garder, voire d'augmenter l’envergure, on renforce le jupon de cerceaux de baleine ou d'osier. C'est en 1856 qu'est inventée la 'crinoline cage' constituée de cerceaux reliés entre eux par des bandes de tissus, tenue au niveau de la hanche par une ceinture, le tout placé sous le jupon. Celle-ci permet d’atteindre des circonférences conséquentes. C'est le troisième article que j'écris sur la crinoline. Dans celui intitulé Crinolines, je présente des assiettes du XIXe siècle témoignant de cette mode. En voici d'autres ci-dessous. Toutes celles de ma collection sont visibles sur cette page. Ces documents, peu connus et peu recherchés des spécialistes jusqu'à présent, sont pourtant des sources d'époque particulièrement intéressantes.
lacrinolinetonnerre2-300Photographies : Trois assiettes de Choisy le Roi, du XIXe siècle, de la série « La crinoline ».
Celle du dessus : « 1. Plus souvent qu’Adélaïde et moi, nous mettrons jamais de la crinoline ! C'est trop dangereux ».
Celles du dessous : « 2. Oui Madame c'est ici ! Donnez vous la peine d'entrer ». Une dame en crinoline accompagnée d'un valet se demande si c'est bien le bon endroit où on prend soin des crinolines. L'ouvrier lui répond par l'affirmatif. Sur le mur est indiqué : « Lamoureux. Serrurier du beau sexe. Pose les jupes artificielles. »
« 12. Comme si nos femmes n'étaient pas assez légères avant cette maudite invention ».

crinolinelamoureux2-100lacrinolinelegere2-300Photographie de droite : Estampe double page provenant de la revue Le Coquet : Journal des Modes datant de 1887.

1887clair-300lmPuis le devant de la crinoline s'aplatit, toute l’ampleur de la robe étant rejetée vers l'arrière à partir de 1866-67. Ce sont les débuts de LA TOURNURE, elle aussi placée sous le jupon. A partir de 1869, des draperies bouillonées par-dessus la jupe au niveau du haut des fesses nécessitent un soutien. La tournure peut avoir alors plusieurs étages dans le dos. La mode de la tournure est en particulier présente dans les années 1870 et 1880. Elle prend diverses formes, accentuant le faux-cul (tournure 'queue d'écrevisse' ...) ou la traîne de plus en plus longue, ou les deux, avant de ne devenir qu'un simple rembourrage. Vers 1870 elle disparaît même, la robe gardant une longue traîne puis réapparaît en 1881 pour s'évanouir à nouveau vers 1891. Vers 1894 les robes reprennent une forme de cloche plus basse que pour la crinoline, forme sans doute composée par des jupons bouillonnés. En 1900 la finesse de la taille n'est plus accentuée par l'ampleur de la robe mais par un corset qui prend toute la fesse et semble raidir et faire avancer le buste vers l'avant. En 1809 la silhouette devient droite et le corps est plus libre dans les vêtements. La mode n'est plus au corset, et encore moins à la crinoline ou à la tournure.
Photographies ci-après : Assiette de Gien (époque Geoffroy & Cie) datant entre 1871 et 1875, de la série « Actualités », avec pour légende : « Ce qu'on est convenu aujourd'hui d'appeler une belle tournure » « N° 2 ». La tournure représentée est tellement imposante que l'on dirait une crinoline. Il s'agit bien d'une tournure : le devant de la robe de la dame de dos étant sans doute plat comme pour l'enfant à côté d'elle qui a de même une tournure volumineuse.
unebelletournure2-300Photographies ci -dessous : Assiette de la série « Jadis et aujourd'hui » : « N°9 Les modes de nos femmes » de Creil et Montereau. La marque au dos est utilisée de 1840 à 1867.
lesmodesdenosfemmes2-300La mode de la crinoline n'empêche en rien de danser, au contraire. Les danses extravagantes telles le cancan débutent dès le premier tiers du XIXe siècle. On lève la jambe très haut, parfois jusqu'à la tête ; on fait le grand écart etc. Les figures présentes dans l'article La contredanse et la valse sont exécutées avec une robe à tournure et le sont déjà au temps de de la crinoline.
Photographies ci-après : Assiettes de  Choisy-le-Roi du XIXe siècle de la série « Paris au bal » :
« 1. Une soirée du grand monde - quadrille des lanciers » ; « 3. Château rouge » ;
« 4. Closerie des Lilas » ; « 5. Mabille » ;
«  7. Château des fleurs » ; « 8. Ranelagh » ;
« 9. Musard. » ; « 10. Asnières » ;
« 11. Prado ».
parisaubal9-1.gifparisaubal9-2.gifAu XXe siècle, si les vertugadins à la françaises et les paniers ont disparu, il reste encore des réminiscences des crinolines et tournures dans des robes de soirée de grands couturiers des années 1950 ou même encore d'aujourd'hui (voir l'article Le bon goût à nouveau de mode ?), et surtout dans les robes de mariée.

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La coquette, le jeune abbé coquet et l'abbé de Pouponville.

