Draner (de son vrai nom Jules Joseph Georges Renard : 1833 – 1926) est un artiste caricaturiste belge, comme par exemple Mars (1849 – 1912), un compatriote de la même époque. Il travaille à Paris pour des revues comme Le Charivari, le Journal pour rire, Le Monde comique, La Caricature, etc. Il est surtout connu pour ses images humoristiques de pioupious et autres militaires, notamment dans des séries comme Souvenirs du siège de Paris, Les soldats de la République, Types militaires, et des livres comme Faits et gestes du sergent Roupoil (écrit par Charles Leroy), Le 145e régiment (par Maxime Aubray), La Nouvelle vie militaire (par Adrien Huart), etc. Parmi ces militaires, parfois très élégants, on trouve quelques petits-crevés, gommeux, merveilleux et merveilleuses pschuteux de la seconde partie du XIXe siècle, ‘fin de siècle’, et du début du XXe.
Photographie ci-dessus : « NOS “JEUNE FRANCE” DU JOUR, – par DRANER » « Gom-Gom du Bois-Craqué, Boudiné de la Sirotière et le petit Saint-Poisseux, l’élite du pschutt, l’idéal du v’lan, tout ce qu’il y a de plus “dans le train”, l’avenir enfin !!! » Dans cette première page de couverture de la revue La Caricature de 1883, il est fait référence à plusieurs petits-maîtres de l’époque, dont il est question dans mon livre Les Petits-maîtres de la mode : jeune France, gommeux, boudinés, poisseux, pschutts, v’lans…
Photographie ci-dessous : Estampe provenant de la revue Le Charivari et de la série Actualités : « Les parapluies à têtes d’oie sont du plus suprême vlan. Histoire pour les pschutteux d’être toujours en tête-à-tête. » La comparaison avec l’oie n’est pas gentille, car on appelle ainsi une personne sotte. Pourtant, si cet animal est figuré par certains merveilleux pschutteux sur le pommeau de leur parapluie ou de leur canne, cela n’est pas anodin : autrefois, en particulier durant l’Ancien Régime, on appelle « petite oie » l’ensemble des ajustements nécessaires pour rendre un habillement complet, comme le chapeau, les gants, les rubans, la canne, etc. Finalement, et comme très souvent, c’est celui qui se moque qui mériterait d’être moqué.
Ci-dessous : « ÉTAT MAJOR DE LA GARDE NATIONALE. Ex-Turfiste, ex-Petit-Crevé, ex. présentement un bon et courageux citoyen. » Cette estampe, elle aussi signée Draner, est de la série Souvenirs du siège de Paris. Elle présente un petit-crevé pendant la guerre de 1870. Avant cette période, ceux-ci sont considérés par la majorité comme des tire-au-flanc, mais la guerre révèle que certains se comportent aussi héroïquement que d'autres. Dans son livre intitulé La Comédie de notre temps (1874), Bertall (1820 - 1882) écrit que « La guerre ayant démontré que les petits crevés se battaient aussi bien et savaient mourir sur le champ de bataille aussi bravement que les autres, le mot qui semblait contenir une accusation de faiblesse ou d’impuissance est tombé en désuétude. »
Ci-dessous : Image pleine page de la revue L’Éclipse, du 10 septembre 1876, intitulée « la métamorphose du réserviste » : « Fantaisie civile et militaire ». À gauche nous avons une tenue de gommeux.