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Psyché

TenturePsyche12TenturePsyche34Photographies : TenturePsyche5Cinq des six tapisseries de la tenture Histoire de Psyché tissée au faubourg Saint-Germain à Paris et livrée au Garde meuble de la couronne en 1667. Ces cinq pièces sont conservées aujourd'hui au Musée national du château de Pau, alors que la sixième l'est au Mobilier national à Paris. Elles comprennent : TenturePsyche2detailPsyché menée sur la montagne ; La toilette de Psyché ; Le repas de Psyché ; La vieille racontant l'histoire de Psyché à la jeune captive ; Psyché au temple de Cérès. Laine, soie, or et argent. © Pau, Musée national du château. Dans la photographie de droite présentant un détail d'une tapisserie, on remarque que le sol est jonché de fleurs. Voir sur ce sujet l'article : Les vases à parfums du XVIII ème siècle.
Depuis l'Antiquité le 'souvenir' de Psyché se transmet … Il s'agit d'une magnifique histoire d'amour, un conte de fées pour les adolescents et les adultes. Mais le terme 'psyché' raisonne surtout dans notre subconscient nourrit de la psychologie du XXe siècle, parce qu'il signifie « âme » en grec et représente ce qui constitue la personnalité d'un individu. C'est aussi le nom que l'on donne à un miroir qui dévoile entièrement : le premier meuble/miroir courant représentant l'être humain en pied.
Le résumé de la légende de Psyché est lisible sur Wikipédia. Le Musée national du château de Pau, qui possède une magnifique collection de tapisseries (voir ici), propose, du 16 septembre au 13 novembre 2011, une exposition sur ce sujet intitulée D'encre, d'émail et d'or : L'Histoire de Psyché avec des objets d'exception relatant ce conte, et en particulier une tenture en six pièces, tissée au XVIIe siècle par des ateliers du faubourg Saint-Germain à Paris, et présentée en entier dans cette exposition. Cette tenture est composée entre autres de fils d'or et est accompagnée pour cette exhibition d'un ensemble d'ouvrages illustrés et d'émaux du XVIe siècle : époque de la Renaissance française qui apprécie tout particulièrement cette source Antique ayant pour thème l'Amour.
email500Photographie : L'Amour fuit Psyché. Plaque de coffret en émail peint sur cuivre après 1565 par Pierre Courteys. H. 10 ; L.23 cm. Niort, musée Bernard Agesci, Inv. 914.1.107. © Pau, Musée national du château.
LivrePsycheTitreLivrePsychegravure300Photographies : Page de titre et estampe de l'ouvrage « Lamour de Cupido et de Psiché mère de Volupté, prise des Cinq & sixiesme livres de la Metamorphose de Lucius Apuleius philosophe nouvellement historiée & exposée en vers Francois, gravures de Léonard Gaultier, s. l. n. d. [Paris 1586]. Pau, musée national du château, Inv. BP 5379. » © Pau, Musée national du château. La page de titre est particulièrement jolie avec ses lettres gravées et les deux représentations de Psyché : la première où Amour la dénude, et l'autre où toute habillée elle est pleine de pudeur.

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Des jouets et des hommes

Chardin Enfant Toton300Photographie : 'L'enfant au toton'. Huile sur toile (H. 67 cm, l. 76 cm) de Jean-Baptiste Siméon Chardin présentée au salon de 1738 et conservée au Musée du Louvre à Paris. © Service presse Rmn-Grand Palais / Stéphane Maréchalle.
L'exposition Des jouets et des hommes, qui se déroule du 14 septembre 2011 au 23 janvier 2012 aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, intéresse aussi bien les enfants que les adultes. Les premiers y trouvent une véritable exposition faite pour eux, avec des centaines de jouets, des films de toutes les époques sur petits écrans (et sur un grand), des petits théâtres optiques mettant en scène des jouets, des endroits où ils peuvent se reposer et regarder tranquillement, et (il faut prévenir les accompagnateurs) le parcours se conclut par une boutique avec jouets, livres, bonbons et aire de jeux. Les adultes trouveront des jouets de leur époque, ainsi que de leurs parents ou grands-parents et de leurs enfants ; un parcours avec des thématiques et une narration assez 'intellectualisée' (surtout à la fin) et des objets d'art populaire ou d'art tout court de qualité, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui.
La citation de Charles Baudelaire qui introduit le communiqué de presse est le véritable intérêt et sans doute but de cette exposition : « Le joujou est la première initiation à l'art ». Non seulement elle comporte des peintures de maîtres, mais le fait de présenter ensemble des jouets de différentes époques sur un même thème, apporte notamment une première conscience de la notion d'histoire de l'art, de l'évolution des beaux-arts, de l'esthétisme etc. Des jouets comme les maisons de poupée où les meubles, ustensiles, habits, intérieurs etc sont des miniatures d'objets d'époque et fabriqués avec les matériaux du temps ; les différentes poupées depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui (certaines, ayant appartenu à des enfants royaux, possèdent des vêtements griffés) ; les dinettes depuis le Moyen âge jusqu'à aujourd'hui en passant par celles en faïence du XIXe siècle ; les chevaux à bascule de tous les temps … tous les thèmes apportent cet appréhension du temps, du goût, et de l'autre, qui hier comme aujourd'hui a quelque chose de semblable. A noter quelques clins d'oeil comme une peinture (huile sur toile) de 1912 représentant le fameux anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009), enfant, sur son cheval mécanique.
Le samedi 1er octobre la « Nuit blanche » propose l'entrée gratuite dans l'exposition de 19h30 à 0h15, des jeux à volonté (dernier accès à 22h30) et des projections de films à l'auditorium pour les plus grands.
À l'automne 2011, tout le Grand Palais se transforme en un lieu de fête et de divertissement avec du 10 novembre 2011 au 9 janvier 2012 dans la Galerie Sud-Est entièrement rénovée une exposition intitulée Game Story. Une histoire du jeu vidéo ; et l'évènement ludique et familial Jours de fêtes, se déroulant du 16 décembre au 2 janvier avec : « grande roue, manèges, barbes à papa, pommes d'amour et bien d'autres surprises ».
Photographie : 'Présentation au temple'. Volet d'un triptyque, peinture sur bois, de 1450-1475 appartenant au Musée nationale du Moyen-Âge-Thermes de Cluny à Paris. H. 107 cm, L. 98,4 cm, l. 2,5 cm. ©  Service presse Rmn / Jean-Gilles Berizzi.

PresentationauTempleensemble© Article LM

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Fra Angelico et les Maîtres de la lumière

3.-FA_madonna-di-cedri_pise300a.jpgPhotographies 1 (détail) et 2 : 3. FA madonna-di-cedri pise300Madone aux cèdres de Fra Angelico, vers 1419-1423, tempera sur bois, 102 x 58 cm, Musée national de San Matteo, Pise. © 2011. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali. Au Moyen-âge en particulier mais aussi par la suite, les images de la Vierge avec Jésus, son enfant, sont toujours une métaphore de l'oeuvre divine. Cette femme est l'archétype de la création dans sa majesté et sa splendeur … une cosmogonie que les artistes qui la représentent trouvent autour d'eux dans les figures féminines les plus belles qu'ils peuvent imaginer ou contempler. Celle de cette peinture est d'une beauté assez surprenante. Son teint est bleu comme l'est celui des deux autres personnages. Elle est maquillée avec finesse : ses yeux sont dessinés, sa bouche est d'un délicat saumon et ses joues sont rehaussées de rose. Ses cheveux dorés et ondulés semblent être coiffés 'à la romaine' et tiennent un très léger voile. Elle porte une auréole aux volutes végétales. Sa tunique de la même couleur que ses joues est brodée de fils d'or avec notamment des motifs ressemblant à des flocons de neige. Au dessus, un drapé bleu-nuit est lui aussi brodé d'or et doublé à l'intérieur d'une matière tout aussi lumineuse. Jésus est totalement nu, tenant dans sa main gauche quatre petites roses très gracieuses formant une croix. La vierge est assise sur un coussin d'un vert profond, brodé d'or comme le tapis de sol au fond rouge. Presque tout le reste du tableau est doré. Ces couleurs rappellent celles de l'aurore, avec le bleu nuit du drapé qui s'efface à la lumière or du soleil qui découvre un ciel bleu et les couleurs rosées du matin.
BeatoAngeliconcoronazionedetail1vierge300.jpgAborder l'oeuvre de Fra Angelico (1387-1455) 6. Beato Angelico, Incoronazione galleria degli Uf-copie-2est une véritable expérience mystique. A première vue ses tableaux sont naïfs, d'un primitif italien qui ne semble pas très extraordinaire. En s'approchant on note les détails, les histoires racontées. On y découvre tout ce que l'on souhaite : réalité, chimères, pauvreté, richesse, religion, vie civile, dessin, couleurs … C'est lorsque l'on revient à l'ensemble de la peinture que l'on est happé, comme on peut l'être face à certaines icônes. On comprend que ces petites histoires, ces détails, sont des prismes d'une lumière unique d'une infinie richesse. Le titre Fra Angelico et les Maîtres de la lumière de l'exposition qui se déroule à partir du 23 septembre 2011 jusqu'au 16 janvier 2012 à Paris, au Musée Jacquemart-André, est donc pertinent. Ce musée est le premier en France à rendre hommage à ce peintre, figure majeure du Quattrocento. L’exposition présente près de 25 œuvres importantes de celui-ci et autant de panneaux réalisés par les peintres prestigieux qui l’ont côtoyé : Lorenzo Monaco, Masolino, Paolo Uccello, Filippo Lippi ou Zanobi Strozzi.
Photographies 3, 4 et 5 : Le Couronnement de la Vierge de Fra Angelico, 1434-1435. Inv. 1890, n. 1612, tempera sur bois, 114 × 113 cm, Galerie des Offices, Florence. © 2010. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali.
Beato-AngelicoIncoronazionedetailgroupedemlusiciens350.jpg

Cette exposition est aussi une occasion pour visiter le musée Jacquemart-André. 

