Ci-dessus et ci-dessous : Chromolithographie de la fin du XIXe siècle, du grand magasin parisien de mode La Belle Jardinière et avec pour légende : « Je l’ai choisi ample, large, parce que j’ai horreur de la gêne dans l’existence. » Cette image a déjà, été présentée dans cet article.
Montaigne écrit au sujet de la volupté cette très belle phrase : « La volupté est qualité peu ambitieuse, elle s’estime assez riche de soy, sans y mesler le prix de la reputation : & s’ayme mieulx à l’umbre. » (voir ici), ce qui peut donner dans un français moderne : « La volupté est une qualité peu ambitieuse : elle s’estime assez riche en elle-même, sans y ajouter le prix de la réputation ; et s’apprécie davantage à l’ombre. » Cette manière est tout à fait dans l’esprit de la douceur dont il est question dans cet article et de celle de la beauté en soi de cet autre. De nos jours, beaucoup pensent que le bonheur est de s’étaler sur internet et autres réseaux sociaux… dans des blogs… qu’on ne peut la trouver qu’en dehors de soi, et notamment par la possession et la consommation. La volupté au contraire ne cherche pas au-delà d’elle-même. Un proverbe indien dit que le contentement est le plus grand des trésors. Sans doute ce contentement nous amène-t-il à nous ouvrir à la beauté et à la volupté… ce dernier état étant bien plus doux, il me semble, que celui de plaisir. Elle nous fait nous ouvrir à ce que nous avons déjà, sans chercher ailleurs et découvrir des trésors qui sont là. Il me semble qu’il y a de la volupté dans cette phrase de Montaigne : « Heureux qui sachent resjouyr et gratifier leur sens par l’insensibilité et vivre de leur mort. » Il s’agit de plonger entièrement en soi, dans ce que l’on est, sans faux-semblant, ni peur, ni peur d’avoir peur et d’être misérable, et accepter (« insensibilité ») nos limites (« mort »).
Les Pythagoriciens considèrent le bien comme certain et fini, et le mal comme infini et incertain. D’après Cléobule, la mesure est la meilleure des choses. Toute proportion gardée, d’après moi celle-ci ne consiste ni à se borner ni à borner, non plus dans la fuite de toute extrémité. La mesure consiste à se connaître soi-même, et connaître ce qui nous entoure le mieux possible. Il ne s’agit pas de se limiter, mais au contraire de s’ouvrir afin de voir les contours des choses, tels qu’ils sont.