Photographie de droite : L'Apprentie coquette de Monsieur de Marivaux (vers 1688 - 1763), courte nouvelle incluse dans Bibliothèque de campagne ou amusements de l'esprit et du cœur (Tome second. Troisième édition. A Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1755).
Cet article fait suite à deux précédents : l'un intitulé Coquettes et coquetteries du XVIIe siècle et l'autre Coquetterie.
La coquette est un personnage particulier du XVIIe siècle : une petite maîtresse parmi les muguets, libertins, précieuses, courtisanes, courtisans, dames de qualité, cavaliers, beaux fils, menins, galants, petites-maîtresses et petits-maîtres proprement dits et quelques autres. Elle survit aujourd'hui, bien que je n'en aie rencontrée aucune … du moins comme nom du langage courant et surtout comme adjectif.
apprentiecoquette1erepage300lmScarron, dans Épîtres burlesques décrit rapidement des coquettes de 1640, c'est à dire de la fin du règne de Louis XIII (roi de 1610 à 1643) :
« Parlerai-je de ces fantasques
Qui portent dentelle à leurs masques,
En chamarrant les trous des yeux,
Croyant que le masque est au mieux ?
Dirai-je qu'en la canicule,
Qu'à la cave même l'on brûle,
Elles portent panne et velours ?
Mais ce n'est pas à tous les jours ;
Qu'au lieu de mouches, les coquettes
Couvrent leur museau de paillettes,
Ont en bouche cannelle et clous,
Afin d'avoir le flaire doux,
Ou du fenouil que je ne mente,
Ou herbe forte comme mente. »
La coquette est quelque peu frivole : Ce n'est que pour expérimenter son âme, les bigarrures qui que l'amour crée dans son esprit, et les affectations qui s'échappent d'elle dans les manières avec lesquelles elle joue comme un acteur devant son miroir. C'est avant tout, et même exclusivement à elle que la coquette se voue, à son reflet et aux apparences qui en découlent. Elle a besoin d'être aimée mais sans les contraintes que cela pourrait engendrer. Son alter-ego n'est pas le coquet mais le galant.
Dans la courte nouvelle intitulée L'Apprentie coquette (photographie 1), Marivaux met en scène la conversation de deux jeunes dames. L'une apprend la coquetterie à la seconde à travers quelques leçons de galanterie féminine. L'auteur, dont le style a donné lieu à un nom : le 'marivaudage', exprime le plaisir qu'il peut y avoir dans le jeu de l'amour et de ses réflexions dans tous les sens du terme. La légèreté y est admirée comme une élévation dont le plaisir est le maître, et dont la volatilité permet de survoler toute idée de mal. Voici un passage du texte :
« Quand il fut heure de se coucher, je volai dans ma chambre, pour me déshabiller, & pour me voir : oui, pour me voir ; car j'étais pressée d'une nouvelle estime pour mon visage, & je brûlais d'envie de me prouver que j'avais raison. Tu penses bien que mon miroir ne me mit pas dans mon tort ; je n'y fis point de mine qui ne me parût meurtrière ; & la contenance la moins façonnée de mes charmes pouvait, à mon goût, achever mes deux Amants.
Te ferai-je le détail de mes petites grimaces ? Nous sommes toutes deux du même sexe, & je n'apprendrai rien de nouveau : tantôt c'est un mélange de langueur & d'indolence, dont on attendrit négligemment une physionomie ; c'est un air de vivacité dont on l'anime ; d'usage & d'éducation dont on la distingue ; enfin, ce sont des yeux qui jouent toutes sortes de mouvements ; qui se fâchent, qui se radoucissent, qui feignent de ne pas entendre ce qu'on voit bien qu'ils comprennent ; des yeux hypocrites, qui ajustent habilement une réponse tendre, à qui cette réponse échappe ; & qui la confirment par la confusion qu'ils ont de l'avoir faite.
Voilà en gros les aspects sous lesquels je m'admirai pendant un quart-d'heure ; je me retouchai cependant sous quelques-uns ; non que je ne fusse bien, mais pour être mieux ; après quoi je me couchai, remplie de sécurité pour l'avenir ; mais je me couchai sans envie de dormir : j'avais trop bonne compagnie d'idées ; les deux jeunes-gens, leurs tendres dispositions, ma gloire présente et à venir, la bonne opinion de moi même, tout cela me suivit au lit.
Je me mis donc à rêver, & à faire mille projets de conduite : j'arrangeais les phrases futures de mes Amants & les miennes ; j'imaginais des incidents, je troublais leur repos, je les calmais, j'inventais des caprices dont je me divertissais de les voir dépendre ... »
Photographies du dessous : Assiette de Gien datant entre 1827 et 1839 : " La coquette ".
lacoquette2-300Photographies ci-après : Assiette de 19,5 cm de diamètre, de Choisy le Roi, signée « HB » du XIXe siècle, de la série « La crinoline » : « 9. Madame ! Vous resterez enfermée 24h dans votre jupe, cela vous apprendra à être coquette ! » Sous Napoléon III, alors que certaines femmes ont toute liberté, d'autres restent enfermées dans des stéréotypes. Le code Napoléon par exemple considère jusqu'en 1970 l'homme comme étant le chef de famille. Cette assiette est intéressante en particulier pour la représentation d'une crinoline sans le jupon et la robe qui la couvrent.
lacrinolinecoquette2-300Voici quelques représentations de coquettes. La luthiste coquette. Tribunal des coquettes. La dispute de la coquette et la modeste. La femme coquette et le vieux jaloux. Portrait de la dame coquette et artificieuse. Une partie du texte accompagnant cette image est celui-ci : « tout indique une coquette qui n'a rien négligé pour compléter sa parure et la rendre agréable ; elle profite d'un moment qu'elle se trouve seule pour considérer si un air négligé ne serait pas préférable à une forme trop régulière. » La coquette. La jardinière coquette. La coquette et l'abeille. Coquette. La coquette fixée. On constate qu'elle est avec un abbé, parfois associé aux petites maîtresses au XVIIIe siècle. Il s'agit du jeune abbé coquet dont voici quelques images. Jeune Abbé coquet avec un habit à olives allant en conquête. Petite maîtresse en robe lilas tendre garnie de gaze à la promenade au Palais Royal. Un abbé coquet est représenté dans la gravure intitulée La promenade du matin de Suite d'estampes pour servir à l'histoire des moeurs et du costume des Français dans le dix-huitième siècle (années 1775-1776). Le texte qui accompagne cette image le décrit ainsi : « Un Abbé plus modeste en baissant la paupière, Fait croire qu'il n'y touche pas ; Mais il sait à propos gagner la Bouquetière, Pour oser de plus près admirer vos appas [des petites maîtresses]. » 
lecontroleuralatoilettedetail300lmPhotographie de gauche : Cuivre pour impression d'une gravure intitulée : 'Le Contrôleur de toilette'. Il est signé du sculpteur Mixelle jeune (Jean-Marie Mixelle) actif à la fin du XVIIIe siècle, d'après un dessin de Claude-Louis Desrais (1746-1816). L'indication : « A Paris chez Pavard rue S Jacques N°240 APDR » signifie que l'éditeur est Pavard (fin du XVIIIe siècle) et que ce cuivre date d'avant 1789 car il y a un APDR (Avec Privilège Du Roi). C'est peut-être un cuivre original ou sans doute une copie. Format total du cuivre : 27,2 x 21 cm. Il met en scène un religieux (peut-être celui de la maison, ou celui qui vient visiter régulièrement) qui donne ses avis sur les tenues de la maîtresse du lieu. On le trouve sur quelques gravures représentant une dame à sa seconde toilette comme dans celle intitulée « Qu'en dit l'abbé ? ».

