Drôles de pistolets XVIII : Lions de Jules Platier, Gustave Doré, Honoré Daumier et Alfred Géniole

Merveilleuses et merveilleux

Certains trouvent que les drôles de pistolets sont des drôles de pistolets… des originaux… des cas… Cela peut se comprendre. Pour moi, les cas, sont souvent la multitude qui suit, et les gens raisonnables, sont justement ceux qui raisonnent, inventent, créent… et non pas ceux qui suivent tout et tout le monde… même les pires !

Les drôles de pistolets, que l’on appelle sous l’Ancien Régime « petits-maîtres » et d’autres noms à chaque génération (voir mes livres), sont de ceux qui raisonnent et inventent, et sont les premiers à créer et à suivre les nouveaux mouvements de modes qui deviennent par la suite la norme. Ils sont les créateurs de la société du futur, ou la reflètent. Non seulement, les gens du commun rechignent au changement, mais cet avenir qu’ils réfléchissent, dans les deux sens du terme, n’est pas toujours radieux, et peut faire peur. Par exemple, quand les punks et les new-waves des années 1976 – 1980 expliquent que la société va vers le mur (No future) avec son caractère sado-masochiste et sa technologie robotique, ils ne font que dire ce que l’on constate par la suite. C’est comme cela. Ils réfléchissent (‘pensent’) donc, mais s’amusent aussi, car ils sont pleins de vie, et quoiqu’il soient, croient en l’avenir, car l’avenir c’est eux, car ils sont jeunes. S’ils reflètent le monde, ils le réinventent aussi, et paraissent donc extravagants pour le commun. Ils sont libres. Les caricaturistes du XIXe siècle apprécient de les dessiner, car ce sont des sujets inépuisables de bonne humeur et même de gentille (voire amicale) moquerie. Ici, je présente d’autres artistes qui les dessinent : Jules Platier, Gustave Doré, Honoré Daumier et Alfred-André Géniole.

Jules Platier est un artiste, actif dans les années 1830 – 1840 et qui réalise notamment une série de caricatures sur les divers types d’élégants appelés « lions », publiée dans Le Charivari, en 1842 pour certaines. Cette série se nomme Les lions, avec : « Le faux lion », « Le lion de bas étage », « Le vieux lion », « Le lion artistique », « le lion du dimanche », « Le lion littéraire », etc. Il  collabore  aussi au journal La Mode entre autres.

Ci-dessous : Deux lithographies de la série Les lions de Jules Platier.

« LE LION EXCENTRIQUE. Il a 40 ans 1500 livres de rente, un faux râtelier et perche dans une mansarde de la rue de la Paix ; il fréquente les maisons de jeux et fait une grande consommation de modistes, son excentricité s’étend aussi sur son langage ; il dit c’est chamant, admiable, étoudissant, il porte corset. »

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« LE LION LITTÉRAIRE. Le Lion littéraire est le cauchemar des directeurs de théâtres et des rédacteurs de journaux, il a la manie du drame et des nocturnes à 2 voix, il se nourrit de lait et de fromage et passe ses soirées dans les coulisses de théâtres extra-muros, il meurt poitrinaire laissant une foule d’ouvrages inédits. »

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Gustave Doré (1832 – 1883) a aussi croqué certains de ces ‘animaux’ dans La Ménagerie parisienne, publiée en 1854 à Paris, au bureau du Journal pour rire, avec 24 planches présentant vautours, paons, rats (d’opéra), loups, lions, panthères, etc.

Ci-dessous : Deux estampes de Gustave Doré et intitulées « Panthères » et « Lions ». La première a aussi pour légende : « Animaux féroces qui dévorent les châteaux, les fermes, les terres et les rentes ».

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Ci-dessous : Voici un autre lion, cette fois dessiné par Honoré Daumier (1808 – 1879) : « Un lion de mer ». Cette lithographie provient peut-être de Le Charivari. Elle est de la série Croquis d’été et datée à la main de 1856.

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Alfred-André Géniole (1813 – 1861) est l’auteur d’une série de lithographies intitulée Les femmes de Paris, avec ci-dessous : « LA LIONNE DU FAUBOURG ST GERMAIN. Dire qu’aujourd’hui une petite couturière peut avoir des armes sur la portière de sa calèche ! Ça croit faire la grande dame, en se donnant des airs de la portière ! »

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Dans un prochain article, il sera question de la représentation, au Second Empire, de drôles de pistolets en crinoline, par Cham, Daumier, Grévin, Marcelin, Nadar, etc.
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