Une visite virtuelle Musée Jacquemart-André est visible ici.

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Le château royal de Fontainebleau parle à l’âme et au coeur de notre histoire et de notre patrimoine.

LouiseMariedeFrance300Photographie : Représentation de Louise-Marie de France (1737-1787) plus jeune fille de la reine Marie Leszczyńska et du roi Louis XV.
Les premières traces d'un château à Fontainebleau remonteraient au moins au XIIe siècle. Depuis de nombreux aménagements ont été pratiqués. Cet édifice comprend des éléments de styles médiévaux, mais surtout Renaissance et classiques, avec les derniers travaux effectués au XIXe siècle. Comme l'explique Wikipedia : « Il témoigne de la rencontre entre l'art italien et la tradition française exprimée tant dans son architecture que dans ses décors intérieurs. Cette spécificité s'explique par la volonté de François 1er de créer à Fontainebleau une « nouvelle Rome », dans laquelle les artistes italiens viennent exprimer leur talent et influencer l'art français. C'est ainsi que naquit l'École de Fontainebleau, qui représenta la période la plus riche de l'art renaissant en France, et inspira la peinture française jusqu'au milieu du XVIIe siècle, voire au-delà. Napoléon Ier surnomma ainsi le château la « maison des siècles », évoquant par là les souvenirs historiques dont les lieux sont le témoignage. » Une exposition intitulée Parler à l'âme et au coeur y a donc toute sa place. Celle-ci se déroule en ce moment et jusqu'au 19 septembre 2011. Elle atteste du goût pour la peinture de  Marie Catherine Sophie Félicité Leszczyńska (1703-1768), épouse de Louis XV et reine de France de 1725 à 1768. De nombreux éléments du décor des grands et des petits appartements du château sont là pour le confirmer. Avec cela sont présentées des œuvres peintes par Oudry, Nattier, les Coypel, Vien ou Pierre, et d'autres exécutées par la reine elle-même. C’est toute une atmosphère qui est ainsi restituée le temps de cette exposition. À cette occasion est présenté pour la première fois au public le « cabinet des Chinois », livré pour Versailles, dont les sept peintures à sujet exotique sont le résultat d'un véritable travail de collaboration entre Marie Leszczyńska et les peintres du cabinet du roi.

Et si cette exposition nous transporte dans le XVIIIe siècle, se promener dans le château de Fontainebleau c'est aussi se baigner dans le XVIe de la Renaissance française, du Maniérisme et de l'École de Fontainebleau avec ses douces et pénétrantes couleurs qui rappellent celles des oeuvres d'art antiques et de magnifiques représentations de femmes aux silhouettes 'longues' et gracieuses telles les sculptures autour de la peinture intitulée 'Alexandre domptant Bucéphale' par Le Primatice (1504-1570). Et comme la toilette est un thème récurent de ce blog, voici quelques iconographies de l'École de Fontainebleau sur ce tème : Vénus à sa toilette ; Femmes au bain ; Gabrielle d'Estrées au bain ; Gabrielle d'Estrées et une de ses soeurs ; Dame à sa toilette ; Allégorie, dite Allégorie de l'Eau ou Allégorie de l'Amour ; Dames au bain ; Hyante et Climène à leur toilette.

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Chefs-d'oeuvre représentant Marie au Puy-en-Velay

TitienMarie500Photographies 1 et 2 : La Vierge au lapin de Titien (1490-1576) du musée du Louvre, inv. 743. © 2007 Musée du Louvre / Angèle Dequier.
Photographie 3 : Vierge de l'Annonciation, de la fin du Ve siècle, provenant d'Egypte (art Copte) et conservée à Paris au musée du Louvre. © 2009 Musée du Louvre / Georges Poncet.
Jusqu'au 3 octobre l'Hôtel-Dieu du Puy-en-Velay accueille l'exposition : Regards sur Marie, où sont présentés des chefs-d'oeuvre  représentant la mère du Christ. 26 œuvres d'art du Louvre y dialoguent avec d'autres prêts d'institutions françaises ou d'églises de la Haute-Loire parfois méconnus ou peu visibles. Des chefs-d'oeuvre de Rembrandt, Titien, de La Tour, Ingres etc. sont ainsi rassemblés dans cette ville qui abrite une des plus fameuses Vierge noire de France.   ViergeAnnonciation300

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Du corset à la crinoline : Les lignes caricaturales d'un corps social du XIXe siècle qui se dessine.

Photographie 1 : cat88-300« Honoré Daumier, Plus que ça d’ballon... excusez !..., planche 199 de l'album Actualités, publiée dans Le Charivari le 13 juin 1855, lithographie, 24,9 x 20,5 cm […] t.22 […]. © Bibliothèque Nationale de France. »
Le XIXe siècle est marqué par la Révolution qui le précède et les nouvelles idées qu'elle a engendrées. Le retour à l'ancien régime (royauté et empire) redonne aux femmes le corset et les volumes avec la crinoline, mais rigidifie une silhouette manufacturée par une industrialisation galopante. Ce corps social qui goûte à de nouvelles promesses tout en s'enfermant dans d'anciens et nouveaux carcans est une proie facile pour la caricature et les artistes. Ce siècle est celui d'un Paris tout à la fois bourgeois, aristocratique, bohème, révolutionnaire et ouvert sur le monde, qui se termine dans l'établissement d'une République qui perdure jusqu'à aujourd'hui. Cette époque transitoire est du pain béni pour les caricaturistes qui aiment à croquer les petites et les grandes histoires. L'oeuvre de trois d'entre eux est l'objet de l’exposition Pour Rire ! Daumier, Gavarni, Rops. L’invention de la silhouette qui se cat12-300déroule actuellement et jusqu'au 18 septembre 2011 au musée d’art et d’histoire Louis-Senlecq (Val d’Oise) en collaboration avec le musée provincial Félicien Rops de Namur (Belgique) et l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Cette exposition compare plus d’une centaine de dessins, de lithographies et de peintures de ces caricaturistes de talent. Les trois savent retranscrire la voix individuelle dans le choeur social avec souvent un humour d'observation particulièrement savoureux. 
Sulpice-Guillaume Chevalier, dit Paul Gavarni (1804-1866) est une source importante pour qui s'intéresse à la mode. Il dessine pour de très nombreuses revues illustrées parisiennes de son époque et notamment pour certaines consacrées au bon ton. Il collabore avec Balzac, un autre témoin dandy de son temps. Il donne le nom de 'lorettes' aux jeunes femmes qu'il dessine et qui sont  issues de l'exode rural occupant un nouveau quartier de la capitale construit autour de l'église Notre Dame de Lorette. C'est le sujet de séries de caricatures parmi d'autres comme 'La Vie de jeune homme', le carnaval ('Les Débardeurs'), 'Les Partageuses', 'Les Anglais chez eux, 'Les Parisiens', 'Les Fashionable',  etc. Il cat89-300dessine pour les volumes de Les Français peints par eux-mêmes qui comme plusieurs autres livres illustrés qui sortent par la suite, tels La Comédie de notre temps de Bertall ou Physiologies parisiennes d'Albert Millaud, sont remplis de ces personnages qui suivent et créent le goût du jour depuis les artistes jusqu'au grand-monde en passant par  les demi-mondaines, les lions,  les gommeux et les crevettes de toutes sortes. Les caricaturistes qui peignent ainsi le monde qui les entoure sont nombreux : Cham, Gustave Doré, Daumier, Rops … Certains sont connus, d'autres à découvrir. L'explosion du nombre de revues, journaux, livres ... et les nouvelles facilités d'impression qui permettent d'inclure plus aisément des illustration et de publier en grandes quantités donnent du travail aux dessinateurs et écrivains reconnus ou de la bohème artistique du XIXe siècle.
Photographie 2 : « Honoré Daumier, C’est unique! j’ai pris quatre tailles,  juste comme celles là dans ma vie, planche 27 de l'album Emotions Parisiennes, publiée dans Le Charivari le 07 février 1840, lithographie, 18,7 x 24,4 cm, […]  t. IV. © Bibliothèque Nationale de France. »

Photographie 3 : « Félicien Rops, Crinolines, planche parue dans Uylens spiegel n°38 le 19 octobre 1856, lithographie, 24,3 x 18,3 cm. G33.1. © Musée Félicien Rops, Province de Namur. »

© Article LMsilhouettes300

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Au corps de l'oeuvre d'Ingres

