Boucles, macarons et papillotes

bouclesXVIIIe500aPhotographies du dessus : Détails de gravures du dernier tiers du XVIIIe siècle.
Photographies du dessous : - La première planche date de 1830 et provient du Journal des Dames et des Modes : « Coiffure ornée de rubans de gaze par Mr. Hulot, Rue de la Michaudière, N°29 ... » - La seconde est issue de la même revue et date de 1831 : « Coiffure exécutée par Mr. Victor Plaisir ... » Dans le premier exemple les cheveux forment un chignon au sommet du crâne avec sur le haut des tresses, le tout agrémenté de rubans, et de deux macarons sur les tempes. Dans le second les cheveux sont tous ramenés en chignon au dessus de la tête et sur le derrière, avec une partie lisse et une autre tressée, le tout agrémenté de perles et de fleurs.Coiffures18301831500
bouclesXIXe200Photographies de gauche : Exemples de coiffures de 1817 à 1845.
Les cheveux bouclés sont très à la mode en France, en particulier aux XVIIe et XVIIIe siècles. De nombreux exemples sont exposés sur mon site www.lebonton.com en particulier à la page consacrée aux périodiques de mode et à celle traitant de la coiffure. Une chevelure dense et bouclée exprime la virilité d'un homme dans toutes les couches de la société et la beauté d'une femme. D'où l'usage de perruques parfois immenses et presque toujours frisées, de fers à friser et de papillotes.
Dans les années 1815-1845 à peu près, en pleine époque romantique où les Nouvelle-France se laissent pousser les cheveux longs, il est de bon ton d'avoir une coiffure dépassant en boucles des chapeaux au niveau des tempes. Cela donne, chez les dames comme chez les hommes, d'étonnants exemples, avec des cheveux frisés sur les côtés, gonflés parfois comme des chignons. Chez les femmes il s'agit de ce qu'on appelle 'les macarons', ce qui consiste à séparer les cheveux au milieu du haut du crâne en deux parties égales pour les réunir en une forme arrondie sur chaque oreille. Ces macarons sont sans doute parfois factices car lorsque les dames n'ont pas de chapeau, l'équilibre est obtenu par un haut chignon (lui aussi certainement parfois faux) souvent de plusieurs dizaines de centimètres. Les hommes eux se contentent de boucler leurs cheveux au niveau des oreilles. Au XIXe siècle, les hommes qui ne portent plus beaucoup de perruques utilisent, comme les femmes, les papillotes et un fer à friser. Il y a tout un art des papillotes. La mythologie du héros gaulois chevelu, créée au siècle de Victor Hugo, trouve sans doute son origine dans le soin que le sexe masculin apporte, comme le féminin, à sa chevelure. Cependant les exemples de l'histoire de la coiffure masculine française nous dévoilent une plus grande finesse que celle des représentations des Gaulois exécutées au XIXe siècle. Il suffit de se rappeler les perruques poudrées du temps de Louis XIV !
Photographies ci-après : 1 - Lithographie du XIXe siècle (années 1830) de Daumier tirée de la revue Le Charivari, de la série 'Types parisiens' (planche 35), avec pour légende « Un coup de feu ! ». Format : 22 x 26 cm. « Imp. D'Aubert & Cie. ». L'image représente l'intérieur d'un salon de coiffeur parisien qui fait un thermobrossage à un client justement pour que la coiffure de celui-ci ait du volume au niveau des oreilles. 2 - Estampe en pleine page provenant d'un journal avec un texte au dos. Elle fait partie de la collection « Petites misères » et a pour légende : « Bon ! V'là mon fer qu'est trop chaud à s t'heure (dit le Merlan) ah ! Bé Dam ! Tant pire ! » Il est marqué au crayon 1840. On lit dans le Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) que l' « On appelle populairement Merlans, les garçons perruquiers. » 3 - Estampe en pleine page, sans doute tirée d'un livre ou d'un journal avec un texte au dos que l'image illustre. Elle fait partie de la collection « Musée Pour Rire » et a pour légende : « J'ai ta lettre chérie, O mon Ernest, je la presse sur mon coeur et la couvre de mes baisers … Qu'il m'est doux de penser que tu en fais autant de la mienne ! Comme l'amour sait poétiser les choses les plus vulgaires ! Ton Elise. Ernest s'en fait des Papillotes. » papillottesXIXea500Photographie : Détail d'une illustration pleine page de la revue La Mode, datant de 1837. triodetail300

