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Les petites mains de la mode française 3 : les calicots et les arthurs.

aedouard&butler1910300almPhotographie 1 : Détail d'une estampe de Sem de 1910 intitulée : « chez EDOUARD & BUTLER » : « - Monseigneur, c'est tout à fait pour vous ... ».
Photographie 2 : Illustration intitulée « Un Arthur de magasin » du chapitre LXIV « Les grisettes et les lorettes » de Tableau de Paris d'Edmond Texier de 1853 (tome second).
Cet article fait suite à ceux intitulés : Les petites mains de la mode française 1 : les grisettes, cousettes et trottins. Les petites mains de la mode française 2 : Les midinettes, femmes du quartier et les mimi-pinsons. Dans celui sur les grisettes, les cousettes et les trottins, j'écris que celles-ci ont des équivalents masculins : les grisets et les trottins. Les jeunes garçons apprentis ont leur place dans cette agitation élégante parisienne. Après tout de nombreux grands noms de la mode ont commencé en étant des cousettes et des arthurs, comme Rose Bertin, Aristide-Jacques Boucicaut fondateur du Bon marché, Alfred Chauchard qui, nous apprend Wikipedia,  débute en étant « commis au magasin Au Pauvre Diable aux appointements de 25 francs par mois », la styliste Jeanne Lanvin qui « commence à travailler atableaudeparis1853unarthurdemagasin300lmdès l'âge de 13 ans, en 1880, dans la boutique de chapeaux de « Madame Félix », rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris », Coco Chanel, le coiffeur Alexandre de Paris  … Les exemples sont nombreux, et les commis de mode ambitieux aussi à ces époques où Paris est la capitale de toutes les audaces, de la mode et de la création. Aujourd'hui l'industrie de la mode est très différente du fait principalement du prêt-à-porter et d'une fabrication qui se fait presque exclusivement à l'étranger, notamment en Chine.
On appelle parfois 'ARTHUR' ces commis que l'on retrouve à vendre des tissus ou autres articles de mode. Ils sont des amants de grisettes mais surtout des femmes entretenues telles que celles qu'on appelle les « petites dames » et qui les prennent comme amoureux pour l'amour et non pour l'argent, tout cela au XIXe siècle. Il en sera question dans un prochain article sur les lorettes.

Au sujet du CALICOT, Alfred Delvau, dans son Dictionnaire de la langue verte (deuxième édition, Paris, E. Dentu, 1867),  le définit ainsi  : « Commis d'un magasin de nouveautés, - dans l'argot du peuple. Le mot date de la Restauration, de l'époque où les messieurs de l'aune et du rayon portaient des éperons partout, aux talons, au menton et dans les yeux, et où ils étaient si ridicules enfin avec leurs allures militaires, qu'on éprouva le besoin de les mettre au théâtre pour les corriger. Calicote, s. f. Maîtresse de commis de nouveautés. » russomanie300Au début du XIXe siècle, après le premier Empire, il est de bon ton pour les hommes d'avoir l'air militaire. Tenues de cheval, bottes et éperons, ne sont plus de mauvais goût même en société. On se donne des airs anglais, de soldat russe etc. Cette mode est caricaturée dans un vaudeville intitulé : Le Combat des montagnes ou La Folie Beaujon, représenté pour la première fois en juillet 1817 au théâtre des Variétés. Le texte est visible ici : books.google.com. Voilà ce qu’écrit le Mercure de France d’août 1817 au sujet de cette pièce : « On demandait à un étranger qui revenait de Paris, ce qu’il y avait remarqué pendant son séjour : " J’y ai vu, répondit-il, tous les militaires en bourgeois, et tous les bourgeois en militaires ". Nous avons une foule de gens qui se sont passionnés pour le métier des armes depuis que la paix est faite. Chacun veut avoir l’air d’avoir fait campagne ; et tel qui n’a jamais été à la barrière lorsqu’il aurait pu y rencontrer l’ennemi, porte aujourd’hui des moustaches et des éperons comme un officier de hussards ; c’est un travers du jour, et il était difficile qu’il échappât aux auteurs du Combat des montagnes, dans la revue piquante qu’ils ont faite de toutes les folies à la mode. Pour rendre ce ridicule plus saillant, ils nous l’ont montré dans calicotdejeuner300la personne d’un certain M. Calicot, marchand de la rue Vivienne ; son belliqueux accoutrement n’en contraste que mieux avec sa paisible profession … » P. Avenel écrit en 1866 dans Les Calicots : " Le costume que les Calicots affectaient de porter en 1817, et que Brunet avait reproduit sur la scène, était ainsi composé : bottes ornées d’éperons, pantalon blanc tombant sur la botte, gilet piqué jaune, habit chicorée la crème (expression du tailleur d’alors), c’est vert mélangé de blanc. "

Photographie : Détail de la gravure de 'Le Goût du Jour, N° 30' intitulée : 'La Russomania'. Cette tenue est celle que prend le calicot, et tel qu'il est représenté sur de nombreuses autres gravures comme dans une estampe conservée à la Bibliothèque de France (voir ici) datée de 1817 où trois hommes sont nommés d'après un tissu (casimir, calicot, pékin) avec pour texte principal : « Prenez y garde !! Il existe une vraie différence entre le Casimir Français, le Calicot de Paris et le vrai Pekin anglais ! ».

Il semblerait que par la suite on continue à appeler ‘calicot’ un jeune ouvrier travaillant dans le luxe et la mode dont il prend certaines manières.

Photographie : " Le déjeuner d’un calicot ". Carte postale du début du XXe siècle.

© Article LM

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Les petites mains de la mode française 2 : Les midinettes, femmes du quartier et les mimi-pinsons.

amidinette&gommeux300lmPhotographie 1 : Détail d'une carte postale de vers 1904, représentant sans doute une midinette avec son carton de magasin s'étant faite arroser par un jardinier. Celui-ci est  sermonné par un gommeux : « Un jeune gommeux, Peut-être amoureux, S'approcha pour blâmer le jardinier honteux. » © Photographie LM. Au sujet des gommeux cliquer ici.
Photographie 2 : Détail d'une carte postale d’avant 1904 d'une série représentant une midinette ayant une anicroche avec un cireur de chaussures devant le Panthéon (dessiné sur toile) : « UNE MIDINETTE 1 – Lui – C'est ce joli petit péton-là... qui va gagner la course des Midinettes ?... » © Photographie LM.
Photographie 3 : Carte postale intitulée « Petite midinette ». © Photographie LM.
amidinetteunjolipetitpeton300lmCet article fait suite à celui sur Les grisettes, les cousettes et les trottins. Au XIXe siècle on donne à celles-ci de nombreux autres noms, car Paris qui s'agrandit énormément compte un nombre très important de ces ouvrières dont beaucoup travaillent dans la mode. Aujourd'hui les petites mains de la mode et du luxe ont presque disparu en France. Il ne reste que des artisans. Alors qu’avant les années cinquante la MIDINETTE et le trottin égayent les rues parisiennes de leur beauté simple mais élégante. Ces grisettes disparaissent  avec le prêt-à-porter et la fin du sur-mesure (voir article intitulé Le tailleur).
Le nom de 'midinette' est utilisé à la fin du XIXe et au XXe pour désigner les jeunes filles travaillant dans la mode. Elles sont souvent représentées dans les premières cartes-postales. Avant elles il y a donc les grisettes, cousettes et trottins (et pendant pour celles-ci) et puis les femmes du quartier, les mimis, les mimi-pinsons, les pré-catélanières, et les musardines, musettes et noceuses qui sont des habituées des lieux dansant peu mondains et dont je parlerai dans l'article sur les lorettes. Les grisettes parisiennes sont en effet assez libres. Elles n’hésitent pas à draguer, sortir, avoir une ribambelle de jeunes hommes autour d'elles … La FEMME DU QUARTIER est une « Grisette qui a la spécialité de l’étudiant et qui se garderait bien de frayer avec les bourgeois ou les militaires de peur de déplaire à Paul de Kock. On dit aussi Femme de l’autre côté (sous-entendu) de la Seine. » (Delvau, Alfred, Dictionnaire de la langue verte, apetitemidinette300lmdeuxième édition, Paris, E. Dentu, 1867). Quant à la MIMI-PINSON, c'est un personnage d'un poème d'Alfred de Musset (1810-1857) intitulé Mimi Pinson, profil de grisette  repris dans d'autres oeuvres et s'inspirant d'un genre de grisette que l'on appelle ainsi depuis.
Photographies : Page de couverture de la revue Femina du 1er Décembre 1903 (n°69) contenant un article sur  « La Sainte-Catherine ». © Photographies LM. Voici des passages du texte : « Tous les ans au 25 Novembre, la Sainte-Catherine, qui est la fête de toutes les jeunes filles, est célébrée avec une solennité particulière dans les ateliers parisiens où les « Midinettes » la préparent avec un soin religieux. Il est donc naturel que nous invitions aujourd’hui nos lectrices à une promenade dans un atelier un jour de Sainte-Catherine. […] Passons à la fête – nuancée cette fois de quelque mélancolie – des petites ouvrières parisiennes. Ce sont les couturières qui la célèbrent avec le plus d’entrain, puis les modistes. Chez les fleuristes et les plumassières la tradition se perd, peut-être parce qu’elles n’ont pas sous la main tous les éléments du fameux bonnet. Ah ! ce bonnet ! qui pourra jamais dire combien de talent et d’ingéniosité sont dépensés pour la confection de cet extravagant et anachronique couvre-chef. On y passe des nuits, on y dépense des sommes folles – jusqu’à dix francs ! – les ateliers rivalisent pour ce chef-d’œuvre que la propriétaire, après ce jour de plaisir mélangé de tristesse, serrera comme une raFeminadec1903couverture300lmelique dans son armoire… Donc le bonnet est prêt. La midinette – non mariée, ne l’oublions pas – qui compte vingt-cinq printemps révolus est désignée. Il ne s’agit plus que de réunir les fonds pour faire une modeste bombance et payer aussi les frais du bonnet. On se cotise d’abord, puis en chœur on vient ensuite « taper » la patronne, c’est-à-dire solliciter d’elle sa cotisation, laquelle couvre en général, la moitié des frais. Ou bien on a recours, pour arrondir la somme, à la bourse de particuliers renommés pour leur générosité et qui ne se font jamais prier, comme ceci arriva l’an dernier au comte d’Haussonville, membre de l’Académie Française. Voici la description du bonnet classique : il est en forme de béguin et en mousseline de soie ; il porte deux nœuds jaunes et deux bouffants de chrysanthèmes jaunes ; il est orné à profusion de rubans jaunes, de symboliques fleurs d’oranger et muni d’une gigantesque épingle au motif plus ou moins biscornu. Après un déjeuner où, selon les moyens, le vin blanc cacheté, le cidre mousseux, le saumur pétillant, l’extra-dry, coulent à flot, on fait appel à l’art ( !) de musiciens ambulants. Des bals s’organisent dans l’atelier soigneusement débarrassé. Enfin, une des ouvrières offre le bonnet à celle de ses camarades qui remplit les conditions traditionnelles. A cinq heures, sortie en pompe, dans la curiosité des badauds amassés. Ensuite, dîner, sous la présidence de la patronne, invitée. S’il reste quelques francs on va au théâtre afin de clôturer dignement cette journée mémorable. Grâce à l’initiative de M. Gustave Charpentier, l’auteur de Louise, et de nombreuses personnalités parisiennes, l’accès de certains établissements est gratuit. Et voilà comment, chaque année, on célèbre la Sainte-Catherine, patronne des jeunes et des vieilles filles. Ne cherchons pas ce qu’il peut y avoir de tristesses inavouées, d’illusions flétries sous tant de gaité … Il n’y a qu’à Paris que l’on puisse ainsi refouler une grosse larme dans un sourire … »

