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Fauteuil à coiffer du XVIIIe siècle

chaiseacoiffer3001Parmi les meubles de toilette il y en a un que je n'ai pas encore eu l'occasion de présenter dans ce blog : le fauteuil à coiffer. Il se caractérise par un haut de dossier incurvé afin de faciliter la coiffure notamment pendant la seconde toilette. La maison Damien Libert en propose un à la vente aux enchères dans son catalogue du 8 juin 2011 (cliquer sur la photographie de couverture à la fin de cet article pour le feuilleter) dont voici la description : « en acajou, très finement sculpté de feuilles d'eau et d'une bordure de godrons, la ceinture à piastres enfilés. Les supports d'accotoirs sont en colonnettes renflées torsadées, sur une base de feuillages et un rectangle de raccordement cannelé à rubans perlés. Pieds cannelés, raccord de ceinture à rosaces ovales. (Feuillures refaites et renforts d'angles). Estampille de Jacques TILLIARD, reçu Maître en 1752. Époque Louis XVI. HAUT.: 86 CM. - LARG.: 60 CM. - PROF.: 46 CM. » (description du catalogue) Photographie © Damien Libert.
chaiseacoifferdetail3001Un fauteuil cabriolet à coiffer en forme de coeur datant de vers 1750/60 est conservé au musée des Arts Décoratifs de Paris (voir ici). Voici son intéressante description provenant de la base de données iconographiques Joconde : « Fauteuil à coiffer avec dossier et siège en forme de coeur, manchettes sculptées de fleurettes, ceinture mouvementée, pieds cambrés. ; L'assise et le dossier de ce siège sont garnis d'un matériau exotique, la canne. Il s'agit de l'écorce du rotang, plante qui pousse dans les zones tropicales d'Orient, dépecée en petites bandes de différentes largeurs. Ces bandes sont passées dans les trous prévus sur le bâti du siège et s'entrecroisent pour former un fin treillis. Les Hollandais découvrirent cette technique en Indonésie au XVIIe et importèrent ce type de sièges. Après la guerre menée par Louis XIV contre la Hollande, l'usage de la canne va s'imposer chez les menuisiers parisiens. Plus élégante que la paille ou le jonc réservés aux sièges communs, la canne permettait d'obtenir des garnitures de sièges à la fois solides et légères, à un coût bien moindre que les garnitures de tissus ou de cuir. Par sa fraîcheur et sa légèreté, ce type de siège était particulièrement adapté aux climats tropicaux tels que celui des Indes orientales. En Europe, il va trouver de nouveaux usages dans le mobilier de la salle à manger et de la garde-robe (qui préfigure la salle de bain). Résistant à l'eau et aux tâches, son emploi fut particulièrement apprécié pour les sièges de toilette car son entretien était plus facile que celui des étoffes et des cuirs (seules les manchettes des accotoirs sont garnies de cuir pour des raisons de confort). Le fauteuil de toilette, utilisé principalement pour la coiffure, est caractérisé par son échancrure ménagée au haut du dossier qui rendait la mise en place des perruques plus aisée. Cette dépression du dossier est très habilement cachée sous la forme d'un coeur que l'on retrouve aussi sur l'assise. D'une contrainte d'utilisation, le menuisier a su tirer un motif original. (D'après Stuff of Dreams, 2002-2003 ) »

© Article LMcouv

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Objets de la toilette

boule à épongeDans l'article intitulé La Mode et l'Hygiène ..., je vous ai présenté une boule à savon en porcelaine blanche de Saint-Cloud. Il en existe en d'autres matières : comme en argent. La boule à éponge a la même forme mais est ajourée. Pierre Bergé & Associés en expose une dans le catalogue de la vente du 4 juin à Drouot Richelieu (photographie 1). Elle est « en argent entièrement repercée de rinceaux et feuillages. Base ronde à contours et moulures de doucine. Couvercle à armoiries comtales soutenues par des lévriers. PARIS, 1753. Maître-Orfèvre : Emmanuel-Louis CAUMARTIN, reçu Maître le 4 Août 1747. Poids : 190 g. D_8,7 cm. »flambeaux de toilette Il est nécessaire de rappeler qu'au XVIIIe siècle et avant on se lave avec des éponges utilisées pas seulement avec de l'eau et du savon mais aussi pour se nettoyer avec des vinaigres parfumés.
Les autres objets de cette vente qui ont attiré mon attention sont une paire de flambeaux de toilette en argent (
photographie 2) « à base triangulaire bordée d'une frise d'oves. Fût de forme balustre et moulures. Binets également ceinturés de moulures. STRASBOURG, 1720-1750. Maître-Orfèvre : Johan LUDWIG II IMLIN reçu Maître en 1719. Poids : 370g H_8,5 cm L_11 cm »  Ces flambeaux sont posés sur la table de toilette. Ils sont petits et maniables.
Les photographies et les descriptions entre guillemets proviennent du catalogue de cette vente.

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Maquillage

potapharmaciecreme200Photographie : Petit pot à pharmacie du XVIIIe siècle pouvant contenir des pommades et autres préparations cosmétiques. Ses bords saillants servent pour attacher le tissu ou la peau servant de couvercle. Il est en faïence avec un décor en bleu de lambrequins. Il fait à peu près 9 cm de large et de haut.

Lorsqu'on lit des livres du XVIIIe siècle sur la fabrication de produits de beauté, on y retrouve en grande majorité des substances naturelles. La plupart de ces recettes sont à redécouvrir ; évidemment pas les préparations que nous savons aujourd'hui toxiques du fait par exemple de leur teneur en plomb ; mais toutes les autres.

Comment se maquille-t-on avant le XIXe siècle ? On peut affirmer qu'on le fait beaucoup en rappelant la réponse datant je crois du XVIIIe d'un ambassadeur à qui on demande ce qu'il pense des femmes françaises et qui répond : « Je n'y connais rien en peinture ».

Le verbe 'maquiller' semble peu employé avant le XXe siècle. Il apparaîtrait vers 1840 comme synonyme de 'grimer' au théâtre puis ensuite dans l'acceptation de la définition actuelle. Avant le milieu du XIXe, on utilise le mot 'farder'. Le fard désigne toutes les compositions artificielles faisant paraître le teint et la peau plus beaux ; en particulier ce qui sert à les blanchir et masquer les imperfections. Le 'blanc' est depuis l'Antiquité le plus souvent à base de céruse et donc de plomb. L'autre teinte importante est le rouge qui donne de la fraîcheur au visage en rehaussant les joues. Ces deux couleurs se retrouvent chez les dames romaines comme chez les françaises du XVIIIe siècle.

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Commodes de rangement pour le linge au XVIIIe siècle.

semainiers300Photographies 1 et 2 (de gauche à droite) : « Semainier en merisier marqueté de filets d’amarante. Montants arrondis, pieds galbés. Époque Louis XV. H: 161; L: 54; P: 33 cm ». « Semainier en placage de bois de rose marqueté [...] ouvre à sept tiroirs en façade. [...] Plateau de marbre gris. Estampille de Hericourt. Époque Louis XVI. H: 155; L: 56,5; P: 40 cm. Nicolas HERICOURT (1729-1790). » Photographies et descriptions Aguttes.

Un des thèmes récurrents de ce blog est celui des objets liés à la toilette, des plus petits aux plus grands. Certains meubles font partie de ceux-ci. La Maison Aguttes en présente plusieurs cat pdf 15032010dans son catalogue de la vente du 15 mars 2010 à Lyon Brotteaux. Parmi eux, certains sont destinés au rangement. Si les plus anciens sont peut-être les coffres qui sont encore très utilisés au XVIIIe siècle, il y en a d'autres comme les commodes : avec les semainiers, chiffonniers, chiffonnières, pantalonnières, commodes chiffonnières ...

chiffonnierlouisXVI200Photographie 3 : «  Chiffonnier en acajou blond mouluré ouvrant à quatre tiroirs soulignés de laiton, pieds cannelés. Plateau de marbre blanc. Époque Louis XVI. H: 48; L: 49; P: 32 cm. Porte une marque au fer " BESCH DIT LE SUISSE. Ébeniste Rue de la Pecherie Maison Jardiny N°96 à LYON. Fait et raccommode toutes sortes de meubles en acajou et autres bois à juste prix ". » Photographie et description Aguttes.

Le chiffonnier est une commode comprenant plusieurs tiroirs, parfois de hauteurs inégales, pour ranger le linge. La chiffonnière est une commode légère avec souvent un plateau coulissant formant écritoire et un tiroir latéral appelé chétron. Certains modèles de ce petit meuble féminin seraient munis d’un écran coulissant que l’on peut dresser verticalement pour se protéger de la trop vive chaleur d’un foyer. La commode chiffonnière est une toute petite commode étroite à trois tiroirs. Le semainier compte six ou sept tiroirs superposés, un pour chaque jour de la semaine. La plupart de ces meubles sont des inventions du XVIIIe siècle.

pantalonnierelouisXVI300Photographie 4 : « Pantalonnière en noyer, ouvrant à onze tiroirs. Montants à pans. Pieds avant en gaine. Époque Louis XVI. H: 118; L: 131; P: 56 cm. » Photographie et description Aguttes.

