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Peau d'âne

Le peaudane30026 peaudane-300.jpgfévrier, la maison Binoche et Giquello présente dans une vente aux enchères à Drouot-Richelieu un charmant livre avec la gravure exposée ici. Il s'agit d'une édition de contes de Charles Perrault (1628-1703) de la fin du XVIIIIème siècle : « Contes des fées. Nouvelle édition. Paris, Fournier, Onfroy, 1782. In-12, maroquin rouge, triple filet doré, dos orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Chambolle-Duru). Jolie édition des contes, dédiée au duc de Montpensier. Elle réunit les 8 contes en prose de Perrault, Le Petit chaperon rouge, Les Fées, La Barbe bleue, La Belle au bois dormant, Le Maitre chat ou le chat botté, Cendrillon ou la pantoufle de verre, Riquet à la houpe, Le Petit poucet; L'Adroite princesse ou les aventures de Finette de Mlle de l'Héritier, et les 3 contes en vers de Perrault, Griseldis, Peau d'âne, auquel l'éditeur a rajouté la version en prose, et Les Souhaits ridicules. L'illustration se compose d'un frontispice et de 13 vignettes placées en tête de chacun des contes, gravés sur cuivre par De Sève et Martinet. »

Le catalogue de la vente est visible ici.

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Une édition très rare de Histoires ou contes du temps passé de Charles Perrault

FrontispiceDetail300.jpg© Photographies et texte cité provenant du catalogue de la vente aux enchères de ce livre par la maison Binoche et Giquello. M. Dominique Courvoisier est l'expert de cette vente. Il est aussi expert à la Bibliothèque nationale de France et membre du Syndicat français des experts professionnels en oeuvres d’art.

Les ventes aux enchères qui ont lieu en ce moment à Paris sont particulièrement belles. Des exemples ici.

