Portrait miniature d’une merveilleuse du Directoire

Merveilleuses et merveilleux

Le 18 octobre dernier, dans le cadre d’une vente aux enchères à l’Hôtel Drouot des anciennes collections des ducs de Fitz-James, par le commissaire-priseur Hubert L’Huillier, a été vendue une miniature ovale (6,50 x 5,50 cm) et d’époque, d’un buste de merveilleuse. Voir ici et ici. Le collectionneur l’ayant achetée, a bien voulu me la montrer. Ci-dessus la photographie de cette miniature, et ci-dessous celles du catalogue.

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux

Il s’agit d’une merveilleuse d’époque Directoire. Elle est dans le même style que celle présentée dans cet article, avec des boucles d’oreille rondes, une haute cravate blanche et un ruban dans les cheveux rouge-sang rappelant les massacres de la Révolution. Ses cheveux (ou perruque) blonds, assez courts, tombent en « oreilles de chien » sur ses tempes (voir ici, ici et ici), caractéristique surtout présente chez les incroyables. Sa tunique est blanche, à l’antique et avec un assez profond décolleté. Sa veste est peut-être d’un style jockey très à la mode à cette époque, très courte et faisant office de soutien-gorge, à la manière de cet exemple et de celui-ci.

Ci-après un autre portrait de merveilleuse, ici gravé, avec des rubans d’un rouge-sang, le côté dramatique accentué par le collier en forme de chaîne de prisonnier. Ce dernier exemple est d’autant plus intéressant que la jeune femme mélange des éléments un peu précieux, comme la plume d’autruche de son chapeau, appelé « Chapeau à la Minerve » pour faire antique, et d’autres éléments empruntés davantage au peuple, comme le simple foulard blanc ou le tablier. À cette époque, les cheveux courts des merveilleuses et des incroyables sont une mode faisant référence soit à l’Antiquité, soit aux cheveux coupés avant la guillotine. Dans l’introduction des Mémoires de Madame Roland, édition présentée et annotée par Paul de Roux (Paris : Mercure de France, 1966 et 1986), ce dernier relate l’exécution de la révolutionnaire du parti Girondin, Mme Roland, et de son compagnon d’infortune, M. La Marche : « Après qu’on lui [à La Marche] eu coupé les cheveux, elle [Mme Roland] le regarda attentivement et lui dit : "Cela te sied à merveille, tu as en vérité une tête antique." ».

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses & merveilleux