L'abbé coquet est un style de religieux que l'on retrouve souvent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il courtise parfois les petites-maîtresses dont il peut être l'ami et le confident. Ce personnage est présent dans la pièce L'Été des coquettes de Dancourt (1661-1725) dont je parle dans l'article Coquettes et coquetteries du XVIIe siècle. On l'appelle aussi « abbé de Pouponville ». C'est un « sermonneur de sofa », à l'allure mignarde, jouant volontiers le jeu des petites-maîtresses. Il est un habitué de leur ruelle et, pour les plus érudits, de celles des précieuses (voir article sur Les précieuses et les femmes de lettres). Certains abbés célèbres se sont consacrés à écrire des ouvrages sur des sujets que l’Église répugne, comme le théâtre ou la danse. François Hédelin, abbé d’Aubignac et de Maymac (1604-1676), qui est considéré comme le créateur de la règle des trois unités du théâtre classique français, compose une Histoire du temps ou relation du royaume de coquetterie extraite du dernier voyage des Hollandais aux Indes du levant (1654). L'abbé Michel de Pure (1620 - 1680), que Nicolas Boileau (1636-  1711) décrit comme étant un galant (« Si je veux d'un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer, trouve l'abbé de Pure ») compose une Nouvelle histoire du temps ou la relation véritable du royaume de coquetterie. Il est connu notamment pour un livre sur la danse et les ballets (Idée des spectacles anciens et nouveaux, Paris, Michel Brunet, 1668) et de plusieurs sur les précieuses : La Précieuse ou le Mystère de la ruelle, 1656-8 (en 4 parties); La Précieuse (comédie, 1656) ; La Déroute des précieuses (mascarade 1659). Au XVIIIe siècle, des abbés écrivent sur des sujets comme le goût ou la politesse tels François Cartaud de la Vilate (vers 1700 - 1737), Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde (1648 - 1734), Séran de la Tour (vers 1700 - vers 1770).
Dans Bibliothèque des petits-maîtres, ou Mémoires pour servir à l'histoire du bon et de l’extrêmement bonne compagnie de Fr. Charles Gaudet (« Au Palais-Royal, Chez la petite LOLO, Marchande de Galanteries, à la Frivolité, 1762. ») tout un chapitre est consacré à la « Bibliothèque de l'abbé de Pouponville » (cliquer ici pour le lire).
Photographies du dessous : « Qu'en dit l'abbé – A Madame la Comtesse d’Ogny, Paris chez N. De Launay [Nicolas Delaunay (1739-1792)], Graveur du Roi, Rue de la Bucherie N°26. Par son très Humble et très Obéissant Serviteur N. De Launay. Peint à la Gouache par N. Lawreince [Nicolas Lavreince (1737-1807)] , peintre du Roi de Suède. Gravé par N. De Launay, Graveur du Roi de France et de Danemark, et des Académies de France et de Copenhague. A.P. D.R. » Gravure originale de la seconde moitié du XVIIIe siècle représentant une dame à sa toilette demandant à son abbé ce qu’il pense du tissu que lui présente une vendeuse de mode.

quenditlabbe2-300lm© Article et photographies LM

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Un corps jeune et bronzé

conseilmedicauxpourbrunirimage300lmRetserjeune300lmJusqu'au XXe siècle le bronzage n'est pas du tout une chose recherchée. C'est même le contraire. On ne 'bronze' volontairement pour faire joli que la peau des gants ou des chaussures. C'est durant l'entre-deux-guerres que cela devient à la mode et un critère de beauté. Certaines pages de la revue présentée ici datant de 1935, en sont la preuve. Il est intéressant de noter la mise en page qui est typique des revues de mode du XXe siècle. La photographie prend la première place sur les autres iconographies, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas avant 1939 où le dessin est très présent ; il continue de l'être, mais beaucoup moins, aujourd'hui (d'après Raymond Gaudriault la gravure de mode est abandonnée après 1939 : La Gravure de mode féminine en France).
Photographies : Revue mensuelle Rester jeune, n°23, d'août 1935. On y lit un article intitulé 'Conseils médicaux pour brunir et quelques conseils pour la beauté du teint sur la plage par le Dr Jean Audit' qui commence ainsi : « Vous aller user et même abuser des bains de soleil. » Un autre article  se nomme 'Je veux brunir'.

conseilmedicauxpourbrunir-2-300lm© Article et photographies LM.