Cela fait longtemps que je n'ai pas évoqué les livres anciens de contes pour enfants. En voici un présenté aux enchères par la maison Binoche et Giquello aujourd'hui 9 décembre à 16h30. Il s'agit de Histoires ou contes du temps passé. Avec des moralitez, Paris, Claude Barbin, 1697, par Charles Perrault (1628-1703). Cet in-12, dans sa reliure d'époque, est présenté comme une « ÉDITION ORIGINALE DES CONTES DE PERRAULT, L'UNE DES PLUS RARES ET DES PLUS PRÉCIEUSES DE TOUTE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE. »
Voici ce qu'en dit encore M. Dominique Courvoisier, expert de la vente et auteur des recherches très intéressantes présentées ici, que je me permets de citer in extenso : « Elle réunit huit contes en prose, chacun illustré d’une vignette sur cuivre : La Belle au bois dormant, Le Petit chaperon rouge, La Barbe bleue, Le Maistre chat ou le chat botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet à la Houppe, Le Petit Poucet. Le frontispice, qui représente trois enfants écoutant une paysanne leur contant des histoires tout en filant au coin du feu, est signé Antoine Clouzier, à qui est attribuée la gravure des vignettes ; un titre figure en arrière-plan : contes de ma mère Loye.
Le recueil est dédié À Mademoiselle (Élisabeth-Charlotte d’Orléans, nièce de Louis XIV). L’épître dédicatoire est signée  P. Darmancour, c’est-à-dire Pierre Perrault Darmancour (1678-1700), au nom duquel est consenti le privilège, le plus  jeune fils de Charles. De nombreux historiens et bibliographes ont tiré de cette dédicace des preuves que les contes  avaient été écrits par Pierre Perrault (voir Le Petit en particulier). On notera aussi que l’exemplaire de la Sorbonne porte sur le titre la mention manuscrite de l’époque par Darmancour, surmontée d’une seconde mention d’une main du  XVIIIe siècle corrigeant la première en Perrault fils de Charles. Il est aujourd’hui admis que l’un et l’autre ont collaboré  à l’écriture des contes, sans que l’on puisse déterminer avec exactitude la part de chacun.
Titre300De cette édition anonyme de 1697 on a toujours distingué deux types d’exemplaires, l’un avec un errata, l’autre sans le  feuillet d’errata et avec les fautes corrigées, ceux-ci dénommés premier état ou second état de l’édition originale. L’errata comprend 8 fautes à corriger :  On aurait pu y ajouter quelques erreurs dans les titres courants : de La Barbe bleue notamment, p.67 (La Berbe bleüe), et p.75 (La barbe. Bleüe). Ces fautes sont, elles aussi, comme celles que signale l’errata, corrigées dans la deuxième  édition de 1697. Une toute dernière faute, qui semble avoir échappé à tous, p.93 du Chat botté : le marquis de Carabas  est dénommé comte de Carabas, cette erreur est d’ailleurs reproduite dans la seconde édition et dans celle de 1707  annoncée comme réimpression exacte de l’originale.
Des récentes recherches et des comparaisons minutieuses entre les exemplaires des deux « états » ont permis de distinguer deux éditions différentes. Ces éditions ont une collation identique et proviennent du même atelier typographique. Jean- Marc Chatelain, conservateur à la BnF, Réserve des livres rares, dans l’ouvrage dirigé par Claire Badiou-Monferran,Il était une fois l’interdisciplinarité. Approches discursives des Contes de Perrault, a fait le point sur la question : Il apparaît que l’atelier typographique responsable de l’édition originale ne s’est pas contenté de remaniements très ponctuels à l’intérieur d’une composition typographique d’ensemble qui serait restée inchangée, mais a procédé au contraire à une recomposition complète de l’ouvrage, à la seule exception de l’épître dédicatoire. Il convient donc d’abandonner la distinction de deux « états » : il s’agit en réalité de deux éditions différentes.
NOTRE EXEMPLAIRE FAIT PARTIE DE L’ÉDITION ORIGINALE, QUI EST AUJOURD’HUI DE LA PLUS INSIGNE RARET
É.
LaBelleAuBoisDormant-300D’après Jean-Marc Chatelain, à qui nous savons gré de nous avoir communiqué l’ensemble de ses notes concernant les exemplaires recensés, on peut localiser aujourd’hui 13 exemplaires de la seconde édition (dont 5 dans des dépôts publics) ; 
MAIS ON NE CONNAÎT QUE 4 EXEMPLAIRES DE L’ÉDITION ORIGINALE :
1 – à la BnF (incomplet d’un feuillet), reliure moderne;
2 – à la bibliothèque de la Sorbonne, reliure de l’époque ;
3 – l’exemplaire du comte de Fresne (1893, n°455), puis Robert Hoe (IV, 1912, n°2551), Edmée Maus, et Clayeux,
reliure doublée de Trautz-Bauzonnet ;
4 – l’exemplaire Adolphe Gaiffe (18 au 20 avril 1904, n°361), reliure de l’époque.
AINSI, NOTRE EXEMPLAIRE SERAIT LE SECOND CONNU EN MAINS PRIVÉES, ET LE SEUL EN RELIURE D’ÉPOQUE EN MAINS PRIVÉES, car il est à mon avis très probable qu’il s’agisse ici de l’exemplaire Gaiffe, passé en vente publique à une époque durant laquelle l’armateur-bibliophile Adolphe Bordes, de la bibliothèque duquel notre exemplaire provient, faisait ses achats les plus importants auprès de Rahir, qui s’occupait aussi de ses acquisitions en vente publique. Les archives manuscrites d’Adolphe Bordes, mort en 1913, comprennent en effet une liste qui montre qu’il possédait deux exemplaires des Contes de 1697 : l’exemplaire Nodier–Guyot de Villeneuve (la seconde édition) et un autre exemplaire, celui que nous présentons aujourd’hui. La rareté de l’édition rend bien improbable en effet la présence de deux exemplaires de l’édition originale en même temps sur le marché, qui plus est en reliure d’époque, et dont l’un aurait entièrement disparu.
LA CONFRONTATION DE NOTRE EXEMPLAIRE AVEC CELUI DE LA SORBONNE NOUS A PERMIS DE CONSTATER QUE LES DEUX  RELIURES SONT SORTIES DU MÊME ATELIER et du même train de reliure :  même décoration du dos, même couleur des tranchefiles, même moucheture des tranches, même titre au dos. Cette découverte permet d’avancer l’hypothèse d’un tirage à petit nombre distribué dans l’entourage de la princesse auprès de laquelle, on le sait, Pierre Perrault ambitionnait une place de secrétaire. Le succès rencontré aurait alors justifié une seconde édition, commandée à Barbin. NOTRE EXEMPLAIRE SE DISTINGUE DE PLUS PAR SON EXCELLENTE CONSERVATION.  Ses dimensions (152 mm x 86 mm) sont les mêmes que celles de l’exemplaire du comte de Fresne qui provoqua l’admiration de Le Petit qui le qualifiait de taille extraordinaire. C’est en fait le format des deux éditions. Le frontispice et le feuillet d’errata sont collés chacun sur le feuillet leur faisant face, ce qui est cohérent avec le fait qu’ils ne font pas partie des cahiers. Le feuillet [Piii] est un carton, comme dans les exemplaires de la Bnf et de la Sorbonne. Notes à l’encre de la fin du XIXe siècle sur du papier rose collé sur le premier contreplat. L’une d’elles recopie la fiche du catalogue Nodier, puis détaille le parcours de plusieurs exemplaires de l’édition originale des Contes, entre autres l’exemplaire Aimé-Martin payé 106 fr par M. Delessert (c’est l’exemplaire Cousin, de la seconde édition) ; d’autres références concernent l’édition de 1742.
Après une restauration commanditée par l’un des héritiers de la collection Bordes dans les années 1980-1990, le volume se présente aujourd’hui avec les coiffes, les mors sur quelques centimètres et les coins restaurés, et la pièce de titre en maroquin rouge moderne. Cette pièce de titre, naïvement incohérente, ne comprend que le mot Contes (qui devait figurer sur l’ancienne pièce, détériorée), mais frappée dans une dimension par trop étrangère aux normes de l’époque. Quelques feuillets présentent des taches brunes sans gravité.
Note : Deux exemplaires de la seconde édition des Contes ont figuré dans des ventes dans un passé récent : l’exemplaire Hayoit (28 juin 2001, n°112), et un des exemplaires de Jean Bonna avec le frontispice en fac-similé (21 avril 2010, n°54). »