IngresPortrait300Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) a légué à Montauban, sa ville natale, un corpus de centaines de ses dessins que le musée de cette ville complète d'autres acquisitions, conserve et étudie … recherches qui permettent non seulement d'avoir connaissance des techniques employées par l'artiste mais aussi d'appréhender la conservation d'un papier qui se transforme beaucoup dans la première moitié du XIXe siècle, se fragilisant du fait des nouveaux procédés de fabrication utilisés pour une diffusion à plus grande échelle et à moindre coût. L'exposition Ingres / Secrets de dessins, qui se déroule jusqu'au 6 novembre au musée Ingres de Montauban (voir la vidéo ici), témoigne du type de recherches que l'on peut faire afin de mieux connaître l'oeuvre d'un artiste ; et offre des clés utiles d'expertise pour les collectionneurs et les professionnels tout en éduquant les néophytes. Et puis cette exposition nous rappelle qu'Ingres est un témoin important de la vie de son époque comme le montre cette série de portraits d'hommes : un inconnu (vers 1797) - Jean-François Gilibert (vers 1804/05) - François-Marius Granet (en 1807) - Edme Bochet - Jean-Pierre Cortot (sculpteur) ; et de portraits de femmes : les deux soeurs Harvey (vers 1804) - Mademoiselle Caroline Rivière - Marie-Louise Bénard (en 1819) -  Louise de Broglie (contesse d'Haussonvilleen, en 1845) - princesse de Broglie (vers 1851-1853). 
Photographie 1 : Portrait de Madeleine Chapelle : la première femme de l'artiste. Celle-ci est habillée à la mode de vers 1813 : la capote a une haute calotte alors que la visière se rétrécit par rapport à précédemment (voir à ce sujet l'article intitulé La petite maîtresse invisible) ; la robe garde la forme de la tunique 'à l'antique' avec une taille très haute (en dessous des seins), mais la poitrine est entièrement couverte, et une fraise autour du cou rigidifie un peu plus la silhouette plus libre avant (poitrine et cou découverts) ; mais le corset n'est toujours pas de rigueur. Le papier utilisé pour ce dessin paraît assez moderne pour l'époque. Il ne semble pas être vergé et sa qualité assez médiocre comme le prouvent les nombreuses taches dont les origines peuvent être multiples : comme le contact avec un verre ou un carton de mauvaise qualité, mais qui sont souvent dues en particulier à la qualité du papier employé. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle le papier est fabriqué à partir de chiffons. IngresfiligraneIl est dit 'vergé' car laissant apercevoir en transparence les lignes formées au contact des vergeures (horizontales) et des chaînettes (verticales) qui composent le tamis avec lequel est fabriqué le papier. Puis de nouvelles techniques apparaissent qui vont beaucoup évoluer au XIXe siècle. Non seulement la matière du papier change avec l'utilisation de fibres végétales comme le bois et de nouvelles colles mais aussi sa fabrication à partir de machines de plus en plus sophistiquées. © Photographie Musée Ingres de Montauban.
Photographie 2 : Image en transparence d'un papier chiffon utilisé par l'artiste, avec les caractéristiques du papier vergé que j'ai évoquées dans la description de la première photographie, et le filigrane. Les filigranes sont rendus obligatoires en France dès la fin du XIVe siècle et au début du XVe. Le papetier forme avec du fil de laiton sur le tamis le dessin de sa 'maison'. La feuille produite (dont la grandeur fait généralement un double in-folio) est ensuite découpée selon les usages. Le papier d'une gravure ne contient donc pas obligatoirement de filigrane. Chaque papeterie ayant sa 'marque' qui évolue avec le temps : le filigrane devient un élément important de datation d'un papier et par là d'un dessin ou d'une gravure. Mis en juxtaposition avec toutes les autres données il peut permettre une expertise précise. © Photographie Musée Ingres de Montauban.

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Le salon de Madame Geoffrin

AfficheExpoMmeGeoffrin300Jusqu'au 24 juillet 2011, la maison de Chateaubriand de  Châtenay-Malabry  accueille une exposition intitulée  Madame Geoffrin, une femme d'affaires et d'esprit.
Mme Marie-Thérèse Rodet Geoffrin (1699 – 1777)  est connue pour le salon qu'elle tient dans son hôtel particulier de la rue Saint-Honoré, où elle accueille dans le second tiers du XVIIIe siècle de nombreuses personnalités en particulier des Lumières. Cette exposition présente plus de 400 oeuvres baignant le visiteur dans cette atmosphère à la pointe de la modernité d'une époque avec en particulier : « un portrait inédit de madame Geoffrin peint par Allais (1747), un portrait inédit de madame de Rambouillet (1646) attribué à Philippe de Champaigne, une pendule ayant appartenu à Diderot, un somptueux service en porcelaine de Vienne offert par l’impératrice Marie-Thérèse à madame Geoffrin, des lettres échangées avec le roi de Pologne, Catherine II, Marie-Thérèse..., des tableaux provenant de ses collections, des œuvres dont madame Geoffrin aimait s’entourer, des tableaux de François Boucher, Claude-Nicolas Cochin, Joseph Vernet, Carle Van Loo, aujourd’hui conservés essentiellement en collections privées ... » … que du beau monde !!
A cette époque madame Geoffrin occupe le devant de la scène des salons qui contribuent à répandre  la philosophie des Lumières. Elle s'inscrit parmi les grands protecteurs des arts et des sciences  dont les sociétés se donnent en dehors de la Cour et dont je parle dans mon article intitulé Les précieuses et les femmes de lettres.  « Aidée dans son entreprise par une fortune confortable que lui procurent ses actions à la Manufacture royale des Glaces, elle crée un cercle qui séduit tous les beaux esprits du temps et connaît un succès au-delà de ses espérances. Au fil des presque quarante années de son existence, ce salon est devenu une véritable institution du XVIIIe siècle européen.
AfficheExpoMmeGeoffrindetail300Madame Geoffrin y recevait le roi de Pologne Stanislas-Auguste Poniatowski, Diderot, Helvétius, Marivaux, Fontenelle, Voltaire, l’abbé Guillaume Thomas François Raynal (auteur d’une Histoire philosophique des Indes), Jean-Charles Philibert Trudaine de Montigny, le baron d’Holbach, Montesquieu, Sébastien Roch Nicolas Chamfort, Jean-François de La Harpe, Jeanne-Antoinette Poisson, comtesse d’Étioles puis marquise de Pompadour et maîtresse de Louis XV, Bernard-Joseph Saurin et Claude-Henri Watelet, Jean le Rond d’Alembert, Anne Léon de Montmorency-Fosseux, David Hume, Edward Gibbon et Horace Walpole... Correspondant avec Catherine II, l’impératrice Marie-Thérèse et plus encore avec Stanislas-Auguste Poniatowski, élu roi de Pologne en 1764, elle fait en 1766 un voyage à Varsovie qui lui octroie une renommée européenne. Elle est reçue à l’étranger comme une tête couronnée. À Vienne, elle accepte d’être l’ambassadrice de l’impératrice afin de promouvoir en France la renommée de celle que l’on destine au Dauphin, Marie-Antoinette. En remerciement, elle reçoit un somptueux service en porcelaine de Vienne, qui sera présenté pour la première fois au public ainsi que le grand surtout de glace commandé par madame Geoffrin afin de pouvoir présenter cette précieuse vaisselle dignement sur sa table. À lui seul, la présence dans l’exposition de ce service d’origine impériale constitue un véritable événement. »
Photographies : Affiche de l'exposition.

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Les Clouet de Catherine de Médicis

Francois1eren1515300Photographies 1 et dernière : Portrait de François 1er jeune d'après François Clouet (ce qui me semble étrange car le roi est né en 1494 et le peintre vers 1515) beaucoup moins connu que celui de Jean Clouet (1475/1485-1540) (voir ici) mais joli avec ce vert si caractéristique de notre mémoire dont il est question dans plusieurs articles de ce blog comme celui intitulé En vert et contre tout ?  A noter cet autre portait de François 1er (à cheval) de l'école de Jean Clouet (voir ici). © RMN/ Harry Bréjat .
LeonoredeSapata300Photographie 2 : Doña Leonor Zapat (Léonore de Sapata : 1530- 1537) par Jean Clouet. Dessin conservé à Chantilly au musée Condé. © RMN/ Harry Bréjat. La coiffure de cette dame de la Renaissance rappelle la mode du XIXe siècle dont il est question dans l'article intitulé : Boucles, macarons et papillotes. Dans le même style de coiffure voir les portraits de Marie de Portugal (ici) et d'Éléonore d'Autriche (ici) composés par le même artiste.
Les visages de l’exposition ‘Les Clouet de Catherine de Médicis : Portraits dessinés de la cour des Valois’ au musée Condé du domaine de Chantilly (jusqu'au 27 juin) sont tout à la fois des témoignages précieux d'histoire, d'intimité et d'art. Ces oeuvres dont la plupart sont rapidement crayonnées sont des instantanés. Commandées par Catherine de Médicis (1519-1589), elles sont dans le goût résolument moderne de la famille de Médicis dont la plupart des membres sont de grands collectionneurs et mécènes très actifs durant la Renaissance italienne mais aussi pendant la française avec notamment cette reine et régente de France.
L’exposition présente 90 portraits de grands personnages de la cour de France sous François Ier (1494-1547, roi de France à partir de 1515), Henri II (1519–1559 qui commence à régner en 1547) et ses fils. Il s'agit d'oeuvres de Jean Clouet (1475/1485-1540), le père, et François Clouet (vers 1515-1572), le fils,  tous deux peintres à la cour des rois de France. Le musée Condé possède une collection unique au monde de 366 portraits dessinés par ces deux artistes issue en grande majorité d’une des toutes premières collections d’art graphique connue et constituée par Catherine de Médicis. HenriII300Comme l'explique le dossier de presse : « Avec une véritable passion, la reine recueille et commandite plus de 550 portraits dessinés par les meilleurs artistes de son époque. Soigneusement rangées dans des boîtes et portant le nom de leur modèle, ces feuilles révèlent une facette intime et délicate de la personnalité de Catherine, qui se révèle fine observatrice et exigeante dans ses choix. Ses dessins furent légués à sa petite-fille, grande duchesse de Toscane, et furent conservés à Florence, chez les Médicis, avant d’être découverts par un peintre anglais au début du XVIIIe siècle, puis dispersés, vendus aux amateurs d’art. Le duc d’Aumale, propriétaire de Chantilly et grand collectionneur du XIXe siècle, fit l’acquisition de la plus grande partie d’entre eux en 1889 (collection Carlisle), signant de la sorte leur retour à leur pays d’origine. » « Avec les Clouet, naît donc une mode - celle du portrait dessiné - une génération d’artistes et une tradition française unique, à tel point qu’ « à la fin du XVIe siècle encore le « crayon » est, en France, tout simplement synonyme de "portrait" » (Alexandra Zvereva, voir p.9). Le style de Jean et François est influencé par les primitifs flamands, notamment leur réalisme un peu austère. Du père au fils, le trait évolue : le premier pratique un dessin assez libre, encore proche de l’esquisse, tandis que le second s’attache plus aux détails et préfère un traitement minutieux des sujets. A travers eux, le dessin s’émancipe [...]. Autrefois cantonné à l’atelier, comme un outil de travail parmi d’autres, il fait désormais l’objet de commandes et le nombre de « dessinateurs » augmente pour répondre à la forte demande. Germain Le Mannier, Benjamin Foulon ou Pierre Dumonstier sont quelques-uns des continuateurs de l’art des Clouet.  »
Photographie 3 : Henri II roi de France (1519-1559) de François Clouet, vers 1547. Ce dessin se trouve au musée Condé  à Chantilly. © RMN/ René-Gabriel Ojéda.