Voir les commentaires

Tara blanche

taraLe mercredi 1er déc. 2010, à 14h00, à Paris (Drouot - Richelieu) la maison Libert Damien  présente à la vente un ensemble de dessins et tableaux anciens et modernes, ainsi que des objets d’art et du bel ameublement. J'ai choisi de vous présenter cette « Statuette de SITATARA assise en padmasana sur le lotus en bronze doré, tenant les tiges des lotus. Tibet XIXe siècle. HAUT. : 15,5 cm. » Les photographies ont été faites à partir de celle du catalogue. Sitatara est aussi appelée Tara blanche. Ce nom provient du sanscrit. 'Sita' veut dire 'belle' : 'belle Tara'. Elle symbolise dans la mythologie tantrique tibétaine l'activité de pacification, et accorde plus particulièrement la longévité et la santé tout en étant une manifestation de la compassion. Voici d'autres exemples de ses représentations : XIVe siècle, détail, XVIIe siècle.
L'iconographie tibétaine est très codifiée. Chaque mesure, chaque attribut ont une signification. Parmi les oeuvres d'art tibétaines recherchées sont celles qui au-delà de cette codification ajoutent une finesse, un savoir (non palpable) exprimant une réelle connaissance méditative, une liberté pouvant se dévoiler de différentes manières, par exemple par l'étonnement que son traitement suscite, par l'utilisation de l'or ou des couleurs, dans l'expression d'un mouvement, parfois presque imperceptible, un drapé, une finesse d'exécution, le visage et surtout les yeux généralement 'ouverts' (c'est à dire dessinés) par une personne 'accomplie'. Tous ces objets, ayant un but méditatif, ont une fonction de transcendance. Ils sont aussi 'chargés', non seulement par des personnalités qui placent dans les statues des prières ou autres 'grigris' et bénissent les peintures, mais aussi par les méditants qui les ont sur leur autel, par la lignée de transmission à l'origine de cette représentation, et d'autres éléments qui font que certains de ces objets sont ou ont été de véritables révélateurs. taradetailaa300Des personnages tibétains sont connus pour avoir cachés de ces objets ou textes afin qu'ils révèlent plus tard à celui qui les découvre ou les voit une sagesse en adéquation avec l'époque, ou afin que des lignées ou des enseignements qu'ils savent perdus puissent revivre dans des moments plus propices par l'intermédiaire du découvreur attitré de ce ou ces trésors. On appelle ceux-ci des tertöns (voir Wikipedia). La seule vue d'une statue cachée, d'une peinture, d'un texte … peut ramener la mémoire à celui (ou celle ou ceux) à qui cet objet est destiné. Certains de ces trésors peuvent même être cachés dans le rêve d'une personne future ou éloignée, dans son esprit etc.
Iconographies :
Yeux 'ouverts' : Anonyme - Lozang Gyatso - Lobsang Gyatso.
Apparition : Apparition de Tsong-kha-pa (1357-1409) à son disciple mKhas-grub dge-legs dpal-bzang (1385-1438).
Postures : Manjushri, boddhisattva de la Connaissance - Musée Guimet. XIIIème siècle. Cuivre doré et incrusté
Anonyme. Laiton doré.
Bodhisattva Avalokitésvara. XVIème siècle. Laiton doré. Musée Guimet.
Anonyme. XVIIème siècle Cuivre doré.  Musée Guimet.
Pour conclure cet article voici Vaiçravana (le dieu des richesses).

Voir les commentaires

Carré Rive Gauche : Nocturne de la Saint-Nicolas.

cerfceramiqueLe jeudi 2 décembre 2010 de 17h à 23h, les antiquaires et galeries d’art du Carré Rive Gauche fêtent la Saint-Nicolas en proposant aux amateurs d’art des objets sélectionnés : « Archéologie, céramiques, tableaux, dessins, textiles, sculptures, mobilier XVIIIe, XIXe ou XXe siècle : les marchands du Carré Rive Gauche ont choisi des œuvres à la fois originales et répondant aux critères d’exigence des collectionneurs. Partenaires de l’association, la maison diptyque parfumera les galeries avec ses senteurs d’hiver pomander et feu de bois et la maison Ruinart sera toujours présente comme dans toutes les grandes occasions du Carré Rive Gauche. »
Photographie : « Saint-Cloud, important cerf en porcelaine de pâte tendre blanche assis sur une terrasse rocheuse. Vers 1725-1730, XVIIIe siècle. Hauteur : 27 cm; Longueur : 24 cm. Provenance : Collection privée française. JM Béalu & Fils, 3 rue du Bac. »

Voir les commentaires

Antiquités du XVIIIe siècle de style rocaille

meublelaquePhotographie 1 : « Exceptionnelle large commode galbée en laque de Chine rouge et or sur des fonds cuir à décor en plein sur la façade de paysages montagneux traversés par des cours d'eau à ponts et pagodes. Sur l es côtés, des chiens de Fô. Montants et pieds cambrés. Très riche ornementation de bronzes ciselés et redorés à encadrements de rinceaux, poignées, culs de lampe, chutes à feuillages, astragales et sabots. Estampille de C.I DUFOUR et poinçons de jurande. Epoque Louis XV. Plateau de marbre brèche rouge à bec de corbin. 88 x 139 x 63 cm ... »

tableLa maison Aguttes propose à Lyon Brotteaux ce 25 novembre une vente entièrement consacrée au XVIIIe siècle avec des exemples de dessins, tableaux, mobilier et orfèvrerie pendule(voir le catalogue ici). J'ai choisi quelques objets de style rocaille. Les descriptions et les photographies (certaines retravaillées) proviennent du catalogue.
Photographie 2 : « Belle table cabaret à plateau cuvette, rectangulaire. Elle est en bois richement sculpté sur toutes ses faces et rechampi brun à décor d'encadrements dorés. Les traverses chantournées, présentent des agrafes, cartouches, rinceaux et feuillages. Pieds cambrés à légers enroulements. Le plateau gravé de lambrequins (usures). Début du XVIIIe siècle. H : 73 - L : 91,5 - P : 54. »
Photographie 3 : Afin de continuer dans le rocaille : « Cartel d'alcove en bronze ciselé et doré Estampille de Jean Joseph de SAINT-GERMAIN Mouvement signé de Jean Fol à Paris Epoque Louis XV. H: 46, 5 - L: 22 cm. »
Photographie 4 : « Paire d'appliques à deux lumières en bronze ciselé et doré à décor feuillagé. Les bras sont à larges rinceaux. Epoque Louis XV ... »
appliques.gif

Voir les commentaires

Dessins anciens

DessinStJeanBaptiste300Le 26 novembre prochain, la maison Tajan présente des dessins anciens à la vente à Paris (catalogue ici).
Photographie 1 : « Ecole française du XVIIIe siècle. Saint Jean-Baptiste. Gouache sur vélin. 11 x 16 cm ».
Photographie 2 : « Charles Nicolas COCHIN (Paris 1715 – 1790). Allégorie de l'astronomie. Crayon noir. 6,5 x 12 cm. Signé et daté en bas à droite de " 1740 ". Dessin préparatoire à la vignette " La Géométrie assise à une table de travail, avec trois amours lisant ", du livre de l'Abbé Deider, « Le calcul différentiel et le calcul intégral » (voir l'Abbé Deider, " Le calcul différentiel et le calcul intégral " Paris, Jombert, 1740, in-4°, Livre I, p.I) ».CochinGeometrie400