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Avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre.

thales300Photographie : Vignette provenant d'un livre des fables de La Fontaine du tout début du XIXe siècle (indication 1802 à la main) gravée par Girardet (1764-1823) d'après Percier. Fable de l'astrologue qui tombe dans un puits. Dimensions : 6,8 x 15,5 cm. Il est à noter le mélange des styles Renaissance et Antique.

Je trouve rassurant de savoir qu'il existe l'immensité … et parmi elle des choses merveilleuses … A présent on peut voyager hors de la terre, contempler des univers à l'infini … Un aller-retour vers la lune ne dure que quelques jours. Les nouveaux télescopes nous dévoilent des petits points du ciel remplis d'étoiles (voir vidéo ci-après). Tout cela est véritablement magique ! Mais pourquoi, alors qu'aujourd'hui nous avons la possibilité d'envoyer des hommes sur Mars, nous n'arrivons pas à vivre sur la terre en bonne intelligence ? Cela rappelle cet épisode de la vie de Thalès de Milet (625-547 av. J.-C.), l'un des sept sages de la Grèce antique qui, comme le racontent Diogène Laërce et Platon, alors qu'il contemple les étoiles, tombe dans un puits. Une femme qui assiste à la scène lui fait remarquer que c'est une belle chose d'admirer le ciel, mais qu'il est aussi nécessaire de regarder près de soi. Jean de La Fontaine (1621-1695) reprend une anecdote semblable dans une de ses fables.


 

Photographies : Les Fables de La Fontaine : Avec des dessins de Gustave Doré, Paris, Hachette, 1868. Format : 37,7 x 28 cm. Reliure, frontispice avec page de titre, double page « Fable XIII. L'astrologue qui se laisse tomber dans un puits. »

fablesdelafontainedore537AstronomiePhotographie prise dans le métro avant le vélib. Seuls dans l'univers ?seulsdansluniversflous300aaa

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Les contes de la comtesse Marie-Catherine d'Aulnoy.