 

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Château de Richelieu

RichelieuEsculape300Photographie 1 : Ensemble en marbre représentant Esculape, le dieu de la Médecine, et son fils Telesphore, conservé au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre à Paris. © RMN / Stéphane Maréchalle.
Photographie 2 : Groupe de Vénus et Cupidon. Marbre du Ier- IIe siècle après J.-C. conservé au même département du musée du Louvre.  © RMN, cliché Hervé Lewandowski.
Photographie 3 : Bacchus dit Bacchus Richelieu. Marbre de 208 x 93 x 53 cm conservé au même département du musée du Louvre. © RMN, cliché Hervé Lewandowski.
RichelieuVenusDionysos300Jusqu'au 13 juin 2011, le château aujourd'hui disparu du cardinal de Richelieu (1585-1642) de la ville du même nom est à l'honneur. Le musée des beaux-arts d'Orléans, celui de Tours, et le musée municipal de Richelieu exposent des objets d'art et témoignages de cette bâtisse reconstruite sur les plans de Jacques Lemercier dès 1631, et où son éminence entrepose quelques chefs-d'oeuvre de sa collection de peintures, de tentures et de sculptures en particulier antiques achetées spécialement à Rome pour décorer façades, intérieurs et jardins du château. Grand collectionneur, on estime la collection de sculptures antiques de Richelieu à quelque quatre cents pièces.
De prestigieuses peintures agrémentent entre autres le cabinet du Roi qui abrite des tableaux de Mantegna, Lorenzo Costa et Pérugin du studiolo d'Isabelle d'Este, acquis vers 1630 avec le palais ducal de Mantoue, et trois Bacchanales de Nicolas Poussin.
Parmi les oeuvres que je trouve particulièrement belles, il y a la série des Quatre Éléments. Le cardinal de Richelieu charge l'artiste Claude Deruet (1588-1660) de quatre tableaux devant décorer le cabinet de la reine Anne d'Autriche avec : L'Air, La Terre, L'Eau et Le Feu. Ceux-ci étalent le faste de quelques réjouissances d'alors : chasse, parade, patinage, fête. Il s'agit d'un témoignage de la mode de l'époque particulièrement intéressant. Les femmes ont un teint blanc, de longues robes soyeuses aux couleurs tendres. Comme pour les hommes leur tête porte un joli chapeau agrémenté de longues plumes. Même les chevaux en ont ; ils sont aussi magnifiquement arnachés. Leur crinière et leur queue sont coiffées en de larges et longues chevelures ondulées touchant presque le sol. Couleurs tendres, or et traits délicats ruissèlent dans ces tableaux dans lesquels on ressent l'influence des débuts de la Renaissance et de la modernité d'une époque.

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Exposition. L’Epée : usages, mythes et symboles.

epee-cluny-300Photographie : Epée du sacre des rois de France, dite « Joyeuse » ou « Épée de Charlemagne », en or, pierres précieuses, perles de verre, argent doré, acier et velours brodé. L'ensemble fait 100,5 cm de long sur 22,6 cm.  Elle est conservée à Paris au département des Objets d’art du musée du Louvre. © Service presse Rmn-Grand Palais / Droits réservés. Ce joyau sera visible lors de l'exposition L'Epée : usages, mythes et symboles qui se déroulera du 27 avril au 26 septembre 2011 au musée national du Moyen Âge (musée de Cluny) à Paris. Il sera présenté parmi d'autres épées prestigieuses dont certaines sont des emblèmes nationaux.
Je suis un inconditionnel de la paix. Celle-ci ne peut être sans la justice. L'épée (avec la balance) en est un symbole. Elle l'est aussi dans certaines traditions de la sagesse (voir par exemple en Asie l'iconographie de Manjushri). C'est un emblème de pouvoir comme celle prénommée Excalibur de la légende arthurienne. De nombreuses épées sont associées à des pays telle l'épée dite de Charlemagne à la France. D'après Wikipedia le pommeau daterait de la fin de l'époque carolingienne (Xe siècle), les quillons ayant la forme d'un dragon composant la garde du XIIe siècle et la fusée (poignée) du XIIIe ou du XIVe siècle. La plaque du fourreau ornée de pierreries aurait été fabriquée au XIIIe siècle et le velours fleurdelisé du fourreau remonterai au sacre de Charles X (1825). Elle a le même nom que l'épée de Charlemagne (roi des Francs de 768 à 814) dont elle est peut-être issue avant les nombreux remaniements puisque seul le pommeau est de cette époque. Elle s'appelle 'Joyeuse' : « De l'ancien français Joiel: "joyeux/joyaux", fém. Joiele: "joyeuse", issu du francique Gawi: "joie". » Elle est associée au fameux cri « Montjoie ».
Photographie : 'Lancelot au pont de l’épée'. Détail du coffret : 'L’Assaut du château d’Amour et scènes de romans courtois'. Fabrication parisienne du premier tiers du XIVe siècle, en ivoire et cuivre doré. Ses dimensions sont : 9,7 x 25,7 x 16,7 cm. Il est conservé à Paris, au musée de Cluny - musée national du Moyen Âge. © Service presse Rmn - Grand Palais / Franck Raux.assautduchateaudamour300

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L'éclat de la renaissance italienne : Tissages d'après Raphaël, Giovanni da Udine, Jules Romain.

Photographie : Tenture du 'Triomphe des dieux', d’après Giovanni da Udine, intitulée 'Le triomphe de Minerve', détail, Bruxelles, atelier de F. Geubels, tissage du 3e quart du XVI siècle, 5,03 x 5,65 m, Paris, Mobilier national.
Après la belle exposition sur les bronzes du garde-meuble impérial et royal de 1800 à 1870 (voir article ici), le Mobilier national nous offre un nouveau parcours très intéressant dans la Galerie des Gobelins  à partir d'aujourd'hui, 12 avril, intitulé 'L'éclat de la renaissance italienne : Tissages d'après Raphaël, Giovanni da Udine, Jules Romain', regroupant une vingtaine de tapisseries des XVI, XVII et XVIIIe siècles s'inspirant de modèles de trois grands artistes de la Renaissance italienne : Raphaël (1483 -1520), Giovanni da Udine (1487 – 1564) et Giulio Romano connu en France sous le nom de Jules Romain (1499 - 1546). Presque toutes les tapisseries proviennent de la collection du roi Louis XIV. Trois sont des acquisitions pour le Musée des Gobelins de la fin du XIXe siècle. Quelques tapis perses (dont un particulièrement beau) et des faïences de la Renaissance agrémentent cette exposition aux grandes et somptueuses tapisseries faites de fils de soie, de laine et d'or. A noter un majestueux Neptune du XVIe siècle, un « repas chez Syphax » (XVIIe siècle) avec une belle lumière, et surtout des tentures du XVIe siècle des 'Triomphes des dieux' d'une grande féérie. D'autres et nombreuses tapisseries sont martiales et souvent très viriles (dans l'acceptation antique de ce terme), certaines rappelant, comme une vanité, l'horreur et le triomphe amer de la guerre.

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Exposition. Nature et idéal : le paysage à Rome 1600–1650 Carrache, Poussin, Le Lorrain …

Lorrain Ostie300gdPhotographie 1 : Paysage avec l’embarquement de sainte Paule à Ostie de Claude Lorrain (vers 1600 – 1682). 1639-1640. Huile sur toile de 211 x 145 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado. © Museo Nacional del Prado.

Les Galeries nationales du Grand Palais à Paris présentent du 9 mars au 6 juin 2011 une exposition organisée par la Rmn (Réunion des musées nationaux), intitulée : Nature et idéal : le paysage à Rome 1600–1650 Carrache, Poussin, Le Lorrain …
La peinture de paysage est un art particulièrement florissant dans l'Europe du XVIIe siècle qui s'adonne à un  certain hédonisme pictural. Le foisonnement des natures mortes en est un autre exemple : bouquets de fleurs, paniers de fruits, tables approvisionnées etc. Certains artistes se spécialisent dans cette peinture où on cherche à figer l'émotion épicurienne de l'instant et des sens volatils. A cette époque des libertins, nombres de peintures et autres gravures représentent les cinq sens sous la forme de métaphores, avec par exemple une dame à sa table de toilette pour représenter la vue, un jardin pour l'odorat, une table achalandée pour le goût, des musiciens pour l'ouïe, un baiser pour le toucher.
Parfois le paysage est le sujet même de la peinture. Il peut être très humanisé comme dans L’embarquement de sainte Paule à Ostie (photographie 1) de Claude Lorrain (1600-1682) dominé par l'architecture. Ce qui surprend surtout c'est la lumière qui se dégage des paysages de cet artiste. Celle-ci en est le plus souvent le thème majeur, le personnage principal. Dans cette peinture les couleurs de l'arc-en-ciel se déploient de bas en haut dans la profondeur des formes pour se centraliser dans la lumière même du soleil d'où tout semble venir et aller.

Photographie 2 : Paysage avec les funérailles de Phocion de Nicolas Poussin (1594 – 1665). 1648. Huile sur toile. 117.5 x 178 cm. Collection particulière. © National Museum of Wales, Cardiff.