aFeminadec1903couverturedetail300lm© Article LM

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Les petites mains de la mode française 1 : les grisettes, cousettes et trottins.

aleleverdesgrisettes300lmaleleverdesgrisettesdetaila300lmPhotographies 1 et 2 : 'Le lever des grisettes'. Estampe d'époque 1802-1812. © Photographies LM. Un autre exemple est ici. Celle-ci a un pendant : Le coucher des grisettes.
J'ai plusieurs fois dit dans ce blog que j'allais faire des articles sur les petites mains de la mode française dont elles sont une partie intégrante et importante. Je suis donc heureux de constater que du 14 octobre 2011 au 15 janvier 2012, la Maison de Balzac à Paris accueille une exposition intitulée : Elle coud, elle court, la Grisette... « Une centaine d’œuvres de toute nature (peintures, caricatures, faïences, livres et journaux illustrés, partitions, échantillons d’étoffe) sont réunies en un parcours décliné suivant cinq thèmes, au cœur de la représentation de la grisette au temps de Balzac (1815-1850). Pour chaque section, des chansons de la première moitié du XIXe siècle, spécialement sélectionnées pour le parcours, ont été interprétées par Le Hall de la chanson, et font l’objet d’une diffusion sous des bonnets ou chapeaux sonores.  I – La grisette en conditions II – Constellation grisette III – À quoi reconnaît-on une grisette ? IV – Les plaisirs et les jours… et les nuits ! V – Fil et profils : du trottin à la passante. »
grisettesunbal300lm.jpgPhotographie 3 : Livret d’époque 1838 d’une pièce de théâtre intitulée Un Bal de grisettes. Vaudeville en un acte (Paris). © Photographie LM.
Photographie 4 : Illustration intitulée « La grisette » du chapitre LXIV « Les grisettes et les lorettes » de Tableau de Paris d'Edmond Texier de 1853 (tome second). © Photographie LM.
La GRISETTE est un personnage important de la mode française. Depuis le XVIIe siècle des textes relatent la beauté des couturières, vendeuses et autres petites mains de la mode dans ce quartier du bon goût qui entoure le Palais-Royal. Si leur vie à Paris est celle de travailleuses à bas salaires, elles y trouvent une certaine liberté, de l'espoir d'ascension sociale parfois réalisée, et pour les plus belles peuvent jouir de la galanterie de la capitale française où tous aiment à badiner.
Dès 1797, année de sa fondation, le Journal des Dames et des Modes rend hommage à la grisette dans sa planche n°33 : « Costume parisien. Grisette en négligé du matin, faisant sa provision au marché des Quinze-Vingts » (Voir ici cette estampe). Il existe plusieurs estampes de dames représentées de cette manière comme ici : Femme de qualité en grisette (1683), ou ici : La Grisette (1776).
Voici des représentations de grisettes au XIXe siècle : Les grisettes de Paris (1856) ; dessin à la plume, encre brune et aquarelle de Constantin Guys (1802-1892) intitulée Grisette au tablier jaune.
atableaudeparis1853lagrisette500lmAu XVIIIe siècle on emploie surtout le nom de 'grisette' pour signifier de jolies petites mains : des ouvrières souvent employées dans la mode. Jeunes, sans fards, assez pauvres, elles peuvent avoir aletrottin300lmune réelle vénusté. Et même si certaines élégantes du XVIIIe et avant font œuvre d’un raffinement extrême, la beauté brute n’est jamais méprisée en France, au contraire (comme en témoigne le goût pour les pastorales) et cela de tous temps. Cependant ce nom au XVIIIe siècle garde une signification liée à une condition médiocre ; et il faut attendre l'édition de 1832-5 du Dictionnaire de L'Académie française pour que soit ajoutée à cette définition celle « d'Une jeune ouvrière coquette et galante » : « se dit aussi d'Une jeune fille ou d'une jeune femme de médiocre condition ; et, plus particulièrement, d'Une jeune ouvrière coquette et galante. Il n'y avait que des grisettes à ce bal. Il ne voit que des grisettes. Ce sens est familier. » Le terme désigne souvent des ouvrières ou employées de maisons de modes et de beautés, gracieuses et se laissant courtiser assez facilement : « couturières, modistes, fleuristes ou lingères, enfin tous ces gentils minois en cheveux, chapeaux, bonnets, tabliers à poches, et situés en magasins » (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 277). « Quand la grisette assise, une aiguille à la main, Soupire, et de côté regardant le chemin, Voudrait aller cueillir des fleurs au lieu de coudre » (Hugo, Châtim., 1853, p. 347). La grisette est un personnage coutumier de la littérature de la première moitié du alegrisetdumidi300lmXIXe siècle : pièces (comédies, vaudevilles …), opérettes, romans, chansons … la mettent en scène. Mais ce mot est petit à petit remplacé par d'autres sans doute du fait de sa connotation péjorative : 'grise'.
Photographie : Carte postale semblant avoir un tampon de La Poste de 1905 d'une série intitulée « Comment ils déjeunent » avec ici « IV. Le trottin. » © Photographie LM.
Comme son nom l’indique, la COUSETTE est employée dans les maisons de couture.
Le TROTTIN désigne plus que des petites-mains de la mode  : des petits pieds qui « trottent » dans Paris entre clients et marchands … avec des boîtes à chapeaux sous le bras ou d'autres parures de mode. Le terme est ancien. Au XVIe siècle on appelle « trottins » les « pieds ». Au XVIIe on désigne ainsi un  petit laquais ou petit commis qui fait les courses ou le coursier, puis au XIXe siècle aussi une apprentie ou jeune ouvrière modiste, couturière ou autre chargée de faire les courses et des livraisons. Ce terme est encore employé dans la première moitié du XXe siècle. On utilise aussi les mots de trottin' et 'griset' pour désigner les équivalents masculins.
Photographie : Estampe du XIXe siècle signée Ferocio et Birouste intitulée : « Le griset du Midi. » © Photographie LM.

© Article LM

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Jean-Gabriel Domergue

LesFoliesBergeresPhotographie de gauche : « Les Folies Bergère ou Le Promenoir ». Huile sur toile signée en bas à gauche de Jean-Gabriel Domergue, de 81 x 65 cm. © Galerie Ary Jan.
Photographie de droite : « Betty et son danseur ». Huile sur toile signée en bas à gauche de Jean-Gabriel Domergue, de 100 x 81 cm. © Galerie Ary Jan.
La vogue d'une beauté féminine aux formes filiformes, véhiculée par les modèles de mode et de haute couture, est caractéristique de certains canons du XXe siècle. Jean-Gabriel Domergue (1889-1962) est peut-être un des premiers peintres au début de ce siècle à représenter ces femmes qui bien qu'ayant abandonné les corsets et autres aplatisseurs de poitrine de la fin du XIXe siècle BettyetsonDanseurconservent une silhouette gracile. Cette nouvelle 'parisienne' est associée à une mondanité elle aussi neuve qui succède à celle croquée par le caricaturiste Sem (Georges Goursat : 1863-1934). Si la peinture de Jean-Gabriel Domergue s'approche de la caricature, c'est à la manière d'un 'Toulouse-Lautrec bourgeois' dont il fréquente l'atelier. Ceci dit Henri de Toulouse-Lautrec est issu d'une très vieille famille aristocratique française descendant en droite ligne des comtes de Toulouse. Il semblerait même qu'il soit un véritable 'gant jaune' comme le laisse à penser un splendide portrait par Giovanni Boldini (1842-1931) visible ici. Une autre digression sur l'oeuvre de Giovanni Boldini dont certains portraits sont des chefs-d'œuvre de dandysme, comme ceux : du comte Robert de Montesquiou-Fézensac, de Giuseppe Verdi,  de Mme Charles Max, d'une jeune femme coiffée d'un très grand chapeau orné de plumes, ou celui-ci.
C'est un mélange détonnant qui est celui de la vie parisienne de la seconde moitié du XIXe siècle et de la première moitié du XXe, où mille tons différents viennent colorer la vie d'une capitale très cosmopolite ; et qui s'est enorgueillie de cela jusqu'à aujourd'hui.

