Photographie : Illustration du Mercure galant d'octobre 1678 (Lyon, Thomas Amaulry).
La première édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie Français donne la définition suivante du muguet : « Qui affecte d'être propre, paré, mignon auprès des Dames. Mugueter se dit proprement d'un homme qui fait le galant, le muguet auprès des Dames. »
Au début de L’Ecole des maris (1661) Molière (1622-1673) décrit un muguet de son époque : jeune, avec de longs cheveux blonds, portant de petits chapeaux, des pourpoints réduits « sous les bras se perdants », de grands collets « jusqu'au nombril pendants », de longue manches « De ces manches qu'à table on voit tâter les sauces », des hauts-de-chausses ressemblant à des cotillons, des « souliers mignons de rubans revêtus », de grands canons (les canons sont des pièces d’étoffe, dentelle ou autre, amples et froncées qui sont attachées au bas de la culotte et portées en particulier au XVIIe siècle) « où comme en des entraves, On met tous les matins ses deux jambes esclaves, Et par qui nous voyons ces messieurs les galants, Marcher écarquillés ainsi que des volants. »
L’origine du mot vient sans doute du parfum qu'ils portent. Le muguet est une plante associée à l’amour. Une définition de 1750 du Dictionnaire des proverbes français … d’André Joseph Panckoucke, le dépeint comme un « Damoiseau qui est ajusté et paré comme une femme, poudré et essencé, qui fait le beau & l’adonis ». Il continue en faisant des citations : « Ces muguets à perruques, aiguillons à coquettes. / Haut. » « Tu fuiras la vaine troupe, / Et les bains accoutumés / De ces muguets parfumés, / Poursuivants de Pénélope. / Jour du Bellay »
François Grenaille (1616-1680) fait mention de muguets dans La mode, ou Caractère de la religion, de la vie, de la conversation, de la solitude, des compliments, des habits et du style du temps (1642) : « Je connais quelques muguets qui n’oseraient entrer dans une compagnie, s’ils ne sortaient d’un cabinet de parfums, & qui ne songent pas à bien entretenir le Cercle, mais à se tenir sur leur bonne mine. Leur chapeau agit plus que leur texte, leurs aiguillettes leurs pèsent, & vous diriez qu’ils ne portent pas des habits pour se couvrir, mais pour se découvrir agréablement. Voyez comme ils se pavanent en se regardant : Le soin qu’ils ont de tenir leur botte cirée, leur fait oublier celui de saluer les honnêtes gens, & un collet leur donne plus de peine à entretenir qu’une illustre compagnie. Je ne dirai rien ici de ceux qui pensent être fort adroits en faisant le pied de grue, tantôt ils se mettent sur une férocité qui attire en dédaignant ; Tantôt ils adoucissent les yeux comme des poupées, après ils les rendent sombres comme ces portraits des anciens Césars. Enfin ils montrent bien que leur esprit est bien inégal, leur corps n’étant jamais dans une même posture. » Le même auteur décrit dans Les Plaisirs des dames (1641) un muguet « ajusté comme une poupée ».
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