PoussinPhocion500Les personnages, même mythiques ou héroïques, peuvent ne devenir qu'une composante du paysage comme dans le tableau de Nicolas Poussin (1594-1665) représentant les funérailles de Phocion. Mais le lieu est ici très humanisé avec ses routes, sa ville, ses activités humaines, et la mort autre résultante de la vie qui bien que d'un grand personnage n'a que la faveur d'un premier plan parmi les multiples petites scènes actives ou immobiles qui forment l'harmonie du tableau à la manière de notes de musiques sur une portée, dans une manière particulière à Nicolas Poussin, dont on cherche dans la peinture vainement le secret de cette ordonnance à la manière qu'on le fait de celle de la vie. Le paysage c'est cela : le mystère de la création ou de la vie de l'homme dans son environnement. Ajoutons quelques mots sur Phocion (402 - 318 av. J.-C.). Plutarque  écrit qu'avant de boire la cigüe, celui-ci constate qu'un de ceux condamnés avec lui se lamente. « Et alors, dit le grand homme, tu n’es pas content de mourir avec Phocion ? » (voir ici la Vie de Phocion d'après Plutarque). Cette anecdote dénote un humour qui couronne sa sagesse. Malgré sa réputation d'homme vertueux, Cornélius Népos nous explique en 34 avant J.-C. : « La haine de la multitude contre lui fut si forte, qu’aucune personne libre n’osa lui rendre les derniers devoirs. Il fut donc enseveli par des esclaves. » (Wikisource). C'est cet épisode qui est décrit dans cette peinture de Nicolas Poussin, dans une atmosphère où, avec subtilité et sensibilité, est expliqué comment la mort, ou la vie, emporte même l'homme vertueux. Pourtant la vertu dans ce  dernier renoncement laisse une 'impression' qui est celle de ce tableau : un paysage où chaque chose et chaque être ont leur fonction dans l'instant. C'est peut-être cette compréhension qui est la vertu.

Dans la peinture suivante qui est aussi de Nicolas Poussin : Bacchanale à la joueuse de guitare, le paysage est en second plan, la scène bacchique étant le sujet principal. On note de façon plus explicite ce que j'ai dit sur l'harmonie propre à ce peintre, avec les personnages, les formes et les couleurs qui sont autant de notes picturales sur la portée musicale de ce tableau où la guitare accompagne les rythmes dionysiaques que le vin suscite.
poussinBacchanale500Photographie 3 : Bacchanale à la joueuse de guitare de Nicolas Poussin, datant de vers 1627-1630. Il s'agit d'une huile sur toile de121 x 175 cm conservée à Paris, au Département des Peintures du Musée du Louvre. © service presse Rmn-Grand Palais / Daniel Arnaudet.

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Exposition : France 1500, entre Moyen-âge et Renaissance.

Annonciation300Quand on évoque le rayonnement culturel français on pense rarement au Moyen-âge : une période pourtant faste où l'art français est une référence dans tout l'Occident (voir par exemple l'article Le bas Moyen-âge : Fin amor et Art français ou francigenum opus). L'exposition intitulée : France 1500, entre Moyen-âge et Renaissance, qui se déroule du 6 octobre 2010 au 10 janvier 2011 aux Galeries nationales du Grand Palais, s'intéresse à la période comprenant les règnes de Charles VIII (1483-1498) et de Louis XII (1498-1515), tous deux époux successifs d’Anne de Bretagne (1477-1514). Il s'agit d'une période charnière annonçant la Renaissance française du règne de François 1er (1494-1547) sacré roi le 25 janvier 1515.
Notre-Dame de Grace300Cette exposition s'ingénie à montrer le foisonnement culturel de cette période au grand nombre d'artistes, de commanditaires et de centres culturels répandus dans tout le pays ; avec quelques foyers significatifs mis en lumière « tels le Val de Loire, où séjournent les souverains, le Bourbonnais, stimulé par de grands princes, la Normandie, la Champagne, le Languedoc ... où commandes individuelles et collectives suscitent la création.  » Cette effervescence est présente durant tout le Moyen-âge en France et rayonne dans une Europe ayant ses propres foyers d'intelligence (voir les expositions actuellement à Paris : L'art en Slovaquie à la fin du Moyen Âge et Trésor des Médicis).
C'est la période du bouleversement artistique et culturel qu'apporte la récente invention de l'imprimerie permettant une diffusion plus large de livres et d'images et d'une culture faisant se côtoyer l’ornementation moderne (à la Renaissance appelée péjorativement gothique) et les modèles de l’Antiquité romaine (au sujet du gothique voir l'article Les modes gothiques et le style troubadour du XIXe siècle).
Narcisse300Photographie 1 : L’Annonciation, huile sur bois de 72 x 50 cm, de Jean Hey, datée de vers 1490-1495. The Art Institute of Chicago, Mr. And Mrs. Matin A. Ryerson Collection, 1933.1062. © photography The Art Institute of Chicago 2010. Un des attraits de cette peinture est la beauté et la fraîcheur des couleurs employées et de leur agencement particulièrement harmonieux : orange et vert, rouge et bleu. L'exécution est très fine, notamment dans les visages.
Photographie 2 : Notre-Dame de Grâce, statue de calcaire polychromé (112 x 75 x 38 cm ) de vers 1470, conservé à Toulouse au Musée des Augustins. © Toulouse, Musée des Augustins / Photo de Daniel Martin. Les 'Vierges à l'enfant' sont un thème important de l'iconographie médiévale (voir l'article intitulé Les Vierges à l'enfant médiévales). Celle-ci a une grâce et une noblesse particulières dans les traits de son visage, l'originalité de sa position peut-être due au fait qu'à l'origine elle est intégrée à un ensemble, la beauté des tissus et le choix des couleurs : or, azur et blanc qui sont celles de la royauté.
Saint Gilles et la biche300Photographie 3 : Narcisse à la fontaine, tapisserie de laine et soie, de 282 x 311 cm, d’après le Maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne, de vers 1500. Museum of Fine Arts, Boston. Charles Potter Kling Fund. © Museum of Fine Arts, Boston. Cette tapisserie aux mille fleurs représente Narcisse contemplant son portrait dans l'eau, et ne pouvant se détacher de cette vision. La fontaine est un lieu important au Moyen-âge. Saint Gilles et la biche3detailaa300Elle est souvent associée aux plaisirs. Le personnage a des cheveux blonds, mi-longs, avec sur la tête une aigrette tricolore à trois plumes. Il porte un manteau court bleu tenu par une fibule, un haut cousu de fils d'or, un collant rouge et des jarretières.
Photographies 4, 5 et 7 : Saint Gilles et la biche, huile sur bois (de 61,6 x 46,4 cm) du Maître de Saint-Gilles, de vers 1500, acquise en 1894 par The National Gallery de Londres. © The National Gallery, Londres, Dist. Service presse Rmn / National Gallery. Photographic Department. Cette peinture représente une biche poursuivie par des chasseurs venant se réfugier dans le giron de Saint Gilles l'Ermite (VIIe siècle). Il est à noter les habits des protagonistes. Les chapeaux plats sont à la mode à cette période (voir aussi la photographie suivante du portrait présumé de Charles VIII) de même que les chaussures rondes et courtes (à l'opposé des poulaines du XIVe siècle). On continue à porter des drapés à l'antique. Le personnage au premier plan à gauche porte un himation à la manière grecque ou romaine. Les vêtements des autres protagonistes présentent une diversité de coupes, tissus, couleurs, motifs. On y retrouve les cinq archétypes du costume (voir Wikipedia) : drapé, enfilé, cousu et fermé, cousu et ouvert, fourreau. On ne contemple plus aujourd'hui une telle diversité dans la mode de tous les jours. Le Moyen-âge est très riche dans de nombreux domaines et notamment dans celui de la mode, particulièrement à cette époque. On peut aussi reconnaître chacune des plantes se trouvant au premier plan. Trois iris bleus sont aux pieds de la biche ; et de gauche à droite : mauve, véronique, plantain, chélidoine, fraisier, molène bouillon blanc et ronce ou églantier au centre.
Portrait dhomme300 Photographie 7 : Portait d'homme (Portrait présumé de Charles VIII) de Jean Perréal , daté de 1490-1495. Il s'agit d'une tempera sur bois de 23 x 14,5 cm, insérée dans la couverture d'un livre d'heures. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits. © BnF. Au Moyen-âge les portraits représentent les visages en accentuant leurs caractéristiques, contrairement aux périodes antique, moderne et surtout contemporaine qui cherchent plutôt à les gommer pour s'intégrer dans un certain canon de beauté. La période médiévale ne suit pas la même optique esthétique. Alors que les drapés et les tissus sont lisses et satinés, les visages sont représentés dans la réalité de la chair, dans toute leur complexion dont le réel même en fait la valeur et sa vérité la beauté.
Ouverture de l'exposition tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h, avec nocturne le mercredi jusqu’à 22h. Fermé le 25 décembre. Prix d’entrée : 11 €, TR 8 € (13-25 ans, familles nombreuses), gratuité pour les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires du RSA.


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Trésor des Médicis : suite.

3GraceRubensL'Exposition : Trésor des Médicis est un joli exercice de style, passionnant. On entre dans un univers de merveilles et de bon goût, à la pointe de la modernité d'une période, celui d'une famille richissime qui consacre une grande partie de son argent à la curiosité artistique et au mécénat, à un moment charnière de l'histoire de l'art occidental : la Renaissance, qui s'ouvre sur le monde entier et redécouvre l'humanisme et les règnes anciens, et avec eux la modernité et les âges futurs. On y rencontre quantité de différents objets d'art de tous les continents et époques : depuis le vase céladon ; jusqu'à l'orateur en bronze antique (IIe-Ier siècle av. J.-C.) ; violoncelleen passant par un masque mexicain (culture Teotihuacan de vers 250-600) en jade ; un pendentif à la sirène du XVIe siècle en or, émaux, diamants, rubis et perles ; une grande toile de 1654 avec un portrait de Côme III de Médicis jeune dans une tenue à la mode du temps avec des rubans à toutes les articulations ; avec du Fra Angelico, du Botticelli, du Raphael, du Michel Ange, du Rubens … tout cela présenté dans une certaine intimité de mise en scène ; et surtout dans l'unité de ton que représente le goût de cette famille pour la beauté, la richesse et l'humanisme. Pour ceux qui ne connaissent pas bien cette période, peut-être le mieux est-il de se préparer avant d'aller voir cette exposition en s'intéressant préalablement aux oeuvres exposées … car l'art c'est aussi savoir … et dans le savoir, la simple émotion n'est pas tout.
Dans de tels moments, c'est un bonheur d'être à Paris, et de parcourir la rue de Grenelle !

