Les petits-maîtres espagnols

L’Espagne influence la mode française en particulier aux XVe – XVIIe siècles. Comme je l’écris dans cet article, le vertugadin serait une invention de la princesse Jeanne de Portugal (1438 – 1475), reine de Castille. La robe à panier serait de même une création espagnole, cette fois du XVIIe siècle. À cette époque, l’Espagne possède aussi son mouvement précieux, avec des écrivains comme Luis de Góngora y Argote (1561 – 1627), Alonso de Ledesma (1552 – 1623) et Francisco de Quevedo (1580 – 1645).

L’Espagne a son petit-maître et sa petite-maîtresse : le petimetre et la petimetra. Le lechuguino est un élégant, un dandin, et la lechuguina une élégante. Le pisaverde est un galant. D’après l’article cité à la fin de ce paragraphe, ce nom viendrait du fait que ce gandin marche sur la pointe des pieds, à la manière d’une personne traversant une prairie humide afin de ne pas se mouiller. Avancer de cette manière est une des caractéristiques de la plupart des petits-maîtres, ainsi que de faucher le persil, pour reprendre une métaphore bucolique (marcher en ballottant des avant-bras comme pour faucher du persil). Le pepe est un homme très préoccupé par son apparence et toujours à la dernière mode. Le chute est un jeune homme excessivement pimpant ou soigné. On appelle aussi comme cela une personne curieuse. Le caballerete est un jeune homme suffisant, imbu de lui-même. Le caballero est quant à lui un chevalier, un homme au comportement courtois et distingué, particulièrement envers les femmes. Il est à noter que la chevalerie et l'esprit courtois imprègnent une grande partie de l'histoire de l'Espagne. Le ou la chévere est une personne 'effrontée' ou qui suit une mode 'effrontée'. La gomosa et le gomoso sont la traduction espagnole du français gommeuse et gommeux. Le dandy anglais a sa version espagnole : le dandi, de même le gentleman. Le coqueto est un séducteur. Le rubio est un blondin, le juerguista un fêtard, l’hombre elegante un homme élégant, le figurín une personne ressemblant à un dessin de mode, le galán un bel homme, le hombre bien vestido un homme bien vêtu… On retrouve en Espagne le boulevardier et le flaneurDans cet article, sont évoqués les currutacos, flamantes, gurruminos, linajudos, mariposones, pirracas, lindos… Le currutaco semble être l'équivalent espagnol de l'incroyable, époque (fin du XVIIIe siècle) où en France on danse le boléro importé d'Espagne.

Je ne présente pas ici d'iconographies de ces petits-maîtres espagnols, car je n'en ai pas dans ma collection, mais voici ci-après quelques liens vers des images glanées sur Internet : Perfecto currutaco, Curutaco con Levita, Currutaco con pantalón ancho, Petimetra, Petimetra, Petimetre, Gomoso

Merveilleuses & merveilleux