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Coiffure 'à la girafe'

coiffurealagirafeXXe300lmDans l'article intitulé Estampes à la mode il est question de la coiffure 'à la girafe'. J'en présente quelques jolis exemple dans cet autre : Boucles, macarons et papillotes. Cette coupe a complètement disparu mais existe encore au début du XXe siècle comme le prouve cette photographie sur carte postale d'époque.

coiffurealagirafeXXedetail300lm© Article et photographies LM

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Modes féminines sous Charles X

NothingExtenuate300lmPhotographie 1 : Caricature d'époque (découpée et collée sur un papier plus récent) anglaise, colorée à la main, représentant la mode décrite ci-après. Elle a pour légende : « Nothing Extenuate nor aught set down in Malice. » Cette estampe date de 1827. L'auteur est Henry Heath et l'éditeur H. Fores (Londres). D'autres exemples sont ici : 1, 2. Plusieurs gravures d'outre-Manche caricaturent cette mode comme celles visibles sur www.gjsaville-caricatures.co.uk intitulées : 'Ancient and Modern Ladies' ; 'A la Mode' ; 'Ganging to the kirk' ; 'A pair of Fashionables' ; 'It is the very Fashion of the Time' ; 'Morning, Noon, Night'.
Sous Charles X (roi de 1824 à 1830 : seconde restauration) et en particulier à partir de vers 1827, la mode féminine prend un tournant important : le plus grand depuis celui des merveilleuses de la fin du XVIIIe siècle qui abandonnent le corset et les coiffures recherchées Leconseillerdesgraces1829-300lm(cheveux courts ...), montent la taille, portent des robes dans le genre des tuniques à l'Antique c'est à dire droites, simples, décolletées, transparentes, drapées. Ensuite les vêtements se rigidifient. En 1824 les chapeaux s’élargissent, la taille redescend et les jupons rendent la robe plus ample en forme de cloche. On ne montre plus la poitrine, et couvre parfois tout le buste, une collerette pouvant fermer le tout au niveau du cou. Les manches deviennent de plus en plus bouffantes tout en étant serrées aux poignets. En 1827 tout cela devient extrême. Les larges chapeaux sont garnis de fleurs et surtout d'une profusion de longs volants, rubans noués, rentrant dans la coiffe par divers endroits et tombant souvent jusqu'au dessous des fesses. Les coiffures non seulement ne sont plus courtes mais affublées d'un haut chignon et de cheveux frisés sur les côtés l'un ou l'autre étant postiche (voir le début de l'article intitulé Estampes à la mode). Les épaules sont rendues particulièrement plates par un canezou (voir article Le canezou), une guimpe, et un cou chargé de colifichets, collerette ... Les manches dites 'à gigot' sont énormes. La robe posée sur plusieurs jupons s'élargit jusqu'à ce que soit inventée en 1856 la crinoline-cage marquant une nouvelle grande étape dans l'évolution de la  mode.
Photographie 2 : « Le Conseiller des Grâces. N°55. 1829. Mode de Longchamps. Capote de crêpe. Robe de jaconas [sorte de mousseline] garnie d'un volant plissé ainsi que le corsage et les manches pélerine en ... »
Photographie 3 : Estampe de 1826. Nous avons là déjà presque la tenue complète.
1826couple300lmJe n'ai pas trouvé le nom que l'on donne alors à ces petites maîtresses du temps de Charles X. Si quelqu'un le sait, ce serait formidable de me le dire.

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La gommeuse et le gommeux, ceux du caf'conc, le dégommé, la gommeuse excentrique et la gommeuse épileptique.

