Le 16 décembre, a été vendu par la maison Thierry de Maigret, une miniature (voir ici) attribuée à Anthelme François Lagrenée (1774 – 1832) d’un « Portrait de Madame de Bussière, née de Bouvyer-Cepoy […] Circa 1798-1808. H : 4,5 - L : 3,4 cm. Marguerite Françoise (dite aussi Agnès) Bouvier de La Mothe de Cepoy, par son mariage comtesse de Buffon (1784), puis Madame Renouard de Bussière (1798), née en 1767 et morte en 1808, fut la maîtresse en titre du prince Louis Philippe d’Orléans, duc d’Orléans, connu sous la Révolution sous le nom de Philippe-Égalité. » On m’a fait remarquer que celui-ci a voté la mort de Louis XVI, et « fut tellement à la mode et adulé en son temps qu’avec ses appuis maçonniques, il a décrédibilisé son cousin au pouvoir !… faisant ainsi le lit de la Révolution. » Le duc d’Orléans a été guillotiné lui aussi en 1793, quelques mois après Louis XVI. Mme Bouvier de la Mothe de Cepoy avait 20 ans de moins que lui, et elle désapprouvait ouvertement les exactions de la Révolution. Elle était sans doute une merveilleuse à l’époque du Directoire, comme cette miniature le prouve. Peu de choses sont toutes blanches ou toutes noires… mais il y a des dominances. Rappelons que des merveilleuses connues étaient dans l’entourage de Napoléon et de ses généraux… qui n’étaient pas royalistes, bien que Bonaparte se soit fait couronner empereur. Ce dernier a même commencé sa carrière en massacrant des royalistes sur le parvis de l’église St-Roch. À cette époque, les petits-maîtres royalistes étaient surtout appelés des « muscadins ».
Madame de Bussière est donc ici peinte avec une cravate haute jusqu’au menton, que les femmes aussi portaient (voir ci-après un détail d’une de mes gravures) et un ruban rouge dans ses cheveux rappelant le sang de la révolution sur le blanc des aristocrates. Il peut s’agir d’une perruque. Le détail qui m’a surpris, et qui est à l'origine de ce début d'article, est son collier qui rappelle tout à fait des cicatrices dans le cou, et donc les têtes coupées de la Révolution. Je me suis alors aperçu que l’on retrouve ce genre de collier dans d’autres portraits de merveilleuses. Voilà donc un autre élément de la panoplie des merveilleuses rappelant le sang de la Révolution à ajouter aux autres, comme les cheveux coupés « à la guillotine », les chemises blanches très échancrées comme celles des condamnés, les rubans d’un rouge-sang…
Ci-dessous, nous avons une autre façon de nouer la cravate des incroyables : en oreilles de lièvre (voir cet article). Cette miniature, vendue dernièrement à un chanceux, est un portrait d’incroyable de vers 1807. Je possède une gravure avec au centre un personnage semblable, avec la même coupe de cheveux courts, frisés et blonds (voir ici et ci-dessous après les photographies de la miniature). Sans doute s’agit-il d’une perruque.
Pour terminer ce petit tour des ventes de maisons et d’antiquaires, voici ci-dessous un autre témoignage d’époque, sans doute Directoire (1795 – 99), proposé par l’antiquaire de St-Ouen Le Curieux mais à un prix assez prohibitif. Les merveilleuses sont vraiment dans le style, et la légende en rajoute : « Ma Pa’ole d’honneur ! elle est ! Cha’mante ! »