L'étudiant et le quartier latin

tableaudeparisTexierBosquet300lmPhotographie de gauche : « Un bosquet de la Closerie des Lilas ». Illustration de Tableau de Paris d'Edmond Texier (Paris, Paulin et Le Chevalier, 1853).

Photographie de droite : « REÇU AVOCAT. - Dis donc, Phémie, ce qui m'amuse, c'est quand je pense que ce pierrot-là sera notaire ! ». Illustration de La Comédie de notre temps : La civilité - Les habitudes - Les moeurs - Les coutumes - Les manières et les manies de notre époque, de Bertall (P. Plon, 1874, 2° édition).

Plusieurs livres du XIXe siècle dépeignent l'étudiant, ses manières, ses compagnes (les hautes études sont suivies avant tout par la gent masculine) … Il est souvent croqué par des caricaturistes le représentant dans des positions lascives, lisant les romans à la mode, vivant en parfaite liberté et harmonie avec sa compagne ... Celle-ci change souvent au fur et à mesure des études. Comme l’écrit Edmond Texier dans son Tableau de Paris (1853) : Il commence généralement son apprentissage de la vie parisienne amoureuse avec une « grisette du pays Latin » dans un romantisme échevelé s’il a de la chance, sinon avec une lorette ou une « demoiselle au numéro » qui est un genre de grisette ambitieuse qui traque l’étudiant comme un ascenseur social ou comme moyen de subsistance. La première année de l’étudiant est donc un moment de déniaisement : « Cette première année de stage comprend les filles que l’on appelle demoiselle au numéro, et qui se rencontrent principalement au Prado, chez Bullier, ou encore au bal des Acacias. Les demoiselles au numéro sont LaComediedenotreTempsRecuAvocatclair300lmcelles qui s’attachent à un hôtel meublé, […] où vient s’entasser la jeunesse studieuse de toute la France, et qui partagent à l’amiable les divers appartements dont elles se composent. Celle-ci est attitrée aux numéros impairs, celle-là aux numéros pairs : l’une ne quitte pas le premier étage, l’autre ne s’élève jamais au dessus du second ou du troisième. Il y aurait entre elles des luttes acharnées et terribles … ». L’étudiant cherche toutes les occasions de fête (réussite aux examens …) : ce qui s’appelle alors faire la noce, c'est-à-dire une fête arrosée de punch etc. A cela s’ajoute « Le bal champêtre, la promenade, les longues stations au café et le cours complet d’éducation morale. […] L’étudiant de troisième année renonce entièrement au pays Latin et à ses pompes ; déjà expert dans la vie de Paris, il poursuit de ses déclarations passionnées les jeunes modistes, les demoiselles de comptoir, les ouvrières qui sortent de leurs ateliers, et même il s’aventure jusqu’à offrir un aperçu de l’état de son coeur à mesdames les actrices de Bobino. Bobino est le théâtre de prédilection de troisième année […] Jadis, dans les jours d’opulence, il pénétrait dans les solitudes de l’Odéon … »

Louis-Sébastien Mercier occupe un chapitre consacré au ‘pays latin’ dans un tome de Tableau de Paris (1781) : « On nomme pays latin le quartier de la rue Saint-Jacques, de la montagne Sainte-Geneviève et de la rue de la harpe. » Le quartier autour de la Sorbonne est déjà celui des étudiants au Moyen-âge. Au XXe siècle, il continue de l'être, et s’étend du jardin des plantes jusqu’à Saint-Germain en passant par le Panthéon et la Sorbonne. Les étudiantes et les étudiants y étudient (oui oui aussi !), passent, se divertissent, boivent aux terrasses des cafés, sortent. Ils y savourent une vie libre, intellectuelle et studieuse. Aujourd'hui cet endroit est beaucoup moins « latin » et les universités plus dispersées, certaines étant en banlieue.

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La liberté, l'adamite, l'anarchiste, le gauchiste, le nudiste, le baba et le hippie.

adamitesdamsterdam-2-300lmPhotographies : « Adamites d'Amsterdam » Gravure sans doute du XVIIIe siècle représentant probablement une persécution des adamiens. Ceux-ci nus sont encerclés par des soldats.

La devise de la République française place en premier la liberté et ensuite l'égalité et la fraternité. Le petit-maître l'aime lui aussi. Le terme est même dans celui de libertin. Le cacouac, l'inconcevable, la merveilleuse, le bas bleu, le jeune France, la cocotte, le montparnos, le surréaliste, la garçonne, le zazou, l'existentialiste notamment la prônent.
Ce besoin de liberté, d'égalité et de fraternité ne faiblit pas durant les XIXe et XXe siècles. La Révolution française (1789-1798) donne naissance à de nombreux mouvements. Les anarchistes apparaissent au XIXe et font beaucoup parler d'eux. La Commune de Paris (1871) marque une étape très importante qui se solde par l'instauration d'une République (la troisième), système qui perdure jusqu'à aujourd'hui. Pourtant si les communards souhaitent une République, ils ne veulent pas de celle-ci qui est avant tout bourgeoise et conformiste. De nombreux intellectuels et artistes suivent ces mouvements et ne cessent de s'impliquer dans la vie politique française mais aussi étrangère où d'autres révolutions se forment.  
Cette liberté est encore revendiquée en 1968. Finie l'époque des minettes et des minets (voir l'article La minette et le minet). Ceux-ci se font pousser les cheveux et la barbe pour les garçons ; portent des pantalons à pattes d'éléphant ou des robes à fleurs … Toute la physionomie change. Ils deviennent gauchistes, babas ou hippies. Le journal Liberation est à ses débuts d'extrême gauche et très lu dans ces milieux. Il est lancé en 1973 par notamment Jean-Paul Sartre (voir article sur les existentialistes). A cette époque la presse est riche de publications aux idées multiples. Le Canard enchaîné, qui lui aussi existe toujours, est encore plus ancien (1915), et fait partie de cette presse hétéroclite transmise jusqu'à nous comme : Le Figaro (1826), La Croix (1880), L'Humanité (1904) ou Les Échos (1908).
Les babas et les hippies sont moins impliqués dans la vie sociale et surtout la violence qui est celle de certains gauchistes. Ils prônent l'amour libre, la liberté, le naturel etc. Le naturisme est à la mode. Autrefois appelé gymnosophie, ce mouvement naît en France dans la seconde partie du XIXe siècle ; mais on trouve d'autres équivalents dans le passé comme avec les adamites (ou adamiens voir photographies) qui de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle souhaitent un retour au jardin d'Eden, essayant de vivre comme Adam avant l'épisode de la pomme, nus, sans travailler, en pratiquant l'amour libre etc.

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Le chevalier

LeCabinetdesFeesTome6LesChevaliersErrantspage1-300lmPhotographies :  Les Chevaliers errant : début du texte et gravure se trouvant dans Le Cabinet des Fées, ou Collection Choisie des Contes des Fées, et autres Contes Merveilleux, Ornés de Figures, tome sixième, Amsterdam et Paris, 1785.
LeCabinetdesFeesTome6LesChevaliersErrantsGravure300lmAvec le chevalier, l’élégance est militaire. Le mot vient de 'cheval'. Il s'agit donc d'un cavalier, fortement armé, dont l'armure le protège. La cavalerie a pendant presque tout le Moyen-âge une importance primordiale

Au Moyen-âge la chevalerie crée ses valeurs particulièrement influencées par l'art courtois des troubadours et trouvères (la fin'amor) et des notions comme l'honneur, la bravoure, la  foi etc. Une littérature semi-merveilleuse se développe en particulier autour de la 'matière de Bretagne' (légende arthurienne) et de la 'matière de France' (cycle des chansons de gestes carolingiennes). Nous sommes à l'époque des châteaux forts. L'âge d'or de la chevalerie se situe aux XIIe et XIIIe siècles qui le sont aussi pour bien d'autres choses, comme pour la littérature chevaleresque. De nombreuses peintures d'époque représentent ces chevaliers souvent en armure, montant un somptueux cheval magnifiquement harnaché, le tout aux couleurs et armoiries spécifiques. Même le casque est parfois rehaussé de plumes, d'un dragon, d'un aigle ou autres.

