Comme je l’ai plusieurs fois dit dans ce blog, la musique et la danse sont à la base de l’éducation de l’Ancien Régime, et cela depuis l’Antiquité. De toutes les sciences, celle du rythme est, à mon avis, primordiale. La mode est une des parties de cette science.
Dans un orchestre, le chef d’orchestre accorde ensemble les divers musiciens. Cela ne veut pas dire pour autant que ces derniers doivent se laisser guider. Au contraire, il gardent leur instrument très bien accordé et sont eux-mêmes bien accordés, afin de jouer le mieux possible. Le musicien accorde son instrument, accorde sa pratique et s’accorde avec l’ensemble accordé par le chez d’orchestre. Chacun a son rôle à jouer. Le chef d’orchestre non seulement accorde les différentes parties de l’orchestre, mais aussi s’accorde avec l’oeuvre. L’auditoire a son importance, s’accordant avec cette représentation notamment en n’exprimant pas de manifestations intempestives rompant ou endommageant cette harmonie. Chacun doit trouver dans cette musique réalisation, voire bonheur, en tout cas communion… ce qui est appelé harmonie… harmonie dont la Nature est la plus grande pourvoyeuse.
Dans ma jeunesse, je n’ai pas eu d’éducation à la danse, matière pour laquelle, je pense, avoir eu un don. On a essayé de m’apprendre la musique, domaine pour lequel je n’ai par contre aucun talent. Dans la culture française, la mode a une grande importance, et nous avions de très grands spécialistes des parties qui la constituent. Les chefs d’orchestre de celle-ci étaient, et restent, je le crois, de trois genres : – les précurseurs (les petits-maîtres et autres artistes de la mode), représentés en musique par les compositeurs ; – les ‘suiveurs’, qui en musique sont les musiciens qui adaptent selon leur personnalité ; – le chef d’orchestre de cet ensemble étant, il me semble, le peuple ou bien celui ou ceux qui prennent le pouvoir sur lui (les aristocrates, les marchands…). Beaucoup plus limitée que la nature, la mode est cependant beaucoup moins figée que la musique, dans le sens moderne de ce dernier mot, car autrefois, le terme de « musique » pouvait regrouper tous les rythmes, être la science des rythmes en général.
Il me semble que l’on s’est peu intéressé aux artistes de la mode. Toutes les générations ont pourtant possédé leurs artistes couturières, tailleurs, cordonniers, parfumeurs, tisserands… Je ne connais pas beaucoup de livres traitant de l’histoire à travers le temps des grandes couturières, des grands tailleurs, des grands parfumeurs… Pour les petits-maîtres, je ne vois que mes ouvrages ! Ce dernier sujet ayant été très peu entrepris, j’ai du plaisir à y aller à l’aventure pour y découvrir les trésors semés par ces gandins la plupart inconnus, eux-mêmes vivant entièrement dans le moment présent et le mouvement qui le constitue.
Articles complémentaires :
La Toilette d'apparat des XVIIe et XVIIIe siècles
Le miroir de la toilette : réflexions
Le Chiffre, le Signe et le Verbe. Au titre de cet article, j’ajouterai aujourd’hui« la Note ».
Brève histoire de la galanterie
Les dialogues du goût III : Entretien avec Jean-Baptiste Loubet
À cela s’ajoutent tous mes articles sur la philosophie de l’élégance.