© Article LM

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Intérieurs 2011 : Un art de vivre avec l'art

afficheArtcurial1209350L'exposition Intérieurs 2011 : L'art de vivre avec l'art réunit du 12 au 22 septembre (de 11h à 19h), à Artcurial sur les Champs-Élysées, douze décorateurs représentant la scène française reconnue dans ce domaine.  Il s'agit de : India Mahdavi, Olivia Putman, Roxane Rodriguez, Alain Demachy, François-Joseph Graf, Chahan Minassian, Pierre Yovanovitch, Jean-Louis Deniot, Laurent Buttazzoni & Associés, Joseph Dirand, Tristan Auer, Thierry Lemaire. Tous sont venus décorer une pièce de cet hôtel particulier construit en 1844 dans un style néo classique et réaménagé par la suite. Pour moi, l'intérêt de ce genre d'exposition est d'être inscrite dans l'actualité, qu'elle informe sur le ton d'aujourd'hui pour l'art, avec des créateurs abordables donc puisque contemporains et en pleine évolution.
Pour trouver des idées de décoration on peut aussi se rendre à Drouot Richelieu dont la rentrée commence le 21 septembre avec notamment une vente d'Europ Auction avec des meubles du XVIIIe siècle. Là ce sont les vendeurs, professionnels de l'art, collectionneurs et amateurs qui donnent de la vie aux objets. Je reparlerai de cette vente. En attendant, le catalogue est visible ici.
Et puis il y a les musées.

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Inspirations gothiques, baroques et rococos.

VivienneWestwoodRobedetaild300Comme VivienneWestwoodRobedetailcje l'ai écrit dans les articles Les modes gothiques et le style troubadour du XIXe siècle et Le baroque et le rococo : les styles et les personnes, on utilise depuis plusieurs siècles les termes de 'gothique', 'baroque' et 'rococo' pour désigner des modes ou des personnes suivant des tendances passées voire totalement désuètes. Pourtant selon Rose Bertin (1747-1813) la fameuse modiste de Marie-Antoinette : « Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié ». Le titre de cet article est donc un clin-d'oeil amusé qui rend hommage à certains aspects de la mode et ses bons de chamois virevoltant de-ci-de-là, en avant ou en arrière (mais tout de même toujours en avant), que l'exposition Le XVIIIe au goût du jour nous donne à goûter.
Photographies 1 et 2 : Robe longue imprimée de chérubins de Vivienne Westwood. Prêt-à-porter printemps-été 1991. Collections Galliera. © EPV / J-M Manaï, C Milet.
Photographie 3 : © Photographie LM prise pendant la conférence de presse.
Il est rare que je fasse plusieurs articles sur une exposition. Pourtant celui-ci est le troisième sur
celle intitulée Le XVIIIe au goût du jour qui se déroule jusqu'au 9 octobre 2011 au Grand Trianon du château de Versailles. Le premier article est visible ici : Le XVIIIe au goût du jour  ; et le second ici : Le bon goût à nouveau de mode ?
C'est grâce à Brigitte Campagne d'Ancienne Mode que l'information de la préparation de cette exposition est arrivée jusqu'à moi. Son intérêt principal est qu'elle éduque le goût à un savoir-faire présent dans la mode du XVIIIe siècle toujours guerlin detailconservé aujourd'hui dans quelques mains et ateliers comme l'explique dans une des deux vidéos ci-dessous Olivier Saillard le directeur du musée de la Mode et du Textile de Paris  qui y  présente l'exposition. Dans la troisième vidéo (la première), Vivienne Westwood, à l'origine avec Malcolm McLaren et tous les autres des mouvements punk et pirate, explique comment elle a puisé une partie de son inspiration dans l'époque des merveilleuses et des incroyables. Sa robe présentée dans l'exposition (photographies 1 et 2) est du reste dans un goût XVIIIe intégré : faite dans un tissu délicat et un imprimé mettant en scène la nature et l'amour (avec des nuages qui vus de près sont constitués d'amoncellements d'angelots), dans un camaïeu cramoisi, tout cela rappelant certains motifs de tissus du XVIIIe siècle, avec un air de déshabillé et de robe de chambre très à la mode alors. Rappelons en aparté que des mouvements comme le punk, la new-wave, le gothique, la techno-industrielle ou le grunge sont, avant d'être provocateurs, le reflet d'une société parfaitement cynique où l'on appuie que les solutions d'avenir sont le nucléaire, les ondes électromagnétiques (téléphone portable, wifi ...), le rsa, les petits arrangements avec des dictatures comme la  République populaire de Chine etc etc etc. Il reste dans ce XXI e siècle à voir au-delà, en s'inspirant entre autres de ce qu'il y a de meilleur dans le passé pour créer quelque chose de mieux pour le futur ! 

Vivienne Westwood parle du XVIIIème

Visite guidée de l'exposition "Le XVIIIème au goût du jour" par Olivier Saillard

Mannequinage des robes de l'exposition "Le XVIIIe au goût du jour"

Photographie : Pour conclure voici une gravure que j'ai déjà présentée à plusieurs reprises dans ce blog mais qui illustre très bien l'intervention de Vivienne Westwood. Il s'agit d'une estampe d'époque 1798, « dessinée d’après nature sur le Boulevard des Capucines » provenant du Journal des Dames et des Modes : une revue parisienne de mode célèbre à partir de 1797. La jeune fille a une coiffure dite textuellement « en porc-épic » qui rappelle la mode punk.

chevelureenporcepic1798300lm© Article LM

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Enluminures et coiffes du XVe siècle et de la Renaissance

3enluminures300Photographie 1 : Trois peintures en pleine page de l'exposition Enluminures du Moyen Age et de la Renaissance qui se déroule jusqu'au 10 octobre au musée du Louvre à Paris, avec de gauche à droite :
- « Arbre de consanguinité » par Guillaume Vrelant. Page provenant d'un manuscrit du XVe siècle des Pays-Bas – Bruges et conservée au département des Arts graphiques du musée du Louvre, RF 1698. © 2006 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola.
8 Fouquet Ste Marguerite MI1093 300- Peinture du Maître du livre d’Heures de Dresde des mêmes : siècle, provenance et lieu de conservation sous l'inventaire INV 20694 bis. © idem.
- « Bethsabée au bain » par  Jean Pichore. Iconographie issue d'un manuscrit français du XVIe siècle conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre, RF 4243. © 2004 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola. La photographie ci-dessous à droite est un détail de cette peinture.
Photographie de gauche : Peinture pleine page  (de la même exposition) de Jean Fouquet (vers 1415 – vers 1480), représentant Saint Martin, conservée au département des Arts graphiques du musée du Louvre sous la référence MI 1093. © RMN / Thierry Le Mage. Ce saint chrétien est particulièrement populaire en France notamment parce qu'il est à l'origine des premiers monastères en Gaule. Un épisode largement représenté dans l'iconographie médiévale est celui où, encore soldat romain, il offre la moitié de son manteau à un pauvre. D'après Wikipedia : « La cape de saint Martin de Tours, qui fut envoyée comme relique à la chapelle palatine de Charlemagne d'Aix-la-chapelle, est aussi à l'origine du mot chapelle, c'est-à-dire l'endroit où l'on gardait la cape du saint qui était emportée lors des batailles et portée en bannière. » La peinture de Jean Fouquet semble situer son action lorsque saint Martin est encore soldat, avant ou après le partage de sa pelisse (cape). Il est amusant de constater qu'il s'apprête à passer au milieu de moutons et de fileuses : tout cela nous rapprochant beaucoup de la mode … ou du moins de l'importance protectrice de l'habit.
17 Pichore RF 4243dameselavant 300Ayant fréquenté lors de mes études la section des manuscrits de la bibliothèque nationale de France, rue de Richelieu à Paris, je sais les trésors de miniatures que recèlent certains livres médiévaux, avec un patrimoine en latin et en ancien français d'une incroyable finesse : mille ans d'une évolution mise entre parenthèses par le classicisme et pourtant d'une richesse incommensurable … une véritable corne d'abondance qui attend dans des bibliothèques et réserves d'être divulguée, notamment sur internet. Bien sûr le Moyen-âge est une période difficile d'approche pour diverses raisons : la longueur de la période (Ve - XVe siècles) ; la nécessaire connaissance du latin, de l'ancien français, des écritures employées comme la calligraphie gothique, des histoires générales et particulières d'une France qui se construit avec une multitude de particularités régionales ; une esthétique très éloignée de la figuration classique, de la perspective réaliste du XXe siècle et de l'abstrait ;  le peu d'intérêt qu'il suscite à l'époque moderne depuis le XVIe siècle etc.
Non seulement ces manuscrits peuvent receler des textes très rares mais aussi des peintures avec de véritables chefs-d'œuvre. Certains livres contiennent de nombreuses merveilles iconographiques  toutes uniques. Si celles-ci ont beaucoup plus de valeur dans l'ouvrage même pour lequel elles sont conçues, certaines nous sont parvenues en dehors de celui-ci. Si une telle pratique est fâcheuse, il n'en reste pas moins que ces pages nous sont aujourd'hui ainsi transmises et restent des trésors. Le Louvre possède un fonds de telles enluminures. Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre, nous explique que ce fonds réunit « un bel ensemble de peintures de livres, qui, suivant une pratique aussi ancienne que regrettable, ont été découpées dans des manuscrits souvent luxueux ou prestigieux quand la fonction liturgique, littéraire ou scientifique des ouvrages où elles se trouvaient apparaissait secondaire en regard de la valeur artistique de leur illustration. La conscience esthétique, de plus en plus forte à partir du XVIIIe siècle, a ici joué contre l’intégrité des livres. Le vandalisme ordinaire et les appétits du marché ont fait le reste. Dans un mouvement inverse, cette conscience a animé la volonté des coiffuresdames300amateurs et des collectionneurs de préserver les feuillets épars des manuscrits dépecés ou découpés et nous devons à ceux-ci de posséder encore aujourd’hui des pièces incomparables de l’enluminure européenne : les miniatures peintes par le Maître du Parement pour les Très Belles Heures de Jean de Berry, les grandes pages peintes par Fouquet pour une Histoire ancienne, un feuillet des Heures noires de Charles le Téméraire et les deux pleines pages de Giulio Clovio comptent parmi ces œuvres inestimables.  »
La publication du catalogue raisonné de cet ensemble offre l’occasion d’en découvrir  pour la première fois les raffinements dans l'exposition Enluminures du Moyen Age et de la Renaissance qui se déroule jusqu'au 10 octobre au musée du Louvre avec près de « soixante-dix enluminures italiennes, françaises, flamandes et germaniques, provenant de manuscrits historiques, littéraires ou liturgiques où dominent les chefs-d’œuvre de Jean Fouquet, Lorenzo Monaco, Guillaume Vrelant, Simon Bening et Giulio Clovio. Une vision précieuse sans égale, née de la rencontre du livre et de la peinture du XIe au XVIe siècle. »
Je profite de cette exposition, à travers des exemples présentés dans celle-ci, pour reprendre un thème qui m'est cher : celui de la mode, en particulier au Moyen-âge, période dont la finesse des parures, langages et moeurs est sans commune mesure avec aujourd'hui.
Photographies de gauche et ci-dessous : Détails des trois peintures de la photographie précédente avec d'abord des coiffes de femmes puis d'hommes, aux XVe et XVIe siècles.
Les coiffes de femmes représentées sont du XVIe siècle pour les deux premières et du XVe pour toutes les autres avec les chapeaux à la mode durant ce siècle : hennin, coiffes à cornes et en turbans.