Nous avons vu, dans l'article du 18 décembre intitulé Le Mystère des Contes de Fées : Les Fées à la Mode !, que si Charles Perrault lance la mode des contes de fées, c'est la comtesse Marie-Catherine d'Aulnoy (1651 - 1705) qui publie pour la première fois ce genre dans son roman Histoire d’Hypolite, Comte de Duglas, édité par Louis Sevestre en 1690 ; enfin c'est ce que l'on dit car en cherchant bien, on pourrait sans doute trouver d'autres trésors. L'édition présentée ici de certains de ses contes est postérieure à leur auteur. Cependant elle est particulièrement importante dans l'histoire de la diffusion de ce genre. Il s'agit d'une collection de contes (Le Cabinet des Fées ; ou Collection choisie des contes des Fées, et autres contes merveilleux, Ornés de Figures) rassemblés par le chevalier Charles-Joseph de Mayer (1751- vers 1825). Trente-sept volumes paraissent dans les années 1785 et 1786, complétés quatre ans plus tard par les quatre derniers tomes consacrés à des contes orientaux. Chaque volume est généralement illustré de trois gravures en pleine page. Cette édition marque véritablement la seconde vague de divulgation de ce genre, la première étant celle des oeuvres originales. Ce tome second de 1785 contient les oeuvres suivantes de la comtesse Marie-Catherine d'Aulnoy : Gracieuse & Percinet, la Belle au Cheveux d’Or, l’Oiseau Bleu, le Prince Lutin, la Princesse Printanière, la Princesse Rosette, le Rameau d’Or, l'Oranger & l'Abeille, la Bonne Petite Souris, Dom Gabriel Ponce de Leon, le Mouton, Finette Cendron.

Gracieuse & Percinet : "Il y avait une fois un roi & une reine qui n'avaient qu'une fille. Sa beauté, sa douceur & son esprit, qui étaient incomparables, la firent nommer Gracieuse. Elle faisait toute la joie de sa mère ; il n'y avait point de matin qu'on ne lui apportât une belle robe, tantôt de brocard d'or, de velours ou de satin. Elle était parée à merveille, sans en être ni plus fière, ni plus glorieuse. Elle passait la matinée avec des personnes savantes, qui lui apprenaient toutes sortes ne sciences ; et l'après-dîner, elle travaillait auprès de la reine ..."

La Belle au Cheveux d’Or : "Il y avait une fois la fille d'un roi qui était si belle, qu'il n'y avait rien de plus beau au monde ; et par cette raison, on la nommait la Belle aux Cheveux d'Or : car ses cheveux étaient plus fins que l'or, et blonds par merveille, tout frisés, et si longs, qu'ils lui tombaient jusques sur les pieds. Elle allait toujours couverte de ses cheveux bouclés, avec une couronne de fleurs sur la tête, et des habits brodés de diamants et de perles, de sorte qu'on ne pouvait la voir sans l'aimer. Il y avait un jeune roi de ses voisins ..."