La chevalerie n'est pas seulement un art de la guerre mais aussi un apprentissage, une initiation, où, en France, l'amour de la Dame a une valeur protectrice. Les aventures des chevaliers de la table ronde ressemblent à des parcours initiatiques dont le Graal semble être l'aboutissement. Certains aspects de cet apprentissage sont particulièrement bien expliqués dans un livre d'une autre tradition, du tibétain Trungpa Chögyam, intitulé Shambala, la voix sacrée du guerrier, où l'élégance occupe une place importante.

Les tactiques changeant de même que les équipements, tout cela fait perdre à la chevalerie une partie de son prestige, surtout à partir de la diffusion sur les champs de bataille des armes à feu durant la seconde moitié du XVe siècle. Le titre de chevalier ne prend plus qu'une valeur honorifique, notamment avec l'apparition des ordres honorifiques à partir du XVIIe siècle s'inspirant des ordres de chevalerie apparus dès le XIVe siècle. Ainsi peut-on encore être aujourd'hui chevalier de la Légion d'honneur ou de l'Ordre des Arts et des Lettres.

LeCabinetdesFeesTome6LesChevaliersErrantsGravureDetail300lm© Article et photographies LM

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Le cocodès

lescocodesparunecocottegravure3detail-500lm.jpgCet article fait suite à celui sur La cocodette dans lequel il est question du cocodès. Celui-ci est un délicat que certains disent un peu ridicule, aux manières et habits excentriques ; et que d’autres trouvent particulièrement élégant. Les premiers le décrivent comme riche, se laissant embobiner facilement par des drôlesses qui se moquent de lui. Le mot semble apparaître vers 1860 sous le second Empire. Son pendant féminin est la cocodette qui est considérée lescocodesparunecocottegravureclair386lmpar les mêmes comme une femme aux moeurs légères et à la mise et aux manières provocantes. Dans cocodès on a coq pour accentuer peut-être le côté prétentieux et ridicule. Cocodette ressemble à une onomatopée rappelant le gloussement de la poule. Ce qui est sûr c’est que ces jeunes gens sont à la mode de leur époque.

Voici deux iconographies de cocodès : La première est une illustration de 1865, en relation avec Les Cocodès : vaudeville en 5 actes et 6 tableaux de Xavier de Montépin et Jules Dornay (Paris, Théâtre du Luxembourg, 29-04-1865). La seconde est l'image d'une assiette (de Sarreguemines), de la série « Exposition universelle de 1867 » (n°12) de vers 1867, représentant un « Cocodès », un « Gandin », « une Biche » et un « Daim » debout devant le stand « Produits français ». Une légende indique : « La France est par-dessus tout la patrie des moeurs et du bon goût ». N°12 de la série. L'aile est décorée d'une frise de rinceaux et de masques grotesques. Une céramique semblable est présentée dans l'article sur Le gandin. Enfin voici une peinture intitulée La Cocodette par Amable Gabriel de La Foulhouze (1815 - 1887) datant de 1867.
Photographies : Les Cocodès, par une cocotte, Orné de gravures, Paris, chez tous les libraires, 1864, 128 pages, avec un frontispice et deux gravures hors texte, 14 x 9 cm. Il n'y a pas d'auteur indiqué mais il s'agirait de Victor Azam. Il est possible qu'il soit incomplet de ses gravures. Ici sont présentés le frontispice et la page de titre ainsi qu'une des deux gravures.

lescocodesparunecocottetitre400lma© Article et photographies LM

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Le damoiseau

On désigne au Moyen-âge par damoiseau un jeune prince ou un jeune gentilhomme avant qu’il ne soit chevalier. Comme je l’ai lu dans plusieurs textes des XVIIe et XVIIIe siècles, ce mot est aussi utilisé à ces périodes pour signifier un efféminé ou pour se moquer de quelqu’un qui fait le beau, le galant auprès des dames, et qui exagère la délicatesse de son apparence. Dans Les Plaisirs des dames (1641), François Grenaille (1616-1680) écrit à leur sujet « qu’on ne saurait distinguer ces hommes des femmes, s’ils n’étaient beaucoup plus efféminés qu’elles. […] ils servent d’appui aux femmes […] qui dirait qu’ils se divertissent en voyant la contrainte de leur mine & de tous leurs mouvements. Il faut qu’ils ne se tiennent pas moins ajustés à la campagne, que dans la ville, croyant être vus de tout le monde, quand ils sont vus d’une Dame. Ils aiment mieux plaire à ses yeux qu’à ceux de toute une multitude. Dans le contentement d’être en une si belle compagnie, ils sont toujours dans l’appréhension d’offenser celles qu’ils adorent. C’est avec quelque sorte de regret qu’ils contemplent ces astres, voyant qu’il ne leur est permis de les contempler qu’à certain temps. Ils ne regardent pas les Dames comme des femmes qui parlent d’une façon commune, mais comme des Sibylles qui prononcent des Oracles. […] ils vont à la Promenade pour se recréer, & cependant ils y ont toujours l’esprit tendu ; il faut qu’ils fassent bonne mine, quoiqu’ils souffrent beaucoup de mal. Ils compassent leurs gestes & leurs mouvements comme s’ils étaient en quelque action sérieuse, & néanmoins il semble qu’ils ne doivent songer qu’à se divertir. »

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Le muguet

MercureGalantHabitdHiver300lmPhotographie : Illustration du Mercure galant d'octobre 1678 (Lyon, Thomas Amaulry).
La première édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie Français donne la définition suivante du muguet : « Qui affecte d'être propre, paré, mignon auprès des Dames. Mugueter se dit proprement d'un homme qui fait le galant, le muguet auprès des Dames. »
Au début de L’Ecole des maris (1661) Molière (1622-1673) décrit un muguet de son époque : jeune, avec de longs cheveux blonds, portant de petits chapeaux, des pourpoints réduits « sous les bras se perdants », de grands collets « jusqu'au nombril pendants », de longue manches « De ces manches qu'à table on voit tâter les sauces », des hauts-de-chausses ressemblant à des cotillons, des « souliers mignons de rubans revêtus », de grands canons (les canons sont des pièces d’étoffe, dentelle ou autre, amples et froncées qui sont attachées au bas de la culotte et portées en particulier au XVIIe siècle) « où comme en des entraves, On met tous les matins ses deux jambes esclaves, Et par qui nous voyons ces messieurs les galants, Marcher écarquillés ainsi que des volants. »
L’origine du mot vient sans doute du parfum qu'ils portent. Le muguet est une plante associée à l’amour. Une définition de 1750 du Dictionnaire des proverbes français … d’André Joseph Panckoucke, le dépeint comme un « Damoiseau qui est ajusté et paré comme une femme, poudré et essencé, qui fait le beau & l’adonis ». Il continue en faisant des citations : « Ces muguets à perruques, aiguillons à coquettes. / Haut. » « Tu fuiras la vaine troupe, / Et les bains accoutumés / De ces muguets parfumés, / Poursuivants de Pénélope. / Jour du Bellay »
François Grenaille (1616-1680) fait mention de muguets dans La mode, ou Caractère de la religion, de la vie, de la conversation, de la solitude, des compliments, des habits et du style du temps (1642) : « Je connais quelques muguets qui n’oseraient entrer dans une compagnie, s’ils ne sortaient d’un cabinet de parfums, & qui ne songent pas à bien entretenir le Cercle, mais à se tenir sur leur bonne mine. Leur chapeau agit plus que leur texte, leurs aiguillettes leurs pèsent, & vous diriez qu’ils ne portent pas des habits pour se couvrir, mais pour se découvrir agréablement. Voyez comme ils se pavanent en se regardant : Le soin qu’ils ont de tenir leur botte cirée, leur fait oublier celui de saluer les honnêtes gens, & un collet leur donne plus de peine à entretenir qu’une illustre compagnie. Je ne dirai rien ici de ceux qui pensent être fort adroits en faisant  le pied de grue, tantôt ils se mettent sur une férocité qui attire en dédaignant ; Tantôt ils adoucissent les yeux comme des poupées, après ils les rendent sombres comme ces portraits des anciens Césars. Enfin ils montrent bien que leur esprit est bien inégal, leur corps n’étant jamais dans une même posture. » Le même auteur décrit dans Les Plaisirs des dames (1641) un muguet « ajusté comme une poupée ».