Voici d'autres modèles de : hennins (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et détail), coiffes à cornes (1 et 2), coiffure à nattes (1), coiffures en cheveux (1 et 2), diadème (1), autres coiffures (1 et 2).

L'exposition Fashion in the Middle Ages ('Des modes du Moyen-âge') du The J. Paul Getty Museum  de Los Angeles aux Etats-Unis présente jusqu'au 14 août plusieurs iconographies du XVe siècle avec des exemples de ces coiffes comme ici ou ici.
Les détails ci-dessous sont tous de la même peinture du XVe siècle et révèlent un aspect de la richesse des formes de chapeaux pour hommes alors.

coiffureshommes500© Article LM

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Iconographies bucoliques dans la toile de Jouy

habits 522D'après Wikipédia l’impression PartiesdeCampagne-prolongation.jpgsur du textile « daterait du IIe millénaire av. J.-C. et serait originaire des Indes. » A l'époque de la Compagnie des Indes (à partir de la fin du XVe siècle), les tissus sont un des articles importés. Ce commerce est interdit en France en 1686 afin de favoriser les productions locales, en particulier les soieries lyonnaises. On appelle aussi « indiennes » les tissus confectionnés en Europe entre le XVIIe siècle et le XIXe qui sont des 'imitations' des étoffes importées en particulier d'Inde. La manufacture de Jouy-en-Josas en fabrique de réputées. Elle est fondée en 1760 par Christophe-Philippe Oberkampf et donne le nom de « toile de Jouy » à un certain type de tissu imprimé fabriqué à cette époque (jusqu'à aujourd'hui) dans plusieurs endroits.
Le musée de la Toile de Jouy (www.museedelatoiledejouy.fr), situé dans le Château de l’Eglantine à Jouy-en-Josas en région parisienne (Yvelines), possède bien évidemment une collection d'indiennes et d'objets liés à la mode d'autrefois. Il y a quelques années de cela, une belle exposition y présentait un don d'une collection liée à la mode et à la toilette féminine au XVIIIe siècle. Jusqu'au 3 janvier 2012 le musée propose une exhibition consacrée à la représentation de la campagne et des jardins dans les toiles anciennes imprimées à Jouy-en-Josas et dans d’autres grandes manufactures françaises. Elle s'intitule Parties de Campagne : Jardins et champs dans la toile imprimée des XVIIIe et XIXe siècles.
Photographies : Affiche de l'exposition et vêtements anciens en toile de Jouy.

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Madame Grès : un idéal féminin sculpté au corps par le drapé et la délicatesse des plis.

robeGres300Photographie d'une robe de Madame Grès. © Musée Galliera.
Le musée de la Mode (musée Galliera) possède un fonds riche de 90 000 pièces qu'il conserve et expose. La charmante équipe qui le constitue propose en ce moment deux évènements particulièrement intéressants dans leur mise en scène. L'un se déroule au Grand-Trianon de Versailles. Deux articles de mon blog lui sont consacrés : Le XVIIIe au goût du jour  et Le bon goût à nouveau de mode ? La seconde exposition a lieu jusqu'au 28 août 2011 au musée Bourdelle à Paris et s'intitule : Madame Grès, la couture à l'oeuvre au musée Bourdelle. Des vêtements, des dessins et des photographies présentent l'oeuvre de la créatrice parisienne de haute couture Madame Grès (1903 - 1993) au milieu de sculptures d'Antoine Bourdelle (1861 – 1929). Les robes de cette artiste incarnent un idéal féminin et rappellent le classicisme des tuniques des femmes grecques et romaines, où la beauté s'exhibe avec pudeur et féminité dans la délicatesse des tissus et la justesse des plis qui soulignent le corps et son mouvement dans une séduction à chaque instant renouvelée.

© Article LM

 


Madame Grès - La couture à l'œuvre par paris_musees

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Le bon goût à nouveau de mode ?

grandtrianon650Photographie ci-dessus : Cour d'honneur du Grand Trianon de Versailles construit par l'architecte Jules Hardouin-Mansart. Photographie LM.
robealafrancaise-copie-1Photographies suivantes d'après © EPV / J-M Manaï, C Milet, de vêtements de l'exposition appartenant aux collections Galliera avec :
1- Dos d'une robe à la française de vers 1750-1760. « Cannetillé de soie broché polychrome, lames or et argent. »
2 - Habit de vers 1750-1760. : « Taffetas changeant, broderies au point de chaînette, fils de soie dégradé de bleus, décor brodé à disposition. »
3 - Dos de caraco et jupe de vers 1785.  « Gros de Tours en soie rayé bordé d’un ruban. »
4 - Caraco et jupe de vers 1780 – 1785.  « Taffetas de soie matelassé. »
Le château de Versailles présente dès aujourd'hui et jusqu'au 9 octobre 2011 une exposition intitulée Le XVIIIe au goût du jour. Celle-ci occupe presque entièrement le Grand Trianon. Dans ses appartements sont présentés des vêtements et quelques objets de mode du siècle des Lumières et des créations s'inspirant de ce style depuis le XIXe jusqu'à aujourd'hui, tout cela dans un bijou architectural du XVIIe décoré de vraiment splendides peintures du temps de Louis XIV et de meubles d'époque Empire.
habit-copie-1Le goût est un élément important de la mode française … et en particulier le « bon goût » qui s'accorde très bien avec la nouveauté et la création dans ce mouvement des apparences et du changement.
Vers 1715 la robe volante ou 'battante' fait scandale lit-on sur le site des Arts décoratifs de Paris : « en raison de son inspiration issue des tenues d’intérieurs portées dans l’intimité comme la robe de chambre ». La 'robe à la française' lui succède. A cette époque et pendant tout ce siècle le vêtement masculin est principalement celui de 'l’habit à la française' composé de l’habit, du gilet et de la culotte. Evidemment il change en fonction des modes.
Dans le dernier tiers du XVIIIe « les formes se diversifient très rapidement et l’on voit apparaître la robe à la polonaise, à la circassienne, à la turque, à la levantine… toutes influencées par un exotisme plus ou moins lointain. Mais l’une des modes les plus scandaleuses est initiée par la reine elle-même. A la recherche de confort et de simplicité, Marie-Antoinette adopte à partir de 1778 une robe chemise de coton blanc qui évoque les pièces de lingerie et se fait représenter dans cette tenue en 1783 par madame Vigée-Lebrun [voir ici]. Le tableau est alors vivement critiqué lors du salon de la même année. » (Arts décoratifs).
caracoetjupejaunesA la fin du XVIIIe  on souhaite plus de commodité dans la mise. On emprunte au peuple l'usage du caraco.
Les iconographies découvertes lors de fouilles archéologiques inspirent les merveilleuses et les inconcevables qui se vêtissent 'à l'antique' : dénudées en partie, habillées de tuniques simples et transparentes à la taille haute (juste au dessous de la poitrine). Elles abandonnent le corset (corps à baleines) et portent parfois les cheveux courts. L'époque de transition de la Révolution permettra de mettre au goût du jour ces nouveautés.
Le siècle suivant, qui voit l'avènement à nouveau de la monarchie, reprend des codes vestimentaires de l'ancien régime, comme l'usage du corset et de robes décorées de rubans, de colifichets et de falbalas qui s'élargissent de plus en plus grâce à de nombreux jupons puis à la crinoline dont la crinoline 'cage' marque l'apothéose (voir un remarquable exemple ici) durant le second empire (1852-1870). 
caracoetroberougesAvec l'avènement de la troisième république (1870-1940) la robe s'affine largement pour ne garder à la fin du XIXe qu'une tournure dans le dos et une petite traîne.
Au début du XXe siècle le corset est à nouveau abandonné (mode du couturier Paul Poiret) et l'on s'inspire des inconcevables de la fin du XVIIIe pour créer de nouvelles robes beaucoup plus simples (à l'antique) et pratiques (ce qui était un des leitmotivs de la mode des merveilleuses), en particulier durant les 'années folles' qui sont aussi celles de la couturière Coco Chanel.
Dans l'après guerre Christian Dior crée des robes  'juponnantes' qui redonnent une silhouette marquée aux femmes qui les portent. Mais ce genre d'habillement est surtout l'apanage des robes du soir. Le prêt-à-porter occupe dorénavant une place hégémonique. Seuls certains créateurs comme Yves Saint-Laurent  réussissent à allier la haute-couture à une production assez massive. Mais les silhouettes restent beaucoup plus simples qu'au XVIIIe siècle, l'extravagance se cantonnant surtout aux défilés de mode qui reprennent des codes du siècle des Lumières mais souvent sans que cela ait des répercussions directes sur la mode.
Pour plus d'informations sur cette exposition voir l'article intitulé : Le XVIIIe au goût du jour.