Les Contes des Fées : "Après avoir éprouvé tout ce qu'un long hiver a de plus rigoureux, le retour de la belle saison invita plusieurs personnes d'esprit et de bon goût d'aller à Saint-Cloud. Tout y fut admiré, tout y fut loué. Madame D.... qui s'était lassée plus vite que le reste de la compagnie, s'assit au bord d'une fontaine. Laissez-moi ici, dit-elle., peut-être que quelque sylvain ou quelque dryade ne dédaigneront pas de venir m'entretenir. Chacun lui fit la guerre sur sa paresse. Cependant l'impatience de voir mille belles choses qui s'offraient aux yeux, l'emporta sur l'envie qu'on aurait eue de rester avec elle. Comme la conversation que vous méditez avec les hôtes de ces bois , n'est pas bien certaine, lui dit monsieur de Saint-P...., je vais vous donner les Contes des fées , qui vous occuperont agréablement. Il faudrait que je ne les eusse pas écrits, répliqua madame D...., pour me laisser au moins prévenir par les grâces de la nouveauté ; mais laissez-moi ici sans scrupule, je n'y serai point désœuvrée. Elle continua ses instances là-dessus d'une manière si pressante, que cette charmante troupe s'éloigna. Après avoir tout parcouru, elle revint dans l'allée sombre, où madame D.... l'attendait. Ha ! que vous avez perdu, s'écria la comtesse de F.... en l'abordant, ce que nous venons de voir est merveilleux. Ce qui vient de m'arriver, lui répliqua-t-elle, ne l'est pas moins. Sachez donc que jetant les yeux de tous côtés pour distinguer mille objets différents que j'admirais, j'ai vu tout d'un coup une jeune nymphe proche de moi, dont les yeux doux et brillants, l'air enjoué et spirituel, les manières gracieuses et polies, m'ont causé autant de satisfaction que de surprise. La robe légère qui la couvrait, laissait voir la proportion de sa taille ; un nœud de ruban arrêtait à sa ceinture les nattes de ses cheveux; la régularité de ses traits n'avait rien qui ne fit plaisir. J'allais lui parler, lorsqu'elle m'a interrompue par ces vers : Quand un auguste prince habite ce séjour ; / Quand ce palais superbe et ces jardins tranquilles ; / Souvent de sa pompeuse cour / Sont les agréables asiles, / De tout ce qui s'offre à vos yeux ; / Est-il rien qui doive surprendre ? ..."

Le Mystère est partie intégrante de la vie.

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Le Mystère des Contes de Fées : Les Fées à la Mode !

Photographie : C’est la deuxième fois que je publie dans ce blog cette gravure. C’est qu’elle est admirable. En dehors du texte qu’elle illustre, elle trouve une résonance encore plus grande. Deux générations y sont représentées : un enfant nu, beau et petit, et une grand-mère habillée, grande et laide. L’enfant dépeint dans sa fragilité est assis et accompagné de lion(ne)s signes de pouvoir et de force. Le décor est champêtre et même troglodyte. Cette estampe est tirée d’un des volumes du merveilleux ensemble du XVIIIe siècle : Le Cabinet des Fées, qui rassemble une « collection choisie » d’écrits de ce genre.

Les contes de fées éclosent dans la littérature française d'une manière mystérieuse … avec Charles Perrault (1628-1703) et Marie-Catherine Le Jumel de Barneville baronne d'Aulnoy (1650-1705). Plusieurs auteurs s'essaient à ce style. Leurs ouvrages trouvent une résonance sans cesse croissante mais jamais égalée. Ce genre littéraire s'inspire sans doute d'une transmission orale dont on trouve des traces dans les écrits de l'Antiquité, les traditions d'Orient et d'Extrême Orient, certains textes de la Renaissance italienne, et la littérature médiévale chevaleresque et courtoise profondément encrée dans l’imaginaire de la terre de France. A une époque où le Roi Louis XIV (1638-1715) ordonne la destruction des grands châteaux forts, et tient sous sa main toute la noblesse et ses régions aux immenses richesses, une fée, sans doute chassée de son royaume de féérie, vient animer la main de Charles Perrault et lui dicter un temps jadis, le : « Il était une fois » … Cette écriture, dont de nombreux auteurs vont s’inspirer par la suite, est quelque chose d’autre que de la littérature. Il n’est pas étonnant que ce soit Charles Perrault qui la mette au goût du jour, lui qui croit à une certaine immuabilité de la beauté et de la sagesse (voir son poème retranscrit dans Wikipedia), qui s’est toujours comporté de façon libre, se débarrassant des contraintes collégiales pour apprendre par lui-même, s’émancipant des classiques antiques pour affirmer la primauté du temps présent, tout en participant à la création de nouvelles académies et en incorporant certaines. Les contes de fées s’affranchissent de toutes les règles classiques comme celle de la vraisemblance. Ils s’adressent à tous ; même à ceux qui ne savent pas lire ou qui ne sont pas en âge de le faire … C’est dans le cœur des enfants qu’elle se reflète le mieux ; avec toute la brillance, l’éclat qui la caractérise. Elle élève ses fabuleux châteaux aussi bien dans le merveilleux enfantin que sur le sol, le patrimoine d’une réalité et d’un imaginaire communs.

