Cette lithographie de Henri Meyer (1841 ou 1844? – 1899) provient du journal Diogène, du 12 octobre 1867 et de la série « Nos petits crevés. – Par H. Meyer. ». De jeunes femmes à la mode alors, appelées « crevettes », observent un crevé : « Sont-ils bêtes ces hommes, ils avaient une si belle occasion de prendre nos crinolines au moment où nous les lâchons. »
La mode des petits crevés était alors aux pantalons serrés. Il était courant de se moquer des allures frêles de ces petits-maîtres. On ne leur trouvait aucun tempérament mâle. Pourtant, durant la guerre de 1870-71, beaucoup se comportèrent avec courage, voire héroïsme, et on arrêta de les appeler ainsi. Les gommeux succédèrent aux petits crevés.
Quant aux crevettes, si elles abandonnèrent les larges crinolines, leurs tenues restèrent impressionnantes, avec leurs chapeaux plats à très longs rubans que l’on retrouvaient sur certaines robes, remplacés parfois par des chaînes, leurs cravates nouées souvent en un immense nœud, leurs robes en triangle, parfois en forme de sac, laissant voir leurs mollets, ce qui était très audacieux à l’époque, leurs bottines à talon haut et pointu…
Il est possible que l’on ait donné à ces petites dames le nom de « crevettes » en référence à leur allure. Leurs compagnons par conséquent ont été appelés « crevés », ce qui leur allait bien du fait de leur silhouette grêle. L'origine de ces dénominations reste énigmatique, peut-être la plus mystérieuse de l'histoire des petits-maîtres.