Photographies 5, 6, 7, 8 et 9 de gauche à droite : « Commode légèrement galbée en placage de bois de satiné en réserve dans des encadrements de filets. Ouvre à trois tiroirs en façade, pieds galbés. Plateau de marbre gris Sainte-Anne. Époque Louis XV (restaurations au plateau). H: 90; L: 132; P: 65 cm ». « Commode galbée en placage de bois de rose en réserve dans des encadrements de placage d’amarante. Ouvre par deux tiroirs sans traverse. Elle repose sur des pieds cambrés terminés par des sabots de bronze. Ornementation de bronzes dorés tels que chutes, poignées de tirage et entrées de serrure. Dessus de marbre gris veiné blanc. Estampillée L.Boudin et P.A. Jacot et marque JME. Époque Louis XV. H: 85, L: 105, P: 53 cm. Léonard Boudin, (1735-1807), reçu maître en 1761. Pierre-Antoine Jacot, reçu maître en 1766 ». « Commode galbée en bois de rose marqueté en feuille dans des encadrements de placage d’acajou. Ouvre à cinq tiroirs sur trois rangs, repose sur de petits pieds galbés. Riche garniture de bronze: chutes poignées de tirage, entrées de serrure. Époque Louis XV. Plateau de marbre gris (accident au placage). H: 98; L: 133; P: 65 cm » « Commode sauteuse. En placage de bois de rose et amarante marqueté dans des encadrements. Ouvre par deux tiroirs séparés par une traverse. Montants à pans. Pieds galbés. Garniture de bronzes dorés et ciselés tels que des culs de lampe en forme de mascaron. Plateau de marbre blanc veiné gris. Époque Transition. H: 88; L: 100; P: 44 cm ». « Petite commode en bois de rose marqueté en feuille dans des encadrements de bois de violette soulignés de filets de bois teinté. Ouvre à trois tiroirs, montants à canaux et asperges en bronze, repose sur des pieds toupies. Plateau de marbre brêche. Époque Louis XVI. H: 87; L: 83; P: 48 cm ». Photographies et descriptions Aguttes.commodes650

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Chaussures cirées

lesdecroteursenboutiqueaaaa300.jpgLa première définition du 'cireur' trouvée dans une édition du Dictionnaire de l'Académie française date du XIXe siècle. Pourtant 'cire' et 'cirer des bottes' sont dans la première édition de 1694. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle on emploie le terme de 'décrotteur', chez qui on se rend pour se faire nettoyer ses chaussures de la boue et cirer avant d'aller chez une personne de bonne compagnie.

Photographie : Gravure d'époque Directoire ayant pour titre Les Décroteurs en Boutique. On distingue derrière la vitre l'enseigne du lieu : « Ici on décrotte à la cire luisante » ; sans doute un signe de modernité puisqu'on ne distingue comme clients de cet endroit que des incroyables et des merveilleuses caricaturés dans cette estampe. Les différentes étapes du cirage sont représentées avec : le brossage, la préparation de la cire avec de l'oeuf et son badigeonnage au pinceau sur les chaussures. Avoir des chaussures cirées est une nécessité pour qui a un rendez-vous avec une dame ; comme on le remarque sur la gravure où le premier incroyable lit un message sans doute galant ; le second parle avec une jeune femme ; et le troisième part avec une autre.

Les boutiques de décrotteurs semblent être une nouveauté de la fin du XVIIIe siècle ou du tout début du XIXe siècle ; car le passage sur ce sujet de Tableau de Paris (seconde photographie), dont la première édition date de 1781, ne mentionne pas de tels endroits. A des époques où les chevaux sont nombreux dans les rues de la capitale française, les lieux de promenades (les Champs-Élysées, Longchamp, les jardins …) souvent poussiéreux voir boueux lorsqu'il pleut …, prendre soin de ses chaussures est une nécessité de tous les instants. Un des plus farouches combats de l'homme sur cette terre est sans doute celui contre la poussière.

tableaudeparisd-crotteurs300.jpgPhotographie : Premières pages du passage sur les 'Décrotteurs' de Tableau de Paris (nouvelle édition, corrigée & augmentée, tome III, 1783. « Décrotteurs. On sait que Paris se nommait jadis Lutetia, Ville de boue ; mais on ne sait pas au juste à quelle époque l'industrie enfanta l'art du décrotteur, si nécessaire de nos jours dans cette sale & grande ville. On a beau marcher sur la pointe du pied, l'adresse & la vigilance ne garantissent point des éclaboussures. Souvent même le balai qui nettoie le pavé fait jaillir des mouches sur un bas blanc. L'utile décrotteur vous tend au coin de chaque rue une brosse officieuse, une main prompte ; il vous met en état de vous présenter chez les hommes en place & chez les Dames ; car on passera bien avec l'habit un peu râpé, le linge commun, le mince accommodage ; mais il ne faut pas arriver crotté, fût-on poète. C'est sur le Pont-Neuf qu'est la grande manufacture ; on y est mieux décrotté ; on y est plus à son aise, & les voitures qui défilent sans cesse, n'interrompent point l'ouvrage. La célérité, la propreté distinguent ces décrotteurs-là ; ils sont réputés maîtres ; ailleurs vous risquez de rencontrer un allerapied300.jpgapprenti ignare, à qui vous confiez votre jambe, & qui prenant le polissoir au-lieu de la vergette, étend sur un bas de soie blanc, une cire noire & gluante que la plus habile blanchisseuse ne pourra effacer. Quel désastre pour celui qui n'a que cette paire de bas de soie blancs, & qui est invité à dîner chez une Duchesse, pour lui lire ensuite une petite comédie ou un poème érotique. Auteurs qui craignez ce revers, ne vous adressez qu'aux maîtres-décrotteurs du Pont-Neuf. S'il pleut, ou si le soleil est ardent, on vous mettra un parasol en main, & vous conserverez votre frisure poudrée, agrément que vous préférez encore à la chaussure ... »

Photographie : Gravure d'époque (1804) de la série L'Élégance parisienne. Cette planche n°1 s'intitule : 'Le désagrément d'aller à pied'. On a attaché (des enfants sans doute) à un chien un petit fagot qui en passant devant de jeunes beaux les asperge de boue. Il est à remarquer le large chapeau de l'homme qui est très à la mode à Paris à une certaine période. L'Élégance parisienne est une suite de sept estampes publiées en 1804 qui dévoilent les infortunes de la mode, comme celle intitulée 'Le désagrément d’être joli garçon' où un petit maître du Premier Empire est représenté entre un policier qui l’attrape par son collet, et une femme qui le retient d’un côté tout en étant elle-même modérée par l’argent (sur sa traîne) de son petit mari.

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Pyxis

pyxisPhotographie de la galerie de Bernard Descheemaeker.

La pyxis, aussi appelée 'pyxide', est un objet particulièrement important dans la toilette médiévale. Son origine est antique. Il s'agit d'un petit vase rond généralement doté d'un couvercle, renfermant des baumes, huiles parfumées, bijoux ... Dans l'iconographie du Moyen-âge, cet objet est souvent associé à Marie-Madeleine, sans doute parce qu'il est le symbole des plaisirs assimilés au bain et à la toilette ; aussi parce que la sainte oint les pieds de Jésus-Christ avec un parfum de nard pur de grand prix.

La galerie de Bernard Descheemaeker en présente une qui est intéressante (photographie) pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce qu'elle date de vers 1220-1230, et qu'il s'agit d'un exemple de la production d'émail champlevé polychrome de Limoges (oeuvre de Limoges : opus lemovincense d'après Wikipedia) qui offre du milieu du XIIe siècle jusqu'à la première moitié du XIVe des exemples d'objets d'art particulièrement beaux voir sublimes. Celui-ci, de 7,2 cm de haut et 6,4 cm de diamètre, peut aussi être utilisé pour contenir les hosties de la messe. Il comporte sur les pourtours du couvercle comme du bassin des bustes d'anges représentés dans des médaillons. Le musée national du Moyen-âge de Cluny à Paris conserve et expose des émaux de Limoges dont des pyxides et des représentations de Sainte Marie-Madeleine portant un tel objet comme une statue en bois de la fin du XVe siècle ou une autre particulièrement belle, parfois présentée comme étant une sybille. Voici d'autres exemples trouvés sur le net du Moyen-âge : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 ; et des pyxides antiques : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10 - 11 - 12 - 13 - 14.

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Une invitation au rêve

chambre300bPhotographie provenant de www.interencheres.com.

L'art est aussi une invitation au rêve. Voici une chambre à coucher de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe qui en promet de beaux, si on apprécie les rêves baroques ! Elle provient de la vente aux enchères du 25 janvier à Rennes par Bretagne enchères dont le catalogue est disponible sur : www.interencheres.com.

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Camées

cameeCliquez sur la photographie pour accéder à la vidéo

La vidéo & l'image proviennent de : www.interencheres.tv

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Boîtes à mouches

boiteamouchestachetee300boite a mouches 300Pour faire suite à mon article précédent, voici deux boîtes à mouches mises en vente le lundi 21 décembre à Drouot Richelieu par Pierre Bergé & Associés. Le catalogue est consultable en cliquant ici. 

