Ci-dessus : « Les montagnes russes au vaudeville ». Cette gravure serait de vers 1816 d’après le musée Carnavalet. Si c'est le cas, on est juste avant la première de la pièce Le Combat des montagnes, mettant en scène le calicot (voir plus loin) et dont l'action se situe au même endroit. Les montagnes russes étaient une attraction très à la mode alors. Le personnage central, en blanc, est la personnification de « LA MODE », entourée d'autres en vogue sans doute dans les vaudevilles alors, comme « Mme. Ducomptoir Limonadière » « Mlle. Crépon. Marchande de Mode ».
Le théâtre joue depuis l'Antiquité un rôle important dans la mode jusqu’à l’avènement du cinéma. Petits marquis, coquettes, petits-maîtres et autres modernes parsèment les pièces des XVIIe et XVIIIe siècles. Tenues, manières de parler, de bouger, moeurs… le théâtre en partie fait et porte les modes de son époque.
Au XIXe, les exemples sont très nombreux. En voici quelques-uns :
Dans l’article précédent, j’évoque le travail sur les merveilleuses et les incroyables de l’auteur Victorien Sardou (1831 – 1908). Il écrit beaucoup d’autres pièces, dont une qui donne le nom à un type de petite maîtresse de l’époque : la benoitonne. Elle est représentée pour la première fois en 1865 dans la pièce qui la met en scène intitulée La Famille Benoiton dont je parle dans cet article. La benoitonne est l’éternelle mais toujours changeante jeune fille moderne, ici à l’apogée des robes crinolines.
En 1817, dans la folie-vaudeville en un acte intitulée Le Combat des montagnes, ou la Folie-Beaujon, MM. Eugène Scribe (1791 – 1861) et Henri Dupin (1791 – 1887) mettent en scène un nouveau genre de merveilleux : le calicot, dont il est question dans cet article et cet autre. Le texte de cette pièce est lisible ici.
En 1819, MM. Gabriel de Lurieu (1792 – 1869) et Armand d’Artois (1788 – 1867) créent Les Bolivars et les Morillos ou Les Amours de Belleville dont je parle dans cet article.
En 1822, les mêmes auteurs font jouer Les blouses, ou La soirée à la mode, avec son blousé. Voir cet article.
En 1830, Hernani, la pièce de Victor Hugo (1802 – 1885), permet aux jeune-France romantiques de jouer, comme spectateurs, le personnage principal de cette pièce. Voir cet article.
En 1832, MM. Jacques Ancelot (1794 – 1854 ) et Léon Laya (1811 – 1872) mettent en scène Le Dandy. Voir cet article.
Alexandre Dumas fils (1824 – 1895) crée l’expression de « demi-monde » que l’on retrouve dans La Dame aux camélias (1852) et Le Demi-Monde (1855) où évoluent des cocodès et autres lions, et dans lequel se retrouvent quelques cocottes.
En 1857, Xavier de Montépin (1823 – 1902) propose Les Viveurs de Paris. Voir cet article.
Émile Augier (1820 – 1889) s’est un peu occupé des lions, avec en 1858, avec Édouard Foussier (1824 – 1882) : Les Lionnes pauvres. J’en ai parlé rapidement ici. En 1869 est sorti Lions et renards. En 1866, François Ponsard (1814 – 1867) écrit la comédie Le Lion amoureux. Il en est question succinctement ici.
En 1865, MM. Xavier de Montépin et Jules Dornay sont les auteurs de Les Cocodès : vaudeville en 5 actes et 6 tableaux. Voir cet article.
En 1867, sont jouées Nos petits Crevés, attaque et riposte, une pièce de théâtre d’un auteur inconnu et Les Petits crevés de MM. Alexandre Flan (1824 – 1870), Émile Lazare Abraham (1833 – 1907) et Jules Prével (1835 – 1889). Voir cet article.
Je viens de citer quelques pièces pour la plupart présentées dans des articles de ce blog. On pourrait peut-être en citer beaucoup d’autres. Sans doute, chacun des petits-maîtres du XIXe siècle a son alter-ego interprété sur les planches, dans des opéras-comiques, vaudevilles et autres opérettes, pleins de couleurs, chants, musiques, décors fabuleux… remplis de merveilleux !