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Le philosophe

LettresGalantesdeFontenelleGravureRecadre300lmPhotographie : Gravure de Lettres galantes de Monsieur d'Her*** par M. de Fontenelle (Londres, Paul & Isaak Vaillant, 1716).

Bien que s'arrangeant parfois peu de la mode, le philosophe a sa place ici, car sa pensée est souvent d'une grande élégance.

Toutes sortes de philosophes jalonnent les siècles. Dans ce dictionnaire je donne la définition de plusieurs : le libertin, le cacouac, le schopenhaueriste, l'épicurien ... La philosophie s'occupe de la pensée ; et il n'y a pas de belle apparence appréciable sans un bel esprit. Avoir de l'esprit est fondamental dans l'élégance.

Ce dictionnaire des petits-maîtres de la mode contient une philosophie. Celle-ci est basée sur certains rythmes et leur étude qu'ils soient au niveau du corps (des apparences) ou de l'esprit (les deux étant liés). La modernité toujours changeante est son credo mais sur une base immuable qui est celle de la recherche de ce qu'il y a de mieux, d'une sagesse inébranlable dont la beauté et la sérénité ne peuvent pas ne pas se refléter dans les apparences  : une ode au vivre ensemble dans la joie et l'harmonie en allumant constamment cette lumière qui jamais ne peut s'éteindre, tant que le mouvement est présent et la conscience du plaisir et de la sagesse qu'il sous-tend.

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Le baigneur, la baigneuse et le Ohé ! Ohé !

bainlheuredetail300lmPhotographie 1 : « L'heure du bain ». Illustration de La Vie élégante (tome second, 1883).
oheohe300lmPhotographie 2 et 3 : Chapitre « Les Ohé ! Ohé ! » de Physiologies parisiennes (La Librairie illustrée, 1886) d'Albert  Millaud (1844-1892).

Les baigneuses et les baigneurs sont en grande partie des gens de la bourgeoisie de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe qui vont en vacances. Il est alors très chic de prendre des bains, dans des tenues très habillées. La mondanité se déploie avec grâce sur les plages. De nombreux passages de livres et images de l’époque décrivent ces instants. Au XIXe siècle, tous les moments de la journée, tous les événements, ont une toilette qui leur est associée : costumes de bain, toilettes d’été, d’hiver, d’automne, de visite, de bal, de château, de voyage … sans compter les différentes variétés d’habits et de toilettes. Albert Millaud (1844-1892) consacre un chapitre de ses Physiologies parisiennes (1886) au « parisien à la mer ». Il se rend à Dieppe ou à Trouville au mois d'août mais a certaines occupations semblables à celles de la capitale.

L'auteur écrit aussi un chapitre sur les « Ohé ! Ohé ! » ; une autre sorte de parisiens. Ceux-ci passent leurs dimanches et jours de fête à la campagne, aux environs de Paris : « leurs joies, leurs plaisirs, leurs distractions se traduisent généralement par le cri spécial de « Ohé ! Ohé ! ». C'est l'ambiance des bals et canotiers (voir article Le canotier et la canotière) à la Auguste Renoir (1841-1919). Albert Millaud invente sans doute cette appellation.

oheoheadetail300lm© Article et photographies LM

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La merveilleuse et le merveilleux

1801costumedeLondre300lmPhotographies : Merveilleuses de 1801 et 1803 pour la seconde photographie. Gravures du Journal des dames et des Modes.

Les merveilleuses et en particulier les merveilleux sont appelés de cette manière dès le milieu du dix-huitième siècle, sous Louis XV (roi de France et de Navarre de 1715 à 1774). François-Antoine Chevrier (1721-1762) emploie le terme de ‘merveilleux’ dans Le Colporteur publié en 1762. Celui-ci est moins connu que son acolyte féminine car il est remplacé semble-t-il à la Révolution par l’incroyable. Mais ce nom est encore usité dans la première moitié du XIXe.

Sous le Directoire (1795-1799) et déjà un peu avant la Révolution les merveilleuses s'habillent de transparentes robes à l'antique d’inspiration grecque, à la ceinture haute, avec de grands chapeaux à brides. Les vêtements ne sont plus amples pour les femmes ce qui leur donne des allures élancées. L'accoutrement est moins riche, beaucoup plus simple qu'auparavant. Le corset est abandonné. Elles reflètent une révolution dans la mode française plus importante encore que celle des années folles où la femme se libère de nombreuses contraintes vestimentaires. Les merveilleuses elles aussi abandonnent le corset, les tenues peu pratiques et affichent leur féminité et une certaine provocation. Des exemples nous témoignent de certaines (comme Madame Hamelin en 1795) se promenant sur les Champs-Élysées les bras et la gorge nus (c'est-à-dire les seins nus) comme des statues antiques, avec une seule jupe de gaze sur un pantalon couleur de chair, suscitant de véritables petites émeutes. D’autres portent des tuniques transparentes laissant parfois voir de véritables mini-jupes (voir l'article La valse et le boléro) ; et les décolletés sont si profonds qu’il arrive qu’ils soient sous les tétons. Au XVIIIe siècle, il est possible de voir dans une promenade un sein laissé à l’abandon comme le prouvent des gravures de mode. Le nu antique inspire donc ces jeunes femmes dont certaines se font représenter dans des apparats très épurés. Lorsqu’on regarde les peintures représentant les merveilleuses les plus célèbres, ont est étonné par leur visage aux traits caractérisant chacune, leur chevelure simple et la simplicité de leurs habits. C’est alors l’avant-garde de la mode : le style épuré mais emprunt de toute la noblesse d’une muse grecque. Du reste certaines sont les véritables égéries de la finance et de la politique avant d’être celles de la mode. Avec elles, les jeunes ne sont pas les seuls à suivre cette mode. Il y a aussi les prostituées dont les plus jolies imitent depuis longtemps déjà les petites-maîtresses pour affoler le client. Le Palais Royal en compte de nombreuses qui tiennent boutiques dans les nouvelles galeries construites à la fin du XVIIIe siècle.

1803ChoudeNattes300lmLa mode des merveilleuses accompagne les femmes de tout le premier Empire, mais reste relativement de courte durée ; après le corset revient ainsi que les grandes robes, dans un style beaucoup moins joli et raffiné qu’au XVIIIe siècle …

A la fin de la Révolution, les fêtes reprennent. D’abord on danse discrètement dans les salons puis dans des bals. On organise des ‘bals des victimes’ ouverts à ceux ayant perdu au moins un de leurs proches à la guillotine.  Voir l'article Les oublies. Les bals des victimes généralisent la mode des robes gréco-romaines et des cheveux ‘à la victime’ c'est-à-dire coupés au ras de la nuque à la manière de ceux exposés au couperet (voir l'article Cheveux courts).