La première a un petit air léopard que nous avons rencontré chez de nombreux petits-maîtres : « BOÎTE à MOUCHE ovale en ivoire piqueté d'or dans des encadrements d'or à torsade sur fond amati. A l'intérieur deux compartiments dont l'un à couvercle en ivoire et or gravé de croisillons (petits fêles, miroir rapporté). PARIS 1783. Maître-Orfèvre : probablement Joseph-Antoine BLERZY. Un écrin d'époque en galuchat vert (petits accidents). Poids : 68,3 g. H_2,5 cm L_5,5 cm P_4,3 cm »

La seconde : «  EXCEPTIONNELLE BOÎTE à MOUCHES de forme rectangulaire en ors de couleur, émaillée jaune orangé à toutes faces. Tous les panneaux portent un fin décor d'arbres et herbes dans de riches encadrements de frises de feuilles de laurier ciselées et ponctuées de petites boules ou fleurettes d'émail orange. L'ensemble est souligné de filets d'émail blanc. Elle découvre à l'intérieur un compartiment répétant le décor émaillé de la boîte, un miroir (choc) et un pinceau monté en or (infimes chocs). PARIS 1777. Maître-Orfèvre : poinçon difficile à lire. Poids total : 121 g. H_2 cm L_5,1 cm P_3,9 cm »

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Barbière

Dans l'article du 11 septembre 2008 intitulé La toilette masculine : l'art du rasage, il est un peu question de la barbière. Si le meuble de toilette le plus courant pour les femmes comme pour les hommes est au XVIIIe siècle la table de toilette, les galants utilisent aussi parfois une barbière. Elle est généralement faite pour se raser debout, haute et étroite, et comprend au moins un plateau (fréquemment avec du marbre), quelques tiroirs (pas tout le temps comme pour l'objet de la photographie), ainsi qu'un miroir souvent amovible. Rare au siècle des lumières, ce meuble est fréquent par la suite. Certains ressemblent à de hautes et étroites tables de toilette pour homme avec un aspect alliant les tiroirs du semainier ou de la commode avec au-dessus le plateau en marbre et la glace de la coiffeuse. Il est sans doute d'origine anglaise mais je n'ai trouvé aucun document permettant de l'affirmer. Il apparaît en même temps que de nombreux autres nouveaux meubles comme la psyché (grand miroir amovible permettant de se voir de pied) ou l'athénienne (aussi appelé 'lavoir' qui est sur trois pieds avec une vasque au dessus d'un plateau sur lequel on pose l'aiguière : le vase à eau pour l'ablution, le tout étant l'ancêtre de nos éviers) tous deux associés à la toilette. Un très bel exemple de barbière / commode-toilette en acajou et bronze datant du Premier Empire (1804-1814) est présenté sur le site de la Réunion des Musées Nationaux.

Photographie : Cette barbière en forme de serviteur muet provient de la Galerie Delvaille. En « acajou et placage d’acajou à base tripode et fût central en cannelures », elle est estampillée de l'ébéniste Fidelys Shey « reçu maître le 29 juillet 1788. Ébéniste d’origine allemande (Bade), il produisit des meubles Transition et surtout Louis XVI. Il accordait un soin extrême à la confection de ses meubles et n’utilisait que très rarement la marqueterie. Il fabriqua essentiellement des meubles en acajou massif travaillés avec une extrême délicatesse et ornés de bronzes sobres et fins. » Dimensions : H : 166 cm, Diam : 58 cm

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Le bain et le miroir

Pour rendre un hommage à l'exposition sur le bain et le miroir qui se déroule encore pour quelques jours au musée de la Renaissance d'Ecouen, voici une gravure de 1775, de Nicolas Ponce (1746-1831) d'après un dessein d'Eisen (1720-1778), tirée d'un ouvrage de 1775 intitulé Adonis. On y voit Vénus (Aphrodite) prenant un bain.

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Le miroir de la toilette : réflexions.

Photographie 1 et 2 : Miroir en bois sculpté et doré d'époque Louis XVI présenté sur le site de la galerie Wanecq. Il est composé « d’une moulure d’encastrement ornée de fines perles et de feuilles d’eau accompagnée de chutes en drapés de feuilles de laurier. Le riche fronton découpé et ajouré est une allégorie de la paix et de l’amour. Il est orné d’instruments de musique, d’une partition, d’une torche, d’un arc et d’un carquois, l’ensemble de la composition couronné de rameaux d’olivier et de fleurs. Au centre du fronton posées sur un tambourin deux colombes s’échangent un brin d’olivier. » Hauteur de 203 cm et largeur de113 cm.

Photographie 3 : Miroir chevalet, tel celui que l'on pose sur la table de toilette, d'époque Louis XIV. Il a un « encadrement mouluré, marqueté d’écaille brune et de laiton. La partie supérieure cintrée. Ornementation de bronzes, à l’amortissement un mascaron. Au revers, marqueterie Boulle sur fond d’écaille brune, décor rayonnant d’une tête de personnage dans des encadrements de lambrequins, palmettes, rinceaux et entrelacs. A la base, deux lions affrontés. D’après des modèles de Bérain. » Objet d'art de la galerie Wanecq à Paris. 

La langue française a de jolis mots, comme celui de ‘réfléchir’. Il indique en même temps le reflet et la pensée. Cette dernière n’est-elle pas la réflexion de ce que le miroir et notre entourage nous renvoient ?

Si certains ne sont pas d’accord, personne ne mettra en doute que cette homonymie est emprunte d’une réelle poésie. Et puisque je trouve la pensée et les mots délectables, même s'ils n'expriment que des termes (la fin étant aussi le commencement : naître avant terme ...) : des limites utiles pour communiquer et vivre harmonieusement ensemble, je continue ... Notre environnement crée des images dans notre esprit qui lui-même agit sur ce qu'il appréhende et se reflète en lui. Il en résulte un habitus (une hexis en grec) : une intégration et connaissance profonde participante de l'entourage. C'est un jeu de miroirs qui scintillent en nous. Ils brillent dans la délectation du présent qui se savoure par tous les sens qui sont la manifestation concrète de cette danse brillante. Celle-ci s'exprime notamment dans l'hexis corporelle et le jeu avec les codes. Le tout est tel un diamant brut pouvant se tailler en autant de facettes (qui reflètent tels de petits miroirs) que l'on souhaite, se subdivisant à l'infini dans notre appréhension polie du monde dans tous les sens du terme : polissage de la gemme et politesse ; apportant lustre et éclat. Nous sommes tous constitués à partir de cette même matière précieuse, donc égaux. La base est toujours belle et bonne (bien que pouvant être soit rustre, soit salie, soit cachée). La différenciation ne se fait que dans la culture que nous intégrons, son savoir : le polissage qui n'est que l'ouverture du champ des possibles. Le diamant ne reflète pas grand chose avant d'être poli ; le miroir n'est pas su exister avant d'être présenté au regard ... ; ainsi des vérités oubliées ou encore inconnues restent en attente des conditions et des yeux qui se posent sur elles. Mais le terme de réflexion n'est pas assez fin. Il ne s'agit pas de pensée mais d'une intuition. Ce savoir qui n'est pas une histoire de classes ou de connaissances, mais de sensibilité, est une des bases du bon goût. Il voit les choses avec distinction, ne les confond pas, ne mélange pas ce qui n'est pas fait pour l'être. Ce n'est pas non plus quelque chose qui s'enseigne : cela se montre par l'exemple et puis est particulier à chacun car nous avons tous des points de confort différents, la mode étant là pour harmoniser cette richesse incommensurable. Un des aspects de l'élégance française, c'est la juste mesure entre la simplicité de ton et la sophistication, la connaissance de ces extrêmes qui n'en sont pas, le discernement : agir à bon escient ... une pratique de gourmet de la vie.

C'est avec une image de l'Antiquité que je conclus cet article, une iconographie pleine de magie qui semble représenter une jeune femme romaine à sa toilette. Le site de la Réunion des Musées Nationaux reproduit ce détail de la fresque de la Villa dite des Mystères, de Pompéi, peinte vers 70-60 av. J.-C., avec Cupidon (Amour, Eros) qui paraît tendre un miroir à une femme assise qui se coiffe. Cliquez ici pour voir la photographie.

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La Mode et l'Hygiène : les bains publics, la propreté, le linge blanc, les appartements de bains de Louis XIV, baigneurs et étuvistes, les baignoires, les hygiénistes ...

Photographie : « Très rare boule à savon en porcelaine blanche de Saint-Cloud, décorée d'écailles en léger relief. Monture argent, Paris 1732-38. Diam. 8,2cm. Circa 1730. » « coll. C.Perlès ».

L’histoire de la mode française est aussi celle de l’hygiène. On se lave beaucoup au Moyen-âge dans des bains publics notamment. Il y en a de nombreux à Paris jusqu’au XVIe siècle. Par la suite, l’église critique de façon véhémente ceux-ci ; mais ils continuent d'exister. Au XVIIe, il n’est pas de bon ton de dire que l’on prend des bains, ce qui a souvent une connotation amoureuse et sexuelle : les étuves publiques nombreuses jusqu’à ce siècle étant considérées par l’église de cette époque comme des lieux de débauche car il semblerait que les femmes y soient admises et que ces ablutions qui se donnent le matin comme en fin de journée durent parfois toute la nuit. Au siècle des précieuses, on se lave pourtant et pas seulement à l’eau, mais aussi avec de nombreuses autres lotions. Même louis XIV que l’on dit ne prendre officiellement que très peu de bains, possède au rez-de-chaussée du corps central du château de Versailles un somptueux appartement de bains avec plusieurs pièces contenant baignoires et petites piscines où il rejoint sa cohorte de courtisanes. Mais ceci se fait en toute discrétion. À cette époque, les élégants font deux toilettes : la première, celle de propreté où on se nettoie avec de l’eau et du savon ou avec des vinaigres parfumés ou autres lotions, et la seconde toilette, plus mondaine, où on finit de se parer et reçoit. A elles deux, elles peuvent durer plusieurs heures chaque jour. La place importante de l’hygiène dans la vie d’un élégant s'exprime aussi dans les nombreux services de toilette et les étuis portables dans lesquels sont placés de petits objets à parfums et autres. La propreté est un aspect important de la mode. Celle du linge et le temps qu’on passe à sa toilette sont les signes d’une personne élégante. Mais pas seulement car le terme de propreté a une définition bien plus large. Jusqu’à la Révolution, la mode, l'intelligence (l'esprit) et l’élégance en général sont des arts de la propreté.