Photographie 1 : Pierre Paul Rubens. Les trois Grâces, 1627-1628. Huile en grisaille sur panneau, 47,5 x 35 cm. Florence, Palazzo Pitti, Galleria Palatina. Inv. 1890 n. 1165 . Photo: Archivio fotografico della soprintendenza di Firenze.
Photographie 2 : Niccolo Amati (Maître de Stradivarius et de Guarneri del Gesu). Violoncelle, c. 1650. Bois de sapinette et d’érable. Longueur totale 122 cm. Florence, Galleria dell’Accademia, dipartimento degli strumenti musicali - Collezione del Conservatorio «Luigi Cherubini» Inv. Cherubini n. 1988/33 Photo: Archivio fotografico della soprintendenza di Firenze.

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Exposition : Trésor des Médicis.

Agnolo BRONZINO300Photographie : « Agnolo Bronzino. Portait d’Eléonore de Tolède, 1543. Huile sur bois, 59 x 46 cm. Prague, Narodni Galerie v Praze, inv. 011971. Photo : XIR176269 / Narodni Galerie, Prague, Czech Republic/ Giraudon/ The Bridgeman Art Library Nationality / copyright status : Italian / out of copyright. »
Du 29 septembre au  31 janvier 2010, le Musée Maillol (Fondation Dina Vierny), à Paris, propose une exposition intitulée Trésor des Médicis, avec 160 oeuvres et objets des collections appartenant à divers personnages de la famille Médicis et témoignant du goût de ces mécènes pour les arts et la modernité. Voici un passage du dossier de presse de l'exposition, écrit par Emmanuel Daydé (conseiller artistique) : « Hommes [sans doute faudrait-il y ajouter les femmes comme Marie de Médicis] de pouvoir et d’argent, les Médicis ne sont pas seulement des apothicaires florentins enrichis par le commerce et devenus banquiers de l’Europe, avant d’en être les princes. Habiles politiques, ces hommes d’affaires sont avant tout des humanistes fervents. Leur mécénat éclairé révèle une culture aussi profonde qu’étendue du XVe au XVIIIe siècle. Le clan familial, presque toujours uni - qu’il soit au pouvoir ou qu’il en soit chassé -, n’a cessé de s’entourer d’artistes, de peintres, de sculpteurs, d’orfèvres, de musiciens, de poètes et de savants, qu’il protège plus qu’il ne commandite. Désirant remodeler la vie par l’esthétique et la science, la prestigieuse famille florentine n’a pas exactement lancé le mouvement de mécénat fastueux qui saisit Florence à la Renaissance. Mais elle a favorisé l’avant-garde comme personne avant elle, faisant de l’art un extraordinaire instrument de pouvoir, établissant à jamais la figure de mécène magnifique. Partout où les Médicis se sont imposés, ils ont régné davantage par la splendeur de leur goût que par la puissance de leur banque. Sandro BOTTICELLI300Inventeurs au sens archéologique du terme, les Médicis ont « inventé » l’art occidental moderne, en encourageant l’art de la perspective de Fra Angelico et l’humanisme de Botticelli, en donnant ses lettres de noblesse à la littérature en langue italienne, en soutenant le premier classicisme de Michel-Ange et de Raphaël, en déployant le maniérisme florentin de Bronzino, en portant les arts mineurs à leur apothéose, en étant toujours à la pointe des nouvelles découvertes géographiques et scientifiques, en créant les premiers opéras de l’histoire avec les deux Euridice de Peri et de Caccini, ou encore en finançant les découvertes astronomiques de Galilée. Retrouver l’harmonie du monde en feignant d’en être l’organisateur : telle a été l’ambition démesurée des Médicis. »

Photographie : « Sandro Botticelli. Adoration des Mages, 1475-1476. Détrempe sur bois, 111 x 134 cm. Florence, Galleria degli Uffizi. Inv. 1890 n. 882. Photo : Archivio fotografico della soprintendenza di Firenze. »

Musée Maillol : 61 rue de Grenelle, 75007 Paris. Horaires d'ouverture de 10h30 à 19h00. Fermé le mard. Nocturne le vendredi jusqu'à 21h30.Prix d'entrée : 11 €. Tarifs réduits : 9 € (adhérents de la maison des artistes, demandeurs d'emplois munis d'une attestation de moins de 2 mois, familles nombreuses, invalidités, jeunes de 11 à 25 ans, bénéficiaires du RSA, professeurs d'art).

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Exposition : Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle.

RubensPoussin300Nicolas Poussin est un de mes peintres préférés. Son oeuvre témoigne d'une connaissance approfondie de la mesure et de l'harmonie. rubens le bain de diane300clairL'exposition intitulée Nicolas Poussin (1594-1665) qui a eu lieu dans les galeries nationales du Grand Palais à Paris du 1er octobre 1994 au 2 janvier 1995 fut pour moi une véritable révélation. Celle-ci réunissait les principaux tableaux et les plus beaux dessins de l'artiste. J'ai découvert un art véritablement humaniste, possédant la connaissance de l'être et de la sagesse qui le fait vivre dans son environnement social, s'inscrivant dans une profonde tendresse au delà des passions : une paix qui est aussi savoir. Formes, couleurs, sujets, drapés, thèmes, gestes, dispositions … tout concourt dans cette peinture à désigner l'harmonie, à dévoiler le nombre, sa structure, sans pour autant que l'on puisse la saisir totalement, tel un bain pour l'oeil dans un océan de plaisir paisible, comme la vie elle-même qui à chaque moment semble nous 'dire', sans que l'on puisse l'appréhender totalement bien que nous y baignant entièrement. Au XVIIe siècle, cette peinture sert d'exemple et de référence au classicisme français naissant, style qui dans tous les arts insuffle un vent d'excellence.
L'exposition intitulée Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle, qui a lieu du 24 septembre 2010 au 24 janv. 2011 au Musée Jacquemart-André (voir informations pratiques en fin d'article), dessine cette évolution de la peinture en France. Ce siècle est d'abord influencé par l'exemple baroque flamand dont Peter Paul Rubens (1577-1640) est la figure de proue. Souhaitant affirmer sa primauté dans tous les domaines, la France cherche alors un artiste phare en peinture. Elle le trouve en Nicolas Poussin, français exilé en Italie, baigné dans l'antique romanité et entouré de ses amis humanistes. Bien que ce peintre fuit Paris et la France, celle-ci reconnaît en son oeuvre tout ce dont elle a besoin. poussin coriolan vaincu par sa femme300L'exposition du  Musée Jacquemart-André cherche à dessiner cette évolution de la peinture du XVIIe siècle qui en son début est marquée par le courant flamand. Elle commence par mettre en parallèle des peintures de grands artistes présents sur la scène artistique française tels Rubens, Pourbus, van Thulden... et celles d'artistes français tels les frères Le Nain ou Lubin Baugin influencés par cette école baroque flamande. Sont ensuite exposés des tableaux à l'origine de la peinture classique française du XVIIe avec son inspirateur Nicolas Poussin et ses suiveurs : Laurent de La Hyre, Eustache Le Sueur ou Charles Le Brun qui développent de nouveaux modèles picturaux adoptés ensuite par des artistes flamands tels que Bertholet Flémal ou Gérard de Lairesse ... L'exposition évoque ces relations croisées entre ces deux grands mouvements artistiques du XVIIe siècle en rassemblant une soixantaine de tableaux issus de grandes collections privées et de collections publiques européennes (Musées des Beaux-arts de Lille, Nantes, Rennes, Oxford, Liège...).
Photographie 1 : Le Bain de Diane de Pierre-Paul Rubens (1577-1640). 1635-1640, huile sur toile, 152,5 x 120 cm. Museum Boijmans van Beuningen, Rotterdam. © Loan Netherlands Institute for Cultural Heritage (ICN), Rijswijk/Amsterdam, on loan to Museum Boijmans Van lafetedevenusBeuningen, Rotterdam. Diane (Artémis en grec) est une déesse antique. Il est préférable de la voir prendre son bain en peinture qu'en vrai : elle change en cerf Actéon, un chasseur qui la surprend dans cette situation, et lance après lui ses chiens qui le dévorent.
Photographie 2 : Coriolan de Nicolas Poussin (1594-1665). Vers 1653, huile sur toile, 112 x 199 cm. Musée municipal Nicolas Poussin, Les Andelys. © RMN / Christian Jean – Photo de presse. Coriolon (Caius Marcius Coriolanus) est un héros romain du Ve siècle avant J.-C. La peinture représente celui-ci face à sa mère et sa femme qui le supplient de se retirer de Rome qu'il vient de conquérir après son exil ; ce qu'il fait. C'est une allégorie de la force. Ici le vainqueur de Rome bat en retraite devant deux proches n'ayant pour arme que l'amour familial.
Photographie 3 : La Fête de Vénus de Gérard de Lairesse (1640-1711). Vers 1667-1670 , huile sur toile, 143 x 191,5 cm , Collection Albert Vandervelden, Liège , © Hugo Maertens .
Exposition Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle, du 24 sept. 2010 au 24 janv. 2011 au Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris (tél. : 01 45 62 11 59). Ce musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h. Nocturne tous les lundis jusqu’à 21h30. Tarif plein :10 €, tarif réduit : 8,5 € (étudiants, enfants de 7 à 17 ans, demandeurs d'emploi).

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L’heure, le feu, la lumière  : Bronzes du Garde-Meuble impérial et royal de 1800 à 1870. Exposition à la Galerie des Gobelins.

