Coffres, coffret et boîtes de toilette.

Les coffres sont des meubles de rangement très utilisés jusqu'au XVIIIe siècle et en particulier au Moyen-âge car on se déplace beaucoup et cela dans toute l'Europe. Ils font partie de ces objets facilement transportables tels les tapisseries murales ou les sièges pliants. On dépose dans certains les habits, les plus délicats étant préalablement enveloppés dans une fine et délicate toile (la toilette). Les coffrets sont de moindre taille. Certains ressemblent à de petits coffres-forts comme celui de la première photographie. Ce modèle fait 16 x 9 x 11,5 cm. Il appartient à la galerie Debackker. Réalisé en France vers 1400, il est en bois et cuir rouge avec des traces de dorures. Les montures sont en cuivre. La galerie Wanecq expose un coffret en marqueterie d'époque Louis XIV (deuxième photographie) : « Coffret rectangulaire à couvercle en doucine, en marqueterie d’écaille rouge et de laiton gravé. Décor de rinceaux feuillagés, de bouquets et d’un riche bestiaire d’oiseaux, singes et escargots dans le goût des dessins de Jean Bérain (1640-1711) « dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roi ». H. 9 cm, L. 28,5 cm, P. 22 cm. Ce type de coffret était très prisé par les collectionneurs sophistiqués de la première moitié du XVIIIe siècle. Un portrait de Madame Marsolier et sa fille peint par Jean –Marc Nattier, conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York, montre la jeune fille tenant un coffret marqueté dans le même esprit. » Sans doute s'agit-il de celui que l'on peut voir  sur www.photo.rmn.fr. Cette peinture représente Madame Marsollier assise à sa table de toilette embrassant sa fille d'une plume et d'un brin de fleurs de pensées tout en contemplant ce que cela donne dans le miroir. Sa progéniture regarde de face, la main droite posée sur un genou de l'adulte et l'autre tenant ouverte la boîte près du bassin de sa mère qui sort de l'objet plumes et fleurs délicates.