Antoine de Courtin (1622-1685) écrit dans son Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnêtes gens (1671) que « La Propreté fait une grande partie de la bienséance, & sert autant que toute autre chose, à faire connaître la vertu & l’esprit d’une personne ». Par propreté il entend tout ce qui concerne l’habillement (être bien mis, harmonieusement, être à la mode), la netteté de celui-ci et du linge blanc ainsi que du visage et des extrémités. Quand on dit au XVIIe siècle que le linge blanc doit être net, cela suppose que le corps le soit aussi (avez-vous déjà essayé de garder du linge de corps immaculé ne serait-ce qu’une heure en étant sale ?). Une personne propre est donc bien habillée, avec netteté et goût. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un corps et des habits nettoyés, mais aussi d’être vêtu et paré avec subtilité, d’être poli, gracieux et d’avoir un esprit fin rempli de toutes les qualités (ou du plus possible). Tout ceci est du domaine de la propreté. C'est ainsi que le mot 'décrasser' peut signifier 'rendre poli' et que celui de 'crasse' est souvent associé à des manières grossières. Il est important de saisir cette notion de propreté afin d’envisager l’élégance française et de comprendre son influence. C’est un tout, une harmonie générale !

Et puis il y a les maisons de bains. Le métier de perruquier comprend celui de baigneur, étuviste et barbier jusqu’au XVIIIe siècle et peut-être un peu après. Les appartements de bains que d'aucuns possèdent sont souvent des lieux très élégants, avec un service nombreux et raffiné. On s’y baigne dans différentes sortes de préparations dont certaines parfumées : on se lave à l’eau dans des baignoires, prend des douches, des bains chauds, de vapeur, froids, agrémentés de lotions ... François-Alexandre-Pierre de Garsault (1693-1778) explique tout ce que comprend le métier de perruquier dans son Art du perruquier (1767). On y apprend qu’il s’adresse aux femmes comme aux hommes ; qu’il inclut en particulier l’art de fabriquer des perruques mais aussi de « faire les cheveux et friser », poudrer, faire la barbe. Certains se spécialisent dans les bains. On distingue les bains de propreté et ceux de santé. Les deux comprennent des passages entre l’étuve et le bain. Le bain de propreté consiste en diverses frictions, immersions, lotions et pâtes, bains et eaux de senteur. « On ne prend guère ces Bains qu’un ou deux jours de suite, & de temps à autre. […] Ce qu’on appelle Bain de Santé, se prend comme le précédent, avec de l’eau tiède, mais plusieurs jours de suite, & ordinairement comme remède par ordre du Médecin : c’est pourquoi on fait abstraction de toutes les frictions & immersions délicieuses qui accompagnent le Bain de propreté. » Ce bain de santé comprend diverses sortes d'immersions en fonction de la pathologie : bains chauds, froids, artificiels (avec des herbes médicinales, aromatiques, des minéraux …), locaux, secs (de sablon, de marc de raisin). Les bains sont donc raffinés et courants. Les gens les plus riches ont leur propre appartement de bains mais ne dédaignent pas les bains publics où ils trouvent de la sérénité, du calme et de l’incognito. Certaines maisons de bains publics sont très prisées à cette époque car particulièrement chics, avec un nombreux personnel très attentif.

Photographie : « Perruquier Baigneur Etuviste, Appartement de Bains. » Gravure du XVIIIe siècle, provenant de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D'Alembert. Il s'agit d'un plan d’appartements de bains avec des coupes transversales. On y distingue 2 baignoires, 2 éviers avec robinets, une chambre avec 2 lits, des toilettes et des petites pièces. Voici la description de la planche que l’on trouve dans l'Encyclopédie : « PLANCHE IX. Appartement de bains particuliers. Fig. 1. 2. & 3. Plan des bains; la fig. 1. est la coupe sur la ligne A B du plan, & la 2. la coupe sur la ligne C D du même plan. E, escalier. F, antichambre. G, petite lingerie. H, chambre en niches. I I, les lits en niches. K K, &c. garde-robe. L, chambre des bains. M M, baignoires en niches. N, réservoir d'eau froide. O O, passages au - dessus des - quels sont d'autres réservoirs. P, étuve. Q Q, fourneaux. R R, chaudières. S S, cheminées des fourneaux. T T, portes des fourneaux. »

Au XVIIIe siècle, plusieurs gravures nous dévoilent une dame prenant un bain à son domicile. Le sous-entendu érotique est très présent dans ces images. Elles prouvent aussi que cet usage est courant dans les lieux d'habitation souvent grâce aux porteurs d'eau qui ont une importance toute particulière dans des grandes villes comme Paris jusqu'à l'avènement de l'eau courante. Ils apportent le liquide à domicile. Ils sont très nombreux. Au XIX e siècle la baignoire se démocratise véritablement et meuble les intérieurs parisiens modernes. Edmond Texier écrit en 1853 dans son Tableau de Paris que seules les parisiennes savent faire une toilette complète avec « le bain, les parfums, les flots d’écume répandus par des savons onctueux, la pâte d’amandes, les essences, rien n’est épargné. » Au milieu de ce siècle l’hygiénisme prône en Europe certaines valeurs de propreté et d’hygiène de vie. On s'intéresse à la mode et essaie de la rendre hygiénique, comme dans le traité de Jean-Antoine Goullin, datant de 1846, intitulé La Mode sous le point de vue hygiénique, médical et historique ou Conseils aux Dames et à la jeunesse, dans lequel l’auteur donne de très nombreux conseils : habits ni trop étroits ni trop légers, coiffures pas trop serrées non plus … et même des recettes de soins et d’embellissement du corps. Il recommande la gymnastique. Il déconseille fortement l’usage du corset qui pourtant continue à être à la mode jusqu’au début du XXe siècle. Il explique pourquoi : évanouissements … Alphonse-Louis-Vincent Leroy (1742-1816) est un médecin du XVIIIe siècle qui écrit aussi sur ce sujet dans son Recherches sur les habillements des femmes et des enfants ou Examen de la manière dont il faut vêtir l'un et l'autre sexe (1772). La découverte des microbes par Pasteur (1822-1895) en 1865 révolutionne complètement la médecine et cette notion d’hygiène. Il en résulte de nouvelles modes vestimentaires et pratiques comme le sport … Les découvertes de Pasteur et leurs implications hygiéniques sont un tournant non seulement dans la médecine mais aussi dans les pratiques quotidiennes et la mode. Les vêtements sont moins serrés ... En France on appelle que rarement les adeptes de ces nouvelles coutumes des hygiénistes, mais de nouveaux qualificatifs apparaissent comme gentilhomme du sport. Voici un passage de Trop de chic de Gyp (1900) qui décrit ces pratiques à la mode « Les jeunes boudinés vivent différemment … sous prétexte qu’il faut faire de l’exercice et de l’hygiène, ils débutent au réveil par un tub qui souvent les laisse grelottants … après les haltères, promenade à cheval à fond de train … déjeuner très léger, afin de ne pas engraisser … c’est impossible avec la nouvelle forme de la poitrine « pschutteuse… » [je donnerai la définition de ce mot dans un autre article : cela signifie faux élégant] cigares très forts, partie de paume, pour se faire du muscle… marche forcée en fauchant vigoureusement, ce qui double la fatigue … escrime et douche anéantissante … nombres de tasses de thé au five o’clock… dîner léger, toujours pour ne pas engraisser… nuit au jeu, au bal ou n’importe où !... on rentre livide !... Qu’est-ce que ça fait ?... c’est de l’hygiène !... ». A la fin du XIXe siècle et au début du XXe les expositions d’hygiène se multiplient comme au Palais de l’Hygiène.

L'hygiène est un thème qui pose la question de notre environnement physique et mental, de l'harmonie et de l'évolution du genre humain. La propreté nous engage dans notre entier : nos actions, nos rapports avec les autres et ce qui nous entoure, la politesse, notre âme ... C'est un tout qui apporte plaisir et tranquillité, un des fondamentaux de l'intelligence, une des bases de la construction de notre avenir.

Photographie : « Palais d'Hygiène (Esplanade des Invalides) ». Cet édifice est construit à Paris pour l'exposition universelle de 1878, et est reproduit sur cette petite chromolithographie publicitaire du 4ème quart du XIXe siècle.

Photographie : Une petite-maîtresse du XIXe siècle au bain. Détail d'une page de Tableau de Paris d'Edmond Texier (1853) . On peut lire au dessous et à côté : « Les bains à domicile sont une dérivation des établissements de bains chauds. L'élément principal, c'est-à-dire l'eau, est transportée, ainsi que les baignoires, chez les petites maîtresses, qui ne sauraient se livrer dans un lieu public à tous les raffinements de leur toilette, et chez les bourgeois riches, qui ne veulent pas s'imposer de dérangement. Il est difficile de pénétrer dans ces intérieurs et ces réduits où se cachent les mystères de la vie intime du Parisien. »

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Coffres, coffret et boîtes de toilette.

Les coffres sont des meubles de rangement très utilisés jusqu'au XVIIIe siècle et en particulier au Moyen-âge car on se déplace beaucoup et cela dans toute l'Europe. Ils font partie de ces objets facilement transportables tels les tapisseries murales ou les sièges pliants. On dépose dans certains les habits, les plus délicats étant préalablement enveloppés dans une fine et délicate toile (la toilette). Les coffrets sont de moindre taille. Certains ressemblent à de petits coffres-forts comme celui de la première photographie. Ce modèle fait 16 x 9 x 11,5 cm. Il appartient à la galerie Debackker. Réalisé en France vers 1400, il est en bois et cuir rouge avec des traces de dorures. Les montures sont en cuivre. La galerie Wanecq expose un coffret en marqueterie d'époque Louis XIV (deuxième photographie) : « Coffret rectangulaire à couvercle en doucine, en marqueterie d’écaille rouge et de laiton gravé. Décor de rinceaux feuillagés, de bouquets et d’un riche bestiaire d’oiseaux, singes et escargots dans le goût des dessins de Jean Bérain (1640-1711) « dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roi ». H. 9 cm, L. 28,5 cm, P. 22 cm. Ce type de coffret était très prisé par les collectionneurs sophistiqués de la première moitié du XVIIIe siècle. Un portrait de Madame Marsolier et sa fille peint par Jean –Marc Nattier, conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York, montre la jeune fille tenant un coffret marqueté dans le même esprit. » Sans doute s'agit-il de celui que l'on peut voir  sur www.photo.rmn.fr. Cette peinture représente Madame Marsollier assise à sa table de toilette embrassant sa fille d'une plume et d'un brin de fleurs de pensées tout en contemplant ce que cela donne dans le miroir. Sa progéniture regarde de face, la main droite posée sur un genou de l'adulte et l'autre tenant ouverte la boîte près du bassin de sa mère qui sort de l'objet plumes et fleurs délicates.