P.-F. Tissot (1768-1854), dans Les Français peints par eux-mêmes (tomes édités entre 1840 et 1842), décrit les merveilleuses et incroyables dont la mode couvre le Directoire quand l’auteur a un peu plus de vingt ans. Voici ce passage : « dans une partie de la France, et surtout à Paris, une folle ivresse de plaisirs emporta tout à coup la société. Tous les âges se précipitèrent avec une sorte de fureur dans toutes les jouissances dont on les avait sevrés. C’étaient des festins de Lucullus, c’étaient des bals aussi brillants que ceux de Marie-Antoinette à sa villa du petit Trianon ; c’était une répétition journalière des saturnales de la régence, au moment où la cour se hâta de déposer le rôle d’hypocrisie que lui avaient imposé la tristesse et la dévotion du grand roi. Étrange contradiction du coeur humain ! Les héros de ces fêtes étaient des hommes et des femmes qui pleuraient, disaient-ils, leurs parents immolés à une espèce de divinité inexorable comme la Fatalité des anciens, et pourtant ils dansaient et se réjouissaient au milieu de leurs transports de haine pour la république, et des projets de vengeance qu’ils exécutaient ou méditaient contre les terribles adversaires dont l’aspect les faisait trembler encore. […] les femmes, interrogeant les statues antiques, adoptant le cothurne, la coiffure, la tunique des femmes d’Athènes et de Rome, brillaient de la plus rare élégance sous de légers vêtements qui nous les montraient presque sans voile, comme Aspasie ou Phryné apparaissant aux regards d’un peuple enthousiaste de la beauté, … »

Louis-Sébastien Mercier écrit dans Le Nouveau Paris (1794) : « Les jolies femmes et les déesses du jour continuent à balayer les rues boueuses de la capitale avec leurs robes traînantes et transparentes. […] Pas une petite-maîtresse, pas une grisette qui ne se décore, le dimanche, d’une robe athénienne de linon, et qui n’en ramène sur le bras droit les plis pendants, pour se dessiner à l’antique, ou du moins égaler Vénus aux belles fesses. […] Nous admirons au Bois de Boulogne la beauté fière et majestueuse des Calypso, des Eucharis modernes ; nous nous extasions à la vue de leurs ceintures, de leurs perruques, de leurs robes ouvertes et qui montrent une jambe d’une beauté accomplie ; nous justifions le luxe ou plutôt le faste de leurs parures […] Il faut, le matin, étudier le journal des dames et les échantillons de la mode ; disserter avec un perruquier sur l’efficacité de l’eau de volupté […] les merveilleux [on voit que ce terme est encore employé] se parfument comme les femmes, et, comme elles, ils ont autant de rubans à s’attacher, de rosettes à former. La toilette de leurs coursiers est plus  longue encore que la leur. Combien de fois le cheval de cette amazone, a du pied frappé la terre d’impatience, sous les ciseaux de l’appareilleur ! Après ces singularités, il en est d’autres qui ne sont pas moins piquantes : je veux parler des chanteurs de carrefours. Ils se perfectionnent : on s’aperçoit qu’ils fréquentent le concert Feydeau, et se règlent sur les meilleurs modèles. Celui du Port au blé ; surtout, l’Orphée des Limousines, après le soleil couchant, roucoule déjà, dans le genre de Garat, et ses auditeurs enchantés, répètent, à mi-voix, ses délicieuses roucoulades. »

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La minette et le minet

Minette1904Datail300Photographies Minette1904-300lm1 et 2 au dessus et à gauche : « Minette, au grand chapeau couvert d'épis de blés, Peut-on savoir où vous allez ? » Cette carte postale ayant une oblitération de 1904 montre que l'on désigne déjà comme « minette » à cette époque  une jeune et jolie adolescente.
Photographie 3 à droite : Première page de couverture d'une partition de Les Playboys de Jacques Lanzmann (paroles) et Jacques Dutronc (pour la musique) ce dernier étant représenté avec sa coupe de cheveux et son costume minets.MinetDutroncLesPlayBoys300lm
Photographie 4 de gauche : Pochette de disque 45 tours de Jacques Dutronc contenant quatre titres dont Les Play-boys, On nous cache tout, on nous dit rien, et La Fille du Père Noël enregistrés avec Alain Chamfort (de son vrai nom Le Govic né en 1949) lui-même très minet dans son style et ses débuts musicaux. Dans Les Play-boys il est question « des petits minets qui mangent leur ronron au Drugstore ... » Jacques Dutronc qui a 20 ans en 1963, est lui-même une figure emblématique du minet parisien, élégant, au regard malicieux et je-m’en-foutiste.
Photographie 5 à droite : Bout de page de la revue Elle du 29 juin 1959 (n°705) présentant la mode du drugstore des Champs-Elysées.
Les minets et les minettes sont des jeunes, des années soixante, à la mode, mignons et assez soignés dans leurs tenues et leurs manières. On trouve déjà ces termes au moins depuis le XVIIe LesPlayboys300lmsiècle pour désigner des jeunes (voire très jeunes) ; mais c’est surtout dans les années 50-60 (certains situent la principale vague entre 1965 et 1968) qu’ils sont utilisés pour définir une jeunesse jolie, qui le sait et qui en joue. Dans la mode, la fin officielle du style minet est 1968. On continue d'utiliser ce terme après, surtout jusqu'aux années 80, mais dans une acceptation du mot un peu différente qui englobe depuis le lycéen jusqu'au jet-setteur. Mais pour le minet ou la minette du XVIe arrondissement de Paris ou de la banlieue chic on préfère celui de bcbg (voir article Bon chic bon genre) et pour ceux suivant les dernières tendances celui de branché(e) (voir article Le branché et le sapeur des années 80).
Le minet apprécie la ‘frime’, un certain luxe qu’il exprime dans des détails qui font toute la différence. Une de ses tenues consiste en une coupe de cheveux entre courts et mi-longs avec une raie sur le côté marquée (ce que les Anglais appellent la french Line), des lunettes noires, un visage rasé, un blazer cintré, un pull-over souvent col-roulé en shetland (pouvant se porter au dessus du nombril), jacquard pour les filles, ou une chemise très blanche ou un polo parfaitement propre, une gourmette comme bijou, un pantalon serré en velours côtelé fin et de jolies chaussures comme des mocassins généralementminetsdrugstore500lm de marque (Weston, Clarks …). Les vêtements simples mais de qualité sont près du corps, épousant parfaitement les courbes. Le noir est utilisé avec un goût pour un blanc éclatant. Le minet et la minette sont très soignés avec du « je-ne-sais-quoi ». La ligne est très pure et propre. Il y a du b. c. b. g. chez le minet, avec le côté plus sauvage de l'existentialiste (voir article Le zazou et l'existentialiste). Il est à la suite de l'existentialiste et du zazou. Comme ce denier il fréquente les Champs-Elysées, et en particulier pour le minet le Drugstore. Comme lui il va dans des surprises parties appelées maintenant boums. Il y a aussi les rallyes (soirées organisées pour que les jeunes de bonne famille se rencontrent). On danse sur du jerk, du rhythm and blues et sur des slows. Les minets écoutent du rock anglais, puis du rhythm and blues et du rock psychédélique. Le minet aime la frime et s'entourer de minettes qui le recherchent aussi. La minette c'est la parisienne des années 50 et 60, ou la parisienne tout court, avec un joli minois, un corps de biche et de la délicatesse ou plutôt de l'étude dans le mouvement, ce que j'appelle précédemment de la frime, et ce qu'on appelle avant le XXe siècle « faucher le persil » (voir article sur le Cours ...).
Il y a aussi des styles de minet en Italie. Rouler en vespa ou dans certaines voitures souvent basses est très minet (voir ici des exemples). 
On trouvera d'autres informations sur les minets sur cette page.
La mode qui suit les minets est celle des gauchistes, babas et autres hippies, avec la révolution de 1968 qui marque la rupture. Ceux-ci ont des vêtements amples, les cheveux longs, la barbe, des pantalons à pattes d'éléphant.

