« On rit avec vous et tu te fâches… en voilà un drôle de pistolet ! » Gravure provenant de Œuvres choisies de Gavarni « Revues, corrigées et nouvellement classées par l’Auteur – Études de mœurs contemporaines – » « Les Débardeurs ».
« Le Vicomte Aimé de Trois Étoiles et Dame Eloa de Tremblement, vont tout à l’heure ouvrir un cours public de Cachuchas comparés ». Estampe de la série Les débardeurs de Gavarni. La cachucha est une danse espagnole qui semble être mise à la mode à partir de vers 1836.
« Cabinet de Mr le Commissaire » « – Vous ignoriez que cette danse fut défendue par l’autorité ?.. ce n’est pas probable…… dites vos noms et qualités. – BENJAMIN LÉGER, employé aux Menus-Plaisirs. FÉLICITÉ BEAUPERTUIS, Rentière. » Estampe de la série Le Musée pour rire.
Plusieurs ouvrages ont été publiés sur les « maîtres de la caricature » française du XIXe siècle. Ma démarche est très différente, car je pars d’un thème, les merveilleuses et les merveilleux, et cherche quels sont les caricaturistes s’étant distingués dans la représentation de ceux-ci.
La mode est un sujet apprécié de caricaturistes, surtout que ses extravagances et les petits-maîtres qui les portent se prêtent facilement à la satire. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ces caricatures sont souvent plus anonymes et moins nombreuses. La Révolution, les modes incroyables et merveilleuses du Directoire, le goût du public pour les estampes dépeignant les modes du jour et les nouvelles techniques de publications à grande échelle mettent en vogue ces images que les artistes n’hésitent plus à signer. Carle Vernet (1758 – 1836), Horace Vernet (1789 – 1863) son fils, Philibert-Louis Debucourt (1755 – 1832), Louis Boilly ( 1761 – 1845) notamment se font une spécialité (parmi d’autres) de portraits de merveilleuses et incroyables de leur époque, dessinés avec sensibilité, vérité et humour, d’une manière à la fois humaine et détachée, ironique et affectueuse, voire charmée… modes qu’ils connaissent d’autant mieux que certains travaillent aussi pour des revues de mode, comme le Journal des Dames et des Modes. En avançant, le XIXe siècle multiplie ce genre de scènes… de genre… à travers toutes sortes d’éditions de livres et de nouvelles revues humoristiques largement illustrées de caricatures de la vie moderne d’alors.
Dans mes articles sur les « Drôles de pistolets », je présente plusieurs de ces artistes du XIXe siècle, ceux ci-avant cités, mais aussi : Georges-Jacques Gatine (1773 – 1824), Louis-Marie Lanté (1789 – 1871), Charles Vernier (1813 – 1892), Cham (1818 – 1879), Félix Nadar (1820 – 1910), Bertall (1820 – 1882), Alfred Grévin (1827 – 1892) et Lucien Métivet (1863 – 1932). Ici, c’est au tour de Gavarni, pseudonyme de Sulpice-Guillaume Chevalier (1804 – 1866). Comme d’autres, il commence par publier des estampes dans des revues de mode, comme les prestigieux Journal des dames et des modes et La Mode, tout en prêtant ses talents à des journaux et revues plus ou moins satiriques, comme L’Artiste, L’Illustration, le Charivari… ainsi qu’à des illustrations de livres.
Ses représentations les plus connues sont peut-être celles du carnaval parisien, en particulier de certains de ses masques, comme le débardeur ou le chicard. En 1841 – 1843, il publie une série d’estampes sur Le Carnaval à Paris. Ces années-là sont très prolifiques. Il illustre plusieurs physiologies, comme Physiologie de la grisette (1841) et Physiologie du tailleur (1841 voir cet article) par Louis Huart (1813 – 1865), Physiologie de la lorette (1841) et Physiologie du débardeur (1842) par M. Maurice Alhoy (1802 – 1856), certaines avec d’autres artistes comme Physiologie des demoiselles de magasin (1842) « par un journaliste » et Physiologie du chicard (1842) par Charles Marchal (1822 – 1870), les deux avec aussi des illustrations de Daumier, Traviès et Monnier, et Physiologie du lion (1842) par Félix Deriège (1810 – 1872) avec la participation de Daumier.
Voilà pour quelques exemples de productions de cet artiste qui a marqué de sa touche cette grande époque de la caricature française... en particulier parisienne... en un temps où la capitale française était aussi la capitale artistique mondiale, où se créaient des courants de toutes sortes... et où chacun pouvait se décider le 'héros' de son temps... un 'héros' à la Balzac, à la van Gogh, à la lorette, au chicard, à la Dumas, à la Childebert, ahlalalala !
« En voulez-vous de la crevette ?… pas cher. » Gravure provenant de Œuvres choisies de Gavarni… Les Débardeurs. Au XIXe siècle, on appelle « crevette » une petite-maîtresse : le pendant féminin du petit crevé ou crevé. Voir mes livres sur ce sujet, ainsi que sur le débardeur, le chicard, la grisette, la lorette, etc. Ici les crevettes ont vraiment l'air crevé !