gommeuxchromo300lmPhotographie 1 (à gauche) : Chromolithographie publicitaire, de la fin du XIXe siècle intitulée « Le petit gommeux ». Sa cravate est nouée comme aujourd'hui : c'est la nouvelle mode à cette époque et le début de cette manière !
Cet article fait suite à celui intitulé : Le gommeux.
Le nom de 'gommeux' viendrait de 'celui qui n'a pas été gommé' (dégommé), et qui est donc à la mode, dans le ton. Une estampe de Honoré Daumier (1808 - 1879) provenant de la revue Le Charivari (dans la série 'Actualités'), datant de vers 1840-1843, présente un militaire en habit civil négligé regardant son vêtement professionnel posé sur une chaise sous un tableau de lui-même en officier. La légende indique : « Dégommé !! » Un « dégommé » est une personne ayant été destituée de ses fonctions (terme utilisé en particulier pour un militaire). C'est aussi un homme ou une femme ayant vieilli, perdu de sa fraîcheur au propre comme au figuré. Le gommeux est tout le contraire. Il est jeune avec une allure que Gyp (qui elle-même ressemble beaucoup à une gommeuse sur la photographie ici) décrit dans Ohé la grande vie (1891) :  « épaules et vêtements étroits ; col très haut ; bottines à pointes aiguës et relevées [...] marche en fauchant, les bras écartés du corps avec affectation ». Sa manière de s'habiller est extrême avec des  vêtements au plus près du corps pour certaines parties ou au contraire larges pour d'autres. Une chanson que je cite plus loin décrit un gommeux avec un veston le serrant « fortement » et des bottines pointues semblant trop étroites. Si son veston est serré, il ne l'est pas aux manches qui sont très larges. Son pantalon est collant au niveau du bassin et des cuisses mais se termine en pattes d'éléphant. Son chapeau avec des bords fins semble trop petit pour sa tête alors que le col de sa chemise est ou très haut ou très large. L'utilisation de motifs à pois ou de rayures ajoute à l'excentricité de son accoutrement qui rappelle celui des muscadins ou des incroyables.
Goncourt écrit dans Journal (1875) : « gommeux, l'on prétend que c'est l'appellation de mépris que les femmes donnent, dans les cabarets de barrière, à ceux qui mettent de la gomme dans leur absinthe, à ceux qui ne sont pas de vrais hommes ».

C'est le modeux du dernier quart du XIXe siècle.
gommeuxLibert1Photographies 2 et 3 (au-dessus): Première page d'une partition de la chanson La Chaussée d'Antin par Libert dont le visage est représenté.

pisto70085300lmPhotographie 4 (à gauche) : Estampe, avec deux gommeux, du dernier tiers du XIXe siècle, ayant pour titre et légende : « Balivernes : - Tu sais la différence qu'Henri IV faisait entre un verre de bon vin et une jolie fille ? - Non … - Pristi ! Alors, tu n'es pas fort sur l'histoire de France. »
On rencontre le gommeux dans les lieux à la mode dont certains cafés-concerts (voir article de Wikipedia) où son personnage est repris sur la scène par des chanteurs spécialisés dans ce genre.
Le site Du temps des cerises aux feuilles mortes, offre toute une page sur l'un des plus fameux gommeux de caf'conc : le chanteur Libert (?-1896), avec de nombreuses images d'affiches le concernant où il est tout à fait dans le style gommeux : mélangeant chic, excentricité et une certaine forme de désinvolture jubilatoire.
Photographie 5 (à droite) : Carte postale avec Polaire : une gommeuse épileptique célèbre.
gommeuse-Polaire-300lmLes gommeuses sont plus rares ou on été moins sujettes à la satyre, peut-être parce qu'elles sont moins « voyantes » à des époques où toute la mode féminine l'est contrairement à la masculine. Leur style allie l'élégance avec une liberté de ton et une extraversion propres à la jeunesse. Il n'en faut alors pas davantage pour que ce personnage soit imité au café-concert par de jolies et impétueuses chanteuses jouant avec un mélange de raffinement et d’exubérance en y ajoutant une féminité aguichante. A la même époque que Libert et d'autres gommeux des planches, certaines chanteuses deviennent célèbres dans ce personnage comme Henriette Bépoix : une « Diseuse-chanteuse-comédienne », ou Thérésa qui commence sa carrière avec ce rôle. Polaire en est un autre exemple (comme les autres des photographies). Ces gommeuses s'habillent d'une manière recherchée et extravagante. Elles portent parfois un « gigantesque chapeau fantaisiste », avec toujours quelques notes sensuelles voire très suggestives : poitrine mise en valeur, mollets qui se laissent voir (ce qui est à l'époque osé) etc.
Plusieurs chanteuses sont, à certains moments de leur carrière, appelées des « gommeuses excentriques ». Une page de Le Passe-temps et le parterre réunis décrit négativement ce nouveau personnage : « les dessous affriolants de la gommeuse excentrique qu'acclame bruyamment la bande des vieux jeunes snobs, ridés à vingt ans, cosmétiqués, engoncés, retapés comme des pommes blettes, dont la boutonnière s'adorne de gardénias énormes et dont les gants craquent à chacun de leurs impétueux mouvements. » Le 'chahut', une particularité que les petits-maîtres, comme beaucoup de jeunes pratiquent depuis l'Antiquité, est une folie que l'on retrouve maîtrisée dans des danses à la mode comme le chahut-cancan et qui s'exprime sur scène de diverses façons : comme avec le genre gommeuse épileptique qui consiste à ajouter au chant une expression corporelle intense qui peut s'extérioriser depuis les cheveux jusqu'au bout des pieds. Toujours les gestes gardent quelque chose de poupon, d'une féminité vraiment intense. La chanteuse nommée Polaire excelle alors dans ce genre (nombreuses images sur ce site)
gommeuseLucyNanonObliteration1904-300lmPhotographie 6 (au dessus) : Carte postale (oblitération de 1904) de Lucy Nanon (L. Manon et L. Nanon semblent être la même personne), une gommeuse de caf'conc' de la Belle Époque. Elle porte un grand chapeau fleuri et des falbalas.
gommeusesLucyManon300almPhotographie 7 (au dessus) : Autre carte postale de Lucy Manon.

