Photographie de gauche : Personnages possédant de nombreux éléments vestimentaires disponibles chez un clincailler. Gravure du XVIIe siècle de Jean Sauvé d'après un dessin de Pierre Brissart intitulée « Les plaisirs de l'île enchantée ».
Autrefois au lieu de quincaillier on utilise le nom de clincailler d'une manière similaire. Ce second mot est plus en relation avec la mode et ses petits-maîtres que le premier qui désigne surtout un vendeur d’ustensiles divers (casseroles, ciseaux, couteaux, etc.). Le clincailler ou la clincaillère est un marchand de clinquant, de choses clinquantes, notamment des objets de toilette (boîtes, flacons, peignes …), des accessoires (éventails, lunettes, lorgnettes, étuis garnis, masques …), des ornements pour habits (dentelles, rubans, lacets …) etc. Il peut aussi vendre ce qu'on appelle aujourd'hui de la quincaillerie. Sans doute certains se spécialisent plus sur les ornements et d'autres sur des ustensiles en métal.
Le clinquant est aussi une petite lame d'or ou d'argent que l'on dispose dans les broderies, les dentelles ... ou des lames ou feuilles de cuivre qui brillent beaucoup. « Les habits de masques, de ballets, sont ordinairement chargés de clinquant » comme le dit la définition de la quatrième édition (1762) du Dictionnaire de L'Académie française.
Le clinquant est présent chez certains petits-maîtres, un faux-semblant, une fausse richesse ou une opulence trop ostentatoire. « Du clinquant, des grâces, une nuance d'esprit sur un grand fond de fatuité, c'est l'essence d'un Petit-Maître ... » : c'est ainsi que commence, dès sa préface, le livre Bibliothèque des petits-maîtres ou Mémoires pour servir à l'histoire du bon ton & de l'extrêmement bonne compagnie (Au Palais Royal chez la petite Lolo, marchande de Galanterie, à la Frivolité, 1742).
Photographie de droite : Début de La Matinée, la soirée, et la nuit des boulevards ; ambigu de scènes épisodiques, mêlé de chants et de danses, divisé en quatre parties : représenté devant leurs Majestés à Fontainebleau, le 11 Octobre 1776, Paris, Veuve Duchesne, 1776.
La Matinée, la soirée, et la nuit des boulevards ... (Paris, Veuve Duchesne, 1776), met en scène entre autres un « marchand clincailler » qui commence la pièce par un « Air » qui explique son travail :
« Ach'tez des mes bagatelles,
Peignes d'ivoire, Peignes de buis,
Des Canons pour les dentelles,
Lacets & Rubans choisis ;
Des nœuds d'Épée pour ces D'moiselles,
Du rouge pour les p'tits Marquis.
J'ai des Sifflets pour les Pièces nouvelles,
Depuis longtemps j'en fournis à Paris.
Ach'tez de mes bagatelles,
Je vends de tout à juste prix.
J'ai pour les prudes Coquettes
Des Éventails à Lorgnettes.
J'ai pour Messieurs les Courtisans,
Couteaux polis à deux tranchants.
V'là de gentilles Lunettes
Pour les Amants à cheveux gris,
Venez faire vos emplettes,
Je vends de tout à juste prix.
Fines Aiguilles
Pour ces Filles ;
Pour les Abbés v'là des Flacons,
Des Cure-dents pour les Gascons.
Et v'là pour les P'tits-Maîtres bourgeois
De grandes Boucles de harnois.
Ach'tez de mes bagatelles ;
V'là d'jolis Étuis garnis,
Des Boît' à secret pour les belles,
Des Lanternes pour les maris.
Je vends de tout à juste prix,
À juste prix. »
© Article et photographies LM