Sur la table de toilette sont disposées différentes boîtes que je vais à présent répertorier avec les boîtes : à mouches, à savon, à poudre, à pâtes, à rouge, à opiat, à bijoux, à montures de bois, à pilules, à fioles, à parfum, bergamote, à linge, à perruques, les caves à parfum qui elles sont de véritables coffrets de même que certains nécessaires de toilette. Les boîtes à mouches contiennent un pinceau, de la pâte et une brosse pour la colle, des rubans adhésifs sur lesquels sont posées les mouches faites de taffetas ou de velours noir à revers gommé, ayant toutes sortes de formes et de tailles : longues en losange, carrées, en coeur, en croissant de lune, ou même découpées en étoiles avec un petit diamant au centre. Ces boîtes ont un couvercle, plusieurs compartiments, parfois un petit miroir et une monture. Il en existe de portatives. Les mouches que l’on place sur le visage disent une sensibilité et ont un nom en fonction de leur emplacement : en haut du front au milieu pour la majestueuse, au coin de l’œil pour la passionnée, sur la joue pour la galante ou l’enjouée, sur le nez pour la gaillarde, au coin de la bouche pour la baiseuse ou la coquette, sur le menton pour la discrète… Les boîtes à savon ou savonnières vont par deux. L’une est destinée à mettre l’éponge et l’autre le savon. On les appelle aussi boules à éponge ou à savon. Les boîtes à poudre sont souvent les plus grandes des boîtes de toilette. Elles gardent des poudres parfumées que l’on appelle parfois « grosses poudres de violettes », avec une base de plantes et drogues aromatiques. Les poudres pour les cheveux sont elles aussi parfumées aux fleurs … Les boîtes à pâtes contiennent des pâtes pouvant servir pour se laver les mains sans eau, comme avec celle de Provence, dont Simon Barbe offre la recette dans son livre : Parfumeur Royal, ou l'art de parfumer avec les fleurs & composer toutes sortes de parfums, tant pour l'Odeur que pour le Goût (1693). Avant le dix-septième siècle, il semble qu’on les utilise surtout comme parfums, et qu’elles sont alors le plus souvent constituées d’amandes pilées mélangées à des éléments odorants. « L’esprit-de-vin » (l’alcool) ne servant pas encore de véhicule aux parfums, ceux-ci ont surtout cette forme. On continue à recourir à cet usage au dix-huitième siècle. Les boîtes à rouge comportent des mortiers à fard. C’est dans les mortiers à fard et à rouge que l’on broie les ingrédients de leurs préparations. La dame l’applique avec un petit pinceau, comme le fait Madame de Pompadour dans une peinture de François Boucher de 1758. On compte aussi des boîtes à fard portatives. Le rouge peut être fait de cinabre ou de carmin mélangé à du talc de Moscovie ou d’autres matières. Les villes comptent leurs marchands de rouge et certains de ces fards ont des noms spécifiques. Les boîtes à opiat sont souvent les plus petites. Primitivement, il semble que l’on appelle ‘opiat’ un médicament interne comprenant de l’opium. Mais on donne aussi  ce nom  à des dentifrices et peut-être à d’autres préparations. Les boîtes à bijoux gardent devinez quoi ? Elles portent parfois le nom de baguiers, mot qui désigne tous les objets servant à entreposer les bagues et autres bijoux. Certains on la forme de tiges équipées de crochets sur lesquels on suspend les parures ; quand ce ne sont pas des coffrets ou des coupes ... Les boîtes à racines conservent les racines. S’agit-il de la poudre de racine d’Iris de Florence dont on fait grand usage, ou de racines à mâcher comme la guimauve, l’acore odorant, la réglisse…, pour les dents, les gencives, l’haleine, la santé… ? Les boîtes à montures de bois peuvent être faites de deux petits disques de faïence enchâssés dans une monture de buis constituant le fond et le couvercle. Elles se portent facilement en poche afin de transporter des crèmes, onguents ou mouches de beauté. Les boîtes à pilules ou à pastilles contiennent des pastilles à odeurs, à brûler, de bouche. Les pastilles à odeurs parfument. Celles à brûler font de même mais une fois mises sur des braises ardentes préalablement placées dans des cassolettes faites à cet usage (voir la section sur les brûle-parfums). Parmi les pastilles de bouche citons le cachou. Dans les boîtes à fioles on garde des fioles (en verre) à parfums, poudres, médicaments, eaux de toilette, élixirs pour les yeux... Les boîtes à parfum sont des vinaigrettes contenant un morceau de coton ou d’éponge imbibés de vinaigre aromatique ou d’eau parfumée et placés sous une petite grille métallique articulée. Elles ont aussi le nom de boîtes à senteur, se portent sur soi et sont parfois en céramique. Elles connaissent un grand succès aux dix-septième et dix-huitième siècles, et un peu moins au dix-neuvième. Elles sont très proches des vinaigrettes que l’on invente au dix-septième siècle et qui renferment elles aussi des morceaux d’éponge ou de coton imprégnés de parfum. Les boîtes bergamote ou Bergamotes (photographie), sont faites à partir de la peau de l'orange bergamote. Cette peau est retournée, puis déposée sur un mandrin de bois. En séchant, elle épouse la forme désirée. Recouverte d'un très léger cartonnage, elle est ensuite enduite d'un mélange de colle et de craie, poncée puis peinte de scènes galantes dans un style naïf et enfin vernie. Les Bergamotes seraient caractéristiques d'un art populaire Grassois du dix-huitième siècle et de la première moitié du dix-neuvième. Les boîtes à linge servent à ranger des mouchoirs, des bas en soie ou en coton ... Elles ont la forme de petits coffres pouvant contenir le linge fin qu'un homme de qualité peut employer en deux jours. Certaines sont parfumées. Les boîtes à perruques sont longues et étroites, à la proportion d'une perruque, et rondes par les bouts. Certaines sont garnies d’une toilette de senteur à l’intérieur, et à l’extérieur de peau de senteur, le tout étant bordé de galons d’or, d’argent ou de soie. On y ajoute parfois une serrure ou un crochet. Les caves à parfum ou cabinets à parfum ou cassettes ou nécessaires à parfum , sont des petits coffrets dans lesquels sont disposés des flacons, parfois avec un entonnoir et un gobelet (une timbale) pour les mélanges, et plus rarement une coupelle et un rince-oeil. Il y a aussi les flaconniers qui comportent flacons et entonnoirs.

Les nécessaires de toilette sont des coffres assez grands pour contenir de nombreux objets, sauf pour les nécessaires de poche (ou étuis-nécessaires) qui recèlent de petits articles : boîte à mouches, brosse à dent, couteau pliant, crayon, cuillère, cure-oreilles, entonnoir, flacons, gratte-langue, passe-lacet, peigne, pince à épiler, porte-crayon, racloir pour les dents, tablettes pour envoyer des messages…L’intérieur est doublé de velours ou de soie. Les nécessaires de toilette peuvent comporter en plus : boîtes bergamotes, autres boîtes, cachet, canif, carnet de bal, cassolette, coupelle, cuilleron, démêloir, épingles de toilette, gants cosmétiques ou glacés, passe-laine, dé, étui, gobelet, houppe de cygne, houppette, jarretières, miroir, oeillère, petite cuiller, porte-aiguilles, porte-mine, pots à pommade, réchaud, rubans à peignoir, sachets parfumés, soucoupe et tasse… Certains nécessaires sont incorporés à des objets auxquels ont ne s’attend pas comme à de petites lorgnettes ou à de étuis à messages. Quelques cannes, dites aujourd’hui cannes de beauté, ont des compartiments contenant de petites boîtes, des flacons à parfum, manucure … Le barbier a aussi son nécessaire : le nécessaire de barbier. Les nécessaires de voyage sont garnis de toutes sortes d’éléments, dont certains pour la toilette, que l’on emporte lors de longs déplacements. Les étuis à ciseaux sont d’autres de ces objets, avec les étuis à aiguilles ou les étuis ou nécessaires à couture dans lesquels se trouvent, parmi d’autres garnitures, des dés à coudre…

L'antiquaire Le Curieux vend sur son site divers exemples de ces « nécessaires, étuis et coffrets ». comme celui-ci qui illustre la fin de cet article et dont voici la description : « Prestigieux nécessaire de voyage de Dame, le coffret en loupe, écoinçons et filets de laiton, poignées de transport encastrées. Le blason du couvercle est gravé du chiffre "BL". Serrure et clé "trèfle", signée du grand tabletier parisien : "FAIT PAR MAIRE , Ft DE NECESSAIRES, RUE ST HONORE N° 154 A PARIS" Dans un gainage de maroquin rouge longs grains doré aux petits fers, il contient dans des emplacements et plateaux : * Un tête à tête en porcelaine de Paris, réserves et décors en grisaille, polychromie et dorure. Deux boîtes à thé en vermeil, un mélangeur en cristal et vermeil, un passe-thé, un couvert et deux petites cuillères en vermeil, une casserole haute et son couvercle en vermeil. * Un nécessaire à écrire : porte plume, porte mine, taille plume, deux encriers, un bougeoir à main, un cachet gravé du prénom "Aglaé", un grand portefeuille à soufflet en maroquin vert doré aux petits fers * Un nécessaire de toilette, soins de visage et cosmétique, comprenant notamment un mortier à fard, son couteau et sa poupée, un petit pot à pommade en porcelaine dorée, deux détartreurs de dents monté en nacre, un cure-dent et cure-oreille, 4 flacons cristal, bouchons et stoppeurs en vermeil, un bain d'œil, un entonnoir à parfum, une brosse à dent en vermeil, 3 peignes et démêloirs en corne. * Un nécessaire à couture : Ciseaux, crochet de Lunéville, porte-aiguille en écaille blonde piquée d'or, un dé en or 2 couleurs, un étui à bobines. Orfèvres parisiens associés : Denis-François Franckson et Louis-Antoine Drouard. France, Paris, circa 1802-1804. Dimensions : 46 cm x 24,5 cm, hauteur 15,5 cm. Très bel état (toutes les pièces sont d'origine à l'exception du miroir qui a été changé postérieurement. »