Photographie ci-dessous : Au Grand Trianon. LM
beaumonde

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Le goût du XVIIIe siècle : une très grande finesse.

detailtableauPhotographie : Détail d'une peinture représentant Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, d’après Marie Louise Elisabeth Vigée - Le Brun.
Le musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon, qui possède une très belle collection de vêtements et de tissus anciens, présente jusqu'au  2 octobre 2011 certains habits du siècle des Lumières dans une exposition intitulée Si le XVIIIe siècle m’était conté ...
robeXVIIIePhotographie : Robe à la française. France, entre 1740 et 1750 (étoffe de 1710-1715). « Lampas fond satin de 8 liseré et broché, latté. Soie. »  © Photographie (+détail) du musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon.
robealafrancaisePhotographie : Robe à la Pompadour. France, époque Louis XV. « Satin de 8 chaîne, broderie. Soie. »  © Photographie (+détail) du musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon.
robeblanchePhotographie : Robe dite « parée ». France, entre 1780 et 1790. « Pékin liseré : taffetas, taffetas liseré et satin de 8, chaîne. Soie. Broderie : point lancé, de tige, de nœud. Soie, filé  métallique doré, paillettes. »  © Photographie (+détail) du musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon.
habitPhotographie : Habit d’homme. France, vers 1790. « Velours coupé simple corps, lancé ou liseré 1 lat, fond taffetas. Soie. Broderie : passé plat et empiétant, point lancé,  couchure. Soie, filé, cannetille et paillettes métalliques dorés, cannetille vernie de rouge.  » © Photographie (+détail) du musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon.
caracoPhotographie : Caraco avec gilet brodé. Europe, vers 1790. « Caraco : pékin rayé, ombré : satin de 8 et taffetas. Soie. Veste : pékin : satin de 8 et taffetas. Soie.  » © Photographie (+détail) du musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon.
Ci-dessous des détails d'une broderie de veste d'homme du XVIIIe siècle d'une grande finesse.
boutonsdhabit500Photographies : Détails au niveau des boutons d'une veste d’homme. France, fin du 18 siècle  « Taffetas calandré (?). Soie. Broderie : paillettes, cannetilles métalliques argentées, verre coloré (strass ?). Application  de broderie en relief, taffetas et tulle, de dentelles. »  © Photographies (+détails) du musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon.

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Le XVIIIe au goût du jour

versailles2damesPhotographies : A gauche La Marquise de Pompadour (1721-1764) peinte par François Boucher (1703-1770). © Photographie musée du Louvre à Paris. A droite Marie-Antoinette en 1778, en grand habit de cour par Elisabeth Louise Vigée - Le Brun. © Photographie châteaux de Versailles et de Trianon.
versaillesrobesPhotographies ci-dessus : Vêtements d'époque du XVIIIe siècle provenant du musée Galliera à Paris. © EPV / J-M Manaï, C. Milet.
versaillesrobedevilleXIXePhotographie de droite : Robe de ville de vers 1850-1853. © © EPV / J-M Manaï, C. Milet.
Le titre de cet article est celui d'une exposition qui promet d'être intéressante car replaçant dans l'actualité contemporaine la mode du XVIIIe siècle. Même si dans nombre de mes articles, et bien que parlant de l'ancien, j'ai essayé de montrer que l'esprit compte plus que la forme, en particulier dans la mode où le renouvellement, le mouvement, l'invention, le style, et la modernité font office de  préceptes, il reste intéressant de constater comment des modes d'autrefois ont continué d'inspirer des créateurs et continuent de le faire. Et puis pourquoi ne pas puiser son inspiration dans ce qui a été fait quand c'est dans notre goût ?
Cette exposition, qui se déroulera du 8 juillet au 9 octobre 2011 dans les appartements du Grand Trianon du château de Versailles (www.chateauversailles.fr), présentera en miroir des costumes et accessoires du siècle des Lumières et une cinquantaine de modèles de grands créateurs des XXe et XXIe : des pièces provenant d'archives de maisons de couture et des collections du musée Galliera.
Photographie de gauche : Vivienne Westwood, collection prêt-à-porter, printemps-été 1990/1991. Vivienne Westwood est aux fondements de la mode vestimentaire punk, mouvement (florissant dans les années 1976-1979) qu'elle contribue avec Malcom McLaren son mari à créer et répandre. Tous les deux sont aussi à l'origine du mouvement post-punk appelé « New Romantic » et de la 'mode pirate' (1979-1983) lui étant associée : celle-ci utilisant des codes vestimentaires anciens en particulier venant du temps des incroyables et merveilleuses. Ce couple anglais est précurseur dans de nombreux domaines : la new-wave (si certains considèrent les New York Dolls comme annonciateurs du punk ils le sont aussi de la new-wave par certaines mises en scène), le punk, la mode pirate, le hip-hop ...  © EPV / J-M Manaï, C. Milet.
Photographie de droite :  Maison Christian Dior, collection haute couture printemps-été 2011. © Détail d'un montage photographique provenant du dossier de presse.versailleshautecouture

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Le rythme

1802costumesdebalblancLM300Photographie : Couple dansant en 1802 avec un mirliflor et une inconcevable.
Il y a un phénomène sur lequel je crois tout le monde est d'accord : c'est que nous bougeons. Le mouvement est à la base de la vie. Les premières théories écrites sur le théâtre et la poésie en général partent de cette constatation. La question est de savoir comment rendre ces rythmes harmonieux ? Comment bouger de manière intelligente : avec cette inspiration, ce 'je ne sais quoi' qui transmet ce plus d'âme … qui donne une âme aux choses … qui transcende … offre cette joie profonde si importante dans l'esprit français … que certains appellent le plaisir ?
Apprécier un rythme cela dépend de beaucoup d'éléments : de la condition dans laquelle on se trouve, de la culture et de l'éducation (expérience de vie) que l'on a, des mouvements vers lesquels tend notre âme etc. Il n'y a donc pas de bons et mauvais rythmes mais des adéquats. Tous ne se mélangent pas. C'est une question de multiplicité des rythmes, ce qui en fait leur richesse. Pour vivre en communauté nous avons besoin qu'un mouvement d'ensemble soit donné. Durant l'Antiquité c'est à travers la fête que cela s'exprime de la façon peut-être la plus exemplaire. Le meilleur des poètes de la cité est choisi pour la guider en composant les danses, les chants et la représentation dans son ensemble, en harmonisant, en chef d'orchestre, toutes les qualités mises en oeuvre. Et puis il y a tous les autres mouvements : individuels, familiaux, amicaux, de travail, religieux, intellectuels etc.
Finissons par la vison poétique d'une promenade dans un jardin grec durant l'Antiquité avec deux philosophes conversant en marchant sous des essences odorantes filtrant doucement un soleil distribuant à tous sa lumière.

Photographie 2 : « Le Temps de l'Après dîner. Délicieux jardins, agréable verdure, / Beaux parterres que Flore enrichit de ses dons, / D'un livre ingénieux souvent sur vos gazons / On se plaît à goûter l'amusante lecture. / Plus vif dans mes plaisirs, pour moi j'aime bien mieux / Accompagner Philis, et lire dans ses yeux / Qu'au fond de vos bosquets un solitaire asile, A nos tendres ardeurs deviendrait fort utile. » Gravure de F. Aveline le fils (François- Antoine Aveline : 1718-1780) d'après Mondon. Cette estampe fait partie d'une série d'Aveline et Mondon qui sont à l'origine de très belles gravures baroques ayant une fantaisie charmante, où les perspectives sont tronquées et le merveilleux subtilement amené dans un style rocaille parfaitement plaisant. Dimensions : 33,5 x 41,2 cm.

© Article LMletempsdelapresmidirecadrelll

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Les Champs Élysées en 1842

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Photographies : Estampe de 16,2 x 25,5 cm (feuille entière) intitulée : 'Les Champs Élysées.' avec pour signatures : d'après « Eugene Lami », gravée par « Chas. [pour Charles] Rolls. » Au dessous est indiqué « Aubert & Comnie. Place de la Bourse, Paris, Octobre 1, 1842. »
Eugene Lami (1800-1890) a produit notamment des dessins et peintures représentant la vie mondaine parisienne en particulier durant le règne de Louis-Philippe d'Orléans (roi des Français de 1830 à 1848) puis sous la présidence (1848) et le règne (1852-1870) de Napoléon III. Voici quelques liens vers certains de ses tableaux :
La Sortie de l'Opéra de la rue Le Peletier, 1835 (tableau inachevé) ;
Entrée de la duchesse d'Orléans dans le jardin des Tuileries à Paris, le 4 juin 1837 ;
Concert donné dans la galerie des Guise au château d'Eu, le 4 septembre 1843 ;
Réception en l'honneur de la reine Victoria et du Prince Albert au château d'Eu le 3 septembre 1843 ;
Visite de la reine Victoria à Paris en 1855.

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Élégances de 1817

 

18172En 1817 règne Louis XVIII. Le dandysme est à l'état de prémisse en France. C'est l'époque des beaux, fashionables, gandins et des tenues à l'élégance militaire des mirlflors, calicots ... La photographie représente deux fashionables de 1817 provenant de deux planches du Journal des Dames et des Modes.