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Le moderne

MercureGalant1688PageDeTitreclair300lmPhotographie : Mercure Galant d'avril 1688. Cette revue est celle des modernes de la fin du XVIIe siècle.

Cet article fait suite à La Modernité : les Anciens et les Modernes et à Les méprisants et la réponse inc'oyable.

La modernité se place régulièrement en opposition avec ce qui la précède. Dans l'histoire elle se matérialise souvent en une querelle littéraire entre les tenants de la jeunesse et les anciens. Elle s’affirme aussi dans les habits et les usages. En France la littérature et la mode sont souvent liées. Les jeunes intellectuels aiment à se fondre dans cette modernité qui exprime leur nouveauté, et où s’invente un nouveau langage. Les précieuses du XVIIe siècle sont celles dont l’exemple exprime peut-être le mieux cette connivence entre littérature, mode et nouveauté. Viennent ensuite Charles Perrault (1628 – 1703), Bernard Le Bouyer de Fontenelle (1657-1757) et tous ceux qu'à cette époque on appelle les modernes. Le Mercure galant, dont la première parution date de 1672, est le périodique des modernes de la fin du XVIIe siècle. Les philosophes des Lumières les remplacent avec Denis Diderot (1713 - 1784) etc. Au XIXe le moderne est fashionable. Au XXe il est à l’avant-garde de la mode et des nouvelles technologies. Ce siècle se veut être celui de la modernité ... comme tous les autres. Finalement la définition qualifiant le moderne, bien que et parce qu’en rapport avec la nouveauté, est à peu près la même depuis le XVIIe siècle. Le changement est la seule chose qui ne change pas !

Dans Le Peintre de la Vie Moderne, Charles Baudelaire (1821-1867) occupe un chapitre à ‘La Modernité’ ici dans le domaine de la peinture : « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien ; la plupart des beaux portraits qui nous restent des temps antérieurs sont revêtus des costumes de leur époque. Ils sont parfaitement harmonieux, parce que le costume, la coiffure et même le geste, le regard et le sourire (chaque époque a son port, son regard et son sourire) forment un tout d’une complète vitalité. […] ».

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Le classique

OeuvredeGuezdeBalzacpagedetitrefrontispiceA300lmPhotographie : Frontispice de Les Oeuvres diverses du Sieur de Balzac (seconde édition, paris, P. Rocolet, 1646) représentant Jean-Louis Guez de Balzac (1594 - 1654) avec au dessous : « C'est ce divin parleur, dont le fameux mérite / A trouvé chez les Rois plus d'honneur que d'appui. / Bien que depuis vingt ans tout le monde l'imite, / Il n'est point de mortel qui parle comme lui. MAINARD ».

Le classique fait appel à des valeurs qu’il puise dans l’Antiquité. Le classicisme est un mouvement littéraire et artistique de la seconde moitié du XVIIe siècle qui n’est appelé ainsi que bien plus tard. Il se fonde sur un idéal de perfection, des valeurs d’excellence qui s’incarnent dans l’honnête homme. Ce mouvement est suivi par celui des modernes (voir l'article La Modernité : les Anciens et les Modernes) puis des Lumières (voir définition du cacouac). Les premiers ne veulent plus prendre pour modèle seulement les anciens (grecs et romains), mais prônent la prééminence des temps modernes. Les seconds placent les sciences et le progrès au dessus de tout.

Le classicisme recherche l’excellence dans l’imitation et le respect des classiques antiques tout en ayant sa spécificité exemplaire. C’est un art de la perfection et du bon goût, de la mesure et de la raison, dont la peinture et la littérature entre autres nous offrent des exemples flamboyants. Il vise l’harmonie, les rythmes les plus subtiles, tout en défendant le naturel … un équilibre parfaitement jouissif.
Ce mouvement trouve son aboutissement dans les années 1660-1680, mais a une origine antérieure. Les influences sont multiples. Citons d'abord celle des premières précieuses dont les salons contribuent à véhiculer le Grand Esprit Français. C’est en voulant les imiter, ainsi que d’autres académies comme la Société florimontane (fondée par Honoré d’Urfé, François de Sales, Antoine Favre et Claude Favre de Vaugelas) …, qu’Armand Jean du Plessis de Richelieu (1585-1642) crée le cercle très masculin de l’Académie française. Les premiers classiques sont des hommes qui fréquentent assidûment l’Hôtel de Rambouillet (voir Les Précieuses et les femmes de lettres). Les premières précieuses ne laissent que peu d’écrits et officient en toute clarté mais dans l’ombre de leur condition féminine honorée, voir adulée, mais sans statut artistique, littéraire ou politique. Ce sont donc des hommes qui rédigent sur les règles du bien parler et du bien écrire, qui sont une des bases de l’élégance, tels Vaugelas (Claude Favre baron de Pérouges et seigneur de Vaugelas : 1585-1650), Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654) ou Dominique Bouhours (1628-1702) … François Hédelin abbé d’Aubignac et de Maymac (1604-1676) édifie avec quelques autres les normes du théâtre classique. Certains rédigent les règles de l’éloquence une autre science de l’élégance. Pierre Corneille (1606-1684), Jean Racine (1639-1699), Molière (Jean-Baptiste Poquelin : 1622-1673), Jean de La Fontaine (1621-1695), Nicolas Boileau (1636-1711), Marie-Madeleine Pioche de la Vergne comtesse de La Fayette (1634-1693) et quelques autres composent des pièces, des romans et différents écrits qui sont des références de la poétique classique.

Les rythmes de l’élégance ne sont pas anodins. Ils sont le résultat d’une intelligence poétique ; d'une connaissance innée de la mesure s’exprimant dans une grâce dont le terrain de jeu est le moment présent et sa parfaite jouissance. L’Excellence française du XVIIe siècle l’exprime comme l’Esprit des Lumières du siècle suivant, la Renaissance de celui précédent, la fin’Amor du bas Moyen-âge ou l’Art français (francigenum opus) du XIIe siècle.

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La polkeuse et le polkeur

AlmanachduCharivaripour1892Polka300lmPhotographie : Dessin humoristique de la série « carnaval fin de siècle, par Vignola » provenant de l'Almanach du Charivari pour 1892. Deux femmes en habit de bal de carnaval s'adressent à deux Messieurs qui leur répondent : « Une po'ka ? Est-ce que vous vous f...ichez dans l'idée que nous sommes ici pour nous amuser ? »  L'expression « fin de siècle » est utilisée dans la dernière partie du XIXe siècle pour désigner quelque chose à la mode ou même un élégant. Il en est subrepticement question dans l'article sur le grelotteux
J'ai écrit un article sur La Polka. Au milieu du XIXe siècle, cette danse est tellement appréciée que l'on dit ‘à la polka’ pour signifier ‘à la mode du jour’ ou ‘très bien’. Un pollkeur et une polkeuse sont des habitués des bals.

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L'artiste bohème

bohemien300lmPhotographie 1 : Illustration du chapitre intitulé : « Histoire d’un propriétaire à poigne et d’un locataire timoré » de La Vie élégante (tome second, 1883).
Photographie 2 : « Un ménage d'artiste », Tableau de Paris (1853) d’Edmond Texier.
Photographie 3 et 4 : Eau forte signée « 1839 Célestin Nanteuil » de 20,8 x 27,1 cm (dimensions de la feuille) et intitulée « Amoroso » de l'italien  « Amoureux », terme utilisé en français, en musique, pour signifier : « tendrement, amoureusement ». Cette image provient de la revue hebdomadaire L’Artiste publiée de 1831 à 1904. Le magazine y présente des textes et des illustrations dont quelques-unes en pleine-page sans texte au dos, comme celle-ci. Célestin Nanteuil (1813-1873) est un artiste faisant partie des « jeune France » romantiques. Il fréquente Victor Hugo, Alexandre Dumas, Théophile Gautier et semblerait être proche de Gérard de Nerval. Il participe en 1830 à la bataille (théâtrale) d'Hernani.
tableaudeparisTexierUnMenagedArtiste300lmLa vie de bohème n’est pas une vie élégante, mais elle est parfois celle d’élégants dans l’âme mais sans argent. Aux XIXe et XXe siècles elle est celle de certains artistes qui habitent sous les toits de Paris, tout près du ciel, des étoiles et de la lune enchanteresse. Ils sont parfois étudiants des beaux-arts, écrivains et habitants de Saint-Germain-des-prés ou d'autres quartiers à la mode qu’ils occupent à s’avachir dans les cafés. Montmartre est un lieu emblématique à Paris pour les artistes ainsi que le quartier de Montparnasse au début du XXe siècle. Le quartier latin est particulièrement celui des étudiants et des écrivains.