Voir les commentaires

Académies - Avoir de l'esprit.

wuietPhotographie 1 : Gravure de la fin du XVIIIe siècle : « Mlle Caroline Wuïet Pensionnaire de la Reine, et Membre décoré de l’Académie des Arcades. » Composé par Muncian d’après le portrait de Mr. de Romany [sans doute François Antoine Romany - vers 1756 - 1839]. Gravé par Vangelisty (graveur de la fin du XVIIIe siècle et début XIXe). Dimensions : 26,2 x 21,9 cm. Caroline Wuiet baronne d'Auffdiener (I766-I835) est née en France. Romancière et compositeur elle a écrit par exemple : Esope au bal de l’opéra ou Tout Paris en miniature (1802). L'Académie des arcades ou plutôt des arcadiens, est une société littéraire fondée à Rome par Christine de Suède en 1690. Chaque membre y prend le nom d'un berger d'Arcadie, comme Mme Duplessy qui est agréée en qualité de pastourelle, sous le vocable de Bérénice, et reçoit à titre d'apanage la province d'Argolide.
'Avoir de l'esprit' est une notion primordiale de la courtoisie et de la galanterie française. Enfin surtout avant le XXe siècle. On trouve encore des traces de cela dans l'humour anglais dénué cependant de toute sensualité si ce n'est celle du plaisir qu'il procure. Avant de devenir tel qu'il est aujourd'hui, c'est à dire la plupart du temps très gras, l'humour français est tout aussi fin bien que différent. Avant le XIXe siècle, en France, avoir de l'esprit est une chose primordiale pour toute personne de qualité. Il existe un véritable 'esprit français' teinté de galanterie, de plaisir et de finesse présent particulièrement dans les cercles et autres ruelles du XVIIIe et des siècles précédents, mais aussi ailleurs. Cet 'esprit' s'exprime aussi à travers les académies. Les écrits de Platon qui est à l'origine de la première académie, sont pleins de celui-ci. Nombreux sont les subtils et plaisants traits d'humour qu'on peut y lire …
Depuis l’Académie de Platon, fondée à Athènes en 387 avant J.-C., de nombreuses autres académies se sont formées, en particulier à l’époque moderne à partir de la Renaissance.
voiture300Photographie 2 : « Vincent Voiture de l'Académie française né à Amiens et mort à Paris dans un âge fort avancé. Gravé par E. Desrochers [Etienne-Jehandier Desrochers (1668-1741)] à Paris chez Daumont rue St. Martin. En prose ainsi qu'en Poésie D'un Style délicat et fin ; Dans ses écrits Voiture allie Le tendre et le galant, le Simple et le badin. » Il est intéressant de noter que celui-ci n'a rien publié de son vivant alors que sa notoriété de poète auprès de ses contemporains est considérable. Il est un fait que l'esprit est une chose bien vivante qui peut très bien se passer de l'écrit ; même si celui-ci permet une transmission partielle à travers les âges.
Lorsque le cardinal de Richelieu fonde l'Académie française en 1635, c'est en s'inspirant des cercles des précieuses qui discutent sur les termes de la langue française. Mais  les femmes n'y sont pas admises (ce qui est injuste lorsque l'on sait leur travail pour en faire ce qu'elle est aujourd'hui) ; et ce sont de nombreux habitués de leurs lumières qui sont parmi les premiers représentants de l'Académie française, comme Vincent Voiture (1597-1648), Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654), Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676), Jean Ogier de Gombauld (1576-1666), Claude Malleville(1597-1647), Antoine Godeau (1605-1672), Philippe Habert (1605-1637), François Maynard (1582-1646), François de Cauvigny sieur de Colomby (1588-1648), Marc-Antoine Girard sieur de Saint-Amant (1594-1661), Claude Favre de Vaugelas (1585-1650), et sans doute d'autres.
Gilles Ménage (1613-1692), plus jeune que Vincent Voiture, est aussi un habitué des précieuses. Molière s'est inspiré de lui pour écrire le personnage de  Vadius de sa pièce Les Précieuses ridicules. Malgré ses entrées dans ce monde galant et des écrits comme son Dictionnaire étymologique ou Origines de la langue française,  il n'est jamais élu membre de l'Académie française.
menage300Photographie 3 : « Gilles Menage Poète et grammairien français de l'académie de Crusca établie à Florence né à Angers l'an 1613 mort à Paris l'an 1692 âgé de 79 ans. E. Desrochers fecit et excudit rue du foin près de la rue St-. Jacques à Paris. Soit injustice soit envie Menage dans l'académie Ne put jamais être reçu Mais ses ouvrages font connaître Que jamais homme n'a mieux su Ce qu'il faut Savoir pour en être. »
Pour finir voici un extrait du chapitre intitulé 'De la Mode' des Caractères de Jean de La Bruyère (1645-1696) élu à l'Académie française en 1693, dans lequel il est question de l'esprit fin de Vincent Voiture et de Jean-François Sarrasin (1614-1654) ami de Gilles Ménage : « Voiture et Sarrazin étaient nés pour leur siècle, et ils ont paru dans un temps où il semble qu'ils étaient attendus. S'ils s'étaient moins pressés de venir, ils arrivaient trop tard ; et j'ose douter qu'ils fussent tels aujourd'hui qu'ils ont été alors. Les conversations légères, les cercles, la fine plaisanterie, les lettres enjouées et familières, les petites parties où l'on était admis seulement avec de l'esprit, tout a disparu. Et qu'on ne dise point qu'ils les feraient revivre : ce que je puis faire en faveur de leur esprit est de convenir que peut-être ils excelleraient dans un autre genre ; mais les femmes sont, de nos jours, ou dévotes, ou coquettes, ou joueuses ou ambitieuses, quelques-unes même tout cela à la fois : le goût de la faveur, le jeu, les galants, les directeurs, ont pris la place, et la défendent contre les gens d'esprit. »