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Lions, lionnes et panthères.

lions2lllionsdetail300lllPhotographies 1, 2 et 3 : Deux estampes de Gustave Doré intitulées « Panthères » et « Lions » de 26,5 x 34 cm. La première a aussi pour légende : « Animaux féroces qui dévorent les châteaux, les fermes, les terres et les rentes ». © LM
Photographie 4 : Estampe de G. Fontaffard intitulée « Le Lion et la Panthère » : « Mme de St... ne met pas de Corset, mais Mr en porte …. » provenant lelionetlapanthère300lld'Aujourd'hui Journal des Modes Ridicules, planche 68, 4ème année, Juillet 1841. Elle fait 27,8 x 22,1 cm. Au XIXe siècle, les hommes portent fréquemment un corset. © LM
Photographie 5 : Estampe présentant quatre lions, dont un enfant, en 1855. « LE LION – Juin 1855 - Journal de Nouveautés et Modes d'Hommes. – Spécialités pour Tailleurs. - Draperies et hautes Nouveautés de la Maison Dubois Jeune – publié par la Société des Journaux de Modes réunis. - On s'abonne au Bureau : rue Ste Anne. 64 à Paris. - Ne peut être reproduit. -Impr. Mariton - Für ganz Deutschland ber C. H. Müller in Aachen. » Cette estampe de la seconde moitié du XIXe siècle semble être éditée spécifiquement par l'imprimerie Mariton pour l'ensemble de la France. Je n'ai retrouvé aucune référence concernant une publication intitulée : Journal de Nouveautés et Modes d'Hommes. Par contre la Maison Dubois Jeune existe bien à cette époque de même que l'imprimerie Mariton et la Société des Journaux de Modes réunis installée au 64 rue Ste Anne à Paris. Dimensions du cadre : 28 x 19,5 cm. © LM
lelionjournaldesnouveautes300lllCet article fait suite au troisième article sur l'Anglomanie (voir ici) où j'ai commencé à définir les lions, lionnes et autres lionceaux (voir aussi cet article et cet autre). Je vais ajouter ici les panthères. Ces personnages sont très présents au XIXe siècle d'autant plus qu'ils représentent un aspect de la vie sociale parisienne qui 'rugit', avec ses : bourgeois 'high-life', dandys, romantiques, gants jaunes, aristocrates du renouveau de la royauté et de l'Empire, libertaires, politiques, artistes, bas bleus, demi-mondaines etc. (voir les précédents articles à leur sujet).
unelionneLe lion apparaît sous le règne de Louis Philippe (1830 à 1848), le dernier roi à avoir régné en France ; durant la période romantique : celle des jeune-France ou nouvelle-France, dont les cheveux longs et les manières passionnées font penser à de jeunes félins. Les lions sont ceux de ces rugissants qui occupent le haut de l'affiche, ou souhaitent en être. Leur pendant féminin est la lionne ou parfois la panthère. Leur notoriété peut être intellectuelle, pécuniaire, politique, mondaine … mais est toujours voyante et du moment : ce vers où l'attention se braque dans les sphères de ce que l'on appelle alors 'la haute vie' ou le 'high life'. Ce type de personnage est très fréquent dans la littérature d'alors. On le retrouve dans de très nombreux ouvrages comme dans celui intitulé : Les lions du jour : physionomies parisiennes où Alfred Delvau (1825-1867) en décrit une centaine. Il est bien sûr caricaturé. Gustave Doré (1832-1883) a croqué certains de ces 'animaux' dans 'La Ménagerie parisienne' publiée en 1854 à Paris, au bureau du Journal pour rire. 24 planches présentent vautours, paons, rats (d'opéra), loups, lions (photographie1), panthères (photographie 2) etc.
Photographie 6 : Illustration pleine page du chapitre consacré à 'La lionne' par Eugène Guinot (1812-1861) du tome deuxième de Les Français peints par eux-mêmes  : encyclopédie morale du XIXe siècle, publié par L. Curmer  de 1840 à 1842. © LM

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Réjouissances du XVIIe siècle

catalogueAguttes24mai-copie-1

Photographie : Première de couverture du catalogue de la vente Aguttes du 24 mai à Lyon Brotteaux. Cliquer sur l'image pour accéder au catalogue.
dansesXVIIe500Photographies : 'Scène de bal avec une joueuse d'épinette' de Frans Francken II (1581-1642) sur panneau de chêne (de trois planches, non parqueté). Dimensions : 69 x 107 cm. Cette composition est signée sur le dessus du clavecin : « Frans Franken FISV ». © Photographie d'ensemble provenant du catalogue Aguttes.
concertaJ'ai choisi de vous présenter ici deux tableaux du XVIIe siècle de la vente Aguttes du 24 mai à Lyon Brotteaux peignant une scène de bal et l'autre un déjeuner dans un parc. L'intérêt du premier réside entre autres dans la présentation sur le devant, de l'orchestre composé d'une joueuse d'épinette, d'une chanteuse et d'un joueur de luth. L'accoutrement de la musicienne est particulièrement de mode à cette époque, avec sa coiffure blonde rappelant celle romaine appelée en « nid d'abeilles » ou en « diadème » et celle 'à la Fontanges' de la fin du XVIIe, sa fraise tout autour du cou (quand la danseuse a encore l'ancienne collerette) qui ajoute à la rigidité de son vêtement sombre très serré au niveau du buste, avec des épaules hautes, un corset et une ceinture ; alors que sa robe en vertugadin est très ample et tombe sur une jupe rouge écarlate. Pendant que les uns dansent, un couple sur la gauche est attablé et entouré de victuailles.
dejeunerdansjardin500Photographies : Peinture sur toile du XVIIe siècle provenant de l'atelier de Cristoph Jacobsz van der Lamen intitulée 'Le déjeuner dans un parc'. Elle fait 47 x 65 cm. Elle est signée en haut à gauche et datée : « c. van der lamen fecit 1653 ». Il s'agit d'une « reprise de la composition vendue le 29 juin 2005 (Hôtel Drouot, Me Joron-Derem, collection lolita Lempicka et à divers) ». © Photographie d'ensemble provenant du catalogue Aguttes.
dejeunerdansjardindetailsDans la seconde oeuvre, je retiens surtout les habits des personnages : l'usage des dentelles aussi bien pour les femmes que pour les hommes ; la robe d'un bleu tendre de la jeune femme de gauche dans laquelle s'échoue sa gorge au teint d'albâtre, ses bijoux de perles et ses agrafes d'or, ses cheveux dorés ; ceux du jeune homme qui lui tient la main et qui tombent en boucles sur ses épaules, son col (rabat) de dentelle caractéristique du XVIIe, son noeud sur la poitrine (les rubans et la dentelle étant des accessoires très prisés de la mode de ce siècle), ses chaussures semblant surmontées d'une guêtre et ayant sur le devant une très grosse décoration en forme de disque plat ; et puis la stature du personnage de dos avec son chapeau à la longue plume blanche, son rabat de dentelle qui couvre une chemise dont le peintre rend parfaitement l'aspect soyeux, ses bottes semblant elles aussi avoir leur 'disque' et puis surtout son manteau dont le drapé est noué autour de la taille pour former un énorme noeud dans son dos.
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Chevelures gauloises

terenceadelphes2personnagesdetail300Photographies 1 et 3 : Bois gravé du XVe siècle ou du XVIe, avec deux personnages aux longs cheveux dont l'un affublé d'un chapeau à grandes plumes.  © LM. 

Photographie 2 : Première page de la partie intitulée  'Des Cheveux des Français' du livre de Guillaume-François-Roger Molé Histoire des Modes Françaises, ou Révolutions du costume en France, Depuis l’établissement de la Monarchie jusqu’à nos jours. Contenant tout ce qui concerne la tête des Français, avec des recherches sur l’usage des Chevelures artificielles chez les Anciens, Amsterdam et Paris, chez Costard, Libraire, rue Saint-Jean-de-Beauvais, 1773, in-12 (16,6 x 10 cm). © LM.

Photographie 4 : Détail d'une estampe originale du XVIIe siècle d’Abraham Bosse (1604  - 1676). © LM.