Sur la table de toilette sont disposées différentes boîtes que je vais à présent répertorier avec les boîtes : à mouches, à savon, à poudre, à pâtes, à rouge, à opiat, à bijoux, à montures de bois, à pilules, à fioles, à parfum, bergamote, à linge, à perruques, les caves à parfum qui elles sont de véritables coffrets de même que certains nécessaires de toilette. Les boîtes à mouches contiennent un pinceau, de la pâte et une brosse pour la colle, des rubans adhésifs sur lesquels sont posées les mouches faites de taffetas ou de velours noir à revers gommé, ayant toutes sortes de formes et de tailles : longues en losange, carrées, en coeur, en croissant de lune, ou même découpées en étoiles avec un petit diamant au centre. Ces boîtes ont un couvercle, plusieurs compartiments, parfois un petit miroir et une monture. Il en existe de portatives. Les mouches que l’on place sur le visage disent une sensibilité et ont un nom en fonction de leur emplacement : en haut du front au milieu pour la majestueuse, au coin de l’œil pour la passionnée, sur la joue pour la galante ou l’enjouée, sur le nez pour la gaillarde, au coin de la bouche pour la baiseuse ou la coquette, sur le menton pour la discrète… Les boîtes à savon ou savonnières vont par deux. L’une est destinée à mettre l’éponge et l’autre le savon. On les appelle aussi boules à éponge ou à savon. Les boîtes à poudre sont souvent les plus grandes des boîtes de toilette. Elles gardent des poudres parfumées que l’on appelle parfois « grosses poudres de violettes », avec une base de plantes et drogues aromatiques. Les poudres pour les cheveux sont elles aussi parfumées aux fleurs … Les boîtes à pâtes contiennent des pâtes pouvant servir pour se laver les mains sans eau, comme avec celle de Provence, dont Simon Barbe offre la recette dans son livre : Parfumeur Royal, ou l'art de parfumer avec les fleurs & composer toutes sortes de parfums, tant pour l'Odeur que pour le Goût (1693). Avant le dix-septième siècle, il semble qu’on les utilise surtout comme parfums, et qu’elles sont alors le plus souvent constituées d’amandes pilées mélangées à des éléments odorants. « L’esprit-de-vin » (l’alcool) ne servant pas encore de véhicule aux parfums, ceux-ci ont surtout cette forme. On continue à recourir à cet usage au dix-huitième siècle. Les boîtes à rouge comportent des mortiers à fard. C’est dans les mortiers à fard et à rouge que l’on broie les ingrédients de leurs préparations. La dame l’applique avec un petit pinceau, comme le fait Madame de Pompadour dans une peinture de François Boucher de 1758. On compte aussi des boîtes à fard portatives. Le rouge peut être fait de cinabre ou de carmin mélangé à du talc de Moscovie ou d’autres matières. Les villes comptent leurs marchands de rouge et certains de ces fards ont des noms spécifiques. Les boîtes à opiat sont souvent les plus petites. Primitivement, il semble que l’on appelle ‘opiat’ un médicament interne comprenant de l’opium. Mais on donne aussi  ce nom  à des dentifrices et peut-être à d’autres préparations. Les boîtes à bijoux gardent devinez quoi ? Elles portent parfois le nom de baguiers, mot qui désigne tous les objets servant à entreposer les bagues et autres bijoux. Certains on la forme de tiges équipées de crochets sur lesquels on suspend les parures ; quand ce ne sont pas des coffrets ou des coupes ... Les boîtes à racines conservent les racines. S’agit-il de la poudre de racine d’Iris de Florence dont on fait grand usage, ou de racines à mâcher comme la guimauve, l’acore odorant, la réglisse…, pour les dents, les gencives, l’haleine, la santé… ? Les boîtes à montures de bois peuvent être faites de deux petits disques de faïence enchâssés dans une monture de buis constituant le fond et le couvercle. Elles se portent facilement en poche afin de transporter des crèmes, onguents ou mouches de beauté. Les boîtes à pilules ou à pastilles contiennent des pastilles à odeurs, à brûler, de bouche. Les pastilles à odeurs parfument. Celles à brûler font de même mais une fois mises sur des braises ardentes préalablement placées dans des cassolettes faites à cet usage (voir la section sur les brûle-parfums). Parmi les pastilles de bouche citons le cachou. Dans les boîtes à fioles on garde des fioles (en verre) à parfums, poudres, médicaments, eaux de toilette, élixirs pour les yeux... Les boîtes à parfum sont des vinaigrettes contenant un morceau de coton ou d’éponge imbibés de vinaigre aromatique ou d’eau parfumée et placés sous une petite grille métallique articulée. Elles ont aussi le nom de boîtes à senteur, se portent sur soi et sont parfois en céramique. Elles connaissent un grand succès aux dix-septième et dix-huitième siècles, et un peu moins au dix-neuvième. Elles sont très proches des vinaigrettes que l’on invente au dix-septième siècle et qui renferment elles aussi des morceaux d’éponge ou de coton imprégnés de parfum. Les boîtes bergamote ou Bergamotes (photographie), sont faites à partir de la peau de l'orange bergamote. Cette peau est retournée, puis déposée sur un mandrin de bois. En séchant, elle épouse la forme désirée. Recouverte d'un très léger cartonnage, elle est ensuite enduite d'un mélange de colle et de craie, poncée puis peinte de scènes galantes dans un style naïf et enfin vernie. Les Bergamotes seraient caractéristiques d'un art populaire Grassois du dix-huitième siècle et de la première moitié du dix-neuvième. Les boîtes à linge servent à ranger des mouchoirs, des bas en soie ou en coton ... Elles ont la forme de petits coffres pouvant contenir le linge fin qu'un homme de qualité peut employer en deux jours. Certaines sont parfumées. Les boîtes à perruques sont longues et étroites, à la proportion d'une perruque, et rondes par les bouts. Certaines sont garnies d’une toilette de senteur à l’intérieur, et à l’extérieur de peau de senteur, le tout étant bordé de galons d’or, d’argent ou de soie. On y ajoute parfois une serrure ou un crochet. Les caves à parfum ou cabinets à parfum ou cassettes ou nécessaires à parfum , sont des petits coffrets dans lesquels sont disposés des flacons, parfois avec un entonnoir et un gobelet (une timbale) pour les mélanges, et plus rarement une coupelle et un rince-oeil. Il y a aussi les flaconniers qui comportent flacons et entonnoirs.