Voir les commentaires

Temps forts à Drouot Montaigne

JBPaterDes objets marquant des prochaines ventes aux enchères de Drouot sont régulièrement exposés quelques jours avenue Montaigne. Pour novembre et décembre voir :  www.drouot.com. En voici certains.
paterdetail300Photographies 1 et 2 : Huile sur toile de Jean-Baptiste Pater (1695-1736), de 41,5 x 57 cm, intitulée 'Le galant abbé', proposée à la vente par la maison Tajan. Cette peinture représente un abbé surpris par l'entourage d'une dame prenant un bain alors qu'il est en train d'observer la scène. Jean-Baptiste Pater est un des peintres du style rocaille (voir l'article : Le baroque et le rococo : les styles et les personnes). Ce mouvement (le terme est approprié) qui naît en France marque les beaux-arts de la première moitié du XVIIIe siècle (Régence et Louis XV).
Photographie 3 : « Cabinet en bois plaqué d'ébène reposant sur un piètement à trois tiroirs postérieur. Orné en son centre d'une riche marqueterie de bois fruitier avec un léger ressaut dans la partie centrale, surmonté d'une corniche et d'une galerie à balustres et pots à feu. Le cabinet s'ouvre sur la face par une série de douze tiroirs décorés de fleurs et de feuillages entourant une porte ornée d'un vase fleuri posé sur une table. La façade est rythmée par quatre pilastres ornés de rinceaux se terminant par des sculptures en bronze représentant des cariatides émergeant d'une feuille d'acanthe. La perspective derrière la porte est faite de rinceaux sur fond d'ébène, ornée de deux miroirs sur les côtés, flanqués de piédestaux destinés à recevoir une sculpture. Une seconde perspective est quant-à elle ornée de trois miroirs sur les côtés. CabinetLouisXIV300Le panneau du fond amovible reprend la disposition de la façade avec douze petits tiroirs, il est orné d'une sculpture d'Hercule et laisse découvrir trois tiroirs secrets.  Les côtés sont marquetés d'un grand bouquet de fleurs reposant une table dont les pieds sont ornés de feuilles d'acanthe et reposant sur des serres. Époque Louis XIV, Attribué à Pierre Gole (1620-1685) H 223, L 170, P 56 cm Ce cabinet datable de la seconde moitié du XVII°siècle rappelle, par la qualité de son décor végétal, les ouvrages marquetés par les artisans privilégiés du roi Louis XIV travaillant aux Gobelins, tel Pierre Gole. Ce dernier, né en 1620 en Hollande, fait son apprentissage à Paris et devient en 1651 ébéniste du Roi, à la majorité de Louis XIV. Les meubles qu'il réalisa en marqueterie florale pour le roi et la cour figurent aujourd'hui dans les collections publiques les plus prestigieuses. Un cabinet très similaire à celui que nous proposons est d'ailleurs illustré dans l'ouvrage de Th. Lusingh Scheurleer sur Pierre Gole, p 137-141, on remarque que le travail de marqueterie est identique notamment sur les tiroirs latéraux. Un second cabinet très proche est conservé au Musée des Arts Décoratifs à Paris. » Proposé à la vente par SVV Europ Auction.
Photographie 4 : Portefeuille, d'époque XVIIIe siècle, en maroquin de couleur « citron du Levant » entièrement brodé de fils d'argent et de couleur, vendu par la maison Marc-Arthur Kohn. Il est sur un bureau plat en acajou et placage d'acajou, d'époque Louis XV, proposé à la vente par la maison Blanchet et Associés. serviette300


Voir les commentaires

Une hippie de 1903

lavieheureuse1903300Photographie : La Vie Heureuse, novembre 1903, numéro 11, Hachette & Cie, Paris au 79 boulevard Saint-Germain. Dimensions : 36,2x25,7 cm

La mode hippie est née aux États-Unis dans les années 1960. Cependant cette page de couverture de la revue La Vie Heureuse date de 1903, et semble montrer que quelques prémisses existent déjà avant … même en France. Pourtant à cette époque les corsets sont de rigueur. Ce n'est qu'en 1906 que Paul Poiret (1879-1944) remet au goût du jour les robes des merveilleuses à la taille haute et annonce l'abandon du corset. Comme quoi rien n'est figé … surtout pas dans la mode.

Une spéciale dédicace à toute la jeunesse. Pour qu'ils aient un monde de paix, d'amour et de liberté : notamment sans nucléaire et sans dictature.

Voir les commentaires

Le gentilhomme

gentilshommesduXVIesiecle300gentilshommesduXVIesiecledetail300Photographies 1 et 2 :  Vignette gravée provenant sans doute d'un livre d'époque du XVIe siècle représentant deux gentilshommes entourés de leur armée. Leurs habits sont caractéristiques de cette époque. Celui ayant une moustache porte : un chapeau volumineux avec des plumes, un collet, un pourpoint avec des manches volumineuses, des hauts-de-chausses à crevés (mode vestimentaire où sont cousues des 'déchirures' laissant voir un tissu intérieur), des chausses etc.
En France, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la noblesse et ses gentils, sont parmi les garants de l'élégance et du bon ton. Un gentilhomme est un noble de naissance au sens antique du terme. nosgentilshommesdetail300On lit dans Le Grand vocabulaire français de 1769 que les gentils aux temps des romains sont des gens de guerre composant « des compagnies de soldats prétoriens, ou destinés à la garde du prétoire ou palais de l’Empereur ». Ils reçoivent des terres à titre de bénéfices. La monarchie française imite les romains. Les gentils ou gentilshommes défendent le royaume et le roi qui leur donne en contrepartie des terres. Cette noblesse a de nombreuses codifications, ne serait-ce que dans ses blasons. Au XIXe siècle, après la Révolution, elle revient à la mode. Les soirées dans les châteaux sont retranscrites dans certains journaux, notamment de mode, et on y parle du Grand Monde (ce sera le sujet d'un autre article).
Photographies 3 et 4 :  Estampe de Cham (1818-1879) intitulée : « Nos gentils hommes » avec pour légende : « Au diable les préjugés » : « - Tu sais mon vieux Crésus de tailleur ? J'ai épousé sa fille .. j'étais décavé, me voilà refait ! … - Je vois que tu as bien su prendre tes mesures ! » Un décavé est une personne s’étant ruinée au jeu ou s’étant faite 'plumer' par une femme de mauvaise compagnie (voir article : Les faux élégants). Cette planche fait partie d'une série de vingt lithographies de Cham (1818-1879) publiées en 1846 (Paris, Aubert) intitulée : Nos gentils hommes : goût, tournure, élégance, moeurs et plaisirs de la jeunesse dorée. Les gentilshommes qui y sont dépeints sont chevelus avec de longues moustaches et d'impressionnants favoris, des habits à carreaux et rayures, des cols hauts, des cravates ressemblant à d'immenses noeuds papillon, des pantalons serrés à pattes d'éléphant et des chaussures garnies d'un noeud sur le devant. nosgentilshommes300