gommeuzeexcentriquesuzannecadre300lmPhotographie 8 : « Suzanne d'Artois : Gommeuse Excentrique », avec une dédicace de Suzanne d'Artois elle-même.
gommeuseDeLafereObliteration1906-300lmPhotographie 9 (à gauche) : Carte postale, avec une oblitération datant de 1906, d'Irma de Lafère (Le I de « I DE LAFERE » ressemble à un J mais c'est de cette façon que cela s'écrit alors). Il s'agit d'une gommeuse du café-concert. Elle porte une ou deux bagues de pierres précieuses à tous les doigts sauf aux pouces, et un habit entièrement brodé de paillettes. A cette époque les habits élégants peuvent être particulièrement fin pour les femmes. J'en ai quelques exemples, brodés et/ou avec de la dentelle … On se demande même comment il peuvent être alors portés tellement ils sont fragiles, ajustés au plus près du corps. Ne serait-ce que de boutonner ou déboutonner certains corsages est une aventure de dextérité. De plus le corps des plus jolies dames façonnés dans des corsets et des chaussures faites pour des « pieds mignons » est véritablement délicat, ce qui se ressent dans les habits. C'est encore comme cela au début du XXe siècle jusque dans les années 1910 où le corset commence à être délaissé ou remplacé par une forme s'apparentant de plus en plus à la gaine.
Photographie 10 (à droite) : « Aventure de gommeuse : Chansonnette. Créée par Mlle Méaly à l'Eldorado. A Mr Chretienni des Ambassadeurs. »  « Paroles de Delattre de Nola » ; « Musique de Louis Raynal ». La gommeuse dessinée ici est dans une tenue très coquine puisqu'on lui voit toute la jambe et même la culotte. Elle porte le fameux grand chapeaux rappelant celui des bergères de pastorales. Les ailes dont elle est affublée dans le dos rappellent celles d'amour et apportent un mélange de candeur au débridé. Sur cette première page on y trouve des noms d'autres chansons comme Le défilé des Pchutteuses ou Ba.be.bi.bo.bu. L'intérieur donne la partition et le texte de la chanson que voici :
aventuredegommeuseretravaillee300lm    « 1er Couplet
Alltto. Polka.
Mouvt. de Polka modéré
En passant l'autre jour par la Chaussée d'Antin
J’aperçois un gommeux qui m'suivait à distance,
Il prenait avec moi des grands airs d'importance,
Moi je m'disais tout bas : Dieu qu'il a l'air d'un s'rin.
    Refrain Polka
Moi j'trottinais comm'ça :
Tra la la la la,
Tra la la la la,
Tout en faisant comm'ça
Tra la la la la,
Tra la la la la,
En me r'luquant comm'ça :
Tra la la la la,
Tra la la la la,
Il me suivait comm'ça :
Tra la la la la,
Tra la la la la !
    2
Il avait un veston qui l'serrait fortement,
Des bottines pointu's qui semblaient trop étroites,
Clignant alors de l'oeil je l'aperçois qui boite,
Il paraissait ma foi souffrir horriblement.
gommeusedeTender300lm.jpgMoi j'minaudais comm'ça :
Tra la la,
Tout en faisant comm'ça :
Tra la la,
Lui me suivait comm'ça :
Tra la la,
En grimaçant comm'ça :
Tra la la,
    3
Cependant il s'approche et, d'un p'tit air bênet,
Me dit, en souriant : Permettez-moi, mamzelle,
D'marcher à côté d'vous en vous offrant mon aile.
J'lui réponds : J'suis honnête ! Et j'lui donne un soufflet !
Puis je repars comm'ça :
Tra la la !
Me balançant comm'ça :
Tra la la !
Il s'élance comm'ça :
Tra la la !
S'tenant la jou' comm'ça :
Tra la la !
    4
Enfin je m'laisse emm'ner au restaurant Bignon,
Nous entrons tous les deux et l'on se met à table,
Les vins étaient très bons, le repas agréable,
Dam' ! Si bien qu'au dessert j'avais mon p'tit pompon !
Je titubais comm'ça :
Tra la la,
Lui me r'gardait comm'ça :
Tra la la,
Ja l'agaçais comm'ça :
Tra la la,
Semblant lui dir' comm'ça :
Tra la la !
    5
Tout-à-coup la port's'ouvre et, jugez d'notr'malheur,
Un vieux monsieur s'amèn' paraissant en colère,
L'gommeux s'écri' soudain : Sapristi ! C'est mon père !
Moi j'réplique aussitôt : Ciel ! C'est mon protecteur !
Baissant les yeux comm'ça :
Tra la la,
Je m'suis sauvé' comm'ça :
Tra la la,
J'ne r'commenc'rai plus ça :
Tra la la ! »
Photographie 12 (à gauche) : Carte postale (ayant une oblitération de 1908) d'Alice de Tender.
Voici quelques peintures de gommeuses de caf'conc' : La gommeuse de Jean Béraud (1849-1936) de 1892 ; La gommeuse et les cercleux de Jean-Louis Forain (1852-1931) circa 1875.
Gommeux de caf'conc : Ambassadeurs : Nos gommeux par Libert : 1 et 2 ; Le quadrille des Gommeux par Eugène Pirou (1841-1909).
Représentations de gommeux : Gommeux par Cham (1819-1879) ; Le Gommeux au bouquet par Jean-Louis Forain (1852-1931) ; Les deux gommeux par Jean-Louis Forain (1876).
GommeuseDeTender2300lmPhotographie 13 : Autre carte postale d'Alice de Tender.

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La blonde, le blond et le délicat.

cafedesincroyables2incroyableslm431Photographie 1 : Détail d'une gravure de 1797 ayant pour légende : « Café des Incroyables. Ma parole d’honneur ils le plaisante. » Voir article intitulé Café des Incroyables.

