Prière I : Respirer

Saponaire

Il n’est pas nécessaire d’appartenir à une obédience pour prier. Tout le monde peut le faire. La prière n’est pas un privilège accordé seulement à certains. Cet article en est donc une, la première, car j'en écrirai sans doute d'autres pendant cette période estivale.

D’abord situons-la. La semaine dernière, je suis allé me promener en forêt. Il ne faisait ‘que’ 25°, mais l’air y était lourd. En sortant de cette nature, où je me ressource chaque semaine, j’ai dû traverser des lotissements construits récemment : des immeubles et des étendues de bitume couvrant la terre et faisant ressembler ce genre d’endroit à un véritable désert moderne. Une forte odeur de pollution empestait. Avant de rejoindre le train de banlieue, je suis allé dans une grande surface. Là, une autre émanation pestilentielle, autre remugle des temps modernes, remplit mes narines, cette fois celle d’une atmosphère tout autant polluée mais confinée et climatisée, dans un espace de plusieurs centaines de m² sans murs, une atmosphère irrespirable !

Il n’y a pas qu’en banlieue parisienne qu’on ne peut plus respirer convenablement, dans la capitale aussi, et sans doute dans toutes les grandes agglomérations. Pourtant, on en crée de toujours plus immenses. Encore une fois, l'Île-de-France fait office d’exemple désastreux. Dernièrement, je lisais au tout début de la page internet consacrée au Grand Paris du Ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales cela : « Le Nouveau Grand Paris est un projet d’aménagement à l’échelle de l’agglomération parisienne. Il a vocation à améliorer le cadre de vie des habitants, à corriger les inégalités territoriales et à construire une ville durable. » Voilà un exemple de novlangue dans lequel dire c’est être. Puisqu’on vous le dit ! Généralement dans ces cas-là, ce que l’on affirme être est exactement le contraire de la réalité. Bien évidemment, le Grand Paris n’améliore pas le cadre de vie des habitants qui se retrouvent de plus en plus éloignés de leur lieu de travail et d’une vie saine exempte de pollution ; cela crée aussi de grandes inégalités territoriales, et bien sûr cela n’a rien de « durable », d’écologique, les environnements notamment naturel et patrimonial étant saccagés.

Saponaire

À la fin de ce mois de juin 2019, il y a eu une canicule. On était qu’au début de l’été ! Comment ce dernier va-t-il se passer ? Ce qui est sûr, c’est que des journalistes, scientifiques et politiques de tous bords alertent sur le changement climatique depuis longtemps. Mais les décideurs ne font rien ou font semblant de le faire. Pour un pas en avant, c’est dix en arrière (voire vingt) tout en regardant toujours vers la bonne direction, pour faire semblant. On ‘bitumise’ et bétonne largement, crée de grandes agglomérations, détruit des paysages, incite aux mouvements des foules qui consomment littéralement la terre, remplit le ciel de satellites et d'avions, etc.

Que faire ? D’abord prendre soin de nous et de notre environnement proche… d’une manière saine comme cela devrait toujours être le cas, c’est-à-dire sans se nuire, ni nuire à autrui et l’environnement. Les actions citoyennes collectives ne servent plus à grand-chose, si ce n’est à être manipulé et fiché. Une idée serait qu’une fois par semaine, à un jour et une heure précis, les gens de tous bords, origines, etc., se réunissent dans l’église la plus ancienne et la plus proche de chez eux, sans rien dire, pour une demi-heure, par exemple le dimanche à 15h. Après tout, ces lieux sont faits pour la communauté. Ce ne serait pas pour leur aspect religieux qu’ils seraient ici utilisés mais comme des espaces de rassemblement, qui plus est, présents partout en France ! Pourquoi choisir les églises les plus anciennes ? Parce qu’elles sont un lien avec le passé, et leur conservation un espoir pour le futur !

On nous dit que nous sommes un pays riche, mais progressivement nos richesses les plus basiques se frelatent : l'air, l'eau, la terre, la nourriture, la liberté, etc. On fait de l'argent la première richesse, alors qu'il est très loin de l'être et l'un des premiers vecteurs de cette détérioration lorsqu'il est dans les mains d'irresponsables. Il en est de même pour ce que l'on considère comme une autre grande richesse dans le monde contemporain : les nouvelles technologies.

Merveilleuses & merveilleux