Voir les commentaires

Dais du trône de Charles VII

Dais Charles VII 300Photographies : Dais du trône de Charles VII (1403-1461). Tapisserie du deuxième quart du XVe siècle, de laine et soie, de 292 x 285 cm, acquise récemment par le musée du Louvre. © Alain Speltdoorn. Il s'agit d'un travail très fin comme le montre le détail des drapés et d'une aile. Les couleurs sont particulièrement bien conservées. Du reste beaucoup de tapisseries médiévales sont d'une qualité polychrome exceptionnelle. Les tapisseries de la Dame à la licorne du XVe siècle en sont une preuve : seules les restaurations du XIXe ont des couleurs passées par le temps alors que celles originelles sont d'une fraîcheur remarquable (comme on le voit très bien ici  la partie inférieure étant une restauration du XIXe).
Dais Charles VII detail1 gauche 300Voici un extrait du communiqué de presse concernant l'acquisition du dais du trône Charles VII par le musée du Louvre :
« Ce dais, inconnu jusqu’en 2008, semble être l’unique vestige médiéval d’une tapisserie surmontant un trône royal.
Unique par son iconographie et sa destination primitive, exceptionnelle par son intérêt historique, cette tapisserie, classée trésor national, est un des chefs-d’œuvre de la tapisserie française. Elle rejoint au Louvre le portrait de Charles VII par Fouquet, dans l’ancienne résidence des rois de France, au cœur de ce Paris que Charles VII reconquit en 1437. Réalisé probablement par Jacob de Littemont, le Maître de la verrière de l’Annonciation, pour Charles VII, le dais présente, sur un fond rouge vermeil orné d’un grand soleil d’or et d’une multitude de petits soleils, deux grands anges en vol, vêtus d’une tunique bleue semée de fleurs de lys, et tenant une couronne gemmée sommée de l’emblème royal. Ainsi, lorsque le roi était assis sur son trône, apparaissaient derrière lui deux anges qui descendaient du ciel pour le couronner, affirmant l’essence divine de sa royauté. La tapisserie illustre ainsi la légitimité royale de Charles VII, le « petit roi de Bourges », sacré à  Reims sur les injonctions de Jeanne d’Arc en 1429.
L'acquisition de ce « trésor national » a été rendue possible grâce à la Société des Amis du Louvre ... »
Le Louvre possède d'autres exemples de tapisseries du XVe siècle comme L'Offrande du coeur. L'offrande du coeur est une symbolique courtoise de la fin amor médiévale.
Le musée des Arts décoratifs de Paris a aussi de très belles oeuvres telle la tapisserie représentant Charles d'Orléans et Marie de Clèves. Charles d'Orléans (1394-1465), père de Louis XII de France (1462-1515), est un poète très intéressant car sa poésie fait le lien entre l'ancien français et le français actuel. Elle est plus lisible, bien qu'encore difficile, pour ceux qui n'ont pas de notions d'ancien français, que celle des poètes de la fin'amor des XIIe au XIVe siècles. On peut la lire sur www.gutenberg.org ; mais il existe des éditions contemporaines proposant des traductions des mots ardus permettant une parfaite lecture.
Le musée national du Moyen-âge de Paris (Hôtel de Cluny), possède aussi de très nombreuses tapisseries avec par exemple ces thèmes qui restent chers aux beaux-arts français par la suite comme : Scènes galantes ;   La Promenade ;   Le Bain.
Enfin des musées du monde entier conservent des teintures médiévales du XVe siècle.

Voir les commentaires

Les bas bleus

lesbasbleusAhmachere300Wikipédia offre une claire définition du « bas bleu » et du Bas-bleuisme  : « L'expression bas-bleu apparaît au XIXe siècle pour désigner une femme de lettres. Le terme a rapidement pris une connotation péjorative, comme celui de femmes savantes chez Molière. - Histoire - Le mot est traduit de l'anglais blue stocking et désignait au départ les habitués d'un salon littéraire présidé par une femme, Elizabeth Montagu (1720-1800), qui réunissait chez elle, une fois par semaine, des amies qui partageaient ses goûts littéraires. Les hommes étaient admis à leurs réunions, et parmi eux, paraît-il, un certain Benjamin Stillingfleet, qui se présenta un jour en bas bleus après que son hôtesse lui eut assuré que son salon était ouvert aux gens d'esprit, et non aux élégants. Le petit club s'appela par plaisanterie « le cercle des bas bleus », sans connotation vraiment péjorative puisque le poème d'Hannah More, Bas-bleu, est un hommage à ces hôtesses cultivées du XVIIIe siècle, Madame Vesey ou Elizabeth Montagu. Cependant l'habitude prise dans ces salons de s'ouvrir au mérite sans distinction d'origine sociale souleva des critiques et vers la fin du XVIIIe siècle cette mixité sociale évoqua une liberté de ton fâcheusement proche des idées nouvelles venues du continent, idées qui avaient en Angleterre des sympathisants comme les premiers romantiques, William Wordsworth, Robert Southey, ou des philosophes comme Thomas Paine. En France le terme connut le même sort que celui de précieuse au XVIIe siècle pour devenir une critique. Il fut adopté par les conservateurs et les réactionnaires pour stigmatiser des femmes comme Sophie Gay, George Sand, Delphine de Girardin, et en général toutes les femmes qui affichaient des prétentions littéraires ou intellectuelles ... »
Photographie : LES BAS BLEUS. Lithographie d'Honoré Daumier (1808-1879) du journal Le Charivari (publié 1832 à 1837) de 36 cm x 24 cm : « Les bas bleus - 1255 - Ah! ma chère, quelle singulière éducation vous donnez à votre fille?. mais à douze ans, moi, j'avais déjà écrit un roman en deux volumes... et même une fois terminé, ma mère m'avait défendu de le lire, tellement elle le trouvait avancé pour mon âge.  »