Le terme de 'bohème' dans sa signification actuelle date au moins du XVIIe siècle. On le trouverait chez Tallemant des Réaux en 1659. La première édition de 1694 du Dictionnaire de l'Académie française distingue deux sortes de 'bohemes' (sans accent), avec le bohémien proprement dit, et celui qui vit comme un 'boheme' : « BOHEME. Bohemien, Bohemienne. Sorte de gens vagabonds, libertins, qui courent le pays, disant la bonne aventure au peuple crédule, & dérobant avec beaucoup d'adresse. On dit proverb. Cet homme vit comme un Boheme, pour dire, qu'Il n'a ni équipage ni domicile assuré. » lartisteamoroso300lmCe dernier ne fréquente pas les bohémiens, mais on le compare avec car il vit en marge de la société, s'habillant d'une façon assez excentrique et cultivant une pensée indépendante, et une manière de liberté.

C'est une forme de sagesse vagabonde caractéristique en France, sans doute issue des époques où ce pays est morcelé en divers royaumes et où nombreuses sont les personnes qui vont de château en château ou même de ville en ville pour proposer leurs services : poètes troubadours ou trouvères, compagnons etc. Parmi eux beaucoup d'artistes.

Au XIXe siècle et au début du XXe cette bohème se concentre à Paris. Elle est le résultat des importants exode rural et immigration. Par exemple l’École de Paris (1900-1920) lartisteamorosodetail300lmdésigne des artistes étrangers arrivés dans la capitale française pour profiter de cette émulsion des beaux-arts. Beaucoup sont juifs. Ils occupent le quartier Montparnasse, buvant et mangeant souvent gratuitement dans les cafés, et parfois y dormant (voir l'article Le Montparnos, le Fauve, le Surréaliste et les intellectuels à la mode). Par la suite d'autres mouvements prolongent cette bohème. Mais c'est véritablement au XIXe siècle que l'artiste bohème prend ses lettres de noblesse. En 1844, Honoré de Balzac (1799 - 1852) écrit Un Prince de bohème (le livre est visible ici) : « Ce mot de Bohème vous dit tout. La Bohème n’a rien et vit de tout ce qu’elle a. L’espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune, mais au-dessus du destin. […] enfin, et c'est là où j'en veux venir, ils sont tous amoureux, mais amoureux ! ... » Dans Scènes de la vie de Bohême (1847-49) Henry Murger (1822 - 1861) présente des acteurs et des lieux de cette bohème parisienne (l'ouvrage ici) : « le cénacle de la Bohême », l'indigence, les artistes, l'amour, « Mademoiselle Musette »,  « Un Café de la Bohême », « Mademoiselle Mimi », la jeunesse etc.

Le poète Jean Nicolas Arthur Rimbaud (1854 - 1891) est peut-être celui qui représente le mieux cette bohème artistique.

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Le céladon

Le céladon est un vieillard amateur de l’ancienne mode et des écrits de type L'Astrée d’Honoré d’Urfé (époque des précieuses : voir articles 1 et 2). Ce terme est employé de manière péjorative au XVIIIe siècle alors que ce roman est très moderne au XVIIe. Voilà ce qu’écrit Bernard Le Bouyer de Fontenelle (1657-1757 : cent années), dans ses Poésies pastorales : « Quand je lis d’Amadis les faits inimitables, / Tant de Châteaux forcés, de Géants pourfendus, / De Chevaliers occis, d’Enchanteurs confondus, / Je n’ai point de regret que se soient-là des Fables. / Mais quand je lis l’Astrée, où dans un doux repos / L’Amour occupe seul de plus charmants Héros, / Où l’amour seul de leurs destins décide, / Où la sagesse même a l’air si peu rigide, / Qu’on trouve de l’amour un zélé partisan / Jusque dans Adamas, le Souverain Druide, / Dieux, que je suis fâché que ce soit un Roman ! / […] / J’irais vous habiter, agréables Contrées, / Où je croirais que les Esprits / Et de Céladon & d’Astrée / Iraient encore errants, des mêmes feux épris ; / Où le charme secret produit par leur présence, / Ferait sentir à tous les coeurs / Le mépris des vaines grandeurs, / Et les plaisirs de l’innocence. / […] / O rives de Lignon, ô plaines de Forez, / Lieux consacrés aux amours les plus tendres, / Montbrison, Marcilli, noms toujours pleins d’attraits, / Que n’êtes-vous peuplés d’Hilas & de Silvandres ! / Mais pour nous consoler de ne les trouver pas, / Ces Silvandres, & ces Hilas, / Remplissons notre esprit de ces douces chimères, / Faisons-nous des Bergers propres à nous charmer, / Et puisque dans ces champs nous voudrions aimer, / Faisons-nous aussi des Bergères. … » Il est intéressant de noter que Fontenelle lui-même déprécie ce qui précède cette oeuvre : les romans de chevalerie qui sont alors passés de mode au XVIIe siècle, comme L'Astrée l'est par la suite.