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Le Coiffeur

Se faire arranger les cheveux est un acte important de la vie élégante. Le coiffeur qui connaît son métier sait toute la portée de ses ciseaux et la 'gravité' de son geste. Comme on le devine par son mouvement représenté dans la caricature ci-dessous, c’est un artiste qui tient dans ses mains la vie mondaine de sa cliente. Tous ses muscles sont tendus vers sa mission. Il est armé comme un hussard, une paire de ciseaux sur la hanche et un peigne en arme légère dans les cheveux. L’effort qu’il déploie est gorgé de toute la verve qui donne en France les révolutions : celle de 1789, celle artistique des Romantiques, celle des Trois Glorieuses. Évidement, tout cela est ironique ! Cette lithographie date de la Monarchie de Juillet (1830 et 1848) qu’elle critique. L’intérieur de la scène est bourgeois et luxueux, dans le goût de cette époque. Le coiffeur est chic, et l’occupation très futile. Cela contraste avec l’autre thème qui est la Révolution française, suggéré par les deux tableaux ayant pour titre des batailles révolutionnaires célèbres : Jemmappes et Walmy (Jemappes et Valmy) et le bonnet tricolore que tient la jeune femme tout en disant : " Pauvre liberté, qu’elle queue !! " ce qui peut se traduire par : " Pauvre liberté, quelle fin !! ". Ces deux batailles particulièrement difficiles ont permis à la Révolution de s’établir et à la ‘liberté’ de s’installer pour qu’une femme puisse se faire coiffer la queue (de cheveux). Il s’agit d’une allégorie sarcastique. On peut y lire les autres inscriptions suivantes : " La Caricature (Journal) N°61 " ; " Pl. 124 " ; " Lith. De Delporte " ; " On s’abonne chez Aubert galerie véro dodat ". La maison d’édition Aubert est créée en 1829 et située à Paris au Passage Véro-Dodat. Elle publie La Caricature à partir de 1830 jusqu’à la fin du titre en 1843. C'est un hebdomadaire satirique illustré. Elle édite à part des lithographies des images du journal sous la forme de feuilles volantes, comme celle-ci.
La coiffure et par là même le coiffeur occupent une place de choix dans la mode parisienne. Au XVIIIe siècle le terme de 'coiffure' désigne tout l’arrangement du haut de la tête. Les petites gravures sous forme de vignettes avec certaines de dames représentées de buste parsèment les revues de mode de cette époque. Dans le tome I de Causes amusantes et connues (1769), Estienne Robert (1723-1794) relate un différent entre les coiffeurs des dames de Paris et les barbiers-perruquiers, les premiers se plaignant que les seconds essaient leur prendre leur place. On y récolte de nombreuses indications sur ce métier. Voici des extraits : " Nous sommes par essence des Coiffeurs des Dames, & des fonctions pareilles ont dû nous assurer de la protection, mais cette protection a fait des envieux ; tel est l’ordre des choses. Les Maîtres Barbiers-Perruquiers sont accourus avec des têtes de bois à la main ; ils ont eu l’indiscrétion de prétendre que c’était à eux de coiffer celles des Dames. […] Le Coiffeur d’une femme est en quelque sorte le premier Officier de la toilette ; il la trouve sortant des bras du repos, les yeux encore à demi-fermés, & leur vivacité, comme enchaînée par les impressions d’un sommeil, qui est à peine évanoui. C’est dans les mains de cet Artiste, c’est au milieu des influences de son Art, que la rose s’épanouit en quelque sorte, & se revêt de son éclat le plus beau ". La plainte des " Coiffeurs des Dames de Paris." est assez amusante car elle met en valeur le métier de coiffeur en le décrivant comme un art libéral et dénigre celui de perruquier. On y apprend beaucoup de choses sur ces deux métiers et combien ceux-ci sont considérés à l’époque, les premiers n’hésitant pas à se comparer à des artistes.  Si au XVIIe siècle, certaines coiffures féminines ressemblent à des tours, au XVIIIe, les cheveux montent en boucles en de gracieuses vagues et sont parsemés de fleurs, rubans, de plumes et même parfois d’objets décoratifs pour en faire de véritables monuments. Un passage du même livre fait référence à la coquetterie exagérée des " Petits-Maîtres " dont les coiffeurs concèdent la tête aux perruquiers afin de ralentir l’élégance affectée de ces raffinés. Nous apprenons qu’à Paris, en 1769, on dénombre près de 1200 coiffeurs sans compter les perruquiers. Honoré Daumier (1808-1879) en caricature un pour sa série des Types Français avec le texte suivant. : " Le Coiffeur. La Coiffure est un art qui a son langage, ses principes, ses académies et ses savants. Le véritable artiste Coiffeur est Français, Parisien, Languedocien ou Provençal, mais surtout Gascon. " La boutique du coiffeur est un endroit très prisé des élégants car non seulement on s'y rend pour s’y faire coiffer mais aussi y passer du temps en lisant et s'informant. Au XIXe siècle on y compulse les derniers romans à la mode et les dandys comme les gommeux viennent les feuilleter. La coiffure est une affaire sérieuse dans la France coquette. Depuis l'Antiquité on la porte tantôt longue, tantôt courte. Au Moyen-âge, chez les hommes, la mode est pendant un temps aux cheveux longs, puis le clergé les impose coupés avant qu'ils reviennent à l'état précédent et parcourent ainsi les XVIIe et XVIIIe siècles avant d'être réduits à nouveau au XIXe. Mais les boucles restent de rigueur dans les deux cas. La mode des cheveux bouclés oblige certains à se faire deux fois par semaine des frisures quand ils ne portent pas tout simplement une perruque. De nombreuses caricatures du XIXe siècle représentent des hommes se faisant mettre des papillotes dans les cheveux par leur amie ou un coiffeur.

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La toilette masculine : l'art du rasage.

Les iconographies et les textes anciens nous présentent l’homme de qualité français accordant une certaine importance à son paraître et à la mode. Se raser est un acte de propreté spécifiquement masculin. C’est un art qui a un nom : la pogonotomie, comme nous l’apprend Jean-Jacques Perret dans son ouvrage : La Pogonotomie, ou l’art d’apprendre à se raser soi-même, avec la manière de connaître toutes sortes de Pierres propres à affiler tous les outils ou instruments ; & les moyens de préparer les cuirs pour repasser les rasoirs, la manière d’en faire de très-bons … (1769). Ce livre est consultable sur http://books.google.fr et disponible sur le site de L'Intersigne.

Dans un passage du Discours nouveau sur la mode, poème datant de 1613, Vigier fait dire à la personnification de la Mode :
(l’orthographe a été remaniée)
« Mille fois j’ai changé le blondissant coton
Que l’Avril de leurs ans leur fait croître au menton,
Fait leur barbe tantôt longue, tantôt fourchue,
Tantôt large ; à présent on prise la pointue,
C’est celle maintenant dont plus de cas on fait,
Qui ne la porte ainsi n’est pas homme bien fait ;
Non plus que l’on ne peut être de bonne grâce
Si l’on n’a pas aux sourcils relevé la moustache [écrit ‘moustasse’],
Moustache qu’on avait jadis accoutumé
Porter rase, qui lors voulait être estimé. »

Le plat à barbe est un des objets de toilette de la pogonotomie avec le rasoir, son étui et l’éponge pour la barbe (bien que l’éponge soit un accessoire mixte de toilette). C’est un bassin rond ou ovale, avec un large rebord et une échancrure pour pouvoir emboîter le récipient sous le menton afin de faciliter le savonnage et le rinçage. Certains modèles ont sur l’aile un creux pour loger une boule, en buis ou d’une autre matière, qui une fois placée dans la bouche, aide à un rasage parfait. Nous avons un exemple dans cette photographie de plat à barbe en faïence (objet L M) à décor polychrome d'un semi de barbeaux. Production du milieu du 19ème siècle de Lunéville (marque utilisée de 1836 à 1850).

Tout un nécessaire de toilette est donc indispensable car se raser est une opération délicate. L’antiquaire Le Curieux (http://www.lecurieux.com/) propose sur son site un ensemble de rasage du Premier Empire (France, vers 1815) en argent, métal doublé, ivoire, acier et maroquin à long grain doré aux petits fers. Il est composé d'un bassin, d'uneboîte à éponge, d'une boîte à savon, d'un rasoir, d'un blaireau et d'un cuir.

Le nécessaire se pose près d’un miroir, par exemple sur une table de toilette pour homme, ressemblant à celle pour femme, mais d’aspect plus simple avec un plateau d’un seul tenant. La barbière est un autre meuble propre à l’homme et au rasage. Elle est verticale, avec des tiroirs les uns sur les autres. Les premières apparaissent à la fin du dix-huitième siècle et sont des commodes hautes et étroites dont les tiroirs forment le socle. Parfois, le plateau pivotant est un miroir qui dégage les accessoires nécessaires pour se faire la barbe.