Voir les commentaires

La cocodette

lacocodetteleclipse300« Moi, je devins une mondaine, une femme futile, coquette, aimant le plaisir, la vie extérieure, ce qu'alors on appelait une "cocodette" » écrit Irène de Chauffailles de Gengoux marquise de Taisey-Chatenoy dans A la Cour de Napoléon III (Paris, 1891). Elle emploie même l'expression de femme « dans le mouvement ».
La cocodette est la compagne du cocodès. Leur période de prédilection est vers 1860, sous le second Empire (règne de Napoléon III de 1852 à 1870). Tous deux sont jeunes, élégants et mondains, avec les 'tics' des petits maîtres d'alors. Si leur quête de raffinement et de liberté n'atteint pas ceux des grandes dames et des grands hommes d'alors et suscitent souvent les moqueries, notamment dans la littérature, ils n'en restent pas moins de véritables élégants dont les « allures grêles et mourantes » (voir article sur les Gommeux) cocodesen disent long sur parfois 'la lourdeur des choses' … peu supportable pour des esprits tournés vers la légèreté et la joie. Dans Ohé ! La Grande Vie !!!, Gyp met en scène une cocodette et un cocodès d'une manière croustillante (voir article Longchamp(s)). Ce sont les derniers courtisans de la dernière Cour Française : celle de Napoléon III ; les derniers représentants d'un temps : « LE COCODES. – Pratique ! voilà bien les femmes d’aujourd’hui !... mais il ne faut pas qu’une femme soit "pratique" ! c’est sa perte !... c’est sa fin !... c’est affreux, une femme pratique !... affreux !... » (Gyp, Ohé ! La Grande Vie !!!). Évidemment il y a une certaine suffisance chez ces personnages, comme c'est le cas généralement chez les élégants à qui on donne des noms dérivés du 'coq' que l'on aime cependant beaucoup en France ; ce dont il est question dans l'article intitulé Coquetterie. Déjà au Moyen-âge « faire le coc en pelu » signifie « faire le suffisant, l'avantageux, le plaisant ». Voir aussi l'article La cocotte.
Photographie 1 : « La cocodette, par Pépin, Étude phrénologique d'après le système de Gall. » Illustration de la première page du journal satyrique L'Éclipse du 22 novembre 1868 représentant la tête d'une cocodette de profil. La phrénologie est le nom donné à une théorie du neurologue allemand Franz Joseph Gall (1757-1828) sur la localisation des fonctions cérébrales dans le cerveau. Des humoristes l'ont détournée pour montrer ce que peuvent avoir dans la tête certaines personnes à la mode. Ici le cerveau de la cocodette contient diverses parties dédiées à : la poésie, l'ingratitude, la folie, les plaisirs, la paresse, la moralité, la malice, l'envie, la pudeur, la friandise, la méchanceté, la colère, la finesse, la jalousie, la douceur, l'astuce, le jeu, l'amour, la friponnerie, l'amour de la forme, l'impuissance, l'orgueil, la danse, la luxure, la religion, l'attachement. On distingue dans ses cheveux deux pièces dont un rouble (de riches étrangers aiment alors venir se divertir à Paris) et une autre de 20 francs de 1868 en guise de boucle d'oreille. Des feuilles de vigne, symbole dionysiaque et de la jouissance l'ornent.
Photographie 2 : Détail de la double page centrale du journal La Caricature du « 10 Décembre 1881 » (n° 102) intitulée « La Genèse du gommeux » avec une représentation d'un cocodès.

Voir les commentaires

Collection autour de la coiffure

raffelpagesdedicace300RAffelPagesbarbiere300Je suis content de pouvoir faire un article sur la mode contemporaine, sur la coiffure et un de ses fiers représentants :  Raffel Pages (www.raffelpages.com). Son travail est intéressant car il lie la tradition (ou plutôt l'histoire de la coiffure) à la modernité, et fait vivre ce plaisir de la mode avec finesse. RaffelPagesCoiffures300aD'une famille dans le métier depuis trois générations, il a fondé, à partir de la création d'un premier salon à Barcelone, un groupe constitué aujourd'hui de 115 salons en Espagne, en France (Paris) et en Italie (Ferrara) et de quatre académies de formation. Il a récemment conçu un Musée de la coiffure (www.museehistoiredelacoiffureraffelpages.fr) à partir de sa seule collection d'objets d'art anciens sur ce sujet. Créateur, entrepreneur et collectionneur : qui peut mieux parler de ce métier que lui ?

Photographie 1 : Dédicace de Raffel Pages de son livre/catalogue du musée de la coiffure lui appartenant.

Photographie 2 : Barbière, France, 1804-1815.

Photographies 3 et 4 : Modèles de la collection Raffel Pages automne/hiver.