Cet article fait suite à celui sur la blondine et le blondin.
Les mignons et les muguets du XVIe siècle, comme les incroyables de la fin du XVIIIe, les gommeux du dernier tiers du XIXe et les petits maîtres en général, sont souvent blonds ou cherchent à le paraître. Ils n'hésitent pas pour cela à porter des perruques : depuis la grande mode de celles-ci (en particulier masculines) qui commence en France au XVIIe siècle et se poursuit au XVIIIe avant d'être plus rare à partir du moment où les cheveux courts pour les hommes deviennent la règle (voir article intitulé Cheveux courts). Sans doute la mode de cette couleur de cheveux nous vient-elle d'Italie, comme beaucoup d'éléments à partir du XVIe siècle. Durant la Renaissance il est de bon ton pour les dames italiennes d'avoir une chevelure dorée (le blond vénitien) et pour les nobles de s'entourer de pages aux cheveux d'ange. On trouve un bel exemple de cette mode dans cette peinture italienne de Liberale da Verona (vers 1445-1528/1529) datant de vers 1475 et intitulée Les joueurs d'échecs.
gommeuxetgrisetlm214aaLa blondeur est associée à la beauté et à l'amour. Le terme de 'blonde' désigne encore aujourd'hui la compagne d'un homme.
Le Dictionnaire de la langue verte de 1867 donne une définition du blond avec celle du délicat : « Délicat et blond, adj. Se dit, ironiquement, d’un gandin, d’un homme douillet, quelles que soient la couleur de ses cheveux et la vigueur de son corps. L’expression date d’un siècle. » La délicatesse est une vérité inexorable du petit-maître. Elle le désigne même. A moins qu’on entende quelqu’un d’autre par la définition du petit-maître, car la mienne n’est rien d’autre que celle que je donne.
Le Dictionnaire du bas-langage de 1808 donne cette définition : « BLOND(E). Un beau blond. Phoebus, damoiseau ; joli garçon à blonde chevelure. / Délicat et blond. Se dit d’un farfadet, d’un pédant ; d’un homme qui s’en fait trop accroire. »
Photographie 2 : Détail d'une petite chromolithographie publicitaire, sans doute de la fin du XIXe siècle représentant un gommeux.

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Le parement d’autel de Toulouse : exemple d'un textile du XIVe siècle.

Le Parement d autel clich Emmanuel Grimault ensemble650Le Moyen âge est à l'origine de nombreux éléments qui ont forgé l'époque moderne. C'est durant cette période que l'Occident s'organise notamment autour de la chrétienté ; que l'Europe se crée ; et que l'exemple de la France inspire et se répand.
DetailF Lemoine300La mode de ce temps est encore toute à redécouvrir tellement elle est riche. Le parement d'autel de Toulouse est un exemple de la beauté et de l'habilité d'exécution que peuvent atteindre les fabricants de textiles d'alors. Brodé d'or et de soie, cet exemple conservé au musée Paul-Dupuy à Toulouse est une des précieuses œuvres de l'art textile du XIVe siècle parvenues jusqu'à nous. « Sur une longueur totale de 2,67 m, il développe en 26 scènes, l’histoire du Christ dans laquelle viennent s'intercaler des figures de saints, parmi lesquels une place privilégiée est accordée à saint François, le fondateur de l’ordre des Cordeliers. » De tels exemples sont particulièrement rares du fait de la fragilité du matériau. Lors de l'exposition autour de cette étoffe, qui se déroule jusqu'au 18 juin 2012 au musée Paul-Dupuy, sont présentées d'autres oeuvres de la même époque (broderies, enluminures, sculptures) permettant de la situer dans son contexte.
Photographie 1 : Ensemble du parement d'autel de Toulouse (musée Paul-Dupuy : inv. 18301) de la première moitié du XIVe siècle, en toile de lin, broderie de fils de soie et d'argent doré. © Toulouse, musée Paul-Dupuy. Photo Emmanuel Grimault.
Photographies 2 : Élément du parement d’autel. © Toulouse, musée Paul-Dupuy. Détail de la photographie de Frédéric Lemoine.
Photographies 3 et 4 : Détails d'une aumonière (bourse portée à la ceinture) du début du XIVe siècle en lin, fils de soie polychrome et fils dorés. Les saisons y sont représentées par des symboles : occupations ou comme sur la première photographie Janus aux deux visages (mois de janvier). Montpezat-de-Quercy (Tarn-et-Garonne), collégiale Saint-Martin. « Classée Monument Historique (21 octobre 1902) ». © Photo Claude Moureau.Aumoniere300

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Boîtes en or et objets de vertu au Musée Cognacq-Jay

boitea300Le musée Cognacq-Jay conserve une exceptionnelle collection d'oeuvres du XVIIIe siècle que l'on peut contempler toute l'année à Paris et gratuitement. A cela s'ajoute la présentation jusqu'au 6 mai 2012 d'une des plus importantes collections en France de boîtes et d'objets de vertu constituée de boîtes à mouches, tabatières, étuis et nécessaires etc. Pour en savoir plus cliquer ici.