L’élégant se rase lui-même ou le fait faire par un autre (barbier, valet de chambre). Au XVIIIe siècle, le métier de barbier est assimilé à ceux de perruquier, baigneur et étuviste. Dans cette gravure originale (de LM), on rentre dans l’intérieur d’un perruquier/barbier avec des exemples des ustensiles qui sont utilisés. Planche du XVIIIe siècle de la partie consacrée aux 'Arts de l’habillement’ de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences,des arts et des métiers de Diderot et D'Alembert. Voici la description que l’on trouve dans cette encyclopédie : « Le haut de cette Planche représente un atelier ou boutique de perruquier où plusieurs garçons sont occupés à divers ouvrages de cet art ; un en a, à faire la barbe ;  un en b, à accommoder une perruque ; une femme en c, à tresser ; deux ouvriers en d, à monter des perruques ; un autre en e, à faire chauffer les fers à friser, tandis qu'un particulier en f ôte la poudre de dessus son visage. Bas de la Planche . Fig. 1. Bassin à barbe d'étain ou de faïence. A, l'échancrure qui reçoit le menton lorsque l'on rase. 2. Bassin à barbe d'argent ou argenté. A, l'échancrure. 3. Coquemar à faire chauffer l'eau. A, le manche. B, l'anse. C, le couvercle. 4. Bouilloire. A, l'anse. B, le bouchon ou couvercle. 5. Bouteille de fer blanc à porter de l'eau en ville, lorsque l'on y va raser. A, la bouteille. B, le goulot. C, le bouchon. 6. Autre bouteille de fer-blanc destinée au même usage. A, la bouteille. B, le bouchon. 7. Cuir à deux faces à repasser les rasoirs. A, le cuir. B, le manche. 8. Cuir à quatre faces à repasser les rasoirs. Ces faces sont préparées de manière à affiler les rasoirs de plus en plus fin. A, le cuir. B, le manche. 9. Pierre à repasser les rasoirs. 10. Pierre enchâssée à repasser les rasoirs. A, la pierre. B, le châssis. C, le manche. »

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Une histoire de la coiffeuse.

Photographie : Image provenant de Bertall, La Comédie de notre temps, vol. 1, Plon, Paris, 1874.

Le terme de coiffeuse apparaît, semble-t-il au tout début du XXe siècle (je n'ai pas trouvé le mot employé avant), pour désigner un meuble spécifiquement féminin constitué d’une tablette, d'un ou plusieurs miroirs et généralement de tiroirs ou petits étagères permettant à la femme de ranger tout les objets dont elle a besoin pour s'apprêter : se parer, se maquiller, se parfumer et évidemment se coiffer. La coiffeuse évolue avec les styles. On en a de très beaux exemples datant de la période Art déco travaillés avec goût en bois précieux (bois de rose, acajou).

L’ancêtre de la coiffeuse est la table de toilette, devant laquelle l’élégance s’assied depuis qu’on se pomponne. Des exemples datent de l’Antiquité. La femme représentée assise dans la Villa des Mystères à Pompéi semble être devant une table de toilette. Comme son nom l’indique, elle se compose d’une table sur laquelle on dispose une très fine toile (la toilette) qui au Moyen-âge sert à envelopper certains vêtements et objets précieux afin de les protéger. On la dispose le soir dans une cassette de nuit pour la redéployer le matin. Subséquemment, au XVIIe siècle, le sens du mot ‘toilette’ s’élargit pour désigner aussi l’ensemble des objets de la garniture pouvant comprendre un miroir chevalet, une aiguière avec son bassin, des flambeaux, des coffrets, des boîtes à poudre, à éponge, à savon, des flacons, des pots à fard, à onguent, des tablettes à gants, une brosse, une houppette, une baignoire d’yeux, un mortier à fard, un plat à barbe pour les hommes etc. Certaines de ces garnitures sont en matières précieuses : en argent, vermeil ou même en or. De nombreuses gravures de cette époque nous présentent des femmes ou des hommes devant une table juponnée sur laquelle sont disposées la toilette et sa garniture. Ce simple meuble est généralement dans la chambre, près de la ruelle, l’endroit où les précieuses invitent et font salons, allongées sur leur lit.

C’est au siècle des Lumières que le terme de toilette désigne en plus le meuble. Il s’agit le plus souvent d’une table rectangulaire, à quatre pieds, avec en façade une tablette escamotable, des faux et des vrais tiroirs, parfois même certains simulés. Le dessus est plat afin d’accueillir les toiles mais peut se relever pour découvrir chez les hommes un long miroir s’ouvrant sur un plan en marbre ... Chez la femme il est en trois parties, avec un miroir rabattable au centre, et deux vantaux latéraux dissimulant des caves dans lesquelles sont disposés les objets de toilette (boîtes, pots, flacons etc.). Le XVIIIe nous a légué de ces objets fabriqués en porcelaine particulièrement fins et délicatement ouvragés. Certaines de ces tables de toilette sont en bois précieux comme en acajou (voir article : Une table de toilette du XVIIIe siècle) et délicatement marquetées.

La table de toilette est le meuble en particulier de la seconde toilette qui fait suite à celle de propreté qui consiste à prendre un bain ou se laver avec des vinaigres parfumés ou autres lotions. Et si contrairement au Moyen-âge, au XVIIe siècle on se lave un peu moins à l’eau (il existe cependant toujours de nombreuses maisons de bains) on le fait avec des vinaigres parfumés et autres lotions qui garantissent une propreté impeccable. Au XVIIIe, l’usage des bains est fréquent, et les dames et les hommes de qualité passent plusieurs demi-heures voir heures à la première et seconde toilette. La table de toilette qu’on appelle aujourd’hui coiffeuse est le meuble emblématique de la seconde toilette. De nombreuses peintures et gravures du XVIIIe siècle nous présentent la femme ou l’homme de qualité assis face à elle, en train de se parer, se farder, poser des mouches, se coiffer. La deuxième toilette est plus mondaine. On y accueille des visiteurs, des marchands, des courtisans. On y reçoit des billets doux. Le Dictionnaire de L'Académie française de 1762 nous explique qu’on appelle familièrement Pilier de toilette, Un homme qui assiste assidument à la toilette d'une ou de plusieurs femmes.
Après la Révolution, la toilette d’apparat disparaît ; avec elle la fine toile se fait plus rare, bien que souvent présente. De plus en plus, le meuble cesse d’être polyvalent. Le miroir est apparent et prend la place principale. La coiffeuse peut être placée dans le cabinet de toilette, c'est-à-dire dans un lieu d’intimité. Barbières et autres athéniennes (l’ancêtre du lavabo) se généralisent. Si chez les plus riches, la table de toilette peut être d’un grand raffinement, elle peut chez les autres être très simple : une table avec un tiroir et un miroir, sur laquelle on place le bassin et pot à eau. C’est peut-être pour la différencier de ce meuble rustique que le terme de coiffeuse apparaît.
Si la coiffeuse du XXe siècle n’est plus le meuble emblématique autour duquel se joue le spectacle du raffinement des XVIIe et XVIIIe siècles, elle reste celui où on peint sur un miroir, l’éphémère de la journée qui va se dérouler. Elle fait de chacun un artiste total … seul devant sa glace …


DEFINITION DU MOT 'TOILETTE' DU DICTIONNAIRE DE L'ACADEMIE FRANCAISE, QUATRIEME EDITION (1762) :

TOILETTE. subst. f. Toile qu'on étend sur une table, pour y mettre ce qui sert à l'ornement & à l'ajustement des hommes & des femmes. Toilette unie. Toilette à dentelle.

On appelle Toilette de point, Le point préparé pour garnir une toilette. Elle a acheté une belle toilette de point, de point d'Angleterre.

On appelle plus particulièrement Toilette, Les flambeaux, les boîtes, les flacons, les carrés, &c. de la toilette d'une femme. Toilette d'argent. Toilette de bois de sainte Lucie.

On appelle Dessus de Toilette, Une pièce de velours, de damas, bordée de dentelle ou de frange, avec laquelle on couvre tout ce qui est sur la toilette. Dessus de toilette de velours. Dessus de toilette de damas.

On appelle aussi Toilette, Le tout ensemble. Belle toilette. Riche toilette. Sa toilette étoit magnifique. La toilette de ses noces. Mettre la toilette.

On appelle aussi & le plus souvent Toilette, La table même chargée de ce qui sert à la parure d'une femme. La toilette n'est pas bien là. Approchez la toilette de la cheminée.

On dit, Voir une Dame à sa toilette, l'entretenir à sa toilette, pour dire, La voir, l'entretenir pendant qu'elle s'habille.

On appelle familièrement Pilier de toilette, Un homme qui assiste assidument à la toilette d'une ou de plusieurs femmes.

En parlant De certaines femmes accoutumées à porter à la toilette des Dames, des nipes & des étoffes à vendre, on dit, que Ce sont des revendeuses à la toilette: & c'est dans cette acception qu'on dit, Vendre à la toilette. Revendre à la toilette.

On dit proverbialement, Plier la toilette, pour dire, Enlever, emporter les meubles d'un homme, d'une femme. Il plia un beau matin la toilette, & s'en alla. Il se dit aussi d'Un valet qui vole les hardes de son maître. Ce valet plia la toilette de son maître, & prit la fuite.

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Les Parfums du 18 e siècle.

Photographie : Sur de l'Eau de Fleur d'Orange, titre d’un des chapitres du livre d'Antoine Torche (1631-1675) : Cassette des bijoux (1668).