Cet imaginaire est immense. En découvrant les éditions originales, la plupart des personnes sont étonnées des petits formats des premiers livres de contes ou de ceux publiés par la suite au XVIIIe siècle. Beaucoup s’attendent à de grands ouvrages in-folio, ressemblant à des grimoires, illustrés de gravures fantastiques. Il n’en est rien ; c’est même le contraire. La mode des grands livres de contes date des XIXe et XXe siècles avec certains ouvrages illustrés comme ceux de l’Imprimerie d’Épinal. Le premier conte de Charles Perrault est intitulé La Marquise de Salusses ou la Patience de Griselidis. Il est publié en 1691 par l’imprimeur J.-B. Coignard dans un petit format (in-12). Il semblerait qu’il soit l'imitation d'une nouvelle de Boccace et de Pétrarque (tous deux des écrivains de la Renaissance italienne du XIVe siècle) comme cela est paraît-il écrit dès la page de titre ou en introduction (je n’ai pas encore retrouvé de trace visuelle de ce livre). En novembre 1693, le conte Les Souhaits ridicules est édité dans la petite revue des Modernes : le Mercure galant. En 1694, ces deux contes sont rassemblés avec Peau d’Âne dans un in-12 du premier éditeur. Il s’agit de la deuxième édition de Peau d’Âne, la première étant semble-t-il introuvable (?!). Deux années plus tard, le Mercure galant (mois de février) publie La Belle au bois dormant. En 1697 sort chez Claude Barbin Histoires ou Contes du temps passé avec des moralités dans un in-12 illustré (privilège du 28 octobre 1696) contenant : La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe bleue, Le Maître chat ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon ou la petite pantoufle de verre, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet. Toutes ces éditions sont dans des formats ‘de poche’. Et pourtant, elles nous ouvrent à des univers immenses, transcendant les âges (les générations et les temps). Si c’est Charles Perrault qui lance véritablement ce nouveau genre, la baronne Marie-Catherine d'Aulnoy publie pour la première fois ce style de conte de fée dans son roman Histoire d’Hypolite, Comte de Duglas, édité par Louis Sevestre en 1690 en in-12. Les autres contes qu’elle écrit ensuite sont aussi des éditions de cette taille : Les Contes de Fées (1696/7), les Contes Nouveaux ou les Fées à la Mode (1698). A cette même période, de nombreux autres auteurs publient (presque exclusivement dans ce format) des contes de fées, parmi lesquels de très nombreuses femmes : Henriette-Julie de Castelnau comtesse de Murat (1670-1716), Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon (1664 -1734 : Précieuse, nièce de Charles Perrault, amie de Madeleine de Scudéry qui lui lègue son salon, de la comtesse d'Aulnoy et d’Henriette-Julie de Murat.), Catherine Durand (1670-1736), Mademoiselle Charlotte-Rose de Caumont de La Force (1654-1724) …

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Les Contes et les Fables aux XVIIIe siècle et début XIXe.

Le livre de contes ou de fables, lorsqu’il est ancien, est un véritable trésor qui  porte le lecteur dans des mondes où le réel côtoie le songe, dans des univers faisant partie intégrante de notre patrimoine et de notre imaginaire. Les deux réalités que sont l’objet qui est un lien direct avec le passé et les mots qui raisonnent en nous, ouvrent des portes insoupçonnées de notre conscience. 

Cliquez sur la photographie pour voir des exemples de livres de contes et de fables ainsi que des gravures tous d’époque.
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Au XVIIIe siècle et au début du XIXe, les termes de ‘contes’ et ‘fables’ désignent différents genres de narrations. Les fables définissent soit des récits mythologiques, soit des petites histoires moralisatrices mettant souvent en scène des animaux. Parmi ces dernières on distingue : les fables orientales, les fables imitées ou s’inspirant d’Esope et les Isopets du Moyen-âge. Le terme de ‘contes’ regroupe toutes sortes de petites histoires : les contes moraux qui sont de courtes nouvelles moralisatrices ; les contes à rire qui relatent des histoires amusantes ; les contes érotiques ; les contes de la vie courante plus ou moins moralisateurs ; et les contes de fées. Ces derniers deviennent un genre littéraire seulement au XVIIe siècle.

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Merveilleuses & merveilleux