BOÎTES EN OR ET OBJETS DE VERTU AU 18e SIÈCLE par paris_musees

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Miniatures flamandes  : 1404 -1482

ChroniquesdeHainautPhotographie ci-dessus : Détail de : « Jacques de Guise, Chroniques de Hainaut : Philippe le Bon recevant en conseil l’hommage des Chroniques de Hainaut. Enlumineur : Rogier Van der Weyden, 1446. Bibliothèque royale de Belgique  ».
LelivredesbonnesmoeursdetailPhotographie de gauche : Détail « Jacques Legrand, Le Livre de bonnes mœurs : chute des anges rebelles. Enlumineur : Maître d’Antoine de Bourgogne, vers 1465-1475. BnF, dpt des Manuscrits ».
Photographie de droite : Détail « Flavius Josèphe, Antiquités judaïques :  la mort d’Absalom. [...] 1483.  BnF, dpt des Manuscrits ».
Du 6 mars au 10 juin 2012, la Bibliothèque nationale de France présente en collaboration avec la Bibliothèque royale de Belgique une exposition intitulée : Miniatures flamandes  : 1404 -1482 constituée de  quelque 90 manuscrits rarement montrés, chefs-d’œuvre de l’art flamand. Cette période précédant l'imprimerie marque une apogée de l'enluminure sous l’impulsion des ducs de Bourgogne. Ce duché dont alors fait partie (schématiquement) la Bourgogne actuelle, le nord de la France, le Luxembourg, la Belgique et la Hollande, est aussi à la pointe de la mode. On y porte des vêtements d'une excentricité qu'on a aujourd'hui de la peine à imaginer : de hauts chapeaux (dans l'article intitulé Enluminures et coiffes du XVe siècle et de la Renaissance je donne quelques exemples de ces coiffes) décorés de rubans et de voiles, des robes au décolleté profond et à la traîne immense, de magnifiques tissus aux couleurs et motifs multiples, des ornements dont la mode des clochettes et des paillettes sont des exemples, des chaussures pointues (poulaines dont certaines peuvent être décorées ou bien avec des semelles en bois comme on le constate dans cette miniature ici) etc. Le pourpoint de l'homme a un col haut et est rembourré en haut des manches ainsi que sur d'autres parties : épaules, poitrine, dos. Antiquité judaiques150La culotte et les chausses sont d'un même tenant. Parfois le costume entier est divisé en deux dans le sens de la hauteur (costume dit 'mi-part'), chaque côté ayant des couleurs et/ou des motifs différents (souvent des rayures) ; les coupes elles-mêmes peuvent changer etc. Les ourlets des vêtements sont souvent ouvragés : crénelés, ornés, ou découpés en bouts pointus …, la braguette peut être très visible …  On porte de nombreux bijoux sur les vêtements (agrafes, grelots ou glands en or …), autour du cou, à la ceinture etc. On se rase les poils de tout le corps, même les sourcils, ainsi que le haut du front et les tempes. Dans l'Encyclopédie illustrée du costume et de la mode (Gründ, 1970) est cité un chroniqueur autrichien qui décrit quelques aspects de la mode masculine de cette période en ces termes : « Chaque homme s'habillait comme il lui plaisait. Certains portaient des manteaux coupés dans deux sortes de tissu, d'autres avaient une manche beaucoup plus large que l'autre, dans certains cas, plus large que le manteau lui-même. Quelquefois, les deux manches étaient très larges et celle de gauche était décorée de différentes manières, de rubans de couleur ou de pièces d'argent reliées par des liens en or. Certains portaient sur la poitrine un morceau de tissu de couleurs différentes portant des inscriptions en argent ou en soie. D'autres avaient des desseins sur le côté gauche. Certains avaient des vêtements si étroits qu'ils ne pouvaient s'habiller ni se déshabiller sans aide, ou sans défaire une rangée de petits boutons qui couvraient les manches jusqu'aux épaules ou la poitrine jusqu'au ventre. Certains autres bordaient les ourlets de leurs vêtements d'un autre tissu, d'autres découpaient de nombreuses languettes dans l'ourlet lui-même. Chacun commença à adopter le chaperon attaché au vêtement, qui remplaça l'habituel couvre-chef masculin. Les manteaux étaient si courts qu'ils arrivaient à peine aux hanches. » et d'autres sont très longs comme le montre la photographie ci-dessous à droite.
C'est un véritable plaisir de noter ces modes sur ces miniatures mais aussi d'y apprécier la délicatesse et les qualités artistiques, la finesse des traits et la richesse des détails … enfin tout ce qui fait que ces manuscrits aux enluminures uniques sont de véritables trésors. En parallèle à cette exposition, la Bibliothèque nationale de France nous offre sur son site (voir ici) une exposition virtuelle avec de très beaux exemples de miniatures mais aussi six livres manuscrits à feuilleter.

Photographies ci-dessous : En haut, à gauche « Grand Armorial équestre de la Toison d’or : le duc de Bourgogne, vers 1435-1438. BnF, Bibliothèque de l’Arsenal » ; au milieu détail « Raoul Lefèvre, Recueil des histoires de Troie : mariage de Jupiter avec sa sœur Junon.  Enlumineur : Maître de la Chronique d’Angleterre, vers 1470-1480. BnF, dpt des Manuscrits » ; à droite et en bas à gauche détails de : « Barthélemy l’Anglais, Le Livre des propriétés des choses : Jean Corbichon remet sa traduction au roi Charles V. Enlumineur : Maître d’Antoine de Bourgogne, vers 1465-1475. BnF, dpt des Manuscrits  ». Les drapeaux sont un détail de « René d’Anjou, Livre des tournois : revue des heaumes à l’intérieur d’un cloître. Enlumineur : Maître du Livre de prières de Dresde, vers 1480-1488. BnF, dpt des Manuscrits  ».

XVesiecle

Article LM

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Merveilleuses & merveilleux