Dans l'article du 16 mai 2007 Les Objets de parfums que l'on porte sur soi au XVIIIe siècle, j’ai donné quelques noms de préparations de parfums. Pour en savoir un peu plus, il existe quelques ouvrages d’époque sur ce sujet. Simon Barbe écrit à la fin du XVIIe siècle : le Parfumeur Royal, ou l’art de parfumer avec les fleurs & composer toutes sortes de parfums, tant pour l’Odeur que pour le Goût. L’ouvrage est divisé en neuf traités avec 1. Les gants parfumés, 2. Les poudres de violettes, 3. Les eaux de senteurs, 4. Le tabac, 5. Les essences, 6. Les pommades, 7. Les poudres pour les cheveux, 8. Les savonnettes, 9. Les liqueurs & parfums bons à la bouche. Si ce livre ouvre le XVIIIe siècle sur ce sujet, celui de Jean-Louis Fargeon le referme, puisqu’il date de 1801 : L’Art du parfumeur, ou traité complet de la préparation des parfums, cosmétiques, pommades, pastilles, odeurs, huiles antiques, essences, bains aromatiques, et des gants de senteur, etc. L’ouvrage en deux parties de Joseph-Pierre Buc’hoz (1731-1807) est quant à lui dans le siècle (première publication en 1771) : Toilette et laboratoire de Flore, Réunis en faveur du beau Sexe, ou Essai sur les Plantes qui peuvent servir d’ornement aux Dames, & qui sont utiles dans la distillation, contenant les différentes manières de préparer les Essences, Pommades, Rouges, poudres, Fards, Eaux de senteur, Liqueurs, Ratafias, Huiles, Eaux Cosmétiques & Officinales, & c. On y remarque que, malgré la mauvaise réputation de certains procédés cosmétiques de cette époque, ceux proposés ici, et dans tous les livres de cette période que j'ai lus sur ce sujet, usent d’ingrédients naturels, de formules souvent très simples et bonnes pour le corps et la santé en général. On y rencontre des plantes anodines de nos campagnes et des essences rares venant de loin. Si les recettes concernent avant tout les soins du physique, elles regardent aussi tout le métabolisme. C’est ainsi qu’on trouve de très nombreuses recettes de parfums dans des livres de pharmacie (terme qui comprend aussi l'art du confiseur et celui de la préparation des eaux de senteur & liqueurs de table). C’est le cas dans l’ouvrage d’Antoine Baumé datant de 1762 et intitulé : Eléments de pharmacie théorique et pratique contenant les principes fondamentaux de plusieurs arts tels que ceux du confiseur, distillateur et parfumeur. Il contient de très nombreuses formules : de baumes (du commandeur, tranquille, de la Mecque, hypnotique ... ), du cachou à la violette, des eaux (de chaux d'écailles d'huître, de saturne, de jasmin ...), d’élixirs (antiathmatique, aurisique, de vitriol …), de pommades (en crème, en fleurs de lavande, pour le teint, ....), de poudres (dentifrices, d'or des chartreux ... ), de sirops (de berberis, d'absinthe, de cannelle, de choux rouges ...) … avec quelques principes de distillation. L’art de la distillation est du reste particulièrement développé au XVIIIe siècle. Antoine Dejean (pseudonyme de Hornot) écrit en 1753 un Traité de la distillation avec un traité des odeurs, suivi en 1764 du Traité des odeurs. Suite du Traité de la distillation et Jacques-François Demachy en 1773 L’Art du distillateur liquoriste.  Enfin citons l’ouvrage de Polycarpe Poncelet : Chimie du goût et de l'odorat, ou Principes pour composer facilement, et à peu de frais, les liqueurs à boire et les eaux de senteurs..., datant de 1755.

On le voit, les parfums au XVIIIe siècle ont de très nombreuses formes. Différentes essences, eaux de senteurs, huiles, vinaigres, font office de fragrances. Au sujet des eaux spiritueuses, voir l’article du 16 mai 2007 précité. Mais les senteurs liquides ne sont pas les seules. Certaines pâtes odorantes sont encore utilisées, mais surtout avant le XVIIe siècle quand « l’esprit-de-vin » (l’alcool) ne sert pas encore de véhicule aux odeurs agréables. Ajoutons à cela les poudres parfumées et de nombreuses autres formules. Et puis il y a ce qu’on brûle et qui fleure dans les pièces des demeures (voir article : Les vases à parfums du XVIII ème siècle).

Photographie : Ouvrage d’Antoine Baumé (1728-1804), Eléments de pharmacie théorique et pratique… dans l’édition de 1769 largement augmentée par rapport à la première version de 1766. 

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Les vases à parfums du XVIII ème siècle.

Si nous avons vu qu'au 18e siècle on se parfume le corps, on le fait aussi de l’habitation et cela de maintes façons.

Sans doute garde-t-on dans certaines campagnes la pratique médiévale de l'épandage qui consiste à parsemer le parterre des demeures de fleurs et d'herbes fraîches coupées connues pour leur fragrance, leur beauté ou leurs propriétés médicinales. On emploie pour cela des fleurs d'iris, de roses, de pâquerettes, les sommités fleuries de lavande, tanaisie, sarriette, sauge officinale…, ou juste des herbes fraîches. Dans des vases, des bouquets de fleurs ou des plantes en pots agrémentent le regard autant que l’odorat. Il semblerait qu’au 18e on parfume même les murs des pièces. On distille aussi d’agréables odeurs grâce à des vases à parfums comme les brûle-parfums, cassolettes, pots-pourris … aux multiples formes.

Photographie : Paire de brûle-parfums, d’époque Louis XVI, en bronze doré et patiné, présentée sur le site de la Galerie Wanecq. Ils ont un couvercle orné d’une graine, et reposent sur un piètement tripode avec palmettes terminé par des sabots de caprin et ornés dans leur partie haute, de têtes de faunes dont les longues cornes torsadées courent sur le pourtour du réceptacle. La base en marbre blanc est posée sur trois petits pieds toupie, et le tout fait 33 cm de haut et 12 cm de diamètre.

Le brûle-parfum ou cassolette comporte un bassinet dans lequel sont disposées des braises ardentes, parfois de résine et de bois odorants, sur lesquelles sont jetées des pastilles de Chypre, à la mode d’Angleterre, du Portugal, d’Espagne ou de roses … Ces parfums de fumigations peuvent être composés de bien des plantes. Les odeurs s’échappent par une galerie ajourée dans le col ou par des yeux ménagés dans le couvercle. Brûle-parfums et cassolettes sont munis d’un pied ou posés sur un socle en forme de trépied. Leur partie inférieure (bassinet) reçoit les matières odorantes et les vapeurs s’exhalent par la partie supérieure. Aux 17e et 18e siècles, des brûle-parfums sont surélevés sur de hauts trépieds. Avec le style Louis XVI quelques-uns évoquent des vases antiques munis d’anses à volutes. Certaines cassolettes reposent sur trois ou quatre pieds en griffes de lion (ou autres) ou sur piédouche, eux-mêmes parfois fixés sur un socle quadrangulaire.

D’autres cassolettes sont destinées à être suspendues au bout d’une longue chaîne. On invente à la fin du 17e siècle des brûle-parfums à liquide. Les eaux parfumées contenues dans le bassinet sont chauffées à l’aide de petits réchauds ou brûleurs à braises souvent en argent à manche d’ébène ou de bois noir, ou à l’aide d’une lampe à esprit de vin. Ces parfums d’évaporation sont donc en particulier des eaux simples versées dans des cassolettes en cuivre, vermeil, argent…, placées sur un réchaud à feu doux.

Photographies de gravures provenant de livres du XVIIIe siècle ou du tout début XIXe avec des brûle-parfums représentés dans un environnement associé à Aphrodite et son fils Eros.

Au 18e siècle, on crée la fleur à parfum en porcelaine, dont le bulbe, contenant de l’eau parfumée est placé sur un réchaud. Les vapeurs suivent le conduit des tiges et se répandent à l’extérieur au milieu des pétales. Dans la lampe à parfum, une mèche trempe dans de l’huile aromatisée qui en se consumant dispense de douces odeurs.

Il semblerait que le vase pot-pourri apparaisse en France vers le milieu du 18e siècle. A l’époque rococo les formes sont nombreuses : la soupière, le vase-balustre, la girandole, les rochers, les animaux… A Meissen, Kandler crée un type de pot-pourri particulier constitué d’une urne placée sur un rocher où une scène est représentée. Les trous ronds, ou yeux, par lesquels s’exhalent les vapeurs parfumées sont habituellement pratiqués dans le couvercle ou, plus rarement, dans le col ou l’épaule du vase.

Photographie : Paire de pots-pourris en faïence de Turin (fabrique Giovanni Antonio Ardizzone), à décor polychrome d'angelots parmi des ornements rocailles et prises en forme de tête de chien, de 13,8 cm de haut, datant de vers 1765, présentée sur le site de l’antiquaire Christian Béalu.

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Une table de toilette du XVIIIe siècle

Table-de-toilette-Louis-XV.jpg

 

Dans l'article : La Toilette d'apparat des XVIIe et XVIIIe siècles, du mercredi 23 mai 2007, nous expliquons l'origine du mot « toilette » et son utilisation. Nous exposons ici une table de toilette d’époque Louis XV en acajou et placage d’acajou de Cuba de forme mouvementée proposée à la vente sur le site de la Galerie Delvaille (15, rue de Beaune à Paris).

Cette table de toilette s’ouvre en façade par quatre tiroirs dont trois simulés et une tablette centrale. La partie supérieure présente un miroir rabattable et deux vantaux latéraux dissimulant des rangements dans lesquels on disposait les objets de toilette (boîtes, pots, flacons …). L’ensemble repose sur quatre pieds galbés à cinq pans coupés. L’Ornementation de bronzes ciselés et dorés est discrète tel que sur les entrées de serrure et les sabots. L’acajou a été importé en France dès le milieu du XVIIIème siècle par les ports d’importation de Nantes, la Rochelle et Bordeaux. Les plus beaux acajous venaient de l’île de Cuba, et avaient dès cette époque une valeur marchande considérable. Depuis plus d’un siècle, l’exportation d’acajou de cuba est interdite. Dimensions : 75cm x 90cm x 50cm.

 

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Merveilleuses & merveilleux