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Le tortoniste

Photographies :MuseeDesModes1850-300lm Élégants de 1850 représentés sur une planche du Musée des Modes. Ils pourraient être des tortonistes.
Certains appellent 'tortonistes', les adeptes du café Tortoni inauguré en 1798 sur le boulevard des Italiens à l'angle formé avec la rue Taitbout. Intellectuels et élégants (parfois ce sont les mêmes !) y officient. A cette époque, et depuis déjà de nombreuses années (au temps des merveilleuses et des incroyables), le prolongement constitué par les boulevards de la Madeleine, des Capucines, des Italiens et de Montmartre est très à la mode. Il en est question dans l'article intitulé Les Boulevards des Italiens, des Capucines et de Montmartre. Les cafés les plus célèbres du XIXe siècle s'y trouvent (voir l'article Cafés parisiens littéraires et artistiques).
Dans son Etudes d'histoire romantique. Alfred de Musset : (documents inédits). L'homme et l'oeuvre, les camarades (Paris, Mercure de France, 1907) Léon Séché (1848-1914) présente un texte jamais publié d'Alfred de Musset (1810-1857) décrivant le boulevard des Italiens :
« L'espace compris entre la rue Grange-Batelière et celle de la Chaussée d'Antin, n'a pas, comme vous savez, Madame, plus d'une portée de fusil de long. C'est un lieu plein de boue en hiver, et de poussière en été. Quelques marronniers qui y donnaient de l'ombre ont été abattus à l'époque des barricades. Il n'y reste pour ornement que cinq ou six arbrisseaux et autant de lanternes. D’ailleurs, rien qui mérite l'attention, et il n'existe aucune raison de s'asseoir là plutôt qu'à toute autre place du boulevard qui est aussi long que Paris.
Ce petit espace, souillé de poussière et de boue, est cependant un des lieux les plus agréables qui soient au monde. C'est un des points rares sur la terre où le plaisir est concentré. Le Parisien y vit, le provincial accourt ; l'étranger qui y passe s'en souvient comme la rue de Tolède à Naples, comme autrefois la Piazetta à Venise. Restaurants, cafés, théâtres, bains, maisons de jeu, tout s'y presse ; on a cent pas à faire l'univers est là. De l'autre côté du ruisseau, ce sont les Grandes Indes.
MuseeDesModes1850Detail2-300lmVous ignorez sûrement, Madame, les moeurs de ce pays étranger qu'on a nommé le boulevard de Gand. Il ne commence guère à remuer qu'à midi. Les garçons de café servent dédaigneusement quiconque déjeune avant cette heure. C'est alors qu'arrivent les Dandys ; ils entrent à Tortoni par la porte de derrière, attendu que le perron est envahi par les barbares, c'est-à-dire les gens de la Bourse. Le monde dandy, rasé et coiffé, déjeune jusqu'à deux heures, à grand bruit, puis s'envole en bottes vernies. Ce qu'il fait de sa journée est impénétrable : c'est une partie de cartes, un assaut d'armes, mais rien n'en transpire au dehors et je ne vous le confie qu'en secret. A cinq heures changement complet ; tout se vide et reste désert jusqu'à six heures. Les habitués de chaque restaurant paraissent peu à peu et se dissipent vers leur mondes planétaires. Le rentier retiré, amplement vêtu, s'achemine vers le Café Anglais avec son billet de stalle dans sa poche ; le courtier bien brossé, le demi fashionable vont s'attabler chez Hardy ; de quelques lourdes voitures de remise débarquent de longues familles anglaises, qui entrent au Café de Paris, sur la foi d'une mode oubliée ; les cabinets du Café Douix voient arriver deux ou trois parties fines, visages joyeux mais inconnus. Devant le club de l'Union, illuminé, les équipages s'arrêtent ; les dandys sautillent ça et là avant d'entrer au Jockey. A sept heures, nouveau désert. Quelques journalistes prennent le café pendant que tout le monde dîne. A huit heures et demie, fumée générale ; cent estomacs digèrent ; cent cigares brûlent ; les voitures roulent, les bottes craquent, les cannes reluisent, les chapeaux sont de travers, les chevaux caracolent, le monde dandy s'envole de nouveau. Ces messieurs vont au théâtre et les dames pirouettent. La compagnie devient tout à fait mauvaise. On entend dans la solitude le crieur du journal du soir. A onze heures et demie les spectacles se vident ; on se casse le cou chez Tortoni, pour prendre une glace avant de s'aller coucher. Il s'en avale mille dans une soirée d'été. A minuit, un dandy égaré reparaît un instant ; il est brisé de sa journée ; il se jette sur une chaise, étend son pied sur une autre, avale un verre de limonade en baillant, tape sur une épaule quelconque en manière d'adieu et s'éclipse. Tout s'éteint. On se sépare en fumant au clair de lune. Une heure après, pas une âme ne bouge et trois ou quatre fiacres patients attendent seuls devant le Café Anglais des soupeurs attardés qui n'en sortiront qu'au jour. »

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Gens du bel air

4pagesalmanachXVIIIerobedegaladetaila300lm.gifPhotographies : Pages d'un almanach du XVIIIe siècle.

Dans la première édition du Dictionnaire de L'Académie française (1694) on trouve dans la définition du mot air : « AIR. s. m. […] Manière, façon. S'il y va de cet air-là. cela est du bel air. […] Air, signifie aussi, Une certaine manière que l'on a dans les exercices du corps, dans la façon d'agir. Le bel air. le grand air. le bon air. les gens du bel air, du grand air. l'air de la danse. il a l'air de la Cour. l'air du monde. il a l'air de qualité. il a encore l'air provincial. l'air du collège. En ce sens on dit, Se donner des airs, prendre des airs, de certains airs, pour dire, Affecter de certaines manières. Il ne se dit qu'en mauvaise part. Air, Se dit aussi de la mine, de la contenance. Je vois bien à votre air que vous avez bien l'air de &c. En ce sens, Avoir l'air grand, C'est avoir la mine haute. Et Avoir le grand air. C'est vivre à la manière des grands. »
Dans Les entretiens d'Ariste et d'Eugène de Dominique Bouhours (Paris, Cavalier, 1741), on lit : « Air est tout-à-fait du bel usage. Il a l'air d'un homme de qualité ; il a l'air noble , il a bon air, il a méchant air ; cela a méchant air, il s'habille, il danse de bon air ; il y a dans tous ses ouvrages un 4pagesalmanachXVIIIeHabitdegalarecadre300lm.jpgair de politesse qui le distingue des autres ; de l'air dont il s'y prend, il réussira. Vous oubliez le bel air, dit Ariste : je connais des gens qui l'ont incessamment à la bouche, & qui prétendent parler à la mode, en disant II a le bel air : il chante, il danse, il s'habille du bel air ; il fait tout du bel air, il a l'esprit tout-à-fait du bel air, il le porte du bel air. Ces gens-là sont bien ridicules avec leur bel air, repartit Eugène : cette façon de parler est décriée parmi ceux qui parlent bien, ils ne s'en fervent qu'en riant, pour se moquer des gens du bel air. »
Dans le Dictionnaire comique, satirique, burlesque, libre et proverbial (Amsterdam, Michel Charles Le Cene, 1718),  Philibert-Joseph Le Roux écrit :
« Le Bel air. C'est un mot à la mode parmi certaines personnes à Paris, comme précieuses, Abbés, petits Maîtres & autres personnes ridicules qui mettent leur unique application à estropier le beau langage ; une preuve de cela est qu'on n'a qu'à examiner combien de mots ridicules sont en usage pour juger que ce ne peut-être l'Académie 4pagesalmanachXVIIIecaraco300lm.jpgFrançaise qui est composée de tout ce qu'il y a de plus beaux Esprits de France qui les ait inventés, soyez à Paris dans une compagnie de Dames, d'Abbés musqués ou de petits maîtres à plumets, vous n'entendez continuellement & à tout propos que ces mots ; assurément c'est parler, rire, marcher, danser, se mettre à chanter, se coiffer du bel air. Mr. ou Madame une telle ne sont pas du bel air, & ceci ou cela n'est pas du bel air. Passe si on se servait de ces mots là avec modération : mais on en outre tellement l'usage, qu'on en néglige de parler selon la pureté de la langue, & on en méprise les mots propres. Baron, coq. Trompé ; écouter une Comédie, cela n'est pas du bel air. Pour dire cela n'est pas à la mode, cela n'est pas de qualité.
Capistron Comed.
Cherchant les Courtisans & le gens du Bel air.
Air voltigeant. C'est une manière de parler dont se servent ordinairement les coquettes ou précieuses, ou ces ridicules personnes qui cherchent à se distinguer autant par des façons de parler que par des habillements bizarres Elle dit autant qu'un air distingué, des manières de Cour, & est de qualité, ou plutôt ce qu'on appelle à Paris, les airs, penchés, sots & affectés. [...]
Airs Musqués. Mot à la mode à Paris, pour exprimer la ridicule affectation des manières & gestes d'une personne : signifie airs affectés, contraints, ridicules.
Gros airs. Airs sots & affectés d'une personne qui veut imiter les personnes de qualité. Le Sage ah. vraiment j'aime assez ces gros airs.
Airs penchés. Ce sont de ridicules contorsions du corps, des manières sottes. Ces airs penchés sont ordinaires aux petits maîtres. Ces airs sont par exemple faire le gros, tenir une main dans la veste & l'autre dans la ceinture de la culotte ; avoir le chapeau nonchalamment mis sur le coin de l'oeil. J'en donnerai un détail plus étendu dans mon Paris Ridicule que je donnerai au Public. »
Voir aussi les articles sur l'air boudeur, l'air de cour et l'air emprunté.

