La Modernité

Lorsqu'on contemple des enluminures de manuscrits des XV ou XVe siècles représentant des scènes de la vie quotidienne, on est étonné par la diversité des accoutrements, des couleurs, des matières des tissus, des coupes qui réutilisées aujourd'hui témoigneraient d'une modernité certaine et seraient d’une grande nouveauté. La mode médiévale a subi d’importantes mutations au cours de ses mille ans, de même que la mode française en générale. Il suffit de comparer des vêtements utilisés d’un siècle à l’autre, ou d’une génération à une autre pour constater ces bouleversements. Mais plus passionnant encore est de découvrir à travers ces représentations, l’élégance, la finesse en mouvement, la créativité mise en œuvre et le jeu avec les éléments constitutifs de la mode et des belles manières. Les grands yeux noirs d’une petite maîtresse ou d’un petit maître au teint et cheveux blancs comme neige, aux joues et aux lèvres pourpres, aux habits exquis aux couleurs délicates mais éclatantes, parsemés de rubans, de dentelles, de tissus chatoyants et de nouvelles inventions, laissent présager de façons plus délicates que celles de danseuses ou danseurs classiques. Certains ressemblent à des poupées, n’existant que pour eux-mêmes, pour la seule énigme et vérité qu’est l’apparence, sans rien en moins, ni en plus, mais tout entièrement en elle et son rythme, en la beauté transcendante de la nature en son paroxysme. Les gravures qui m’inspirent ce texte je n’ai pas pu les avoir, et ne peux vous en montrer les photographies pour cause de droits. Mais j’espère plus tard vous dévoiler de ces petites maîtresses et petits-maîtres aux allures de poupées de chiffon, de fils d’or et d’argent … dont la vue de chacun vous ouvre le regard comme le ferait une toute nouvelle couleur jamais rencontrée par vos yeux et dont l’apparition a à voir avec de la féérie, celle qu’on donne en contes aux enfants et qui est l’âme même du monde.

Merveilleuses & merveilleux