Le miroir de la toilette : réflexions.

Photographie 1 et 2 : Miroir en bois sculpté et doré d'époque Louis XVI présenté sur le site de la galerie Wanecq. Il est composé « d’une moulure d’encastrement ornée de fines perles et de feuilles d’eau accompagnée de chutes en drapés de feuilles de laurier. Le riche fronton découpé et ajouré est une allégorie de la paix et de l’amour. Il est orné d’instruments de musique, d’une partition, d’une torche, d’un arc et d’un carquois, l’ensemble de la composition couronné de rameaux d’olivier et de fleurs. Au centre du fronton posées sur un tambourin deux colombes s’échangent un brin d’olivier. » Hauteur de 203 cm et largeur de113 cm.

Photographie 3 : Miroir chevalet, tel celui que l'on pose sur la table de toilette, d'époque Louis XIV. Il a un « encadrement mouluré, marqueté d’écaille brune et de laiton. La partie supérieure cintrée. Ornementation de bronzes, à l’amortissement un mascaron. Au revers, marqueterie Boulle sur fond d’écaille brune, décor rayonnant d’une tête de personnage dans des encadrements de lambrequins, palmettes, rinceaux et entrelacs. A la base, deux lions affrontés. D’après des modèles de Bérain. » Objet d'art de la galerie Wanecq à Paris. 

La langue française a de jolis mots, comme celui de ‘réfléchir’. Il indique en même temps le reflet et la pensée. Cette dernière n’est-elle pas la réflexion de ce que le miroir et notre entourage nous renvoient ?

Si certains ne sont pas d’accord, personne ne mettra en doute que cette homonymie est emprunte d’une réelle poésie. Et puisque je trouve la pensée et les mots délectables, même s'ils n'expriment que des termes (la fin étant aussi le commencement : naître avant terme ...) : des limites utiles pour communiquer et vivre harmonieusement ensemble, je continue ... Notre environnement crée des images dans notre esprit qui lui-même agit sur ce qu'il appréhende et se reflète en lui. Il en résulte un habitus (une hexis en grec) : une intégration et connaissance profonde participante de l'entourage. C'est un jeu de miroirs qui scintillent en nous. Ils brillent dans la délectation du présent qui se savoure par tous les sens qui sont la manifestation concrète de cette danse brillante. Celle-ci s'exprime notamment dans l'hexis corporelle et le jeu avec les codes. Le tout est tel un diamant brut pouvant se tailler en autant de facettes (qui reflètent tels de petits miroirs) que l'on souhaite, se subdivisant à l'infini dans notre appréhension polie du monde dans tous les sens du terme : polissage de la gemme et politesse ; apportant lustre et éclat. Nous sommes tous constitués à partir de cette même matière précieuse, donc égaux. La base est toujours belle et bonne (bien que pouvant être soit rustre, soit salie, soit cachée). La différenciation ne se fait que dans la culture que nous intégrons, son savoir : le polissage qui n'est que l'ouverture du champ des possibles. Le diamant ne reflète pas grand chose avant d'être poli ; le miroir n'est pas su exister avant d'être présenté au regard ... ; ainsi des vérités oubliées ou encore inconnues restent en attente des conditions et des yeux qui se posent sur elles. Mais le terme de réflexion n'est pas assez fin. Il ne s'agit pas de pensée mais d'une intuition. Ce savoir qui n'est pas une histoire de classes ou de connaissances, mais de sensibilité, est une des bases du bon goût. Il voit les choses avec distinction, ne les confond pas, ne mélange pas ce qui n'est pas fait pour l'être. Ce n'est pas non plus quelque chose qui s'enseigne : cela se montre par l'exemple et puis est particulier à chacun car nous avons tous des points de confort différents, la mode étant là pour harmoniser cette richesse incommensurable. Un des aspects de l'élégance française, c'est la juste mesure entre la simplicité de ton et la sophistication, la connaissance de ces extrêmes qui n'en sont pas, le discernement : agir à bon escient ... une pratique de gourmet de la vie.

C'est avec une image de l'Antiquité que je conclus cet article, une iconographie pleine de magie qui semble représenter une jeune femme romaine à sa toilette. Le site de la Réunion des Musées Nationaux reproduit ce détail de la fresque de la Villa dite des Mystères, de Pompéi, peinte vers 70-60 av. J.-C., avec Cupidon (Amour, Eros) qui paraît tendre un miroir à une femme assise qui se coiffe. Cliquez ici pour voir la photographie.

L
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas arrêtée par chez vous ? très joli article à propos du miroi , de la réflection ... cette peinture est pompéienne est très belle , les couleurs sont particulièrement intéressantes
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Merveilleuses & merveilleux