Photographie 5 : Détail d'une gravure de 1770-1779 : 'Le Nouveau Jeu du Costume et des Coiffures des Dames'. Dimensions : 55 x 80 cm.RaffelPageslejeudesdamesdetail300

Voir les commentaires

Chapeaux du début du XIXe siècle : les bolivars et les morillos.

lesbolivarsetlesmorillosdetail1300Nous avons vu qu'au début du XIXe siècle les chapeaux masculins sont immenses (par exemple dans l'article Incroyables chapeaux) ; comme ils ne l'ont sans doute jamais été par la suite ; le seul grand couvre-chef survivant de cette époque étant le haut-de-forme. Cette mode a en partie une origine militaire et vis-et-versa. A cette époque, il est de bon ton de s'habiller de façon guerrière. Des pièces de théâtre parodient cette tendance. Le calicot en est un exemple (voir article Le calicot) avec la comédie Le Combat des montagnes ou La Folie Beaujon (1817), créant le personnage du calicot imité par les petits-maîtres.
Un autre exemple est la pièce Les Bolivars et les Morillos ou Les Amour de Belleville, de MM. Gabriel et Armand, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre des Variétés, le 11 septembre 1819. Bolivar et Morillo, sont deux célèbres militaires. Simón Bolívar (1783-1830), de son vrai nom Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios, surnommé le Libertador, est un général et homme politique sud-américain. Pablo Morillo y Morillo (1775-1837),lesbolivarsetlesmorillosdetail2300 comte de Carthagène et marquis de La Puerta, surnommé le Pacificador, est un homme de guerre espagnol. La mode martiale de l'époque donne à deux sortes de chapeaux et à ceux qui les portent leur nom : le bolivar et le morillo. Je ne sais pas si c'est la pièce qui lance la mode ou le contraire, mais cette comédie en un acte offre diverses caricatures des modes du jour : « … Les boulevards tout du long / A présent sont un salon / Où, sans même avoir posé, / Chacun se trouve exposé. / On tapisse les murailles / De soldats et de hauts faits ; / On ne voit que des batailles / Depuis qu'on a fait la paix. / Sur les assiettes, les plats, / On dessine des combats ; / Jusqu'au fond des compotiers / On va placer des guerriers. / Sur nos indiennes nouvelles / On voit prendre des remparts, / Et sur les fichus des belles / On voit charger des hussards. / Les paravents, les écrans / Sont ornés de combattants ; / Mille canons en travail / Font feu sur un éventail. / Là, des villes assiégées / Sur les foulards les plus beaux, / Ou des batailles rangées / Sur des shalls [châles?] de mérinos. / Nos mouchoirs de poche aussi / Ont leurs combats, Dieu merci ! / Grâce à cette nouveauté, / Une sensible beauté / Peut, quand la douleur l'attaque, / Essuyer ses yeux très-bien / Avec le bras d'un Cosaque / Ou la jambe d'un Prussien. »
Photographies : Petite gravure (11,4 x 14,7 cm) d'époque, du début du XIXe siècle, avec pour légende : « Théâtre des Variétés. Messieurs Léonard, Ocry, Cazot et Lepeintre, dans les Bolivars et les Morillos. »lesbolivarsetlesmorillos300

Voir les commentaires

Corsets masculins

gandindetailCet article fait suite à celui intitulé Le corps à baleines, le corset et le tailleur de corps. Lorsque l'on évoque le corset, on pense avant tout à un élément vestimentaire féminin. Pourtant les hommes aussi le portent. Il est même possible que son origine soit militaire et donc masculine. Il est très courant au début du XIXe siècle.
Photographie 1 : Détail de la gravure intitulée 'Le Boulevard de Gand à Paris' ('Le Suprême Bon-Ton N°27.') datant du début du XIXe siècle, avec un gandin portant indubitablement un corset.
Photographie 2 : Estampe d'une revue d'Amérique du sud semble-t-il, datée de 1845, avec pour texte : « El Corréo de Ultramar » [pouvant se traduire par 'Le Courrier d'Outre-mer'] « En Paris rue du Faubourg Montmartre 10 ». Les trois fashionables sont à la mode  parisienne de cette époque. On remarque leur taille très fine au niveau du ventre, ce qui est sans doute l'effet d'un corset. Cette silhouette est celle des hommes élégants de la première moitié du XIXe siècle : pantalon clair très serré (certains élégants se font aider d'un domestique pour pouvoir rentrer dedans !), manteau ou veste plus sombre tombant au dessus du genou avec une taille étroite, corset, canne fine, gilet clair, chemise blanche, cravate haute blanche ou colorée de différentes formes et nouée de multiples manières, chapeau haut-de-forme, les cheveux courts le plus souvent frisés (les papillotes sont très utilisées par les hommes car une belle chevelure est une marque particulièrement virile) … Cette image est intéressante aussi par sa provenance. L'Amérique du sud va devenir de plus en plus à la mode à Paris qui voit arriver tous les riches touristes du monde entier, en particulier des Amériques, de Russie et de toute l'Europe. Le riche sud-américain est parfois appelé 'rastaquouère' lorsqu'il est particulièrement 'bling-bling' et dépensier (voir article : Les faux élégants). Progressivement, et en particulier au début du XXe siècle, des modes d'outre-Atlantique arrivent dans la capitale française (article : La mode des amériques d'avant et après la guerre de 14-18 : le tango, les jazz-band, le swing, le fox-trott, les années folles ... ). elegants1845detail300

Voir les commentaires

Les macaronis

acompleatemacaroniPhotographie : Gravure d'un macaroni et de son coiffeur ayant pour titre : « Now Sir You'r a compleat Macaroni. » ce qui peut être traduit par « Maintenant Monseigneur vous êtes un véritable macaroni. » Cette estampe d'époque est de James Caldwall (1739-1822) d'après Michel Vincent Brandoin (1733 - 1807). Ces deux artistes sont associés à plusieurs exemples de vers 1770 comme The charming millener of – Street et A modern demirep on the look-out. Dimensions :18,5 x 13,3 cm.
La jeunesse n'a point de frontières, et l'élégance non plus. Il est acquis que depuis deux siècles, l'Angleterre nous a offert de véritables bijoux de goût, d'extravagance et de création en matière de mode. Il a été largement question dans ce blog de l'engouement des Français pour la mode anglo-saxonne, en particulier au début du XIXe siècle, dans les articles : Anglomanie, partie 1 : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et dans les premières années du XIXe ; Anglomanie, partie 2 : Fashionables et dandys ; et Anglomanie, partie 3 : Lions, lionnes, lionceaux, faux anglais, high life, snobs, perfect gentlemen. Cet intérêt est réciproque. 