CandelabreLouisDuguersdeMontrosierdetailC'est dans un lieu où se télescopent les temps que cette exposition se déroule : dans le site de la manufacture des Gobelins créée en 1601… avec des objets du XIXe, en bronze recouvert d'or, à l'image de cette époque des débuts de la grande industrialisation et de ses manufactures massives   noires de suie mais enveloppées par le désir ; représentant un siècle qui crée la mécanique du temps qui sera celle du XXe siècle toujours pressé et courant d'un lieu de plus en plus éloigné à un autre ; et prolongeant les sciences des Lumières du XVIIIe par des flambeaux, lumière qui à la fin du XIXe devient électrique. Un parcours d'un autre temps qui a forgé pourtant notre modernité, plein de renvois antiques, de références à notre histoire aussi par quelques tapisseries, et à notre civilisation, avant que le mouvement soit géré par l'atome. Au sortir de cette exposition on retrouve une rue où les voitures passent à toute allure, où les gens courent d'un lieu à un autre … dans un temps toujours plus accéléré.

Cette 'démonstration' a lieu du 21 septembre 2010 au 27 février 2011 à la Galerie des Gobelins au 42 avenue des Gobelins à Paris dans le treizième arrondissement (tél. : 01 44 08 53 49). C'est une occasion de contempler un exemple de ce que conservent les réserves du Mobilier national et du travail et de la qualité de cette conservation. Ici il s'agit de magnifiques bronzes dorés du Garde-Meuble impérial et royal de 1800 à 1870. La plupart de ces objets semblent réellement neufs. Pourtant ils sont d'époque.  HistoireMusiqueLa grande majorité sont des pendules et des objets de lumière, d'où le titre. Voici quelques passages du dossier de presse : « Le Mobilier national a hérité du Garde-Meuble impérial et royal une riche collection de pendules et bronzes d’ameublement (lustres, candélabres, flambeaux, bras de lumière, feux, vases et objets de toilette...). Ces pièces qui, à l’origine, accompagnaient l’ameublement des palais impériaux et royaux, constituent une collection exceptionnelle. La plupart des oeuvres exposées n’ont jusqu’ici jamais été présentées à Paris et nombre d’entre elles le sont pour la première fois ... » « L’ensemble des pièces présentées illustre la richesse des créations des grands bronziers en vue, comme Thomire, Galle, Barbedienne ou Charpentier, qui signent les décors tandis que les horlogers les plus accomplis tels que Lepaute, Lépine, Le Roy, Bailly et Robin, s’ingénient à la mécanique des mouvements.  » « Le Mobilier national dispose d'un fonds d’environ neuf cents pendules, cartels ou régulateurs. Ce fonds, remarquable de qualité, s'est constitué notamment sous l'Empire, la Restauration, la monarchie de Juillet et le Second Empire. Pendant le XIXème siècle, le Garde-Meuble mène une politique d’achats soutenue faisant appel aux horlogers et aux bronziers les plus illustres pour remeubler les châteaux et palais, impériaux, royaux et nationaux. Cet enrichissement s’est poursuivi au XXème siècle par des acquisitions mais surtout par des versements, souvent précieux, de ministères, tout particulièrement ceux de la Guerre et des Finances. La grande majorité de ces pendules est installée dans les lieux officiels dont le Mobilier national assure l’ameublement. Elles peuvent aussi compléter des reconstitutions historiques à la demande de musées nationaux ... »
papillonPhotographie 1 : Détail d'un grand candélabre provenant d'une paire de Louis Duguers de Montrosier du début du XIXe siècle en bronze doré et marbre vert de mer . Dimensions : H. 109 cm ; L. 42 cm ; Pr. 30 cm. Paris, Mobilier national. Envoyés au palais de l’Élysée en 1820, ces candélabres ornèrent notamment la chambre à coucher de la duchesse de Berry. Le travail est fin et les références antiques et bachiques : bacchantes, satyres, pampre, sirènes, palmettes, griffons … Détail de la photographie © Isabelle Bideau.
Photographie 2 : Feu à galerie L’Histoire et la Musique de 1839 en bronze doré et fonte d’acier . Dimensions : 47 cm ; L. 170 cm ; Pr. 19 cm. Paris, Mobilier national. Bronze signé: « Vallet – Cornier ». « Cette galerie fut acquise par le roi pour le palais de Saint-Cloud à l'Exposition des produits de l'industrie de 1839. » Détail de la photographie © Isabelle Bideau .
Photographie 3 : Image prise durant l'exposition.
Photographie 4 : La toilette de Psyché. Bronze doré et marbre vert de mer de vers 1805. Dimensions : H. 46,5 cm ; L. 42,5 cm ; Pr. 13,5 cm. Paris, Mobilier national. Cet objet ornait le boudoir de l’appartement de l’Impératrice à Saint-Cloud. Photographie © Isabelle Bideau retravaillée.ToilettedePsyche

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Exposition : L'art en Slovaquie à la fin du Moyen Âge