Les nécessaires de toilette sont des coffres assez grands pour contenir de nombreux objets, sauf pour les nécessaires de poche (ou étuis-nécessaires) qui recèlent de petits articles : boîte à mouches, brosse à dent, couteau pliant, crayon, cuillère, cure-oreilles, entonnoir, flacons, gratte-langue, passe-lacet, peigne, pince à épiler, porte-crayon, racloir pour les dents, tablettes pour envoyer des messages…L’intérieur est doublé de velours ou de soie. Les nécessaires de toilette peuvent comporter en plus : boîtes bergamotes, autres boîtes, cachet, canif, carnet de bal, cassolette, coupelle, cuilleron, démêloir, épingles de toilette, gants cosmétiques ou glacés, passe-laine, dé, étui, gobelet, houppe de cygne, houppette, jarretières, miroir, oeillère, petite cuiller, porte-aiguilles, porte-mine, pots à pommade, réchaud, rubans à peignoir, sachets parfumés, soucoupe et tasse… Certains nécessaires sont incorporés à des objets auxquels ont ne s’attend pas comme à de petites lorgnettes ou à de étuis à messages. Quelques cannes, dites aujourd’hui cannes de beauté, ont des compartiments contenant de petites boîtes, des flacons à parfum, manucure … Le barbier a aussi son nécessaire : le nécessaire de barbier. Les nécessaires de voyage sont garnis de toutes sortes d’éléments, dont certains pour la toilette, que l’on emporte lors de longs déplacements. Les étuis à ciseaux sont d’autres de ces objets, avec les étuis à aiguilles ou les étuis ou nécessaires à couture dans lesquels se trouvent, parmi d’autres garnitures, des dés à coudre…

L'antiquaire Le Curieux vend sur son site divers exemples de ces « nécessaires, étuis et coffrets ». comme celui-ci qui illustre la fin de cet article et dont voici la description : « Prestigieux nécessaire de voyage de Dame, le coffret en loupe, écoinçons et filets de laiton, poignées de transport encastrées. Le blason du couvercle est gravé du chiffre "BL". Serrure et clé "trèfle", signée du grand tabletier parisien : "FAIT PAR MAIRE , Ft DE NECESSAIRES, RUE ST HONORE N° 154 A PARIS" Dans un gainage de maroquin rouge longs grains doré aux petits fers, il contient dans des emplacements et plateaux : * Un tête à tête en porcelaine de Paris, réserves et décors en grisaille, polychromie et dorure. Deux boîtes à thé en vermeil, un mélangeur en cristal et vermeil, un passe-thé, un couvert et deux petites cuillères en vermeil, une casserole haute et son couvercle en vermeil. * Un nécessaire à écrire : porte plume, porte mine, taille plume, deux encriers, un bougeoir à main, un cachet gravé du prénom "Aglaé", un grand portefeuille à soufflet en maroquin vert doré aux petits fers * Un nécessaire de toilette, soins de visage et cosmétique, comprenant notamment un mortier à fard, son couteau et sa poupée, un petit pot à pommade en porcelaine dorée, deux détartreurs de dents monté en nacre, un cure-dent et cure-oreille, 4 flacons cristal, bouchons et stoppeurs en vermeil, un bain d'œil, un entonnoir à parfum, une brosse à dent en vermeil, 3 peignes et démêloirs en corne. * Un nécessaire à couture : Ciseaux, crochet de Lunéville, porte-aiguille en écaille blonde piquée d'or, un dé en or 2 couleurs, un étui à bobines. Orfèvres parisiens associés : Denis-François Franckson et Louis-Antoine Drouard. France, Paris, circa 1802-1804. Dimensions : 46 cm x 24,5 cm, hauteur 15,5 cm. Très bel état (toutes les pièces sont d'origine à l'exception du miroir qui a été changé postérieurement. »

Merveilleuses & merveilleux