J'ai écrit en janvier 2008 un article sur Les Macaronis. L'acquisition d'une nouvelle gravure me pousse  derechef à parler de ces petit-maîtres anglais. L'Angleterre a en effet une longue tradition de l'élégance, particulièrement connue à partir du milieu du XVIIIe siècle, époque des macaronis. Mais je pense que l'on peut sans doute retrouver une filiation comme je l'ai fait pour les petits-maîtres (voir ici), acompleatemacaronidetailbnac300au moins depuis les troubadours et Richard Coeur de lion. Le milieu du XVIIIe siècle donc, est le moment où en France la mode s'intéresse de plus en plus à l'Angleterre. Cette curiosité prononcée va conduire progressivement le monde anglo-saxon à prendre le devant de la scène. Au début du XIXe siècle, l'Angleterre s'enorgueillit de nombreux styles élégants avec de 1800-1813 les fashionables, fops, beaux, bucks,  exquisites, ruffians, et à peu près à partir de 1813 avec les dandys qui sont les plus connus de ce côté de la Manche des petits maîtres anglais du XIXe siècle. Les dandys anglais copiés en France sont véritablement dans la continuation des muscadins, incroyables et mirliflores français. Dans le Continent, le mot 'dandy' côtoie vers 1830 les noms de beau, jeune-France, romantique, gandin, mirliflore … ou fashionable : terme lui aussi emprunté. Mais c'est au XXe siècle que les deux guerres marquent définitivement cette suprématie … avec en particulier la musique noire américaine qui influence les années folles et les mouvements zazou et existentialiste ; puis le rock and roll, les hippies et en Angleterre la pop, les mods, le punk, la new-wave, la techno etc. Si l'invention et le rythme sont au rendez-vous, l'élégance de moins en moins. Par contre comme eux, le macaroni (aussi écrit maccaroni) a le goût de l'exubérance. Les illustrations de l'article de Wikipedia le montrent assez. On les représente généralement avec une très haute perruque poudrée tombant jusqu'au milieu voire au bas du dos en une sorte d'immense chignon. D'autres images de macaronis sont visibles sur : Digitalcollections.library.yale.edu et  Britishmuseum.org ; et de dandys sur : Digitalcollections.library.yale.edu.

Voir les commentaires

Nonchalances

101020TajanCatalogue101020TajanCataloguejeunefilleendormieLa nonchalance est aujourd'hui en voie de disparition … surtout à Paris. Ces quelques peintures du catalogue de la vente de la maison Tajan du 20 octobre à l'Hôtel Drouot à Paris, pour se rappeler à soi et à la communion avec les autres, aux plaisirs simples mais délicieux, à l'agrément des saisons, à la qualité de vie … L'esprit ne s'envole pas dans le tumulte … Il lui faut la paix, l'amour, la richesse d'instants précieux pour créer, la beauté pour l'inspirer et l'abondance pour la joie.
Photographie 1 : Catalogue de la vente Tableaux anciens et du XIXes siècle, du mercredi 20 octobre.
Photographie 2 : Alfred Joseph Woolmer - (Exeter 1805 - Londres 1892) - Jeune fille endormie dans sa chambre. 58,5 x 69 cm.
Photographies 3 et 4 : École francaise du XVIII e siècle. Suiveur de François Boucher.
L'Hiver : Reprise avec des variantes d'une composition des Quatre saisons de François Boucher conservées à New-York, à la Frick Collection (toile, 54 x 72 cm).
101020TajanCatalogueHiverLa Bergère endormie : Reprise avec des variantes de la Bergère endormie conservée à Paris, musée du Louvre (toile, 88 x 115 cm).
101020TajanCatalogueeteDimensions de chaque toile : 49 x 129,5 cm

Voir les commentaires

Le freluquet

freluquetdelavilledetail300Il faudrait sans doute disposer le freluquet parmi les faux élégants. Cependant il semblerait que son nom vienne de freluque (mèche de cheveux) ou freluche (petite chose ou ornement de peu de valeur), d'où est issu aussi le mot fanfreluche ; autant de termes désignant des objets qui occupent parfois un rôle important dans la mode française où les détails comptent, comme les rubans. Mis à part la connotation de prétention que ce mot porte ; les évocations d’une apparence frêle, d'une mise soignée, de légèreté et de frivolité, aident à placer le freluquet parmi les petits-maîtres. Évidemment, le fait que le Dictionnaire de l'Académie française de 1762 définisse le freluquet comme étant « Un homme léger, frivole & sans mérite », l'éloigne d'un véritable petit maître (tel un incroyable pour qui l'honneur est très important) et le place parmi les faux petits-maîtres et les pédants comme le laisse aussi à penser la citation qui suit … quoique ... : " C’est adorable ! Phrase exclamative que les freluquets, les pédan[t]s, les petits maîtres de Paris ont continuellement à la bouche ; ils croient avoir tout dit quand ils ont prononcé, avec une affectation ridicule : C’est adoable ! " Dictionnaire du bas-langage …, 1808. Il semblerait qu'au XVIe siècle le mot 'freluquet'  désigne  une pièce de monnaie de peu de valeur, ce qui peut être une origine du mot définissant un jeune homme d'apparence assez riche mais ayant 'peu de valeur'.
Photographie : Détail d'une carte postale du début du XXe siècle représentant un paysan et un jeune homme, avec pour légendes : « 34. Gauloiseries françaises - Freluquet de la ville – Dis donc, freluquet de mon cul …, c'est il parce que tu es étudiant de grande ville que tu voudrais m'couper l'herbe sous le pied ? »

Voir les commentaires

Merveilleuses & merveilleux