OstensoirLe Musée de Cluny (Musée national du Moyen Âge ) à Paris, présente du 16 septembre 2010 au 10 janvier 2011 une exposition intitulée D'or et de feu  : L'art en Slovaquie à la fin du Moyen Âge, avec une soixantaine de sculptures, peintures, enluminures et objets d’orfèvrerie permettant de découvrir l’un des grands centres artistiques européens de la fin du Moyen Âge (vers 1500). Les prêts ont été consentis par des musées et, pour la première fois et à titre exceptionnel, par des édifices religieux slovaques. Le Musée de Cluny (6 place Paul Painlevé dans le 5ème arrondissement de Paris) ce sont aussi des collections permanentes  avec des pièces  exceptionnelles dont les tapisseries de la dame à la licorne. Tarifs de l'exposition (incluant les collections permanentes) : plein tarif à 8,50 €, tarif réduit à 6,50 €, gratuit pour les moins de 26 ans et le musée de Cluny est gratuit pour tous le premier dimanche du mois.
Photographie 1 : Ostensoir de l’église Saint-Martin de Bratislava . Vers 1440-1450, Bratislava (?). Argent, doré, repoussé, fondu, gravé. 106 x 36 cm. © Bratislava, cathédrale Saint-Martin. « L’ostensoir, qui est de taille relativement grande, possède un large pied à huit lobes, un imposant nœud en forme de chapiteau et une gloire aux dimensions généreuses. Au milieu se trouve la lunule circulaire, destinée à accueillir l’hostie et présentée par deux anges. Elle est flanquée de deux baldaquins installés en diagonale, maintenus par une architecture de contreforts et couronnés par une tour à deux étages, ce qui fait apparaître l’ostensoir comme étant une variante plus récente de celui de Sedlec enBohème (Fritz 1982, 261). Par ailleurs, l’œuvre de Bratislava est caractérisée par une véritable forêt de socles et de piliers installés en diagonale et constituant – au-dessus de la plinthe alternant saillies et creux – une gloire aussi animée que monumentale.  Les représentations gravées sur le pied et les figures s’intégrant dans l’architecture constituent un programme iconographique complexe : placées sous les baldaquins latéraux, les figures de la Vierge et de l’archange Gabriel représentent l’Annonciation, événement marquant le début de l’histoire du salut en Jésus-Christ. Selon une typologie biblique puisant dans l’Ancien Testament, la Vierge et l’archange Gabriel sont accompagnés de deux figures de prophètes apparaissant sur les faces extérieures des contreforts latéraux et dont une seule a été conservée. Si l’Annonciation matérialise l’incarnation du Fils de Dieu, le Vir dolorum, installé dans la construction formée par les tours au sommet de l’ostensoir, illustre son acte de rédemption. Au centre, la lunule tenue par deux petits anges et munie d’un support en forme de demi-lune destiné à accueillir l’hostie consacrée, est présentée par deux autres petites figures d’anges, situées en dessous. Chacun des lobes du pied est divisé en deux moitiés accueillant des représentations gravées. Leurs axes de symétrie se prolongent dans les crêtes de la tige. Deux surfaces de dimensions égales sont ainsi créées, si l’on ne tient pas compte de la taille des lobes, plus ou moins grands. Sur la face antérieure, elles représentent la Cène, la Vierge à l’Enfant et un ange jouant de la viole de gambe, ainsi que la porte à trois donjons figurant sur le blason de Bratislava et à laquelle s’ajoutent deux anges musiciens. Le cycle de la passion est introduit par la Cène et se poursuit avec la représentation du baiser de Judas, suivie par le Christ devant Pilate et –au-dessus– le Christ raillé, le portement de la Croix, la descente de la Croix et la Résurrection. A l’intérieur des angles restants, dans la partie supérieure de la surface, apparaissent de petits anges dont certains jouent de la musique. En présentant des objets symboliques, d’autres font référence à des événements qui, en raison du choix des scènes, spécifique mais réduit, n’ont pas été représentés. Ainsi, dans la représentation du baiser de Judas, un calice rappelle la nuit précédente au Mont des Oliviers. Au-dessus de la scène du Christ devant Pilate, dans une sorte de demi-registre, figure celle du Christ raillé, lui-même surmonté d’un ange tenant une petite croix, laquelle renvoie à la Crucifixion. L’ange qui assiste à la descente de la Croix tient un voile qui, quant à lui, préfigure la mise au tombeau. Un programme iconographique complexe s’étend ainsi sur un espace très  réduit. La réunion de la Résurrection et de la Cène sur la face avant de l’ostensoir, et, qui plus est, sur un même lobe, souligne l’aspect eucharistique et renvoie ainsi clairement à l’utilisation liturgique de l’objet : l’exposition du corps consacré du Christ. Comme donateur de l’ostensoir on pourrait, dans un premier temps, envisager la confrérie de la Fête-Dieu, une hypothèse que les sources n’attestent néanmoins pas (cf. Hlavačková 2001, 93). La représentation de la porte à trois donjons, telle qu’elle apparaît sur le blason de la ville  conféré en 1436 par l’empereur Sigismond, pourrait indiquer que la donation provient de l’entourage  du Conseil ou, du moins, qu’elle a été organisée par lui. La donation par Katharina Pokfuß, en  1439, de sept marcs d’argent pour la fabrication d’un ostensoir, mais aussi les 30 florins que le  magistrat alloua à cet effet pourraient avoir été utilisés ici. Ainsi, l’ostensoir donne une idée  des ressources de la bourgeoisie, dont la situation économique se vit consolidée par le soutien de  l’Empereur Sigismond –en 1430, la ville obtint le droit de frapper la monnaie. Il témoigne  également d’une confiance en soi accrue, laquelle se manifesta par ailleurs dans l’agrandissement  de l’église prévôtale entrepris au milieu du XVe siècle.  L’aspect hétérogène du style de l’ostensoir est, lui aussi, un argument permettant de situer à  cette époque l’exécution de l’objet. Si les figures en ronde-bosse de la gloire restent encore  fidèles  au  gothique  international  des  années  1400,  les  vêtements  aux  tissus  abondants  des  personnages gravés sur le pied présentent déjà, outre les plis parallèles caractérisant la peinture  viennoise jusque dans les années 1430, des drapés fragmentés à la manière d’un cristal. L’œuvre,  partant, vit même probablement le jour avant le milieu du XVe siècle. » Texte d'Evelin Wetter provenant du dossier de presse.
ViergedAnnonciationPhotographie 2 : Vierge d’Annonciation (Maria Annunziata). Vers 1480-1490, Bratislava et Vienne, bois de tilleul, polychromie, hauteur : 148,5 cm. Veľký Biel, Sainte-Croix (en dépôt à la Slovenská Národná Galéria de Bratislava). © Galerie nationale slovaque. « A l’origine, cette statue de la Vierge était le pendant d’une statue de l’archange Gabriel, avec laquelle elle formait un groupe d’Annonciation. Selon plusieurs sources, celui-ci faisait vraisemblablement partie du décor intérieur de l’église prévôtale Saint-Martin de Bratislava, peut- être même du retable de l’autel principal (une scène d’Annonciation se trouvait à l’origine sur le volet gauche du retable), dans la caisse centrale duquel se trouvait le relief de la Nativité ; il est cependant douteux que cette statue, avec un profil aussi profond (jusqu’à 55 cm), ait pu faire partie d’un retable d’autel à volets et n’ait pas été à l’origine installée sur une console – on peut notamment voir sur les piliers de la nef des sculptures proches de celles qui se trouvent dans la Burgkapelle (chapelle du château) ou dans la cathédrale Saint-Etienne de Vienne. A la fin du XVe siècle, on peut observer à Bratislava une forte influence de la production artistique viennoise sur divers cercles artistiques, dans le domaine des manuscrits enluminés et des peintures aussi bien que des sculptures de retable. A Vienne dominaient les œuvres d’une qualité exceptionnelle du cercle de Nikolaus Gerhaert de Leyde et Hans Kamensetzer, Frédéric III avait deux engagés artistes en de Europe la région centrale. Du du Haut-Rhin fait des (Strasbourg) analogies très que l’empereur étroites qu’elles présentent avec la statue de la Vierge,on peut considérer comme provenant de ce même cercle, outre les sculptures du cycle de la chapelle du château ou celles de la cathédrale Saint-Etienne de Vienne, la statue de la Vierge trônant du Niederösterreichisches Museum de St. Pölten. En 2004- 2005, Schultes a tenté de réviser ce contexte stylistique en proposant prudemment d’attribuer directement à Kamensetzer la statue de la Vierge ainsi que le relief de la Nativité. Par ailleurs, on peut constater l’influence des artistes de Rhénanie dans plusieurs régions de l’Europe centrale, et parmi elles la Slovaquie orientale, à travers les sculptures du retable principal de la cathédrale Sainte-Elisabeth de Košice ; à ce même cercle appartient également le plat avec la tête de saint Jean Baptiste de Tajov. La Vierge conservée à Bratislava en est un témoignage, stylisé et monumental, à la beauté presque séculière – à la façon d’une bourgeoise de la fin du Moyen Age. Son visage est pratiquement une copie de celui de la Vierge du relief de la cathédrale Saint- Martin, mais avec un accent émotionnel différent. Le drapé, y compris celui du châle en travers de la poitrine, contribue à donner un dynamisme inhabituel pour une statue agenouillée. Les sources stylistiques de plusieurs éléments de ce drapé peuvent être trouvées dans la riche production graphique de l’Allemagne du Sud – dans les gravures sur cuivre du Maître ES ou de Martin Schongauer. » Texte de Dušan Buran provenant du dossier de presse.
CalicedupPrevotPhotographie 3 : Calice du prévôt et archevêque Martinus Pethe. Haute-Hongrie, 1er quart du XVIe siècle ; argent, doré, repoussé, fondu, gravé et ciselé, émail, garniture de perles et de pierres précieuses ; hauteur 27 cm ; Armoiries de Martin Pethe sur l’un des champs du pied, apposé ultérieurement : M[artinus] P[ethe] / D[e] H[etesi] / AR[chiepiscopus] CO[locensis]. Spišské Podhradie – Spišská Kapitula, trésor de la cathédrale Saint-Martin. © Spišská Kapitula, cathédrale Saint-Martin. « Muni d’un pied à six lobes, d’une haute base à moulure concave, d’un nœud en forme de boule et d’une fausse-coupe s’étendant sur la quasi-moitié de la coupe, cet objet, de par ses proportions, correspond parfaitement à une production de calices qui semble caractéristique de la Haute-Hongrie. Les éléments de remplage fondus qui composent le nœud avec ses boutons de fleurs saillantes sont identiques à ceux du calice de Trenčianska Turná. En revanche, la structure du pied, pourvu de fil apposés, ainsi que les motifs des tiges le rattachent à un groupe dont deux calices sont conservés à Spišská Kapitula, d’autres à Esztergom et à Bratislava (Šourek 1938, 38 [E. Poche]). En outre, le décor de feuillage, découpé puis mis en forme par torsion et installé sur les lobes du pied et sur la fausse-coupe –ici, sur un fond émaillé en vert et bleu– l’a fait apparaître comme étant une œuvre de l’orfèvre Antonius, dont des documents attestent la présence à Košice entre 1493 et 1520. Un calice de conception semblable qui se trouvait dans l’église Sainte-Elisabeth, et qui est aujourd’hui perdu, lui a également été attribué (Mihalik 1898; Mihalik 1900, 127-128). En effet, les coupes des deux calices sont ornées d’une couronne de perles similaire, et le sertissage des pierres précieuses est exécuté de façon identique. Cependant, l’attribution à Antonius du calice de Košice reposant elle-même sur une preuve indirecte, ce rapprochement doit être considéré comme hypothétique. Quoi qu’il en soit, la densité de calices de ce type qui ont été conservés plaide en faveur d’une localisation de leur origine en Haute-Hongrie. Le blason du prévôt de Spiš Martin Pethe, décédé en 1605 et qui signe ici en qualité d’archevêque de Kalocsa, n’a été apposé qu’ultérieurement. En réalité, le testament de Ladislas Pethe, daté de 1617, mentionne des legs de Márton Pethe, argenteum, parmi lesquels deauratum. Diversis figure, rosis selon et toute apparence, margeritis ornatum l’objet cum en patina question : argentea, « Calicem deaurata 2» (Analecta Scepusii 1773–1778, t. 2, 1774, 290). Aussi le calice a-t-il pu être transféré d’un autre endroit vers cette église collégiale. » Texte d'Evelin Wetter provenant du dossier de presse.

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Exposition : Alexandre Cabanel, la tradition du beau.

Cabanel naissance de venus Orsay500Photographie 1 : Alexandre Cabanel, La Naissance de Vénus, huile sur toile, vers 1863, Paris, Musée d'Orsay, © RMN (Musée d'Orsay)/Hervé Lewandowsky.
Cabanel Albayde 300D'après la mythologie, Vénus (Aphrodite en grec) serait née à Chypre de l'écume des flots. Alexandre Cabanel (1823-1889) la représente ainsi naissante, entourée d'amours. Pas un brin de tissu n'entache ce tableau, pas une parure, si ce n'est celle toute académique de la mythologie. La même année, en 1863, Édouard Manet (1832-1883) présente Le Bain ou Le Déjeuner sur l'herbe qui est un clin d'oeil goguenard  lancé à cet académisme. Une femme du commun, entièrement dénudée, assise sur l'herbe, y est peinte entourée de deux hommes habillés. D'autres mouvements picturaux s'inventent alors en parallèle à l'académisme : le réalisme, l'impressionnisme, puis toujours dans la seconde moitié de ce siècle : le naturalisme, le pointillisme, et Vincent van Gogh ...   
Photographie 2 : Alors que dans La Naissance de Vénus, on retrouve une sensualité que l'on peut rapprocher de certaines oeuvres de peintres précédents, du XVIIIe siècle, cette seconde oeuvre par contre préfigure ce qui va suivre, c'est à dire l'art nouveau (né vers 1890), avec sa langueur géométrique et végétale. Du reste elle s'associe très bien à son cadre de style rocaille (début du XVIIIe siècle) qui puise aussi ses lignes dans la nature.
Ces deux exemples picturaux s'inscrivent dans une idée de la beauté ; alors que pour d'autres peintres de la même époque le beau est ailleurs, notamment dans la liberté … ce beau que de nombreux artistes du XXe siècle s'ingénieront à détruire. Le titre de l'exposition du musée Fabre de Montpellier (qui se déroule en ce moment et jusqu'au 5 décembre 2010) : Alexandre Cabanel, la tradition du beau, n'est donc pas anodin. La peinture d'Alexandre Cabanel représente certes l'académisme du milieu du XIXe siècle, mais s'inscrit aussi dans une tradition artistique qui innove, cherche et fait naître le beau : ici de l'écume des flots.

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Merveilleuses & merveilleux