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Le mannequin

lescreateursdelamodeLesMannequins650lm« Les mannequins »

Photographies : Les Créateurs de la Mode, « dessins et documents de Jungbluth. Texte de L. Roger-Milès », Paris, « Edition du Figaro », 1910.

lescreateursdelamodeUneCabinedeMannequins650lm« Une cabine de mannequins ».
lescreateursdelamodeLes Mannequinsobjets650lm« Les mannequins ».

lescreateursdelamodeLe Mannequin300lmPhotographie de gauche : « Le mannequin ».
Le mannequin, femme ou homme, naît avec les premiers défilés de mode au milieu du XIXe siècle. Il semble que ce soit l’anglais Charles Frederick Worth (1826-1895) qui, après s’être installé à Paris, lance le premier le concept de défilé de mode avec des mannequins vivants. Cela se fait sans doute avant. Avec la haute couture, le mannequin acquiert ses lettres de noblesse. Il officie de même dans le prêt-à-porter, dans la mode enfantine etc.
le terme de 'mannequin' semble venir des (ou passer par les) beaux-arts (comme celui de 'chic' voir article Bon chic bon genre). Il désigne au XVe siècle une figurine et au moins déjà au XVIIe « une figure de bois qui se plie dans toutes les jointures des membres, & que les Peintres & les Sculpteurs accommodent comme il leur plaît, pour disposer des draperies, suivant les diverses attitudes des figures qu'ils veulent peindre.  » (Dictionnaire de L'Académie française, première édition, 1694). Il est ajouté dans la quatrième édition de 1762 : « On dit aussi, Mannequiné. Ces draperies sont mannequinées, pour dire, qu'Elles sont disposées avec affectation. » cette idée d'affectation plaît particulièrement à l'univers de la mode ; mais je ne sais pas si on utilise des objets-mannequins de mode à cette époque. Dans la première gravure présentée dans l'article La marchande de modes on n'y voit aucun mannequin ; de même dans celui intitulé Le tailleur. L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D’Alembert nomme aussi le mannequin de l'artiste mais ne lui associe à aucun moment la mode. On trouve un exemple de mannequin d'artiste de la fin du XVIIIe ou du début XIXe siècle ici.

lescreateursdelamodegaleriedeventeRedferndetail650lm« Galerie de vente. Redfern. »
lescreateursdelamodeSalondeVentedetailA650lm« Salon de vente ».
lescreateursdelamodeSalondeVenteWorthdetailA650lm« Salon de vente. Worth. »
lescreateursdelamodeAtelierDeJupieres650lm« Atelier de jupières »
lescreateursdelamodeAlaRechercheDunModeleNouveau650lm« A la recherche d'un modèle nouveau ».

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Gotha (personne du)

gotha1789-300lmLe Gotha, ou plutôt l’Almanach de Gotha, est une revue dans le style des nombreux almanachs qui naissent et fleurissent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Bien que publié en Allemagne, il est rédigé en Français avec des thèmes très parisiens jusqu’à la fin de sa publication en 1944. Son but est de lister les maisons régnantes, les branches cadettes d’Europe ainsi que certaines personnalités. S’y ajoutent des chroniques ... Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, Il contient des gravures et articles de mode. Évidemment, être présent dans le Gotha est extrêmement copurchic … sans doute le summum.

On dit qu’une personne est du Gotha pour dire qu’elle est dans les hautes sphères de la vie mondaine.
Photographie : Page de titre de Almanac de Gotha, contenant diverses connaissances curieuses et utiles pour l’année 1789, Gotha, chez C. G. Ettinger. Dans l'article Coiffures du 18eme siècle, je présente quatre pages de mode de cet ouvrage intitulées « Coiffures de Paris » (« Coeffures de Paris ») avec deux planches de modèles en buste et deux planches de chapeaux : « à la Theodore » ; « de velours noir » ; « à la Provençale » ; « avec aigrette esprit de plumes » ; « bonnette » ; « Pouf à la Tarare » ; « Coiffure simple » ; « Chapeau/bonnet à crénaux » ; « Bouffant et frisure en crochets » ; « Bonnet à grande gueule de Loup » ... Cet almanach contient de nombreux articles dont plusieurs sur la mode : les pantoufles, les talons hauts, les perruques, la poudre à cheveux, le savon, l’art de tricoter, les gants ... Un autre propose de véritables publicités : « Monsieur Pain marchand-parfumeur à Paris a inventé pour la peau, une pâte liquide, ou une espèce de baume, qui la rend douce, & et n’est pas nuisible » ; « Madame Tasse marchande de fard de la cour, demeurant à Paris rue Coquillère vend un fard rouge sans odeur, préparé avec l’essence de Saquis [?] ; plante, dont les sultanes du sérail de Constantinople, usent de préférence. Un pot de ce fard coûte 12, 18, & même 30 livres ».

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Le schall (châle) et l'écharpe

schalesassiette-2-300lmPhotographies 1 et 2 (du dessus) : Assiette du premier tiers du XIXe siècle de Choisy-le-Roi représentant une 1798BonnetNegligeDetail300lmfemme au milieu de tissus et tenant dans ses mains un châle. Un panneau indique :1804grandeparurean13blanc300lm « Prix fixe. Soieries, Schales et nouveautés. » Elle est numérotée « 10 ». La marque au dos est en creux : « P&H CHOISY 4 ». L'objet fait 23,2 cm de diamètre.

Photographie 3 (à gauche) : Planche 80 provenant du Journal des Dames et des Modes de l'an 7 (1799) ayant pour légende : « Bonnet négligé garni en Comètes. Schall de Casimir. » En bas en droite est écrit où le modèle a été trouvé : « Tuileries. »

Photographie 4 (à droite) : Planche 626 du Journal des Dames et des Modes de l'an 13 (1804) : « Grande Parure. »

Le châle, écrit 'schall' ou 'schale' encore au XIXe siècle, est un vêtement déjà utilisé durant l'Antiquité depuis l'Extême-Orient jusqu'au Proche-Orient. On en fait venir en France au moins depuis le Moyen-âge. La Compagnie des Indes aux XVIIe et XVIIIe siècles en importe venus notamment de Perse et du Cachemire où se confectionnent les plus fins et somptueux. Le schall est un élément important de la tenue des merveilleuses de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe qui veulent imiter les statues antiques ; et ajoute à l'effet de drapé. Dans les années 1820, si le châle est toujours à la mode, il est souvent remplacé par l'écharpe : de longues écharpes qui semblent s'ajouter aux rubans et autres falbalas.

2021-20223gravures300lmPhotographies 5, 6 et 7 (au dessus) : Planche 2000 du Journal des Dames et des Modes de 1821 ayant pour légende : « Chapeau de paille,1828Chapeaudepaillederiz1828-300lm 1849ModesFrancaisesDetail300lmorné d'un voile de gaze festonné et brodé en soie. Robe de percale, garnie de bouffants de mousseline. Écharpe de barèges-cachemire. » - Planche 2082 de la même revue, de 1822, avec le texte : « Capote de gaze. Robe de percale à corsage à la grecque, garnie de remplis formant volants. Schall dit barèges-cachemire. » - Planche 2131 du même journal, de 1823 : « Coiffure de l'invention de Mr. Plaisir. Robe de tulle garnie d'un bouillon et de rouleaux de satin. Sautoir de barèges. »

Photographie 8 (à gauche) : Planche 2604 provenant peut-être du Journal des Dames et des Modes de 1828 ayant pour légende : « Chapeau de paille de riz du Magasin de Mme. La Rochelle d'Ivernois, Rue de Richelieu, N°93. Robe de barèges garnie de volants bordés de pointes de satin. Écharpe de barèges à raies satinées. »

Photographie 9 (à droite) : Estampe de Modes françaises de juillet 1849. Le personnage de gauche porte un châle.

Photographie 10 : Gravure du Journal des jeunes personnes de 1852.

1852JournaldesjeunesPersonnesEnfants300lm© Article et photographies LM

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