Si la mode masculine actuelle des cheveux courts date de l'époque napoléonienne, auparavant une belle coiffure s'apprécie le plus souvent à l'épaisseur et la longueur des cheveux. C'est une marque de virilité, cela depuis l'Antiquité, pendant le Moyen-âge et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les cheveux reviennent à la mode avec les romantiques dans les années 1830, puis dans les années 1960. La beauté des cheveux est aussi une marque de noblesse. descheveuxdesfrancais300Comme l'écrit M. Molé, dans son Histoire des Modes Françaises, ou Révolutions du costume en France … (1773) : « C'est la coutume des Rois de France, dit Agathias [VIe siècle après J.-C.], de ne se faire jamais couper les cheveux, mais de les conserver depuis le moment de leur naissance : ils laissent ceux de derrière flotter avec grâce sur leurs épaules ; ils partagent ceux de devant sur le sommet de la tête, & les  rejettent des deux côtés : en général leur chevelure n'est ni hérissée, ni dégoûtante comme celle des Turcs & des Barbares, ni liée ou cordelée toute ensemble sans grâce, sans agrément : ils ont diverses manières de la tenir propre ; ils en ont grand soin […] Les cheveux, dans ces temps reculés, étaient en si grande vénération qu'il n'y avait point d'autre manière de dégrader un Prince que de lui raser la tête. » Durant les mille ans du Moyen-âge de nombreuses façons de se coiffer sont à la mode : parfois avec des cheveux longs, parfois courts. C'est une époque très riche en modes diverses, pleine d'inventivité, d'audaces et de goût notamment en ce qui concerne les parures de la tête. « Henri III & ses mignons ranimèrent le goût des Français pour les cheveux frisés. Ils ne tentèrent pas cependant d'introduire la mode des longues chevelures : au contraire, ils affectèrent de laisser les oreilles découvertes. C'était de leur part un raffinement de coquetterie : ils ne relevaient leurs cheveux que pour laisser voir en liberté les perles & les diamants qu'ils suspendaient à leurs oreilles. Henri II fut le premier qui tenta d'usurper cette parure destinée aux femmes. Henri III suivit son exemple, & l'on conçoit aisément que cette nouveauté eut des sectateurs : l'art de la frisure fit aussi des progrès : on frisa le toupet, le dessus, le derrière, & les côtés de la tête. Cet apprêt consistait à former, avec les cheveux, des espèces de rouleaux ou cercles distingués les uns des autres. On nommait ces petits cercles des bichons. Le règne, trop court, d'Henri IV ne fut pas si favorable à la toilette de la tête que celui des favoris : mais ce Prince laissa un successeur, qui fit éclore une nouvelle révolution. Louis XIII était fort jeune lorsqu'il parvint à la couronne. En grandissant, il conserva ses cheveux. Sous de pareils auspices, les belles chevelures acquirent de la réputation. Elles commencèrent par s'arrondir autour de la tête ; elles cachèrent ensuite les oreilles, & finirent par flotter sur les épaules. […]  Ce qui affligeait surtout les rigoristes, c'est que l'usage s'était introduit parmi les Prêtres de se laver la tête avec des eaux de senteur, de répandre sur les cheveux des parfums exquis […] Les têtes Sacerdotales ne furent pas les seules qui éprouvèrent les lois du changement : le goût pour les longues chevelures dégénéra bientôt en manie. Il n'est pas donné à tout le monde d'avoir beaucoup de cheveux, encore moins d'en avoir de très longs ; on eut recours à l'art & sous ses auspices on brava la nature. Ce fut dans ce moment de vertige que s'introduisit la mode des bonnets à cheveux, connus sous le nom de perruques. J'en donnerai l'histoire dans le supplément. Cette mode, dès son origine, fut portée à l'excès. Non seulement les têtes chauves & les têtes rousses s'empressèrent de lui rendre hommage ; celles mêmes que la nature avait le plus favorisées, préférèrent des cheveux postiches à leurs cheveux naturels. Par une bizarrerie assez difficile à comprendre, l'amour des cheveux causa leur perte : les perruques se multiplièrent ; presque toutes les têtes furent tondues […] Malgré ces contestations les cheveux, du moins ceux que l'on avait épargnés, acquéraient de jour en jour un nouvel éclat ; les terenceadelphes2personnagesrecadre300toupets surtout commencèrent à jouer un rôle intéressant sur la tête des Français : réduits d'abord à une simple touffe de cheveux, ils s'emparèrent par la suite de toute la largeur du front, & dégagèrent entièrement les tempes. Afin de leur donner une certaine consistance qui les rendît commodes, on les roula sur un fer chaud : cet expédient procura pour la seconde fois des toupets frisés. Une autre invention apporta un changement notable sur le peu de têtes chevelues qui existaient encore. Depuis le retour des cheveux flottants, les hommes s'étaient bornés à se laver, à se parfumer la tête. Les femmes au contraire semaient sur leurs cheveux une certaine poudre blanche, qui n'avait été inventée que pour les nettoyer. Les Dames de la Cour & les filles de joie étaient mêmes les seules qui eussent pris cette licence. Les petits maîtres envièrent aux femmes ce prétendu agrément. Plusieurs d'entre eux parurent en public avec des cheveux poudrés, & cette frivolité eut des approbateurs. D'abord les hommes se contentèrent de mêler la poudre avec les cheveux : peu-à-peu ils s'accoutumèrent à la répandre avec profusion sur leur tête, & bientôt cette mode fut générale. Hommes, femmes, enfants, vieillards, tous firent usage de la poudre; toutes les têtes devinrent blanches. Cette révolution influa sur le goût de la nation relativement à la couleur des cheveux. On avait toujours estimé en France, même parmi les hommes, la couleur blonde, comme la plus douce, la plus agréable. Les cheveux noirs offraient quelque chose de trop dur ; les blancs annonçaient la décrépitude, ils étaient peu estimés. Depuis l'introduction de la poudre, les cheveux blancs sont venus en honneur : tout homme assez heureux pour en avoir de bonne heure, se fit une gloire de ne plus les cacher : une chevelure blanche est comptée au nombre des plus belles parures. Sur ces entrefaites le dix-huitième siècle parut. Il vit les Français applaudir à la poudre, à la frisure, aux beaux toupets ; mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'ils commençaient à se dégoûter des longues chevelures. Pour les contenter, il n'imagina pas d'autre moyen que de leur procurer le double avantage de jouir quand ils voudraient & des cheveux longs & des cheveux courts. Plein de ce projet, il fit éclore de nouvelles modes. La première, la plus simple de toutes, consistait à réunir avec une rosette les cheveux qui flottaient sur les épaules, & à les attacher lorsque les circonstances l'exigeaient. Cette mode, qui procura les cheveux en cadenettes, dura peu, & l'on vit arriver, pour la chevelure des hommes, ce qui était arrivé un demi siècle auparavant pour la queue des chevaux. Les Parisiens, pendant un temps, se prirent de belle passion pour les chevaux à courte queue : c'est ce qui fit dire à Bassompierre, lorsqu'en 1642 il sortit de prison où il était resté vingt ans, qu'il ne trouvait d'autre changement dans le monde, si ce n'est que les hommes n'avaient plus de barbe, & les chevaux plus de queue. Bientôt, les habitants de Paris se jetèrent dans l'extrémité opposée ; les chevaux à la queue large & flottante furent recherchés. La girouette tourna pour la troisième fois : sa nouvelle position fit désirer en même temps & les queues longues & les courtes queues : pour contenter un goût si bizarre, on s'avisa de renfermer la queue des chevaux dans un étui, qu'on était libre d'ôter lorsqu'on le désirait : l'invention parut commode, les hommes s'en emparèrent. Ce fut alors que les Français imaginèrent les bourses espèce de petit sac de taffetas dans lequel ils enfermèrent leurs cheveux, & d'où ils les retiraient Bossecourtisandetail300lorsque la nécessité l'exigeait, ou que les circonstances le permettaient. Les rosettes ne furent pas néanmoins abandonnées ; elles s'attachèrent aux bourses, dont elles devinrent le principal ornement. D'abord les bourses ne furent employées que dans les voyages, que pour courir le matin en chenille ou pendant la pluie : il eût été indécent de paraître avec cet ajustement devant les Grands, & surtout dans les cérémonies. Avec le temps les bourses ont acquis quelque considération : il leur a été permis de se montrer dans les meilleures compagnies, & les Prêtres, après les avoir méprisées, ne s'obstinèrent plus à soutenir qu'on devait se marier avec des cheveux flottant. Les cheveux de derrière la tête étant ainsi renfermés, ceux des côtés furent taillés : les oreilles reparurent, & depuis ce temps elles n'ont plus été cachées. Quelques particuliers s'avisèrent aussi de tresser les cheveux : ils renouvelèrent même l'ancienne mode des cheveux en queue ; mais il s'en faut bien qu'ils lui aient donné son premier lustre. Un simple ruban noir qui enveloppe les cheveux, voilà maintenant ce qu'on appelle une queue. Lorsque les queues parurent, la mode voulait qu'elles fussent très grosses, très-longues, très-pointues. Les petits maîtres, toujours extrêmes, associaient à leurs cheveux des cheveux étrangers ; par ce moyen ils se procuraient de belles queues. Quelques-uns d'entre eux voulurent multiplier cet ajustement, & introduire l'ancien usage des queues sans nombre. Leurs tentatives n'eurent aucun succès : il fut décidé que les hommes n'auraient qu'une queue ; qu'ils ne la ramèneraient point sur la poitrine, comme cela se pratiquait dans le sixième siècle, mais qu'ils la renverraient sur leurs épaules, & qu'elle ne serait généralement admise que chez les Militaires & les voyageurs. Les tresses reçurent un traitement moins rigoureux. Elles eurent la liberté de s'approprier toutes les couleurs : il leur fut même permis d'être bariolées, c'est à-dire composées de rubans de couleurs différentes. Deux jolies rosettes eurent ordre de se placer aux deux extrémités. Malheureusement cette élégance fut de peu de durée ; les tresses subirent le sort des queues; la couleur noire devint leur partage. Les bourses sont pareillement vouées au noir, & malgré leur élévation, elles n'ont point encore quitté cette livrée. Leur forme a seulement varié : les premières bourses étaient quarrées, d'une grandeur moyenne, & devaient paraître remplies de cheveux. Pour se conformer au goût dominant, on avait la précaution de les remplir avec du crin. Vinrent ensuite les bourses extraordinairement petites & fort étroites par le haut, qui furent remplacées par les bourses d'une grandeur démesurée. Le crin disparut en même temps : plus une bourse était plate, plus on la trouvait admirable. Les rosettes subirent aussi diverses variations : cavalierenecharpe300on s'avisa de les associer à la frisure, elles furent poudrées , & cette folie ne manqua point de partisans. La manière de disposer les cheveux sur le devant de la tête, & des deux côtés, éprouva pareillement différentes révolutions. L'invention des perruques avait porté l'art de la frisure à un degré de perfection auquel on n'aurait jamais pensé qu'il put parvenir. Libres de donner à des cheveux postiches mille formes différentes, les Maîtres Perruquiers n'épargnèrent ni peines ni soins pour piquer la vanité des petits maîtres ; & c'est à leur industrie que nous sommes redevables de ces fameuses frisures, auxquelles bien des hommes attachent une partie de leur mérite. Le nombre de ces frisures est presque infini. Chaque année, chaque mois, chaque semaine en produit de nouvelles : on a vu successivement paraître des têtes frisées en béquille, en graine d'épinards, en bâtons rompus ; hier c'était en aile de pigeon ; aujourd'hui à la débâcle, & mille autres manières qu'il serait fort difficile de faire connaître sans le secours de la gravure. Il sera plus aisé d'exposer ici le tableau des apprêts qu'exigent ces diverses frisures, ou, pour me servir du terme consacré par l'usage, de ces différentes colures. Si jamais, o race future ! il vous prenait envie de remettre en vigueur nos sublimes colures, souvenez-vous bien que quand les cheveux sont taillés suivant la forme qu'on veut leur donner, il faut les prendre par pincées, les rouler sur eux-mêmes, & les envelopper dans un morceau de papier triangulaire. Chaque pincée de cheveux ainsi roulée & enveloppée, se nomme une papillote. Si vous désirez savoir combien une chevelure peut fournir de papillotes ? Je vous répondrai que cela dépend du genre de la frisure & de l'abondance des cheveux. Communément la tête d'un petit maître contient cent cinquante, deux cent rouleaux. Lorsque cette première opération sera finie, vous passerez chaque papillote entre les deux pattes d'un fer chaud. Prenez garde que la chaleur ne soit trop grande ; vous auriez bientôt détruit votre propre ouvrage. Pour ne pas vous y tromper, voici un signe. Quand le fer ne brunit plus le papier, allez, pressez ; vous êtes parvenus au degré de chaleur nécessaire. N'opérez pas néanmoins avec trop de précipitation, craignez que votre main ne bronche ; la position est délicate : en voulant décorer l'idole, souvent on la défigure. Les papillotes étant ainsi pressées ; laissez les refroidir. Vous enlèverez ensuite le papier, vous réunirez tous les rouleaux avec cet instrument si ancien, si commode, & si connu, que l'on nomme un peigne : sous ses auspices vous mêlerez les cheveux autant qu'il sera en votre pouvoir. C'est ce qu'on appelle crêper. Ceci étant achevé, partagez de nouveau les cheveux, dégagez les faces du toupet & le toupet des cheveux de derrière ; vous formerez alors des boucles, ou marons, & la frisure sera ébauchée. Une opération d'une nouvelle espèce se présente. Prenez de cette poudre blanche, dont j'ai déjà parlé ; vous la pétrirez avec une espèce de matière grasse, appelée pommade : par le moyen de cette pâte vous collerez, vous mastiquerez chaque boucle, chaque maron, & l'obligerez à prendre, à garder la forme que vous désirez. Si cette gomme ne suffit pas, ayez recours aux épingles noires ; elles assujettiront à votre gré toutes les boucles, tous les marons. Le dernier apprêt consiste à prendre avec un instrument, que l'on nomme houppe, de la poudre blanche, & à la secouer légèrement sur les cheveux jusqu'à ce qu'ils en soient entièrement couverts. Allez maintenant consulter votre miroir. Cette opération termine la toilette ; la colure est achevée. Peut-être, ô race future ! cavalierenecharpedetail300trouverez vous cette méthode sale, bizarre & minutieuse ? Elle est cependant universellement reçue. Oui , telle est en général la manière d'enjoliver les têtes d'à présent. Elle est même commune en France, au Seigneur comme à son valet, aux personnes du monde comme aux gens d'Église. Si l'on en excepte quelques Moines, & les habitants de la Campagne, toutes les têtes Françaises sont frisées, poudrées, mastiquées. Je crois superflu d'observer, qu'il aurait été ridicule de surcharger d'un chapeau une tête si artistement arrangée. Cet ancien ornement a donc été sacrifié à la frisure : il n'a pas été néanmoins abandonné tout-à-fait. On le porta d'abord à la main par la suite il se plaça du côté gauche, & la mode s'introduisit de porter les chapeaux sous le bras. Qu'il me soit permis d'observer que c'est pour la troisième fois que le côté gauche est devenu le dépositaire des ornements de tête. Les aumusses se sont emparées du bras, les chaperons de l'épaule, tout le monde sait où les chapeaux sont placés ; j'ignore comment nos descendants s'y prendront, s'ils inventent quelque ajustement de tête, & s'ils s'en dégoûtent, toutes les places sont occupées. Il est facile de concevoir que le chapeau ne se trouva pas à son aise sous le bras gauche ; c'est ce qui le força de prendre une forme nouvelle : sa calotte s'est aplatie, ses bords se sont couchés, il est devenu un ornement presque inutile. »

