Copurchic

Le terme de 'copurchic' apparaît vers 1885 et reste d'usage pendant la première moitié du XXe siècle. Employé comme nom ou adjectif, il signifie ‘ultra-chic’ (de pur chic) : ce qui se fait de mieux en matière d’élégance et de mode. Le copurchic succède au bécarre (voir l'article qui lui est consacré dans ce blog). Albert Millaud (1844-1892) écrit un chapitre sur 'Le copurchic' dans ses Physiologies parisiennes (1886) : "Le "Copurchic" est donc la dernière incarnation du jeune moderne. Son étymologie s'explique d'elle-même : elle vient de "pur et de chic". Le premier indiquant la perfection absolue du second, la syllabe "co" n'est mise là que pour l'euphonie. Le "Copurchic" brille surtout aux bains de mer. C'est lui qui a inauguré la mode des casquettes américaines en flanelle blanche, rehaussée d'un galon bleu marine. Il y a des "Copurchics" qui varient la couleur de cette coiffure, et son étoffe. Le drap bleu est réservé aux "Copurchics" déjà marqués. La casquette ne va pas sans le pantalon de flanelle blanche, dont les extrémités sont toujours relevées, quelque temps qu'il fasse. Ce pantalon ne doit pas tenir par des bretelles, ni par une boucle. Il est serré à la taille par une écharpe de couleur que devrait cacher le gilet. Pour la montrer, le "Copurchic" se promène, en se tenant le poing sur la hanche, et en relevant, par ce mouvement affecté, l'un des côtés de sa jaquette. On entrevoit l'écharpe. La jaquette est en drap ou en alpaga, de couleur foncée. La bottine de cuir jaune, très pointue, est toujours à la mode. Il y a des "Copurchics" qui maintiennent le chapeau de paille à compresse. Mais cette compresse est aux couleurs nationales du "Copurchic". Tricolore pour le "Copurchic" français. Noire, jaune et rouge pour le Belge, verte pour l'Italien. C'est très patriotique. Le "Copurchic" ne parle plus argot. Il se contente de parler lentement, doucement. Chaque parole sort péniblement de ses lèvres, avec effort. La suprême distinction est de traîner sur une phrase, avec un léger accent d'ironie. Une conversation entre "Copurchics" de sexe différent dure longtemps, sans vouloir dire grand'chose. Les uns et les autres ont l'air de craindre de se fatiguer, en exprimant des pensées cependant peu fatigantes."

Photographies : Illustrations du chapitre sur 'Le Copurchic' de Physiologies parisiennes d'Albert Millaud (1844-1892), La Librairie illustrée, 1886.

Merveilleuses & merveilleux