Ci-dessus : Deux acteurs sur les planches d’un théâtre du XVIIIe siècle, l’un en haillons, et l’autre en habits de petite-maîtresse. Gravure sans doute tirée d’un livre de Restif de La Bretonne (1734 – 1806) du dernier tiers du XVIIIe siècle.
Pourquoi avoir une opinion ? Quel intérêt y-a-t-il à juger ? Cependant, envisager avec équanimité ne veut pas dire ne pas voir… au contraire voir tout très clairement ; enfin « tout » selon l’ouverture du champ de ‘vision’. Ainsi se fourvoie-t-on beaucoup moins.
Nous sommes dans un monde relatif ; mais entre les êtres humains nous avons aussi des choses communes. Les notions de « beau » et de « laid » sont en partie communes et en partie culturelles. Dans cet article (et un prochain sur ce thème de la beauté), il ne s’agit pas de juger de ce qui est beau ou laid, mais de donner quelques références culturelles françaises.
D’abord, ceux qui suivent mon blog et lisent mes ouvrages savent que depuis le Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle, on appelait « belles » et « beaux » de jolies jeunes personnes. Au XVIIIe siècle, les Anglais eux-mêmes nommaient « beaux » ceux qui donnèrent ensuite les fashionables puis les dandys. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la France était le pays le plus puissant en Europe, et ce sont généralement les pays les plus puissants qui sont les plus copiés. La conclusion napoléonienne et l’entrée des nations émigrées en France marqua la fin de son hégémonie, celle-ci passant définitivement en Angleterre. Ainsi les belles, les beaux et les macaronis (qui s'inspiraient le Continent), devinrent des fashionables puis des dandys… de même en France on a eu les fashionables et les dandys ! Au XXe siècle, ce sont les États-Unis qui prirent la relève, et la plupart des Français se mirent à progressivement mal s’habiller, à renoncer de force au sur-mesure, à parler grossièrement et à utiliser de plus en plus de mots anglo-saxons dans presque toutes les conversations.
Ci-dessous : Je suis né à Saint-Étienne dans la Loire et ai vécu toute mon enfance dans un village de ce département. Dans celui-ci, quelques vieux communiquaient encore en patois, et aujourd’hui les gens ne parlant que français utilisent toujours des mots que l’on ne trouve que dans cette commune et quelques-unes avoisinantes. À Saint-Étienne on parlait, et encore un peu aujourd’hui, « gaga ». La page ci-après est tirée du livre de Pierre Perrin Le Petit gaga illustré (Saint-Étienne : Actes graphiques, 7ème édition [quel succès !], 2010). En langage gaga, une « Farasse » est une « Femme habillée avec mauvais goût » (cliquer sur l'image pour un agrandissement), alors que « se poutringuer » consiste à « Exagérer les soins de sa toilette. »