Le petit verni

Dans ce blog, quand je parle des petits-maîtres, je présente des documents m’appartenant, sauf indication contraire. Ici, la partition que je souhaiterais vous montrer, je ne l’ai pas encore trouvée… seulement une plus récente dont la photographie est à la fin de cet article. La plus ancienne est visible ci-dessous. Les paroles de cette chanson mettent en scène le petit-verni dont il est question dans mon premier livre, et en évoque d’autres aussi présents dans cet ouvrage, comme le pschutteux, le vlan, le chic ou le gommeux. Dans ce texte, on retrouve des expressions et occupations de ces petits-maîtres fin-de-siècle.

Il s’agit de la partition de 1893 de la chanson intitulée Les Petits vernis, avec un autre exemple ici, interprétée par Yvette Guilbert (1865 – 1944) qui serait à l’origine de la musique, alors que les paroles sont de Jacques Redelsperger (1847 – 1930).

Voici ces paroles :

« Mouv[emen]t de Marche.

1er COUPLET. C’est eux qu’on voit passer avec des nœuds d’cravate,
Qu’ils ont mieux travaillés qu’leur baccalauréat.
Leur vrai rôle ici-bas c’est fair’ de l’épate.
Ma chèr’ si tu savais comm’ c’est un drôl’ d’état !

REFRAIN. Voilà les vernis, Les petits vernis,
Les pschutteux, les vlans, les chics, les fleurs d’gomme ! voici les vernis,
Les petits vernis,
Qui de leur vernis épatent tout Paris !

2 C’est dans les acacias que ces aimables merles
Étal’ de cinq à sept des grimpants à carreaux.
Des chapeaux épatants ! avec des gants gris-perles.
Ma chèr’, si tu savais c’ que ces gens-là sont beaux !
Au Refrain.

3 Ils aiment à casquer pour des femmes très chères ;
Chères ? tu m’entends bien ! je crois qu’on s’est compris ?
Car pour le sentiment, les amours printanières,
Ma chèr’, si tu savais c’ que c’est peu dans leurs prix ?
Au Refrain.

4 Ils ont des chevaux primés dans les concours hippiques.
Les plus beaux les plus chouettes et les mieux harnachés !
Ils conduis’nt des mail-coachs sans mett’ la mécanique.
Ma chèr’, si tu savais c’ qu’ils ont l’air de cochers !
Au Refrain.

5 Dans leurs cols empesés ils n’tourn’nt jamais la tête.
Et comme il est très pneu d'avoir l’air fatigué,
On dirait des croqu’- morts les jours qu’ils font la fête.
Ma chèr’, si tu savais c’ que ces gens-là sont gais !
Au Refrain. »

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses & merveilleux