La volupté est très présente dans la culture française et même occidentale … depuis l'Antiquité. Il ne s'agit pas de mollesse mais de raffinement, de capacité à créer et jouir du bonheur. Le terme vient du latin voluptas dont un des principaux sens est satisfaction, contentement. J'ai entendu dire qu'un dicton indien prétend que le contentement est le plus grand des trésors. Pendant des années je me suis demandé ce que cela pouvait bien signifier. Si on remplace le terme 'contentement' par 'voluptas' alors cela prend sens pour moi.
La volupté est la capacité d'être pleinement dans le moment présent et de le savourer. Je pense qu'il est beaucoup plus difficile aujourd'hui d'être voluptueux, nos sens étant très sollicités par des flots d'informations, images, sons, distractions, communications et autres publicités qui nous rendent continuellement insatisfaits. On est dans le désir plutôt que dans le plaisir, ce qui fait une énorme différence.
Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676) distingue le « voluptueux charnel » du « voluptueux spirituel » dans sa préface de Les Délices de l'esprit, dialogues dédiés aux beaux esprits du monde (A. Courbé, 1658) intitulée « Avis aux Beaux Esprits du Monde ». Il dépeint les voluptueux charnels portés vers les « plaisirs de la sensualité charnelle » et les voluptueux spirituels enclins « aux plaisirs d'une sensualité qu'ils estiment toute spirituelle ». Les deux se considèrent comme ayant de l'esprit, et ne sont à l'affût que des plaisirs. Les premiers sont libertins, athées, sans pudeur. Les seconds cherchent la sensualité dans l’esprit. « Les personnes dont la sensualité leur semble spirituelle […] disent, ou souffrent qu'on leur dise, les paroles les plus voluptueuses, pourvu qu'elles soient dites en termes couverts & délicats : Elles cherchent avidement des lectures de passions amoureuses, de pompeuses descriptions, de discours tendres, & de sentiments déliés & charmants ; & ne peuvent souffrir les livres qui traitent de la spiritualité divine, dont les sèches matières les rebutent, & dont les termes les effrayent : parce que la plupart sont écrits par des hommes peu polis, qui ne sont pas nourris parmi le Monde, qui n'en savent ni les mœurs, ni le goût, ni le langage, qui ne produisent rien d'agréable aux esprits délicats […] » Il décrit son siècle comme « sensuel, délicat & poli, qui cherche la beauté des inventions, la richesse des descriptions, la tendresse des passions, & la délicatesse & justesse des expressions figurées ... »
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