Article LM

Photographies 5 et 6 : Gravure du temps de Louis XIV : « Cavalier en Écharpe. Il est galant déterminé - Jetant ses cheveux en arrière - Et prêt à fournir la Carrière - Dans un bal après le dîner. » © LM.

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Cafés parisiens littéraires et artistiques

cafedeparisplanlarge650Photographies : Café de Paris sur le boulevard des Italiens. Illustration provenant de la revue La Mode datant de 1837. Ouvert au mois de juillet 1822 à Paris, ce café est situé à côté du Café Tortoni célèbre au temps des merveilleuses et des incroyables. Le Café de Paris est fréquenté notamment par des artistes comme George Sand et Alfred de Musset.
cafedeparis300J'ai écrit un précédent article sur les cafés parisiens à partir d'une gravure que j'ai achetée à Drouot représentant le Café Royal d'Alexandre : Les cafés de Paris en 1787. J'ai découvert depuis une estampe (cliquer ici) peignant un incendie de hautes coiffures au Café Royal d'Alexandre  qui présente une femme avec sur la tête une volumineuse composition qui prend feu lorsqu'elle passe sous un lustre. Le jeune homme qui l'accompagne a lui aussi une chevelure élevée de même que la personne derrière le comptoir. Le Café Royal d'Alexandre doit donc être à l'époque de cette mode un lieu de rendez-vous des petits maîtres. Comme nous l'avons vu dans l'article précédemment cité, cet endroit a de très hautes portes et est spacieux, assez pour accueillir ces élégants.

Aujourd'hui, sur la devanture principale du Café Procope, un médaillon en marbre indique : « ~ Café Procope ~ ici Procopio dei Coltelli fonda en 1686 le plus ancien café du monde et le plus célèbre centre de la vie littéraire et philosophique au 18e et au 19 e siècles. Il fut fréquenté par La Fontaine, Voltaire, les Encyclopédistes, Benjamin Franklin, Danton, Marat, Robespierre, Napoléon Bonaparte, Balzac, Victor Hugo, Gambetta, Verlaine, et Anatole France. » Ce café est le plus ancien subsistant de Paris, peut-être d'Europe si ceux d'Autriche, d'Angleterre n'existent plus ; et du monde si on considère que ce genre est né en Europe. Seulement cette mode nous vient d'Orient. La plante produisant le café provenant d'Éthiopie et la boisson qui l'utilise s'étant répandue depuis le Yémen jusqu'en Turquie bien avant de s'implanter en Europe, peut-être reste-t-il de ces lieux de réunion plus anciens dans ces contrées.

L'histoire des cafés parisiens est encore très présente dans Paris. L'un des plus anciens, le Procope, fondé vers 1684 est toujours en activité. Il en reste beaucoup d'autres rappelant la vie artistique et littéraire française, des modes et des usages, de véritables îlots de culture témoins de moments importants de la vie sociale parisienne, depuis les cafés des Lumières, en passant par le Café de la Paix sur les boulevards (XIXe siècle) ; les cafés de Montparnasse durant les années folles et les surréalistes (début XXe) avec La Closerie des Lilas, La Rotonde ou La Coupole ; Les Deux Magots et le Café de Flore dans le quartier Saint-Germain particulièrement virulents au temps des existentialistes (après guerre, années 50) …
procope650Photographies du dessus : Extérieur du Café Procope du côté du passage couvert et intérieur.
cafedelapaixinterieurexterieurPhotographies du dessus : Café de la Paix sur le boulevard de la Madeleine, intérieur et extérieur.
larotondelacoupole640Photographies du dessous : Cafés de Montparnasse avec La Rotonde et La Coupole.


CafeStGermain600Photographies du dessus : Cafés de Saint-Germain avec le Café de Flore et Les Deux Magots.

Et puis à côté de chez moi il y a Le Café Charbon dans le quartier Oberkampf ; peut-être un 0824charboninterieurpeinturea300reliquat des endroits populaires et festifs auvergnats des XIXe et XXe siècles devenus très à la mode dans le dernier tiers du XXe siècle dans des rues comme celles de Lappe et d'Oberkampf ou bien une reconstitution (les peintures murales dateraient d'une quinzaine d'années).
Photographies : À gauche, intérieur du Café Charbon, avec ses décorations de style fin de siècle. Au dessous, extérieur du café.elegantesaunou0608veaucasinojuinfloue1300

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La valse et le boléro

lafoliedujourdetail12300aaclair.jpglafoliedujour.jpgPhotographies du haut et de droite : Gravure de Salvatore Tresca (1750-1815), artiste sicilien né à Palerme et établi à Paris. En 1788 il grave « divers sujets à la manière pointillée anglaise » (Histoire de l'art pendant la Révolution 1789-1804 par Jules Renouvier et Anatole de Montaiglon, 1863). Il est à l'origine de plusieurs estampes caricaturant des incroyables, la plupart signées « Tresca sculp. » : Les Croyables au Perron, Les Croyables au tripot, Point de convention, et La Folie du jour. Les trois premières estampes représentent de vrais et faux incroyables : des agioteurs, des joueurs de carte, une merveilleuse qui refuse une avance malhonnête d'un incroyable. Dans la quatrième qui est celle présentée ici : « un jeune homme, en culotte collante, et une jeune femme, en robe diaphane, dansent un pas de boléro devant un ménétrier. On ne saurait imaginer une mise en scène plus piquante des travers et des grimaces des habitués des bals de l'hôtel Mercy et de l'hôtel Thélesson. » (ibid.). La signature laisse à penser que Salvatore Tresca s'inspire de l'oeuvre d'un artiste. On a ainsi attribué certains des dessins à l'origine de ces gravures à Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les deux protagonistes de l'image dansent donc soit le boléro soit une valse. La merveilleuse porte une des toilettes du Directoire que la baronne de Vandey appelle  dans son ouvrage intitulé Souvenirs du Directoire et de l'Empire (1848) « simples et élégantes », très transparente comme celle qu'elle décrit : « Sa robe en tulle n'avait en dessous qu'une mousseline tellement claire, qu'on pouvait distinguer la couleur de ses jarretières. » Ici on aperçoit sous la longue robe une véritable mini-jupe. Cela accentue le caractère lascif de cette chorégraphie suggéré aussi par le mouvement où les corps et les regards se croisent aux rythmes du violon. La caricature du musicien en alcoolique, assis au milieu de bouteilles de vin, avec la pièce de monnaie dans sa bouche donnée pour sa prestation, insiste sur l'aspect assez 'licencieux' de cette danse ; que le titre de l'estampe rend encore plus flagrant : 'La Folie du jour'.
Photographie de gauche : costumepaerisien1802clair300Gravure datée de 1802, ayant pour légende : « Costume de Bal », et représentant une merveilleuse et un incroyable dansant.

Le boléro comme la valse sont des danses importées à Paris à la fin du XVIIIe siècle. Dans son livre déjà cité, la baronne de Vandey relate un épisode où, après un dîner chez M. de Talleyrand, on demande à un des frères Garat (soit le tribun, soit le chanteur à la mode) tout juste revenu d'Espagne de danser un boléro avec Mme Talien. C'est une nouvelle manière à la mode au temps du Directoire et par la suite ; mais peut-être moins que la valse qui supplante après la Révolution les danses de cour comme le menuet. Elle est d'abord pratiquée par les jeunes merveilleuses et incroyables. Elle se s'adonne en couple fermé, et s'associe parfaitement avec les nouveaux vêtements légers et donnant beaucoup de liberté aux mouvements ainsi que les chaussures sans talon permettant de passer facilement de pas sautés à des pas glissés.
Photographies : Danses d'avant la Révolution. Gravures provenant d'un almanach allemand de 1779 : Zachenbuch zum Nuken und Bergnugen, Goetingen, J. C. Dieterich, avec de nombreuses gravures liées à la mode et pratiques civiles de cette époque et ayant des légendes en allemand et français. La première est intitulée 'Habillements de Danse' et la seconde 'La Danse'.almanachallemand1779danses531

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Merveilleuses & merveilleux